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15. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Entre les premières et celles-ci, était tout l’intervalle qui sépare l’aversion et le dégoût, du penchant à imiter et à ressembler. […] Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières.

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

L’Amour conseille aux spectateurs d’imiter cet exemple, & leur adresse ces paroles : Faites de votre honneur comme elle fait du sien, Qui toujours est entier : mais qu’on n’en sache rien : Et par elle apprenez que les plus fines dames, De pareilles douceurs entretiennent leurs ames Dedans leurs cabinets, & que bien sottes sont Les filles aujourd’hui qui comme elles ne font. […] N’imitez pas mon caractere.

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Que l’Auteur ingénieux des Fausses Infidélités ait eu le dessein d’imiter les Commeres de Windsor, ou que l’idée ne lui en soit pas venue, peu nous importe. […] La Buona Figliuola, ou la Bonne Enfant, piece lyrique en trois actes, est imitée de la Buona Figliuola, opéra comique de Goldoni, lequel opéra comique Goldoni a imité lui-même d’une de ses Comédies, laquelle Comédie est imitée de la Nanine de M. de Voltaire, laquelle Nanine est imitée de Paméla, roman anglois, lequel roman est une imitation de Grisélidis, &c.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Nous ne nous épuiserons pas en longs raisonnements pour cela, les exemples nous en éviteront la peine, & nous opposerons les deux uniques comédies de la Chaussée, toutes les deux très mauvaises, toutes les deux imitées, au meilleur de ses drames dû pareillement à une imitation, mais plus heureuse, parcequ’elle étoit plus facile. […] Tous doivent la portion de gloire dont ils jouissent à des choses imitées : elle eût été plus grande s’ils eussent imité comme lui.

19. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Mais comme il est plus aisé d’imiter le grossier & le bas, que le délicat & le noble, les premiers poëtes Latins, enhardis par la liberté & la jalousie républicaine, suivirent les traces d’Aristophane. […] Térence qui suivit Plaute, comme Ménandre Aristophane, imita Ménandre sans l’égaler. […] Qu’il laisse mettre au rang des farces Georges Dandin, le Malade imaginaire, les Fourberies de Scapin, le Bourgeois gentilhomme, & qu’il tâche de les imiter. […] Le comique bas, ainsi nommé parce qu’il imite les mœurs du bas peuple, peut avoir, comme les tableaux Flamands, le mérite du coloris, de la vérité & de la gaïeté. […] Poete comique Poete comique, (Art dramat.) la tragédie imite le beau, le grand ; la comédie imite le ridicule.

20. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Imitez Mascarille, si vous voulez faire un de ces valets rusés qui mènent tout. […] La plus mauvaise des comédies de Regnard : rien à imiter, que le rôle de Mathieu Crochet pour un rôle de basse charge. […] La scène où Pasquin imite ses maîtres en reniant son père est plaisante.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

On y verra comment on peut imiter sans être plagiaire. Le troisieme volume contiendra toutes les imitations de Moliere : nous reconnoîtrons qu’il n’est jamais plus grand que lorsqu’il est imitateur ; & pour nous convaincre de la difficulté qu’il y a à s’approprier les idées des autres, à les revêtir des couleurs convenables à son sujet, nous comparerons dans le quatrieme volume Moliere imitateur à Moliere imité, & nous y décomposerons les imitations de ses successeurs, en rapprochant toujours les copies des originaux. […] Quel seroit mon bonheur si, en faisant remarquer chez lui des beautés dans tous les genres, je pouvois indiquer le moyen de les imiter toutes !

22.

