Les caracteres dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, sont tels par leur nature, que Destouches ne pouvoit choisir pour son héros qu’un des premiers Seigneurs de la Cour, & Louis Halberg qu’un Artisan : l’ambition du premier seroit devenue une vertu, du moins par rapport à nos mœurs, s’il n’eût ambitionné que la place d’un sujet plus en faveur que lui ; & les raisonnements politiques de maître Herman de Breme pourroient être à leur place dans un homme instruit & en place.
Moliere, le divin Moliere lui-même, n’a pas quatre pieces qui ne soient imitées, en général ou en partie, d’un autre Auteur ; & je vais le prouver : loin de vouloir par-là diminuer le nombre de ses lauriers, je prétends leur donner un nouvel éclat, puisque Moliere a si bien embelli ses copies, qu’on les préfere aux originaux, qu’il est devenu lui-même un objet d’imitation pour ses successeurs, & que tous n’ont obtenu des suffrages qu’en se rapprochant de ce grand homme.
Son Cours de belles-lettres distribué par exercices (1747-1748), devenue ensuite Cours de belles-lettres ou Principes de la littérature (1754) est allé, de réédition en réédition, jusqu’au XIXe siècle.
Il pouvait représenter des scènes religieuses quand il était lui-même un acte religieux sous l’autorité de l’Église ; mais depuis qu’il était devenu profane et mondain, s’arroger le droit de prêcher, n’était-ce pas empiéter sur le domaine spirituel, sur les droits de l’Église ? […] D’ailleurs, il faut le reconnaître, si l’on devait renoncer aux pratiques extérieures aussitôt que la foi diminue et est ébranlée, ou quand on a des faiblesses morales, combien de pratiquants seraient réduits à devenir des libres penseurs ? […] Molière, en observateur profond, a été frappé de ce fait que la vraie vertu, la vertu rigoureuse et étroite, mise en conflit avec le monde, devient ridicule ou du moins prête à rire. […] C’est cette vertu elle-même, la seule que le monde reconnaisse, c’est celle-là qui lui devient à charge et qui appelle à son tour ses traits et ses railleries, lorsqu’elle se prend au sérieux et qu’elle veut être pure, sévère, sans mélange. […] Le sage de la pièce, de Jalin, épouse, comme Philinte, l’Éliante de ce faux monde, la jeune Marcelle, qui a conservé des sentiments purs au sein de l’impureté ; enfin le nouveau Alceste, comme l’autre, reste seul blessé au cœur, et avec bien plus de droit que celui-ci de devenir misanthrope.
Je n’ai pas les sentiments assez flexibles pour la domesticité : mais, plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenés si loin ? […] Il y avait d’autant plus d’inclination, qu’il était devenu très valétudinaire ; et il était réduit à ne vivre que de lait. […] Ce mot était devenu proverbe. […] Il s’associait avec le père du président Hénault pour dénigrer Racine, et finit par devenir le panégyriste du grand poète dont il avait été le zoïle. […] Ce Raisin devint un comédien excellent.
Les scenes amoureuses de Jupiter & d’Alcmene, dans Amphitrion, deviennent plaisantes par la bonne foi d’Alcmene, qui croit toujours parler à son mari, & par la délicatesse du Souverain des Dieux, qui veut que sa maîtresse, en le rendant heureux, oublie entiérement l’époux pour tout accorder à l’amant. […] Pendant ce temps le Marquis, qui ignore ce qu’est devenue Lucile, est au désespoir : il la retrouve avec la plus grande surprise chez son ami.
L’amour qu’il a pour la belle esclave lui tourne si fort la cervelle, qu’il est devenu comme un homme hébêté. […] Dis-moi enfin, si Phormion reçoit cet argent, il faut qu’il l’épouse : que deviendrai-je ?