Au reste, ces deux scenes sont plus ou moins plaisantes selon les acteurs qui les jouent. […] Elle est filée, elle est une espece de petite comédie, & les voix différentes que prend l’acteur peuvent ajouter au plaisant, mais n’en font pas le principal mérite. […] Or écoutez le plus plaisant. […] Il est bien plaisant de voir un maître fourbe inventer la meilleure moralité qui se soit jamais débitée, donner des leçons de philosophie, & s’offrir pour exemple. […] Il est bien plus plaisant dans Moliere de voir ces contradictions dans un seul homme qu’un fourbe ballotte à son gré.
Le personnage de Sostrate est un caractère d’amant qu’il n’avait pas encore exposé sur la scène ; Clitidas, plaisant de cour, est plus fin que n’est Moron dans La Princesse d’Élide. […] C’est ce naturel grossier qui fait le plaisant de la comédie ; et voilà pourquoi ce n’est jamais que dans la vie commune qu’on prend les personnages comiques. Le Misanthrope est admirable, le Bourgeois gentilhomme est plaisant. » Voici le compte que Robinet rendit de la représentation du Bourgeois gentilhomme à Chambord. […] Cotin, dans la comédie des Femmes savantes, reproche à Ménage d’assez plaisantes choses. Ménage, à son tour, lui en reproche quelques autres, qui ne sont pas mal plaisantes aussi. » Voici un autre auteur qui appuie encore sur le fait que Molière a prétendu jouer Ménage aussi bien que l’abbé Cotin.
Les Auteurs sans génie sont, sans contredit, ceux qui ont jetté un plus grand nombre d’indécences dans leurs détails : trop foibles pour faire des scenes, pour amener des situations plaisantes par elles-mêmes, ils ont imaginé d’exciter le rire par des polissonneries auxquelles nos peres, moins civilisés que nous, applaudissoient, mais qui seroient impitoyablement sifflées présentement, & qui précipiteroient à coup sûr la chûte d’une piece. […] Rien n’est plus plaisant que la réflexion du Général Thébain ; mais elle eût blessé nos chastes oreilles. […] Parbleu, cela est plaisant ! […] Je voudrois bien savoir de quelle façon on pourroit l’ajuster pour le rendre plaisant, & si, quand on le berneroit sur le théâtre, il seroit assez heureux pour faire rire le monde.
Il n’y a dans tout cela que du romanesque & fort peu de plaisant. […] Le plaisant de l’aventure est qu’ils partirent le même jour, Charles de Paris, & Philippe de Chartres, pour faire leur voyage, & qu’ils vinrent tous deux coucher à Bonnelle, qui est environ la moitié du chemin de Chartres à Paris. […] Il est sans doute plaisant qu’un homme à qui l’on persuade que son ami est mort, prenne ce même ami pour un revenant dès qu’il le voit, & lui promette des prieres ; mais le comique est bien plus renforcé dans l’entrevue de deux hommes qui se croient morts tous deux, se revoient en tremblant, & se rendent mutuellement la peur qu’ils se font : la situation est plus piquante du double.
Le reste de la piece n’est que le sujet même mis en dialogue : on a cru devoir conserver jusqu’aux expressions, qui dans l’original sont en effet aussi plaisantes qu’elles puissent l’être ». […] Plaisant original pour me rompre en visiere. […] que cela est plaisant !
La scène sixième du deuxième acte, entre Arnolphe et Agnès, admirable pour la vérité, le plaisant et le contraste d’un vieillard jaloux et fin, et d’une jeune sotte qui lui dit tout ; la deuxième scène du troisième acte, entre Arnolphe et Agnès, où il lui explique les devoirs du mariage ; la quatrième du deuxième acte, où Horace lui confie la manière dont Agnès lui a fait parvenir sa lettre, sont des modèles de comique. […] Julien et sa femme sont infiniment plaisants. […] Opéra comique très plaisant, et digne de la comédie.
