/ 259
164. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Jamais Comédie ne fut si bien représentée, ni avec tant d’Art : chaque Acteur sait combien il y doit faire de pas et toutes ses œillades sont comptées. Après le succès de cette Pièce, on peut dire que son Auteur mérite beaucoup de louanges pour avoir choisi, entre tous les sujets que Straparole lui fournissait, celui qui venait le mieux au temps, pour s’être servi à propos des mémoires que l’on lui donne tous les jours, pour n’en avoir tiré que ce qu’il fallait et l’avoir si bien mis en Vers et si bien cousu à son sujet, pour avoir si bien joué son Rôle, pour avoir si judicieusement distribué tous les autres et pour avoir enfin pris le soin de faire si bien jouer ses compagnons que l’on peut dire que tous les Acteurs qui jouent dans sa Pièce sont des originaux que les plus habiles Maîtres de ce bel Art pourront difficilement imiter.

165. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Nous avons encore établi dans le Livre précédent, comme une vérité incontestable, que tout l’art de l’imitateur consiste à bien saisir, à bien rendre la nature.

166. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Observant continuellement la nature, et rapportant à son art toutes les attitudes et toutes les expressions qui caractérisent les passions, il copiait le geste, le ton, le langage de tous les sentiments dont l’homme est susceptible, dans toutes les conditions et dans tous les états.

167. (1910) Rousseau contre Molière

La comédie est donc obligée d’être art réaliste, et c’est-à-dire, car c’est la définition de l’art réaliste, de peindre les mœurs moyennes, c’est à savoir vérifiables, tout en choisissant les cas qui offrent de l’intérêt. […] Si tout son art consiste à nous montrer les malfaiteurs pour nous les rendre odieux, je ne vois pas ce que cet art a de si admirable et l’on ne prend là-dessus que trop de leçons sans celle-là. […] Il n’y a point d’art pour produire cet intérêt, mais seulement pour s’en prévaloir. […] Or cet art s’apprend-il ? […] Point du tout ; car il conclut de cette sorte : « Plus une femme a de réserve, plus elle doit avoir d’art, même avec son mari.

168. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

Il déclama quelques scènes détachées, sérieuses et comiques, devant Molière, qui fut surpris de l’art avec lequel ce jeune homme faisait sentir les endroits touchants.

169. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Il oubliait tout ce qui n’était pas son art, s’élevait, pour employer un peu sa langue, au-dessus de sa partie sensitive pour se réfugier dans la contemplative, et de là, maître de soi et des hommes, il les peignait au vif, et surtout il riait. […] … avec tout cela, quoique je puisse faire, Je confesse mon faible, elle a l’art de me plaire. […] que ce cœur est double et sait bien l’art de feindre, Mais Attendez, je vais vous terrasser ! […] Vous dites que le diminuer, ce serait diminuer l’art et la patrie. C’est vous qui bouleversez l’art en prêtant au grand comique du XVIIe siècle des procédés littéraires et des visées humanitaires qui ne devaient éclore que deux siècles après lui ; et c’est vous enfin qui diminuez la patrie en prêtant à son plus grand écrivain, à celui qui la représente le mieux, des pensées si contraires à son génie, puisque vous voulez faire un misanthrope, un haïsseur d’hommes, un ami du désert, de ce sociable et bon Molière qui fut le plus Français des hommes, c’est-à-dire le plus humain !

170. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Il la surveillait avec un soin extrême, l’instruisait dans son art, admirait son talent, sa beauté, ses charmes, qui déjà fixaient d’autres regards que les siens. […] L’art de parler à tous, de faire accepter à tous sa pensée fut justement un des grands secrets de Molière. […] Rien ne lui était indifférent de ce qui tenait au grand art qu’il aimait. […] Il ne l’instruisait pas seulement dans son art ; il cherchait à développer en lui un caractère noble, généreux et vrai. […] La comédie atteignait ici, comme art et comme style, à son plus haut point de perfection ; mais, excepté dans le rôle de Martine, joué d’original par la servante de Molière, cette œuvre de calme et de sérénité, trop simple pour le théâtre, n’eut point de succès.

/ 259