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18. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Lorsque le voile qui cache l’œuvre vient à tomber, les applaudissements qui éclatent d’ordinaire s’adressent d’abord au grand homme, puis aux artistes qui ont élevé l’édifice. […] Pour nous, ce n’est pas là l’homme triste et grave qui avait sondé tous les replis du cœur humain, qui avait percé de son regard tous les voiles sous lesquels se cachent les vices et les ridicules, puis était venu dire sur la scène avec toute la hardiesse du génie ce qu’il savait de la société humaine, et stygmatiser à jamais par le ridicule les misères et les perversités du cœur et de l’esprit. […] Une statue, magnifique il est vrai, mais cachée sous le vestibule du Théâtre-Français, est là seule pour l’honorer.

19. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Le premier pas fait, il faut qu’il pénètre plus avant, qu’il arrache en entier le voile sous lequel se cache le vice ou le ridicule qu’il attaque ; qu’il agrandisse sa marche, qu’il peigne en traits vifs et profonds, qu’il ne laisse pas échapper la nuance la plus légère. […] Mais que nous importe, lorsqu’elles produisent les plus grandes beautés, et que l’auteur, par la magie de son talent, sait les cacher ? […] Se parant du langage de la vertu, elle cache sous cette égide sacrée tout ce que la méchanceté, la bassesse et la perfidie ont de plus odieux, couvre ses crimes, son infamie des dehors les plus respectables, satisfait impunément ses passions, ses désirs, dispute souvent le prix à la vertu et le lui arrache quelquefois. […] Molière représenta d’abord les signes caractéristiques de l’imposture, son affectation, son faux rigorisme, avec l’habileté la plus rare, il en saisit tout le côté comique, et, par ce moyen, cacha tout l’odieux de son principal caractère.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Je le sais très bien ; mais les gens du bel air voudroient qu’un comique les plaçât sur la scene, moins tels qu’ils sont, que tels qu’ils veulent paroître ; qu’il ne s’attachât qu’aux mines, aux grimaces, & ne dévoilât pas le fond du cœur ; qu’il peignît ces travers, ces ridicules qu’on a érigés en agrément ; & non ces vices que l’éducation, que la politesse masquent, mais qu’elles ne cachent pas à un observateur profond. […] Il voudra le cacher ; Je le connois, en vain vous croirez l’arracher. […] Pour vous cacher mon sort, j’avois feint que Léandre...

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Oui, mais elle est ma femme : En elle j’apperçois des défauts chaque jour, Qu’elle avoit avec art cachés à mon amour. […] En vain notre prétendu Philosophe feint, durant toute la piece, de vouloir cacher son mariage par rapport à son pere, à son oncle ; il nous trompe & se trompe lui-même : c’est une mauvaise honte qui le guide. […] Isabelle veut pénétrer le secret de Lisette, lui fait un crime de lui cacher ce qu’elle a dans le cœur, tandis qu’elle lui montre le sien à découvert.

22. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas ! […] Nous avons beau changer, sous des noms différents Les hommes sont toujours des fous ou des méchants : Du nouveau parvenu l’orgueilleuse impudence Brille sous les lambris de la fière opulence ; Pour mieux se déguiser parlant toujours d’honneur, Mondor avec succès tranche du grand seigneur ; Et sous les noms pompeux d’Excellence ou d’Altesse, De sa grandeur d’hier il cache la bassesse. […] insensible au branle de ta roue, Le mérite naissant, loin du monde caché, Fier d’être utile un jour, à l’étude attaché, Mûrit dans le travail et sa jeune éloquence, Et son besoin de gloire, et son indépendance : Protégé par lui seul il se doit ses progrès, Et sans remords, au moins, jouit de ses succès.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Elmire engage Tartufe à se démasquer, tandis qu’Orgon est caché sous la table ; mais elle nous a exposé son dessein dans la scene précédente, en disant : Je vais, par des douceurs, puisque j’y suis réduite, Faire poser le masque à cette ame hypocrite, Flatter de son amour les desirs effrontés, Et donner un champ libre à ses témérités. […] Ils frappent tous la mienne ; &, loin de m’en cacher, Elle sait que j’ai soin de les lui reprocher. […] Je connois très bien les beautés inestimables de cette piece ; & s’il étoit question d’en faire l’éloge, je saurois peut-être dire avec emphase, comme tout autre, qu’elle est l’ouvrage le plus parfait de tous les Théâtres ; que Moliere a eu pour objet la critique universelle du genre humain ; qu’on ne perd jamais de vue le Misanthrope, & qu’il est le centre d’où partent les rayons de lumiere qui éclairent tous les autres personnages : mais je parle à des jeunes gens, & je dois les exhorter à ne pas se laisser éblouir par un ouvrage qui cache continuellement, sous les plus grandes beautés, les défauts de la grande machine. […] Simon s’enfuit, & la Fleche va se cacher.

24. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Aux éloges intarissables qui lui sont prodigués, se mêlent de rares et indispensables aveux, qui méritent confiance et cachent un fond sensible de vérité. […] D’autres ont cru reconnaître dans Célimène cette haineuse Mlle de Longueville qui, pour une misérable querelle avec Mme de Monbazon, suscita entre son amant et celui de cette dame un duel fameux, qui eut lieu sur la place Royale et auquel elle assista cachée derrière une jalousie. […] Sans doute, il y a dans le choix tel sujet un indice grave des dispositions d’esprit où se trouvait l’auteur ; et Molière., comme Shakspeare, lorsqu’il conçut l’idée de mettre sur la scène un misanthrope, devait être plus porté à la mélancolie qu’à la gaieté, et voir surtout le côté triste des choses humaines; mais ses plaintes amères contre l’humanité, qu’il a mises dans la bouche de son héros, ne sont pas pour cela l’expression vraie de :ses sentiments personnels, une diatribe sociale derrière laquelle se cache l’auteur20 Non, Molière n’est pas Alceste tout entier; car, si parfois il semble s’être identifié avec son personnage, souvent ; aussi il l’abandonne : on en voit ,1a preuve dans les avertissements et les leçons qu’il lui fait donner par ceux qui l’entourent ; tel est en particulier le rôle de Philinte. […] « Lorsque vous verrez Le Misanthrope, songez à Molière, à son infortune profonde ; persuadez-vous bien que sous le nom d’Alceste c’est lui-même que vous avez devant les yeux, et vous sentirez quelle douleur amère se cache au fond de ce diamant plaisir 47. » On voudrait se transporter dans ce temps où Molière lui-même, interprétant ses chefs-d’œuvre, racontait à cette grande société française l’histoire intime de son cœur et de ses souffrances.

25. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Il fallut les prières de sa veuve et un ordre du roi, pour obtenir qu’un peu de terre couvrît sa cendre ; il fallut jeter de l’argent à un peuple fanatisé et furieux qui insultait à sa mémoire et menaçait de troubler ses funérailles ; il fallut que le convoi funèbre, qui emportait sa dépouille mortelle, se glissât furtivement la nuit dans les rues de Paris, comme s’il cachait un coupable, comme si ce cercueil allait dérober sa place au cimetière. Les prières mêmes pour le repos du martyr, car il mourut martyr du devoir6, les prières mêmes durent être cachées, et c’est un fait prouvé par les registres de l’archevêché qu’il y eut défense à toutes les paroisses du diocèse et aux églises des réguliers de faire aucun service solennel en faveur de celui à qui la France vient d’élever une statue. […] Le voyez-vous caché dans la chambre royale, A l’écart, épiant la foule qui s’étale ? Il suit les courtisans de son regard moqueur, Au travers de leur masque il pénètre leur cœur ; Observateur discret il devine en silence Quelle servilité cache leur insolence ; Puis il rit de trouver parfois sur son chemin Leur impuissant mépris qu’il châtira demain. […] Dominant le clergé, la volonté royale Veille encor sur Molière et met fin au scandale ; Puis, sans pompe, le soir, tous ses amis en deuil Parmi les morts obscurs vont cacher son cercueil18.

26. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Mais l’Auteur nous cache jusqu’au nom de celui qui en fit défendre la représentation. […] Il était inutile que notre Auteur mystérieux voulût nous, cacher sa médisance ; tout le monde sait que la défense du Misanthrope est de l’Auteur, qui nous apprend si galamment tous les mois ce qui se passe dans toute l’Europe. […] Molière y fait le personnage d’un présomptueux ; Baron, celui d’un homme qui ne se connaît pas ; le Courtisan, celui d’un malavisé, de se commettre avec lui : et tout cela est soutenu par de si mauvaises raisons, que je ne daigne pas vous en parler davantage ; d’autant plus, que je ne devine pas sûrement les personnes que l’Auteur a cachées.

27. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

C’est la pensée d’Arnolphe ; il ne la cache pas : Dans ses meubles, dût-elle en avoir de l’ennui9, Il ne faut écritoire, encre, papier, ni plumes ; Le mari doit, dans les bonnes coutumes, Écrire tout ce qui s’écrit chez lui. […] Celui-ci a eu le malheur de croire et le triste courage de dire par deux fois que l’homme est un être pervers, pour qui la vertu n’est que grimace : Le plus saint est celui qui se cache le mieux34. […] Il a trouvé parmi eux des méchants et des fourbes cachés sous le manteau de la vertu ou de la religion ; mais cette méchanceté ou cette hypocrisie n’ont point fermé ses yeux aux sincères vertus des autres. […] Elle estime ce qu’il y a de noble et d’héroïque dans ce caractère, et ne cache point le penchant qui la porte vers Alceste. […] Mais si elle a le bon goût de cacher son savoir, si aucun vers de son rôle ne le trahit, en demandant à Clitandre, son amant, les qualités qu’il estime dans une femme, nous saurons celles qu’il a cru rencontrer dans Henriette.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

La scene dans laquelle Orgon, caché sous une table, écoute la déclaration de Tartufe, est un chef-d’œuvre ; elle en deviendra un d’impertinence si vous la placez dans une tragédie. […] pourquoi si long-temps me cacher mon bonheur ? […] Sous ce nom étranger cessez de vous cacher.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Ce n’est pas tout : Scapin, non content d’avoir arraché cinq cents écus des mains de Géronte, lui fait croire qu’on le cherche pour le tuer, lui conseille de se cacher dans un sac, où il ne l’a pas plutôt renfermé, qu’il lui donne deux ou trois volées de coups de bâton. […] Il est fort étonné d’en voir sortir Rodomont, qui lui fait croire qu’il ne s’y étoit caché que pour ne pas épouser une vieille, riche de cinquante mille écus. […] Cachez-vous, voici un Spadassin qui vous cherche. […] Cadédis, jé lé troubérai, se cachât-il dans lé centre dé la terre. […] Il faut qu’il soit caché dans quelque endroit qu’on ne puisse pas deviner.

30. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Où se cache-t-il, à cette heure, cet univers d’or, de soie et de cordons bleus ? […] Nos grands hommes, autant de marionnettes dont le fil est tenu par des mains déliées et cachées ; héros, tant qu’ils obéissent aux passions populaires, martyrs, s’ils veulent briser cet esclavage ! […] Cet art tout féminin de cacher sa pensée sous la perfection du langage, Marivaux l’a possédé, à ce point qu’il pourrait en remontrer aux femmes les plus habiles. […] Si bien qu’elle se cacha pour mourir. […] Il y a bien de l’héroïsme caché dans ces âmes-là.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Les musiciens finissent par un couplet dont voici le sens : Il ne faut pas se fier à l’amour ; il cache sa puissance sous la forme d’un petit enfant. […] Elle ne peut cacher plus long-temps son amour ; elle délibere si elle l’avouera. […] Une femme qui a le dépit de voir manquer les armes qu’elle croit les plus puissantes pour ranger un homme sous ses loix, la contrainte d’un amant qui est forcé de cacher les progrès que l’amour & les talents de sa maîtresse font sur son cœur, tout cela auroit-il paru à Moliere indigne d’attacher le spectateur ?