Ces pièces ne laissent pas d’être fort plaisantes et pleines d’esprit, témoin Le Menteur, dont nous parlons, Dom Bertrand de Cigarral, Le Geôlier de soi-même ; mais enfin la plus grande beauté de la comédie était inconnue ; on ne songeait point aux mœurs, aux caractères ; on allait chercher bien loin les sujets de rire dans des événements imaginés avec beaucoup de peine, et on ne s’avisait point de les aller prendre dans le cœur humain qui en fourmille. […] Cette comédie qui ne contenait qu’un acte, et quelques autres de cette nature, n’ont point été imprimées : il les avait faites sur quelques idées plaisantes, sans y avoir mis la dernière main ; et il trouva à propos de les supprimer, lorsqu’il se fut proposé pour but, dans toutes ses pièces, d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts. […] La conversation de Valère avec Ascagne, déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile, accusée en présence de son père, et le stratagème de Valèrea pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux et plaisants : mais l’éclaircissement d’Éraste et de Lucile, qui a donné à la pièce le titre de Dépit amoureux, leur brouillerie, et leur réconciliation, sont le morceau le plus justement admiré. » 1659. […] La troupe des comédiens Que Monsieur avoue être siens, Représentant sur leur théâtre, Une passion assez folâtre, Autrement un sujet plaisant, À rire sans cesse induisant, Par des choses facétieuses, Intitulées Les Précieuses, Ont été si fort visités, Par gens de toutes qualités, Qu’on n’en vit jamais tant ensemble, Que ces jours passés, ce me semble, Dans l’Hôtel du Petit-Bourbon, Pour ce sujet mauvais ou bon, Ce n’est qu’un sujet chimérique, Mais si bouffon, et si comique, Que jamais les pièces Du Ryer, Qui fut si digne de laurier, Jamais l’Œdipe de Corneille, Que l’on tient être une merveille, La Cassandre de Boisrobert, Le Néron de Monsieur Gilbert, Alcibiade, Amalasonte *, Dont la Cour a fait tant de compte, Ni le Fédéric de Boyer, Digne d’un immortel loyer, N’eurent une vogue si grande Tant la pièce sembla friande, À plusieurs, tant sages que fous ; Pour moi, j’y portai trente sous Mais oyant leurs fines paroles, J’en ris pour plus de dix pistoles. […] Ensuite il voulut faire une pièce en cinq actes, et les Italiens ne lui plaisant pas seulement dans leur jeu, mais encore dans leurs comédies, il en fit une qu’il tira de plusieurs des leurs, à laquelle il donna pour titre : L’Étourdi, ou les Contretemps.
[16, p. 46-47] 1724, Carpenteriana, p. 223-224 Molière lisait ses comédies à une vieille servante nommée Laforest ; et lorsque les endroits plaisants ne l’avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu’il avait éprouvé plusieurs fois que ces endroits ne réussissaient point.
1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 346 Parmi les épitaphes qu’on fit pour Molière, il y en a de plaisantes, et quelques-unes de sérieuses.
D’ailleurs notre Poëte faisant jouer le rôle de faux Médecin à un premier personnage, ne pouvoit mettre dans sa bouche un verbiage ridicule qui auroit affadi le plaisant de l’idée. […] Ils font un quiproquo assez plaisant. […] C’est dommage que le dénouement, quoique plus honnête que celui de Moliere, soit aussi insipide que l’autre est plaisant ; que le caractere de Pantalon ne soit pas décidé comme celui de Sganarelle ; que Rosaura ait un rôle aussi monotone, aussi ennuyeux, aussi long ; & que, pouvant amener le dénouement d’un mot, elle laisse languir la piece pendant trois grands actes.
Moliere pensoit trop, pour être plaisant dans la société ; c’étoit un observateur qui n’alloit dans le monde que pour y moissonner.
Depuis le moment de votre arrivée, vous m’avez fait un détail de la mort subite d’une vieille plaideuse, & de la maniere dont les Juges veulent accommoder deux familles par un mariage : que trouvez-vous de plaisant à tout cela ? […] Le plaisant que j’y trouve, Madame, c’est que pendant tout ce long détail, vous ne m’avez questionné que sur un seul article.
Il voulut jouer dans le tragique, mais il n’y réussit pas ; il avait une volubilité118 dans la voix et une espèce de hoquet qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant. […] 124 Trop de complicité dans le nœud, et peu de vraisemblance dans le dénouement ; mais une source de vrai comique, et des traits également ingénieux et plaisants.
Et cependant Célimène le persifle, au grand applaudissement des marquis, et nous ne pouvons nous-mêmes nous empêcher de le trouver plaisant. […] On ne peut donc pas nier, ce semble, que, si Alceste est plaisant dans Le Misanthrope, c’est bien parce qu’il est vertueux et non pas seulement quoiqu’il le soit. […] Alceste est quelquefois plaisant et risible ; mais il n’est pas ridicule. […] Lui-même nous dit qu’il est « plaisant », mais rien au-delà. […] Il est un peintre des mœurs partout où il surprend un effet plaisant, il le note au passage et nous le présente sur la scène sans rien blâmer, sans rien approuver.
