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5. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Quand on parle des arts, il faut prendre un vol audacieux, planer dans les airs, être animé de ce feu divin qui a embrasé tout entiers ces beaux génies, dont le nom seul inspire l’admiration. […] S’il a quelque étincelle du génie qui a inspiré Molière, le premier acte de sa pièce offrira des beautés ; mais, malgré tout son talent, il succombera dans les suivants. […] comment espérer de corriger ses semblables, lorsqu’au lieu de leur inspirer du mépris pour un vice ou un ridicule, on ne laisse dans leur esprit que le souvenir de la vertu ? […] Pour inspirer l’horreur de l’hypocrisie, il faut montrer tous les crimes dont elle est capable. […] gloire à ce génie immortel qui, d’un seul effort renversant tous les obstacles que l’art semblait avoir accumulés, donne une des leçons les plus intéressantes que présente la scène, crée un chef-d’œuvre rempli de beautés du premier ordre, et qui, réunissant les qualités les plus précieuses, offre ce que l’éloquence a de plus sublime, l’intérêt de plus pathétique, le comique de plus vrai et de plus naturel, et inspire enfin l’horreur et le mépris que l’on doit avoir pour l’hypocrisie !

6. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Jeune, belle, capable d’inspirer une passion folle, elle s’est enfermée dans sa famille, et, sans quitter le monde, elle a su renoncer aux triomphes mondains. […] Si tant de réserve était inspiré par la "constance d’une âme qui se sent inébranlable, ce serait beau : mais à cette intrépidité de conscience se joint, chez Elmire, quelque chose de plus beau : l’amour pour ses enfants d’adoption. […] Il a beau dissimuler sous le badinage comique l’émotion répulsive que lui cause une coquette, on sent percer son mépris, son indignation contre celles qui passent leur vie à inspirer de l’amour sans avoir rien que de la vanité. Il semble que ces deux vers d’un poète moderne aient été inspirés par le dernier acte du Misanthrope : … Oh !

7. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Pour le bon sens, de même qu’il inspire sa façon de saisir et de montrer le ridicule, il se manifeste partout dans sa vie. […] C’est encore de la jalousie qu’il s’inspire pour peindre ces délicieuses scènes de brouille et de raccommodement qui reviennent si souvent dans ses pièces. […] Il ne perd jamais une occasion de célébrer l’amour simple et complet, celui qu’inspire la bonne loi naturelle. […] La première inspire encore les Précieuses ridicules et Sganarelle, mais la seconde s’y montre déjà et elle devient prépondérante à partir de l’École des maris. […] Et, de même, la morale qui se dégage de son œuvre n’eût-elle pas gagné à s’inspirer des idées de son siècle ?

8. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

La gloire du maître de la comédie n’a, du reste, rien perdu à ces investigations, et l’admiration qu’il inspire n’a fait que s’accroître, à mesure qu’on a pénétré la plupart de ses secrets. […] Elles exercèrent chacune une influence spéciale sur les deux grands génies qui fondèrent chez nous l’un et l’autre genre dramatique : Pierre Corneille, le père de la tragédie, fut soutenu dans sa puissante initiative par la littérature espagnole ; Molière, le comique, s’inspira davantage de l’art de l’Italie.

9. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Dans la période que nous parcourons de 1630 à 1640, l’accroissement de la société de Rambouillet prouva l’éloignement que la terreur avait inspiré pour la cour. […] Ce fut le récit de ces soins touchants qui inspira au marquis de Salle le désir de connaître madame de Rambouillet, et d’épouser Julie.

10. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Que la colère et le mépris lui inspirent une satire, ou la malice une épigramme ; si elle ne tue pas, elle blesse toujours. […] L’esprit d’Aristophane inspirait Shakespeare, inspirait Legrand, lorsqu’ils composaient leurs délicates fantaisies. […] J’aimerais en particulier le déguisement de M. de Pourceaugnac en femme, si le danger véritable que court à cette occasion ce pauvre gentilhomme, ne m’inspirait un intérêt trop sérieux pour être compatible avec la gaieté comique. […] Déjà vous m’inspirez du badin, du folâtre, Du bouffon105. […] L’auteur comique doit éviter soigneusement tout ce qui pourrait inspirer un intérêt véritable pour la situation de ses personnages : car cela ramènerait infailliblement le sérieux.

11. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

  Le vice moral du théâtre de Molière ne consiste pas du tout dans les intentions de l’auteur : il ne consiste que faiblement dans l’ensemble des tableaux, où le bien domine, et où on peut dire que le mal est rarement approuvé d’une manière formelle ; mais il consiste dans le génie même qui inspire tout. […] On veut aller plutôt à la pratique qu’à l’érudition, et essayer de présenter nettement les considérations naturelles qu’inspire une étude morale de Molière. […] — Mais Molière peut sur plus d’un point, et par plus d’une comédie, inspirer des sentiments immoraux, au point que son théâtre ne soit plus, pour beaucoup de gens, une distraction, mais une corruption. […] Le même esprit d’intérêt prudent pour la masse des faibles et des ignorants inspire la congrégation de l’Index dans ses interdictions, souvent mal comprises par ceux qui ne se placent pas à son point de vue.

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