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24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Il lit la moitié d’une lettre écrite de la main d’Elvire. […] Elle écrit à son frere, & lui fait part des égards, des bons traitements que le Roi de Valence a pour elle. […] Il se plaint à son tour de ce que Délia n’a pas fait réponse à une lettre qu’il lui a écrite : Délia lui répond qu’elle n’a pu écrire elle-même, parcequ’elle s’est blessée à la main droite, en brodant ; mais que la Princesse, sensible à sa peine, a bien voulu faire réponse pour elle. […] Elle écrit à la Duchesse de Tyrol. […] Il brûle de lire ce que son amante écrit.

25. (1739) Vie de Molière

Elles sont en prose et écrites en entier. […] On voit que Molière perfectionna sa manière d’écrire, par son séjour à Paris. […] Il n’y a que le premier acte et la première scène du second, qui soient en vers : Molière, pressé par le temps, écrivit le reste en prose. […] Celui qui écrit ceci, a vu la scène écrite de la main de Molière, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de l’auteur. […] C’est la première comédie que Molière ait écrite en vers libres.

26. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

C’est la loi de l’art d’écrire. […] Jamais la puissance de la parole écrite ne s’est plus complètement manifestée. […] Quand Molière l’écrivit, c’était une action de courage. […] C’est pourtant un philosophe qui sait lire et écrire ! […] On a écrit et débité de grandes sottises au nom de la nature.

27. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Voici un extrait authentique de la première partie de ce curieux journal, de celle qu’il écrivit en France. […] Comment a-t-on pu élever son âme jusqu’à voir avec transport ces farces monstrueuses, écrites par un histrion barbare dans un style d’Allobroge ? […] En 1804, il écrivit sa Poétique. […] Il n’était pas écrit au livre du Destin, que Plaute ferait tout à coup détonner Sosie dans sa comédie d’Amphitryon. […] Il faut avouer que Phèdre écrit avec une pureté qui n’a rien de cette bassesse. » Voltaire, Écrivains du siècle de Louis XIV.

28. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Au mois de mars de la même année, c’est elle-même qui écrit à sa fille, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, pour le samedi suivant, la lecture des Femmes savantes et Le Lutrin de Despréaux. […] Cette dame, alors âgée au moins de 60 à  ans, d’une santé très délicate, ne voyait du monde que chez elle, et c’est sans doute pour cette raison qu’il en est peu parlé dans les écrits concernant les grandes sociétés de cette époque. […] La crainte de respirer un air trop froid ou trop chaud, l’appréhension que le vent ne fût trop sec ou trop humide, étaient cause qu’elles s’écrivaient d’une chambre à l’autre. […] On n’écrivait que les contrats de mariage ; de lettres, on n’en entendait pas parler. » Vers 1665, parut dans le monde une femme d’un autre genre, moins brillante, mais probablement plus aimable. […] Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 14 juillet 1680 : « Vous me demandez ce qui a fait cette solution de continuité entre La Fare et madame La Sablière : c’est la bassette ; l’eussiez-vous cru ?

29. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Il écrivit en marge cette notule, que la publication récente de M. […] Je vis, dans le fatras des écrits qu’il nous donne. […] On disait, écrit M. […] Afin qu’on ne se méprenne pas sur le personnage, son nom est écrit à ses pieds. […] Partout, ils écrivaient Fleurant.

30. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Par-là s’explique la fréquence de ses emprunts — sa mémoire étant chargée des œuvres d’autrui, — sa facilité à écrire, et à rimer, et la nature de ses « ficelles ». […] Car cette cour pour laquelle il écrit, et pour laquelle il a plaisir à écrire, est celle de Louis XIV, où préside un roi qui connaît la plaisanterie, mais qui ne la veut pas sans quelque apprêt, ni surtout sans quelque choix. […] mais il s’agit bien d’une manière d’écrire habituelle à Molière. […] Et si le Distrait, Turcaret, le Glorieux, le Méchant, sont des comédies assez bien écrites, qui font honneur à leurs auteurs, mais qui en font peut-être moins à la scène française, et dont la froideur pourrait venir d’être précisément trop bien écrites, on peut dire en revanche de Molière qu’il eut écrit moins bien, s’il avait mieux écrit ; que son style serait moins essentiellement comique s’il avait plus de tenue et d’unité, s’il n’était pas, avant tout, un style « parlé ». […] Ils n’écrivent point pour être lus, mais pour être entendus.

31. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

À l’instant même je me mis à l’œuvre, et sur la page blanche j’écrivis le titre de mon nouveau chapitre. […] J’espère bien que cette fois tu ne vas pas coucher par écrit tes éternelles dissertations sur Molière. […] Quel est cet empereur de Home assis sur son tribunal, à qui ce philosophe écrivait : — Ôte-toi de là, bourreau !  […] Ce même chapitre que j’écris souvent avec passion, avec amour, avec le bonheur de l’artiste qui sent son instrument s’échauffer sous ses doigts, je vais l’écrire aujourd’hui d’une plume languissante et affaissée ; vous cependant, quand vous devriez m’encourager, vous me prenez en traître, et vous m’écrasez sous vos injures ; vous me reproche ; mon admiration pour Molière, qui est mon soutien, mon appui mon Dieu ! […] Ainsi il parla ; et moi, l’entendant parler, j’écrivais sous sa dictée ; et plus d’une fois, je me disais tout bas qu’il avait peut-être raison, mais que notre plaisir à tous, lui donnait le démenti le plus formel.

32. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

L’Homme ennemi du Genre humain, Le Campagnard qui tout admire N’ont pas lu tes Écrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu à choisis pour combattre la comédie et les comédiens le soin d’en faire voir les dangers et les funestes effets, et renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement M. le Prince de Conti, M. de Voysin, M.  […] A. qui a écrit en particulier contre Molière. Ainsi il ne me reste plus qu’à dire un mot de sa manière d’écrire, et de représenter ses pièces de théâtre. […] Pradon ne sont pas les seuls qui aient parlé dans leurs écrits du Misanthrope de Molière comme de son chef-d’œuvre.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Elle imagine d’écrire à Silvio pour le prier de différer encore son mariage de quelques jours. […] Il a pour cet effet écrit une lettre à Béatrix ; il veut en charger Arlequin, qui refuse d’abord de la prendre, & qui y consent ensuite. […] J’ai dans mes mains la lettre que vous avez écrite à Silvio. […] J’ai écrit cette lettre, il est vrai ; mais... […] Apprenez que je n’ai écrit à Silvio que pour me conserver à vous en différant cet hymen funeste auquel mon pere vouloit me forcer ; mais j’étois résolue à mourir avant de le terminer.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Vous ne me donnez pas le temps de vous en dire davantage ; mais nous nous écrirons. […] Dumont, ne m’interromps plus, mon démon me saisit, j’entre en verve ; écrivons. […] Tout coup vaille, écrivons. […] j’écris comme un ange ! […] Attendez, Monsieur, je n’ai plus qu’un mot à écrire.

35. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Il a donné des règles excellentes de l’art d’écrire. Nous avions le temps d’étudier les maîtres aux premiers jours du roi Louis-Philippe, et nous avions un grand intérêt à mettre en pratique ces utiles préceptes : « Écrivez pour être entendu ; tâchez d’écrire de belles choses ! […] Laissez-les dire ; ce n’est pas pour eux que vous écrivez. […] Lui aussi, quand il se mit à cette œuvre diabolique, il se figurait qu’il écrivait une pièce de carnaval. […] — Nous possédons à Charenton des poètes de cette force ; ils écriraient et ils penseraient plus sagement.

36. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

C’est mal comprendre Molière que d’admirer sans distinction tout ce qu’il a écrit, et d’attribuer à tous ses ouvrages la même importance. […] Lorsqu’il écrivit Amphitryon, il était marié depuis deux ans, et ne s’abusait pas sur la fidélité de sa femme. […] Quand il écrivait cette comédie, Molière avait quarante-six ans et venait d’achever le Tartuffe. […] N’oublions pas que dans l’espace de vingt ans il a écrit trente ouvrages, et qu’il jouait un rôle important dans presque toutes ses comédies.

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

La commedia sostenuta Les acteurs Italiens accoutumés à jouer la comédie improvisée ne laissaient pas de représenter, à l’occasion, la comédie écrite et soutenue, de réciter les œuvres de l’Arioste, de Bibbiena, de Machiavel, de l’Arétin. […] Un canevas qui avait du succès et que son auteur voulait faire imprimer était ordinairement transformé en comédie écrite. […] D’autre part, les comédies écrites et dialoguées n’en restaient pas moins des soggetti, des thèmes toujours prêts pour la commedia dell’arte. […] On trouve le capitan et le pédant dans presque toutes les comédies écrites à partir du milieu du seizième siècle. […] Il porte sa culpabilité écrite sur son front.

38. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il est des gens, dit La Bruyère, qui écrivent proprement et ennuyamment. […] Oui, mais ils ont été écrits pour l’optique de la scène : c’est du style de théâtre. […] Écrivez pucelaige, le mot ne produit plus du tout l’effet de secousse que l’on éprouve si vous écrivez à la moderne. […] Marivaux n’a rien écrit de plus délicat, de plus raffiné, et il ne l’a pas écrit dans cette langue. […] J’avais promis de donner la lettre que m’a écrite à ce sujet M. 

39. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Oui, certes, on peut dire qu’il a écrit Le Misanthrope avec toutes ses larmes et tout son sang. […] Molière écrivit même alors des ballets et M.  […] On les donne, tels quels, avant même que le dénouement eût été écrit, devant le roi, à Versailles. […] Il était écrit que Don Juan serait le grand fascinateur. […] (Ceci était écrit en 1745 et reste vrai en 1873.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

« Nous nous séparâmes d’Orval & moi ; c’étoit le Lundi : il ne me fit rien dire de toute la semaine ; mais le Dimanche matin il m’écrivit : Aujourd’hui à trois heures précises à la porte du jardin. […] D’Orval cesse d’écrire, saute sur son épée, vole au secours de son ami. […] « Charles Goldoni a écrit en italien une comédie ou plutôt une farce en trois actes, qu’il a intitulée l’Ami sincere 36. […] « Je puis donc avancer : « Que celui qui dit que le genre dans lequel j’ai écrit le Fils naturel est le même que le genre dans lequel Goldoni a écrit l’Ami vrai, dit un mensonge. […] « Cet Auteur a écrit une soixantaine de pieces.

41. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

» « 24 avril 1827 écrit à M1’. […] Faute d’écrire, je me donne la double peine de trouver du nouveau. […] Je trouve cette pièce très bien écrite. […] La pièce est supérieurement écrite. […] Écrit au crayon.

42. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Je ne spécifie pas : car c’est un petit trésor de pornographie que ce livre, — mieux écrit toutefois que la littérature qui s’enlève actuellement sur nos boulevards. […] Nous voulons qu’il les y ait mis, qu’il ait eu cette préoccupation de nous raconter ses secrets, d’écrire son journal, comme une femme incomprise entrant en feuilleton. […] Le sonnet d’Oronte est dans un goût précieux qui fut fort à la mode pendant plus d’un siècle : les Espagnols n’écrivaient pas autrement, les Italiens raffolaient de ce bel esprit, et vous savez si Shakespeare en est plein. […] Voyons : faut-il, pour ne pas extravaguer, que je sois ravi que vous écriviez ces sucreries-là à un Oronte ! […] Célimène a le tort d’écrire, — il ne faut pas écrire !

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

(Il commence à écrire ; il se leve aussi-tôt, essuie la sueur de son visage, se remet sur son siege, efface ce qu’il avoit écrit, & dit :) Crispin. […] Enfin il se remet sur son siege pour écrire, & crie : Crispin. […] (Il s’assied encore, efface ce qu’il avoit écrit, récrit de nouveau, se releve ensuite, frappe le pavé, & appelle :) Crispin. […] Bremenfeld veut s’asseoir pour écrire derechef ; mais, par distraction, il manque la chaise, tombe par terre, & crie : Crispin.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

) Oui, vous êtes un impudent de vouloir disputer contre un Docteur qui sait lire & écrire. […] On ne peut pas dire que tout soit exactement copié de l’italien, puisque la scene italienne n’est pas écrite, & que chaque Docteur la remplit à sa fantaisie ; mais le fond est le même pour la coupe & pour les lazzis. […] Il faut qu’il sache lire & écrire ; pour lire & écrire, il faut connoître les lettres ; pour connoître les lettres, il faut aller à l’école ; pour aller à l’école, il faut marcher ; pour marcher, il faut des jambes ; pour avoir des jambes & leur donner la force d’agir, il faut manger ; pour manger, il faut avoir une bouche ; pour avoir une bouche, il faut vivre ; pour vivre, il faut naître ; pour naître il faut sortir du sein de sa mere ; pour sortir du sein de sa mere, il faut être engendré ; pour être engendré, il faut avoir un pere ». […] Au lieu de mettre dans les notes de sa piece, Sganarelle est impatienté par le Philosophe, il ferme avec sa main la bouche du Philosophe, il pousse le Philosophe dans sa maison, &c. il a constamment écrit, Sganarelle, impatienté par le Docteur, ferme avec sa main la bouche du Docteur ; il pousse le Docteur dans sa maison, &c.

45. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

De tous ces mécontentemens divers, le pamphlet sur I’Ermitage de Caen bénéficia, bien qu’écrit, lui aussi, par des dévots. […] Guy Patin vient de le lire sans doute, quand le 6 août 1660, il écrit, tout ému, à Falconet : « Paris est plein aujourd’hui de faux prophètes. […] « Il fallait que Molière fût bien enragé contre les faux dévots, » — écrivait, en 1886, M. […] En 1662, Molière commence d’être attaqué par des écrits publics : une polémique de deux ans suivit l’École des Femmes. Mais cette polémique, même quand les écrits sont signés ou que les pseudonymes sont transparens, observons quelle a quelque chose d’anonyme.

46. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Mais Molière est de tous ceux qui ont jamais écrit, celui qui a le mieux observé l’homme sans annoncer qu’il l’observait; et même il a plus l’air de le savoir par cœur, que de l’avoir étudié. […] Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose. […] Il était triste et mélancolique, cet homme qui a écrit si gaiement. […] La Chaussée nous en a faits qui sont intéressants et bien écrits.

47. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Les écrits du temps n’indiquent pas les femmes qui faisaient partie de la société dans cette deuxième période, à la fin de laquelle la marquise avait atteint sa trente-cinquième année, et sa fille sa treizième. […] « Elle était, dit Mademoiselle, révérée, adorée ; c’était un modèle d’honnêteté, de savoir, de sagesse, de douceur… La dévotion que j’ai pour elle fait que je me suis un peu écartée de mon sujet ; mais je me suis assurée que je ne déplairai point à mon lecteur en parlant d’une chose si adorable. » On voit par les lettres de Voiture que la marquise de Rambouillet et Julie, sa fille, écrivaient fort simplement ; ce qui autorise à penser qu’elles parlaient de même. Dans sa trente-sixième lettre, en 1633, il dit à la mère : « Je devrais craindre, par votre exemple, d’écrire d’un style trop élevé ». Il dit à la fille, à l’occasion d’une plaisanterie un peu moqueuse : « Je pense, mademoiselle, vous l’avoir dit quelquefois, vous êtes plus propre à écrire un cartel qu’une lettre. » Mais n’anticipons pas.

48. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Le 13 janvier 1672, elle écrivait encore : « Nous soupons tous les soirs avec madame Scarron. […] De nos jours, des commentateurs ont osé faire ce dont les écrits du temps de Molière se sont abstenus, et ce à quoi la volonté de Molière a été de ne donner ni occasion, ni prétexte ; ils ont pris sur eux d’appliquer des noms propres aux personnages ridicules, même odieux des Femmes savantes. […] Je ne puis retenir ici l’expression d’un sentiment dont j’ai eu plus d’une fois l’occasion de me pénétrer ; c’est que ce système est condamnable en littérature, en politique, et surtout en morale, qui convertit des ouvrages d’imagination en écrits historiques, et fait d’une satire ou d’une comédie un répertoire d’anecdotes. […] Aimé Martin ; le premier, c’est qu’en 1672, le duc de La Rochefoucauld invita madame de Sévigné à venir entendre chez lui une comédie de Molière,comédie qui ne pouvait être autre que Les Femmes savantes, publiée au mois de mai de cette année ; le second, c’est que madame de Sévigné écrit elle-même à sa fille, dans le même temps, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, retenu chez lui par la goutte, la lecture des Femmes savantes, par Molière, et Le Lutrin de Despréaux.

49. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Molière en 1666 est le plus gai des hommes, du moins quand il écrit. […] L’homme qui avait écrit le Misanthrope et qui venait de jouer le Tartuffe ne pouvait écrire Monsieur de Pourceaugnac qu’avec dégoût, et pour qu’il l’écrivît, il fallait qu’il s’y sentît forcé, de quoi l’on ne peut que le plaindre. […] Molière n’a écrit que le premier acte, la première scène du second et la première du troisième. […] Dans ce qu’a écrit Molière il y a de fort bonnes choses. […] Et surtout qu’elle n’écrive jamais !

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [55, p. 89] »

Quand il fut question d’y mettre une inscription, quelqu’un proposa d’écrire : Molière, de l’académie française, après sa mort ; mais on préféra ce vers de Saurin234 : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre. […] Saurin, Bernard Jossph (Paris, 1706 – 17 novembre 1781), avocat au Parlement de Paris, secrétaire du duc d’Orléans, se décida, grâce à une pension de mille écus que lui offrit son ami Helvétius, à écrire pour le théâtre.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Bavardin charmé lui promet sa pupille, & lui donne son suffrage par écrit. […] Géronte vient sur la scene remercier Damis de l’avoir débarrassé d’un fourbe, admire le fruit qu’il a retiré de ses voyages, & lui donne par écrit son consentement pour épouser Julie. […] Gresset, on démasque le héros en montrant des horreurs écrites de sa propre main contre la personne qui faisoit tout pour lui, & on le chasse ignominieusement. […] Damis pense & raisonne sur les Philosophes qui ont séduit Cidalise, & sur leur science, précisément comme Clitandre sur Trissotin & ses écrits. […] Allez, frippier d’écrits, impudent plagiaire.

52. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M.  […] Son aïeul était ce Théodore-Agrippa d’Aubigné, célèbre par son esprit et sa bravoure, par ses écrits et ses actions, illustré par la confiance et l’amitié de Henri IV, prix d’un dévouement sans réserve, et par la familiarité que le prince lui permettait avec lui, au risque de voir quelquefois Agrippa sortir des bornes du respect, et se permettre les saillies d’un camarade74. […] Elle passa neuf années avec lui, dans une liaison qu’elle ne regardait pas comme un mariage ; depuis la mort de Scarron, elle écrivit à son frère : « Je n’ai jamais été mariée : dans mon union avec Scarron le cœur entrait pour peu de chose, et le corps, en vérité, pour rien77. »Et Scarron, avant de l’épouser, disait à ses amis : Je lui apprendrai bien des sottises, mais je ne lui en ferai point. […] Elle écrivit une relation de cette entrée à madame de Villarceaux. […] En 1706, madame de Maintenon écrivait à son frère, lettre CXVI de l’édition de Nancy : « Je n’ai pu voir sans plaisir une généalogie de 400 ans très bien prouvée par des contrats de mariage.

53. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Son pere ayant en vuë qu’il continuât son commerce, & lui destinant sa Charge, dont il eut même la survivance dans un âge peu avancé, le laissa jusqu’à quatorze ans dans sa boutique, & se contenta de lui faire apprendre à lire & à écrire pour les besoins de sa profession. […] La nature, les graces Comiques, la politesse du langage & la facilité de s’exprimer paroissent dans tous ses Ecrits. […]    L’homme ennemi du genre humain,    Le Campagnard, qui tout admire,    N’ont pas lû tes Ecrits en vain ; Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] Etudiez la Cour, et connoissez la Ville, L’une & l’autre est toûjours en modéles fertiles : C’est par-là que Moliere illustrant ses Ecrits, Peut-être de son Art eût remporté le Prix ; Si moins ami du Peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures. […] M. de Harlay, Archevêque de Paris, auquel le Roi fit écrire à ce sujet, ordonna que le corps de Moliere seroit conduit seulement par deux Prêtres qui ne chanteroient point : cependant son convoi n’en fut pas moins nombreux, plusieurs de ses amis, & d’autres personnes zélées pour sa gloire, au nombre de plus de cent, y assisterent ayant chacun un flambeau à la main.

54. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

La Vie de Molière a été écrite plusieurs fois. […] Mais d’excellents juges ont attaqué sa manière d’écrire. […] Bernier écrivit, pour la défense du système des atomes, de nombreux volumes qui ne le soutinrent pas, et qui tombèrent eux-mêmes dans l’oubli. […] Despréaux écrivait à Brossette (en 1706) :« Pour ce qui est de la Vie de Molière, franchement ce n’est point un ouvrage qui mérite qu’on en parle. […] Je me garderai bien de figurer l’orthographe surannée et vicieuse de cette pièce : on ne prend un tel soin que pour les écrits qui sont des monuments du langage.

55. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

La pièce est écrite de manière à faire voir que Campistron, qui n’a jamais pu s’élever jusqu’au style tragique, pouvait plus aisément s’approcher de la facilité élégante qui convient à la comédie noble. […] Tout le reste est écrit de ce style : d’ailleurs, tout y est monté au ton de l’héroïsme. […] S’il avait écrit ainsi tous ses voyages, ils ne seraient pas fort curieux. […] Il est probable que ses premiers essais en ce genre influèrent dans la suite sur sa manière d’écrire. […] On joue quelques pièces de Hauteroche : son Esprit follet est un mauvais drame italien, écrit en style de Scarron, et fait pour la multitude, qui aime les histoires d’esprits et d’apparitions.

56. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Dans cette même année 1673, sa situation éprouva un nouveau changement : madame de Coulanges écrit à madame de Sévigné, le 20 mars : « Nous avons enfin retrouvé madame Scarron, c’est-à-dire que nous savons où elle est ; car, pour avoir commerce avec elle, cela n’est pas aisé. » La suite de cette lettre prouve que madame de Coulanges était instruite de bien des particularités concernant madame Scarron. […] Le 1er septembre 1673, madame de Sévigné écrit à sa fille : « J’ai soupé avec l’amie de Quanto (avec madame Scarron). […] Une lettre que madame Scarron écrit à son frère, de Tournay, le 16 juin 1673 (elle était alors en chemin avec le duc du Maine pour aller consulter un empirique hollandais sur l’état de cet enfant), montre qu’à cette époque elle était brouillée avec madame de Montespan.

57. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Lettre écrite à Mr de ** sur le livre intitulé, la Vie de Mr de Molière. […] Il écrit presque sur le même ton que l’Auteur du Système du Cœur. […] Je doute aussi que l’on ait encore écrit, cette Pièce a pris tout d’un coup  ; pour dire qu’elle a eu applaudissement général dès la première fois qu’on l’a jouée. […] La Scène du Courtisan Extravagant n’est point un morceau à mettre dans un Livre, elle n’est bonne que pour une Comédie ; elle est toute écrite, il n’y aurait qu’à la placer. […] J’ai lu par ordre de Monseigneur le Chancelier, cette Lettre écrite à M. de *** sur le Livre intitulé, la Vie de M. de Molière ; je n’y ai rien trouvé qui doive en empêcher l’Impression.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Les remords de l’Intendant font trembler le Lord ; il donne ordre à son valet Drink d’arrêter toutes les lettres, en cas qu’il écrive à Eugénie ou à sa famille ; il fait sa visite aux Dames. […] Le vieil Intendant écrit effectivement à la tante. […] On a écrit au pere que ce Colonel pourroit bien faire assassiner son fils. […] je vais écrire moi-même au Comte. […] Angélique, à l’aide d’une porte pratiquée en secret dans la cloison de l’appartement de Pontignan qu’elle aime, entre dans sa chambre, lui écrit & lui demande une réponse : Pontignan la fait & la laisse sur la table.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Lui-même écrit une longue lettre, met de la poudre dessus à plusieurs reprises, & jette toujours la poudre dans l’encrier. Ce n’est pas tout, il écrit une seconde lettre, & après les avoir écrites toutes deux, il se trompe à l’adresse. […] Léandre est brouillé avec Clarice ; il lui écrit pour tâcher de se raccommoder, & termine sa lettre par un billet au porteur, tel qu’on l’enverroit à une beauté commode avec laquelle on voudroit se remettre bien. […] Puisqu’il a la présence d’esprit de réfléchir sur les impertinences de Carlin, qu’il en marque tout le ridicule, est-il naturel qu’il les écrive ? […] On écrit, on envoie chercher des témoins ; l’un d’eux reconnoît les testateurs, & dit tout bonnement au mari, qu’avant que de dicter son testament, il devroit engager son pere à faire le sien.

60. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Voiture osait écrire à la marquise que Michel-Ange n’aurait pas désavoué les dessins qu’elle faisait en jouant. […] Les vers de La Fontaine ainsi que les écrits de Pélisson, reviennent aussitôt à l’esprit. […] Cette pièce est écrite et composée avec esprit; on y rencontre beaucoup de vers naturels. […] C’est lui qui a écrit ces lignes offensantes : « Qu’est-ce que les femmes ! […] Cela est bien écrit au moins, mesdames.

61. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

L’Avare, comédie du même auteur, essuya un pareil événement, par la seule raison que cette pièce était écrite en prose. […] La pièce est d’un bout à l’autre, à peu près dans le style des satires de Despréaux, et c’est de toutes les pièces de Molière la plus fortement écrite. […] Elle est trop délicatement traitée ; mais je puis assurer que tout le monde a remarqué qu’elle était bien écrite, et que les personnes d’esprit en ont bien su connaître les finesses. […] C’est la première comédie que Molière ait écrite en vers libres (ou pour mieux dire, la seule). […] Bayle écrivait ceci en 1696), je crois que M. 

62. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il y avait cela si bien écrit sur sa figure : trompez-moi ! […] » Ceci pourrait s’écrire au fronton du Café des Comédiens. […] Il haïssait les faquins, les beaux parleurs et les écrivains compassés : « Écris, écris, disait-il de M.  […] Quant à écrire un mot de remerciement à ces dames, Monsieur ne daigne. […] Il écrit donc : — Je n’aime pas Lucinde !

63.

Car on rimait volontiers les pièces de Molière, même celles que le poète avait écrites en prose. […] Sardou, à la science d’Édouard Fournier, et un peu à la réclamation de celui qui écrit ces lignes, et sur laquelle on écrirait : « Ici vécut Molière » ? […] L’épilogue de la comédie anglaise, dont l’intrigue se passe en Espagne, a été écrit en anglais par un certain M.  […] Molière n’écrit ni pour son siècle ni même pour son pays. […] Schimmel écrit ses drames historiques en vers blancs de cinq pieds ïambiques, et le traducteur de Shakespeare a adopté le même mètre.

64. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

De plus, la pièce, qui est une des premières du maître, est souvent écrite dans une langue fertile en archasmes. […] Lorsqu’il parut… j’avais bien l’envie d’écrire, mais j’étais incertain de ce que j’écrirais ; mes idées étaient confuses ; cet ouvrage vint les fixer. […] On peut rappeler ici ce que Racine écrivait d’Uzès à M. […] On a dit que le rôle de Léonor, de L’École des maris, fut écrit pour elle. […] Pour satisfaire en temps aux caprices de la volonté suprême, Molière n’avait pu écrire en vers que le premier acte de la pièce ; il avait été obligé d’écrire tout le reste en prose.

65. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Attaqué par Despréaux, Cotin avait, à son tour, lancé contre lui quelques écrits satiriques : c’était une représaille juste, quoique bien inégale et bien imprudente. […] Elle avait renoncé à se faire imprimer, mais non pas à écrire ; elle écrivait sans cesse, et de beaux esprits, dont elle était toujours entourée, étaient les confidents indiscrets de ces mêmes productions qu’elle regrettait de ne pas étaler à un plus grand jour. Elle entretenait surtout un grand nombre de correspondances ; et ses lettres, qu’on montrait en divers lieux, ressemblaient trop aux pages d’un livre écrit sans naturel, sans grâce et sans facilité. […] De peur que ce portrait ne fût pas reconnu (et, il faut l’avouer, il était assez flatté pour qu’on s’y trompât), l’auteur eut, pour ainsi dire, le soin d’écrire au bas le nom de celle qu’il avait voulu peindre. […] Si le bon Juvénal était mort sans écrire, Le malin Despréaux n’eût point fait de satire, etc.

66. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Quand Molière a écrit les Femmes savantes, le Misanthrope, même le Tartuffe, il songeait à nous divertir, et ne se proposait pas de faire un sermon sur les planches. […] On peut dire de l’histoire, bien plus que de la comédie, qu’elle enseigne la morale, que l’historien écrit sous l’empire de certaines idées morales, que ses livres sont de grands tableaux de l’expérience humaine, qui ont par nature une influence morale. […] Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie. […] D’ailleurs, pour des hommes d’un tel génie, leurs œuvres, c’est eux-mêmes : ils ne sont point des déclamateurs ; c’est avec leur cœur qu’ils écrivent. […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré et par ses traits les plus vifs pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. » Fénelon, Lettre à l’Académie-françoise, VII. — C’est son amour absolu du vrai qui a fait dire à Boileau :   C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son art eût remporté le prix,   Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures,   Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures.

67. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Si cet auteur n’a pas consigné dans un écrit spécial ses opinions particulières, ses pensées intimes, on en est réduit forcément avec lui à des conjectures. […] On en a conclu que Molière était un incrédule, un impie, et qu’il avait moins songé à écrire une pièce de théâtre qu’à monter une machine de guerre. […] Elle a donné lieu à une explosion d’écrits, de libellés, de pamphlets, d’imprimés de toute sorte. […] Pour Agnès, ça été bien autre chose ; elle y a passé tout entière ; on a relevé jusqu’à ses moindres mots, sans seulement remarquer la lettre qu’elle écrit à Horace, un modèle inimitable de grâce, d’ingénuité et d’abandon. […] Il écrivit aussi pour instruire, au moins dans la mesure où le théâtre peut remplir ce rôle et atteindre ce but.

68. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

On tient pour admis, avec Buffon, que seuls, les ouvrages bien écrits passeront à la postérité et le style des siens n’a cessé d’être, dès le début, l’objet de critiques souvent injustes, excessives, mais parfois fondées. […] Et pourtant, un pénétrant critique, Stapfer, a écrit, sans paradoxe, tout un livre où il compare l’Anglais et le Français et les met sur le même plan intellectuel. […] On pourrait écrire de lui ce que l’on a jadis écrit d’Homère : « Et depuis trois cents ans, Molière respecté Est jeune encore de gloire et d’immortalité. » Il est peut-être même, avec La Fontaine, le seul de nos écrivains que comprennent et goûtent les lecteurs de tous milieux et de tous âges.

69. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Cette description des Plaisirs de l’Île enchantée n’est rien moins qu’un morceau bien écrit ; mais elle est un témoignage de la noble magnificence que Louis XIV déployait dans ses plaisirs ; et, ce qui suffirait seul pour la préserver de l’oubli, elle contient une mention curieuse de la représentation des trois premiers actes du Tartuffe. […] Molière, pressé par le temps, non seulement ne put écrire en vers que le premier acte de sa pièce et la moitié de la première scène du second acte, mais encore fut forcé d’ébaucher ou de tronquer, dans une prose souvent négligée, des situations qui demandaient à être traitées délicatement ou approfondies. […] « La comédie de La Princesse d’Élide, dit Voltaire, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps, et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. » Il faut croire que Voltaire, lorsqu’il écrivit ces lignes, n’avait conservé de la pièce qu’un souvenir peu fidèle. […] Il a versifié ce que Molière n’avait eu le temps que d’écrire en prose ; il a supprimé un des prétendants à la main de la princesse, et donné à l’autre un commencement d’amour pour Aglante, qui rend leur mariage au dénouement plus naturel et plus intéressant ; enfin, il a resserré en trois actes bien remplis la pièce divisée par Molière en cinq actes trop courts et pourtant quelquefois trop vides. […] Il est certain toutefois que, dans le temps, un de ces exemplaires ou du moins une copie manuscrite fut envoyée de Paris en Hollande ; car Jacques Le Jeune, libraire d’Amsterdam, qui, en 1683, avait imprimé Le Festin de Pierre en vers, de Dorimond, pour celui de Molière, donna, la même année, la pièce de Molière même, avec les scènes et les passages supprimés ou adoucis ; et ce qu’il y a de vraiment extraordinaire, c’est que cette édition hollandaise, qui fut suivie de quelques autres, resta presque aussi inconnue que les exemplaires non cartonnés de l’édition de Paris, puisque, cinquante ans après (en 1730) Voltaire crut faire une révélation au public, en lui donnant quelques traits de la scène du pauvre qu’il déclarait avoir lue écrite de la main de l’auteur, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de Molière.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Plusieurs de mes lecteurs vont s’écrier peut-être, qu’il n’étoit pas nécessaire d’écrire une vérité incontestable, qui n’est ignorée de personne. […] Mais si vous voulez être un moment attentive : Là, parlez franchement ; n’appercevez-vous pas Dans sa façon d’écrire un certain embarras ? […] Je ne parlerai point de la gradation des scenes & des actes ; on en sera surpris sans doute : mais je ne suivrai pas en cela l’exemple de tous ceux qui ont écrit sur l’art dramatique.

71. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Il a écrit pour tous les hommes248. […] Pour comprendre ses écrits, tantôt il faut relire les historiens, et suivre les phases diverses d’une guerre on les mouvements d’une révolution intérieure ; tantôt il faut demander des détails à un scholiaste, et scruter jusqu’au dégoût les mystères scandaleux d’une biographie oubliée262.

72. (1900) Molière pp. -283

Quant à la forme de ce nouvel écrit, elle est autre, à certains égards et différente. […] N’a-t-il pas imprimé un jugement très sévère sur Molière, dans l’un de ses deux écrits critiques, la Lettre sur les occupations de l’Académie (1714) ? […] Il y a un autre écrit où on l’appelle Citoyen vertueux, et où l’on affirme qu’il est meilleur chrétien que Bossuet. […] Le nom de l’homme qui a écrit ces lignes ne se sépare plus dans aucun esprit du nom de la Comédie. […] Mais il était très répandu, très florissant en 1660, au moment où Molière écrivait.

73. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Avertissement du commentateur [Lettre écrite sur la comédie du Misanthrope] De Visé est l’auteur de la lettre suivante. […] Comment croire que le libraire de Molière ait pris sur lui de mettre en tête de sa comédie un écrit d’une main étrangère, sans lui demander son consentement ? […] De quelque manière que se soit opéré ce changement, il écrivit sur Le Misanthrope une lettre toute admirative, que Molière ne dédaigna pas de placer en tête de sa comédie ; et c’est un honneur dont je n’ai pas voulu qu’elle fût privée dans cette édition. […] Sans parler de l’écrit éloquent qui la renferme et des excellentes dissertations qui la combattent, un poète, qui la partageait ou qui a feint de la partager, en a fait presque un chef-d’œuvre pour la scène : peu de vérités ont été plus fécondes pour notre gloire littéraire. […] Plusieurs de ceux qui ont écrit sur Molière, affirment qu’il avait puisé lui-même l’idée de sa pièce dans l’épisode du roman de Cyrus.

74. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Nous insisterons davantage sur les arguments de chaque scène, écrits en français dans la partition, ils ont l’allure de ceux de Molière. […] Or, si, là, Pourceaugnac parlait italien, c’est qu’auparavant il avait baragouiné dans cette langue; on ne peut guère admettre que Pourceaugnac, ayant parlé français tout le temps, aille prendre subitement la langue italienne ; cela passe pour un petit rôle épisodique comme celui des médecins, mais non quand il s’agit d’un premier rôle, du moins dans notre Théâtre-Français ordinaire, car lg mélange des paroles françaises et italiennes se rencontrait parfois chez Molière dans les pièces écrites pour la cour, en souvenir des Italiens appelés sous le dernier règne. […] 3° Quant aux paroles italiennes, qu’on le remarque bien, la consultation, la réponse des avocats, le trio, l’air seul, le morceau des médecins, la poursuite des apothicaires, tout cela, musicalement parlant, texte et notes, est écrit d’un seul jet. […] 11 est à remarquer que Molière n’a jamais écrit une pièce en deux actes; là est peut-être l’explication du fait. […] Puis, si Lully avait seul remanié Pourceaugnac en 1675, il eût simplement écrit un air pour relier les deux intermèdes dont il renversait l’ordre, et on ne trouverait pas, dans le Divertissement de Chambord (Ballard, 1670; voir Brunet), et dans le Carnaval, les indications de scènes, les arguments en français que Lully n’aurait eu aucun besoin de conserver ou de compléter, arguments dont le style, nous le répétons, semble bien de Molière et a le plus grand rapport avec les arguments de Georges Dandin, du Sicilien, et du Mariage forcé, écrits pour les fêtes de Versailles.

75. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Aussi Noverre ne s’y trompait pas lorsqu’il écrivait dans ses Lettres sur la danse : « Dussé-je me faire une foule d’ennemis sexagénaires, je dirai que la musique dansante de Lulli est froide, langoureuse et sans caractère. »À la vérité, le grand roi n’aimait et ne voulait que cette danse emperruquée ; à ses yeux comme à ses oreilles, un seul genre était bon : le genre ennuyeux. […] Tout ce qui alors écrivait, parlait, chantait ou dansait, devait se subordonner au caprice d’un monarque qui ne daignait lui-même s’amuser qu’à la condition de prélever une énorme somme d’adulations sur le divertissement de ses sujets.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Les Auteurs qui ont écrit sur l’Art de la Comédie n’ont point parlé du genre mixte, ou l’ont mal connu. […] Isabelle veut écrire à son amant des choses très essentielles pour leur bonheur commun ; mais elle n’a personne à qui elle puisse confier son secret : elle projette de faire remettre sa lettre à celui qu’elle aime par Sganarelle lui-même. […] voyons ce qu’il a pu t’écrire.

77. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

, où Dominique-Arlequin chantait plusieurs chansons françaises, notamment une chanson à boire commençant ainsi : Paye chopine, Ma voisine… Dans Le Théâtre sans comédie (Il Teatro senza commedie), pièce dont Cintio del Sole était l’auteur et qui fut jouée au mois de juillet suivant, un panégyrique de Scaramouche (Fiurelli absent) était prononcé en français par le Scaramouche qui le remplaçait, panégyrique que Gueulette suppose avoir été écrit par M. de Fatouville, conseiller au parlement de Rouen. […] Riccoboni, qui écrivait dans la première moitié du dix-huitième siècle, Cailhava, qui écrivait dans la seconde moitié du même siècle, ne se préoccupèrent ni l’un ni l’autre, en traitant à leur tour les mêmes questions, de fixer la date des documents et d’établir une chronologie précise.

78. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Quand vous avez fait, comme élève de William Schlegel, une Leçon sur la comédie ; quand vous avez écrit, comme émule de Jean-Paul, des Pensées sur la poésie comique, nous avons bien vu que vous vous moquiez du monde, assez maladroitement, il est vrai, avec un mélange d’idées graves et sensées qui plusieurs fois nous a fait douter de vos intentions ironiques. Quand vous avez écrit, comme philosophe hégélien, une Méditation sur le drame comique, vos premières et vos dernières lignes ont clairement eu pour but de rassurer sur le compte de votre orthodoxie nos esprits qui prenaient l’alarme ; ce but, elles l’ont atteint, bien qu’assez gauchement, à l’aide de quelques phrases d’ironie qui, sans transition, ont précédé toute une exposition sérieuse, puis d’autres qui lui ont succédé — sans transition. […] À quoi voulez-vous qu’elles servent aux poètes, qui, pour la plupart, écrivent par inspiration, ou qui, s’ils sont assez grands pour composer avec réflexion, sont assez grands aussi pour puiser leurs réflexions en eux-mêmes ?

79. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Entre 1500 et 1506, il écrivit les Adages et le Manuel du chevalier chrétien. […] En 1729, il est à la cour de Parme, puis revient à Paris en 1731, ne paraît plus sur scène, mais il écrit sur le théâtre, en italien et en français. […] Pour le théâtre, il écrit cinq comédies, dont une inachevée. […] Il a portant écrit une quinzaine de tragi-comédies, de nombreux livrets d’intermèdes comiques ou d’opéras et plus de cents comédies. […] Il a notamment écrit Don Pilone.

80. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Un de mes amis, très informe de toutes les choses du théâtre, esprit ingénieux et chercheur, a écrit la Première représentation du Misanthrope, et l’opuscule, est charmant. […] Arnolphe est un ami de son père, à qui ce père le recommande en attendant qu’il arrive lui-même, écrit-il, pour un fait important qu’il n’explique point. […] Et dans quel style ils sont écrits, ces récits et ces monologues ! […] il n’eût pas écrit la Gloire du Dôme du Val de Grâce ! […] Notons en passant que Molière avait écrit : oh !

81. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Molière était du voyage ; il écouta et il écrivit. […] Ses placets au roi, sa préface du Tartuffe, tels sont les seuls écrits par lesquels il ait cru devoir se défendre devant ses deux protecteurs, le public et le monarque. […] Cette allure vive et franche, cet heureux abandon, que nous prenons pour de la négligence, sont l’empreinte du temps où il a écrit. […] Il était aussi impossible à Molière d’écrire le Tartuffe avec le style du Méchant, qu’à Gresset d’écrire Le Méchant avec le style du Tartuffe. […] Ils lui reprochent cependant d’écrire d’une manière incorrecte.

82. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Des maîtres dans l’art d’écrire, nous passons aux badigeonneurs du carrefour ! […] — Et le voilà, appartenant à qui veut l’écrire, ce livre de morale, d’histoire, et de philosophie où se doit rencontrer, à la longue, le poème universel du genre humain ! […] Il faut vivre avant tout ; en vivant on se complète, en vivant on se démontre soi-même à soi-même ; en vivant, on apprend à vivre d’abord, à écrire ensuite ; en vivant on devient S.  […] J’étais d’avis que l’on écrivît cette parole de Roscius sur la tombe de mademoiselle Mars. […] Avec beaucoup moins d’années que cela, le joyeux Picard a écrit une comédie intitulée : L’Acte de naissance.

83. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

On retrouve Mlle Menou dans une lettre mêlée de prose et devers écrite par Chapelle à Molière et, malheureusement, non datée. […] A la rentrée, La Grange écrivait sur son registre : « Avant que de recommencer, après Pâques, au Palais-Royal, M. de Molière demanda deux parts au lieu d’une qu’il avait. […] En revanche, les portraits écrits ne manquent pas, et ils se complètent les uns par les autres, car ils sont de mains et d’intentions bien différentes. […] On a déjà beaucoup écrit sur elle, et presque toujours en se plaçant à ce point de vue exclusif. […] Racine, en particulier, repentant, converti, entièrement retiré de la littérature depuis 1677, avait d’autres soucis en tête que d’écrire des libelles orduriers.

84. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Mais qu’elle ait écrit les Lettres au Mercure, où il n’est question ni de son père Du Croisy, le créateur du rôle de Tartuffe, ni de son beau-père Raymond Poisson, le. premier des Crispins, dont Molière enviait le naturel, ni de son mari Paul, excellent comédien, cela me semble inadmissible. […] L’homme ennemi du genre humain, Le campagnard qui tout admire, N’ont pas lu tes écrits en vain : Tous deux s’y sont instruits en ne pensant qu’à rire. […] B37, « il n’a manqué à Moliere que d’éviter le jargon, et d’écrire poliment. […] Moliere n’avoit eu le temps d’écrire en vers que le premier acte, et la première scène du second. […] Voici le texte du passage (des Ouvrages de l’esprit) : « Il n’a manqué à Moliere que d’éviter le jargon et le barbarisme, et d’écrire purement.

85. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Molière avait passé quarante ans quand il écrivit le Tartuffe. […] Il lui importait assez peu d’écrire d’une manière conforme aux préceptes d’autrui ; l’essentiel pour lui était d’écrire d’une manière conforme à sa pensée. […] Le poète n’a plus de lyre; il écrit comme le vulgaire, peut-être avec une plume qui crie et sur un papier qui boit l’encre. […] Il entend qu’une femme ne sache rien, qu’elle n’ait dans ses meubles ni écritoire, ni encre, ni papier, ni plume, que le mari écrive tout ce qui s’écrit chez lui, et que la femme ne soit en tout que sa très humble servante. […] C’est le vrai nom de l’idéal supérieur qu’il entrevoyait déjà lorsqu’il écrivit le rôle de Tartuffe, et qu’il avait saisi par une vive et profonde intuition lorsqu’il écrivit celui d’Alceste.

86. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Cet ouvrage est plus correctement écrit que ses deux premieres comédies. […] Si les écrits de Moliere étoient tout-à-fait anciens pour nous, on se feroit un mérite de rencontrer dans cette piéce la datte de son mariage avec la fille de la comédienne Béjart. […] Moliere n’avoit eu le tems d’écrire en vers que le premier acte, & la premiére scéne du second. […] Soit habitude, soit difficulté de réussir autrement, on continua d’écrire en vers alexandrins. […] C’étoit alors une singularité, un défaut même pour une comédie en cinq actes, que d’être écrite en prose.

87. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Pour écrire de génie dans la comédie, il faut savoir écouter ses originaux, saisir au passage leurs paroles toutes chaudes, et les fixer sur le papier. […] Moins de quatre ans après L’École des Femmes, Molière avait écrit le Tartufe et le Misanthrope. […] La seconde source de son théâtre, c’est qu’il connut tout ce qui s’était écrit de comédies, dans tous les genres, avant lui et jusqu’à lui. Boileau, qui n’écrivait rien au hasard, qualifie ses peintures de doctes, Il l’entendait non-seulement du poète philosophe, mais du poète comique, savant entre tous dans son art. […] De la sorte, tout sert à la gloire de ce grand homme, jusqu’au travers d’Oronte, qui, lorsqu’il est auteur, écrit le fameux sonnet, et, lorsqu’il le défend, parle un français aussi vif et aussi naturel que celui d’Alceste.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

En effet, quelques-uns enivrent d’un encens fade les personnes de qui ils attendent quelque chose : d’autres semblent n’écrire que pour satisfaire de petites haines, ou pour rabaisser des rivaux. […] « Je rends moins de graces aux Dieux, lui écrivit-il, de me l’avoir donné, que de l’avoir fait naître pendant votre vie : je compte que, par vos conseils, il deviendra digne de vous & de moi ». Une seconde lettre, bien flatteuse pour Aristote, est celle qu’Alexandre, devenu maître de la terre, lui écrivit. […] Il a écrit sur la Physique, la Logique, la Morale, sur l’Art Oratoire & sur l’Art Poétique.

89. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Un avocat au parlement de Paris, un sieur de Rochemont, s’oublia jusqu’à remontrer au roi, dans un odieux libelle, « que l’empereur Théodose condamna aux bêtes des farceurs qui tournoient en dérision nos cérémonies, dans des pièces qui n’approchoient point de l’emportement qui paroît au Festin de Pierre 3. » On aimerait à rencontrer, dans les écrits contemporains, des renseignements exacts sur cette lutte du génie contre les mauvaises passions, lutte qui commença par le Festin de Pierre, et dans laquelle jamais Molière ne faiblit, ni, ce qui est plus admirable encore, ne dépassa les justes bornes. […] Je conçois que, pour arriver à la conciliation qu’il avait en vue, il ait dû faire le sacrifice de plusieurs scènes, dont le dessin était trop manifeste et l’adresse écrite trop clairement, celle, par exemple, où l’incorrigible duelliste, devenu tout à coup homme de bien, met en action la septième lettre des Provinciales, et pratique, avec un aplomb et une aisance consommés, les maximes de restriction mentale et de direction d’intention recommandées, en pareille circonstance, par Petrus Hurtado. […] On a écrit et disputé sur don Juan comme sur un personnage réel, comme sur Richelieu, sur Pascal, sur Voltaire, ajoutons comme sur Hamlet et presque toutes les autres figures de Shakespeare, sœurs de don Juan par leur mode de création. […] Jetons un voile sur ces tristes aberrations de goût, et tâchons d’oublier que Fénelon a déclaré l’Avare « moins mal écrit que les pièces de l’auteur qui sont en vers, » et que La Bruyère impute au style de Molière, vers et prose, d’être entaché « de jargon et de barbarisme. » 10.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

On conviendra que pour le temps elle est très bien écrite, que la poésie en est facile, & le sujet intéressant. […] On distingue parmi ses écrits, ses Eloges, son Histoire des Oracles, & sa Pluralité des Mondes. […] Brunelle, un de ses camarades de college, se trouvant à Rouen dans le besoin, lui écrit : vous avez mille écus, envoyez-les-moi.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Arlequin, quoique très piqué, plaisante sur l’humeur de cette femme qui lui paie toutes les sottises qu’elle lui écrit. […] Arlequin lui fait part de son aventure, & des injures qu’on lui a écrites ; Argentine ramasse les morceaux de la lettre, prouve qu’elle est très tendre, & se découvre enfin.

92. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Adolphe Monod, a écrit un beau sermon sur ce texte : «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Dans la première partie de ce discours, il met en regard les désirs insatiables de nos cœurs et les amères déceptions que la vie nous réserve toujours. […] Dans cette première ardeur, il rompit sans ménagements avec Port-Royal, et, après La Thèbaïde et Alexandre, ses essais de jeunesse, il écrivit Andromaque et Les Plaideurs, c’est-à-dire les deux pièces où son génie se déploya avec le plus d’abandon et se montra le plus franchement dramatique sans paraître se replier sur lui-même. […] Il lui importait assez peu d’écrire d’une manière conforme aux préceptes d’autrui ; l’essentiel était pour lui d’écrire d’une manière conforme à sa pensée. » Cependant l’admiration du jeune critique ne lui fait pas méconnaître les côtés faibles de l’œuvre de Molière. […] Bossuet, poète comique en même temps que Père de l’Eglise, s’il était possible de l’imaginer, aurait pu écrire le Tartufe, non sans s’attirer mille rancunes, mais sans donner prise au scandale. […] Quand le Tartufe fut joué pour la première fois, il avait écrit Les Précieuses ridicules, L’Ecole des femmes, qui, par quelques scènes trop libres, avaient déjà fait grand tapage, et d’autres pièces qui n’étaient pas de nature à lui assurer une haute réputation de piété.

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