Rien de plus plaisant que le souverain mépris qu’on affecte pour les pieces d’intrigue.
Laisse gronder tes envieux ; Ils ont beau crier en tous lieux, Qu’en vain tu charmes le vulgaire ; Que tes vers n’ont rien de plaisant.
[90, p. 134] L’auteur fécond et célèbre des Singularités de la nature 284, nous a appris une allusion très heureuse au trait plaisant du Pédant joué, que diable allait-il faire dans cette galère ?
Il ne seroit pas surprenant que rencontrant quelqu’un sur son passage il lui racontât son désastre ; mais ses plaintes sont bien plus plaisantes & ont bien plus d’énergie quand il les fait aux échos, aux murailles, à lui-même, & à toute la nature. […] Je les blâmerois beaucoup si on les plaçoit dans la bouche d’un Magistrat, d’un Général d’armée : mais dans celle d’un valet, d’un homme simple, ou d’un plaisant, ils sont excellents.
ce que j’y trouve à redire est plaisant, s’écria le duc : Tarte à la crème 209 !
Nous en avons assez recueilli pour faire voir que l’Auteur comique n’a pas saisi les plus plaisants par eux-mêmes, ou par les situations qu’ils pouvoient amener & développer. […] Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. […] Regnard a fort bien fait de marier les deux idées de Plaute : mais par quelle raison a-t-il négligé un bout de scene fort plaisant dans la Mostellaire, & qui alloit si bien à son sujet ? […] Regnard ne s’est tiré d’affaire qu’au moyen de certains traits plaisants, & par les jeux comiques de cette piece ». […] On joua cette comédie pour la premiere fois le lundi 9 Janvier 1708 ; elle eut vingt représentations ; & peut-être en eût-elle mérité davantage par les traits plaisants dont elle est remplie, si ces mêmes plaisanteries n’étoient amenées par des moyens tout-à-fait contre nature.
Il avoue tout naturellement qu’il n’a pas de gorge à couper ; & je ne sais, n’en déplaise à Moliere, si par cette raison même les coups de bâton ne deviennent pas moins plaisants. […] Le plaisant de cette scene est d’entendre Arlequin prendre alternativement le ton du Cordonnier & le sien dans la dispute dont il rend compte ; de le voir peindre la forme qui l’atteint, s’envelopper la tête d’un linge, & feindre des douleurs graduées : mais du moment qu’il est question de la matiere, il ne peut que devenir fastidieux.
Trouvent-elles dans le monde quelque original subalterne qui les frappe en passant, voilà, disent-elles, un plaisant caractere, il figureroit bien sur la scene !
Le plaisant de cette piece doit naître nécessairement des confidences multipliées que l’amant fait à son rival, du caractere d’Arnolphe qui rit des malheurs arrivés aux maris, qui craint cependant pour lui, & doit la disgrace qu’il redoute si fort, précisément aux précautions qu’il prend pour l’éviter. […] Le Maître en Droit est peut-être plus plaisant qu’Arnolphe, en ce qu’il dicte lui-même à son rival le moyen dont il doit se servir pour séduire les Romaines, & qu’il l’avertit d’aller au but dès qu’il aura obtenu le premier rendez-vous. […] Les propos qu’elle a tenus à la jeune Agnès deviennent plaisants dans une bouche innocente ; ils seroient révoltants dans celle de la vieille sorciere. […] Moliere a conservé tout le plaisant de la scene italienne, sans nous faire voir un maître qui, pour exercer ses gens à maltraiter un de ses anciens amis, s’avilit jusqu’à recevoir des coups de bâton de la main même de ses domestiques.
Ce n’était sûrement pas des farces insipides et abjectes que celles qui contenaient le germe des plus plaisantes scènes du Médecin malgré lui, et de George Dandin, et dont plusieurs traits ont été transportés par Molière lui-même dans ses meilleures comédies.
