Molière ne mit rien de tragique dans ses comédies ; Corneille rien de comique dans ses tragédies, rien de tragique dans ses propres comédies. […] Nous avions plusieurs comédies de Molière : Plusieurs ouvrages de La Fontaine.
Riccoboni, l’homme qui a le mieux raisonné sur la Comédie, n’est pas tout-à-fait de mon sentiment. […] D’après ce que je viens de dire, l’on va me croire le partisan, l’enthousiaste, le défenseur le plus zélé de nos pieces modernes, de ces comédies dans lesquelles deux amants se disent fadement, à chaque scene, sur cent tons différents, qu’ils s’aiment, qu’ils s’adorent, qu’ils brûlent, qu’ils meurent d’amour. Je me hâte de déclarer que, loin de les aimer, je les déteste ; que je ne trouve rien de plus mauvais, & sur-tout de plus étranger, de plus nuisible à la comédie, que des scenes purement amoureuses. Décidez-vous, me dira-t-on : comment accorder votre antipathie pour les scenes amoureuses avec l’idée où vous êtes qu’une fable amoureuse est absolument nécessaire dans une comédie ?
L’Étourdi ou les Contre-temps, Comédie en vers & en cinq actes, comparée, pour le fond & les détails, avec l’Inavertito, le maître Étourdi, canevas italien ; l’Amant indiscret, comédie de Quinault ; l’Epidique de Plaute ; le Phormion de Térence, & le Tour subtil d’un Filou, Conte de d’Ouville. […] L’Amant indiscret, ou le maître Étourdi, Comédie en cinq actes & en vers, jouée à Paris quatre ans avant celle de Moliere. […] Moliere ne s’est pas contenté de s’approprier les étourderies & les fourberies qui sont chez l’Auteur Italien & chez Quinault ; il en a puisé par-tout, comme l’on voit : aussi en a-t-il plus réuni dans un seul acte que Quinault dans toute sa comédie, ce qui rend sa piece aussi vive, aussi rapide que l’autre est froide & languissante.
George Dandin, ou le Mari confondu, comédie en prose, en trois actes, comparée, pour le fond & les détails, avec deux Nouvelles de Bocace, & un Conte de d’Ouville. […] Je m’en suis convaincu en voyant jouer Pantalon avare, comédie italienne, dans laquelle on a mis en action le conte de Bocace. […] Cela étant fait, elle éteignit la chandelle que le mari, par jalousie, tenoit toute la nuit allumée, & alla se cacher, en attendant le dénouement de la comédie. […] On ajoute que l’Auteur, craignant son courroux, fut le trouver, lui lut sa comédie, & que le héros rit le premier des plaisanteries ou des traits satyriques qui l’auroient choqué sans cette précaution.
Précis de l’Amant Prothée, comédie en trois actes, en prose, par M. […] Vous savez, Madame, qu’une comédie angloise fort irréguliere (comme le sont la plupart des drames d’une nation d’ailleurs si riche) m’a fourni les caracteres que j’ai peints, & qui sont presque étrangers à nos mœurs ». […] On parle d’un Auteur qui doit jouer les Philosophes dans une Comédie. […] « L’Auteur révele aujourd’hui son secret : ce fut celui d’Aristophane dans la comédie des Nuées, & dans la plupart de ses pieces.
Cette comédie, me disais-je, est bien tragique. […] Tragédies et comédies sont régies par la loi unique de l’art, la loi unique de la vie humaine ; la forme diffère, l’essence est une. […] À la fin d’une comédie, j’entends ce cri honteux : Regarde, Amphitryon, quel est ton imposteur ! […] L’un faisait des vers, l’autre de la prose ; celui-ci une comédie, celui-là une tragédie ; chacun secouait une branche de l’arbre, et personne n’avait aperçu le tronc ; personne n’avait conscience de la sève circulante, de la vie intérieure, de la végétation une et ardente.
Le Dépit amoureux, Comédie en vers & en cinq actes, comparée, pour le fond & les détails, avec la creduta Maschio, ou la Fille crue Garçon, Piece Italienne ; gli Sdegni amorosi, ou les Dépits amoureux, Canevas Italien ; le Déniaisé, Comédie de Gillet de la Tessoniere, & Arlichino muto per paura, ou Arlequin muet par crainte. […] Plusieurs comédies, tant françoises qu’italiennes, ont fourni à Moliere le fond & les scenes de cet ouvrage. […] Les scenes de dépit entre Eraste & Lucile sont prises dans une comédie italienne dont voici l’extrait. […] La scene dans laquelle Métaphraste, Précepteur d’Ascagne, impatiente le bon-homme Albert, est calquée sur la quatrieme scene du premier acte du Déniaisé, comédie par le sieur Gillet de la Tessonniere. […] D’Ouville a fait, avant Moliere, une comédie sur le même sujet, intitulée Aimer sans savoir qui ; mais elle ne mérite point d’être opposée au Dépit amoureux.