Dès la scène première, Mme Vestris, en Melpomène, parlant des sociétaires d’alors, s’adressait à Molière, représenté par Préville : « Ils ont, comme un riche héritage, « Gardé jusqu’au Fauteuil où vous étiez assis ; « Contre le temps et son outrage « Ils en défendent les débris. » et Thalie, sous les traits de l’aimable Contat, ajoutait : « C’est dommage qu’il soit vacant ! […] Naguère il avait acheté d’un entrepreneur de démolitions l’escalier de bois de la maison de Corneille, la rampe où le grand poète avait posé sa main, et, se réservant d’en garder la moitié pour sa demeure de Marly, il en avait offert l’autre partie au Musée cornélien que les Rouennais, qui ont démoli le logis historique de la rue de la Pie, veulent former à la maison de campagne de Pierre Corneille, au Petit-Couronne, près Rouen. […] Et je n’eus pas assez de force sur moi-même pour retenir cette indignation que j’avais de l’affront que je recevais de Gélasire tout ensemble et de ma parente37… « Je ne sais ce que je ne dis point pour ma cause, et contre la Comédie, mais comme je me trouvais seule dans la douleur, au milieu d’une foule qui était toute en joie, et ravie du succès de la Comédie, j’eus recours à la ruse, et ayant gardé le silence avec assez de mortification, je m’en allai trouver deux ou trois personnes de ma connaissance particulière, avec qui j’étais très souvent et très familièrement. […] Despois et Mesnard, dans leur excellente édition des Œuvres de notre poète : « Votre sonnet est bon à serrer au fond d’un tiroir, à garder pour vous seul. » Permettez-moi de mettre sous les yeux de vos lecteurs un passage d’un auteur contemporain, qui confirme pleinement cette interprétation.
La Princesse embrasse son frere, qui la prie de lui laisser quelque temps garder l’incognito, & de le nommer Evandre.
Ménagez vos dons envers les mortels, si vous ne voulez bientôt en être méprisés, & gardez-vous d’attendre rien de leur reconnoissance : faites, parmi ces tigres, que le repas soit toujours plus estimé que celui qui le donne ; que, dans une assemblée de vingt personnes, il se trouve toujours plus de dix-neuf frippons, & que leurs femmes soient dignes d’eux !
Ces Béjart, assez mal gardés, avaient pour père un procureur au Châtelet.
Gardons-nous de le verser dans une coupe qui ne soit pas faite du cristal le plus pur, de peur qu’il ne s’y mêle quelque goût étranger.
S’il plaide, pensez-vous, il plaide main garnie ; Gardez-vous bien de lui les jours qu’il communie ! […] Nous n’avons rien à y ajouter ; encore moins nous garderions-nous de la recommencer. […] Elle répondit froidement « qu’elle n’en doutait pas, puisqu’on les gardait. » Mém. de madame de Motteville.
Partout elle est présente en cette œuvre d’agrément et de perdition ; l’écho du théâtre a gardé les enchantements de cette voix divine ; les trumeaux de ces salons, disposés pour la société du grand siècle, ont conservé le profil incertain de cette image et le charme piquant de son sourire. […] Ces braves gens ont gardé la mémoire de Rosambeau ; de cette vie abandonnée à l’heure présente, ils n’ont pas été étonnés que je sache. […] Ces fortunes ne sont faites que pour le vice, et celui-là se tromperait qui voudrait y atteindre honnêtement ; ainsi, croyez-moi, esprit ou génie, ou courage, ou talent, n’usez pas votre tête et votre cœur dans les travaux de la science, gardez-vous de remporter des batailles ou d’écrire ces beaux poèmes que chante l’avenir, soyez tout simplement un comédien quelque peu aimé du public, une danseuse au tendre sourire, un bouffon amusant, un tragédien qui fait pleurer. […] Dans ces lieux témoins de tant de rêves, où tant de rêves ont abouti, est mort à son tour entouré des soins les plus tendres, Étienne Becquet, mon cher confrère ; il avait à peine trente-six ans, il avait, lui aussi, gardé tout son esprit, il venait d’entrer dans la grande fortune de son père ; il m’avait précédé dans cette œuvre futile qui ne vous demande guère que votre vie entière, — il est mort, sous ce toit bienveillant, en murmurant une ode d’Horace, en guise de prière suprême. […] reprend le fils, si je n’ai pas d’enfants, je vais donc garder pour moi les coups que vous m’avez donnés ?