Des mains d’un riche avare enlève sa cassette, Ou, vengeant les saints droits de la société, Écrase Don Juan sous son impiété, Et démasque cet homme au regard faux et louche, Qui, l’enfer dans le cœur et le ciel dans la bouche, Cachant ses noirs projets sous un manteau chrétien, Trompait tous les regards, tous, excepté le tien. […] Ne pourrais-je aisément retrouver parmi vous Et mes maris trompés et mes amans jaloux ?
Il est essentiel de prouver la vérité de ce que j’avance ; & je demande : Y a-t-il dans le grand monde de jeunes Demoiselles qui trompent leurs tuteurs, qui imaginent mille stratagêmes pour secouer leur tyrannie ? Sans doute, me dira-t-on ; il en est qui font pis, puisqu’elles trompent leur pere même, se font enlever, se jettent dans les bras de leur amant, & tout ce qui s’ensuit. […] Premiérement, lorsque la vieille surprend Oronte disant des douceurs à sa niece, & qu’on lui persuade qu’Oronte est épris de ses antiques charmes, la niece elle-même invente le mensonge, le débite & le soutient, pour tromper sa chere & honorée tante.
Sceledre, esclave du soldat, cherche un singe sur les toits & voit la maîtresse de son patron en tête-à-tête amoureux dans le jardin voisin ; il raconte ce qu’il a vu à Palestrion son compagnon de servitude, & confident des amants, qui, comptant sur la fausse porte, invente sur-le-champ un stratagême adroit pour persuader à son camarade qu’il s’est trompé. […] Cela acheve de le confondre, & il croit réellement s’être trompé. […] Dans Plaute, la ressemblance & la fausse porte n’animent que deux ou trois scenes, & ne servent qu’à tromper un misérable esclave, acteur subalterne.
Les gens de bien qui ne veulent pas être trompés ne sauraient trop méditer les deux portraits que Molière a burinés, pour n’être pas exposés à confondre avec les vrais dévots. […] Aussi la postérité dit-elle après La Fontaine : « Molière, c’est mon homme. » Et, en effet, Molière est l’homme de ceux qui aiment à voir clair dans les choses et dans les hommes, qui n’ont ni le goût de tromper ni celui d’être trompés, qui ne craignent pas d’ouvrir leur cœur et qui veulent pénétrer et dévoiler ce que cachent les autres. […] N’emploie-t-il pas la plus amère ironie lorsqu’il fait, par l’entremise du serpent, le procès à l’iniquité des puissances de la terre : Mes jours sont dans tes mains, tranche-les ; ta justice, C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois condamne-moi : et, pour qu’on ne puisse pas se tromper au sens de ce réquisitoire, il ose cette fois ajouter de son chef : On en use ainsi chez les grands : La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est fait pour eux, quadrupèdes et gens ; puis il se ravise, et, comme pour se dérober après s’être trahi, il dira ingénument : Si quelqu’un desserre les dents, C’est un sot, j’en conviens.
C’est là principalement ce qui a trompé les critiques eux-mêmes, et leur a fait ranger parmi les farces une petite comédie qui n’appartient point à ce genre d’ouvrages. […] Molière, qui observait leur marche et n’était pas trompé par leur métamorphose, résolut de les attaquer une seconde fois sous leur nouvelle forme ; il composa Les Femmes savantes. […] Ménage peut y avoir été trompé : c’est la seule manière d’expliquer son assertion, que démentent des faits prouvés, et que sa bonne foi reconnue empêche de regarder comme une imposture. […] De peur que ce portrait ne fût pas reconnu (et, il faut l’avouer, il était assez flatté pour qu’on s’y trompât), l’auteur eut, pour ainsi dire, le soin d’écrire au bas le nom de celle qu’il avait voulu peindre. […] Cette espèce d’incrédulité n’est pas ordinairement le produit d’un examen philosophique ; elle est bien plutôt le fruit amer d’une expérience malheureuse, le résultat d’une longue suite d’espérances trompées.
Certes le mari doit être sot ; mais peut-être eût-il été à désirer qu’on vît dans Clitandre un fat qui tromperait à son tour la perfide Angélique. […] Quelle variété entre la gentille Marinette, la verte et brillante Dorine, la naïve Nicole, la franche Martine, et cette Toinette qui brusque son maître, trompe la belle-mère, et seconde l’aimable fille d’Argan accablée sous une marâtre ! […] Il n’avait qu’une fille unique qu’il aimait beaucoup ; l’ayant mariée à un homme qui la trompa, il en mourut de chagrin, le 1er mars 1692, et fut enterré à Saint-André-des-Arcs. […] Baron l’a fait paraître dans son prologue de sa comédie du Rendez-vous des Tuileries, ou le Coquet trompé, sous son propre nom, et l’a peinte assez au naturel. […] M. de Tralage, contemporain de mademoiselle de Brie, et qui rapporte cette anecdote, a donc dû se tromper de dix ans et plus sur l’âge que mademoiselle de Brie avait à l’époque de sa retraite.
