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13. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Il vient de voir une jeune personne fiancée à un paysan qu’elle aime beaucoup : il est jaloux de leur bonheur ; il veut le troubler en enlevant la petite paysanne. […] Le Duc se félicite avec son valet de son bonheur. […] D’un autre côté, le Duc fait part de son bonheur à Don Juan, lui dit qu’il est sur le point d’épouser Dona Anna. […] Son ami lui annonce le bonheur de sa fille, lui apprend que le Roi veut la marier avec le Duc Octave son neveu. […] Après une touche si considérable, tu t’étonneras que je me sois exposé à y mettre la main ; mais apprends que je me connois trop pour m’être flatté d’en faire quelque chose d’excellent, & que la Troupe dont j’ai l’honneur d’être, étant la seule qui ne l’a point représentée à Paris, j’ai cru qu’en y joignant ces superbes ornements de théâtre qu’on voit d’ordinaire chez nous, elle pourroit profiter du bonheur qu’un sujet si fameux a toujours eu ».

14. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

que vont-ils projetter pour faire leur bonheur ? […] Mon bonheur est troublé par de justes alarmes ; Et je suis près de voir le Baron possesseur Du bien que sa poursuite enleve à mon ardeur. […] belle Philis, Se pourroit-il que l’amoureux Tircis    Eût assez de bonheur Pour avoir quelque place dans votre cœur !

15. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Tandis que mes malheurs combleront vos souhaits, Je ferai mon bonheur de ne vous voir jamais ; Dans mon désastre affreux c’est ce qui me console, Et j’espere. . . . . . . […] Vous êtes belle, aimable, généreuse ; Mais vous êtes hautaine, inquiete, orgueilleuse : Le bonheur du prochain vous cause de l’ennui, Et vous amaigrissez de l’embonpoint d’autrui. […] Le soin d’en amasser occupe tout le cœur, Et quiconque s’y livre y trouve son bonheur.

16. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

En épousant Armande, dont il nous fait un portrait si gracieux et si piquant dans Lucile du Bourgeois gentilhomme, Armande élevée sous ses yeux et par ses soins, il croyait assurer le bonheur de sa vie, oubliant, lui le profond connaisseur du cœur humain, que la reconnaissance ne tient pas lieu d’amour37. […] Son bonheur domestique reçut bientôt de cruelles atteintes. […] De bonne foi, cet homme de bien qui est allé se fourvoyer dans le salon d’une Célimène, ce cœur honnête et profondément épris, obligé de prendre ombrage de jeunes fats, n’est-ce pas Molière qui a dévié de la ligne de son bonheur en aimant, en épousant une incorrigible coquette ? […] N’est-ce pas une prière touchante adressée à cette ingrate pour la ramener à lui et la décider à partager son bonheur et sa retraite d’Auteuil ?

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Don Lope s’excuse, mais conseille à Jacinthe de ne pas désabuser Don Sanche, leur union devant naître de son erreur : elle ne veut pas d’un bonheur qui terniroit la gloire de l’un & de l’autre, & qui la rendroit indigne de son amant : elle lui ordonne de se montrer innocent en découvrant quel est le coupable. […] Par quel bonheur es-tu chez moi à cette heure ? […] Thowart trouve, dit-il, un bon expédient pour accorder l’honneur de son ami avec la jouissance de Fanni : il lui conseille de ne faire avec elle qu’un mariage simulé, qu’il pourra rendre plus valable si sa passion subsiste après le bonheur.

18. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Bien plus, la jolie et coquette Armande, qui s’est laissée prendre aux célestes théories De l’union des cœurs où les corps n’entrent pas499, y perd un honnête mari et le bonheur domestique. […] Et pourtant, comme, parmi ces grands élans d’amour, ils songent sérieusement aux enfants, au ménage 520, à la fortune même521, en tant qu’indispensable pour rendre le bonheur et la vie possibles ! […] Toutes les qualités qui peuvent assurer le bonheur conjugal sont prêchées : la confiance, la douceur, les soins réciproques, l’indulgence ; tous les devoirs imposés aux époux sont affirmés : affection, dévouement, secours, fidélité.

