Ils se sont fait plus de renommée par leur amour des plaisirs, par leurs débauches, leurs goûts aventureux, leur turbulence, leurs vers anacréontiques, que par leur sagesse ou leurs travaux philosophiques ; ils ont eu plus de souci de mettre en pratique la philosophie d’Épicure, ressuscitée par Gassendi, que d’en approfondir la théorie. […] Bélise veut que de l’amour on bannisse la substance étendue, pour n’y admettre que la substance qui pense : La substance qui pense y peut être reçue, Mais nous en bannissons la substance étendue. Selon Armande, dans le parfait amour, on doit tenir la pensée Du commerce des sens nette et débarrassée, Ce n’est qu’à l’esprit seul que vont tous les transports, Et l’on ne s’aperçoit jamais qu’on ait un corps.
Valere a secrètement épousé la fille d’Harpagon : il croit qu’on a découvert son mariage, avoue son crime, dit que l’amour l’a rendu coupable. Harpagon entend l’amour de ses louis d’or ; & après un quiproquo très long, Harpagon, déja trop malheureux par la perte de son trésor, apprend encore que sa fille a été subornée. […] On croit qu’il parle de sa tendresse pour la bourse, & de l’amour que ses beaux yeux lui ont inspiré. […] Valere, pour excuser l’amour qu’Elise a pour lui. […] Harpagon, plus ferme, plus décidé, conserve toujours son caractere, cede sa fille, renonce même à l’amour qu’il a pour Mariane, à condition qu’on lui rendra sa cassette ; &, quand tout le monde cherche à peindre sa joie, il exprime la sienne, en s’écriant : Allons revoir ma chere cassette.
Elle est surtout dans les joies, dans les soucis, et jusque dans les tristesses du foyer domestique ; dans ce drame long, monotone et doux de la vie de famille ; dans le retour régulier de ce qu’attend une espérance modeste; dans les épisodes gracieux, sombres eu touchants que la Providence entremêle à l’épopée de chacune de nos vies ; dans le souvenir respectueux des vertus réelles et pratiques des ancêtres; dans l’estime plus que dans la gloire ; dans un amour intime de la terre natale, de tous ses enfants, de tous ses intérêts; dans la vie intérieure du cœur, vaste et profond théâtre où, dans un demi-jour solennel, se meuvent tant d’idées et de sentiments, d’images et de réalités, de souvenirs et d’espérances ; dans la religion enfin, sans laquelle toute poésie est menteuse ou mutilée, et qui, seule, donnant une valeur impérissable à ce qui ne parait pas, en enlève d’autant à tout ce qui parait et qui éclate. […] Que de raisons, quelle douceur extrême D’engager à ce Dieu son amour et sa foi ! […] Réduite à l’abaissement moral dans l’antiquité, relevée par le christianisme, exaltée par la chevalerie, il sembla que la femme eût trouvé dans les salons, qui succédèrent aux cours d’amour du moyen âge, la position sociale qui lui convenait. […] On épiait sur leurs lèvres et dans leurs regards le sourire de la fortune autant que le sourire de l’amour. […] L’amour est aussi pour eux une grande préoccupation ; mais ce n’est pas nécessairement leur première pensée. » C’est avec une verve toujours renouvelée que Molière a raillé les travers qui s’écartaient de ce type de bon goût, auquel nous ramène toute la littérature du temps.
Non vuol rivali amore (l’Amour ne veut point de rivaux). […] Eularia, muette par amour, représentée le 29 mai de la même année. […] Mezzetin, enhardi par ces faveurs, s’éprit de la favorite du roi et lui déclara son amour.
Les passions sont aussi une source féconde de ridicules, et elles ont ordinairement pour principe l’amour de nous-mêmes. […] L’amour, passion universelle, qui, ayant les autres pour objet, se rapporte encore à nous-mêmes, l’amour tient trop de place dans la vie pour n’en pas occuper aussi beaucoup sur la scène. L’amour satisfait et tranquille ne peut convenir qu’aux amants mêmes : encore en pourrait-on douter, car c’est un état dans lequel ils ne sauraient demeurer longtemps. Ce qui est certain, c’est que, pour les autres, l’amour n’est intéressant que lorsqu’il est traversé, inquiet, malheureux ; et, comme de toutes les peines que peuvent ressentir deux personnes bien éprises l’une de l’autre, les plus vives sont celles qui leur viennent d’elles-mêmes, la jalousie est l’aspect sous lequel l’amour doit principalement être présenté au théâtre. […] On a dit de l’amour, qu’il est un grand recommenceur.
Mais Fulvio, qui arrive aussi opportunément que de coutume, détrompe le capitaine et lui raconte son amour et les trames ourdies par son valet. […] Quand le capitaine lui demande s’il aime Celia, Fulvio, sous l’empire de la même crainte, nie son amour ; il hésite à toucher la main de Celia qu’on lui donne et tourne toujours les yeux vers Scapin pour s’assurer qu’il n’a point mal fait.
L’Amour médecin, acte II, scène IV - Je soutiens que l’émétique la tuera. […] L’Amour médecin, acte II, scène IV.