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

La Princesse exhorte ses femmes à ne pas orner ses cheveux de fleurs & de diamants, à se donner moins de soins pour cacher les défauts de sa figure, ou pour en augmenter les attraits, puisque sa beauté ne serviroit qu’à la rendre malheureuse en redoublant la jalousie du Prince qu’elle aime. […] Il voit venir Délia, suivante de la Princesse, & Florente ; il se cache pour écouter ce qu’ils disent. […] Delmire a la complaisance de cacher à son frere que son amant se battoit avec elle. […] Bélise, Duchesse de Tyrol, y est en habit de cavalier, avec Thérese sa suivante, déguisée en Page Thérese lui conseille, si elle veut passer pour un homme, de cacher ses oreilles percées, de mettre son chapeau en mauvais garçon, d’écarter les jambes, & de lâcher quelques maugre-bleu : elle lui fait avouer ensuite qu’elle est venue autant pour Don Pedre que pour Delmire.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Je t’ai long-temps caché mon mal dans l’espérance de le surmonter, je n’ai pu m’en rendre le maître... […] Lothaire le voit sortir un soir avec mystere, se persuade qu’il est venu pour Camille, est furieux, ne songe qu’à se venger de celle qu’il croit doublement perfide, va dire au mari que sa femme lui a promis de se rendre à ses desirs le lendemain, l’exhorte à se cacher dans une chambre voisine de l’appartement de Camille pour s’assurer par lui-même de sa perfidie, paroître à ses yeux & la punir. […] Ajoutons que Lothaire cache long-temps à Camille la folie de son époux ; il ne lui dit que des choses vraies, lors même que l’amour l’a séduit. […] Timon est forcé de convenir que l’univers n’est pas sans vertu : il montre son trésor à Evandra, lui déclare qu’il veut sans cesse le tenir caché pour prévenir les maux dont on le feroit l’instrument.

34. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Son front, où brillait cependant la majesté d’un dieu, portait une couronne de rubis cachés dans les fleurs, et si jeune, il avait déjà la teinte rubiconde des buveurs. » À sa suite heureuse, il entraînait les grâces, les élégances, les beautés, les jeux et les fêtes, mêlés aux plus douces odeurs. — Voilà un des tyrans de la jeunesse, et prenez garde, il enchante l’esprit pour le corrompre. […] En ne prenant que la fleur de la plus pure antiquité, il ferait un ouvrage exquis et délicieux. » Le Jour du feuilleton. — L’École des femmes. — L’Épreuve nouvelle. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine. […] Partout, même dans les plus charmantes minauderies de ses petites filles, le rire est caché, comme l’aspic sous les fleurs. […] Qu’a-t-elle fait de ses belles épaules si bien cachées, qu’on les devinait à peine ?

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Parle, dit le Sultan, & ne me cache rien :  Mot pour mot je veux tout apprendre. […] lui dit la fillette, un si beau coloris  Cache une amertume effroyable,  Et pour te trouver agréable, Il faut que par le temps tes appas soient flétris !

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Elle fait cacher le premier, & s’efforce de recevoir assez bien le second, lorsqu’on lui annonce encore l’arrivée de Don Maurice son frere. […] Angélique a plusieurs amants qu’elle trompe également : elle est avec Dorante lorsqu’elle voit venir Lisimon dont elle craint la pétulance ; elle cache Dorante : Lisimon s’apperçoit, dit-il, que le vent du bureau n’est pas pour lui, & se retire en jurant de couper les oreilles au rival qu’on lui préfere. […] Sa femme dit : Mon mari, mon époux, Jusqu’à tantôt cachez votre courroux ; Dans le jardin attrapez-le vous-même : Vous le pourrez trouver fort aisément : Le poirier est à main gauche en entrant. […] Et nous irons tout de ce pas, Lisette & moi, nous cacher derriere la palissade, pour entendre la conversation, & savoir ce que nous devons croire. […] La meûniere veut faire pendre son mari ; le meûnier se cache, on accuse sa femme de l’avoir fait noyer : Agathe & Charlot servent de témoins, déposent contre la meûniere.

37. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Rien d’étonnant donc que le 28 mars 1658, il ait été résolu en la Compagnie de Paris que, pour se cacher mieux, « Messieurs seraient priés de n’amener avec eux que le moins de train qu’ils pourraient, qu’on n’écrirait plus aux groupes de province que des lettres sans suscription et sans signature, qu’on ne donnerait avis des morts qu’une fois par mois et qu’on ne députerait plus de membres de la Compagnie aux œuvres de charité publique. » Toutes ces précautions n’empêchèrent pas que, celte année même, la Compagnie ne reçût le premier des coups qui la désorganisèrent. […] C’est de 1662 à 1605 que Bossuet, nota leur si exact en ses sermons des idées et des senti-mens contemporains, fait sur le mouvement offensif de l’incrédulité des aveux graves : prêchant an Louvre, le deuxième dimanche de l’Avent 1665, il confesse qu’à l’heure où il parle, les libertins sont « déclarés; » loin de se cacher, — comme ils avaient coutume auparavant et comme ils recommencèrent dus tard, — ils se produisent; on les « trouve » partout « dans le monde; » ils y promènent avec impertinence « leurs fines railleries, leurs dédaigneux sourires, leurs demi-mots, leurs branlemens de tête; » même ils « s’élèvent contre l’Évangile, hardiment, ouvertement, »et, ce faisant, » dans les « compagnies,» — entendez: dans les salons, — « ils triomphent 15. » C’est qu’alors rien ne s’oppose à ce qu’ils espèrent de triompher aussi dans le gouvernement. […] Molière utilise-t-il ce que son dépit a pu lui faire découvrir sur le compte de ses adversaires cachés de la Compagnie du Saint-Sacrement ? […] De cette lutte, les preuves s’entr’aperçoivent, nombreuses, dans la Relation de Voyer d’Argenson, quelque soin qu’il prenne de les cacher. […] Hamon, le poétique docteur de ces duretés : solitude bénie où seulement peut s’épanouir intact le lis de la sagesse chrétienne, jardin sacré où Dieu cache à l’abri de la tempête et couve les âmes qui lui sont chères.

38. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On rougit des affections les plus douces, on est honteux des liens les plus sacrés, et le Philosophe marié met à cacher son bonheur le soin que Tartuffe prenait pour dissimuler ses vices. […] Ce sont, a dit Chamfort, des coupables dont il a donné le signalement au public, et qui se cachent dans la société sous un autre déguisement.

39. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

« Des sbires sont à la poursuite de Don Juan, ils offrent une bourse au valet, pour qu’il leur découvre la retraite où son maître est caché. […] Arlequin se cache.

40. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Celui de la comédie de Plaute est très simple ; sou avare a trouvé un trésor qu’il cache avec les plus grandes précautions. […] Les apprêts de la noce amènent des valets étrangers dans sa maison, il ne croit plus son trésor en sûreté et va le cacher hors de chez lui, ce qui fournit à l’esclave de l’amant de sa fille l’occasion de s’en emparer. […] Au commencement de la pièce, dans une scène imitée de Plaute, Harpagon exprime sa crainte qu’un domestique n’ait eu quelque soupçon de son trésor ; il se tranquillise ensuite pendant quatre actes, on n’entend plus parler de ses inquiétudes, et le spectateur tombe des nues, quand le valet apporte tout d’un coup la cassette volée, parce qu’on ne lui a jamais expliqué comment un trésor aussi soigneusement caché a pu être découvert. […] N’est-il pas encore très invraisemblable que Zerbinette qui, en sa qualité de bohémienne, doit bien savoir cacher une friponnerie, s’en aille courir dans la rue, et raconter au premier venu, c’est à dire à Géronte lui-même, comment Scapin a attrapé Géronte. […] C’est comme ces jeux où les enfants se cachent : ils ne peuvent pas rester tranquilles dans leur coin ; ils avancent toujours la tête pour regarder si on ne les découvrira pas ; enfin, il faut connaître Marivaux, pour comprendre ce que c’est que de la naïveté sans naturel et sans innocence.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Il faut ici, mon cher ami, ne rien cacher à votre maître. […] — Je ne vous le cache pas, poursuivit le plaisant ; mais M. le Maréchal a de la peine à le croire. — Eh !

42. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Les acteurs peuvent donc jouer et circuler dans toutes les rues, se cacher, épier, écouter ou surprendre très naturellement des secrets et des mystères qui sont parfois impossibles à mettre en scène sur nos théâtres modernes. » Tel est en effet l’aspect général du théâtre figuré dans les comédies imprimées avec vignettes au seizième siècle, aspect non pas uniforme, cependant. […] Or, la logette où est entrée Isabelle est le galetas du jardinier Burattino ; et l’amoureux Oratio, dont la maîtresse du logis est complice, s’y tient caché.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Convenons qu’il ne sera question ici que de la belle nature, telle que l’a imité Moliere dans les parties & l’ensemble de ses meilleures pieces ; telle enfin que doit la voir un Philosophe qui se propose de corriger & de faire rire les hommes en leur peignant au naturel leurs gestes, leurs traits, leurs travers, leurs ridicules, leurs vices, enfin toutes les vérités que leur amour-propre leur déguise, ou qu’il tient cachées sous les replis du cœur humain.

44. (1802) Études sur Molière pp. -355

oui ; elle s’est donné tant de peine pour tousser, elle a tant frappé à coups redoublés sur la table qui cache Orgon ! […] Peut-être l’acteur a-t-il lu ce que dit Bret, à propos de la table sous laquelle Orgon se cache : Tartuffe avait déjà été découvert pour ce qu’il est par un homme caché, au troisième acte ; Molière se sert ici du même moyen à peu près, l’imbécillité d’Orgon est la seule excuse de cette répétition. […] Je ne cacherai aucune de celles où Molière a puisé, mais il en est une surtout qui, ayant fourni à notre auteur l’idée primitive de sa pièce, doit être examinée de plus près et plus scrupuleusement. […] Harpagon cache son trésor dans son jardin, parce qu’un coffre-fort lui paraît une amorce pour les voleurs. […] Il se passa cinq à six jours avant que l’on représentât la pièce pour la seconde fois, et Molière, tout mortifié, se tint pendant ce temps caché dans sa chambre ; il envoyait seulement Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles ; toute la cour était révoltée.

45. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

Si vous étiez dans le besoin, je pourrais vous rendre mes services, mais je ne vous le cache point ; je vous serais plutôt un obstacle ».

46. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Les ressorts en sont cachés, & la machine en produit un mouvement plus brillant. […] Ce qui distingue encore plus particuliérement l’école des femmes, & dont l’antiquité ni les théatres modernes n’ont donné aucun modéle, c’est que tout paroît récit & tout est en action ; chaque récit, par sa proximité avec l’incident qui y a donné lieu, le retrace si vivement, que le spectateur croit en être le témoin ; & par un avantage singulier que le récit a sur l’action dans cette piéce, en apprenant le fait, on jouit en même tems de l’effet qu’il produit, parce que la personne qui a intérêt d’être instruite, apprend tout de celle qui a le plus d’intérêt à le lui cacher. […] Mais Plaute ne peut corriger que les hommes qui ne profiteroient point des ressources que le hazard leur donne contre la pauvreté : Euclion, né pauvre, veut encore passer pour tel, quoiqu’il ait trouvé une marmite pleine d’or ; il n’est occupé que du soin de cacher ce trésor, dont son avarice l’empêche de faire usage. […] Clitandre & Adraste, à la faveur de leur déguisement, trouvent le moyen d’entretenir leurs maîtresses en particulier, quoique Sganarelle & Dom Pédre soient sur la scéne :64 dans l’étourdi,65 dans l’école des maris,66 dans le malade imaginaire, des amans, qui ne peuvent s’expliquer autrement, déclarent tout haut leur passion à l’objet aimé, en présence même des personnes à qui ils ont intérêt de cacher leurs sentimens. […] L’art caché sous des graces simples & naïves, n’y employe que des expressions claires & élégantes, des pensées justes & peu recherchées, une plaisanterie noble & ingénieuse pour peindre & pour développer les replis les plus secrets du cœur humain.

47. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

La vraie comédie doit arriver au plaisant par le sérieux, et faire jaillir le ridicule des profondeurs de la nature humaine272 Il faut que son dénomment décèle une utilité morale, et laisse voir le philosophe caché derrière le poète273.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Elle cache des papiers nécessaires au procès qui les amene à Paris, feint de les avoir oubliés à Auxerre. […] Les amants sont ensemble : la mere arrive : le maître & le valet se cachent dans un cabinet.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

La belle qui s’étoit cachée près de la porte, entre d’abord qu’il fut sorti, ferme bien la porte sur elle, se met à la fenêtre où étoit son mari, & lui dit : Il y faut mettre de l’eau quand on le boit, & non pas quand on l’a bu. […] Cela étant fait, elle éteignit la chandelle que le mari, par jalousie, tenoit toute la nuit allumée, & alla se cacher, en attendant le dénouement de la comédie.

50. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Ce rôle admirable étincelle de splendeurs cachées. […] N’ayant pas pénétré dans l’intime de nos souffrances, elle n’aperçoit pas le remède dont le secret est toujours caché dans la cause du mal.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Le 11e entretien de madame de Maintenon nous apprend que pour cacher l’existence des premiers enfants qui lui furent confiés, on les plaça avec leur nourrice, chacun séparément, dans une petite maison hors de Paris ; elle n’allait les y voir qu’à la dérobée ; elle profitait de tous les moments dont elle pouvait disposer pour se montrer dans sa société, afin que la curiosité ne cherchât pas l’emploi du temps qu’elle aurait dérobé à ses amis. […] Elle était obligée, si on peut le dire, de se prodiguer elle-même pour mieux cacher le secret qui lui était confié.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Mais ne nous laissons pas corrompre par de grands mots : rions de la peine qu’ils prennent pour cacher leur impuissance, & pour se faire un mérite de cette même foiblesse qui leur a fait prendre la route la plus facile, au hasard de fournir une carriere infructueuse. […] De son étude enfin je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir, sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les Auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos. […] Il y réprimande ces femmes qui, trop peu jalouses de leur réputation, ne prennent pas même le soin de cacher leur conduite déréglée : il y démasque les prudes, qui, se souciant fort peu de bien vivre, ne mettent toute leur étude qu’à cacher leurs désordres : il y tonne enfin contre ces coquettes, qui se font un jeu d’amuser plusieurs amants par de fausses démonstrations d’amour.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Cela se peut ; mais je crois avoir déja prouvé que le spectateur, entraîné par l’habitude, & séduit par l’apparence, bat souvent des mains à des fautes qu’un vernis brillant lui cache.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Célio, marié secrètement à Rosaura, fille du Docteur, est caché avec son valet Arlequin dans un cabinet que la jeune épouse a fait pratiquer dans l’épaisseur de la muraille.

55. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Quand elle ne jouait pas la tragédie, madame Sainval se cachait sous un voile noir qui la couvrait de la tête aux pieds. […] Il se repose caché quelque part, sous le chou qu’il a planté. […] Le drame est là, caché sous les fleurs. […] — Sans remonter à trois mille années, à dater seulement d’hier, qui pourrait nous dire, aujourd’hui, la moins cachée des petites grâces minaudières du siècle passé ? […] En même temps, pour ce qui touche aux mœurs, à l’observation qui pénètre dans les recoins les plus cachés, comme fait un rayon du soleil, il n’y a aucune comparaison à faire entre M. 

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Orphise arrive au lieu indiqué ; des importuns l’excedent au point que, pour cacher son intrigue, elle est forcée de se retirer sans parler à celui qu’elle aime, & en feignant même de ne pas le connoître. […] Et de son large dos morguant les spectateurs, Aux trois quarts du parterre a caché les acteurs.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Valerio a laissé son cabriolet pour se cacher dans l’épaisseur du bois ; il voit l’habit de paysan, le prend, met le sien à la place, bien sûr de se sauver plus aisément à l’aide de ce déguisement, et part. […] J’y règne avec éclat sur la scène comique ; Arlequin sous le masque y cache Dominique Qui réforme en riant et le peuple et la cour.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Rien n’est caché, rien n’est secret ; les promenades en triomphe : cet air déplairait encore plus à une femme qui serait un peu jalouse ; mais tout le monde est content. » La suite de cette lettre se rapporte à la situation de mesdames de Montespan et de Maintenon à l’égard l’une de l’autre. […] On s’y promène ; ce sont des allées où l’on est à l’ombre ; et pour cacher les caisses, il y a des deux côtés des palissades à hauteur d’appui, toutes fleuries de tubéreuses, de roses, de jasmins, d’œillets : c’est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer.

59. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Et je ne dois pas vous cacher, Monsieur, que le modeste Gymnase se permet aussi de fêter aujourd’hui l’anniversaire de sa naissance.

60. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Il excellait aussi à peindre la nature rusée des paysans, qui, sous une apparente bonhomie, cachent souvent la plus insigne malice. […] Quelle société était-ce, en effet, que celle où le mariage excitait de telles railleries qu’un philosophe même n’osait les braver, et se voyait contraint, pour s’y soustraire, de cacher avec le plus grand soin les liens respectables et sacrés auxquels il devait le bonheur ! […] L’hypocrite Dervière est le type des faux philanthropes de cette époque, dont la bruyante charité cachait le plus souvent des vues intéressées. […] L’avarice, pour n’en citer qu’un seul, l’avarice ne saurait être d’un exemple bien dangereux, le mépris qu’on en a est trop universel, et les malheureux qu’elle possède s’en cachent eux-mêmes comme de quelque chose de honteux; car ils n’ignorent pas de quelles épithètes on les flétrit partout. […] Plus tard, dans la fameuse scène du quatrième acte, sa finesse et sa prudence sont-elles en défaut parce qu’il n’a pas prévu la ruse d’Elmire et deviné qu’Orgon était caché sous la table ?

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

La jeune innocente se rend : ils se cachent dans un bosquet de roseaux. […] La jeune innocente reste seule, se peint toute l’horreur de sa situation, & se jette dans la mer, en la priant de bien cacher sa honte. […] Il se cache, parcequ’il voit venir Elisa avec un autre homme.

62. (1871) Molière

Si jeune encore, il voyait toute chose ; il savait lire au fond des cœurs les mystères les plus cachés ; il comprenait les passions les plus innocentes. […] Le jeune homme, intrépide et caché, dont nous suivons la trace à grand peine, apprend en voyage les mœurs, l’accent, et la libre allure de la bourgeoisie. […] Il cachait son esprit avec grand soin, peut-être par respect pour sa majesté.

63. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Elle abonde dans les cœurs; elle coule à flots dans cette scène prophétique où le grand prêtre voit se dérouler l’avenir, et chante à l’avance le triomphe de l’Eglise; elle brille d’un éclat suprême dans le tableau final, lorsque Joad lève le voile qui cache le descendant des rois de Juda, et s’écrie : Des trésors de David voilà ce qui me reste. […] Sous les adorations se cachait un outrage. […] Il y a dans ce rôle une protestation cachée.

64. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

On voit que Molière ne faisait pas de façons pour cacher son amitié pour Mlle de Brie ; on voit aussi que La Grange n’avait pas peur d’offusquer la femme de Molière en la choisissant pour la marraine d’une de ses filles quand il choisissait pour l’autre la maîtresse de Molière. […] Je crois fermement à cette comédie, Molière jouant celui qui soupire toujours pour cacher ses larcins. […] C’est que ce rôle est un masque ; c’est que le caractère se cache ; c’est que le type a des physionomies sans nombre. […] Aux trois quarts du parterre a caché les acteurs. […] Beauval, jusque-là caché, monta sur un banc et déclara qu’il prenait la demoiselle Bourguignon pour sa légitime épouse.

65. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Allez vous cacher, vilaines ; allez vous cacher pour jamais. […] Retiré à Auteuil, ou caché dans son cabinet de travail à Paris, que faisait-il ? […] Les comédiens effrayés sautaient par les fenêtres, se cachaient, criaient miséricorde. […] Au reste, il ne s’en cachait pas; il se reprochait devant tout le monde d’avoir, en le quittant, manqué à ce qu’il lui devait de reconnaissance. […] Ayant remarqué lui-même que l’on s’en était aperçu, il se fit un effort et cacha par un ris forcé ce qui venait de lui arriver.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Le valet déguisé reste caché dans la maison.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

C’est un art grimacier, dont les détours flatteurs Cachent, sous un beau voile, un amas d’imposteurs.

68. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Le personnage qui a le plus d’intérêt à tout cacher, informe de tout celui qui a le plus d’intérêt à tout savoir : nous rions de l’imprudente confiance du premier ; nous jouissons de la rage muette et concentrée du second. Celui-ci, habile, expérimenté, fertile en ressources, voit sans cesse échouer ou plutôt tourner contre lui-même les moyens qu’il imagine pour faire cesser les accointances d’une jeune innocente et d’un jeune éventé 4, dont l’une ne lui cache rien par simplicité, et dont l’autre lui confie tout par étourderie, mais que la fortune, d’intelligence avec l’amour, semble protéger, en dépit de leur indiscrétion, contre tous les desseins d’un ennemi vigilant et bien averti : cette suite de confidences forme donc véritablement une suite de situations dramatiques, dont l’effet serait à peine égalé par tout ce que les jeux et les coups de théâtre peuvent avoir de plus vif et de plus frappant. […] Il fallait que le lieu de la scène fût une place publique, puisque les nombreux entretiens d’Horace avec Arnolphe ne pouvaient se passer dans la maison habitée par Agnès ; et cependant c’est dans cette maison même que se passeraient plus convenablement tous les entretiens d’Arnolphe avec la jeune fille qu’il veut cacher à tous les yeux. […] Lysidas, ces auteurs jaloux et pédants qui cachent leur malin vouloir sous un faux air d’impartialité, et qui dénigrent, pour la plus grande gloire des règles, l’écrivain coupable d’amuser le public qu’ils sont en possession d’ennuyer.

69. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Le péché que l’on cache est demi pardonné. […] L’hypocrite a beau se cacher : il y a toujours quelqu’un qui le suit du regard et le dénonce. […] Dans chacune de ses pièces, le jeu, un jeu d’enfant inépuisable de verve et d’entrain, cache une satire impitoyable. […] Sous les adorations se cachait un outrage. […] Il y a dans le rôle d’Alceste une protestation cachée.

70. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

C’était déchaîner toutes les tempêtes, appeler tous les orages ; c’était, dans une seule comédie, déclarer la guerre à toutes les passions et à tous les vices, déchirer le voile sous lequel ils se cachent, et les exposer dans leur odieuse nudité aux regards qu’ils fascinaient par les dehors d’une piété affectée et d’une austérité factice. […] Je ne quitterai point mes douces habitudes, mais j’aurai raison de me cacher, et me divertirai à petit bruit. […] Mais est-il possible de se tromper à ces louanges guindées qui ne cachent que la mauvaise humeur du critique et ne sont qu’une censure détournée du monarque ? […] Quelques injures qu’on puisse dire à un innocent, on craint de le défendre lorsque la religion y est mêlée ; l’imposteur est toujours à couvert sous ce voile, l’innocent toujours opprimé, et la vérité toujours cachée. […] À cette cruelle époque l’hypocrisie religieuse était impossible, parce que la piété même était un crime, et qu’on se cachait pour en remplir les devoirs ; mais il existait d’autres Tartufes et d’autres Orgons.

71. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il est une supposition plus naturelle, que j’ai déjà fait pressentir, et qui dispense d’expliquer une chose étonnante par des choses plus étonnantes encore ; c’est qu’un ami de Molière, ayant entrepris sa défense, a eu communication de son manuscrit, aussi bien que de ses idées, et que, pour cacher cette collusion innocente qu’une trop grande exactitude dans les citations aurait mise à découvert, non sans affaiblir beaucoup l’effet de l’apologie, il a pris soin de faire des altérations de texte qui pussent paraître des infidélités de mémoire. […] Sans doute, au théâtre comme dans le monde, tout caractère vicieux veut se cacher, et l’hypocrite le veut plus qu’aucun autre, parce que son vice est le plus odieux de tous ; il le sait mieux qu’un autre aussi, parce que son vice est la dissimulation même. […] De même que madame Pernelle, J’ignore ce qu’au fond le serviteur peut être ; mais je parierais bien que Tartuffe se cache de lui comme de tous les autres, et que, si le valet est scélérat à la manière du maître, ils le sont tous deux à part et sans complicité.

72. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Pourquoi, comme on l’a dit spirituellement, a-t-il engagé contre elle cette longue lutte aux nombreux épisodes, lutte qui va de sa première pièce, le Médecin volant, jusqu’à sa dernière, le Malade imaginaire, sinon par haine de l’école, de cette école qui semblait avoir caché tout son amour de l’autorité, et toute la susceptibilité du moyen âge, sous la robe de Gui Patin et de ses confrères ? […] Je parle de cette influence indirecte, cachée, latente, si j’ose dire, d’un caractère sur un autre, — influence que ne troublent pas les plus grandes divergences d’opinions, — influence qui gagne le cœur, s’insinue jusqu’au centre même de la vie, et de là transforme l’homme tout entier, — et le possède quelquefois d’autant mieux qu’il en a moins conscience. […] Une fois, en effet, une seule fois, par je ne sais quelle bonne fortune, il s’est oublié, il s’est trahi ; une seule fois l’acteur a disparu, l’auteur a tout à coup parlé en son nom, et on a vu avec étonnement don Juan faire l’aumône au pauvre « au nom de l’humanité (59). » Or le grand principe le voilà : l’humanité ; Molière la trouve belle, et c’est pourquoi il combat et rejette tous ces vains ornements sous lesquels on la lui cache, avec lesquels les précieuses de toutes sortes et les pédants de toute espèce la gâtent et la détruisent.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Je vous en cache la conduite, parceque si je vous l’expliquois à cette heure, vous auriez bien le plaisir maintenant de voir un beau démêlement, mais non pas celui d’être surpris. […] Elle entend du monde, & cache son pain.

74. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah ! […] En vain de saints moralistes, emportés par le zèle de la maison de Dieu, prétendront qu’il est mauvais de montrer un homme pieux en apparence, qui est un scélérat au fond80 : il est meilleur sans doute de montrer qu’il y a des scélérats qui affublent la robe d’innocence, des loups qui se cachent sous la peau des brebis pour entrer dans la bergerie.

75. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Loiseleur, ce nom-là n’est qu’un sobriquet, le pseudonyme de la toute jeune Armande, la soi-disant sœur de Madeleine, plus probablement sa fille, née de quelque caprice que la dame tenait à cacher. […] C’est ce qui a été examiné dans un livre récent, l’Enigme d’Alceste, et l’auteur, qui est un ferme partisan du préjugé qui fait du Misanthrope un personnage tragique, a dépensé beaucoup d’érudition et de dialectique pour démontrer qu’Alceste est un mythe, une incarnation, comme Vichnou ou Rama ; que dans ce xviie siècle, beaucoup trop admiré, plus admiré que connu, après cette horrible Fronde, dont le côté frivole a si longtemps caché le côté funeste, en face du pays épuisé, de la noblesse vendue, de la justice achetée, des mœurs corrompues, des hypocrisies florissantes, Alceste, dit M. du Boulan, Fauteur du livre que je viens de désigner, a été l’expression, mieux que cela, « l’explosion « de l’honnêteté publique se personnifiant « dans un janséniste ». […] Elle ne cache pas plus son humeur que son visage. […] Je confesse que je n’étais pas à sa conférence ; je jouais ce soir-là, peut-être du Molière ; car, on le sait, je n’ai jamais prétendu cacher le comédien derrière le conférencier ; c’est mon état de jouer, et surtout de jouer Molière, et ce qui m’a enhardi à parler de ce grand homme, c’est que je ne me borne pas à le lire, mais que je m’essaie souvent à faire revivre ses personnages. — Je n’ai donc pas eu le plaisir d’entendre M. de La Pommeraye ; mais le journal la Conférence, journal spécial, m’a apporté un résumé succinct et fidèle de sa causerie, et c’est sur ce résumé que je hasarderai quelques mots de réplique ; je reproduirai les accusations de mon adversaire, pour mettre au fait ceux de mes auditeurs qui peut-être n’ont, pas plus que moi, eu le plaisir de les lui entendre formuler à lui-même.

76. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Mais chez la plupart des hommes il s’y mêle des qualités qui compensent les défauts, et qui souvent les cachent. […] Il veut aller lui-même chasser l’infâme ; mais Isabelle lui persuade qu’il est plus séant qu’elle renvoie sa sœur, et qu’il se tienne caché, pour ne pas ajouter à la confusion de la pauvre fille. […] Elle n’a ni cette ingénuité d’Agnès, qui vient de l’ignorance, ni l’ingénuité trompeuse sous laquelle se cache de la science défendue. […] Je n’ai pas peur de l’honnête liberté de ses discours ; une fille qui montre ainsi sa pensée n’a pas d’action à cacher ; et si j’étais à la place de Chrysale, j’aurais bien plus de souci d’Armande, à qui le mot de mariage fait monter le rouge à la figure, que d’Henriette, qui se défie de la galanterie à cause de sa ressemblance avec le bel esprit, et qui ne voit l’amour que dans un mariage où le cœur est approuvé par la raison.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Celio a laissé son cabriolet pour se cacher mieux dans l’épaisseur du bois ; il voit l’habit de paysan, le prend, met le sien à la place, bien sûr de se sauver plus aisément à l’aide de ce déguisement, & part.

78. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ces types avaient leur vérité railleuse cachée sous leur exubérante fantaisie.

79. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

C’est que où la vertu règne, la bienséance est inutile31 ; que la pureté des mœurs n’a rien à cacher ni à déguiser ; que la franchise du langage est un des attributs de l’honnêteté des mœurs.

80. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Les ressorts en sont cachés, et la machine en produit un mouvement plus brillant : la confidence que fait Horace au jaloux Arnolphe, toujours la dupe, malgré ses précautions, D’une jeune innocente, et d’un jeune éventé ; le caractère inimitable d’Agnès ; le jeu des personnages subalternes, tous formés pour elle ; le passage prompt et naturel de surprise en surprise, sont autant de coups de maître. Ce qui distingue encore plus particulièrement L’École des femmes, et dont l’Antiquité ni les théâtres modernes, n’ont donné aucun modèle, c’est que tout paraît en récit, et tout est en action : chaque récit, par la proximité avec l’incident qui y a donné lieu, le retrace si vivement que le spectateur croit en être le témoin ; et par un avantage singulier que le récit a sur l’action dans cette pièce, en apprenant le fait, on jouit en même temps de l’effet qu’il produit, parce que la personne qui a intérêt d’être instruite apprend tout de celle qui a le plus d’intérêt à le lui cacher. […] Le bouffon en qui la princesse se confie entièrement, et à qui elle ne cache rien des mouvements de son cœur, est valet du prince dont elle veut être aimée ; ce valet se présente pour la première fois à la princesse en habit de médecin, et se dit médecin de l’amour. […] La dame qui a par hasard cette même couleur montre au cavalier un ruban qu’elle tenait caché ; alors elle doit absolument danser avec lui, et recevoir ses soins et ses services pendant tout le jour. […] Cependant, le prince, malgré le dessein qu’il a de cacher son amour, profite des circonstances pour déclarer sa passion, et il le fait avec tant de vivacité, et d’une façon si vraie, que la princesse, persuadée qu’il l’aime réellement, le rebute avec hauteur.

81. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

C’est le même bon sens, le même naturel, la même sagacité cachée sous l’enveloppe grossière ; c’est la même patience surtout. […] Et. dans ces yeux romains, peut-être L’amour n’est pas si bien caché Qu’il ne soit facile à connaître Et qu’on n’en puisse être touché. […] Le roi, Lauzun et Grammont, cachés dans un bosquet, prêtent l’oreille pendant que mademoiselle de La Vallière, non moins emphatique que Bragelone, déclame ces beaux vers : « Qui a parlé d’amour ? […] Dans ses lettres à M. le maréchal de Bellefonds, l’évêque de Meaux raconte d’un style attristé, grave et touché tout ensemble, ce drame caché dont M.  […] Qu’y a-t-il de caché derrière les vapeurs du lointain ?

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

N’est-il point caché là parmi vous ?

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Si je fais un Chapitre pour parler des imitations répandues dans mes pieces, on trouvera peut-être mauvais que j’occupe le lecteur de moi-même ; si je n’en parle point, on m’accusera d’avoir voulu cacher mes larcins.

84. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Cependant il cache sous cette fausse vertu tout ce que l’insolence a de plus effronté ; & c’est sur le Théatre une Satire, qui, quoique sous des images grotesques, ne laisse pas de blesser tous ceux qu’il a voulu accuser : il fait de plus le Critique, il s’érige en Juge, & condamne à la berne les Singes, sans voir qu’il prononce un Arrêt contre lui, en le prononçant contr’eux ; puisqu’il est certain qu’il est Singe en tout ce qu’il fait, & que non-seulement il a copié les Précieuses de M. l’Abbé de Pure, jouées par les Italiens ; mais encore qu’il a imité par une singerie, dont il est seul capable, le Médecin volant, & plusieurs autres Pieces des mêmes Italiens qu’il n’imite pas seulement en ce qu’ils ont joué sur leur Théatre ; mais encore en faisant leurs postures, contrefaisant sans cesse sur le sien, & Trivelin & Scaramouche.

85. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Dire que la chasteté du langage ne doit pas aller au-delà de celle des mœurs, quelque corrompues qu’elles soient, c’est prétendre que la société de mœurs honnêtes est condamnée à entendre et à parler un langage qui respire le mépris de l’honnêteté et de la morale ; c’est avancer que le langage peut mettre à découvert des mœurs que la morale oblige à cacher ; c’est aussi établir en principe que des esprits délicats et polis n’ont pas le droit d’exclure de leur langage des expressions grossières et brutales, et j’observe ici que si la décence est une loi de la morale, c’est aussi une loi du goût.

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