Mes Lecteurs ne seront pas, je pense, de son avis : ils auront remarqué dans l’extrait non seulement une exposition simple autant qu’intéressante ; une intrigue bien graduée, & variée tantôt par la jalousie de l’amant, tantôt par celle de l’amante, tantôt par les contradictions de l’oncle ; un dénouement inattendu qui termine tout au gré des acteurs & des spectateurs : ils auront encore fait attention à l’adresse du nœud général ; il est ourdi de maniere que chaque fâcheux trouve l’amant dans une situation bien prononcée, à la portée de tous les cœurs, & qu’il sert à la rendre plus piquante. […] déja mon cœur après ce mot soupire ! […] Mon cœur est si surpris d’une telle merveille, Qu’en ce ravissement je doute si je veille.
Je le sais très bien ; mais les gens du bel air voudroient qu’un comique les plaçât sur la scene, moins tels qu’ils sont, que tels qu’ils veulent paroître ; qu’il ne s’attachât qu’aux mines, aux grimaces, & ne dévoilât pas le fond du cœur ; qu’il peignît ces travers, ces ridicules qu’on a érigés en agrément ; & non ces vices que l’éducation, que la politesse masquent, mais qu’elles ne cachent pas à un observateur profond. […] Depuis quand savez-vous que j’ai touché son cœur ? […] Quand d’Oronte aujourd’hui je n’aurois pas appris Combien d’amour pour moi vous vous sentez épris, Vous m’en avez tant dit, ce matin même encore, J’ai tant vu dans vos yeux que votre cœur m’adore, Que le mien de vos feux jamais ne doutera.
Mais ma femme, après tout, est sage, vertueuse : Plus amant que mari je possede son cœur : Elle fait son plaisir de faire mon bonheur. […] Sexe aimable & trompeur, c’est avec cette adresse Que vous savez des cœurs surprendre la tendresse ! […] Isabelle veut pénétrer le secret de Lisette, lui fait un crime de lui cacher ce qu’elle a dans le cœur, tandis qu’elle lui montre le sien à découvert.
D’autres ont fouillé plus avant dans les ondoyants replis du cœur humain ou tout au moins en ont plus minutieusement analysé la complexité infinie. […] Quelle connaissance du cœur humain, quelle expérience des passions ne faut-il pas avoir pour comprendre et goûter vraiment le caractère d’une Bérénice, d’une Hermione, d’une Agrippine ? […] Il y a, en effet, une peinture du cœur qui en est plutôt une analyse, une anatomie ; et cette peinture toute en traits légèrement indiqués, en menus détails, que nous admirons par exemple dans les romans de Mmede La Fayette, ne convient guère à l’esthétique du théâtre.
Alceste a raison, quand il veut qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur ; quand il déclare que L’ami du genre humain n’est pas du tout son fait, et quand il condamne sans pitié Ce commerce honteux de semblants d’amitié, ces protestations que le monde prodigue au premier faquin, en prostituant cette chose sacrée, l’amitié135. […] c’est le défaut le plus enraciné dans le cœur même des plus sages. […] XXVI, v. 75. — « Mais le coup de maître est d’avoir fait-Alceste amoureux, d’avoir courbé cette âme indomptée sous le joug de la passion, et montré par là surtout que le plus sage ne peut être complètement sage, Et que dans tons les cœurs il est toujours de l’homme. […] Il faut attribuer au bon sens et au cœur de Molière sa guerre aux médecins, et se garder d’accepter la singulière explication de A.
Et ce qu’il y avait de plus agréable pour ses amis, c’est qu’il était d’une droiture de cœur inviolable, et d’une justesse d’esprit peu commune. […] Il en avait de choisis, à qui il ouvrait souvent son cœur. […] Mais surtout dans le cœur de Molière, qui se vit justifié de ce qu’il avait avancé. […] bon, répondit le Comte, je suis bien aise que vous soyez de mes amis ; je vous estime de tout mon cœur, et je vous ferai plaisir dans les occasions. […] J’avais fort à cœur de recouvrer les ouvrages de Molière, qui n’ont jamais vu le jour.
Enivré de toutes les séductions de la gloire et de l’amour, le cœur du prince devait être disposé à l’indulgence, et Molière avait composé pour ces jours de délices la comédie de La Princesse d’Élide. […] Une statue au milieu d’une place publique n’est qu’une louange froide et muette ; elle attire à peine les regards d’une multitude inattentive ; mais un ouvrage de théâtre captive un public qui se renouvelle de jour en jour ; il excite au même moment sur vingt scènes diverses les transports de l’élite d’une nation ; il échauffe, il électrise tous les cœurs : c’est une vivante apothéose. […] Quelle jouissance plus enivrante et plus pure pour un cœur jaloux des faveurs de la postérité que cet avenir d’applaudissements se perpétuant de génération en génération, que ce concert, que cet écho des louanges du même roi se répétant par tous les siècles et sous tous les règnes ! […] Qu’une telle action est bien digne de toi, Et que tu connais mal le cœur d’un si grand roi ! […] Le Tartuffe est de tous ses ouvrages celui où il a pénétré le plus avant dans les replis du cœur ; il a découvert une des plaies les plus tristes de l’humanité, et il l’a sondée d’une main si ferme, qu’il a arraché des cris douloureux.