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

 Un feu nouveau qui circule en mes veines, Qui charme en même temps & redouble mes peines, De mon bonheur détruit prouve la vérité. […] Et la vie est un songe trompeur : La vertu seule est constante & réelle :  Le vrai bonheur est dans le bien,  Tout le reste est compté pour rien. […] Il cede le trône à Sigismond, Et ne veut se livrer, dans sa douce vieillesse, Qu’au bonheur d’être pere & d’avoir un tel fils.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Pour moi, si j’ai le bonheur de retourner dans mon pays, j’emploierai tout le pouvoir que j’ai sur l’esprit paternel pour le porter à se faire un plaisir de te tirer d’esclavage. […] Tu es à présent mon maître, mon patron, tu es mon pere ; je te recommande mes espérances, mon bonheur & ma vie...... […] Maintenant, illustres Spectateurs, si cette piece est de votre goût, & si nous avons eu le bonheur de ne point vous déplaire, faites-le voir par des applaudissements.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Après les sentiments qu’il vous a fait connoître, Fâchez-vous, éclatez autant qu’il vous plaira, Il vous dira toujours, & vous répétera Que son amour pour vous est fondé sur l’estime ; Que la raison l’éclaire & la vertu l’anime ; Qu’elles l’ont affermi dans son culte secret, Et qu’il adore en vous un mérite parfait ; Qu’il l’avouera tout haut, qu’il s’en fait une gloire ; Qu’il fuit tout autre nœud ; que vous devez l’en croire ; Qu’il met à vous fléchir son bonheur le plus doux, Et qu’il sera constant, fût-il haï de vous. […] Le bonheur le plus grand, & plus digne d’envie, Est celui d’être utile & cher à sa patrie.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

On ne pourroit pas mieux combattre les monologues si l’on n’avoit souvent remarqué qu’un homme vivement affecté d’un bonheur ou d’un malheur qui vient de lui arriver, se plaint où se félicite tout haut, qu’il fait des réflexions sur son état présent & à venir, tout le temps où, à force de sentir vivement, il est hors de lui-même. […] Courons de ce bonheur informer ma maîtresse.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Si nous n’avons pas le bonheur de rencontrer un caractere commun à toutes les nations, prenons un caractere propre à une nation seule. […] Pour faire ton bonheur.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Pour comble de bonheur, Valere, marié secrètement, ne peut s’opposer aux vœux de Célie qui épouse son amant, de l’aveu même de Gorgibus. […] Arlequin se présente, il n’a pas le bonheur de plaire à Scapin qui le renvoie, & qui entre ensuite avec sa sœur dans le cabaret.

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

ce fut justement à ce moment-là de son triomphe (derniers moments du bonheur poétique, moments sacrés de cette pure joie des beaux-arts ; pour ces moments-là le dernier bandit des Abruzzes aurait de l’enthousiasme et du respect), qu’un homme caché, perdu dans la foule, attendait mademoiselle Mars, le poignard à la main. […] » Au Misanthrope, un bonheur assez rare est arrivé ; Le Misanthrope devait avoir une suite (ici n’est pas le miracle ; on a la suite de Don Quichotte, on a la suite de Manon Lescaut).

26. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Cette sympathie, en s’exaltant dans leur âme, aidait le roi à concevoir le véritable amour où les puissances morales surpassent les jouissances physiques, et à substituer en lui des idées de bonheur aux idées de plaisir. […] Le plaisir n’est pas le bonheur sans cloute, mais il aide à l’attendre.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Quelque bonheur qu’on me promette Dans les nœuds qui me sont offerts, J’eusse encore préféré Colette À tous les biens de l’univers.

28. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Quand il s’agit de physique, par exemple, il n’y a que la matière subtile et les tourbillons, c’est-à-dire des hypothèses fort hasardées, qui ont le funeste bonheur de plaire à Armande et à Philaminte. […] Gassendi définit le bien et le mal : « Rem, bonam voluptatis effectricem, malam molestive, »ajoutant, « neque obstat vero, quod res quae uni pilcet, alii dtspliceat (55). » — Son fidèle disciple et traducteur, Bernier, conclut de là « que ce n’est pas merveille si autant qu’il y a d’hommes, autant il y a d’opinions différentes, » et comme on le voit, il s’agit d’opinions sur le bien et sur le mal, continue Damiron qui le cite (56). — Gassendi enfin désigne nettement pour but de la vie le bonheur et le bien à cause du bonheur. […] Pour Gassendi, en effet, le principe de la morale s’appelle le bonheur, — pour Molière il s’appelle ?

29. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

— Ô bonheur ! […] Ô bonheur ! […] Molière, en ce moment, était dans toute la joie et dans tout le bonheur du triomphe. […] Quelle vie et quelle suite incroyable d’émotions, de triomphes, de calomnies, de haines, de bonheur, de désespoirs ! […] L’amour habite de préférence l’hôtel de l’impécuniosité, cette humble maison toute remplie de sourires, d’insouciance et de bonheur.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Dans la piece moderne, Patelin a le même projet ; mais cet habit doit en imposer aux partis qui se présenteront pour sa fille : par-là les desseins du nouveau Patelin nous paroissent moins criminels, & nous nous intéressons en quelque façon au succès de ses ruses, le bonheur de sa fille en dépend. […] Agnelet, sans être moins comique dans la nouvelle piece que dans l’ancienne, y devient plus intéressant ; il ne vole pas son vieux maître pour son compte ; son rôle est sur-tout bien plus essentiel, puisqu’il travaille de concert avec Colette au bonheur des amants. […] Il s’agissoit de mettre sur la scene quelque autre chose qu’un Eunuque ; après y avoir rêvé, j’eus le bonheur d’imaginer le premier un Muet : cette idée me rit ».

31. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Je ne crois pas que la précocité soit un bonheur. […] On dirait que l’illustre vaincu des luttes conjugales prodiguait les concessions pour fléchir le monstre souriant qui dévorait son bonheur. […] Ce fut d’abord Ariste qu’il appela Chrysalde pour cette fois, un cousin germain de Philinte, un oncle imperturbablement paisible de notre provoquant Desgenais; ce fut ensuite Sganarelle vieux garçon, bien plus brave sous son pseudonyme d’Arnolphe, érigeant en système la férocité de ses pressentiments et cachant un rayon dans sa cave pour avoir le soleil à lui tout seul; puis Horace, un Cléanthe plus indiscret qui va criant à tue-tête la chanson de son bonheur; puis enfin, mais celle-là était une trouvaille : la perle dans sa nacre, l’ingénue à toute outrance, Agnès dont la naïveté fait feu au moindre choc, Agnès dont l’ignorance éclaire et qui a plus d’esprit dans le petit doigt de sa niaiserie que toutes les déniaisées du monde dans leur esprit.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Caracteres propres à tous les rangs. » pp. 328-330

Quand on a le bonheur de rencontrer un de ces caracteres, il faut placer le personnage qu’on prend pour son héros, dans un rang qui le mette à la portée de tous les autres : il faut enfin prendre pour modele Moliere dans son Bourgeois Gentilhomme.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

  La scene de Moliere, à la voir du côté que nous l’offrons, est meilleure que celle de Plaute, puisqu’Harpagon résiste par avarice aux prieres de sa fille, qui le conjure de ne point faire son malheur, & qu’Euclion, loin de savoir s’il rend sa fille infortunée, croit au contraire faire son bonheur en l’unissant à un homme assez généreux pour la prendre sans dot. […] Désespéré de trouver un rival chéri dans son fils, il rejette d’abord cette idée importune : il se livre ensuite aux soupçons ; &, pour découvrir la vérité, il fait appeller Monime ; il feint avec elle de se rendre justice, de se trouver lui-même trop vieux pour unir son sort au sien, & lui offre de céder ce bonheur à son fils Xipharès, pourvu qu’elle n’étende pas sa haine jusques sur lui. […] Je souhaite à Euclion un bonheur solide & constant. […] Pantalon s’approche alors de son trésor pour le disperser avec mépris, s’en débarrasser : mais il le voit ; sa passion renaît ; il le regarde avec tendresse, se précipite sur lui, le met dans son sein, & tout en gémissant de l’instant fatal qui doit les séparer, il dit qu’il aura du moins le bonheur de le posséder sans partage tant qu’il vivra.

34. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Cherchant le bonheur en ce monde, l’épicurien demande à la vie tout ce qu’elle peut donner. […] Existence facile et large, luxe domestique, laisser-aller, ce n’est qu’une part du bonheur épicurien ; il y faut encore et surtout l’amour. […] Toutes les sortes d’amour lui portent bonheur ; il les exprime avec une vérité suprême, soit en de petites scènes où l’action se pose un moment, mais qui ne tiennent à l’intrigue que par un fil léger, ou dans des pièces entières, inspirées de lai seul. […] Plus il réunissait autour de lui les élémens du bonheur, plus le bonheur le fuyait. […] « Ils ne font rien, dit-il des uns, que recevoir la gloire des heureux succès ; ils profitent du bonheur du malade et voient attribuer à leurs remèdes tout ce qui vient des faveurs du hasard et des forces de la nature. » Il dit de l’autre : « C’est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes. » Dans la seconde, il est plein d’une telle rancune contre la médecine que, pour la satisfaire, il sacrifie la vraisemblance.

35. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Une seule pensée poursuit Arnolphe : la satisfaction des éléments instinctifs, bizarres, extravagants, qui composent son affreux caractère, sans tenir compte du bonheur de sa pupille. […]  » Quelle admirable peinture de la peine causée par le bonheur d’autrui et de la jouissance causée par le mal, non pas tant pour en tirer profit que pour le mal lui-même ! […] Pour atteindre ce but, le plus important en vue de leur bonheur sans contredit, favorisez l’éducation morale par la culture des bons sentiments, du bon sens, leur dirai-je ; combattez énergiquement les causes de perversion qui pressent le peuple de toute part. […] fasse le ciel équitable que ce penser soit véritable et que pour mon bonheur elle ait perdu l’esprit !  […] Concluons encore que si nos législateurs et nos gouvernants croient avoir tout fait pour l’amélioration de la jeunesse et le bonheur du peuple en créant des écoles au profit de l’intelligence et de l’instruction, ils se trompent étrangement.

36. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Quelque embrouillées que soient les affaires de la maison, Elmire songe à tout, à son honneur à elle, au bien de son mari, à la réputation des siens, à la paix du ménage, à l’avenir et au bonheur des enfants. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé !

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Jupiter descend du haut des Cieux, pour avouer à Amphitrion qu’il a occupé sa place pendant son absence, lui promet un bonheur infini & beaucoup de gloire. […] Enfin Amphitrion emploie la troisieme & derniere scene à se féliciter de son bonheur. […] Le grand Dieu Jupiter nous fait beaucoup d’honneur, Et sa bonté sans doute est pour nous sans seconde :  Il nous promet l’infaillible bonheur  D’une fortune en mille biens féconde, Et chez nous il doit naître un fils d’un très grand cœur,   Tout cela va le mieux du monde :   Mais enfin coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

belle Philis,   Se pourroit-il que l’amoureux Tircis    Eût assez de bonheur  Pour avoir quelque place dans votre cœur ? […] Dieux, Rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde, Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ? […]   De là dépend votre bonheur.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Par conséquent, s’il a le bonheur de trouver un sujet propre à remplir ces deux objets, qu’il s’en empare bien vîte, crainte qu’on ne lui enleve un bien devenu si rare & si précieux ; mais qu’il se garde bien de rejetter celui qui prête seulement au comique. […] Loin de voir dans aucune des principes dangereux, nous trouverions dans deux ou trois des détails très moraux, & dans toutes les autres, un fonds de philosophie qui annonce le Précepteur du genre humain, & un Sage qui, non content de rendre les hommes meilleurs en épurant leurs ames, veut faire leur bonheur en combattant leurs chimeres, tâche de les rendre plus savants dans une infinité d’arts en dévoilant à leurs yeux l’ignorance & le mauvais goût, & finit enfin par les rendre plus agréables dans la société, en combattant leurs travers & leurs ridicules. […] Des importuns ne font pas l’acquisition d’une maison, d’une nouvelle caleche, d’un beau cheval, sans en faire la description à tous ceux qu’ils rencontrent : ils font part de leurs projets, de leur bonheur, de leurs infortunes à tout le monde indifféremment. […] Sa femme a trouvé le portrait à terre ; elle n’a fait entrer un instant Lélie dans sa maison, que parcequ’il se trouvoit mal : Lélie enfin ne l’a félicité sur son bonheur, & ne lui a parlé de son amour, que parcequ’il l’a cru l’époux de Célie qu’il adore ; & le mari détrompé s’écrie : A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi ?

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Quelque bonheur qu’on me promette, Dans les nœuds qui me sont offerts, J’eusse encor préféré Colette A tous les biens de l’univers.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

pourquoi si long-temps me cacher mon bonheur ? […] Enfin le ciel plus doux, touché de ma misere, Lui fit naître en l’esprit un dessein salutaire ; Il partit, me laissant par bonheur sans enfants.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Valere est instruit par le billet doux de tout son bonheur. […] La Dame devint passionnément amoureuse d’un jeune homme qu’elle voyoit souvent passer sous ses fenêtres ; mais elle ne savoit pas comment l’instruire de son bonheur.

44. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il est donc heureux pour la scène française qu’il ait vécu dans les premières années de Louis XIV ; c’est un bonheur non moins grand pour le monarque, car le siècle qui porte son nom eût perdu le plus beau fleuron de sa couronne littéraire. […] Molière à son bonheur doit tous ses avantages ; C’est son bonheur qui fait le prix de ses ouvrages. […] Toutefois on ne peut dénier que Molière n’ait bien de l’adresse ou du bonheur, de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises pièces. […] il se hâte de répondre : Il m’en a dit deux mots ; mais, madame, à vrai dire, Ce n’est pas le bonheur après quoi je soupire.

45. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Affligé d’une Armande Béjart, aigre, coquette, infidèle, inconsciente surtout de son génie ; entouré d’inférieurs ; indigné des basses manœuvres de ses ennemis ; cherchant vainement la paix du cœur et celle de l’âme, il put rêver comme le plus haut idéal de bonheur auquel l’humanité doive réellement prétendre, la bienveillance, la bonté, la franchise et cette vie de famille saine, affectueuse, cette existence calme et paisible, que lui ne connut jamais. […] Au nom de la nature, il proclame que la femme a droit au bonheur. […] On ne saurait certes mieux rappeler et proclamer à quel point l’autorité ferme et résolue du père est indispensable au bonheur de cette famille, mais cette haute leçon perd toute apparence dogmatique et didactique, quand elle est donnée par un frère auquel son cœur et sa raison dictent à la fois ce qu’il dit.

46. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

que, si de vos mains je rattrape mon cœur, Je bénirai le ciel de ce rare bonheur ! […] Une fois sa marmite rendue, l’Avare se métamorphose même en un père de famille affectueux et libéral, qui ne s’oppose point au bonheur des deux amants : car il les marie, et les dote de son trésor. […] Henriette et Clitandre ont la récompense d’un amour généreux, Armande et Bélise se voient punies de leur vanité par le bonheur d’une rivale. […] Ce n’est pas que le bon sens et le cœur fassent défaut à ce père qui aime sa fille et désire son bonheur ; mais toute volonté lui manque. […] C’est dans l’intérêt de leur bonheur qu’elle défend le sien : car ils seront malheureux avec elle.

47. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Alors, plus régulière dans sa marche, la comédie s’attacha uniquement à scruter profondément notre cœur, à en sonder les replis, et à provoquer le rire par la peinture exacte et véridique des vices, des ridicules qui influent sur toute notre existence, nous font envisager les objets sous un point de vue absolument faux, égarent notre jugement, et nous empêchent souvent de jouir du bonheur que le sort nous avait accordé. […] Le but de Molière a été de dépouiller la vertu de son austérité, de lui marquer ses véritables limites, de la pénétrer de cette grande vérité, que l’excès en tout peut devenir répréhensible ; que, fait pour vivre avec ses semblables, le sage, pour son propre bonheur et la tranquillité de la société, doit être indulgent pour les fautes des autres hommes.

48. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Quelle société était-ce, en effet, que celle où le mariage excitait de telles railleries qu’un philosophe même n’osait les braver, et se voyait contraint, pour s’y soustraire, de cacher avec le plus grand soin les liens respectables et sacrés auxquels il devait le bonheur ! […] L’Harpagon de Molière est un homme dont les immenses richesses, loin de contribuer à son bonheur, lie servent qu’à le tourmenter. […] Quel bonheur !... […] Mais, par bonheur, on n’est pas grand comédien à la condition d’exceller dans tous les rôles; s’il en était ainsi, aucun ne mériterait ce titre. […] Molière devait, avec raison, redouter l’éclat d’une rupture : il sacrifia son bonheur et sa tranquillité à ce qui lui semblait son devoir.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Aurore est promise à Dom Lope : un rival s’oppose à leur bonheur ; Dom Lope le tue, il est obligé de partir.

50. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il jouit d’un bonheur très mélangé dans ses premières affections; mais il crut avoir mieux trouvé le jour où il épousa Armande Béjart, connue dès lors sous le nom de Mlle Molière. […] Comme poète comique et de verve, il eut le rare bonheur, non seulement de ne faiblir jamais, mais de se renouveler sans cesse, en sorte que sa carrière ressemble à une course de plus en plus rapide et pétulante, jusqu’au moment où la mort l’interrompt brusquement. […] Amoureux de la gloire, et partout invincible, Il mettait son bonheur à paraître insensible. […] Alceste, en les quittant, n’aurait pas besoin de faire des vœux pour leur bonheur; ce bonheur est assuré; il n’aura rien d’exalté, rien de très profond, mais il sera égal, doux et tranquille : Philinte et Eliante auront lieu d’être contents l’un de l’autre. […] que si de vos mains je rattrappe mon cœur, Je bénirai le ciel de ce rare bonheur !

