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159. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Elle lui fit donc entendre, le mieux qu’elle put, de quelle façon ce gentilhomme la vouloit servir ; lui dit qu’il étoit aussi riche que son mari, &, si elle en vouloit voir les preuves, qu’elle lui apporteroit, de sa part, des pierreries de grand prix, & des hardes aussi riches qu’elle les pourroit souhaiter. […] Est-ce de la façon que vous voulez l’entendre ? […] J’entends plusieurs de mes Lecteurs se dire intérieurement qu’il est bien aisé de composer des pieces quand on a sous la main d’aussi bons matériaux. […] Je brûle de l’entendre.

160. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Au milieu d’une pompe royale, c’est l’apothéose de leur manière d’entendre l’amour ; tous les sentimens y sont grandioses et nobles, presque naturels avec cela. […] Il ne serait pas impossible qu’aussitôt marié il ait entendu de la bouche de sa femme la déclaration que Dorimène fait à Sganarelle : « Je crois que vous ne serez point de ces maris incommodes qui veulent que leurs femmes vivent comme des loups-garous. […] Le caractère et la manière d’être qu’elle prête aux deux époux, les incidens publics de leur existence qu’elle raconte, tout cela montre en elle un témoin bon à entendre. […] En somme, tout ce que les contemporains d’Armande ont écrit contre elle se trouve faux si on l’examine d’un peu près ; à plus forte raison ce qu’une admiration mal entendue pour, Molière a fait imaginer depuis. […] L’accusation d’empoisonnement qui pesait sur lui fut reconnue fondée et, le 27 février 1676, il s’entendit condamner au blâme, à l’amende honorable, à 4, 000 livres de dommages-intérêts et 200 livres d’amende ; les imprimeurs de son factum devaient être appréhendés au corps et poursuivis.

161. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Mais, disons la vérité, Moliere a corrigé des défauts, si l’on entend seulement par ce nom certaines qualitez qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût ou qu’un sot entêtement. […] M. de Saint-Evremond64 raporte qu’il fit de si grands efforts enjouant le rôle d’Hérode, dans la tragédie de Mariane 65, que cela lui causa la mort ; ce qu’il faut entendre par là, c’est que Mondory tomba en apoplexie en jouant ce rôle ; il resta paralytique d’une partie du corps, et sa langue se trouva embarrassée. […] Le roi Louis XIV donna à Moliere le caractère du chasseur impertinent qu’on voit dans cette pièce, et comme il n’entendoit point du tout la chasse, ce prince l’envoya de sa part au comte de Soyecourt, qui étoit très au fait de cet exercice147, et avec lequel Moliere fit la prose de cette agreable scène, qu’il versifia ensuite en son particulier. […] On n’avoit point encore vu de si parfait comédien dans la troupe royale de l’Hôtel de Bourgogne, dont il étoit l’orateur ; il annonçoit de bonne grâce, parloit facilement, et ses petits discours faisoient toujours plaisir à entendre par les traits nouveaux dont il prenoit soin chaque jour de les orner. […] Le tragique étoit son fort : on prétend qu’elle a joué d’original le rôle d’Hermione dans l’Andromaque de Racine, que M1Ie Champmêlé joua ensuite, en concurrence221; sur quoy on fait dire au feu Roy, dont le goût étoit si sûr en toutes choses, que, pour remplir ce rôle parfaitement, il faudroit que la des Œillets joüât les deux premiers actes, et la Champmêlé les deux autres, voulant faire entendre par là que celle-ci avoit plus de feu, pour faire sentir les emporte-mens du personnage représenté dans les derniers actes de cette pièce, et l’autre, plus de délicatesse et de finesse.

162. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Le premier Jour fut plus heureux qu’elle ne se l’était promis ; mais ceux qui avaient entendu le petit Baron en parlèrent si avantageusement, que le second jour qu’il parut sur le théâtre, le lieu était si rempli que la Raisin fit plus de mille écus. […] Le petit homme, qui ne savait auquel entendre pour recevoir les caresses qu’on lui faisait, promit à cette comédienne qu’il irait chez elle ; mais la partie fut rompue par Molière, qui lui dit de venir souper avec lui. […] On a assigné plusieurs causes à la retraite un peu précipitée de ce grand acteur ; les uns prétendent qu’il quitta le théâtre pour traiter d’une charge de valet de chambre du roi, laquelle lui fut refusée ; les autres assurent qu’ayant aspiré à la direction suprême de son théâtre, régi jusqu’alors en société libre par les acteurs eux-mêmes, il fut blessé de ce que le roi ne voulut pas consentir à soumettre ses camarades à son autorité ; on a même cherché à faire entendre que cette retraite était forcée, et le résultat d’une disgrâce ; Louis XIV, ayant été très mécontent de ce que, par une vanité mal entendue, cet acteur s’était obstiné à lui demander la régie de la Comédie française. […] Ce qu’il avait bien imaginé fut prononcé avec une merveilleuse grâce ; et je ne puis enfin dire de lui que ce que j’entends dire à tout le monde, qu’il est très poli et dans ses discours et dans toutes ses actions. […] Mademoiselle Beauval, qui était présente, dit d’un air chagrin : « Je vois bien que cet ordre est pour me faire entendre que je commence à n’être plus capable de remplir mon emploi ; ainsi je me retire. » En effet, elle et son mari quittèrent le théâtre à la clôture de Pâques de l’année 1704.

163. (1899) Salut à Molière, dit par Coquelin cadet, le soir du 15 janvier, pour le 277e anniversaire de la naissance de Molière, sur la scène de la Comédie-française pp. 3-8

Salut à Molière Ce soir, pour l’anniversaire du maître du logis, vous ne verrez pas de personnages allégoriques et vous n’entendrez pas la musique des vers.

164. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Au commencement de la pièce, dans une scène imitée de Plaute, Harpagon exprime sa crainte qu’un domestique n’ait eu quelque soupçon de son trésor ; il se tranquillise ensuite pendant quatre actes, on n’entend plus parler de ses inquiétudes, et le spectateur tombe des nues, quand le valet apporte tout d’un coup la cassette volée, parce qu’on ne lui a jamais expliqué comment un trésor aussi soigneusement caché a pu être découvert. […] Je crois être ennemi du maniéré autant que personne ; mais il faut s’entendre sur le degré de nature et de vérité qu’on peut exiger de chaque genre. […] Dans le récitatif qui, d’ordinaire, n’est entendu qu’à moitié, parce qu’on l’écoute rarement avec attention, on ne peut développer avec quelque clarté qu’une fable bien simple et bien peu compliquée ; c’est ce qui fait que dans l’opéra buffa des Italiens, l’action est entièrement négligée, et quelle n’offre, au genre même de la bouffonnerie, que des situations uniformes qui restent éternellement les mêmes. […] Un homme au fait de la statistique de la scène française, a remarqué que depuis plusieurs années, il a paru fort peu de tragédies et de comédies régulières, mais que les mélodrames à eux seuls surpassent en nombre toutes les autres pièces réunies : par mélodrame on n’entend pas comme chez nous, une composition dramatique où les monologues sont entrecoupes de musique instrumentale. […] Il faut entendre Voltaire raconter comment, du temps de Louis XIV, Auguste prononçait son discours à Cinna et à Maxime.

165. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

L’entendre autrement, c’est ignorer ce qu’il y a de multiple et de complexe dans cette mystérieuse physiologie dramatique dont l’auteur seul a le secret. […] Entendez-vous ces plaintes et cette juste colère contre la lâcheté de ses ennemis qui, à l’apparition du Tartufe, avaient forgé sous son nom un infâme libelle40 ? […] II nous semble entendre Molière, toujours plein de pardons, s’écrier comme Arnolphe dans L’École des femmes : « Je te pardonne et te rends ma tendresse. » 45.

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