La pauvre créature pleuroit avec raison de tout son cœur : & quoiqu’elle dit de temps-en-temps, hélas !
je le crois : jeune & bien fait comme vous l’êtes, on va droit au cœur de la belle, & l’on ne prend point les chemins détournés de la négociation.
Ce chef-d’œuvre du monde mérite d’être appris par cœur avant que d’être examiné.
Mais pour des comédiens français, la nature les fait en dormant : elle les forme de la même pâte que les perroquets, qui ne disent que ce qu’on leur apprend par cœur : au lieu qu’un Italien tire tout de son propre fonds, n’emprunte l’esprit de personne pour parler ; semblables à ces rossignols éloquents, qui varient leurs ramages suivant leurs différents caprices.
Le trésor souterrain est toujours présent à l’esprit du spectateur, il est là comme un mauvais génie qui tourmente l’avare jusqu’à le rendre fou, et c’est une leçon de morale qui pénètre bien plus avant dans le cœur que celle de Molière. […] Le poète italien sait se prêter admirablement aux intentions d’une musique qui ne veut qu’exprimer les mouvements du cœur, mais où trouve-t-on chez lui rien qui frappe l’imagination £ On loue fort Quinault d’avoir sacrifié au goût de son pays le mélange de la gaîté et du sérieux : je ne sais si l’on a raison.
Il prête son consentement aux volontés du Ciel, & fait les cérémonies du mariage, dont l’union secrete de ces deux cœurs avoit déja commencé le sacrement ».
Un nommé Neufvillenaine26 fit imprimer cette Pièce avec un argument à chaque Scène, et la dédia à Molière, en lui disant : Qu’enchanté des beautés de cette Comédie, il s’était aperçu, après y avoir été cinq à six fois, qu’il l’avait retenue par cœur ; que, dans ce même temps, un de ses amis en Province l’ayant prié de lui mander des nouvelles de cette Pièce, il la lui avait envoyée ; mais, quelque temps après, ayant vu qu’il s’en était répandu plusieurs copies très-difformes, il avait pris le parti de la faire imprimer, et de la lui dédier. […] Neufvillenaine, qui se nomme pas, la dédia à Molière, et lui manda qu’enchanté des beautés de cette Pièce, il s’était aperçu, après y avoir été cinq ou six fois, qu’il l’avoir retenue par cœur ; que, dans ce même temps, un de ses amis en Province l’ayant prié de lui donner des nouvelles de cette Comédie, il la lui avait envoyée ; mais quelque temps après, ayant vu qu’il s’en était répandu plusieurs copies très-difformes, tant des vers que de la prose, il avait pris le parti de la faire imprimer, et de la lui dédier. […] Enseignez-moi qui m’a dérobé mon âme, ma vie, mon cœur, et toute mon espérance ?