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5. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Molière le place encore dans une position difficile, celle de se montrer reconnaissant et généreux envers une personne dont il est l’obligé. […] C’est pourquoi la vertu véritable est d’une pratique si difficile. […] C’est ce que faisait Fleury dans le Misanthrope ; il indiquait très intelligemment ce rôle difficile, plutôt qu’il ne le jouait bien. […] Ce rôle difficile, dans lequel tant de comédiens de mérite se sont essayés sans succès, n’a jamais appartenu de droit à aucun emploi. […] Ce discours à comprendre est assez difficile, Madame, et vous parliez tantôt d’un autre style.

6. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il faut pour que le nœud d’une action soit dans les regles dictées par le bon sens & par l’expérience, que tous les incidents, tous les embarras aient plusieurs qualités réunies, toutes aussi difficiles qu’essentielles. […] On peut juger, par ce que nous venons de dire, combien il est difficile de donner aux incidents toutes les qualités qu’ils doivent avoir pour être parfaits.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

« Le grand nombre de farces que nous avons dans ce genre ne permet pas de penser qu’il soit bien difficile à traiter. […] Une fois qu’on a décidé l’emploi du personnage auprès duquel l’on veut introduire les autres acteurs avec quelque ombre de vraisemblance, il n’est pas bien difficile d’augmenter le nombre des interlocuteurs, le nombre des scenes, &c. […] On n’étoit pas difficile dans ce temps-là.

8. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Tout cela est si gaiement présenté, qu’il est bien difficile de ne pas oublier toute la morale outragée pour applaudir au succès de la ruse, et quoiqu’il ne s’agisse que de crimes imaginaires, le rire devient une complicité réelle. […] C’est le héros de notre siècle pour les exploits dont il s’agit : un homme qui, vingt fois en sa vie, pour sauver ses amis, a généreusement affronté les galères ; qui, au péril de ses bras et de ses épaules, sait mettre noblement à fin les entreprises les plus difficiles ; et qui, tel que vous le voyez, est exilé de son pays pour je ne sais combien d’actions honorables qu’il a généreusement entreprises. […] Taschereau a raison de dire que Molière « n’eut évidemment d’autre but que celui de faire rire, et il était difficile à la vérité de le mieux atteindre. » 244.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Hippocrate dit oui ; mais Galien dit non ; & la chose me paroît difficile à décider. […] Il peut fournir autant de comique que de moral : il a le mérite d’être à la portée de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de toutes les nations ; cependant je ne craindrai point de dire que ce sujet est extrêmement difficile à traiter : premiérement, parceque le Défiant est un caractere qu’on peut lier à une infinité d’autres ; un jaloux est défiant ; une mere qui veut conserver l’honneur & la réputation de sa fille est défiante ; un philosophe qui connoît les hommes est défiant ; un méchant est défiant, parcequ’il redoute dans les autres les méchancetés qu’il est capable de faire, &c. […] J’entends la plupart de mes Lecteurs s’écrier « que ce que je dis pour persuader que le Défiant est très difficile à traiter, prouve tout le contraire, puisqu’on peut l’associer à une infinité de caracteres qui le rendront plus théâtral en redoublant ses forces ». […] En second lieu, le Défiant est plus difficile qu’on ne pense à mettre sur la scene, parcequ’on doit nécessairement le rendre la dupe de son caractere ; ce qui n’est pas aisé, puisqu’on ne sauroit le faire trahir par un de ses confidents, comme l’on a fait dans mille autres pieces.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Patelin suit avec sa femme, qui le gronde, lui dit qu’il a fait une vilaine action en prenant chez Guillaume un habit qu’il ne sauroit payer : Patelin prétend qu’il est difficile d’être honnête homme lorsqu’on est pauvre. […] Mais, est-ce une chose si difficile, dis-moi, de ne point parler ? […] Oui, difficile, Frontin, & plus difficile que tu ne crois.

11. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Or je crois la chose difficile. […] Geffroy comprend le mieux, et s’il pouvait corriger l’âpreté de sa voix, chose plus facile à souhaiter qu’à réaliser, il contenterait je crois, les juges les plus difficiles. […] Les esprits difficiles, parmi lesquels je n’hésite pas à me ranger, exigent quelque chose de plus, une bagatelle, moins que rien, — une lecture attentive et quelques jours de réflexion. […] Quand ils sont chargés de représenter un personnage conçu à loisir, dessiné avec un soin scrupuleux, leur tâche devient plus difficile, et leurs droits sont rigoureusement limités.

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