Il ne s’ensuit nullement qu’elles manquent d’agrément ; loin de là : elles offrent le plus vif attrait à la curiosité littéraire, elles renferment surtout l’histoire littéraire d’un si grand jour qu’elles pourraient être appelées les Mémoires de la littérature française. […] Tels sont les problèmes de philosophie morale qui se rattachent à la comédie de Tartuffe et qui, indépendamment de la beauté littéraire de l’œuvre, en font un document si intéressant dans l’histoire de l’esprit humain.
Il y a à remarquer que « l’honnête homme », que l’homme sensé qui tire la leçon de l’histoire mise sur la scène, n’a pas l’air d’exister dans George Dandin, mais qu’il ne laisse pas d’y être. […] Et c’est toujours la même histoire, et je ne cesse de la répéter parce que toutes les sottises y mènent. […] Dans un livre dont j’ai oublié le titre, l’auteur racontait l’histoire d’une institutrice, modèle, à son avis, de toutes les vertus et assemblage de toutes les perfections, qui avait été odieusement persécutée par tous ses supérieurs. […] C’est toujours l’histoire de ce mien collègue qui avait été voir le Gendre de M. […] Et voici que reviennent livres d’histoire, livres de morale, livres de prosateurs et de poètes, tout ce que recommandait Fénelon.
Ou l’Histoire curieuse & véritable du célebre Frontin.
En plus de l’anecdote du gentilhomme campagnard, qui aurait servi à Molière pour dessiner son Pourceaugnac, on raconte aussi l’histoire d’un apothicaire qui, appelé par de jeunes gentilshommes, en toute hâte, pour donner & un malade un lavement bien chaud, se vit saisir par les jeunes fous; on lui administra de force le lavement bouillant qu’il apportait, et on le força de boire et de danser, si bien qu’on craignit qu’il es « crevât. » La comédie inspira peut-être cette mauvaise plaisanterie au lieu de l’avoir copiée.
Chacun sait l’histoire de ce pauvre à qui il avait jeté un louis d’or au lieu d’une pièce de monnaie. […] Laharpe n’a pas fait autre chose, dans son volumineux Lycée, que d’appliquer à tout l’ensemble de l’histoire littéraire les règles du catéchisme qu’il avait appris de Boileau. […] Il serait piquant, si les citations étaient faciles, de mettre en présence de Tartuffe ce prieur, dont elle raconte l’histoire, confesseur rigide qui n’était jamais plus sévère envers les religieuses d’un couvent du voisinage, jamais plus prompt à se scandaliser que les jours où il s’y rendait dans un mauvais dessein. […] Les ridicules qu’il attaque ont toujours été plus ou moins communs en France et ailleurs ; mais il les raille sans concevoir pour la femme une position meilleure que celle que depuis longtemps lui avaient faite l’histoire et les mœurs-de la société française. […] Le sentiment humain manquait au christianisme du XVIIe siècle, grave lacune qui se trahit même dans les chefs-d’œuvre des plus grands écrivains : dans les Pensées de Pascal, où les joies de la piété sont empreintes d’une exaltation passionnée, mais non d’une vraie sérénité ; dans le Discours sur l’histoire universelle de Bossuet, où il n’y a place que pour le peuple juif et pour ses tenants et aboutissants; dans le Polyeucte de Corneille, où le zèle du néophyte se montre intolérant et impérieux, et jusque dans cette admirable Athalie, où, sous le Dieu d’amour, se cache ce Dieu des Hébreux, qui traitait les adversaires à la façon de l’interdit.
Dona Isabella refuse de la dire, pour ne pas rendre son histoire publique.
Me fera-t-on accroire Que la nuit en dormant j’ai forgé cette histoire ?