Sous les yeux mêmes du roi, son fils Hémon, fidèle amant d’Antigone, se perce de son épée, et quelques instants après on lui annonce qu’Eurydice sa femme a suivi Hémon aux enfers. […] L’amour de Roméo et de Juliette me touche, sans doute, bien davantage que la rivalité des Capulet et des Montaigu ; la personne de Wallenstein m’intéresse plus encore que son entreprise, bien que l’ambition de ce héros poursuive un grand but : cependant il faut que cet ambitieux et que ces amants se brisent contre la puissance générale et solide, malgré laquelle ils veulent parvenir à leurs fins particulières ; Wallenstein ira sombrer contre le roc de l’autorité impériale, et j’ai vu Juliette et Roméo périr dans leur résistance active à la volonté de leurs familles. — Ce caractère classique et substantiel, l’action comique ne le réclame pas aussi impérieusement que l’action tragique, puisque, dans la comédie, c’est la personnalité de l’homme qui doit conserver la haute main. […] Mais ces souffrances de l’amour, ces espérances brisées, ce martyre qu’éprouve un amant, cette félicité infinie qu’il se crée dans son imagination, ne sont nullement en soi un intérêt général ; c’est quelque chose qui le regarde personnellement.
Molière joua le rôle d’Éraste, amoureux d’Orphise, et le rôle d’Orphise fut rempli par Armande : J’ai de l’amour encor pour la belle inhumaine, Et ma raison voudrait que j’eusse de la haine, disait Éraste, et puis il ajoutait : Trompez, si vous voulez, un malheureux amant, Maltraitez mon amour, refusez moi le vôtre ; Exposez à mes yeux le triomphe d’un autre; Oui, je souffrirai tout. […] son foyer était vide, plus que vide; Armande, de plus en plus coquette et indifférente, entourée d’amants, n’avait plus en elle, pour lui, que raillerie amère et critique. […] L’idée du roi fut exécutée aussitôt, et les Amants magnifiques, au mois de février, furent représentés à Saint-Germain. […] Cependant il joua dans cette pièce, non plus, comme autrefois ; le rôle de l’amant, mais le rôle du père (le rôle de Chrysalde). […] Cet enfant mourut peu après sa naissance, comme avait fait le premier ; le second seul ( né en 1665, au temps des relations avec le comte de Guiche, ) survécut à Molière : c’était une fille, elle s’appelait Esprit-Madeleine ; elle avait eu pour marraine sa tante Madeleine Béjart, et pour parrain le comte Esprit de Modène, amant (et peut-être mari en secret) de Madeleine.
La jalousie reveilla dans son ame la tendresse que l’étude avoit assoupie ; il courut aussi-tôt faire de grandes plaintes à sa femme, en lui reprochant les grands soins avec lesquels il l’avoit élevée ; la passion qu’il avoit étouffée ; ses manieres d’agir, qui avoient été plûtôt d’un amant que d’un mary ; & que pour recompense de tant de bontez, elle le rendoit la risée de toute la Cour.
Sainville écrit une lettre fort tendre à Angélique, qui, croyant avoir des raisons pour se plaindre de son amant, ne veut pas la recevoir.
Nous avons encore vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIX, des Pieces intriguées par un déguisement, que cette comédie, imitée de l’espagnol, étoit passée sur notre théâtre avec tous les défauts de son modele, puisque, comme dans l’original, l’héroïne déguisée en femme y suit son amant, vit familiérement avec lui, le charme par les agréments de sa voix, & lui donne son portrait sans en être reconnue, quoiqu’elle ait déja été très bien avec lui sous l’habit de femme.
Le Français, peuple roi, peuple amant de la gloire, Un moment descendu de son char de victoire, Retrouve dans les arts, doux enfants de la paix, Des lauriers que les pleurs n’arrosèrent jamais.
La position d’un amant qui trouve un rival dans son pere est bien plus embarrassante pour lui, & bien plus comique pour le spectateur, que celle de Célio, puisqu’il ne doit rien à son concurrent, & qu’il peut le débusquer avec plus de facilité. […] Célio n’est que l’amant d’Eléonora : Valere est secrètement l’époux d’Elise.