On retrouve jusque dans la Princesse d’Élide, divertissement que Molière fit pour la cour, un de ces paysans facétieux, nommé Moron, que l’auteur met dans la liste des personnages, sous le nom du plaisant de la princesse : il y en a un autre du même genre dans un opéra de Quinault. […] Le choix d’une place publique pour le lieu de la scène occasionne aussi quelques autres invraisemblances ; par exemple, celle du sermon sur les devoirs du mariage, qu’Arnolphe devait faire dans sa maison bien plus naturellement que dans la rue ; mais ce sermon est d’un sérieux si plaisant, d’une tournure si originale, qu’il importe peu où il se fasse, pourvu qu’on l’entende. […] Le marquis aujourd’hui est le plaisant de la comédie; et comme dans toutes les pièces anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même maintenant il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie. » Les Précieuses avaient déjà valu à leur auteur plus d’une satire. […] messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis. […] Ce caractère est fort beau ; mais c’est la sagesse parfaite, et il serait plaisant que Molière eût imaginé de la jouer.
Adieu ridicule, adieu plaisant ; par conséquent, adieu les ris, adieu la comédie. […] Il est d’une humeur libre & gaie, Mais je dis d’une gaieté vraie ; Malin, railleur, aimant les traits plaisants. […] me dis-je : je vais faire prendre à mon héros les diverses façons de penser de toutes les personnes qui l’entourent : il aura alternativement jusqu’à leur humeur : il sera gai avec l’un, triste avec l’autre ; il pleurera avec celui-ci, il rira avec celui-là, & j’aurai un fonds aussi plaisant qu’inépuisable.
Un mauvais plaisant (où n’en trouve-t-on point ?) […] — Je ne vous le cache pas, poursuivit le plaisant ; mais M. le Maréchal a de la peine à le croire. — Eh !
il seroit bien plaisant ». […] Les mauvais plaisants soutinrent que l’Auteur avoit bien rempli le titre de sa piece, puisqu’en la composant il avoit fait une rude Méprise.
Ensuite il voulut faire une Pièce en cinq Actes et, les Italiens ne lui plaisant pas seulement dans leur jeu, mais encore dans leurs comédies, il en fit une qu’il tira de plusieurs des leurs, à laquelle il donna pour titre L’Étourdi ou les Contretemps. […] — Aussi, me repartit Clorante, est-ce un des plus plaisants et des plus beaux Tableaux de Campagne que l’on puisse jamais voir, puisque c’est le portrait d’un baron campagnard.
Il est probable que Molière, ayant vu réussir cette pièce soutenue par quelques situations plaisantes, jugea à propos de la débarrasser de ses mauvais vers, et que, pressé de donner quelques nouveautés, comme directeur de théâtre, il la fit jouer sans scrupule par sa troupe provinciale. […] Le seul côté plaisant de l’intrigue consiste dans la crédulité outrée d’un père, qui prend pour argent comptant le galimatias de ce médecin improvisé, et qui, rencontrant, quelques minutes après cette scène, son docteur en habit ordinaire, se laisse abuser par une histoire de ménechmes. […] Le côté plaisant de ces galantes assemblées est merveilleusement saisi. […] Je voudrais bien savoir de quelle façon on pourrait l’ajuster pour le rendre plaisant, et si, quand on le bernerait sur un théâtre, il serait assez heureux pour faire rire le monde. […] On trouve dans cette pièce un tableau de Paris assez plaisant.
La vraie comédie doit arriver au plaisant par le sérieux, et faire jaillir le ridicule des profondeurs de la nature humaine272 Il faut que son dénomment décèle une utilité morale, et laisse voir le philosophe caché derrière le poète273.
L’on croit avoir ajouté au plaisant, en forçant Harpagon à mettre fort long-temps la main devant la bouche de Maître Jacques pour l’empêcher de parler, & l’on a écarté le bon comique, inséparable de la vraisemblance, pour substituer à sa place la farce la plus plate. […] Tout au contraire, quand, dans le Philosophe marié, Géronte arrive, qu’il voit son neveu occupé à égayer sa philosophie sur la joue de Céliante & de Mélite, & qu’il lui demande qui sont ces créatures, il n’est pas naturel qu’Ariste fasse une réponse claire, positive & breve à son oncle : le plaisant de la scene consiste au contraire à voir les efforts que fait le neveu pour éluder la fâcheuse question de l’oncle.
Vraiment je crois que tu es un plaisant Docteur. […] Plaisant point d’honneur, disoit en soi-même le Satyrique, qui consiste à se noircir tous les jours le visage pour se faire une moustache de Sganarelle, & à dévouer son dos à toutes les bastonnades de la Comédie : Quoi !
Alceste nous déclare qu’il ne se croit pas plaisant : il a parfaitement raison ; mais il est comique. Quelle est donc la différence essentielle entre le comique et le plaisant ?
