Molière, même dans Don Juan, n’a pas fait de drame, ni dans Tartuffe.
Les encourageantes répliques de Léonor sonnaient encore à son oreille, lorsque au dénoûment pour rire de la comédie, il faisait succéder ce prologue d’une pièce vraie, autrement sérieuse, et qui devait tourner au drame.
D’après un de ses biographes, il fit jouer à Bordeaux une Thébaïde, qui n’obtint aucun succès ; quelques années après il éprouva à Paris un nouvel échec avec Don Garcie de Navarre ; et cependant c’est dans ce drame héroïque que se trouve l’idée première de la situation d’Alceste amoureux de Célimène : il en a même extrait plusieurs vers pour les transporter dans Le Misanthrope.
Vous pouvez dire en drame : … A mon amour rien ne peut s’égaler.
Shakspeare recommande, lui aussi, le naturel, mais, à ce conseil, il en joint beaucoup d’autres qui l’expliquent et le complètent ; de plus, il ne parle pas de la tragédie, mais du drame, ce qui est assez différent.
Au lieu de cela, Molière avait depuis longtemps en portefeuille, bien avant que le succès des Précieuses lui eut fait reconnaître la voie qu’il devait parcourir désormais, avant même peut-être que son établissement à Paris lui eut permis de l’entrevoir, une pièce qu’il avait composée alors que la tragi-comédie, le drame héroïque, étaient seuls en honneur. […] Cinq mois après la première représentation de ce chef-d’œuvre, au milieu des orages qui s’amassaient et éclataient sans cesse sur sa tête, quand l’air retentissait encore des vociférations effrénées qu’une fanatique hypocrisie avait proférées contre lui, Molière, dont le génie avait à tâche de prouver son mépris pour de si basses attaques, enrichit notre scène de l’imitation la plus heureuse et la plus enjouée du drame le plus original qui ait jamais été représenté sur aucun théâtre, Amphitryon. […] Les Romains avaient pensé que ce drame convenait mieux à cette solennité que le tableau en action de quelque haut fait de ce maître du monde. […] Prose et vers, drames et pamphlets, tout était bon à leurs saints anathèmes, à leurs délations monarchiques, et il semblait qu’ils prissent à tâche, par leur apparence de désintéressement, de laisser mieux constater encore la vérité du rôle que Molière avait créé à leur image.
Les drames historiques comptent de grandes œuvres : La Prudencia en la mujer, Antona García, La Dama del Olivar.