Ho, ho, ne vous y trompez pas : je ne veux point de Clercs céans qui ne fassent quatre-vingts rôles de grosse par jour. […] Turcaret se pique du fol orgueil d’avoir pour maîtresse une femme de condition qui le joue, le hait, le méprise, le pille, & le trompe pour un chevalier ; lorsqu’il envoie un billet au porteur, excellent, & de fort mauvais vers à sa maîtresse ; lorsqu’il veut faire jetter sa maison trente fois à bas pour la faire construire de façon qu’il n’y manque pas un Iota, & qu’il ne soit pas sifflé de ses confreres ; lorsqu’il prétend être connoisseur en musique parcequ’il est abonné à l’Opéra ; lorsqu’il admet à sa table un Poëte qui ne dit rien, mais qui mange & pense beaucoup ; lorsqu’il vend des emplois ; lorsqu’il en donne aux rivaux qui l’embarrassent ; lorsqu’à la priere de sa maîtresse il fait un commis de ce laquais naïf qui prie la dame de se servir toujours du même rouge, afin de plaire à son protecteur, & ne pas le mettre dans le cas d’être révoqué ; lorsqu’il refuse de payer à sa femme une modique pension & qu’il se ruine pour une fripponne à laquelle il donne pour dix mille francs de porcelaines, un carrosse, une maison de campagne, &c. […] Dans la Gouvernante de La Chaussée, un Président, trompé par son Secrétaire, fait perdre injustement un procès considérable à une famille qu’il plonge par-là dans la derniere misere.
Il trouve indignes toutes ces manœuvres de la vanité, tous ces mensonges des yeux et des lèvres, tout ce travail perfide pour conquérir des amants qu’on n’aime pas, et pour tromper quelquefois un honnête homme qu’on désespère. Ici Molière est plus sévère que le monde : est-ce pour avoir été trompé lui-même, et par une amertume personnelle, qu’il a mis Célimène sur la scène388 ? […] Si de nos jours des auteurs plus hardis qu’heureux ont tenté de nous intéresser à des courtisanes héroïques, le succès a trompé leur attente ; et s’ils ont su plaire quelquefois, ce n’est que par l’introduction de vertus impossibles dans des caractères faux, inacceptables à la scène parce qu’ils sont inconnus dans la réalité.
Nous insistons sur le caractère de ce personnage, parce qu’on en fait généralement un valet intrigant, de la même famille que Scapin, et que nous croyons que Riccoboni s’est trompé et a induit en erreur sur ce point ceux qui s’en sont rapportés à lui. […] C’est exactement l’expression métaphorique qu’emploie Trufaldin à la scène iv du premier acte de L’Étourdi : Et vous, filous fieffés, ou je me trompe fort, Mettez, pour me jouer, vos flûtes mieux d’accord.
Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde jouit en repos d’une impunité souveraine. » Il est impossible de s’y tromper : c’est ici l’auteur même du Tartuffe qui se plaint, à la face du public, de ceux qui ont eu le pouvoir d’écarter de la scène cet ouvrage entrepris pour les démasquer. […] J’ai prouvé jusqu’à l’évidence que le fond en était d’accord avec les sentiments les plus anciennement professés dans l’église, et que, si le moderne orateur s’est trompé, c’est avec saint Chrysostome et saint Augustin, les deux plus vives lumières du christianisme. […] Une religion toute sensuelle comme le polythéisme, n’exigeait pas cette pureté de mœurs, cette abnégation de soi, ce renoncement au plaisir que la nôtre commande, et dont on peut outrer les apparences pour imposer au peuple et pour le tromper. […] Nous ne croirons pas, avec Furetière, que Molière ait puisé le sujet de sa comédie dans ce quatrain de Pibrac : Vois l’hypocrite avec sa triste mine : Tu le prendrais pour l’aîné des Gâtons ; Et cependant tonte nuit, à tâtons, Il court, il va pour tromper sa voisine. […] Plaisant moyen d’honorer le maître des dieux et des hommes, que de le représenter abusant de son pouvoir suprême pour tromper une femme et déshonorer son mari !
Heureusement, M. l’Abbé d’Aubignac a pris la peine de se combattre lui-même, en disant « que le spectateur aide lui-même au théâtre à le tromper ». […] Je puis me tromper ; mais je crois que de pareils entr’actes, s’ils sont adoptés, précipiteront la chûte de notre théâtre. […] On s’est lourdement trompé.
Nous en croirons Loret, contemporain de Moliere, & qui faisoit dans ce temps-là une Gazette rimée : nous ne risquerons pas de nous tromper. […] Quant aux personnages qui croisent successivement les desseins de Pantalon, on se doute bien qu’ils sont dignes de l’intrigue, & l’on ne se trompe point. […] Le lecteur va voir si je me trompe ; mais il est nécessaire que nous parcourions auparavant une ou deux pages du Spectateur.
Il hait les siens, les siens le détestent ; il regrette leur naissance, ils souhaitent sa mort ; il se méfie d’eux, ils le trompent ; il les prive de ce qu’il leur doit, ils lui déroberaient volontiers ce qui lui appartient. […] Tu te trompes, si tu crois pouvoir, sans faire les moindres frais, conserver la tendresse des parents que t’a donnés la nature. » Il semble que ces vers du poète de la raison pourraient être une réfutation suffisante du reproche grave et solennel adressé à Molière par le plus éloquent des sophistes. […] Rousseau prétend que, dans cette pièce, le public applaudit à la femme infidèle, et rit du mari trompé. […] Rire des tours qu’on joue à un sot qui s’y est exposé volontairement, ce n’est pas approuver l’aigrefin, le fourbe, le fripon qui le trompe. […] Si l’on croit qu’il y ait beaucoup plus d’hommes capables de faire Pourceaugnac que Le Misanthrope, on se trompe. » La pièce de Pourceaugnac est une farce.