Il est très plaisant de voir rire monsieur Thomas Diafoirus, lorsque Cléante parle de son rival & qu’Angélique répond, Ah ! […] Si elle a la mine fripponne de Madame Bellecour, elle est charmante sous l’ajustement de Médecin ; mais tout ce qu’elle fait ne sert point à la piece ; elle ne dit même rien de plaisant, si vous en exceptez la consultation qu’elle va faire pour un malade mort la veille. […] Il faut être plaisant, Quelquefois médisant, Et toujours plagiaire.
Le Comte de Tonnerre, si connu par son bon goût, & par son intrigue avec la fameuse Chamelé qu’il enleva à Racine 74, assistoit à la représentation d’une piece qui portoit le titre de comédie, & rioit d’un trait qui n’étoit rien moins que plaisant. […] Si leurs drames sont tristes, en revanche ils me paroissent eux-mêmes bien plaisants, de vouloir se montrer plus sages que la nature, cette mere bienfaisante qui donne un goût agréable aux aliments les plus nécessaires. Heureux & mille fois heureux le Comique doué d’un génie assez vaste pour voir tous ses sujets du côté plaisant & du côté philosophique, pour savoir adoucir les maux attachés à l’humanité, dérider le front des hommes par des saillies heureuses, & leur prodiguer en même temps les leçons les plus exquises ! […] Livrez à la risée publique le contraste plaisant qu’offrent leur petit savoir & leur morgue, la haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes & le mépris qu’ils ont des autres ; mais laissez en paix leurs noms, leurs habits, & leur personne.
Son Tartufe est une galerie superbe où l’on en voit de toute espece, de sérieux, de plaisants, de touchants ; il n’est besoin ni de les rapporter, ni de les indiquer.
Enfin, il est bien plus plaisant de voir la Grange & du Croisy faire déshabiller leurs valets en présence des belles, auxquels elles ont donné la préférence, que d’assister à l’enlevement d’un homme qu’on arrête pour dettes.
J’avoue que les traits plaisants d’Aristophane me paraissent souvent bas.
Les Fâcheux, ce nouveau poème, Qui par sa gentillesse extrême, Charma si fort ces jours passés, À la Cour tous les mieux sensés, Dans Paris maintenant se joue, Et certes tout le monde avoue, Qu’entre les pièces d’à présent, On ne voit rien de si plaisant. […] *** Laisse gronder tes envieux, Ils ont beau crier en tous lieux, Que c’est à tort qu’on te révère ; Que tu n’es rien moins que plaisant : Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant. […] Seconde entrée : quatre Plaisants ou Goguenards. […] Iphitas, prince d’Élide, père de la princesse, le sieur Hubert ; la Princesse d’Élide, Mlle Molière ; Euriale, prince d’Ithaque, le sieur de La Grange ; Aristomène, prince de Messine, le sieur Du Croisy ; Théocle, prince de Pyle, le sieur Béjart ; Aglante, cousine de la princesse, Mlle Du Parc ; Cinthie, cousine de la princesse, Mlle de Brie ; Arbatte, gouverneur du prince d’Ithaque, le sieur de La Thorillière ; Philis, suivante de la princesse, Mlle Béjart ; Moron, plaisant de la princesse, le sieur Molière ; Lycas, suivant d’Iphitas, le sieur Prévot. […] De Monsieur la Troupe comique, Qui sait aussi mettre en pratique, Cet art moralement plaisant, Qui nous charme en nous instruisant, En public mêmement exposé1, (Partie en vers, partie en prose) Un poème si bien tourné, Et de tant d’agrément orné, Que certes, si je ne me trompe, Chacun doit admirer sa pompe, Ses grâces, ses naïvetés, Et ses rares diversités.
. — « Naturel plaisant, et regardé comme un des plus heureux qu’on ait vu, disent Bret, Riccoboni et Voltaire. » Nous ne sommes pas entièrement de cet avis. Plaisant, oui, mais naturel, non. […] de Soyecourt lui-même ; ce dernier fait est contesté, mais à la place de Molière, j’aurais trouvé plaisant de m’adresser à la personne jouée, pour lui prouver que je n’avais pas voulu la jouer. […] Il serait plaisant que sous ce nom de Fillerin, Molière eût personnifié la faculté entière. […] Éblouis sans doute par le titre des Amants magnifiques, ils n’ont pas songé qu’un plaisant de cour, un astrologue, n’étaient guère propres à lui valoir cette réputation de pièce héroïque.
