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142. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Bien des raisons se réunissent pour l’attribuer à la fille : l’accouchement qui a lieu à la campagne, loin des yeux indiscrets ; le désir qu’elle conserve de renouer avec son ancien amant, le comte de Modène, qui annonce son prochain retour en France ; la nécessité où elle se trouve, pour renouveler cette union morganatique, de faire disparaître l’enfant, témoignage vivant de son infidélité. […] Bazin remarquait de plus qu’à cette époque, des trois amants prêtés à la Molière par le libelle, l’un, l’abbé de Richelieu, était en Hongrie ; le second, le comte de Guiche, en Pologne ; ce qui, ajoutait-il, dispense de chercher s’il n’y aurait pas aussi un alibi pour le troisième. […] Mais, je tiens à le redire, si c’est une femme qui l’a inspiré, c’est un homme, son mari ou son amant, qui a dû le rédiger ; le style, la touche, sont d’un homme et d’un homme habitué à manier la plume. […] La Tourelle remplit à merveille son rôle de Sosie femelle, opposa d’abord d’habiles résistances, refusa quelque temps un collier que son heureux amant lui offrait et ne céda que sur la promesse formelle qu’il ne lui parlerait point, au théâtre, devant ses camarades. […] Loiseleur lorsqu’il combat un récent article de la Revue des Deux-Mondes, où l’auteur essaye de rompre en visière à la croyance générale, à la tradition universelle qui veut que Molière ait été l’amant de Madeleine Béjart postérieurement à la naissance d’Armande.

143. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Alcidor revenait à point nommé pour assurer le mariage des deux amants : ainsi vont faire la femme et le fils de Trufaldin, bien qu’ils n’aient point, comme Alcidor, été retenus en Turquie.

144. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On trouvait ridicule qu’un amant dît à sa maîtresse : Je ne fais des vers qu’en rêvant, mais je vous aime avec étude et de tout mon sens.

145. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Or, 1º la personne d’Alfred de Musset remplit son théâtre : il est l’amant de Camille, le neveu de Van Buch ; il montre trop d’esprit et trop de son esprit, quand il dispute contre son oncle ; 2º il rêve, il fait de la fantaisie sur la scène, de même que dans ses Nuits ou dans Rolla ; qu’est-ce qu’une comédie qui s’ouvre par le chant d’un chœur : « Doucement bercé sur sa mule fringante, Messer Blazius s’avance dans les bluets fleuris1 ? 

146. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Géronte, comme père ; Léandre et Lucinde, comme amants ; Valère et Lucas, comme domestiques, n’ont rien qui les distingue individuellement. […] On peut croire du moins qu’il s’en fût servi avec un peu plus d’adresse que Guérin fils, qui entasse dans un acte la double reconnaissance de Myrtil et de Mélicerte, l’abdication de l’usurpateur, et le mariage des deux amants, et qui fait venir Amasis des bords du Nil sur ceux du Pénée, quand il lui aurait été si facile de renfermer dans la Grèce tout son sujet avec tous les personnages.

147. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Dans Strapparole, un jeune étudiant, favorisé par une femme qu’il ne sait pas être celle de son maître, va chaque fois conter sa bonne fortune au mari, qui, chaque fois, prend ses mesures pour rompre le commerce des deux amants, ne peut jamais parvenir à les surprendre ensemble, et est toujours la dupe de quelque nouveau stratagème. […] Son mari est dupe de sa stupidité, parce que son amant en abuse. […] C’est ainsi, par exemple, qu’un homme, possédé de la manie de se croire malade, et livré, par une suite de cette triste faiblesse, aux artificieuses caresses d’une marâtre qu’il a donnée à ses enfants, entend cette femme cupide se réjouir inhumainement à la fausse nouvelle de sa mort ; c’est ainsi qu’un petit bourgeois, qui a la sotte vanité de passer pour gentilhomme, est berné, dupé, volé par un escroc de qualité ; c’est ainsi, enfin, qu’un riche paysan, qui a fait la folie d’épouser une demoiselle, est témoin des rendez-vous nocturnes qu’elle donne à son amant.

148. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

De telles femmes, on le conçoit, ne devaient pas être difficiles à duper; aussi mille intrigants sans naissance, jeunes débauchés perdus de dettes, exploitaient-ils à leur profit leur sotte vanité, en se parant effrontément de beaux noms et de grands titres; et, soit comme amants, soit comme époux, adonnés à toutes les mauvaises passions, ils ne tardaient pas à les précipiter dans une ruine complète. […] Point du tout; il n’est frappé que d’une seule chose, c’est du gain qu’il peut procurer, et de la ressource dont il peut être pour son fils ; aussi se borne-t-il à lui dire : «C’est fort mal fait à vous; si vous êtes heureux au jeu, vous en devriez profiter, et mettre cet argent à honnête intérêt, afin de le trouver un jour. »Sa fille qui le voit furieux contre Valère, son amant, parce qu’il le suppose être l’auteur du vol de sa cassette, se jette à ses pieds, et, pour l’attendrir, lui rappelle « que c’est lui, Valère,qui la sauva de ce grand danger qu’elle courut dans l’eau...— Eh ! […] Enfin, il oppose à l’orgueilleuse et pédante Armande l’aimable Henriette, exempte de cette vanité si commune aux jeunes filles; qui, pour n’être recherchée de Clitandre qu’au refus de sa sœur, ne l’en estime pas moins; dont l’esprit judicieux se montre dans ses actions comme dans ses paroles, et particulièrement à la fin de la pièce, lorsque, dupe du stratagème employé pour dessiller les yeux de sa mère au sujet de Trissotin, elle croit à la ruine de sa famille et ne veut plus épouser son amant. […] Mais Molière n’était pas misanthrope, et sa position vis-à-vis de sa femme lui interdisait la conduite que, comme amant, il eût sans doute tenue, conduite fort bien exprimée dans ces deux vers de la Coquette corrigée : Le bruit est pour le fat, la plainte pour le sot; L’honnête homme trompé s’éloigne et ne dit mot. […] Alceste n’a pas, certes, pour sa maîtresse l’aveuglement commun à presque tous les amants et dont Eliante fait une si piquante peinture : L’amour, pour l’ordinaire, est peu fait à ces lois, Et l’on voit les amants vanter toujours leur choix.

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