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4. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

On l’attache à un arbre : ses membres tombent l’un après l’autre ; on les ramasse, on les met dans un coffre, & l’on a la cruauté de les montrer à Argentine lorsqu’elle demande à voir son mari : elle se désole. […] Enfin, Octave s’est rendu maître de son ennemi : il l’a fait attacher à un bûcher, il ordonne qu’on y mette le feu ; mais dans l’instant même Arlequin dit au tyran qu’il est las d’essuyer ses ironies 2. […] L’amante de ce même Officier se déguise en homme pour le suivre : il est accusé de rapt par les parents de la demoiselle ; il est cité devant un Tribunal qui va le condamner à perdre la vie, quand Arlequin change le Tribunal en moulin à vent : les quatre Juges paroissent attachés aux quatre voiles, & tournent avec elles.

5. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Le prince auquel il était attaché, et qui était du même âge que lui, étant né précisément la même année, ne lui donnait pas de bons exemples. […] Le jeune Modène suivit cet exemple, et s’attacha à la fille d’un simple bourgeois de Paris, appelée Madelène Bejard, connue depuis par son goût pour le plaisir. […] D’ailleurs il avait été trop attaché à la famille du connétable de Luines, pour n’être pas ennemi du cardinal de Richelieu. […] Il fut remplacé par le jeune duc de Guise (Henri II de Lorraine), digne d’être chef du parti par son esprit et son courage11 ; Modène s’attacha à lui, et, comme il avait six ans de plus, Guise profita quelquefois de son expérience.

6. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Au temps de La Bruyère, la viande noire était hors de mode ; aujourd’hui, la mode, qui s’attache à tout, n’oserait s’attacher à la viande. Autrefois, le fleuriste s’attachait aux tulipes, aujourd’hui le camélia ne compte plus ses martyrs ; — Avant-hier les dahlias avaient tous les honneurs de la culture, avant demain les roses sont remises en honneur, c’est le tour des violettes ce matin. […] Sous la glace attachée aux guirlandes du bois doré, et dans cette poussière éteinte, on devine facilement la rose et la beauté qui se souriaient l’une à l’autre, et peu s’en faut que l’on n’entende encore les paroles, et le charmant duo de la fleur et du sourire ! […] Elle a été si longtemps ce qu’on appelle une jeune femme, qu’elle se moquait bien fort du calendrier auquel on l’attachait. […] Tant que vous êtes jeune, vous êtes au-dessus des rumeurs qui s’attachent aux choses débattues ; nul ne songe à vous demander qui vous êtes, et ce que vous venez chercher en cette arène ouverte à la jeunesse, à l’espace, au soleil, à la force, à l’espérance, à la beauté ?

7. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Aux yeux des anciens, l’amour est un délire que les dieux inspirent aux mortels pour les égarer ou les punir : C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. […] Une femme honnête cherche une âme qui la comprenne, un mari qu’elle aime et auquel elle s’attache toute. […] Voyez comme Martine lui est attachée. […] Un esprit distingué, comme est le sien, poli par le commerce de la cour, ne se serait pas attaché à Henriette, si elle était aussi bête qu’elle se plaît à le dire. […] Mariane ne lui est pas moins attachée.

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Mylas dépouillée de tous ses vêtements, est prête à entrer dans l’eau : le Satyre se jette sur elle, & ne pouvant la vaincre, il l’attache toute nue contre une arbre. […] Fortunian est un des premiers sur qui tombent les traits de ce Dieu ; mais malheureusement ce Berger s’est attaché à la Nymphe Dorine, qui est dévouée au culte de Diane, & qui ne veut pas répondre à sa tendresse. […] L’Amour y forme le dessein de séduire les Nymphes de Diane ; il s’introduit parmi elles sous la forme d’une jeune Amazone qui veut se vouer au culte de la Déesse : il s’attache à Silvie, la plus innocente des Nymphes, la surprend endormie, l’enchaîne avec des fleurs, & la livre à Hilas, qui a la délicatesse de la débarrasser de ses liens, sans profiter des faveurs du Dieu libertin.

9. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

La critique moderne s’est attachée à dissiper cette illusion qui pourrait être décourageante, à rétablir l’état des obligations plus ou moins considérables que les grands hommes ont contractées envers leurs devanciers inconnus. […] Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

Je sais qu’il est beau d’affecter le cœur dans une comédie ; qu’un Auteur doit s’étudier à l’attacher, à l’intéresser. […] L’on s’accoutume à croire insensiblement que l’intérêt de l’amour est le seul qui doive regner dans une comédie, & qui puisse attacher vivement le spectateur. […] Le moyen le plus sûr pour être intéressant, est de ne faire aucune scene de pure conversation, de mettre dans chacune quelque chose de nouveau, qui, en satisfaisant en partie le spectateur, augmente sa curiosité, lui fasse desirer la scene suivante, & l’attache sans relâche jusqu’au dénouement.

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