Cela est plaisant, que tous les intérêts de Quanto et toute sa politique s’accordent avec le christianisme, et que le conseil de ses amis ne soit que la même chose avec celui de M. de Condom (Bossuet). […] Je souhaiterais un cabinet tout tapissé de dessous de cartes au lieu de tableaux… Nous trouvions plaisant d’imaginer que de la plupart des choses que nous croyions voir, on nous détromperait. » 26 juillet.
Il est plein de traits naïfs et plaisants, qu’on a retenus et qui sont, passés en proverbes. […] Ce dernier vers est plaisant. […] Ce n’est ni la raison supérieure, ni l’excellente morale, ni l’esprit d’observation, ni l’éloquence de style qu’on admire dans le Misanthrope, dans le Tartufe, les Femmes savantes : ses situations sont moins fortes, mais elles sont comiques; et ce qui le caractérise surtout, c’est une gaieté soutenue qui lui est particulière, un fonds inépuisable de saillies, de traits plaisants : il ne fait pas souvent penser, mais il fait toujours rire.
Coquelin n’a qu’à se présenter et à ouvrir la bouche pour être plaisant. […] Rien de plus plaisant que la façon dont il joue son rôle de faux Arménien. […] » et peu capable d’en aimer un autre, mais se plaisant à jouer avec l’amour. […] Le contraste est si plaisant qu’on ne peut s’empêcher d’en rire. […] Qu’y a-t-il là de spirituel ou même de plaisant ?
Les traits d’un homme ne pouvant pas fournir au plaisant nécessaire pour toute une piece, il est probable que les Auteurs, en offrant au public la figure d’un personnage connu, ne manquoient pas d’étaler ses travers & ses défauts, ce qu’ils ne pouvoient faire encore sans tracer le portrait de son caractere.
Quelques Auteurs ont fait des prologues qui ont un titre, une exposition, une intrigue, un dénouement ; & le plaisant de tout cela, est que plusieurs de ces choses manquent souvent à la piece qui les suit. […] ) Est-ce que tu ne trouves pas cela plaisant ?
En effet, cette comédie larmoyante, absolument privée de comique, n’est, au fond, qu’un monstre né de l’impuissance d’être ou plaisant ou tragique ». […] Alors Armand continua, avec ce sang froid qui le rendoit si plaisant : « La, la, consolez-vous, ne pleurez pas ; mon gentilhomme en fut quitte pour la peur.
je le connoi, dit Arnolphe ; et il ne se peut rien voir de plus plaisant que le changement de son visage, le rapprochement de ses sourcils et la grimace dont il avale cette pilule… Mais Horace ne voit point cela, ou n’en soupçonne point la cause ; et il s’éloigne, bien aise d’avoir parlé de celle qu’il aime, et recommandant le secret, — sans doute pour se laisser le plaisir de le conter lui-même à tout le monde, et Arnolphe, un moment abattu, finit l’acte en courant après lui afin d’en tirer davantage… Un gros bourdonnement s’élève, le parterre applaudit, les loges font les renchéries ; les marquis sur le théâtre se lèvent avec un bruit proportionné à leur importance et vont derrière la scène agacer les comédiennes ou draper Molière chez Molière. […] Mais ce n’est point pour longtemps ; et il révèle à l’ingénue épouvantée que toutes ces choses qu’elle raconte, si plaisantes et si douces, sont des péchés, et des plus gros ; et qu’il entend, si le blondin se représente, qu’elle lui jette la porte au nez et, s’il heurte, un grès par la fenêtre ; et la pauvre petite a beau objecter : Las ! […] ne trouvez-vous pas cela plaisant, seigneur Arnolphe ? ARNOLPHE Oui, fort plaisant….. […] C’est encore Molière qui rouvre le quatrième acte ; et, tout entier à son rôle, il nous peint Arnolphe rongeant son frein, jaune de bile, tantôt poussant de pitoyables soupirs, tantôt crossant du pied, cherchant où décharger son courroux, et à chacune de ces inflexions plaisantes, et de ces brusques changements d’intonation, où il excelle, et que ses rivaux traitent d’affectation, la gaîté se communique et s’accroît.
