Le fanatisme exclut, le goût choisit, a dit un grand homme quelque part. […] En second lieu, puisque c’est au goût à choisir, n’est-il pas absurde, ridicule qu’on donne l’exclusion à un genre avoué par les nations & par les siecles les plus éclairés, en faveur d’un genre monstrueux qui a mille fois tenté de paroître au grand jour, & qui a mille fois été proscrit ?
Il a fait voir par l’Ouvrage qu’il a donné après celui-ci, qu’il est capable de faire mieux ; et qu’il est le maître de se donner de la réputation quand il choisira de bons sujets. […] De sorte que trouvant des obstacles des deux côtés, il n’a pris ni l’un ni l’autre parti ; et il a choisi la profession de bel esprit, dont il s’acquitte avec assez d’applaudissement. […] Ces Messieurs-là n’allaient chez Molière, que pour faire valoir son esprit ; et ce que disent de Grands Seigneurs et des amis choisis, doit être agréable.
Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.
Dès 1645 donc, le temps était venu où cette femme respectable devait voir sa maison se fermer à la jouissance d’une société choisie, mais nombreuse ; jouissance toute noble, toute glorieuse, mais par cela même d’un éclat incommode pour son âge. […] « Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet.
Je vais y concourir pêle-mêle, qu’on me passe cette expression, la société dite des précieuses, et séparément la société choisie. […] Je passe au second travail dont j’ai parlé : celui de la société choisie, c’est-à-dire de bonnes mœurs, de bon ton, de bon goût.
Ceux que le Ciel choisit pour de pareils exploits Doivent s’enorgueillir de l’honneur de son choix ; Et j’avouerai, Seigneur, que ma reconnoissance Se partage entre vous & la toute-puissance. […] Cependant, tous les Grands de Castille ne voyant pas de Rois voisins qui pussent épouser leur Reine, prétendant à l’envi l’un de l’autre à ce mariage, & étant prêts de former une guerre civile à ce sujet, les Etats du Royaume la supplient de choisir un mari pour éviter les malheurs qu’ils prévoient devoir naître. Elle s’en excuse comme ne connoissant pas assez particuliérement le mérite de ses prétendants, & leur commande de choisir eux-mêmes les trois qu’ils en jugent les plus dignes, les assurant que s’il se rencontre quelqu’un entre ces trois qu’elle puisse aimer, elle l’épousera.
Au défaut de six pistoles, Choisissez donc, sans façon, D’avoir trente croquignoles, Ou douze coups de bâton. […] Si c’est une nécessité & qu’il faille en passer par-là, je choisis les croquignoles. […] Il faut qu’elle-même choisisse son peintre, qu’elle le doue de tous les talents nécessaires, qu’elle le mene sans cesse par la main, qu’elle l’éclaire sur tout ce qui se présente à lui ; qu’elle lui indique, par le moyen du goût, l’attitude, les traits, les couleurs qui rendront son portrait aussi frappant qu’agréable : sans cela il ouvrira de grands yeux sans voir, & les beautés les plus séduisantes passeront devant lui sans qu’il les saisisse. […] Il pouvoit alors choisir entre les pieces qui depuis ont fait la fortune du Théâtre Italien & du François : il donne la préférence à l’Ecolier de Salamanque, à la Fausse Apparence, au Prince corsaire, au Gardien de soi-même, &c.