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24. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

L’œuvre est de Dryden… Le public anglais était donc familier avec la pièce qu’il voyait représenter. […] A Constantinople, non seulement Molière est traduit, mais il est représenté. […] Je ne vis jamais tant de bonté, tant de franchise ni tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. […] Lisez attentivement Dassoucy, Cosnac ; rappelez-vous les titres des pièces qu’elle a représentées. […] En quinze jours il fallait que la pièce fut conçue, faite, apprise et représentée.

25. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Le capitan y fut représenté par Girolamo Gavarini, de Ferrare, qui prit le nom d’il capitano Rinoceronte (le capitaine Rhinocéros). […] En 1613, il fit représenter à Milan une sorte de mystère (rappresentazione sacra), intitulé Adamo. […] Pendant l’année 1622, Giovanni-Battista Andreini fit représenter et imprimer à Paris cinq pièces de sa façon : La Sultana, L’Amor nello specchio (l’Amour au miroir), La Ferinda, Li Due Leli simili, La Centaura. […] L’auteur expose le plus gravement du monde, dans la dédicace, l’analogie qu’il aperçoit, d’abord entre la partie supérieure et noble de ses personnages et la dédicace qu’il présente à Sa Majesté, puis entre la partie basse et monstrueuse de ses héros et l’œuvre qu’il dépose aux pieds de la reine. » Après avoir passé en Italie l’été de 1623, les Comici Fedeli revinrent en France et y représentèrent pendant l’année 1624 et le commencement de l’année 1625.

26. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Ensuite il fit Le Dépit amoureux, qui valait beaucoup moins que la première, mais qui réussit toutefois à cause d’une Scène qui plut à tout le monde et qui fut vue comme un tableau naturellement représenté de certains dépits qui prennent souvent à ceux qui s’aiment le mieux. […] Jamais homme ne s’est si bien su servir de l’occasion, jamais homme n’a su si naturellement décrire ni représenter les actions humaines et jamais homme n’a su si bien faire son profit des conseils d’autrui. […] Ce n’est qu’un amas de Portraits détachés et tirés de ces mémoires, mais qui sont si naturellement représentés, si bien tou chés et si bien finis, qu’il en a mérité beaucoup de gloire. […] Jamais Comédie ne fut si bien représentée, ni avec tant d’Art : chaque Acteur sait combien il y doit faire de pas et toutes ses œillades sont comptées. […] s’écria-t-il en continuant, qu’il est naturellement représenté dans cette Pièce !

27. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

L’illustre comédien (donnons-lui hautement ce nom qu’il a su venger d’un injuste mépris) est représenté assis dans l’attitude grave et méditative qui lui était habituelle. […] Et même, à l’instar de toutes les anciennes institutions d’alors, il devient un privilège; car les confrères, malgré tout, restent en possession du droit exclusif de représenter des pièces en public jusqu’en 1629, c’est-à-dire jusqu’à la veille du Cid. […] On jouait déjà des mystères avant cette époque, et nous savons, par exemple, que le mystère du Vieil Testament fut représenté à l’Entrée que fit la reine Isabeau de Bavière en 1385. […] Comment s’y prendre pour représenter le Déluge? […] Je doute que ces plates inventions, sauf une ou deux peut-être, aient été jamais représentées : en tous cas elles n’offrent rien qui intéresse notre sujet.

28. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

S’il a plusieurs fois emprunté certains traits à sa femme pour les appliquer aux personnages qu’il lui donnait à représenter, il est impossible qu’il ne laisse pas voir çà et là à travers ces personnages les sentimens qu’elle lui inspirait. […] En outre, peut-on admettre que, de gaieté de cœur et pour le seul plaisir, un homme se représente lui-même sous les traits du grotesque tuteur d’Agnès et se bafoue aussi cruellement ? […] Il représentait Elomire, c’est-à-dire Molière, se plaignant de sa santé à L’Orviétan et à Baru. […] Dans le Misanthrope, elle avait représenté Éliante, et, de même qu’Éliante eût volontiers consolé Alceste des caprices de Célimène, de même Mlle de Brie accueillit Molière rebuté par Armande. […] Le Boulanger de Chalussay représente Molière tourmenté par ces souffrances imaginaires aussi douloureuses que les maladies les plus certaines et se livrant aux accès de colère futile et violente si communs en pareil cas.

29. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

La commedia dell’arte en France Nous avons expliqué comment et dans quelles circonstances les Italiens réussirent à représenter des pièces dont le dialogue était abandonné à l’inspiration de chaque acteur. […] Aussi, les confrères de la Passion, qui continuaient à jouer leurs Farces, leurs Soties et leurs Moralités à l’Hôtel de Bourgogne, et qui jouissaient d’un privilège en vertu duquel il était fait défense à tous autres de représenter des jeux dramatiques dans la ville, faubourgs et banlieue de Paris, s’émurent de la redoutable concurrence que leur faisaient les nouveaux venus. […] En 1584 et 1585, Paris reçut la visite des Comici confidenti, qui représentèrent notamment chez le duc de Joyeuse une pièce intitulée Angelica, œuvre d’un de leurs acteurs, Fabritio di Fornaris, jouant le capitan espagnol sous le nom de Cocodrillo. […] Nous donnons ici le personnage de Franca-Trippa, tel qu’il est représenté dans I balli di Sfessania de Callot. […] Nous donnons ci-contre le capitaine Cerimonia : il est représenté une main sur sa rapière, dont la pointe soulève son manteau tout entier, et l’autre tenant sa loque tailladée ; il est en train de saluer très poliment la signora Lavinia (voyez plus loin ce personnage) qui se trouve en face de lui.

30. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Il suffira pour acquérir la preuve du contraire de se représenter l’œuvre du poète rayonnante encore de jeunesse et d’éclat à l’heure où nous sommes, tandis que la musique de son collaborateur est passée à l’état archéologique. […] Eugène Sauzay cite l’ouvrage de Justin Cadeaux, « représenté à l’Opéra-Comique ». Ce n’est pas représenté qu’il faut dire, c’est tout simplement présenté, car cet ouvrage, reçu d’abord et même goûté de M. 

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

(Le théâtre représente la forêt de Sherword.) […] (La scene change & représente la ville de Mansfield.) […] (La scene représente le moulin.) […] (La scene représente la forêt de Scherword.) […] (Le Théâtre représente l’intérieur de la maison du Meûnier.)

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Le Misanthrope fut représenté sur le théâtre du Palais Royal, le 4 Juin 1666. […] de Tralage qui parle) que Moliere, qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de théâtre & autres, le même sieur Angelo dit à Moliere qu’il avoit vu représenter en Italie, à Naples, une piece intitulée le Misanthrope, & que l’on devroit traiter ce sujet. […] Moliere l’écouta avec beaucoup d’attention : quinze jours après, le sieur Angelo fut surpris de voir dans l’affiche de la Troupe de Moliere la comédie du Misanthrope annoncée & promise ; & trois semaines, ou tout au plus tard un mois après, on représenta cette piece.

33. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

En 1654, c’est-à-dire un an après que eut été représenté en province et cinq ans avant qu’il le fût à Paris, Quinault fit jouer une comédie intitulée L’Amant indiscret, ou le Maître étourdi. […] Une telle comédie ne représentait nullement les mœurs de l’époque où elle parut, et c’est sans doute un grand défaut ; mais ce qui, dans cette même pièce, place Molière fort au-dessus de son modèle et de ses contemporains, c’est le comique franc de plusieurs situations, c’est cette fécondité d’imagination qui renouvelle tant de fois des stratagèmes si souvent déconcertés, c’est surtout ce dialogue gai, rapide et naturel qui anime constamment la scène, et dans lequel chaque personnage se peint lui-même des couleurs qui lui sont propres. […] Elle fut ensuite représentée à Paris, sur le théâtre du Petit-Bourbon, les uns disent au commencement, les autres à la fin de décembre 1658 ; et Molière, selon toute apparence, y remplit le rôle de Mascarille. […] Deux frères, d’Ouville et Boisrobert, l’y avaient montré, l’un dans sa comédie d’Aimer sans savoir, qui fut jouée en 1645, l’autre dans La Belle invisible, représentée en 1656 ; mais tous deux, soit qu’ils eussent puisé dans le Secchi ou dans quelque autre source, n’avaient pris que l’idée principale qu’ils avaient employée au gré de leur imagination.

34. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

La pièce, représentée en trois actes devant la cour, fut réduite en un seul pour être jouée à la ville. […] Dès 1664, les trois premiers actes du Tartuffe furent représentés à Versailles devant le roi. […] On la représenta donc devant le roi telle qu’elle était, c’est-à-dire les deux premiers actes seulement. Au lieu de l’achever, Molière écrivit et représenta à la suite la Pastorale comique... […] Mais Molière ne la représenta jamais sur son théâtre, et elle ne fut imprimée qu’après sa mort.

35. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Le théâtre des Gelosi C’est sur le théâtre des Gelosi que la commedia dell’arte a atteint son plus haut point de perfection ; ils représentent en quelque sorte son âge classique. […] Mais le théâtre représente presque toujours le même décor traditionnel, au moins dans ses dispositions principales. […] Le théâtre représentait aussi des jardins, des forêts, des cavernes, etc. ; mais la perspective ordinaire, au milieu de laquelle se déroulaient les événements de la comédie, c’était cette piazetta ou ce carrefour, doré de soleil, divisé en coins et recoins mystérieux, qui, avec une plus grande simplicité d’architecture, a servi également à nos premiers poètes comiques. Flaminio Scala a soin d’indiquer en tête de chaque pièce les accessoires qui sont nécessaires pour la représenter. […] Elle consent, par la suite, après diverses aventures, à accepter un autre époux, à la grande satisfaction de son frère Cinthio. » Cette situation que Flaminio Scala développe en trois actes, peut être considérée comme une des plus simples et des plus communes qu’offrent les pièces représentées par les Gelosi.

36. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Elle fut représentée pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Petit-Bourbon, le 18 novembre 1659. […] Si Molière avait eu recours à quelque ouvrage pour composer le sien, ce n’est pas dans les Précieuses de l’abbé de Pure qu’il en aurait pris l’idée, mais dans Le Cercle des Femmes, ou les Secrets du lit nuptial, entretiens comiques, que l’auteur, Samuel Chappuzeau, avait publiés en 1656, et qu’il fit représenter, arrangés pour la scène, sous le titre d’Académie des dames, deux ans après Les Précieuses ridicules. […] La pièce de Cicognini, intitulée Le Gelosie fortunate del principe Rodrigo, fut imprimée, suivant l’usage d’Italie, dans les différentes villes où elle fut représentée : la première édition connue est de Pérouse, 1654, et ce fut sept ans après que Molière donna Dom Garcie. […] C’est pour cette fête, donnée, sous de si tristes auspices, le 17 août 1661, que Molière avait composé la comédie des Fâcheux, conçue, faite, apprise, et représentée en quinze jours 3. […] Ordinairement, pour représenter ces pièces à Paris, on en retranchait les intermèdes.

37. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Représenter un vice puni par un autre vice qu’il a produit, ce n’est pas encourager celui-ci, c’est les combattre à la fois tous les deux. […] Après la collation et avant le souper, la comédie de George Dandin fut représentée sur un théâtre dressé tout exprès, avec des intermèdes dont Molière avait fait les paroles et Lulli la musique. […] La pièce fut jugée excellente, surtout par le maître de la maison ; et, quand elle fut représentée, elle n’eut pas de partisan plus zélé que celui même dont elle retraçait les aventures. […] La comédie des Amants magnifiques fut représentée devant le roi, à Saint-Germain-en-Laye, suivant les uns, dans la première quinzaine de février 1670, et, suivant les autres, le 7 septembre de la même année. […] Ensuite, il est certain que, dans le divertissement de la fin du premier acte, et non pas de la fin de la pièce, Lulli représenta l’un des deux médecins grotesques : ainsi, il ne pouvait représenter Pourceaugnac, car il eût été, dans la même scène, poursuivant et poursuivi.

38. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Elle fut représentée à Béziers en cette année 1654. […] Cette pièce fut représentée pour la première fois, au Louvre, le 29 janvier 1664. […] Cette pièce, représentée le 15 janvier 1665, n’eut un succès que de quinze représentations. […] Molière représentait don Pèdre, le principal rôle. […] Les Amans Magnifiques furent représentés devant le roi, à Saint-Germain-en-Laye, en 1670.

39. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

La Princesse d’Élide, accompagnée d’un prologue et de cinq intermèdes, fut représentée le 8 mai 1664, c’est-à-dire le second jour des fêtes connues sous le nom de Plaisirs de l’Île enchantée. […] Moron avait encore un modèle à la cour même de Louis XIV : on aurait dû nous apprendre si 1’Angeli fut content de Molière, et se trouva bien représenté. […] La troupe de Molière, fâchée sans doute d’avoir été devancée deux fois, mais estimant que la curiosité publique n’était pas encore épuisée, pressa Molière de faire à son tour parler et marcher la statue du commandeur ; et Molière, disposé en tout à se sacrifier aux intérêts de ses camarades, composa un troisième Festin de Pierre, qui fut représenté le 15 février 1665. […] La composition du Tartuffe avait précédé celle du Festin de Pierre ; les trois premiers actes avaient été représentés aux fêtes de Versailles, en mai 1664 ; et la pièce entière l’avait été au Raincy, chez le prince de Condé, en novembre de la même année. […] Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, votre Festin de Pierre ne serait pas si criminel. » Lorsqu’en 1682, neuf ans après la mort de Molière, La Grange et Vinot donnèrent une édition de ses œuvres, divisée en deux parties, dont la seconde était consacrée aux ouvrages posthumes, ils comprirent dans celle-ci Le Festin de Pierre, tel qu’il avait été représenté la première fois.

40. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Pendant qu’ils se précipitent l’un contre l’autre de tout l’élan de leur vertu exclusive, le chœur représente la majestueuse et paisible harmonie de l’Idée divine, dont chacun d’eux ne personnifie qu’un côté. […] Le théâtre de Molière représente assez bien le second. […] L’imagination se représente objectivement les lois divines et les puissances de l’âme comme formant le cercle des divinités supérieures. […] Et dès lors, ce côté personnel de la passion, qui contredit leur nature divine, se laisse représenter comme une fausse exagération. […] La forme de l’art qui entreprend de représenter cette lutte est la satire .

41. (1871) Molière

La tradition, qui a souvent raison, parce qu’elle représente un consentement populaire, a fait naître le père excellent de la comédie au beau milieu des halles, qui représentaient un monde à part dans les passions de la grande ville. […] Il représente une des meilleures imitations de Molière, avec tant de bombance et de gaieté par-dessus le marché. […] Il paraît qu’Armande Béjart a jeté au feu tous les papiers de son mari, ce qui représente un grand malheur ! […] Cette plaisanterie était la dernière ; elle venait après Le Malade imaginaire, où Molière lui-même s’était représenté, faisant rire de ses propres’ souffrances, et s’amusant des plus tristes pronostics. […] Ils trouvaient un grand charme à la toux de Molière, et disaient qu’il représentait le malade à merveille.

42. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Pourtant elle représentait les Héroïques. […] Je ne vis jamais tant de bonté, tant de franchise et tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. […] Selon la tradition elle a fait représenter deux de ses comédies en courant la province. […] Molière, en ce temps-là, était le beau Molière, celui que Mignard représentait, à Avignon, drapé à l’antique et couronné de lauriers comme un César. […] Marie Ragueneau représentait les femmes revenues des passions, mais elle y allait toujours.

43. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Celui de la Comédie-Française le représente dans un rôle de théâtre, et un rôle tragique : César, de la Mort de Pompée. […] Ceux de Molière, par la synthèse de leurs traits divers, représenteraient assez bien son propre caractère. […] Grimarest lui attribue un revenu moyen de 30, 000 livres, chiffre énorme pour le temps et qu’il faut multiplier par 5 pour évaluer ce qu’il représenterait de nos jours. […] Pourtant seraient-ils insensibles à l’attrait de la savoureuse vengeance qui consisterait à le représenter comme légèrement fou ? […] Il ne voyait pas alors, comme la perspective la plus attirante du métier qu’il embrassait, la joie de représenter un jour les Mascarille et les Sganarelle.

44. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [17, p. 47-48] »

Enfin, il lui envoya le maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses études, espérant que par l’autorité que son maître avait eue sur lui pendant ce temps là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que ce bonhomme lui persuadât de quitter sa profession, le jeune Molière lui persuada de l’embrasser lui-même, et d’être le docteur de la comédie ; lui ayant représenté que le peu de latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le personnage, et que la vie qu’ils mèneraient serait bien plus agréable que celle d’un homme qui tient des pensionnaires. […] Ce bon Père lui envoya ensuite le Maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses Études, espérant que par l’autorité que ce Maître avait eue sur lui pendant ces temps-là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que le Maître lui persuadât de quitter la profession de Comédien, le jeune Molière lui persuada d’embrasser le même Profession, et d’être le Docteur de leur Comédie, lui ayant représenté que le peu de Latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le Personnage, et que la vie qu’ils mèneraient, serait bien plus agréable que celle d’un Homme qui tient des Pensionnaires.

45. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Lorsque les comédiens italiens allaient représenter à Versailles, à Saint-Germain-en-Laye, à Chambord, à Fontainebleau, ils avaient des gratifications ou ce qu’en langage technique on nommerait des feux. […] Quand Molière et ses acteurs allèrent représenter la comédie-ballet du Bourgeois gentilhomme à Chambord, puis à Saint-Germain, en octobre et novembre 1670, nous voyons, d’après l’état officiel47, les dépenses accessoires s’élever à la somme considérable de 49 404 livres, 18 sous. […] La scène représente une rue ; il est nuit. […]   Dominique a laissé un manuscrit des scènes qui lui étaient personnelles dans les pièces représentées de son temps, manuscrit où il notait avec un soin égal ses bons mots et ses culbutes. […] Tout le monde a dans la mémoire la réflexion par laquelle Molière termine la préface du Tartuffe : « Huit jours après que ma comédie eut été défendue, on représenta devant la cour une pièce intitulée Scaramouche ermite, et le roi, en sortant, dit au grand prince que je veux dire (Condé) : “Je voudrais bien savoir pourquoi les gens qui se scandalisent si fort de la comédie de Molière ne disent mot de celle de Scaramouche” ; à quoi le prince répondit : “La raison de cela, c’est que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces messieurs-là ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes : c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir.” » Les situations de Scaramouche ermite étaient d’une extrême indécence.

46. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Elle y représente la solution vraie d’un problème psychologique que l’on cherche à résoudre. […] Molière n’a point commis une pareille erreur : il montre Don Juan et tous les pervers qu’il a représentés, comme étant dans un état parfait de tranquillité morale dans le crime. […] Et à côté de cela, ne cesse-t-il pas de faire parler avec respect sur ce qui concerne la religion, les personnes qui, dans ses œuvres, représentent la raison et la vertu? […] C’est bien encore le cas, à l’occasion de la tirade de Martine, de dire, avec Boileau, que les plus burlesques paroles de Molière représentent de savantes vérités. […] Mais ce n’est pas seulement parce que les circonstances ont excité en lui ces mêmes éléments instinctifs qu’il les a si bien représentés.

47. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Le Carnaval fut représenté au mois de février 1675; cet opéra-ballet avait huit intermèdes, une introduction et un finale, en tout dix entrées. […] L’un, argument en notre faveur, montre que Molière a retouché plus d’une fois des comédies représentées par lui d’abord à la Cour. […] La relation de cette fête de Versailles est donnée dans quelques éditions de Molière, mais je ne sache pas qu’on ait tiré, des passages se rapportant à Georges Dandin, la preuve que cette comédie a été corrigée par Molière avant qu’il la fît représenter à Paris. […] C’était l’usage pour tout genre de publications; ainsi, par exemple, le Carnaval, ballet mascarade, représenté en 1675, porte comme date d’impression celle de 1730 ; et à la suite est un prospectus des Ballard, annonçant les opéras de Lully, dont un encore sous presse en 1720, — et Lully était mort en 1687. […] Une lettre de Guy Patin, (25 septembre 1665) indique que Molière, dans Y Amour médecin, aurait, à l’Hôtel de Bourgogne, représenté au vif les originaux dont il se moquait dans sa comédie.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Cette piece, faite & jouée pour le Roi à Chambor, au mois de Septembre 1669, fut représentée sur le théâtre du Palais Royal le 15 Novembre de la même année. […] Je n’ai pu me procurer la comédie italienne, parcequ’elle est fort rare, on en verra la raison dans l’article du Bourgeois Gentilhomme ; mais j’ai parlé à plusieurs acteurs qui la connoissent parfaitement, qui l’ont même représentée. […] Enfin, les lavements seuls dont on régale Pourceaugnac, & ce qui les amene, ne sont point dans l’italien : Moliere les a pris dans une farce42 en un acte, & en vers de 8 syllabes, par Chevalier comédien du Marais, & représentée sur son théâtre en 1661, huit ans avant Pourceaugnac.

49. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) L’œuvre la plus importante que joua la nouvelle troupe italienne pendant son séjour en France, fut la fameuse comédie intitulée Il Convitato di pietra (le Convié de pierre), qu’elle représenta en 1657. […] La scène change et représente une rue. […] Arlequin veut s’opposer à ce dessein, et représente combien le ciel en serait offensé. […] Ce succès fut, du reste, égalé, sinon surpassé, par une pièce à grand spectacle, une prodigieuse féerie intitulée La Rosaure, impératrice de Constantinople, et représentée le 20 mars 1658.

50. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

« Il faut d’abord séparer la tragédie d’avec la comédie, a dit un maître ; l’une représente les grands événements qui excitent les violentes passions, l’autre se borne à représenter les hommes dans une condition privée, ainsi elle doit prendre un ton moins haut que la tragédie. » — Il ajoute, et cette louange a bien son prix dans cette bouche éloquente. […] Pour que Le Mariage de Figaro fût représenté tout à l’aise, il n’était pas besoin de se donner tant de peine, Beaumarchais n’avait qu’à attendre quelques jours, et dans cette société qui allait si gâtaient à l’abîme, il eût trouvé des reines pour jouer tout haut le rôle de Suzanne, des ducs et pairs pour représenter Figaro, des princes du sang pour se charger du rôle d’Almaviva. […] Jamais peut-être Molière n’a représenté avec plus de goût les innocentes coquetteries d’une jeune et belle femme d’esprit. […] s’écriait le feuilleton, quel bourgeois est-ce là pour représenter Alceste ! […] Non content de s’être représenté dans le rôle d’Alceste, il a créé le rôle, et avec quelle tristesse et quelle brusquerie il devait le jouer !

51. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il en prit occasion de représenter au roi qu’il était plus juste que jamais de lui permettre de faire jouer Le Tartuffe, puisqu’il n’avait que ce moyen de prouver au public l’innocence d’un ouvrage si odieusement calomnié par ses ennemis. […] Le Tartuffe fut représenté, pour la première fois, le vendredi 5 août ; la défense arriva le lendemain 6, et c’est le dimanche 7 que devait être donnée la seconde représentation. […] Plaisant moyen d’honorer le maître des dieux et des hommes, que de le représenter abusant de son pouvoir suprême pour tromper une femme et déshonorer son mari ! […] Cléanthis, malgré ses avances, n’a éprouvé de la part de Mercure que des froideurs insultantes, et Sosie reçoit avec délice le torrent d’injures qu’attirent sur lui les heureux mépris du dieu qui l’a représenté. […] Celui qui fit l’annonce, la veille que cette pièce devait être représentée, dit au parterre : Messieurs, Le Juge (c’était le nom de la pièce) a souffert quelques difficultés.

52. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

On le voit représenté fort exactement en tête de sa Supplica imprimée à Venise en 1634 ; nous reproduisons ce dessin. […] Après Hardy étaient venus Théophile, Racan, Mairet et Gombault, puis Rotrou, Des Marets, Scudéry, Pierre Corneille, qui faisait représenter Mélite en 1629, Le Menteur en 1642, l’année même de la mort du cardinal-ministre. […] Il n’est point tel dans Callot, qui l’a représenté vêtu à peu près comme Franca-Trippa et Fritellino.

53. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Il se passa cinq pu six jours, avant que l’on représentât cette pièce pour la seconde fois ; et, pendant ces cinq jours, Molière, tout mortifié, se tint caché dans sa chambre. […] Après la représentation, le Roi, qui n’avait point encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Molière : Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. […] Tandis que le ridicule et le vice sont amplement représentés dans cette comédie par un sot entouré de fripons et de flatteurs, la raison et la droiture y sont figurées par deux personnages de physionomie différente, Cléonte et madame Jourdain. […] La tragédie-ballet de Psyché fut représentée, pour la première fois, sur le théâtre des machines du palais des Tuileries, au mois de janvier 1671 ; et, le 24 juillet de la même année, elle parut sur le théâtre du Palais-Royal, où elle eut trente-huit représentations consécutives. […] Ce sont celles que représentait la comédie antique, celles qui ont passé sur nos théâtres nouveaux, à l’époque de leur naissance, avec les imitations de Plaute et de Térence, et qui s’y sont perpétuées dans ces innombrables pièces où, sous les noms de Sbrigani, de Scapin, de Crispin, et autres valets de noms et de costumes divers, figurent des Daves et des Sosies déguisés, qui font métier de tromper les pères et de corrompre les fils, tour à tour servant et trahissant leurs maîtres, dont ils reçoivent alternativement des caresses et des menaces, de l’argent et des coups de bâton.

54. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Les Romains, qui savaient merveilleusement désigner les diverses œuvres de l’esprit, et ce fut un grand avantage de leur critique sur la nôtre, avaient des noms pour distinguer entre elles, les diverses comédies représentées sur leurs théâtres : satyres, drames, comédies — præxtextæ, togatæ, palliafæ ; comédies vêtues à la grecque, à la façon des nobles ; vêtues à la romaine, à la façon du peuple. Même ces pièces diverses portaient les noms des villes et des bourgs où elles avaient été représentées pour la première fois : Atellanæ fabulæ, les atellanes, du nom d’une ville élégante : Atella, située entre Naples et Capoue, au beau milieu des délices romaines. — Poésies fescéniennes, du nom d’une ville de la Toscane savante. […] Ainsi, rien que par le titre de la chose représentée, on savait si l’on allait voir des gens du monde ou des gens du peuple, des bouffons ou des sénateurs, des élégances chastes, ou des satyres pleines de vin et de licences. […] Le paravent représente tour à tour le palais et la chaumière ; le grand fauteuil joue le rôle du père qui gronde toujours ; la chaise de paille vous représente la soubrette alerte et vive, le guéridon, posé sur un pied, saluez ! […] Cette fois les comédiens se représentaient eux-mêmes ; Molière leur avait conservé leurs noms, leurs habits, leurs visages ; ils étaient jeunes et beaux alors ; ils marchaient à la suite de ce grand homme, l’honneur du théâtre.

55. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Chrysale, Henriette, Clitandre représentent, à des degrés divers, l’opposition contre le spiritualisme cartésien porté à l’excès et contre la manie philosophique des femmes savantes. […] On ne peut prétendre que Molière soit impartial entre Alceste et Philinte, et qu’il se borne à représenter les hommes tels qu’ils sont avec leurs travers, leurs maximes et leurs excès opposés. […] Il est vrai que Philinte, de même que Clitandre ou Chrysale, représente le bon sens et la vraie sagesse, en plus d’une occasion, contre certains travers et certains emportements du Misanthrope. […] Qui vaut le mieux de cette noble et vertueuse indignation de ces haines vigoureuses d’Alceste contre les méchants, ou de cette indifférence morale de Philinte que Molière nous représente comme le plus haut degré de la sagesse ?

56. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Le nœud est le centre où aboutissent tous les fils que dirige la main de l’auteur : il représente le moment où l’action est le plus compliquée ; mais, à partir de ce point, tout doit tendre à préparer le dénouement. […]  La comédie ne représente qu’un seul fait, elle ne doit donc durer que le temps nécessaire pour sa consommation. […] Le tact que la nature lui avait accordé s’est trouvé émoussé ; il n’a pu le remplacer par la lecture, la méditation de ces auteurs qui, au-dessus des mœurs, des usages des nations, ont peint, ont représenté la nature telle qu’elle est, et ont écrit pour tous les temps. […] Si, habile à saisir tous ses avantages, l’hypocrisie se présente sous toutes les formes, prend tous les aspects, change, varie suivant les temps, ses principaux traits cependant sont éternels, dureront aussi longtemps que le cœur humain ; et ce sont eux que Molière a saisis avec une vérité admirable, qu’il a représentés avec un coloris qui sera de tous les siècles. […] Molière représenta d’abord les signes caractéristiques de l’imposture, son affectation, son faux rigorisme, avec l’habileté la plus rare, il en saisit tout le côté comique, et, par ce moyen, cacha tout l’odieux de son principal caractère.

57. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Ou, du moins, sans invention, combien de chefs-d’œuvre de Corneille vont-ils représenter ces jours-ci, et dans quel ordre ? […] Quant à Bajazet et Bérénice, des vieillards assurent que ces ouvrages ont été représentés à la Comédie-Française : nous voulons les croire ; quelle preuve de respect ! […] Jules Lacroix, qui a été représenté deux fois en 1884. […] Entre Molière, Regnard, Beaumarchais, Marivaux, représentés on sait comme, et les auteurs vivans, qui trouvons-nous sur le terrain de la comédie ? […] Vous n’aurez plus, si vous désirez avoir la liste complète des ouvrages représentés au Théâtre-Français depuis un an et cinq mois (nous avons omis seulement de nommer quelques pièces de Molière), vous n’aurez plus qu’à inscrire à la suite ces nouveautés : Les Maucroix, de M.

58. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

Mon père représenta que le premier hémistiche du second vers rimant avec le vers précédent et avec l’avant-dernier vers, il valait mieux dire de mon peu de lecture. […] De 1678 à 1697, il fit encore représenter quatre tragédies.

59. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Ce jour-là, Molière représentait en effet Sancho Pança dans une pièce de madame Béjart, intitulée : Don Quichotte. […] À représenter cette œuvre, et à l’entendre, les spectateurs se trouvaient aussi désappointés que les comédiens eux-mêmes. […] Aussi le Don Juan de Molière fut-il à peine représenté, quinze fois, en tout un hiver. […] était représenté par M.  […] La scène change et représente (ici le Schiller anglais se rappelle à plaisir les descriptions du château d’Otrante) !

60. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Le Sieur Angelo, (Docteur de l’ancienne Troupe Italienne) m’a dit, (c’est ce M. de Tralage qui parle) que Moliere qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de Théatre & d’autres, le même sieur Angelo, dit à Moliere, qu’il avoit vu représenter en Italie, (à Naples) une Piece intitulée le Misanthrope : & que l’on devroit traiter ce sujet ; il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient parus remarquables, & entr’autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds. Moliere l’écouta avec beaucoup d’attention, & quinze jours après le sieur Angelo fut surpris de voir dans l’affiche de la troupe de Moliere, la Comédie du Misanthrope, annoncée & promise, & trois semaines après, on représenta cette Piece. […] On en trouve à peu près la date dans l’Inpromptu de Versailles, représenté le 14 d’Octobre 1663. […] Et pour rendre la plaisanterie plus agréable au Roi devant qui elle fut représentée à Versailles, il y joua les premiers Médecins de la Cour avec des masques faits tout exprès.

61. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Projet d’un traité sur la comédie La Comédie représente les mœurs des hommes dans une condition privée. […] Térence se borne à représenter des vieillards avares et ombrageux, de jeunes hommes prodigues et étourdis, des courtisanes avides et impudentes, des parasites bas et flatteurs, des esclaves imposteurs et scélérats.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Il fut reçu avec applaudissement quelques jours après sur le théâtre de Saint-Germain, & Paris le vit avec le plus grand plaisir sur celui du Palais Royal, où il fut représenté le 29 Novembre de la même année. […] Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette piece pour la seconde fois ; &, pendant ces cinq à six jours, Moliere, tout mortifié, se tint caché dans sa chambre : il appréhendoit le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyoit seulement Baron à la découverte, qui lui rapportoit toujours de mauvaises nouvelles ; toute la Cour étoit révoltée. […] Après la représentation, le Roi, qui n’avoit pas encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Moliere : Je ne vous ai point parlé de votre piece à la premiere représentation, parceque j’ai appréhendé d’être séduit par la maniere dont elle avoit été représentée : mais, en vérité, Moliere, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, & votre piece est excellente.

63. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Toutefois elle avait été représentée auparavant avec un grand succès à Paris, sur le théâtre du Palais Royal, le 10 février 1673, et interrompue le 27 du même mois, après la quatrième représentation, dans laquelle Molière expirant ne put qu’à grand’ peine achever son rôle. La législation était alors si peu favorable à la propriété dramatique, que, pour jouir exclusivement de l’œuvre dernière et très fructueuse de leur chef et de leur camarade, les comédiens de la troupe de Molière, dont faisait partie sa veuve, furent obligés de solliciter une lettre de cachet portant défense à toute autre troupe de représenter cet ouvrage, tant qu’il ne serait pas imprimé, Aussi ne se hâtèrent-ils pas de le mettre sous presse, et comme ce retard ne faisait pas le compte de la librairie étrangère, habituée dès-lors à vivre an dépens de nos auteurs en crédit, la contrefaçon hollandaise s’avisa cette fois d’un singulier procédé. Un quidam, qui avait vu représenter la pièce à Paris, osa se charger de refaire de mémoire l’œuvre de Molière.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Il y a pourtant, de cette revanche d’ailleurs légitime, des traces bien frappantes jusque dans le répertoire de l’Arlequin Dominique : en voici un remarquable exemple : un peu plus d’un an après la première représentation du Malade imaginaire, les Italiens en donnèrent une grossière copie sous le titre de : Le Triomphe de la médecine, représenté le 14 mai 1674, presque en même temps que la dernière œuvre de Molière était reprise par la troupe française. […]   Voici quelle était, en 1682, la composition de la troupe italienne, d’après « l’état de la dépense pour les comédies représentées devant Monseigneur le Dauphin, pendant le carnaval » : Les sieurs Octave, Cintio, Scaramouche, Dominique, Spezzafer (c’était probablement un nouvel acteur qui avait repris ce type disparu pendant quelque temps), le Docteur, Flautin (Giovanni Gherardi engagé en 1675). […] Dans un divertissement que les comédiens italiens joignirent à une de leurs pièces représentée devant le roi, Dominique, qui dansait fort bien, imita d’une façon extrêmement comique la danse de Beauchamp.

65. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Ce bon Père lui envoya ensuite le Maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses Études, espérant que par l’autorité que ce Maître avait eue sur lui pendant ces temps-là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que le Maître lui persuadât de quitter la Profession de Comédien, le jeune Molière lui persuada d’embrasser la même Profession, et d’être le Docteur de leur Comédie, lui ayant représente que le peu de Latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le Personnage, et que la vie qu’ils mèneraient, serait bien plus agréable que celle d’un Homme qui tient des Pensionnaires. […] Il a aussi entendu admirablement les habits des Acteurs en leur donnant leur véritable caractère, et il a eu encore le don de leur distribuer si bien les Personnages et de les instruire ensuite si parfaitement qu’ils semblaient moins des Acteurs de Comédie que les vraies Personnes qu’ils représentaient.

66. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Une comédie, quelque admirable qu’elle soit, un chef-d’œuvre peuvent-ils être mis en balance avec ce qu’on ne manque pas de représenter au souverain comme la tranquillité et peut-être le salut de l’état. […] Les hypocrites ne se trompèrent point sur l’intention qu’avait eue le poète en faisant représenter Le Festin de Pierre. […] Voici comment le burlesque auteur de Jodelet a représenté le genre de vie de Montufar et des deux aventurières de Séville. […] Pour jouer les personnes, il faut les montrer telles qu’elles sont ; si l’on ne met sur le théâtre que ce que fait un honnête homme qui a des sentiments religieux, on ne représentera que de bonnes actions, et alors la religion ne sera pas compromise. […] Cette débauche de Machiavel, où la religion n’est pas moins outragée que la pudeur, où un ministre des autels se fait un vil agent de prostitution, et déshonore jusqu’au tribunal de la pénitence, ne fut-elle pas plusieurs fois représentée devant Léon X ?

67. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

La farce de Patelin y fut joüée : mais le premier plan de comédie profane est dû à Etienne Jodelle, qui composa la piece intitulée la rencontre, qui plut fort à Henri Il. devant lequel elle fut représentée. […] Le Carnaval de Venise de Renard, mis en musique par Campra, est la premiere comédie ballet qu’on ait représentée sur le théatre de l’opéra : elle le fut en 1699. […] ) personne qui fait profession de représenter des pieces de théatre, composées pour l’instruction & l’amusement du public. […] Il a toûjours été défendu aux comédiens de représenter sur le théatre les ecclésiastiques & les religieux. […] La premiere piece réguliere que Moliere composa fut l’Etourdi, en cinq actes, qu’il représenta à Lyon en 1653 ; mais ses Précieuses ridicules commencerent sa gloire.

68. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Molière, après la tragédie de Nicomède, adressa au roi un discours plein d’esprit et d’adresse ; il terminait en demandant la permission de représenter une des petites pièces qu’il jouait en province. […] Après avoir joué Antiochus dans la tragédie de Bérénice, il représentait le rôle de Colin dans sa petite comédie de La Noce de village. […] Il commençait son spectacle par sa machine, ensuite de quoi les trois enfants dansaient une sarabande ; ce qui était suivi d’une comédie que ces trois petites personnes, et quelques autres dont Raisin avait, formé une troupe, représentaient tant bien que mal. […] Depuis sa retraite du théâtre, mademoiselle Beauval fut appelée à plusieurs fêtes que la duchesse du Maine donna à Sceaux ; et elle joua dans différentes pièces qui y furent représentées. […] Cela est vrai ; et c’est en quoi vous faites mieux voir que vous êtes une excellente comédienne, de bien représenter un personnage qui est si contraire à votre humeur.

69. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Les comédiens qui représentent ce personnage se rangent au dernier avis. […] Or les comédiens qui représentent Arnolphe ne paraissent pas comprendre l’importance de cette condition ; débutants et chefs d’emploi sont à cet égard du même avis ; ils veulent à tout prix égayer le parterre, et craindraient de passer pour inintelligents en donnant du relief à la partie mélancolique de ce rôle. […] Non-seulement Arnolphe, tel qu’ils le représentent, prête à rire, ce qui est dans la vérité, mais il exagère à plaisir le ridicule de sa situation, comme s’il voulait dire aux spectateurs : Ne vous méprenez pas sur mon compte ; je ne suis pas si sot qu’on pourrait le croire. […] Quand ils sont chargés de représenter un personnage conçu à loisir, dessiné avec un soin scrupuleux, leur tâche devient plus difficile, et leurs droits sont rigoureusement limités. […] Qu’il essaie donc de prouver à ses administrés que la meilleure manière de représenter les comédies de Molière est de s’en rapporter aux lettrés sur le sens de ses personnages.

70. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Saint-Simon nous représente le duc de Guiche avec « moins d’esprit qu’il est possible de l’imaginer, peu de bon sens, une parfaite ignorance, payant de grandes manières et de sottises ; » à peu près comme Alceste nous dépeint Clitandre n’ayant pour tout mérite que sa toilette et sa fatuité14. […] Comme l’affaire: de la comédie est de représenter en général tous les défauts des hommes et principalement des hommes de notre siècle», il est impossible à Molière de faire aucun caractère qui ne rencontre quelqu’un dans le monde29. » Peindre les mœurs sans, vouloir tomber aux personnes, représenter en général tous les défauts des hommes et en particulier des hommes, de sait siècle , voilà donc tout. […] Quant à Oronte, il nous représente le travers le plus commun de cette époque, où tout cercle avait son poëte : « L’habit d’Oronte, ce bel esprit de cour, moins modeste encore qu’un poëte de profession, qui a toute la rancune de l’orgueil blessé et toute la lâcheté de la sottise, allait à la taille d’une foule de grands seigneurs31 » Les Clitandres et les Acastes, ces fringants de l’OEil-de-Boeuf, fourmillaient : à l’orchestre, dans les coulisses, dans les ruelles, dans les salons, partout on les voyait papillonner. […] Car la coquetterie après tout est un vice, et le poëte était maître de le rendre odieux; mais il nous représente sa Célimène si irrésistiblement, si fatalement entraînée sur la pente de ce défaut; il nous la dépeint si gracieuse, si vive, si spirituelle; il oppose avec tant d’adresse à ses défauts la pruderie, plus odieuse que la coquetterie, que, subissant le charme de son art séducteur, on est bien près de pardonner et de s’écrier avec Alceste : « Sa grâce est la plus forte44 ! 

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

— Mais, en partant de ce principe, Melpomene pourra nous représenter ses héros dans l’alcove de leur maîtresse une minute avant de livrer bataille, & Thalie nous conduisant jusques dans le boudoir de Laïs, nous la fera voir entre son amant & son canapé. […] Parceque depuis un siecle on les représente journellement. […] J’ai vu souvent plusieurs tableaux où les souffrances des damnés étoient représentées d’une maniere à faire horreur ; mais je ne crois pas qu’il y ait dans le Tartare des tourments semblables à ceux que j’ai éprouvés dans les abominables carrieres dont je sors. […] A-t-on si grand tort de dire que nombre de comédiens ne connoissent que leur rôle, même dans les pieces qu’ils représentent journellement » ?

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Vous avez beau dire que rien n’est plus ridicule que cette diversité de sentiments si opposés les uns aux autres : vous avez beau faire voir combien il est absurde qu’un ouvrage de génie, sur lequel les gens de l’art peuvent à peine prononcer après l’avoir examiné à tête reposée, soit condamné à l’oubli sur une simple lecture faite en l’air dans une assemblée tumultueuse : vous avez beau vous écrier que vous ne comprenez pas comment des personnes, fort aimables d’ailleurs, mais qui étoient avant-hier occupées de toute autre chose que de la comédie, peuvent aujourd’hui, moyennant leur ordre de réception, avoir acquis tout de suite la connoissance nécessaire pour juger les productions de l’art le plus compliqué & le plus étonnant56 : vous avez beau représenter modestement que vous pouvez avoir mal lu, que vos juges peuvent s’être trompés comme ceux qui refuserent jadis la Mélanide de la Chaussée, l’Œdipe de M.  […] Aucune, puisqu’une de ses inconséquences est de ne lire que les pieces représentées avec fracas. […] Ou bien le Tartufe, Cinna, Phedre, le Joueur, Rhadamiste, le Glorieux, Mahomet, la Métromanie, tous ces ouvrages immortels, tous ces monuments éternels du génie françois, quoique joués par différentes troupes, ne composent-ils pas bien plus essentiellement le vrai théâtre de la nation, même lorsqu’ils sont représentés dans les pays les plus lointains ? […] Qu’on cesse d’y représenter ces drames étonnants qui blasent le goût, & produisent sur le public l’effet des liqueurs fortes sur les palais délicats ; qu’on ne s’y borne pas à rouler sur sept ou huit canevas, tandis qu’on a le fonds le plus riche ; qu’on y reprenne ces parodies si propres à corriger les ridicules, si nécessaires pour la police du Parnasse ; qu’on y parle enfin plus au cœur & à l’esprit qu’aux oreilles : alors tout Paris dira avec Fontenelle en y courant : Je vais au grenier à sel.

73. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Ce n’est pas la première fois que Molière représente la galanterie d’un vieillard ; mais jamais il n’y a mis autant de sincérité. […] L’Amour médecin est fait, appris, et représenté en cinq jours. […] Ou sait pourtant d’autre part que cette pièce fut représentée vingt et une fois de suite. […] Dans la même année, il fut représenté le 26 septembre, à Villers-Cotterêts, pour S.  […] Le poète seul est représenté d’après nature.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Je serois encore plus rigoureux & j’exigerois que l’action véritable ne fût censée avoir duré que le temps nécessaire pour la représenter, à moins qu’il ne fût indispensable d’alonger ce temps pour faire des choses tout-à-fait utiles à l’action même. […] L’Auteur, cet Ecrivain aimable qui veut toujours garder l’anonyme, & que tout le monde reconnoît au ton noble & décent qui regne dans ses ouvrages, a distribué son terrein en deux parties : l’une représente la chambre de Madame, l’autre le cabinet de Monsieur ; de sorte que le lieu de la scene, quoique divisé en plusieurs pieces, est toujours vu, parceque le spectateur en embrasse en même temps toutes les parties. […] Il faut bien se garder d’imiter Clavaret, poëte tragique : cet Auteur prétendit sauver le reproche qu’on faisoit à ses rivaux, en mettant ces mots à la tête de sa tragédie du Ravissement de Proserpine : « La scene est au Ciel, en la Sicile, & aux Enfers, où l’imagination du lecteur se peut représenter une certaine espece d’unité de lieu, les concevant comme une ligne perpendiculaire du ciel aux enfers ».

75. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Cette cérémonie a emprunté toute sa solennité au concours des représentants de la municipalité et des arts de la capitale, et à. l’enthousiasme populaire ; car le gouvernement, craignant d’honorer l’auteur de Tartufe, n’y était pas représenté, ou du moins ne l’était que par le préfet de la Seine, obligé d’ailleurs de s’y trouver par la présence du corps municipal. […] Au-dessous, de chaque côté du piédestal, sont deux figures en marbre blanc, qui tiennent des légendes où sont inscrites, par ordre chronologique, les pièces de Molière ; ces deux figures représentent la comédie grave et la comédie enjouée ; enfin en bas se trouve un bassin octogone dans lequel trois têtes de lion crachent l’eau. […] Peut-être, puisqu’on avait à lutter contre ces accessoires défavorables, eût-il mieux valu représenter Molière debout ; alors la tête se fût mieux dégagée des épaules, le manteau tombait le long du corps au lieu de se ramasser pesamment ; alors au moins on aurait distingué la figure de loin, tandis que telle qu’elle est, à la hauteur de la bibliothèque royale, on n’aperçoit qu’une masse sombre écrasée.

76. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Notice historique et littéraire sur L’Amour médecin Le roi demande à Molière une comédie ; le sujet proposé et approuvé, la pièce est faite, apprise et représentée : tout cela est l’affaire de cinq jours. […] Tout Paris y va en foule, pour voir représenter les médecins de la cour, et principalement Esprit et Guenaut, avec des masques faits tout exprès. […] À l’époque où fut représenté L’Amour médecin, l’usage des masques n’était pas aboli depuis si longtemps qu’on ne pût facilement le faire revivre ; car c’est un fait constant que Molière joua d’abord sous le masque le rôle de Mascarille des Précieuses ridicules. […] Le Misanthrope fut représenté le 4 juin 1666. […] Les nombreux personnages qui concourent à l’action de la pièce, ou dont les portraits seulement sont encadrés dans le dialogue, offrirent aux yeux des attitudes si naturelles, des formes si bien senties, des traits si bien modelés, qu’on voulut voir des individus peints avec ressemblance, où il n’y avait que des espèces représentées avec vérité, et qu’on chercha partout, à la cour comme à la ville, les originaux dont Molière avait pris les figures à leur insu pour les transporter et les distribuer dans sa composition.

77. (1802) Études sur Molière pp. -355

Notre dernière troupe italienne représentait assez souvent la pièce de Nicolo Barbieri. […] Arlequin revient, surprend sa femme admirant la beauté du jeune homme représenté dans le portrait, et le lui enlève. […] Représentée le 15 février suivant, sur le théâtre du Palais-Royal, en trois actes, et sans intermèdes, elle prit le titre qu’elle porte à présent. […] aussi l’Amour médecin fut-il proposé, fait, appris, et représenté en cinq jours. […] Le Médecin malgré lui fut représenté sur le théâtre du Palais-Royal, le 9 août.

78.

La vieille maison est représentée au fond. […] Vincent, par exemple, l’a représentée dans un beau tableau du président Molé. […] Cependant, le sujet qui y est représenté est très-curieux. […] Elle tenait son nom d’un poteau sculpté placé à l’angle des deux rues et montant jusqu’au toit, qui représentait des singes grimpant dans un pommier. […] Voir le frontispice d’Élomire hypocondre, qui représente Molière prenant leçon de Scaramouche.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Le théâtre représente une mer agitée, au bord de laquelle on voit des rochers. […] Voilà ce qui séduisit nos peres, & ce qui fit enfanter toutes les pieces à machines qu’on représenta devant le fameux Cardinal, & la Circé de Thomas Corneille.

80. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Cette pièce des Précieuses ridicules est la même que Molière fit représenter à Paris cinq ans plus tard, en 1659, et qui fit tant de bruit. […] Il n’en est pas de même de la dénégation d’écrivains qui ont cru se faire une place distinguée au temple de mémoire, en accusant de mauvais goût, des personnages de liante célébrité ; ils ont un grand intérêt à mettre à couvert leurs accusations sous une autorité telle que celle de Molière, et ont de bonnes raisons pour nier que Les Précieuses aient été représentées à Béziers, cinq ans avant de l’être à Paris. […] Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Mais cela ne regarde que quelques-unes des précieuses, car il y en a qui ne se mettent pas tant à tous les jours. » Mademoiselle de Montpensier les représente dans la société des gens du monde, comme « fort sottes et fort niaises quand elles y sont seules de leur genre, comme fort insolentes quand elles y sont plusieurs. […] N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ?

81. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Le 24 avril 1848, « le sieur Molière, l’un des comédiens de la troupe du sieur Dufresne… supplie très humblement messieurs [les échevins] leur permettre de monter sur le théâtre pour représenter leurs comédies ». […] C’est à Lyon qu’il trouve, encore vivant, le souvenir de Nicolo Barbieri, dit Beltrame, l’auteur de 1’lnavertito c’est à Lyon, que sur le modèle de l’Emilia et de l’Inavertito, Molière compose et fait représenter l’Etourdi. […] Il rencontra les comédiens à Lyon, en avril 1655 ; il les suivit à Avignon, puis à Pézenas, où ils se transportèrent pour une seconde session des Etats (1655-56). — Ils y séjournèrent du mois de novembre au mois de février ; — d’Assoucy ne quitta ces honnêtes gens, « si dignes de représenter dans le monde les personnages des princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre », qu’au mois d’avril ou de mai 1656, lors de leur arrivée à Narbonne. […] Et leur influence est telle que, dans l’histoire des idées du XVIIe siècle, ayant balancé le pouvoir du jansénisme, et n’ayant pas d’ailleurs agi dans le même sens que le cartésianisme, le naturalisme qu’ils représentent est comme un troisième courant qu’il faut donc distinguer expressément des deux autres. […] Artificiel enfin, parce que rempli de métaphores qui, si on les prend à la lettre, et si on se représente l’image qu’elles peuvent évoquer, choquent par leur incohérent entassement.

82. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Quand nous nous représentons la société de ce siècle, telle que l’a faite l’autorité de Louis XIV, il semble que ce fût une société dominée par la foi et par une seule foi. […] C’est un personnage plein de poésie, mais qui représente la poésie du mal. […] C’est en effet Sganarelle qui représenté le rôle du bon sens dans la pièce, comme Sancho dans le roman de Cervantès. […] Souvent même il ne charge personne de représenter le bon sens, et la morale ressort toute seule par la force de la fable et la vérité des caractères. […] » On peut dire, en effet, que Sganarelle, qui représente le croyant dans la pièce, doit l’être bien peu, puisqu’en présence d’un événement aussi terrible et un exemple aussi saisissant de la justice divine, il ne pense qu’à ses gages.

83. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Les acteurs portaient le nom, l’habit, le visage même des personnages qu’ils représentaient. […] Les Précieuses ridicules furent le premier tableau peint d’après nature, le premier qui représentât des personnages vrais et des mœurs réelles. […] Autant vaudrait-il, dans un tableau, représenter les moutons terrassant les loups et trompant les renards. […] Sa première comédie régulière, l’Étourdi, y fut représentée avec beaucoup de succès. […] Corneille, blessé de cette ingratitude, fit représenter Attila par la troupe de Molière.

84. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

« Mais c’est cela même dont je me plains, dit mon Censeur : vous ne m’avez point donné le beau de Molière ; vous me l’avez représenté comme un homme fort commun ; par de petites aventures qui ne sont bonnes qu’à amuser de petits Lecteurs. […] » J’ai représenté Molière dans son beau, comme dans son mauvais ; mais j’ai jugé à propos de faire paraître ses situations et ses sentiments, par ses actions, pour attacher d’avantage ceux qui lisent. […] Pour réciter cette action il faut avoir la voix grave, noble, sublime ; et prononcer d’un ton proportionné à l’élévation des personnes qu’on met sur la Scène, et aux passions que l’on représente, ou que l’on veut inspirer. […] Il y a donc de l’intelligence, des règles à faire représenter une Comédie ? […] Mais je me flatte, sans trop présumer de mon Ouvrage, que puisque le Public a daigné souffrir et agréer mon travail, qu’il prendra ma défense : Non que je présume absolument avoir bien travaillé : mais mon Livre n’est point ce me semble, aussi méprisable que mon Censeur le représente.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

N’a-t-il pas senti que le prologue d’Amphitrion tient à la piece, qu’on ne peut guere la représenter sans lui, & que le sien bien au contraire n’a pas le moindre rapport avec les Menechme ? […] Oublions pour un moment que le Joueur ait été représenté trente ans après le Misanthrope, & jugeons des deux héros par leur ton ; nous croirons le cadet bien plus voisin de la barbarie que son aîné ; ou, si nous nous souvenons de la date des deux pieces, tout l’honneur que nous puissions faire à Regnard, est d’imaginer qu’il a voulu parodier son prédécesseur. […] Mais Regnard pillant Moliere le maître de son art, quand il est à peine dans le tombeau ; Regnard voulant s’approprier les traits frappants des chefs-d’œuvre qu’on représente journellement, & qu’on représentera toujours, à moins que le goût ne retombe tout-à-fait dans la barbarie ; Regnard, dis-je, s’exposant à être comparé tous les jours à Moliere, me paroît ou bien inconséquent ou bien présomptueux.

86. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Le Roi, voulant donner à sa belle-sœur une idée éblouissante des pompes et des plaisirs de sa cour, choisit lui-même les plus beaux endroits des divertissements qui avaient été représentés devant lui depuis plusieurs années, et ordonna à Molière de faire une comédie qui enchaînât tous ces différents morceaux de musique et de danse. […] La comédie des Femmes savantes fut représentée sur le théâtre du Palais-Royal, le 11 mars 1672, et elle n’eut que dix-neuf représentations, dont les neuf premières seulement furent un peu suivies. […] Il n’est pas impossible qu’il existe une folle telle que Bélise ; mais ce serait la manie d’un individu, et non le travers d’une espèce : le théâtre ne doit point représenter ce qui ne peut se trouver dans le monde que par accident. […] Voulant jouir longtemps du privilège de la représenter, ils ne se hâtèrent point de la livrer à l’impression. […] Le Malade imaginaire fut représenté, pour la première fois, le 10 février 1673, non à Versailles ou à Saint-Germain, mais à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal ; et il ne fut joué devant le roi que le 19 juillet 1674, dans la troisième journée d’une fête donnée à Versailles, au retour de la campagne où la Franche-Comté fut conquise.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Cette piece fut représentée, pour la premiere & pour la derniere fois, le vendredi 27 Novembre 1699. […] Cette piece, représentée pour la premiere fois le vendredi 12 Mai 1719, n’eut que sept représentations ; elle en méritoit certainement un plus grand nombre. […] Dufresny a lardé dans sa piece un caractere de Gascon flegmatique, qui impatiente & embarrasse souvent le faux Damis ; celui d’une prude, jadis coquette, qui fut l’amante du véritable Damis : elle se doute bien de la supercherie ; mais comme celui qui représente Damis est nanti des lettres tendres qu’elle a autrefois écrites à son amant, elle est forcée, pour les ravoir, de se prêter au stratagême.

88. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

Et, dans la première journée, où parut le roi lui-même, armé « à la grecque » pour représenter le chevalier Roger, prisonnier de l’enchanteresse Alcine, si Molière prit part à la cérémonie, ce fut pour figurer le dieu Pan sur le haut d’une machine roulante et adresser un compliment de six petits vers à la reine. […] C’est qu’en somme ce n’est point ici une pièce de théâtre, ou du moins ce n’est pas une pièce qu’il soit bon de représenter sur un théâtre ; et dans ces conditions. […]  » Six mois après, Psyché est représentée sur la scène du Palais-Royal, à peu près avec « même éclat, mêmes agréments. » Qu’on nous la rende ainsi ornée, aujourd’hui que nous connaissons l’opéra, il est à craindre, selon la remarque de Voltaire, « que si la tragédie est belle et intéressante, les entr’actes de musique en deviennent froids ; et que, si les intermèdes sont brillants, l’oreille ait peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation.

89. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

La Tragédie l’avait devancée, et l’art de représenter les Héros avait paru plus important que celui de ridiculiser les hommes. […] Ces Ouvrages, par lesquels de grands Hommes réclamaient contre la barbarie de leur siècle, n’étaient représentés que dans les fêtes qui leur avaient donné naissance. […] Et Pétrone, lorsqu’il représente l’opulent et voluptueux Trimalcion, entendant parler d’un pauvre, et demandant qu’est-ce qu’un pauvre ? […] Il eût pu sans doute représenter ce fils toujours respectueux envers un père barbare ; il eût édifié davantage en associant un tyran et une victime ; mais la vérité, mais la force de la leçon que le Poète veut donner aux pères avares, que devenaient-elles ?

90. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Je lui ai représenté en toute douceur qu’elle écoutait trop ses ressentiments. […] Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi. […] Cela ne sied plus : il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot. » Il le représente assistant à la célébration des saints mystères, « le dos tourné directement aux autels, les faces élevées vers leur roi que l’on voit à genoux sur une tribune, marque d’une sorte de subordination, puisqu’ils semblent adorer le prince, et le prince adorer Dieu. » Les mœurs dévotes ne seront pas moins remarquables à la ville qu’à la cour. […] En se défendant par l’intérêt de l’honneur, auquel le roi pouvait opposer la promesse du secret, elle l’aurait rebuté ; en se défendant par la religion, par un devoir et par un intérêt commun ; en se défendant par un devoir qu’elle représentait comme pénible à son cœur, et comme assez contraire à son inclination pour laisser au roi l’espérance d’en obtenir l’oubli dans un moment propice, elle parvenait à la solution habile de cette grande difficulté de renvoyer le roi toujours affligé, jamais désespéré ; en prolongeant son désir, elle en faisait une passion vive et profonde.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

(Le théâtre représente un sallon mal meublé & dont les murs sont presque nuds, avec des restes de dorure.) […] La scene change & représente la maison de Stukéli : on l’y voit méditant d’engager Béverley à jouer les bijoux de sa femme, & projettant de la séduire en les lui rendant : on le voit encore complotant, avec un frippon nommé Bates, les moyens de voler Béverley au jeu. […] (La scene représente la chambre d’une prison : il doit y avoir d’un côté une table sur laquelle est un pot d’eau & un verre dans une jatte ; & de l’autre un fauteuil & une chaise à côté : Tomi est dans le fauteuil, & Jarvis sur la chaise.)

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Puisqu’on ne peut représenter sur le théâtre qu’une seule action sensible, il est raisonnable de ne pas séparer les petites parties qui la composent, de ne point désunir les actions particulieres des personnages qui concourent à l’action principale. […] Si les acteurs qui représentent Dom Juan & Dom Carlos paroissent avant le temps qu’il faut à-peu-près pour faire ce que je viens de dire, c’est une faute qu’ils font pour diminuer celle de l’Auteur.

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