Le capitaine Rhinocéros mourut au mois d’octobre 1624 : « Quand ce capitan trépassa, rapporte son camarade Beltrame, on trouva dans son lit un très rude cilice, ce qui causa quelque surprise, car nous n’ignorions pas qu’il était pieux et buon devoto, mais nous ne savions rien de ce cilice. » Il entrait sans doute, dans cette émulation de piété, un secret besoin de protester contre l’excommunication sévère qui pesait en France sur la profession comique.
C’est diminuer sa part de responsabilité, c’est permettre au lecteur de mieux apprécier les faits et au besoin de les vérifier par lui-même8. […] Si vous étiez dans le besoin, je pourrais vous rendre mes services ; mais, je ne vous le cèle point, je vous serais plutôt un obstacle. […] Nous n’avons pas besoin de dire que Chapelle consentit alors à rompre le silence. […] Le besoin des amusements, l’impuissance de s’en procurer d’agréables et d’honnêtes dans les temps d’ignorance et de mauvais goût, avait fait imaginer ce triste plaisir, qui dégrade l’esprit humain. […] La Harpe ne réfléchissait donc pas, en avançant ce fait, qu’il est de ces traits rapides et concis qui perdraient la plus grande partie de leur charme s’il fallait les allonger selon le besoin du vers ?
La Rocque a besoin d’argent pour régaler des Dames : il dit à Guillot de lui procurer cinquante pistoles sur une bague qu’il lui remet, & sort.
Disons-le franchement : une telle excuse n’était bonne que pour un public devant lequel Molière, approuvé par la cour et autorisé par la licence générale des mœurs, n’avait pas besoin d’excuse.
J’avoue qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve pas mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste ; mais supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles, et que les hommes aient besoin de divertissement, je soutiens que l’on ne leur en peut trouver un qui soit plus innocent que la comédie. » Avant de se prononcer ainsi, Molière a eu soin d’établir qu’il y a comédie et comédie, et de faire observer que « ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu’il y a une Olympe qui a été une débauchée ». […] Orgon même et madame Pernelle, si la faiblesse n’était pas un vice incurable, n’auraient pas, grâce à Molière, besoin d’autre expérience pour échapper aux pièges de l’imposteur.
Si le caractere simple & principal est suffisant pour conduire l’intrigue & remplir l’action, il n’est pas besoin de recourir aux caracteres accessoires : mais si ces derniers sont naturellement liés au caractere principal, on ne sauroit les èn détacher sans l’estropier. […] On s’amuse à recopier le petit maître sur lequel tous les traits du ridicule sont épuisés, & dont la peinture n’est plus qu’une école pour les jeunes gens qui ont quelque disposition à le devenir ; cependant on laisse en paix l’intrigante, le bas orgueilleux, le prôneur de lui-même, & une infinité d’autres dont le monde est rempli : il est vrai qu’il ne faut pas moins de courage que de talent pour toucher à ces caracteres ; & les auteurs du faux-sincere & du glorieux ont eu besoin de l’un & de l’autre : mais aussi ce n’est pas sans effort qu’on peut marcher sur les pas de l’intrépide auteur du tartufe. […] Boileau a eu tort, s’il n’a pas reconnu l’auteur du Misantrope dans l’éloquence de Scapin avec le pere de son maître ; dans l’avarice de ce vieillard ; dans la scene des deux peres ; dans l’amour des deux fils, tableaux dignes de Térence ; dans la confession de Scapin qui se croit convaincu ; dans son insolence dès qu’il sent que son maître a besoin de lui, &c. […] Un génie aisé, riche, naturel, lui fournit tout ce dont il a besoin ; des ressorts pour former les noeuds & les dénouer ; des traits, des pensées pour caractériser ses acteurs ; des expressions naïves, fortes, moëlleuses, pour rendre les pensées & les sentimens.
Aussitôt, malgré moi, tout mon feu se rallume : Je reprends sur-le-champ le papier et la plume, Et de mes vains serments perdant le souvenir, J’attends de vers en vers qu’elle daigne venir, Encor, si pour rimer, dans sa verve indiscrète, Ma Muse au moins souffrait une froide épithète : Je ferais comme un autre ; et sans chercher si loin, J’aurais toujours des mots pour les coudre au besoin.