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151. (1910) Rousseau contre Molière

Si vous vous rappelez le héros de cette pièce, voilà le vrai misanthrope. » Mais Alceste est-il un homme qui, par amour précisément pour les hommes, est désespéré de les voir vicieux et les poursuit de ses colères ? […] Racine peint une héroïne qui, partagée entre sa fidélité à l’ombre de son mari et la nécessité de sauver son fils, trouve une conciliation dans ceci : épouser celui qui veut tuer son fils et se tuer immédiatement après. C’est une héroïne. […] Camille est l’héroïne de l’antipatriotisme et la martyre de l’antipatriotisme. […] Ceux-ci nous montrent des héros, pour — peut-être ; en tout cas de manière à — nous exciter à les imiter par l’admiration qu’ils nous inspirent.

152. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche point de ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux.

153. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

  Satire X, v. 131 :   Par toi-même bientôt conduite à l’opéra,   De quel air penses-tu que ta sainte verra   D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse,   Ces danses, ces héros à voix luxurieuse,   Entendra ces discours sur l’amour seul roulans,   Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands ;   Saura d’eux, qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême,   On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ;   Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer ;   Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ;   Et tous ces lieux communs de morale lubrique   Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ?

154. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Molière, occupé des Femmes savantes, et ayant besoin d’un poète ridicule pour mettre en jeu le mauvais goût et le fol enthousiasme de ses trois héroïnes, se souvint du malheureux abbé ; et, son ressentiment lui faisant trouver légitime ce qu’en tout autre cas son honnêteté naturelle lui eût défendu, il le traduisit en personne et, pour ainsi dire, le piloria en plein théâtre. […] Tel est Argan, tel est le personnage que Molière a choisi pour le héros de sa dernière comédie.

155. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Dans tous les siecles & dans toutes les nations, on trouvera des princes ambitieux qui préferent la gloire à l’amour ; des monarques à qui l’amour a fait négliger le soin de leur gloire ; des héroïnes distinguées par la grandeur d’ame, telles que Cornélie, Andromaque ; & des femmes dominées par la cruauté & la vengeance, comme Athalie & Cléopatre dans Rodogune ; des ministres fideles & vertueux, & de lâches flatteurs : de même dans la vie commune qui est l’objet de la tragédie, on rencontre par-tout & en tout tems de jeunes gens étourdis & libertins ; des valets fourbes & menteurs ; des vieillards avares & fâcheux ; des riches insolens & superbes. […] Les héros célébrés par Sophocle & par Euripide étoient morts ; le sage calomnié par Aristophane étoit vivant : on loue les grands hommes d’avoir été ; on ne leur pardonne pas d’être.

156. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Il avoit de petits cheveux crêpés avec lesquels il jouoit tous les rôles de héros sans avoir jamais voulu mettre de perruque. […] Moliere y joua le rôle du héros de la piece, et l’on trouva qu’il n’avoit point de talent pour le sérieux, comme comédien ; la comédie fut très-mal reçue143, ne se releva point de sa chute, et ne fut imprimée qu’après la mort de l’auteur144.

157. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

L’Infante Salicoque, ou Les Héros de romans, comédie en un acte, non imprimée, août 1667. […] « J’ai lu, disait-il, toutes les histoires anciennes et modernes ; la nature, prodigue, a produit dans tous les temps une foule de héros et de grands hommes dans chaque genre ; elle semble n’avoir été avare que de grands comédiens ; je ne trouve que Roscius et moi. »Cette haute opinion que Baron avait de son mérite fut sur le point de lui faire refuser la pension que Louis XIV lui avait donnée, parce que l’ordonnance portait : « Payez au nommé Michel Boiron dit Baron. » Comblé de gloire et des bienfaits de Louis XIV, il joua pour la dernière fois, le 22 octobre 1691, le rôle de Ladislas dans Venceslas.

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