Il ne faut pas que j’aie compassion des victimes de la fourberie ; il ne faut pas que je m’indigne contre les fourbes ; si le poète laisse la moindre place à l’indignation ou à la pitié, c’en est fait de toute franche gaieté comique ; il ne me fait rire qu’à contrecœur ; je suis mécontent de moi-même, parce que je ris malgré moi, mécontent de sa société de coquins, parce qu’ils sont moins plaisants qu’odieux, mécontent de lui tout le premier, parce qu’il blesse ma conscience en m’amusant. […] Il y en a dans deux ou trois situations fort plaisantes, mais le comique n’égaie que les parties accessoires de l’œuvre ; le ridicule, qui en est l’objet principal, la manie de faire des vers, n’a produit qu’une peinture froide et incomparablement moins gaie que le reste12. […] « Pour ce qui est des enfants par l’oreille, dit-il, ils ne sont plaisants que par réflexion à Arnolphe, et l’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme75. » En ce cas, Molière est parfois comique sans le savoir et sans le vouloir. […] sans doute, le combat ne peut manquer d’être fort plaisant entre l’amour et l’avarice, entre la plus généreuse et la plus égoïste des passions ; mais on oublie une chose, c’est qu’un tel combat est impossible. […] messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis100.
Assez singulier pour surprendre, assez noble pour attacher, assez plaisant pour divertir, il est en effet le grand ressort d’où procède tout le mouvement. […] Dans ses autres pièces, il n’épargne point les laides figures ; mais il se contente de les rendre plaisantes, et nous égayé, sans nous indigner. […] Jugez-en par ses cris dont l’explosion est un chef-d’œuvre de pathétique plaisant : sa colère est de la rage, sa douleur de la démence. […] En effet, rien de plus plaisant que cette nouvelle épreuve où la lésinerie du prétendant est aux prises avec son amour. […] Grâce au tour plaisant qui nous égayé, le péril est conjuré.
tant mieux, c’est ce que je demande, Tous les hommes me sont à tel point odieux, Que je serais fâché d’être sage à leurs yeux, cela ne l’empêche pas de s’écrier plus loin, dès qu’il entend rire : Par la sambleu, messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis !… Il faut pourtant bien qu’il le sache : il est plaisant ; ses morbleu, ses tétebleu, ses palsambleu , ses froncements de sourcils et ses éclats de voix ne le rendent pas terrible le moins du monde ; nous savons très bien qu’avec tout cela, Célimène retournera le hérisson comme un gant, et nous rions. […] Je vous trouve plaisant d’user d’un tel empire Et de me dire au nez ce que vous m’osez dire. […] — Et comment ne serait-il pas plaisant, ce paysan du Danube, ce pourfendeur de toutes les hypocrisies et de toutes les complaisances, qui de la fureur la plus extravagante, se trouve amené, par le nez, à la soumission précisément la plus grosse de compromis et de sous-entendus !
Les raisonnements de Géronte sont très plaisants sans doute, mais ils ont à nos yeux un grand défaut, c’est de ne point reposer sur la vérité. […] Que de métamorphoses plaisantes et dignes du théâtre ne voit-on pas alors s’opérer ? […] Avec le pouvoir impérial s’était établie une censure fort pointilleuse sur tout ce qui touchait à la politique, c’est-à-dire sur ce qu’il y avait alors de plus plaisant et de plus moquable dans les mœurs. […] On sait à combien de scènes plaisantes donne lieu cet étrange souper, et surtout à quel point il excite et fait briller chez l’amphitryon le génie de la lésine. […] Messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis.
Cette piece est tirée d’une comédie danoise intitulée Harni & Périne, & qui est remplie de choses très plaisantes.
L’embarras dans lequel ils le jettent est très plaisant ; les pilules qu’il leur ordonne de prendre font beaucoup rire.
Laisse gronder tes envieux Ils ont beau crier en tous lieux Que c’est à tort qu’on te révere, Que tu n’es rien moins que plaisant ; Si tu sçavois un peu moins plaire, Tu ne leur déplairois pas tant.
Mais le plus plaisant est l’usage que ce Dieu fait de sa métamorphose. […] Parbleu, ce que j’y trouve à redire est plaisant ? […] Vraiment je crois que tu es un plaisant Docteur. […] Plaisant honneur, disait en soi-même le Satirique, à se noircir tous les jours le visage pour se faire une moustache de Sganarelle, et à dévouer son dos à toutes les bastonnades de la Comédie » ! […] Alors Armand, continuant avec ce sang-froid qui le rendait si plaisant : « Là, là, consolez-vous, leur dit-il ; ne pleurez pas ; mon Gentilhomme en fut quitte pour la peur.
Si Moliere eut le bonheur de trouver sous sa main un Limousin assez original pour fournir au plaisant d’une piece, il fit très bien d’en livrer la copie à la risée publique.