Je me trompe, elle aurait désiré de plus qu’il n’y eût point de passion dans celui qui serait fait à madame de Montespan, le désir fut trompé, elle partit pour Barèges.
c’est là un mauvais titre et qui trompe. […] Ne vous y trompez pas. […] Vous dites que je me trompe dans Harpagon. […] »Dès lors, le rôle a été faussé et le public trompé. […] On vous a trompé, cher ami.
(I) Diderot disait : « si l’on croit qu’il y ait beaucoup plus d’hommes capables de faire Pourceaugnac, que le Misanthrope, on se trompe. »
Mais, Madame, répondit le bon Pere tout confus, ne vous êtes-vous point trompée, & n’avez-vous point pris une autre personne pour lui ? […] Ses feux ne trompent pas ma secrete croyance, Et toujours ses regards m’en ont dit l’innocence. […] Cette tirade est visiblement imitée de la premiere scene des Adelphes ; c’est Micio, qui, en parlant de son frere, dit : Il se trompe extrêmement de croire qu’une autorité établie par la force est plus solide & plus durable que celle qui a pour fondement l’amitié.
Dans le Cocu imaginaire, Sganarelle, absorbé par l’idée que Lélie le trompe, ne peut retenir son indignation. […] Arnolphe, aveuglé par cette passion, s’est imaginé que le moyen le plus sûr de n’être pas trompé par sa femme est d’épouser une sotte. […] L’aliéniste Leuret avait défini le fou: Un homme qui se trompe. […] Molière était un observateur trop judicieux et un psychologue trop savant pour se tromper à cet égard. […] Les erreurs commises par Jacques ne lui font point comprendre que celui-ci l’a trompé.
Cette pièce semble s’être trompée de date ; elle eût dû venir après la Jalousie de Barbouillé, qui, du reste, en a sans doute fourni la première idée. […] Pour consoler la fille d’un pêcheur, trompée par son maître, il lui montrait la fameuse liste de toutes celles qui s’étaient trouvées dans le même cas. […] Il n’était pas homme à se tromper sur leur valeur. […] Certaines personnes timorées ont pensé que les railleries jetées sans cesse par la comédie à la tête des maris trompés, dégradait l’institution du mariage. […] Beaucoup d’auteurs se trompent ainsi sur la vocation de leur talent, et parviennent à la postérité, presque sans s’en douter, par des chemins de traverse.
George Dandin est certain que sa femme le trompe, il veut s’en plaindre à son beau-pere & à sa belle-mere, qui, loin de l’écouter, veulent l’obliger à leur parler, son bonnet à la main ; le querellent, parcequ’il les appelle mon beau-pere & ma belle-mere ; exigent qu’il nomme l’un, Monsieur tout court, & l’autre, Madame. […] Hobbes, dans son Discours sur la nature humaine, qui est, si je ne me trompe, le meilleur de tous ses ouvrages, après avoir fait quelques observations fort curieuses à l’égard du rire, le décrit en ces termes : « La passion, dit-il, qui excite à rire, n’est autre chose qu’une vaine gloire fondée sur la conception subite de quelque excellence qui se trouve en nous par opposition à l’infirmité des autres, ou à celle que nous avons eue autrefois : car on rit de ses folies passées, lorsqu’elles viennent tout d’un coup dans l’esprit, à moins qu’il n’y ait du déshonneur attaché » A suivre donc les idées de cet Auteur, lorsqu’un homme rit excessivement, au lieu de dire qu’il est fort gai, nous devrions dire qu’il est bien orgueilleux.
Ceux que Molière attaquait n’y furent pas trompés ; ils ne lui surent aucun gré d’avoir retranché de sa pièce ce qui semblait intéresser la religion, puisqu’il laissait subsister ce qui était dirigé contre eux-mêmes ; et d’ailleurs Le Tartuffe était là qui les menaçait toujours : c’était pour eux un double motif de continuer à diffamer l’auteur4. […] Il trompe aussi bassement les hommes que les femmes ; il injurie grossièrement son père ; il égorge lâchement un vieillard qu’il pouvait se borner à désarmer. […] A la vérité, le comédien Dorimond a donné pour second titre à sa pièce celui de L’Athée foudroyé ; mais ce n’est qu’une qualification sans exactitude ; car ce prétendu athée reconnaît formellement la divinité en plus d’une occasion, sans qu’on puisse supposer en lui l’intérêt ni la volonté de tromper.
C’était un moment heureux pour les hypocrites : car rien n’est plus facile que de tromper par de faux dehors de religion. […] Les gens de bien, si faciles à tromper, furent les premières dupes. […] Rattachant ensuite à son idée principale le plan le plus vaste, il fit voir l’imbécillité, l’emportement d’un homme qui se laisse tromper par de fausses apparences de dévotion, et jusqu’où il peut porter l’oubli des nœuds les plus sacrés ; il leur opposa en même temps la douceur, la raison, le juste discernement qui doivent toujours accompagner la véritable piété.