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Si, par bonheur, j’ai pu vous divertir,  Si mon babil a su vous plaire, Daignez le témoigner tout haut.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Mon aspect vous étonne : Je n’étois surement attendu de personne ; Mais, par un grand bonheur, c’est moi que vous voyez.

53. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Certes, si les comédies tournent bien, si l’amour honnête et le désintéressement sont récompensés, si le bonheur des fils et des filles est assuré, ce n’est pas la faute des pères, et ils n’y méritent guère de reconnaissance. […] qui songe à leur éducation et à leur bonheur ?

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Par un vieux Corsaire d’Alger De chaînes je me vois charger, Ainsi conduit droit eu Turquie, Où je croyois passer ma vie Dans le serrail du Grand Seigneur, Où je fus placé par bonheur, Pour y coeffer toutes les belles, Et même pour veiller sur elles. […] quel bonheur est le nôtre !

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Quel bonheur est le tien ! […] On n’espere point de le voir cesser, quand Ariste apporte des lettres qui font croire à Trissotin qu’Henriette n’a plus de bien : alors son amour s’envole : celui de Clitandre augmente par l’espoir de contribuer tout seul au bonheur de ce qu’il aime, & de sa famille.

56. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Il naît d’une conformité des âmes, qui sentent, par un penchant dominateur, qu’elles sont faites de manière à être heureuses ensemble : une vue intérieure fait découvrir à chacune d’elles que l’autre possède les qualités nécessaires pour le bonheur commun ; et un irrésistible attrait les pousse à se chercher et à s’unir pour la vie. […] Pour amener le bonheur qu’ils n’ont pas la raison ni. l’énergie de chercher par eux-mêmes, Lélie s’abandonne à un Mascarille 448, Ascagne à une Frosine 449.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il était fiancé à Laudomia, sœur de Celia ; mais Laudomia a été enlevée par des corsaires ; on n’a plus eu de ses nouvelles ; le capitaine a résolu d’épouser celle des deux sœurs qu’il a le bonheur de retrouver.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Mais quand, dans le reste de la scene, Micio a la patience de se dire à lui-même que ce fils n’est pas son fils, qu’il est à son frere, que ce frere a une humeur tout-à-fait opposée à la sienne ; que lui Micio a toujours vécu à la ville d’une maniere douce & tranquille, qu’il a pris le parti des gens qui aiment le repos & qui font consister le bonheur à ne pas se marier ; que son frere au contraire a passé ses jours à la campagne, qu’il a pris une femme dont il a eu deux fils : quand Micio se dit qu’il a adopté l’aîné ; quand il se fait une récapitulation de tout ce qu’il lui donne, des bontés qu’il a pour lui, des querelles qu’il essuie de son frere par rapport à cela, &c. quand il a la bonté de se régaler de quarante-cinq vers pour se rappeller tranquillement une chose qu’il n’a surement pas oubliée, je m’écrie, voilà qui n’est pas vraisemblable ; &, d’après cela, je conclus hardiment que l’exposition est mauvaise. […] Mais à quel propos Hector nous parle-t-il des plaisirs qu’il goûteroit s’il avoit eu le bonheur de servir un financier ?

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Dupuis, seul, est quelque temps attendri par le sort malheureux des deux amants : mais il ajoute avec fermeté que l’hymen une fois fait il seroit abandonné, & qu’il ne veut pas se rendre infortuné pour faire le bonheur des autres. […] Mariane accourt, demande à son pere s’il veut qu’elle attende le bonheur à sa mort.

60. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Ce genre de dénouement n’est ni moral, ni vrai, ni vraisemblable : il est simplement pratique, et s’il est volontiers accepté par le public, c’est parce qu’il répond au désir secret qu’éprouve chacun de voir le bonheur des bons et le châtiment des méchants : il répond à notre sens moral, mais il ne peut aucunement être accepté. comme une sanction morale ; car, au contraire, la morale serait détruite, si chaque bonne ou mauvaise action entraînait immédiatement récompense ou peine ; la liberté disparaîtrait, et l’homme, esclave d’une crainte continue, n’aurait plus d’autre conscience que l’intérêt immédiat et la conservation. La sanction de la morale de Molière est dans le sentiment de joie et de dignité qu’inspire le devoir accompli ; dans l’estime de soi-même et des autres consciencieusement acquise ; dans l’espoir du bonheur pur et sans remords que la vertu seule peut donner ; dans la sérénité d’âme et la tranquillité de cœur que porte en soi le seul honnête homme.

61. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Molière, en un mot, n’a jamais contredit les lois sur lesquelles doivent reposer l’ordre et le bonheur de la société : c’est à tort qu’il a été accusé de cette tendance par des critiques de mauvaise humeur. […] Marivaux a même essayé, dans l’Heureux Stratagème, de donner une imitation de la Princesse d’Elide; mais il n’y a pas réussi avec autant de bonheur que dans ses autres ouvrages. […] Ces sarcasmes mis dans un des plateaux de la balance, l’emportent quelquefois sur le caprice et l’amour-propre, et empêchent un homme de compromettre, dans une union mal assortie, le bonheur d’une existence entière. […] Voilà un bonheur que ne lui aurait pas valu sa sainteté. […] Il admirait le bonheur de son fils, et l’utilité du lansquenet.

62. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Dans la seconde, quel tableau touchant et vrai des dépits, des raccommodements amoureux, et de tous ces riens charmants, brillante aurore du bonheur ! […] Le surintendant trouva une cruelle, et bientôt s’écroula l’échafaudage de son vain bonheur. […] Aussi, le 20 février 1662, crut-il faire un long bail avec le bonheur en contractant ce mariage, qui devait avoir sur le reste de sa carrière une si fâcheuse influence. […] C’était pour Chapelle un bonheur extrême d’entraîner quelquefois dans leurs réunions le satirique à cet excès. […] Enfin, s’étant appesantis sur cette maxime des anciens que « le premier bonheur est de ne point naître, et le second de mourir promptement », ils prirent l’héroïque résolution d’aller sur-le-champ se jeter dans la rivière.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Je suis fâché, pour la gloire de son Scapin, que ses fourberies redoublées ne contribuent pas au bonheur des amants qu’il protege.

64. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Le mal est fait : Paris aura le bonheur de jouir, dans un an, d’un exécrable monument de plus.

65. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Lisandre, au lieu de songer à ce qu’il pourra dire à Manille, ne songe guère qu’au bonheur où le mettra la vue de Lucinde ; il oblige Fripesauces à lui faire cent recommandations, après lesquelles il ne laisse pas de poser des questions futiles.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Silvio & Lucindo les remplacent : le dernier confirme à son ami le bonheur de Flaminio. […] Elles les suivent en tâchant en vain de se faire écouter, & cedent la place à Pantalon, qui se plaint de ce que Lucindo n’arrive point, & qu’il differe par-là son bonheur, puisque Béatrix ne le veut absolument épouser qu’après l’arrivée de ce frere.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Isabelle veut écrire à son amant des choses très essentielles pour leur bonheur commun ; mais elle n’a personne à qui elle puisse confier son secret : elle projette de faire remettre sa lettre à celui qu’elle aime par Sganarelle lui-même.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Goûtez à pleins transports ce bonheur éclatant : Mais sachez qu’on n’est pas encore où l’on prétend.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Viens ici, ignorante & étourdie ; je te puis bien appeller ainsi, puisque tu n’entends point raison, & que tu fuis ton bonheur.

70. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Quand Goethe déclare que « Klopstock n’avait aucun goût, aucune disposition pour voir, saisir le monde sensible, et dessiner les caractères », quand il trouve ridicule cette ode où le poète suppose une course entre la Muse allemande et la Muse britannique, quand il ne peut supporter « l’image qu’offrent ces deux jeunes filles courant à l’envie à toutes jambes et les pieds dans la poussière » : à ce moment-là Goethe est moins content, moins heureux, il jouit moins du plaisir de vivre, du bonheur de sentir que madame de Staël, qui traduit avec enthousiasme cette même ode, et déclare fort heureux tout ce que Goethe trouve ridicule.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Deux Bergers se rappellent successivement le bonheur dont ils jouissoient sous les Guises, & les malheurs que certainement leur mort va occasionner, sur-tout aux habitants infortunés des campagnes.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

Diderot sur sa parole ; mais je sens bien vivement le bonheur de me trouver de son sentiment à l’égard des pieces de théâtre.

73. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

J’ai voulu que l’innocence de mon choix me répondit de mon bonheur: j’ai pris ma femme pour ainsi dire dès le berceau.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Si, malgré cet objet qui vous a pu surprendre, Prince, vous me rendez ce que vous devez rendre, Et ne demandez pas d’autre preuve que moi Pour condamner l’erreur du trouble où je vous vois ; Si de vos sentiments la prompte déférence Veut, sur ma seule foi, croire mon innocence, Et de tous vos soupçons démentir le crédit, Pour croire aveuglément ce que mon cœur vous dit, Cette soumission, cette marque d’estime, Du passé, dans ce cœur, efface tout le crime : Je rétracte à l’instant ce qu’un juste courroux M’a fait, dans la chaleur, prononcer contre vous ; Et, si je puis un jour choisir ma destinée, Sans choquer les devoirs du rang où je suis née, Mon bonheur, satisfait par ce respect soudain, Promet à votre amour & mes vœux & ma main. […] comme elle doit confondre le Prince, augmenter chez lui les regrets de s’être emporté pour un billet doux qui lui annonce son bonheur, & d’avoir, par des éclats impérieux, récompensé si mal les bontés d’une tendre amante !

75. (1871) Molière

Il eut ensuite ce grand bonheur, de commencer avec Louis XIV, profitant de la jeunesse du roi, de ses loisirs, de ses amours. […] Même on a retrouvé, par grand bonheur, un billet de douze cents livres, consenti par Baron, au fameux fripon Rollet, et contresigné Molière Eh bien !

76. (1900) Molière pp. -283

Oui, dit-il, goûtez à votre aise et justement en celle-là tant de fins mérites et de solides vertus ; mais, en songeant à son avenir de femme (comme à celui des filles que vous voulez former sur ce modèle), n’applaudissez pas trop à ce qui entre de maturité précoce et de virilité d’esprit dans cet idéal créé par le poète ; et, telle qu’elle est, ne vous promettez pas pour elle, aussi sûrement que vous le faites, un bonheur, un particulier lot de bonheur, dans le mariage, qui ferait exception au mélancolique arrêt prononcé par l’auteur des Maximes : « Il y a de bons mariages ; il n’y en a pas de délicieux7 ». […] Il y a deux portions dans cette vie, la portion obscure et la portion glorieuse ; cherchez dedans un temps de bonheur : vous ne l’y découvrirez pas. […] mais la vengeance troublerait sa quiétude, son seul bien, son seul bonheur ; il ne peut oublier qu’il ne doit jamais faire un pas plus vite que’ l’autre dans le monde de privilégiés qui pèse sur lui. […] Observant à la fois son âme, son esprit, son corps, son bonheur domestique détruit, sa situation dépendante, la mort imminente, proche et certaine, il est probable qu’il trouva à ridiculiser les médecins le même genre de plaisir âcre qu’il trouvait à jouer de sa personne les Dandin, les Sosie et les Sganarelle. […] Il est utile pour le bonheur même des peuples qu’ils nous placent aussi loin et aussi haut que leur imagination peut porter.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Elle lui dit que si elle étoit fille, son bonheur seroit de lui plaire.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

 L’an que Zaïre enchantera la terre, O Théâtre François, quel sera ton bonheur !

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

 Sentez-vous bien votre bonheur ?

80. (1802) Études sur Molière pp. -355

Flaminio, de son côté, ne se pique pas de discrétion ; il fait confidence de son mariage à son frère Silvio, et celui-ci ne sait comment arranger ce prétendu hyménée avec le bonheur qu’il a de passer toutes les nuits sous le balcon de Beatrix, à l’entretenir de son amour. […] Ma mémoire me sert encore assez bien, pour que je puisse dire à nos jeunes premiers 15 : si vous avez jamais le bonheur de jouer la belle scène qui donne le titre à la pièce, ne cherchez pas à mettre la manière à la place de la nature. […] Le spectateur apprend, par la bouche de Mercure, que Jupiter, sous les traits d’Amphitryon, est avec Alcmène, et que, pour prolonger son bonheur, il a triplé la durée de la nuit. […] Jupiter, au bruit du tonnerre, apprend à son rival qu’il l’a remplacé pendant qu’il se battait, lui promet un bonheur infini, et remonte vers l’Olympe. […] Le Mercure du poème latin débite tout uniment le prologue au public ; le Mercure du poème français, en s’adressant à la Nuit, qu’il prie de tripler le bonheur de Jupiter, ne détruit pas l’illusion, et remplace, par un dialogue charmant, l’ennui d’un long monologue ; cependant Boileau préférait le prologue latin61.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Mais tel qui en fait bien cinq avec un sujet passable, peut avoir le bonheur d’en trouver un qui ne lui permette pas de se resserrer dans les bornes ordinaires.

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