/ 219
140. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Cet enseignement, qui devient sérieux presque jusqu’au tragique, se retrouve tout comique, mais non moins formel, dans le dévouement de Mme Jourdain pour son fou de mari515 ; et certes c’est elle, si peu gracieuse qu’elle soit, qui a le beau rôle, quand elle dit à la belle marquise Dorimène, qu’elle trouve en partie fine chez son mari : « Pour une grande dame, cela n’est ni beau ni honnête à vous, de mettre de la dissension dans un ménage, et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous516. »   Il n’y a pas à hésiter sur l’opinion ni sur l’influence de Molière en fait de mariage : le mariage est une chose sainte à laquelle sont obligés les honnêtes gens qui s’aiment ; c’est un lien honnête : — Mais doux ?  […] Le Dépit amoureux, le Cocu imaginaire, le Prince jaloux.

141. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Molière, sentant bien que la représentation semblait au roi une déception, demanda à jouer une de ses farces ordinaires, qu’on n’attendait pas, et il enleva gaiement et de verve Le Docteur amoureux. […] Il en avait un magasin d’ébauchés par la quantité de petites farces qu’il avait hasardées dans la province. » On a vu qu’il avait débuté au Louvre par le Docteur amoureux. […] Albert dans Le Dépit amoureux. […] Jouait Gros-René dans Le Dépit amoureux et dans Sganarelle. […] Jouait Marinette dans Le Dépit amoureux, Georgette dans L’École des femmes, Donne dans Tartuffe, Nérine dans Monsieur de Pourceaugnac.

142. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Il ne sait pas lire, & prie Scapin de lui faire lecture de l’épître ; celui-ci reconnoît l’écriture d’Argentine, & substitue aux déclarations amoureuses, les choses les plus insultantes.

143. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

de la Souche, est amoureux d’Agnès. […] Ecoute seulement ce soupir amoureux ; Vois ce regard mourant, contemple ma personne, Et quitte ce morveux, & l’amour qu’il te donne. […] Nous avons vu que Lisimon signifie un homme foible, changeant, flexible ; par conséquent ce nom convient au Financier du Glorieux, puisqu’il est amoureux de Finette, & la cede ensuite, sans beaucoup de regret, à son fils ; puisqu’il se laisse traiter fort mal par le Comte de Tufiere, & lui donne ensuite sa fille.

144. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Ils ignorent que Don Juan les a prévenus, sur-tout Anfriso, qui est amoureux de Tisbéa, & qui, en attendant l’arrivée de sa maîtresse, ordonne aux musiciens de chanter. […] Il est très naturel qu’une nation romanesque, superstitieuse, amoureuse du merveilleux, ait vu avec grand plaisir des filles simples subornées par un scélérat, des rendez-vous nocturnes, des combats, un mélange de religion & d’impiété, le spectacle d’une statue qui marche, & la punition miraculeuse d’un homme odieux par ses crimes. Il est aussi peu surprenant que les mêmes choses aient charmé les Italiens, aussi romanesques, aussi superstitieux, aussi amoureux de merveilles que les Espagnols, mais plus bouffons ; aussi ont-ils ajouté un ridicule de plus à l’ouvrage, qui est le mélange de la morale avec la bouffonnerie.

145. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Toute la comédie de l’amour est dans cette scène antique, où se trouve aussi l’image fidèle de la vie amoureuse de Molière. […] Ainsi, malgré l’âge, malgré ses quarante-huit ans, il pouvait se croire encore un jeune amoureux. […] C’est alors aussi, ce qui vaut mieux, qu’il faisait jouer pour la première fois sa comédie du Dépit amoureux, dont l’imbroglio lui avait été presque en entier fourni par de vieilles comédies italiennes, mais dont l’état de son cœur et les péripéties de sa vie, à ce moment même, lui avaient seuls inspiré toute la partie amoureuse. […] Une farce, le Docteur amoureux. […] IL n’était plus de la première jeunesse, car il touchait à ses quarante ans ; mais il était amoureux, et la jeunesse lui revenait par là.

146. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Le sujet est le même : les premiers personnages sont, à l’exemple de Cléanthis & de Strabon, mariés : ils ne se reconnoissent point, & sont amoureux l’un de l’autre. […] Il falloit qu’Andrès & Célie reconnussent Trufaldin pour leur pere, qu’ils se reconnussent eux-mêmes ; ce qui étoit très difficile, puisqu’Andrès étoit amoureux de Célie : tout cela auroit fait surement une cacophonie beaucoup plus ennuyeuse en action qu’en récit.

/ 219