Tartuffe n’en a pas un seul ; pas un vers, pas un mot qui révèle ce qu’il pense ; on dirait qu’il évite de se parler de peur de se tromper soi-même. […] Et ne vous y trompez pas : il est de naissance ; il avait au pays terre et château, fief de haubert, monsieur, mais que voulez-vous ? […] Et c’est ce qui lui arrive en effet ; et c’est la revanche du paradis perdu, le serpent est trompé par la femme. […] Non, non, vous vous laissez tromper par l’apparence Et je ne suis rien moins, hélas ! […] Et ne vous y trompez pas : s’il demande la liberté de douter de son bonheur, ce n’est pas défiance modeste, c’est ruse d’amant.
Diderot sur plusieurs choses excellentes qu’il a dites en parlant des contrastes, voudra-t-il nous permettre de lui demander s’il ne s’est point trompé lorsqu’il a voulu nous faire entendre que le caractere de Philinte contraste avec celui d’Alceste, & que celui du dernier ne domine que parceque sa cause est mieux plaidée que celle du premier. […] Les lettres de répit qu’il prend contre la mort Ne lui serviront guere, ou je me trompe fort.
. — Pour amener cette transaction entre le passé et l’avenir, pour remplir cette mission conciliatrice entre des idées et des intérêts représentés par des hommes, la femme doit chercher à plaire à tous, mais non à tous de la même manière; c’est sur ce dernier point seulement que Célimène s’était trompée et que d’autres se trompent encore.
Le Prince voit Dona Ignès, vêtue en homme, dans les bras d’Elvire ; il est trompé par l’habit : il veut entrer pour punir le téméraire ; Elvire paroît & l’arrête. […] Mais vous serez trompée en me croyant surprendre. […] Non, tu n’es pas assez simple pour te laisser abuser de cette façon : au contraire, ton cœur perfide & criminel est fait pour tromper, & non pour être trompé.
Les hypocrites ne se trompèrent point sur l’intention qu’avait eue le poète en faisant représenter Le Festin de Pierre. […] Mais est-il possible de se tromper à ces louanges guindées qui ne cachent que la mauvaise humeur du critique et ne sont qu’une censure détournée du monarque ? […] On disait de son temps, et on dit encore familièrement dans quelques contrées, truffer pour tromper, et c’est de truffer qu’on a fait, suivant quelques érudits, le mot de truffe, qui convenait très bien, disent-ils, à cette espèce de fruit, par la difficulté qu’on a de le découvrir. […] Molière en a forcé les portes ; il a saisi l’hypocrite jusque sur les marches sacrées, il l’a mis à nu au pied de ces mêmes autels qu’il profanait par ses vices, et en présence de la foule qu’il trompait par ses grimaces. […] Son maintien, son langage, ne peuvent tromper personne ; plus il abuse des expressions pieuses, plus il inspire d’horreur ; c’est le respect pour la religion qu’il profane qui excite l’indignation au plus haut degré.
Angélique a plusieurs amants qu’elle trompe également : elle est avec Dorante lorsqu’elle voit venir Lisimon dont elle craint la pétulance ; elle cache Dorante : Lisimon s’apperçoit, dit-il, que le vent du bureau n’est pas pour lui, & se retire en jurant de couper les oreilles au rival qu’on lui préfere. […] c’est Mademoiselle du Hasard, si je ne me trompe ! […] Parfait se trompent ; la chose est facile à prouver. […] Dieu soit témoin que pour toi j’en ai honte ; Et de venir ne tenois quasi compte, Ne te croyant le cœur si perverti Que de vouloir tromper un tel mari. […] Il faut prendre des habits de femmes pour les mieux tromper.
Bien des personnes se figurent peut-être qu’une Soubrette intriguante peut employer les mêmes ressorts qu’un valet : elles se trompent. […] « Non content de vous avoir déja trompé, il veut s’excuser auprès de vous en vous trompant encore...
— Vous vous trompez, Monsieur, ils sont au contraire trop longs & trop larges ; vous ne les aurez pas portés cinq à six mois, que vous verrez.... — Oui, mais en attendant ils me blessent. — Non, Monsieur, cela n’est pas possible. — Comment ! […] ils m’estropient. — Non, Monsieur, vous vous trompez. — Sanguédimi, je sens bien que je souffre. — Non Monsieur, vous ne souffrez pas...
On croit que je le dois à madame de Montespan ; on se trompe. […] Le roi, ou pour apaiser la favorite, ou pour la tromper, ou parce qu’il se persuadait qu’en effet cette glorieuse s’enorgueillissait de sa faveur, peut-être aussi par un peu de disposition prendre de l’humeur contre une résistance obstinée à des avances Qu’aucune autre femme n’avait jusque-là rebutées, se laissait aller à une légère bouderie, à l’expression d’un léger mécontentement.
Vos yeux vous ont trompé déja plus d’une fois. […] « Baif, dit-il, qui vivoit sous Charles IX, fit une traduction de l’Eunuque en vers françois, qui, si je ne me trompe, ne fut pas représentée publiquement, puisqu’il n’y avoit pas encore à Paris de Comédiens véritablement établis. […] Nous avons dit, si je ne me trompe, dans le premier volume de cet ouvrage, Chapitre des Dénouements, que celui de Térence étoit fait dès que Chrémès reconnoît Glycerion pour sa fille, & que les deux vieillards consentent à l’unir avec Pamphile. […] Le Théophraste François se trompe : le caractere d’un homme efféminé, qui passe son temps à se parer pour séduire des femmes, qui se fait une gloire de porter le trouble dans leur cœur & de les afficher, qui croit établir sa gloire sur le déshonneur de vingt familles ; un tel personnage, dis-je, pouvoit être pendant cinq actes très utile à la correction des mœurs.
