/ 173
4. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Que, si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute ma cabale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. […] Alors, n’en doutons pas, la comédie du Tartuffe n’eût pas vu le jour ; Le Tellier aurait défendu au roi de la permettre, et Molière, qui jugeait si bien son temps, ne l’eût pas même essayée. […] Quelques injures qu’on puisse dire à un innocent, on craint de le défendre lorsque la religion y est mêlée ; l’imposteur est toujours à couvert sous ce voile, l’innocent toujours opprimé, et la vérité toujours cachée. […] Abandonnait-il le champ de bataille le vigoureux athlète qui fait presque coup sur coup succéder au Tartuffe, défendu par le premier président, Amphitryon, L’Avare, et George Dandin ? […] Ses placets au roi, sa préface du Tartuffe, tels sont les seuls écrits par lesquels il ait cru devoir se défendre devant ses deux protecteurs, le public et le monarque.

5. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

On a vu, dans la relation de ces fêtes connues sous le nom de Plaisirs de l’Île enchantée, que le roi, personnellement satisfait des trois actes qu’il venait d’entendre, et persuadé des bonnes intentions de l’auteur, n’en avait pas moins cru devoir défendre la représentation publique d’une comédie qui, quoique dirigée contre la seule hypocrisie, pouvait être d’une fâcheuse conséquence pour la véritable dévotion. […] Quand le premier président défendit les représentations du Tartuffe, quels furent ses véritables motifs ? […] Du reste, les intentions les plus fines du poète et les beautés les plus délicates de son ouvrage sont dévoilées et rendues sensibles avec une complaisance non moins habile qu’officieuse, et la partie morale du sujet est défendue avec une vivacité quelquefois passionnée qui décèle un grand fonds de bienveillance pour Molière, ou de malin vouloir contre ses ennemis. […] Il eut le crédit de la faire défendre. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir  ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV.

6. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Hors ceux dont au mari la visite se rend,   La bonne regle défend   De recevoir aucune ame. […]   Il faut des présents des hommes   Qu’elle se défende bien ;   Car dans le siecle où nous sommes,   On ne donne rien pour rien. […] Mais il me semble, Agnès, si ma mémoire est bonne, Que j’avois défendu que vous vissiez personne. […] Nous savons comme il faut s’en défendre. […] Les uns en ont dit pis que pendre, Les autres ont su la défendre.

7. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] On les prend parce qu’on ne s’en peut défendre et que l’on dépend de parents qui n’ont des yeux que pour le bien ; mais on sait leur rendre justice, et l’on se moque fort de les considérer au-delà de ce qu’ils méritent. » Aussi sommes-nous fort bien disposés à pardonner à Isabelle les ruses qu’elle emploie pour se défendre et nous empresserons-nous d’applaudir avec Molière à la victoire de la pauvre Agnès sur Arnolphe, son oppresseur et son tyran. […] Cléante se défend de donner dans le libertinage, mais nous verrons que la religion qu’il admire n’oblige en somme les humains qu’à bien vivre et ne s’appelle catholicisme que par occasion. […] Le ciel défend, de vrai, certains contentements, Mais on trouve avec lui des accommodements. […] Angélique s’est défendue avec calme et énergie.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Jupiter, qui ne veut point que cette brouillerie révolte Alcmene contre son mari, revient une seconde fois sous la forme d’Amphitrion, pour se raccommoder avec elle : il faut pendant ce temps-là que Mercure défende à Amphitrion, qui survient, l’entrée de sa maison. […] Cette sœur, appellée Marcella, voit Lisardo, apprend qu’il va très souvent à la Cour, l’attend sur le chemin, lui fait une déclaration amoureuse, lui donne rendez-vous pour un autre jour, & lui défend toujours de l’accompagner jusqu’à sa rue, parcequ’elle veut cacher sa demeure. […] Marcella le gronde, parcequ’il a commencé à raconter l’histoire de ses amours à Dom Félix, & lui défend de l’achever. […] Marcella défend à Lisardo de partir : dans le temps qu’elle lui parle, on voit Dom Félix dans la salle voisine.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Allez, vous faites bien de le vouloir défendre. […] Sans doute, elle fait bien de défendre mes droits. […] Vous me défendez mieux que je ne saurois faire, Et du biais qu’il faut vous prenez cette affaire. […] Je ne m’en défends point, dans cette peine extrême,    Oui, Tircis, je vous aime.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Aristote a raison, s’il défend à un Auteur de rapprocher des choses qui, vu l’éloignement du temps, ne peuvent pas se lier avec vraisemblance. […] Si Riccoboni n’avoit pas mis plus d’un fil, plus d’une intrigue, plus d’une action dans ses pieces, il n’auroit surement pas soutenu une aussi mauvaise cause, & auroit encore moins prétendu la défendre avec d’aussi foibles raisons. […] On a beau défendre dans l’Avare l’intrigue du faux Intendant avec Elise : elle est épisodique ; il ne suffit pas, pour l’excuser, de dire que l’Avare l’embrasse ; mauvaise raison.

/ 173