Son Misanthrope est si sérieux qu’il se redresse avec une gravité offensée contre les insolents qui osent le trouver plaisant. — Son Tartuffe, il est vrai, ne se prend pas lui-même au sérieux, puisqu’il est Tartuffe. […] Ou les sottises et les travers des personnages ne sont plaisants que pour les autres, ou ils le sont en même temps pour les personnages eux-mêmes ; en un mot, les figures comiques le sont seulement pour les spectateurs, ou aussi à leurs propres yeux, Aristophane, le vrai comique, avait fait de ce dernier caractère seulement la base de ses représentations. […] Molière, en particulier, dans celles de ses fines comédies, qui ne sont nullement du genre purement plaisant, est dans ce cas. […] Ainsi, par exemple, le Tartuffe de Molière, ce faux dévot, véritable scélérat qu’il s’agit de démasquer, n’est nullement plaisant.
Mais pour un faux Plaisant, à grossière équivoque, Qui pour me divertir n’a que la saleté ; Qu’il s’en aille, s’il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le Pont-neuf de les sornettes fades, Aux Laquais assemblés jouer ses Mascarades.
Et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins.
Et les plaisants répondent, il vient pour faire le dénouement. […] Voilà, sur ma parole, un plaisant caractere !
N’est-il pas bien plaisant que Patelin, voulant en imposer à ceux qui prétendront à son alliance, vole un habit précisément à l’homme que ses haillons pourroient le plus rebuter, à M. […] Son maître lui montre à contrefaire les personnes de tous les états, à demander tout ce qui lui fera plaisir ; ce qui fournit quantité de lazzis bien plus plaisants que ceux de la piece françoise.
Ici le sublime est sans cesse à côté du plaisant. […] Mais ni Regnard, toujours bon plaisant, toujours comique par son style, souvent par la situation dans ses Pièces privées de moralité ; ni Dancourt, soutenant par un dialogue vif, facile et gai une intrigue agréable, quoique licencieuse gratuitement ; ni Dufréni, toujours plein d’esprit, Philosophe dans les détails, très peu dans l’ensemble, faisant sortir son comique ou du mélange de plusieurs caractères inférieurs, ou du jeu de deux passions contrariées l’une par l’autre dans le même personnage ; ni quelques Auteurs célèbres par un ou deux bons Ouvrages dans le genre où Molière en a tant donné : rien n’a dédommagé la Nation, forcée enfin d’apprécier ce grand homme, en voyant sa place vacante pendant un siècle.
Les scenes les plus plaisantes sont prises de l’Ecole des Filles, comédie de Montfleury. […] D’Ancourt a sauvé la premiere indécence en donnant à ses amants un but légitime, & une suivante à son héroïne ; mais les coups de bâton lui ont paru trop plaisants pour les ôter : il a trouvé tout simple que la pupille se vengeât ainsi des ennuis que son tuteur lui causoit. […] Voilà précisément ce qui rend d’Ancourt moins excusable : son bout de scene est plaisant, il est bien encadré, dialogué très naturellement ; mais la scene de Moliere a toutes ces qualités, à quoi bon remanier une situation qu’un Auteur fameux a rendue d’une façon à ne laisser rien à desirer ?
L’ignorance de Scapin sur l’espece de perfidie qu’on lui reproche, lui arrache une infinité d’aveux plus plaisants les uns que les autres.
La raillerie échauffoit mes adversaires ; ils ramassoient leurs forces & pensoient me laisser sans réplique, en me disant « que si nos avares ressembloient intérieurement à Harpagon, ils lui étoient tout-à-fait opposés par l’extérieur, puisqu’ils cachoient leur avarice sous un faux air de magnificence, qui, contrastant toujours avec leur passion, pouvoit les rendre très plaisants, sur-tout si un Auteur avoit l’adresse de les mettre dans une situation où ils fussent contraints à faire beaucoup de dépense pour ne pas démentir leur masque ».
Il falloit avoir d’aussi bons yeux que Moliere pour l’appercevoir, & sur-tout autant de génie qu’il en avoit, pour sentir ce que l’idée mieux développée, étendue & dégagée de tout fatras, pourroit fournir de plaisant.
Quand elle dit : il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse ; mais quand je bâille et que je fais bailler les autres, je suis quelquefois prête à renoncer à la dévotion , il n’y a pas de doute qu’elle ne se moque de Gobelin, à qui elle rend directement un compte plaisant du succès de son entreprise avec madame d’Albret.
. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.