Dans Scarron, un gentilhomme grenadin, souvent trompe par des femmes d’esprit, imagine d’en épouser une bien sotte qu’il fait élever exprès et qu’il entoure de valets aussi sots qu’elle. […] Arnolphe n’est point un vieillard, comme l’ont dit Voltaire, La Harpe, et beaucoup d’autres, trompés apparemment par la représentation, où la tyrannique division des emplois nous fait voir ordinairement ce personnage sous les traits de l’acteur à qui appartiennent les rôles d’amoureux sexagénaires. […] Ce sont deux systèmes d’éducation également absurdes ; ils ont également pour résultat de tromper les vues de l’instituteur, puisqu’ils le rendent odieux à son élève, et précipitent celui-ci dans les écarts mêmes qu’on veut lui faire éviter ; ici, en excitant, par la privation, son ardeur naturelle pour le plaisir ; là, en le mettant à la merci de tous les dangers, faute de lui en faire connaître aucun. […] Lemercier a été trompé par les renseignements qui lui ont été fournis. […] Les historiens du théâtre se sont trompés quand ils ont dit que du Parc quitta la troupe du Palais-Royal pour entrer à l’hôtel de Bourgogne ; ils l’ont confondu avec sa femme.
Dupuis, trompé jadis par ses amis, sa femme, ses parents, est devenu défiant, & qu’il est peut-être alarmé par la galanterie de Desronais. […] On s’est trompé en mettant l’adresse : au lieu d’écrire à M. […] Eh bien, pour parler sérieusement, je me suis vu trompé dans mon attente & dans mes espérances.
Des jeunes gens épris d’amour pour des courtisanes, des esclaves fripons aidant leurs jeunes maîtres à tromper leurs pères, ou les précipitant dans l’embarras, et les en tirant par leur adresse ; voilà ce qu’on vit sur la Scène comme dans le monde. […] On reproche avec raison à l’un des imitateurs de Molière d’avoir mis sur le théâtre un neveu malhonnête homme, qui, secondé par un valet fripon, trompe un oncle crédule, le vole, fabrique un faux testament, et s’empare de sa succession au préjudice des autres héritiers. […] Il envoie le Misanthrope dans un désert, le Tartuffe au cachot : ses Jaloux n’imaginent qu’un moyen de ne plus l’être, c’est de renoncer aux femmes : le superstitieux Orgon trompé par un hypocrite, ne croira plus aux honnêtes gens : il croit abjurer son caractère, et l’Auteur le lui conserve par un trait de génie.
il faut rendre pleine justice avant de prononcer la parole sévère; ne vous y trompez pas plus que moi : il y a là l’élément de la grandeur, de la durée, peut-être de l’immortalité ! […] J’ai dit : rien n’y manque, je me suis trompé. […] Je trouve, et je ne parle plus ici, Dieu m’en garde, des véritables écrivains qui peuvent se tromper, mais qui ne peuvent pas s’oublier, je trouve, eu égard à ce que je connais des théâtres dits populaires, qu’il est énorme pour un, public honnête de rencontrer un mets délicat parmi tant de plats avariés, ou grossiers, dont quelques-uns même sont purement et simplement empoisonnés.
Constance, trompée par le déguisement, dit les choses les plus touchantes : l’homme à qui elle parle, soupire ; elle craint d’avoir perdu sans ressource le cœur de son époux. […] Lorsque nous avons cru nous aimer l’un & l’autre, Nous nous sommes trompés. . . . . . .
Riccoboni s’est trompé : on ne peut absolument pas compter l’Amphitrion parmi les pieces intriguées par le hasard ; le hasard n’y préside ni au principe de l’action, ni aux incidents, ni au dénouement, & il s’en faut bien que les personnages n’aient aucun dessein de traverser l’action. […] Je puis me tromper : je vais mettre le lecteur à portée d’en juger, & de prononcer contre Riccoboni ou contre moi.
En vain notre prétendu Philosophe feint, durant toute la piece, de vouloir cacher son mariage par rapport à son pere, à son oncle ; il nous trompe & se trompe lui-même : c’est une mauvaise honte qui le guide.
Chacun craint de passer pour ridicule en n’approuvant pas ce qu’il entend approuver à un autre, chacun parle contre son sentiment et aide de la sorte à se tromper soi-même, ce qui fait que les pièces qui paraissent généralement approuvées sont souvent celles que chacun condamne en particulier. […] Aussi cette comé die n’a-t-elle pas fait comme celles qui éblouissaient d’abord et qui ne laissent à ceux qui les ont vues que le dépit d’avoir été trompés et de les avoir approuvées.
d’Aguesseau, si je ne me trompe, s’est laissé éblouir par le brillant de sa comparaison : la lunette d’approche peut fort bien ressembler aux mauvaises imitations qui rapprochent également les beautés & les défauts : mais pour nous donner une idée juste de la bonne imitation, il faudroit supposer une lunette qui laissât dans le lointain tout le laid, & ne réunît sous nos yeux que le beau.
