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26. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Non pas, ce me semble, puisque Sganarelle est un imbécile. […] Il me semble que c’est bien là le fond du Malade imaginaire. […] Qu’il ait pu sembler tel, cela nous étonne merveilleusement. […] Peu, ce me semble. […] Et il me semble que cela juge.

27. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

On en peut conclure qu’ils étaient en société, comme c’était l’usage pour les artistes de cette époque ; et, malgré la qualification donnée à Scaramouche, il ne semble même pas qu’il y ait eu parmi eux un véritable chef, comme l’était Molière, par exemple, parmi les siens. […] On semble avoir voulu exprimer par ce bariolage cette nature de caméléon dont Riccoboni parlait tout à l’heure. […] Le mime et le gymnaste semblent l’emporter sur l’acteur, et cela se comprend aisément, si l’on réfléchit que, devant un auditoire qui n’était pas italien, cette partie de la représentation était de beaucoup la plus intelligible et la plus saisissante. […] Scaramouche notamment semble avoir conservé toute la licence de son rôle. […] Mais rien ne semblait choquant de la part de ces bouffons.

28. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Il y en a de si naturelles qu’il semble que la nature ait elle-même travaillé à les faire. […] « Le ciel même sembla favoriser les desseins de Sa Majesté, puisqu’en une saison presque toujours pluvieuse, on en fut quitte pour un peu de vent, qui sembla n’avoir augmenté qu’afin de faire voir que la prévoyance et la puissance du roi étaient à l’épreuve des plus grandes incommodités. […] Molière, en portant cette même surprise au théâtre, semble l’avoir affaiblie, lorsqu’il fait dire à la princesse qu’elle a imaginé un moyen de découvrir les véritables sentiments du prince. […] Quoiqu’une pareille situation, traitée avec esprit, semble devoir intéresser infiniment, Molière en connut néanmoins le défaut et n’en fit aucun usagea. […] Il semblait qu’un sujet ainsi traité ne dût fournir qu’un acte : mais c’est le caractère du vrai génie de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme.

29. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Lorsque Gorgibus, à la fin de la pièce, dit aux deux folles qui font sa honte, après avoir fait son tourment : Allez vous cacher, vilaines ; allez vous cacher pour jamais , cette foudroyante apostrophe semblait s’adresser au corps entier des précieuses, et annoncer d’avance sa dispersion totale. […] Molière, dans ses deux premiers ouvrages, avait suivi, comme tous ses devanciers et ses contemporains, la route tracée par les comiques italiens et espagnols ; dans celui-ci, il s’ouvrit une carrière nouvelle, où il n’eut d’autre guide que la nature, et qu’il semble avoir fermée, après l’avoir parcourue toute entière. […] Le troisième acte ne me semble pas mériter autant les suffrages presque universels qu’il a obtenus. […] Ce genre, enfin, s’il n’était justifié par l’impossibilité de faire autrement, semblerait prouver l’impuissance de faire mieux. […] Chapelle, dont la plume était ingénieuse et facile, semblait propre à lui rendre ce service.

30. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Il me semble donc qu’il n’y a aucune faute psychologique dans la conception de Tartuffe. […] Il semble qu’il ait saisi cette occasion de répondre aux attaques dont Tartuffe était l’objet. J’ai si peu voulu, semble-t-il dire, flétrir la vraie piété que j’ai mis ensuite sur la scène l’incrédulité brutale, l’impiété insolente, l’athée foudroyé. […] En un mot, rien de plus étrange pour nous que cette peinture hardie de l’athéisme dans un temps et au milieu d’un monde où il semble qu’il n’y eût pas d’athées. […] Il semblait que Molière l’eût deviné d’avance et eût voulu discréditer son rôle de censeur de mœurs, en le tournant en ridicule.

31. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Cette opinion ne me semble pas fondée, et je crois utile de dire pourquoi. […] Provost, pour ne laisser aucun doute, sur sa pénétration, semble se moquer d’Arnolphe lorsqu’il joue son rôle de l’École des femmes ; il ne veut pas endosser la responsabilité d’un tel caractère. […] Il y a des moments où sa voix ne s’entend plus ; l’oreille la plus attentive ne saisit qu’à peine un son qui semble être perdu dans le lointain. […] Quand je dis accepter, c’est comme si je disais comprendre ; mais comme il s’agit de ramener les comédiens à la modestie, la première expression me semble mériter la préférence. […] Il me semble expédient aujourd’hui de leur enseigner tout à la fois la modestie et la signification des œuvres anciennes.

32. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Le Misanthrope, cette puissante création qui marque une date glorieuse dans l’histoire de l’art dramatique, ce tableau si riche et si varié, où le peintre semble avoir transporté la société contemporaine tout entière, ne pouvait échapper à l’inévitable fatalité des ressemblances. […] Comme en outre il était grondeur et bourru, surtout avec ses inférieurs, ces défauts semblaient repousser l’apparence même des vices de cour, et promettre des vertus qu’il avait très-réellement, mais qu’il gâtait à la fois par un grand faste en public et par de secrètes complaisances. […] » Les commentateurs n’ont pas manqué de s’autoriser de ce mot, dont l’authenticité semble au moins contestable, pour croire que de Saint-Aignan avait réellement pu servir d’original au rôle d’Oronte. […] Tasohereau, semble n’être qu’une paraphrase du vers charmant de la Fontaine « Et la grâce plus belle encore que la beauté. » Pour ce qui est de la ressemblance du portrait de Lucile avec Armande, consultez les lettres de Mlle Poisson, insérées au Mercure de France, mai 1740, pp. 845-849. […] II nous semble entendre Molière, toujours plein de pardons, s’écrier comme Arnolphe dans L’École des femmes : « Je te pardonne et te rends ma tendresse. » 45.

33.

D’où il faut conclure, à ce qu’il semble, que l’anecdote si souvent rappelée, et dernièrement encore par M.  […] Il nous a toujours semblé que la façon dont l’excellent M.  […] Il nous a semblé que, puisque M.  […] Il nous semble que ce n’est pas son genre. […] « Il me semble, nous disait M. 

34. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Tout semble se créer sous ta plume hardie, Et l’imitation est chez toi du génie. […] Aussi bien, après toi, tes indulgents élèves Semblent les protéger par d’éternelles trêves. […] Comme toi, sans pitié pour les cerveaux malades, Nous saurons dissiper ces nouvelles croisades : Le bataillon fallot semble en vain se grossir, Quelque jour sur la scène on pourra le flétrir. […] loin de toi l’on peut à des succès Prétendre sans orgueil : le théâtre français, Quand de la liberté semble briller l’aurore, De revoir ses beaux jours peut se flatter encore.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier. […] Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?

36. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

On semble croire généralement que Molière a emprunté à Plaute le sujet de sa comédie, c’est-à-dire l’idée du caractère d’Harpagon. […] Un avare a cessé d’être père ; il a même, pour ainsi dire, cessé d’être homme ; car il semble s’être dépouillé de la plus naturelle de nos affections, celle qui nous porte à nous aimer nous-mêmes et à chercher en tout notre bien-être. […] Dans son éloquente tirade, Rousseau semble principalement révolté de ce que Cléante se moque de la malédiction que vient de lui donner son père. […] Le sujet, ainsi traité, eût porté jusqu’à la haute comédie de mœurs un ouvrage qui, par sa forme un peu vulgaire, semble n’appartenir qu’à la petite comédie d’intrigue. […] Leur savoir, leur capacité donne du relief à leur bévue, et atteste d’autant mieux l’insuffisance d’un art qui semble ne laisser à ceux qui le pratiquent avec le plus de succès, que le choix entre ces deux erreurs également funestes : voir ce qui n’est pas, et ne pas voir ce qui est.

37. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il semble même, et notre travail nouveau, qui doit à l’obligeance de M.  […] L’hôtel du Marais, lui, sembla tenir à demeurer neutre. […] Le minime sembla se ranger à l’avis de Chapelle par un second hom ! […] obligeant, qui semblait décider la question en sa faveur. […] Il me semble que ce grand homme a dit vrai là, aussi bien là qu’ailleurs.

38. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Son valet parait plus étourdi que lui, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il va faire. » Les anciens semblent n’avoir attaché aucune importance aux titres de pièces. […] Quant aux doubles titres, ils semblent annoncer un défaut de netteté ou d’unité dans l’idée principale d’une pièce, puisqu’il a fallu s’y prendre à deux fois pour l’exprimer. […] Tous deux lui ont également fourni le sujet d’une comédie ; mais il a fait au premier un honneur dont l’autre apparemment ne lui a pas semblé digne, celui d’emprunter son dialogue dans plusieurs scènes et de n’en être que l’heureux imitateur.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Ce qu’il contient paroît n’être dû qu’au hasard : Il semble ne traiter que d’intérêts, d’affaires. […] que vous en semble ? […] Je suis très fort persuadé avec eux que la gradation des scenes & des actes est très nécessaire, que sans elle une piece ne peut être bonne ; mais puisque les scenes ne sont formées que par des moyens & des situations plus ou moins fortes, les actes par des scenes plus ou moins remplies de situations ou de moyens, il me semble qu’en graduant les moyens & les situations, on a l’art de tout graduer.

40. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Il semblait ne diriger ses traits que contre leurs grossières et maladroites imitatrices, en faisant de celles-ci une espèce particulière qu’il avait appelée les précieuses ridicules, comme si cette qualification n’eût pas dû appartenir au genre entier. […] Une seule chose, à ce qu’il semble, c’est que l’abbé Cotin, étant dans les ordres sacrés, étant prêtre en un mot, ne pou voit être le personnage qui aspire à la main d’une jeune fille, et qui est sur le point de l’obtenir. […] Mais, comme j’ai déjà eu occasion de le faire observer, on n’en jugeait pas avec la même sévérité dans ce beau siècle où pourtant les plus étroites bienséances semblaient régir la société entière. […] Il semble nier positivement qu’il y eût, du temps de Molière, des hommes de l’humeur et du sentiment de Chrysale. […] Mais, monsieur Turbon, il me semble que vous m’en ordonnez plus que de coutume ; et vous, monsieur l’apothicaire, que vous me les comptez un peu trop ; et, à la quantité de remèdes que je prends, ce serait bien assez de vingt sols pour lavement, et trente pour médecine.

41. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

« Ce prétexte est grand, il est spécieux, il impose beaucoup, il permet de tout dire impunément ; et quand celui qui s’en sert n’aurait pas raison, il semble qu’il y aurait une espèce de crime à le combattre. […] Il semble qu’un aussi grand critique aurait dû prendre la peine de comparer l’ouvrage italien et la comédie française avant de hasarder un pareil jugement. […] Il a aussi dessiné un hypocrite, et il semble moins avoir voulu le peindre que critiquer celui de Molière. […] Il en est tellement préoccupé qu’il ne semble pas très empressé d’accepter la main de Marianne, et qu’il se laisse plutôt solliciter par Orgon qu’il ne le sollicite lui-même. […] Ne serait-ce point parce qu’il était jésuite, et que la morale relâchée de cette société semble avoir fourni à Molière quelques-uns des traits les plus heureux de son imposteur.

42. (1910) Rousseau contre Molière

Ce n’est pas ce que dit Rousseau, ce me semble, et qui est un peu trop gros, qu’il fallait dire. […] Mais non, il me semble ; car c’est à peu près sa position habituelle à lui-même. […] Pour plusieurs raisons, ce me semble. […] Elle semble avoir très peu lu étant jeune fille, et, depuis qu’elle est mariée, elle semble ne plus lire du tout. […] Aucun mysticisme ne ressemble à Molière et celui- ci non pas, ce me semble, plus qu’un autre.

43. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Sarcey, déclara même que les arguments de son confrère Vitu lui semblaient meilleurs que ceux d’Eudore Soulié. […] Voici pourtant un rimailleur normand qui semble y avoir été initié. […] La haine qui éclate dans son sonnet semble indiquer qu’il n’a pas parlé a la légère. […] Livet et moi, nous ne sommes pas aussi éloignés de nous entendre qu’il semble le croire. […] Le document lui-même m’avait tout d’abord paru authentique ; mais, après un nouvel examen, il me semble également fabriqué.

44. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Lui seul, en effet, semblait veiller sur elle. […] Il lui sembla qu’il devenait jaloux. […] Il semble que le sombre devait se mêler à toutes choses autour de Molière. […] Il semblait qu’il eût plusieurs voix. […] Tout vieillissait et semblait s’éteindre autour de Molière.

45. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Il semble que le sens de son théâtre se perde avec eux. […] C’était une formalité à remplir, et la précaution semble toute simple. […] Tout cela, d’une assez grande innocence, à ce qu’il semble, se passait en famille. […] « Il nous semble, remarque M. […] Soulié, semble avoir déçu et irrité certaines imaginations.

46. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Fritsche de sa double tentative d’explication étymologique (ingannare, sgannare, détromper, désabuser), dont l’une ne lui paraît pas, à lui-même, « hors de doute », et dont l’autre lui semble encore « moins vraisemblable » ; et, mieux encore, l’aveu décisif qu’il fait en déclarant que « ce n’est pas lui », mais « M.  […] mais il me semble bien que, ayant « cité » comme par hasard deux mots au lieu d’un, il doit m’être permis de me reposer, en ajoutant d’ailleurs : et cætera ! […] Fritsche me semble avoir oublié un peu trop que, depuis la rançon des cinq milliards, nous devons être quittes envers les Prussiens.

47. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Les trois premiers actes me semblent infiniment supérieurs aux deux autres. […] La cinquième du premier acte, où Sbrigani prend le parti de Pourceaugnac ; la suivante, ou Éraste lui persuade qu’il connaît Limoges et toute sa famille ; la onzième, où Pourceaugnac est entre les deux médecins et ne sait ce qu’ils lui veulent : voilà, ce me semble, les seules beautés de cette pièce. […] Dans le troisième, la scène du sac me semble peu digne des autres, mais la suivante, la troisième, où Zerbinette raconte à Géronte sa propre histoire, et celles que j’ai indiquées : voilà les scènes que je trouve admirables dans cette pièce, dont le dénouement est à l’antique. […] Le rôle de Lucas est celui d’un paysan bien fripon et bien comique : les autres pièces de Dancourt me semblent à peine lisibles.

48. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

C’est que la famille ne vit que par 1e père, et Molière semble avoir absolument ignoré ce qu’est, ce que vaut le père. […] Si cette détestable leçon était donnée d’une manière formelle, peut-être serait-elle moins démoralisatrice ; mais grâce aux ridicules d’avarice, d’égoïsme, de routine, d’abus d’autorité attribués libéralement aux vieillards ; grâce aux qualités de cœur accordées surabondamment aux jeunes gens, il n’y a rien qui choque, à première vue, dans cette continuelle révolte des cheveux blonds contre les cheveux blancs : la raison, la morale même semble l’approuver ; et de là sort enfin une telle habitude de dénigrement pour l’autorité paternelle,.qu’on doit peut-être attribuer à Molière une part de notre Révolution dans ce qu’elle a eu de plus mauvais, une part dans l’opposition systématique aux droits du père qui règne jusque dans nos codes actuels. […] Quant aux personnes comme Mme de Sotenville née de la Prudoterie 700, comme la comtesse d’Escarbagnas 701, comme Bélise 702, comme Mme Pernelle 703, on ne peut, les citer comme membres d’une famille : ce sont des fléaux domestiques, que les enfants semblent trop bons de supporter avec tant de patience. […] Molière semble pourtant l’avoir aimée : il a travaillé plus et mieux que d’autres à qui l’on en fait honneur, à la grande rénovation de la fin du siècle dernier. […] Ce nom ne fait aucun scrupule à prendre, et l’usage aujourd’hui semble en autoriser le vol.

49. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Il y avait, ce semble, un peu de présomption de la part d’un homme du monde, quel que fût son esprit, à travailler d’après une idée de Molière, pour le compte de Molière même. […] Élise et Uranie semblent se reproduire dans la raisonnable et spirituelle Henriette, Lysidas, si bassement jaloux de ses confrères, et si sottement satisfait de lui-même, se retrouve tout entier dans Trissotin. […] Du reste, il semblait être dans la destinée de Boursault d’être en guerre avec les poètes les plus redoutables de son temps. […] Dans cette suite de scènes qui semblent naître fortuitement les unes des autres, il existe cependant un nœud, et par conséquent il en résulte un dénouement. […] Boursault a dédié son Portrait du peintre à M. le Duc, qui semble n’avoir pas eu pour Molière la même amitié que le grand Condé, son père.

50. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il semble avoir emprunté maintenant à Torquemada quelque chose de ses allures inquisitoriales. […] Le Moyen Âge semble réapparaître aujourd’hui chez nous avec son cortège d’ignorance, de préjugés, de violences et de haines. […] Nous semblons condamnés à l’immobilité ou aux lisières à perpétuité. […] Il semble en effet que ce type légendaire ait tourné dans la main de l’ouvrier. […] Voilà, ce me semble, assez d’injures et assez de fange.

51.

., il semble qu’il n’y ait plus rien à trouver, qu’il ne reste plus rien à dire sur Molière. […] Depuis la Révolution, elle semble avoir été vouée presque constamment à la boucherie qui y rappelait précédemment l’étal de 1660 à 1767. […] On peut cependant aller plus loin ; et c’est ce qu’on ne me semble pas avoir fait. […] Je vais ici transcrire deux scènes entières ; mais leur coïncidence me semble assez intéressante pour justifier la longueur de cette citation. […] Poisson, au premier plan, semble haranguer le public.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

 Quoiqu’un Seigneur jeune, aimable,  Me parle aujourd’hui d’amour, Colin m’eût semblé préférable  A tout l’éclat de la Cour. […] Ses moindres actions lui semblent des miracles, Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles.

53. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Jusques-là il y avait eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos Comédies, mais il y ajouta une grande naïveté avec des Images si vives des mœurs de son siècle, et des Caractères si bien marqués, que les Représentations semblaient moins être des Comédies que la vérité même, chacun s’y reconnaissait et plus encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres. […] Il a aussi entendu admirablement les habits des Acteurs en leur donnant leur véritable caractère, et il a eu encore le don de leur distribuer si bien les Personnages et de les instruire ensuite si parfaitement qu’ils semblaient moins des Acteurs de Comédie que les vraies Personnes qu’ils représentaient.

54. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Il semble que ce ne soit plus le domaine de la comédie ; mais le domaine de Molière est partout. […] Les hasards qui semblent le faire naître dans plus d’une pièce de Molière n’ont guère plus d’importance que les dénouements qui le couronnent : ce sont des nécessités de la comédie, qui ne peut commencer ni finir sans prétexte. […] Eliante pourrait, ce semble, accepter les hommages d’Alceste sans déloyauté à l’égard de Philinte : non, elle s’expliquera nettement avec l’un comme avec l’autre, et sa sincérité fera mieux ressortir la duplicité de son habile cousine ; elle dira d’Alceste à Philinte : Pour moi, je n’en fais point de façon, et je croi Qu’on doit sur de tels points être de bonne foi : Je pourrois me résoudre à recevoir ses feux475. […] Il semble que le Clitandre des Femmes savantes pourrait se laisser aimer par les deux sœurs, et flatter même la passion éthérée de la folle Bélise, pour se ménager des appuis dans la maison : non, il leur déclarera en face quel est son choix, au risque de soulever des jalousies qui compromettront son amour479. Il semble qu’Henriette pourrait souffrir les hommages de Trissotin, quand ce ne serait que pour en rire, et pour complaire aux idées de sa mère : non, elle le prendra à part pour lui dire : Je vous estime, autant qu’on sauroit estimer ; Mais je trouve un obstacle à pouvoir vous aimer : Un cœur, vous le savez, à deux ne sauroit être, Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître480.

55. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Voilà, quoique nous n’aimions pas à faire des conjectures, comme il nous semble que les choses ont dû se passer. […] Le roi, parvenu à la force de l’âge et de la volonté, semblait désormais totalement asservi à la plus impérieuse des passions. […] Tout est crime dans ceux-là, et tout est, ce semble, permis à ceux-ci… Ah ! […] Envers Alceste, qui semble ne l’aimer guère, il déploie beaucoup de patience et même de charité, marques d’une âme plus forte. […] Dans le monde, dans la société polie et chrétienne, dans une condition enfin où Alceste puisse aimer, Célimène me semble impossible.

56. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Malgré tant de changements de langage, de mœurs et d’idées, il semble destiné à vivre toujours jeune parmi les Français, ainsi qu’Homère parmi les Grecs. […] Il semblait fuir autant que possible la responsabilité morale inséparable de son œuvre. […] « Jusque-là, il y avoit eu de l’esprit et de la plaisanterie dans nos comédies ; mais il y ajusta une grande naïveté, avec des images si vives des mœurs de son siècle, et des caractères si bien marqués, que les représentations sembloient moins être des comédies que la vérité même : chacun s’y reconnoissoit, et encore son voisin, dont on est plus aise de voir les défauts que les siens propres. » Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le dix-septième siècle, article J. […]   « Il a eu encore le don de distribuer si bien les personnages… qu’ils sembloient moins des acteurs de comédie que les vraies personnes qu’ils représentoient. 

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Il me semble voir le Malade imaginaire demander combien de grains de sel on doit mettre dans un œuf, & le médecin répondre gravement six, huit, dix, par les nombres pairs ; comme dans les médicaments, par les nombres impairs. […] Turcaret : cela s’appelle, ce me semble, une vie assez agissante. […] Je suis d’un avis tout à fait différent ; ce qui lui paroît un défaut me semble au contraire une beauté.

58. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Tous les mouvements, tous les traits saillants du dialogue sont indiqués avec justesse, le sens est rendu fidèlement, et le texte même est souvent cité avec une telle littéralité qu’il semblerait que l’auteur, quand il y a manqué, l’a fait plutôt à dessein qu’involontairement. […] Voilà ce qu’ils ont affecté, mettant dans la bouche de cet hypocrite des maximes de religion faiblement soutenues, au même temps qu’ils les supposaient fortement attaquées ; lui faisant blâmer les scandales du siècle d’une manière extravagante ; le représentant consciencieux jusqu’à la délicatesse et au scrupule sur des points moins importants, où toutefois il le faut être, pendant qu’il se portait d’ailleurs aux crimes les plus énormes ; le montrant sous un visage de pénitent, qui ne servait qu’à couvrir ses infamies ; lui donnant, selon leur caprice, un caractère de piété la plus austère, ce semble, et la plus exemplaire, mais, dans le fond, la plus mercenaire et la plus lâche. » Je suis loin d’approuver tout ce qu’il y a de dur et d’amer, de violent et d’outré dans cette éloquente tirade. […] Ces moyens faciles et vulgaires, dont ici la difficulté dramatique semblait invoquer particulièrement le secours, étaient repoussés par la vraisemblance morale’, et le génie du poète a su s’en passer. […] Mais que le monologue insipide où Mercure raconte tout ce qu’on va voir et entendre, comme s’il craignait qu’on n’y prît trop d’intérêt et de plaisir, lui ait semblé supérieur au charmant dialogue de Mercure et de la Nuit, qui prépare au merveilleux de l’action, sans la faire connaître ; surtout que le jeu du double moi lui ait paru plus ingénieux dans Plaute qui l’indique à peine, que dans Molière qui en a tiré un si grand parti d’après Rotrou, voilà de ces erreurs que Boileau ne pouvait commettre, et qu’il y aurait une témérité presque sacrilège à lui imputer sur la périlleuse parole d’un auteur d’ana. […] Pendant ces beaux discours, Orgon, sous une table, Incrédule toujours, pour être convaincu, Semble attendre en repos qu’on le fasse cocu : Il se détrompe enfin, et comprend sa disgrâce, Déteste le Tartuffe, et pour jamais le chasse.

59. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il semblait doublement prédestiné à n’être que Poquelin le tapissier, comme ses ancêtres. […] Il semble qu’il ait cherché un refuge dans l’excès et l’ivresse du rire. […] Il semble avoir porté en tout cette facilité à trouver la rime dont Boileau s’étonnait si ingénument. […] Si paradoxale que semble cette thèse, elle est vraie au moins en un point. […] Je ne relèverai qu’un seul vers, celui qui me semble le plus significatif dans le rôle de Clitandre.

60. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Si Molière n’a pas été heureux dans les dénouements de toutes ses pièces, dans plusieurs aussi il a triomphé de toutes les entraves que l’art semble avoir créées pour le désespoir des hommes ordinaires, et qui servent souvent à augmenter la gloire du génie. […] Il me semble qu’on devrait être moins sévère, examiner avec une attention moins scrupuleuse, ne pas éplucher, si je puis me servir de cette expression, la possibilité physique de la marche et des incidents d’une pièce. […] Il semble que, pressé par un sentiment secret, il ait voulu rassembler toutes ses forces, toute sa vigueur pour créer, pour enfanter le chef-d’œuvre de tous les temps, et marquer le terme où l’art doit s’arrêter à jamais. […] gloire à ce génie immortel qui, d’un seul effort renversant tous les obstacles que l’art semblait avoir accumulés, donne une des leçons les plus intéressantes que présente la scène, crée un chef-d’œuvre rempli de beautés du premier ordre, et qui, réunissant les qualités les plus précieuses, offre ce que l’éloquence a de plus sublime, l’intérêt de plus pathétique, le comique de plus vrai et de plus naturel, et inspire enfin l’horreur et le mépris que l’on doit avoir pour l’hypocrisie !

61. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

J’avoue que dans L’École des femmes tout est récit ; mais avouez que tout paraît action, ou plutôt avouez que tout est action, bien que tout semble être en récit307. […] Elle découvre en un clin d’œil une foule d’aperçus, dont la piquante variété ne semble point impliquée dans la sensation simple du comique ou du beau, et l’on ne conçoit pas par quelle mystérieuse analyse elle a su tirer tant de choses, du fait d’être émue et d’admirer. […] Non contente de mépriser ces poêles, elle exigeait, dans l’intolérance de sa passion, que ce mépris fût universel, et semblait le regarder vraiment comme aussi nécessaire qu’une des lois qui régissent le monde. […] — C’est que la rhétorique me semble une profession du même genre que la cuisine. […] La propédeutique de tous les beaux-arts ne semble pas consister dans des préceptes, mais dans la culture des facultés de l’esprit par ces connaissances préparatoires qu’on appelle humaniora.

62. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Au contraire, il me semble que plus vous serez simple et uni comme bonjour, jasant avec moi des événements, des accidents et des opinions de la veille, et plus je trouverai que vous êtes un écrivain à ma portée, un narrateur bonhomme, un critique attaché au fait principal. […] Enfin, si je veux lire un livre, il me semble que je n’en manque pas ! […] Bulwer ; il a écrit grand nombre de romans ; et comme il s’agit ici du plus grand siècle de notre histoire, il m’a semblé qu’il ne serait pas hors de propos, de parler de la pièce de M.  […] Vous me semblez des personnes charmantes, je le déclare ; revenez, je vous en prie — ne nous réduisez pas au désespoir ! […] Au contraire, il semblerait que ce Don Juan soit le seul des êtres évoqués par Molière qui ne fasse pas rire le parterre.

63. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Du reste, comme la plûpart se trouvent dans les Mémoires historiques, dont on a orné la belle Edition in-4°. de Moliere, ils semblent avoir acquis une espece de certitude, qui ne peut être ébranlée que par des faits contraires, plus évidemment certains. […] Car si nous examinons ses paroles, il semble qu’il soit assez modeste pour craindre de faire mettre son nom sous la presse.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

« Dans les pieces intriguées par le hasard, aucun des personnages n’a dessein de traverser l’action, qui semble aller d’elle-même à sa fin, mais qui néanmoins se trouve interrompue par des événements que le pur hasard semble avoir amenés. […] Riccoboni semble dire que le spectateur est flatté de voir des incidents amenés par le hasard, parceque le hasard est la divinité qui préside à tous les événements de la vie ; mais Riccoboni avoit trop de goût pour avoir une pareille idée.

65. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation. […] Il semble craindre à la suite d’avoir été injuste en bornant le talent du second au genre pastoral.

66. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

À première vue, le caractère tracé par La Bruyère semble un démenti infligé à Molière. […] La grandeur de cette création est telle que les autres personnages semblent offusqués par son ombre. […] Cette question qui semble étrange, il faut bien la poser, puisque J. […] L’instruction qu’il permet lui semble un luxe, un art d’agrément. […] Aussi peut-il se faire que Molière ait été imité, là où il semble imitateur.

67. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Molière semble n’avoir oublié aucun des points sur lesquels doit être parfait son honnête homme : il ne tolère ni l’extravagance de l’important-, qui dérange tout le monde, qui veut que tous S’occupent de lui, et qui tranche toutes lés questions avec une suffisance burlesque176 ; ni la politesse écervelée de ceux qui se rendent importuns à force de civilités, et s’obstinent à rendre service aux gens malgré eux177 ; ni la sotte vanité de rougir de Ses pères, de se faire appeler M. de la Souche au lieu d’Arnolphe 178, ou de vouloir, au risque de ruiner sa maison, devenir, de bourgeois, gentilhomme179 : ce travers, qui semblerait au premier abord excusable, peut aller pourtant, jusqu’à une réelle dégradation morale, aboutir à la perle des biens péniblement acquis, et au malheur des enfants ridiculement mariés180. […] Mais ce calme du sage n’est ni l’indifférence211 ni l’orgueil212 : il faut que, toujours maître de soi, l’honnête homme supporte bravement le mal sans jamais se laisser faire le bien213 ; que, malgré tous les défauts des autres, il reste pour eux indulgent, bienveillant, serviable214 ; qu’il ne soit pas simplement un homme honnête et bon, mais un homme instruit, aimable, capable de conversation, spirituel s’il peut215 ; qu’il répande autour de lui non seulement le bien, mais l’agrément, et que toutes ses qualités ne lui donnent jamais un sentiment d’amour propre216 ; qu’il ait, avec la modestie, la dignité et les bonnes manières sans affectation217 ; qu’il songe même à la façon de s’habiller, sans être négligé ni ridicule, mais aussi sans outrer la mode218 ; qu’avec une juste libéralité il évite soigneusement les excès de luxe dans la toilette comme dans la vie, et qu’il ne sacrifie point son bien ni sa famille aux inutiles satisfactions de la vanité, ou aux prétendues exigences du monde219 : ce chapitre est infini, et Molière semble n’avoir pas oublié un seul des éléments, même les plus insignifiants en apparence, dont doit se composer cette perfection de la société polie, l’honnête homme. […] C’en est assez ce me semble pour rendre Molière inexcusable. » Lettre à d’Alembert surles spectacles. — Voir Laharpe, Cours de littérature, partie II, liv.

68. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

  Fénelon se contente de reprocher à Molière, d’une manière générale, « qu’il a donné un tour gracieux au vice, avec une austérité ridicule et odieuse à la vertu ; » et il lui fait ce reproche aussi légèrement qu’il l’accuse de parler « souvent mal, d’approcher du galimatias, » et d’avoir été « gêné par la versification française812. » Il semble n’avoir lu qu’en courant, et pour pouvoir dire qu’il les connaissait, les ouvrages qu’il juge avec une autorité si absolue et si brève. […] Il est vrai que Molière semble quelquefois s’égayer à des plaisirs et à des plaisanteries qu’il doit condamner lui-même824. […] Eh bien, comme après la chute d’une royauté l’impartiale histoire établit la comparaison des conquêtes et des revers, des progrès et des pas en arrière, et comme elle met dans la balance, d’un côté la richesse et le bonheur, de l’autre les misères et les larmes des peuples : de même, dans celte royauté morale de Molière, il faut avec respect, mais avec fermeté, peser le bien et le mal qu’elle a fait ; et puisqu’elle semble destinée à durer parmi nous sans éprouver jamais les révolutions qui secouent les trônes politiques, peut-être qu’une appréciation exacte de ce qu’elle vaut pourra en rendre pour l’avenir le joug plus profitable en ce qu’il a de bon, et moins dangereux dans ce qu’il a de mauvais. […] Parler à une nation le langage du bon sens, c’est, fortifier son esprit ; le parler jusque dans la plaisanterie la plus risible, c’est habituer les hommes à n’oublier jamais qu’il faut être raisonnables là même où il semble qu’on puisse se passer de la raison.

69. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Cette pièce semble s’être trompée de date ; elle eût dû venir après la Jalousie de Barbouillé, qui, du reste, en a sans doute fourni la première idée. […] Louis XIV, en cette circonstance nous semble le premier fâcheux. […] Il y a au théâtre des noms qui semblent convenir tellement aux personnages, qu’on n’aurait pu s’habituer à tout autre. […] Cependant Molière nous semble avoir cette fois dépassé le but. […] il semble que vous ayez encore la pudeur d’un jeune conseiller. » La pudeur d’un jeune conseiller est un trait charmant.

70. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

L’Hôtel de Rambouillet, dont quelques écrivains semblent aujourd’hui se rendre les échos, ne souffrit sans doute pas qu’on raillât sa galanterie mystique et les formes péniblement contournées de sa conversation. […] Il joua successivement les premiers rôles tragiques et comiques, et plusieurs autres, ou qui n’avaient jamais appartenu à son emploi, ou qui semblaient ne devoir plus convenir à son âge7. […] Cependant on lui trouvait un grand défaut ; dans les sensations les plus tristes, dans le plus terrible emportement, son visage était riant, ce qui s’accordait mal avec les sentiments dont il semblait animé. […] Item, maints différents Amours, Affublés de sombres atours, Qui pour le pas semblaient se battre. […] La nature semblait s’être épuisée en le formant.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Parcourez ainsi toutes les scenes amoureuses de Moliere, vous verrez avec quelle adresse il en a écarté la fadeur, la monotonie ; & comparons-les à une de ces scenes où deux amants, occupés uniquement du plaisir de se parler, semblent faire assaut d’esprit, s’attaquent & se ripostent avec des madrigaux, interrompent la marche de l’intrigue & la font oublier au spectateur. […] Mes yeux semblent sortir d’une éternelle nuit : Dans ceux de mon amant un autre ciel me luit. […] convenez que Lucile vient de faire un joli madrigal : que vous semble de la pointe ?

72. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Il semble que, sans douceur, la vertu ne soit plus vertu à ses yeux, et que, dans l’idée sereine qu’il se fait de la femme, il ait toujours devant l’esprit le mot divin : « Major charitas 385. »   Surtout, qu’elle soit franche. […] Il semble que ces deux vers d’un poète moderne aient été inspirés par le dernier acte du Misanthrope : … Oh ! […] Remarquer particulièrement le mot à Angélique à son oncle Béralde, quand celui-ci veut faire jouer à Argan le premier personnage dans la Cérémonie du Malade imaginaire : « Mais, mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu beaucoup de mon père » (act.

73. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il est, ce me semble, curieux de savoir comment l’autorité de la société polie, la considération qu’elle donnait aux personnes qu’elle distinguait, celle qu’elle en recevait, celle qu’y sut acquérir madame de Maintenon, parvinrent, à l’aide des agréments personnels et par la conversation de cette femme célèbre, à opérer un changement total dans les mœurs de la cour ; changement qui eut été trop heureux si l’ambition des ministres n’eut jeté l’esprit du roi dans une extrémité opposée ; je veux dire dans l’aveugle dévotion. […] Si elles n’assurent pas toujours des jouissances, il semble qu’elles les représentent, et que le mot qui les exprime est l’abrégé de toutes. […] Telle était madame Scarron quand elle reçut du jeune roi la réponse galante dont il me semble qu’il serait raisonnable de suspecter le désintéressement plutôt que la sincérité, et dont on peut croire qu’elle fut émue, et peut-être un moment enivrée.

74. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

C’est dans ces considérations qu’il me semble raisonnable de chercher les vrais motifs des suppositions bizarres que renferme la lettre à madame d’Heudicourt, et des expressions pleines d’humeur sans conviction qui la caractérisent. […]  » Ces paroles signifient : « Il y a trois ans, quand madame de Montespan vivait bien avec son mari, j’aurais consenti volontiers à élever ses enfants : ainsi qu’on ne croie pas que c’est l’orgueil ou l’ambition qui me font demander un ordre du roi ; qu’on croie encore moins que c’est le désir d’attirer sur moi les regards du prince. » Ici la précaution me semble d’autant plus marquée, que madame Scarron pouvait à bon droit trouver au-dessous d’elle l’éducation des enfants légitimes du marquis de Montespan, bien qu’ils fussent au-dessus des bâtards de la marquise. […] Pour la seconde fois, il choisissait en prince qui se respecte et veut assurer le respect public à sa famille ; pour la seconde fois, il se décidait par l’estime ; il rendait hommage aux principes d’honnêteté que sa conduite semblait braver.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Oui, le trépas cent fois me semble moins à craindre Que cet hymen fatal où l’on veut me contraindre ; Et tout ce que je fais pour en fuir les rigueurs, Doit trouver quelque grace auprès de mes censeurs. […] Mais il semble au contraire avoir rejetté ce qui lui tomboit presque sous la main. […] Il semble que Regnard se soit étudié à choisir un fonds excellent, & à mettre son héros dans des situations qui promettent les moralités les plus essentielles, & tout cela pour tromper l’espérance du spectateur. […] L’Auteur semble s’y être appliqué à prêcher la philosophie de l’égoïsme. […] Des Médecins brusques, pédants, emphatiques, couverts de la livrée de la mort, semblent vouloir avancer les jours de leurs malades, autant par leur jargon & leur attirail, que par leurs ordonnances.

76. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Ses intentions me semblaient si évidentes que j’étais dans l’admiration qu’il pût seulement y avoir doute. […] Cela expliquerait, dans notre pièce actuelle, ces deux actes employés à préparer l’entrée en scène de Tartuffe (habileté que dans sa préface Molière semble présenter comme une correction, en même temps que Je changement d’habit de son héros). […] Parce que me semble hardi ; quoique, me paraîtrait plus juste. […] Nous ne savons ; mais à le voir débarquer, suivi de son Laurent, dans certaine hôtellerie borgne du voisinage, il nous semble voir les frères quêteurs de Le Sage, cachant sous la bure Raphaël, le fils de la comédienne, et son fidèle Ambroise de Lamela. […] II semble que le pauvre grand homme, qui n’en eut guère, ait voulu épancher dans sa pièce toutes ses tendresses restées sans emploi.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Enfin le Ciel chez moi me le fit retirer ; Et, depuis ce temps-là, tout semble y prospérer. […] Il le semble d’abord, puisqu’il le charge d’épier la conduite de son fils, & de lui faire une fausse confidence ; mais c’est un prétexte de l’Auteur. […] Il me semble que vous prenez la chose fort à cœur. […] Enfin il en est fou ; c’est son tout, son héros ; Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos : Ses moindres actions lui semblent des miracles, Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles.

78. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Mais que la Comédie dût être un jour l’école des mœurs, le tableau le plus fidèle de la nature humaine, et la meilleure histoire morale de la société ; qu’elle dût détruire certains ridicules, et que pour en retrouver la trace il fallût recourir à l’ouvrage même qui les a pour jamais anéantis : voilà ce qui aurait semblé impossible avant que Molière l’eût exécuté. […] Le Peuple redemandait avec transport ces farces monstrueuses, assemblage bizarre de Scènes quelquefois comiques, jamais vraisemblables, dont l’Auteur abandonnait le dialogue au caprice des Comédiens, et qui semblaient n’être destinées qu’à faire valoir la Pantomime Italienne. […] Le Comique ancien naissait d’un tissu d’événements romanesques, qui semblaient produits par le hasard, comme le Tragique naissait d’une fatalité aveugle. […] La révolution des mœurs a semblé autoriser cette crainte.

79. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Il semble qu’on lise la IXe Provinciale, fortifiée du charme d’une versification nerveuse et facile. […] « À propos de ce mot humanité, qui n’était point d‘un usage populaire du temps où fut jouée cette pièce, Aimé Martin remarque justement que Molière, en l’employant, semble pressentir et critiquer à l’avance l’abus qu’en feront au commencement du siècle suivant les esprits forts, et à la fin de ce même siècle les scélérats qui ont fait de la guillotine l’instrument de leur politique. » Œuvres complètes de Molière, édition variorum de Ch. […] Ce qui justifie cette conjecture, c’est que dans sa Préface, il parle « des corrections qu’il a faites, et qui n’ont de rien servi. » Plus loin il ajoute : « Il suffit ce me semble que j’en aie retranché les termes consacrés, dont on auroit eu peine à entendre faire mauvais usage. » Or ce sont ici des termes consacrés, puisque ce sont ceux du Pater. […] Gassendi semble n’avoir entrepris la restauration du système d’Épicure que pour en donner une réfutation complète.

80. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Occupée d’élargir ses rues, de planter ses quais, d’établir ses trottoirs, de multiplier ses marchés et ses fontaines, absorbée dans le désir bienfaisant de répandre partout la salubrité et la gaîté, toute parée de son bien-être et de sa magnificence, elle sembla un moment oublier sa gloire. […] Cette muse charmante, il faut le dire, n’a chanté ni le monument, ni la statue, comme semblait le demander le programme, elle a fait mieux, elle a chanté Molière ; elle a dit en vers harmonieux dans un rythme varié et puissant les illusions, les souffrances, les talents de ce rare génie ; la passion cruelle qui fit le tourment de sa vie, et le charme de ses beaux ouvrages ; en un mot, elle a compris le poète, elle a peint sou âme, elle nous a donné l’homme tout entier. […] Autour du lit funèbre, on voyait, dispersés, Des livres, des papiers, des travaux commencés, Et sur les murs pendaient, parmi de vieux volumes, Des attributs bouffons et d’étranges costumes ; Le mourant, l’œil fixé sur ces objets divers, Semblait se raminer ; il murmurait des vers. […] Fleuve, dont l’onde enchanteresse Semble se dérouler sans fin ! […] Deux siècles ont passé ; ses œuvres immortelles Semblent, après ce temps, plus jeunes et plus belles ; Dans l’art qu’il a créé toujours original, Chez aucun peuple encor il n’a trouvé d’égal ; Par ses rivaux vaincus sa gloire est confirmée : Chacun de leurs efforts accroît sa renommée ; Tout a changé, les lois, les usages, le goût ; Il peignit la nature et survécut à tout !

81. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

C’est bien le Contemplateur, avec ce profond regard où éclate la force de la pensée, et ce front où semble errer encore un triste nuage de mélancolie, fatal attribut de tous ceux à qui il a été donné de scruter et de connaître la nature humaine. […] Magnin lui-même, que le théâtre renaît dans presque toutes les contrées de l’Europe; » et il me semble, Messieurs, que nous pouvons souscrire à cette conclusion, qui est une espèce d’aveu. […] L’antiquité même la plus vénérable n’offre pas un asile sûr : ce Codrus, que nos souvenirs de collège semblaient protéger contre toute atteinte, ce dernier roi d’Athènes, ce héros dévoué à son pays « pro patria non timidus mori, » n’est plus qu’un vulgaire, spéculateur qui se fait tuer dans le combat pour assurer le trône à ses enfants. […] Alors nous comprenons ce drame tout hiératique, dont l’empire se prolongea jusqu’aux abords du XVIIe siècle et qui sembla même, en plein XVIIe siècle, revivre dans Polyeucte, dans Esther et Athalie, comme les vieilles peintures sacrées de Michaël Wolgemuth, de Luis Moralès, de Taddeo di Bartolo, de Giovanni Bellini, s’idéalisèrent plus tard sous le pinceau de Léonard de Vinci, du Titien, du Corrège et du divin Raphaël. […] A partir de 1552, date de la première tragédie classique (Cléopâtre captive, par Jodelle), on ne voit plus que des Agamemnon, des Thésée, des Alexandre et des Daire, des Achille ou des Pyrrhe et des Ulysse : il semble qu’un nouveau cheval de Troie soit venu ouvrir ses flancs sur notre scène.

82. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Il semble, à l’entendre parler, que le Jeu de la Comédie soit aussi difficile à acquérir que l’Art de Prêcher. […] La conversation de Molière avec Bernier me paraît fort plate ; et Baron, qui est le cheval de bataille de l’Auteur, m’y semble fort mal amené, et y faire un personnage impertinent. […] L’Auteur fait faire ici un personnage à Molière d’homme désintéressé et juste ; mais il me semble qu’il pouvait dissuader le jeune étourdi de prendre sa profession, sans lui en faire voir le ridicule et l’indignité : C’est, dit-il, la dernière ressource de ceux qui ne sauraient mieux faire, ou des libertins qui veulent se soustraire au travail : c’est enfoncer le poignard dans le cœur de vos parents, de monter sur le Théâtre : je me suis toujours reproché d’avoir donné ce déplaisir à ma famille : c’est la plus triste situation que d’être l’esclave des fantaisies des Grands Seigneurs ; le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. M. DE SAINT-FOIX. » pp. 288-296

Mais il me semble qu’une aventure avec trois jeunes filles, qui n’attendent que la nuit pour vous introduire mystérieusement chez elles, devroit vous inspirer un certain air gai, triomphant, que je ne vous vois pas. […] J’ai encore vu une estampe représentant Ovide enchaîné par les Graces : il semble que le graveur ait copié exactement le tableau de la comédie.

84. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appelé2 par rapport à ses talents naturels, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur, Charmant poète, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses partisans et ses admirateurs, et pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux gens du monde, C’est Toi dont les plaisanteries Ont guéri des Marquis l’esprit extravagant. […] Bouhours, semble n’avoir pas été du sentiment de ce père sur le peu de reconnaissance que le public a témoigné pour tous ses services après sa mort.

85. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

Bernardin, se contente d’écrire1 ‌ : « L’enlèvement par les corsaires ne semblait pas comme aujourd’hui une intrigue démodée, empruntée à la comédie antique ; en se servant de ce procédé commode pour dénouer le Parasite et l’Avare, Tristan et Molière employaient un moyen dramatique qui était encore de leur temps fondé sur la réalité des choses ; écoutons plutôt Mascarille dans l’Étourdi (IV, 1) : C’est qu’en fait d’aventure il est très ordinaire De voir gens pris sur mer par quelque Turc corsaire, Puis être à leur famille à point nommé rendus, Après quinze ou vingt ans qu’on les a crus perdus ; Pour moi, j’ai déjà vu cent contes de la sorte. […] Il semble qu’Alcidor, de je ne sais pas où A travers de la mer soit passé par un trou, Ainsi qu’un godenot que, de fine manière, Brioché fait sortir hors de sa gibecière.

86. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [62, p. 100] »

Il disait que la nature semblait lui avoir révélé tous ses secrets, du moins pour ce qui regarde les mœurs et les caractères des hommes.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

J’ai conservé mon amour pour vous tant que vous m’avez conservé la foi que vous m’aviez promise ; à présent que vous manquez à votre parole, il m’est permis d’épouser qui bon me semble. […] Par la raison que nous rompons ensemble, Et que cela n’est plus de saison, ce me semble. […] Maître, en discourant ensemble, Ce jargon n’est pas fort nécessaire, me semble. […] A mon fils, l’hymen semble lui faire peur ; Et sur quelque parti que je sonde son cœur, Pour un pareil lien il est froid & recule.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Consolons-nous, les obligations que nous leur avons ne sont peut-être pas aussi grandes que Riccoboni semble l’annoncer. […] Enfin le Ciel chez moi me le fit retirer ; Et depuis ce temps-là tout semble y prospérer. […] Dans ce qui m’échappe il y a je ne sais quoi de passionné, qui montre assez que je vous aime encore, quoique vous ne le méritiez pas : mais la cruelle froideur que vous venez de me faire voir, me dit clairement que je ne suis pas aimé, quoique je méritasse de l’être ; & si, après m’en avoir tant de fois assuré, ma surprise semble ridicule, apprenez que vous ne me l’aviez jamais dit sans être en colere ; & que, pour dire que l’on n’aime pas, la colere ne persuade pas si bien que l’indifférence. […] Il semble donc que Moliere n’ait pas eu grand mérite à mettre le roman en action ; maintenant que nous voyons la copie, il nous paroît qu’elle étoit très facile, & que le Comique le moins accoutumé à faire parler des acteurs s’en seroit aussi bien acquitté.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il me semble Que ce frere en colere à-peu-près te ressemble. […] Il le semble : il n’en est pourtant rien : Mais de bien le savoir je découvre un moyen. […] (Crispin met son chapeau sur son coude, & puis l’embrasse si adroitement, qu’il semble que ce soit une autre personne.) […] lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer.

90. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Le poète peut être moraliste, sans pour cela que ses personnages moralisent toujours, et, sur ce point, il me semble que Molière a dépassé la mesure : il accuse et justifie dans de longs plaidoyers les caractères qu’il représente, et souvent même ces caractères sont à peine autre chose que des opinions personnifiées. […] Rousseau a déjà relevé cette ambiguïté du Misanthrope, qui fait que les choses même les plus dignes de respect y semblent tournées en ridicule. […] C’est en cela que les vues et les tentatives de Diderot me semblent fort suspectes. […] Tout ce que je viens de dire semble indiquer que le public français,* lorsque par hasard il oublie les règles de goût que L’Art poétique de Boileau lui a inculquées comme des devoirs, n’est pas dans le fait aussi opposé qu’on le croit aux libertés dramatiques des autres nations, et que ce qui soutient en France un vieux système, étroit et borné dans ses conséquences, c’est plutôt un respect superstitieux qu’une véritable vénération. […] J’ai vu quelquefois les meilleurs acteurs d’aujourd’hui, passer brusquement de la gravité solennelle, que semble exiger le ton général de la tragédie française, à une violence de passion vraiment convulsive, sans que ce contraste eût été adouci par aucune transition préparatoire.

91. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Mais qu’elle ait écrit les Lettres au Mercure, où il n’est question ni de son père Du Croisy, le créateur du rôle de Tartuffe, ni de son beau-père Raymond Poisson, le. premier des Crispins, dont Molière enviait le naturel, ni de son mari Paul, excellent comédien, cela me semble inadmissible. […] Si je me suis arrêté longtemps à son sujet, c’est qu’il me semble en vérité le principal auteur de nos Lettres au Mercure, et qu’il me permet de conclure, en rétablissant simplement les faits dans leur ordre chronologique. […] Bouhours, semble n’avoir pas été du sentiment de ce Père sur le peu de reconnoissance que le public a témoigné pour tous ses services, après sa mort. […] Au contraire, il semble qu’on ait affecté de répandre l’infamie sur ceux qui nous font tant de plaisir. […] Les deux frères ici ne sont point mariés ; ils sont les tuteurs de deux filles qu’un de leurs amis leur a laissées, pour les épouser ou pour les pourvoir, comme bon leur semblera.

92. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Le pédant semble encore plus ancien et plus indispensable ; il écorche déjà du latin dans les comédies de l’Arioste (par exemple Cleandro des Suppositi) ; il ne cessera de lâcher la bride à sa sottise intempérante pendant plus de deux cents ans. […] La Ruffiana ne semble pas avoir brillé autant dans la comédie de l’art que dans la comédie soutenue.

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