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49. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Cette promesse, je l’espère, me fera trouver grâce pour les deux ou trois exemples qui me restent à citer. […] On voulait même que cette grâce fût personnelle. […] Il annonçait de bonne grâce, parlait facilement, et ses petits discours faisaient toujours plaisir à entendre. […] Étant commandés pour aller aux états, ils me menèrent avec eux à Pézenas, où je ne saurais dire combien de grâces je reçus ensuite de toute la maison. […] Elle a la bouche grande, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches.

50. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Et cependant l’humeur coquette d’Armande était loin d’être un indice rassurant pour l’avenir, Mais Molière avait subi le charme et, plein d’illusions, il s’écriait comme Alceste : « Sa grâce est la plus forte ; et-sans doute ma flamme De ces vices du temps pourra purger son âme. » Vaines illusions ! […] Car la coquetterie après tout est un vice, et le poëte était maître de le rendre odieux; mais il nous représente sa Célimène si irrésistiblement, si fatalement entraînée sur la pente de ce défaut; il nous la dépeint si gracieuse, si vive, si spirituelle; il oppose avec tant d’adresse à ses défauts la pruderie, plus odieuse que la coquetterie, que, subissant le charme de son art séducteur, on est bien près de pardonner et de s’écrier avec Alceste : « Sa grâce est la plus forte44 !  […] Tasohereau, semble n’être qu’une paraphrase du vers charmant de la Fontaine « Et la grâce plus belle encore que la beauté. » Pour ce qui est de la ressemblance du portrait de Lucile avec Armande, consultez les lettres de Mlle Poisson, insérées au Mercure de France, mai 1740, pp. 845-849.

51. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Guidé d’ailleurs par l’exemple des anciens et par leur manière de mettre en œuvre, il a peint la cour et la ville, la nature et les mœurs, les vices et les ridicules, avec toutes les grâces de Térence* et le feu de Plaute*.

52. (1802) Études sur Molière pp. -355

Mais avec un peu de réflexion, l’on verra que le héros de la pièce italienne, en passant en France, a pris cette grâce, cette amabilité, cette galanterie si naturelles à sa nouvelle patrie. […] en un mot, la grâce doit continuellement envelopper de ses formes la perfidie, la scélératesse de dom Juan. — Bah ! […] Cela est vrai ; mais la scène est si naturelle qu’elle conserve tontes les grâces de la nouveauté. […] de grâce laissez, je suis fort chatouilleuse. […] Grandval y joignait la grâce, l’amabilité, la décence, à l’expression de la tendresse la plus délicate, la plus vive.

53. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

On ne vous consulte pas sur cela, répondit Molière à Chapelle*. « Représentez-vous, ajouta-t-il, en s’adressant au jeune homme, la peine que nous avons ; incommodés ou non, il faut être prêts à marcher au premier ordre, et à donner du plaisir quand nous sommes souvent accablés de chagrin ; à souffrir les grossièretés de la plupart des gens avec qui nous avons à vivre, et à captiver les bonnes grâces d’un public qui est en droit de nous gourmander261 pour son argent.

54. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Si ce sont de faux dévots, leur fausse dévotion n’est pas, à mon égard, un titre pour être un mauvais chrétien. » L’hypocrisie servant donc, suivant Bourdaloue, de prétexte et de justification aux libertins, il en conclut que c’est se rendre coupable contre la piété que de s’élever sans mandat contre l’hypocrisie : c’est ce qu’a fait Molière, auquel Bourdaloue fait ouvertement allusion dans un passage célèbre« Voilà, chrétiens, ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non pour en réformer l’abus, ce qui n’est point de leur ressort, mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter2. » Après avoir prouvé aux libertins que lors même que tous les dévots seraient trompeurs, la piété n’en serait pas moins un devoir, Bourdaloue revient sur cette concession apparente et soutient qu’il existe une vraie piété : « Grâces immortelles vous soient rendues, ô Seigneur ! […] Il le fallait beau, spirituel, intrépide, plein de grâce et d’élégance, le grand seigneur dans toute sa gloire, dans tout son triomphe. […] Enfin, c’est à peine si l’on peut dire qu’elle est punie ; on sent bien que ce n’est pour elle qu’un échec momentané, mais qu’avec sa beauté, son esprit, sa grâce et sa fortune, elle n’aura pas de peine à reprendre le sceptre des salons et à gagner de nouveau le cœur des hommes, et cependant on ne surprend en elle aucun vestige de remords, pas l’ombre d’un sentiment généreux ; le cœur est absolument vide. […] Célimène, c’est le monde lui-même dans ce qu’il a de plus exquis et de plus perfide, la beauté sans la bonté, l’esprit sans le cœur, la richesse et tous les dons du dehors sans aucun des dons de l’âme ; c’est l’élégance et la grâce, le bon goût irréprochable, la diction juste, fine, perçante, la repartie implacable, la cruauté enjouée, la fierté feinte : c’est la coquette idéale, usant et abusant de tous ses dons, déchirant le plus noble cœur avec une grâce homicide, victime à la fin de ses ruses, mais prête à recommencer, n’ayant rien à craindre tant qu’elle aura vingt ans. […] Arsinoé, c’est encore la femme du monde, qui a été jeune et qui ne l’est plus, qui n’est arrivée à l’austérité que par le dépit, qui envie chez les autres les succès qu’elle n’a plus, qui cherche à se venger par les traits aiguisés d’une censure hypocrite, mais qui trouve trop forte partie, car la méchanceté elle-même a besoin de grâce et de jeunesse, et l’orgueil de la vie ajoute à l’esprit un éclat triomphant que la malice pure ne saurait trouver.

55. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

» Vénus et les Grâces, du haut du ciel, viendront-elles dans des conques ? […] La grâce des vers, en désaccord avec une mise en scène prétendue antique, devra nous suffire : on espère que Psyché, présentée de la sorte, nous sera un nouvel Amphitryon.

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