Les Italiens prétendent que Molière a fait son Festin de Pierre d’après leur Convié de Pierre, ils se trompent, c’est dans l’original espagnol qu’il a puisé son sujet. […] d’accord, je ne le croyais pas, moi, en le voyant ; mais, forcé de demander à mes voisins si je ne me trompais pas, je ne fus que trop convaincu51. […] Molière ne fut pas trompé dans son espérance ; le roi permit verbalement la représentation du Tartuffe : il fut joué sur le théâtre du Palais-Royal, le 5 août 1667. […] vous vous êtes trompés. » Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jeter, avec un zèle encore plus faux, aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, il lui demanda pardon. […] Jourdain, bien battu, bien trompé par sa femme, sa fille et son gendre, prendra toutes ces petites gentillesses ?
Vous croyez peut-être qu’elle a ses agréments ; vous vous trompez.
La ressemblance que l’on pourroit trouver entre l’école des maris & l’école des femmes, sur ce qu’Arnolphe & Sganarelle sont tous deux trompés par les mesures qu’ils prennent pour assûrer leur tranquillité, ne peut tourner qu’à la gloire de Moliere, qui a trouvé le secret de varier ce qui paroît uniforme. […] C’est une comédie d’intrigue, dont le dénouement a quelque ressemblance avec celui de l’école des maris, du moins par rapport au voile qui trompe Dom Pédre dans le sicilien, comme il trompe Sganarelle dans l’école des maris. […] Les naïvetés grossiéres des valets qui trompent George Dandin, George Dandin, ou le mari confondu, comédie en trois actes en prose, représentée avec des intermédes à Versailles le 15 juillet 1668, & à Paris, sans intermédes, sur le théatre du palais royal, le 9 novembre de la même année. le caractére chargé d’un gentilhomme de campagne & de sa femme, sont des moyens mis heureusement en œuvre pour rendre cette vérité sensible ; mais on voudroit en vain excuser le caractére d’Angelique, qui, sans combattre son panchant pour Clitandre, laisse trop paroître son aversion pour son mari, jusqu’à se prêter à tout ce qu’on lui suggére pour le tromper, ou du moins pour l’inquiéter.
L’aventure du Turc, qui vient tout naturellement avec une lettre d’avis retirer sa sœur d’esclavage, qui s’adresse précisément à l’homme qu’il doit le plus craindre, qui lui laisse entre les mains de quoi le tromper, & qui va ensuite à la campagne pour donner au fourbe le temps de lui nuire ; toutes ces choses, dis-je, ménagées ou arrangées par les fourberies de l’intrigant, me paroissent bien plus comiques que l’Egyptien de Moliere. […] Licipe qui le croit s’apprête à partir, quand Cléandre paroît, reconnoît le cabaretier, rit de son déguisement, & avertit son rival qu’on le trompe.
Rosalie compte pour rien la fortune si la santé de son pere n’est pas altérée : elle est outrée contre d’Orval, elle croit en être trompée. […] Clairville, instruit par André, vient s’opposer aux desseins de Rosalie, il veut la fléchir ou mourir à ses pieds : Rosalie lui dit que d’Orval est un méchant, & qu’il le trompe.
Il est si gai qu’on lui pardonne tout : qu’il boive, qu’il mente, qu’il vole246, qu’il aide à enlever une fille247, et qu’il cajole une femme au nez du mari248 : le mari et le père, les trompés et les volés sont si niais, Sganarelle a tant d’esprit, qu’on applaudit toujours, et qu’on serait désolé de le voir pendre, comme le voudrait bien Lucas 249. […] les barbons qu’il trompe sont si avares !
Mari de Francischina ou père d’Olivette, il est généralement malchanceux, trompé et dupé, quoiqu’il ait grande envie de tromper et de duper les autres.
Personne toutefois n’y fut trompé, ni parmi les spectateurs, ni parmi les modèles. […] Enfin, si la mémoire de Neufvillenaine a pu le tromper pour quelques expressions, il n’est pas du tout probable qu’elle lui eût fait confondre en un seul acte trois actes d’une pièce qu’il avait vue plusieurs fois et avec assez d’attention pour la retenir en entier. […] Voltaire pensait de même au sujet de cette pièce, puisqu’il dit qu’elle est de ce genre purement romanesque qui fut en vogue avant Corneille ; mais il s’est trompé en ajoutant que ce genre s’appelait comédie héroïque , puisque Corneille prétend, et avec raison, qu’avant lui personne n’avait employé cette dénomination.
Pantalon, masqué, vient se mettre à côté de lui : le Docteur crie ; Pantalon fuit ; Colombine revient : le Docteur croit s’être trompé. […] Vous êtes trompés, mes freres ; faites-moi le but de vos injures & de vos pierres, & tirez sur moi vos épées ». […] Non, non, vous vous laissez tromper à l’apparence, Et je ne suis rien moins, hélas !
Je me trompe en accusant ici la prévention ; non : c’est simplement le besoin d’écrire qui fait adopter sans examen et sans conviction un texte de déclamations reçues et en fait exagérer l’expression, pour ne pas reproduire les mêmes idées précisément sous les mêmes paroles.
