Malheur, Amphitrion, à ceux que, comme moi, Un sort abject & bas rend indignes de foi !
Ce livre, dirigé contre la veuve de Molière, bas, graveleux, généralement indigne de foi, ne peut être consulté qu’avec infiniment de réserve et de précaution. […] Sans peut-être; qui forge une femme pour soi, Comme j’ai fait la mienne, en peut jurer sa foi. […] La signature de Madeleine Béjart sur l’acte de mariage, impliquant son consentement très formel, dérange grandement la fable qui faisait foi avant la découverte de cet acte. […] La réaction contre les désordres du XVIe siècle, retardée par la dissipation et l’esprit romanesque qui régnèrent sous Louis XIII, commençait alors à entraîner les esprits : tout se rangeait par un retour visible à la règle, à la loi et à la foi. […] Vis-à-vis de la foi rigide et de la piété intolérante, il se trouvait en état d’hostilité inévitable.
La plupart, et Fulgence le premier, y ont vu une image de l’union de l’âme et du corps, ou plutôt de l’empire des passions sur l’âme ; d’autres y ont aperçu la peinture de l’homme profane régénéré par son admission aux mystères ; des théosophes, sans s’inquiéter si une fiction du paganisme pouvait se prêter raisonnablement à une interprétation toute chrétienne, y ont reconnu le péché originel effacé par la rédemption ; enfin, un savant danois de nos jours y a découvert un mythe moral, faisant partie de ces mystères (sacra) auxquels les femmes seules étaient initiées, et destiné à être représenté devant elles, sous la forme d’un drame symbolique (symbolica et dramatica representatio), afin de leur rappeler les dangers qui assiègent la beauté, les devoirs que la femme mariée doit accomplir au milieu des difficultés et des épreuves de tout genre, et les récompenses qui sont réservées à celle dont la chasteté et la foi conjugale ne se seront point démenties.
Si, malgré cet objet qui vous a pu surprendre, Prince, vous me rendez ce que vous devez rendre, Et ne demandez pas d’autre preuve que moi Pour condamner l’erreur du trouble où je vous vois ; Si de vos sentiments la prompte déférence Veut, sur ma seule foi, croire mon innocence, Et de tous vos soupçons démentir le crédit, Pour croire aveuglément ce que mon cœur vous dit, Cette soumission, cette marque d’estime, Du passé, dans ce cœur, efface tout le crime : Je rétracte à l’instant ce qu’un juste courroux M’a fait, dans la chaleur, prononcer contre vous ; Et, si je puis un jour choisir ma destinée, Sans choquer les devoirs du rang où je suis née, Mon bonheur, satisfait par ce respect soudain, Promet à votre amour & mes vœux & ma main.
Mais je lui déclare que Baron n’a pas plus de part à mon travail que plusieurs autres personnes dignes de foi, qui m’ont fourni des mémoires.
Ma foi, Molière, dit-il encore, je vous suis obligé, car cette affaire-là m’embarrassait ; elle avait sa difficulté. […] — Mais je ne pourrais, lui dit Molière, lui en donner d’autre que celui d’Extravagant. — Il serait excellent, par ma foi, lui repartit le comte, car le pauvre homme n’extravague pas mal : faites cela, je vous en prie ; je vous verrai souvent pour suivre votre travail. […] Et fit grandement rire, parce Qu’il est excellent pour la farce : Et pour le docteur Gratian, Estimé de maint courtisan, Avec son jargon pédantesque, Y parut tout à fait grotesque ; Enfin ils réussirent tous En leurs personnages de fous : Mais, par ma foi, pour la folie, Ces gens de France et d’Italie, Au rapport de plusieurs témoins, Valent mieux séparés que joints. […] Il était d’une piété singulière que nul ne révoquait en doute ; mais, si l’on refuse de croire à ses vertus, on ajoutera foi aux faits et aux dates. […] Il mérite d’autant moins de foi, qu’il n’a consigné ce récit dans ses Mémoires qu’en 1690, à l’époque de la mort du duc de Montausier, c’est-à-dire plus de vingt-quatre ans après la première représentation du Misanthrope.
S’ils refusent de croire aux vertus des hommes, ils ajouteront foi, je l’espère, aux faits et aux dates.