Ils veulent tromper quatre bohémiennes et, comme on le pense bien, ils sont dupes de celles-ci. […] Et voici les vers « pour Jean Doucet et son frère voulant tromper les bohémiennes » : Quand un homme fait le brave Et se croit en sûreté Près d’une aimable beauté Qui tâche à le rendre esclave, Et qu’elle employe à cela Finement tout ce qu’elle a De charmes et de jeunesse ; Il est comme Jean Doucet Auprès d’une larronnesse Qui fouille dans son gousset.
Orgon, parce qu’il a été trompé par un fourbe détestable, ne veut plus croire aux honnêtes gens, donnant ainsi, par deux effets contraires, une double preuve de la même faiblesse. […] Ils se trompent encore en ce point ; car les véritables hommes de lettres les connaissent, quoiqu’ils ne s’en vantent pas ; et c’est parce qu’ils les connaissent qu’ils les méprisent. […] Mari trompé ou non trompé, Molière ne pouvait manquer d’être malheureux ; et il le fût beaucoup. […] Voltaire se trompe doublement. […] Il est fait par un homme qui ne savait rien de la vie de Molière ; et il se trompe dans tout, ne sachant pas même les faits que tout le monde sait. »J.
Voilà, si je ne me trompe, l’histoire de la composition des Fourberies de Scapin. […] Ce sont celles que représentait la comédie antique, celles qui ont passé sur nos théâtres nouveaux, à l’époque de leur naissance, avec les imitations de Plaute et de Térence, et qui s’y sont perpétuées dans ces innombrables pièces où, sous les noms de Sbrigani, de Scapin, de Crispin, et autres valets de noms et de costumes divers, figurent des Daves et des Sosies déguisés, qui font métier de tromper les pères et de corrompre les fils, tour à tour servant et trahissant leurs maîtres, dont ils reçoivent alternativement des caresses et des menaces, de l’argent et des coups de bâton. […] Ses dupes manquent d’esprit, sans doute ; mais elles ont une passion qui leur en tient lieu : tirer de l’argent de deux avares est peut-être plus difficile que de tromper dix aigrefins.
Si Camille résiste, je suis le plus heureux de tous les hommes ; & si elle succombe, j’aurai du moins l’avantage de ne m’être point trompé dans l’opinion que j’ai des femmes, & de n’avoir pas été la dupe d’une sotte confiance qui en abuse tant d’autres. […] « Il eût été beau, me dira-t-on, de voir Julie s’armer d’un poignard pour tromper Léandre, & pousser la feinte jusqu’à se frapper » ! […] Dorante, ami de la maison, est de concert pour tromper le mari coquet.
En vain Mazarin dissimulait sous le fard sa lente agonie ; il ne trompait personne, excepté le roi jeune et superbe, et qui ne pensait pas que l’on pût mourir. […] » Au demeurant, les gens du métier ne s’y trompaient pas ; ils reconnaissaient le lion à sa griffe. […] À commencer par Molière, chacun riait volontiers des maris trompés.
Comme la prude a de l’esprit, et qu’elle n’a choisi ce caractère que pour mieux faire ses affaires, elle tâche par toutes sortes de voies d’attirer le Misanthrope, qu’elle aime : elle le loue, elle parle contre la coquette, lui veut persuader qu’on le trompe, et le mène chez elle pour lui en donner des preuves ; ce qui donne sujet à une partie des choses qui se passent au quatrième acte. […] « [*] Le Sicilien, ou l’Amour peintre suivit de près les représentations (de la Pastorale comique, et la pastorale héroïque de Mélicerte), c’est une comédie d’intrigue, dont le dénouement a quelque ressemblance avec L’École des maris, du moins par rapport au voile qui trompe Dom Pedre dans Le Sicilien, comme il trompe Sganarelle dans L’École des maris. […] Les naïvetés grossières des valets qui trompent George Dandin, le caractère chargé d’un gentilhomme de campagne et de sa femme, sont des moyens mis heureusement en œuvre pour rendre cette vérité sensible ; mais on voudrait en vain excuser le caractère d’Angélique, qui, sans combattre son penchant pour Clitandre, laisse trop paraître son aversion pour son mari, jusqu’à se prêter à tout ce qu’on lui suggère pour le tromper, ou du moins pour l’inquiéter. […] Les plus mutins s’ameutèrent, et ils résolurent de forcer l’entrée ; ils furent en troupe à la comédie, ils attaquèrent brusquement les gens qui gardaient les portes ; le portier se défendit pendant quelque temps, mais enfin, étant obligé de céder au nombre, il leur jeta son épée, se persuadant qu’étant désarmé, ils ne le tueraient pas ; le pauvre homme se trompa : ces furieux, outrés de la résistance qu’il avait faite, le percèrent de cent coups d’épée, et chacun d’eux en entrant lui donnait le sien. […] Voici une preuve sans réplique que l’auteur des Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière s’est trompé en donnant le rôle d’Hali à Molière.
J’ai cru remarquer quelques ressemblances dans l’avant-scene des deux Reines : je puis me tromper : voyons si le lecteur sera de mon avis.
On voit que nous ne nous étions pas trompé. […] Voilà qui vous étonne, mais je ne crois pas me tromper. […] Tout le monde s’y trompa, Boileau lui-même, et pour que vous n’en doutiez point, voici son aveu. […] Sa femme le trompait ; le pauvre grand homme subissait toutes les amertumes du ridicule qu’il avait tant joué. […] Il ne s’était pas trompé.
Votre cœur ne se trompe pas. […] Je ne me trompe point, c’est lui-même.
La servante de Molière ne s’y serait pas trompée. […] II se trompe : ce n’est point le prétérit simple, c’est l’imparfait du subjonctif. […] Ce n’est point une chose facile que de juger Molière : nos plus grands philosophes s’y sont trompés. […] Vous croyez peut-être, ajouta-t-il, qu’elle a ses agréments ; vous vous trompez. […] Quant à Mignard, l’auteur se trompe sur l’époque de l’amitié qui s’établit entre ce grand peintre et Molière.
L’un & l’autre n’ont à tromper que les oreilles : Henri a besoin de persuader, il doit faire illusion aux oreilles & aux yeux. […] C’est ainsi, chez le Comique Latin, que les fourbes agacent la curiosité des vieillards qu’ils veulent tromper. […] Ces deux scenes sont pourtant les mêmes dans le fond, puisque Zerbinette, à l’exemple de Genevote, vient dire au pere de son amant comment on l’a trompé par rapport à elle & pour servir son fils. […] Quelle indignité, Chrémès, d’avoir été trompé de cette maniere !
Il place aussi devant lui l’héroïne, qui, se tenant debout, le regarde entre deux yeux, & fait la révérence lorsqu’Arnolphe lui parle de l’honneur qu’il lui fait en l’épousant, & du courroux du ciel lorsqu’on trompe son mari. […] Le madré Cordouois eut toutes les peines du monde à la désabuser & à lui persuader qu’elle étoit trompée, & que la vie des personnes mariées étoit toute autre. […] Ils se trompent bien fort.
C’est grâce à elle, surtout, qu’un médecin, sachant que votre fille ne parle, plus, après une foule de belles démonstrations en français et en latin, sur le foie qui est à gauche, et le cœur qui est à droite, finira par vous apprendre « que votre fille est muette (12). » Je ne me trompe pas! […] Il ne faut pas s’y tromper ; c’est le fond même de l’âme de notre auteur que nous allons chercher à pénétrer, ses œuvres à la main. […] Mais Molière a sondé jusqu’au fond le cœur humain et ses misères… Torturé par la douleur physique, fatigué de sa vie même et réduit à s’écrier un jour que les chaînes du grand roi le fatiguaient (61), il a vu les hommes lancer contre lui les plus atroces calomnies, ses parents oublier jusqu’à son nom, ses amis le trahir, celle qui possédait son cœur, le tromper!
Et qui pourrait affirmer que l’espèce de trahison du roi envers cette même madame de Montausier, lorsqu’il trompa la reine et elle sur ses relations avec madame de Montespan, l’incurable maladie qui accabla madame de Montausier lorsqu’elle fut détrompée, et enfin sa mort, qui arriva pendant que l’Amphitryon de Molière amusait la cour et le public par le spectacle d’un mari malheureux ; qui oserait assurer, malgré les apparences, que ces faits n’eurent aucune influence sur l’esprit du roi ?
Tout le monde lui pardonne, et même ceux qu’il a trompés. […] non, c’est Jean-Jacques Rousseau qui se trompe et qui charge, de ces noires couleurs, le Philinte de Molière. […] » Vous vous trompez, la vertu d’Alceste n’est pas ridicule. […] Seul, Molière ne s’y trompait pas ; il savait bien jusqu’où pouvait aller l’amitié de Chapelle. […] Alceste l’honnête homme, perdu au milieu de ces jeunes fats, aux pieds de cette coquette, se sera trompé de porte.
Tartufe ment pour mieux tromper l’imbécile Orgon ; c’est un méchant homme qui se sert du mensonge. […] Dans Sganarelle, l’amant et sa maîtresse, Lélie et Célie, se trouvent mal à point, et l’un après l’autre, pour que Sganarelle, en recueillant Célie chez lui, donne à sa femme le soupçon qu’il la trompe, et pour que celle-ci, à son tour, en venant au secours de Lélie, fasse croire à Sganarelle qu’il est ce qu’il craint si fort d’être. […] Les personnages du Misanthrope ne doivent guère se tromper dans ce qui ne les touche pas ; et s’ils se font du tort, c’est toujours par les meilleures raisons. […] Quant à l’Alceste du Misanthrope, si ce n’est pas là Molière tout entier, quoi de plus probable que, déjà trompé, mais toujours épris et plein de pardons, il ait peint dans Alceste ses emportements et son indulgence ?
Je l’invite à l’auberge en termes délicats, À tromper sa douleur par un frugal repas. […] Comment ne serait on pas exposé à se tromper sur celui du Misanthrope, lorsque de grands écrivains, des critiques justement renommés, en ont fait des appréciations si diverses ! […] Je puis me tromper, mais il me semble qu’une passion de cette nature doit entraîner à des concessions peu délicates, auxquelles un amour, né d’une source plus pure, ne descendrait jamais. […] C’est qu’il juge ce raffinement de scélératesse nécessaire pour tromper Orgon. […] En général, on ne se trompe pas d’une manière tout à fait grossière sur l’ensemble d’un rôle, et jamais, par exemple, il ne viendra à l’idée d’aucun comédien, pas même des moins intelligents, de jouer Tartuffe avec les airs dégagés d’un petit-maître.