Il a aussi imité la troisième scène du second acte de L’Étourdi. […] Shadwell a surtout imité la première et la cinquième scène du premier acte, et la seconde et la troisième scène du second acte. […] Il y imite Arnolphe et Agnès, Horace, Alain et Georgette, mais il ajoute d’autres caractères, et l’intrigue est bien plus compliquée que dans la pièce de Molière. […] Un autre dramaturge anglais, Edouard Ravenscroft, déjà cité, a imité Arnolphe et Agnès dans sa comédie fort licencieuse : London Cuckolds (Les Cocus de Londres), jouée pour la première fois en 1682. […] Mais Arthur Murphy, comme nous l’avons déjà dit plus haut, a surtout imité L’École des femmes dans sa comédie The School for Guardians.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Il est clair que tout cela est imité de la piece latine ; mais Térence manque totalement le but moral de sa piece, puisque le jeune homme qu’on éleve avec une honnête indulgence, en abuse, se marie en secret, &, non content de faire des folies pour son compte, partage encore celles de son frere. […] J’ai mis le Lecteur à portée de juger Moliere & les cinq Auteurs qu’il a imités ; c’est à lui de prononcer en dernier ressort, quand nous aurons jetté les yeux sur quelques détails que notre comique a pris chez Térence. […] Je ne citerai pas tous les détails imités par Moliere ; ce seroit entrer dans des soins trop minutieux.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Paroissez, Boileau, & vous, savante Dacier, soutenez que Moliere a mal fait de ne pas imiter son original dans une faute si grossiere ; nous n’en croirons rien. […] On croit que Moliere a imité le prologue d’Amphitrion de Lucien. […] « Ceux qui ont dit que Moliere a imité son prologue de Lucien, ne savent pas la différence qui est entre une imitation & la ressemblance très éloignée de l’excellent dialogue de la Nuit & de Mercure dans Moliere, avec le petit dialogue de Mercure & d’Apollon dans Lucien ; il n’y a pas une plaisanterie, pas un seul mot que Moliere doive à cet Auteur Grec. » Il faut être juste : si nous avouons que Moliere fut heureux de trouver un beau sujet, travaillé déja par plusieurs Auteurs ; convenons aussi qu’il a vu bien mieux qu’eux & l’ordonnance générale & les détails. Il les a imités en grand homme, & ne les a point copiés.

25. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

De ce moment, le théâtre italien prend aux yeux de l’histoire un intérêt d’une autre sorte ; mais il perd celui qu’il offrait pour le sujet qui nous occupe principalement ; ou plutôt la thèse se retourne pour ainsi dire : les Italiens nous imitèrent à leur tour. […] Dans un divertissement que les comédiens italiens joignirent à une de leurs pièces représentée devant le roi, Dominique, qui dansait fort bien, imita d’une façon extrêmement comique la danse de Beauchamp.

26. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Voilà ce que nos auteurs imitaient des Espagnols ; ils leur empruntaient tout ce qui peut se prendre ; ils leur laissaient la verve d’un Lope de Vega, et tout ce qui échappe de vérités à un génie heureux, malgré son public et malgré lui-même. […] Les Italiens, que Molière imitait, excellent à embrouiller l’intrigue, soit qu’ayant affaire à des spectateurs d’un esprit plus pénétrant et plus prompt, ils eussent besoin de plus de complications pour tenir sa curiosité en haleine, soit plutôt que la faiblesse d’invention s’y déguisât sous cette vaine richesse d’incidents. […] Chacun porte la peine ou reçoit le prix de son caractère ; mais la peine n’est pas tragique, ni la récompense romanesque ; tout est imité de la vie, où le bonheur qu’on tire du bien penser et du bien faire est médiocre, et où le châtiment attaché aux travers n’est jamais assez dur pour nous en corriger. […] C’est ainsi que Molière imite. […] Il n’y a pas d’imitation là où, faute du trait imité, une belle scène serait incomplète, un personnage boiteux.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Ramassons maintenant les traits les plus frappants de la piece italienne & de celle de Moliere : pesons leur juste valeur ; instruisons-nous dans l’art de l’imitation, en voyant ce que notre Poëte a bien ou mal imité ; & lorsqu’il sera au-dessous de l’original, un respect mal entendu ne nous empêchera pas de le dire, puisque l’Auteur s’est rendu lui-même justice sur son ouvrage. […] Moliere, me dira-t-on peut-être, a imité le premier original qui est espagnol. […] Quoi qu’il en soit, Moliere n’en a pas moins tort : imiter n’est pas copier ; c’est accommoder un ouvrage étranger aux mœurs, aux usages, au goût de son pays : par conséquent Moliere devoit imiter l’Auteur Espagnol de façon à rendre sa piece aussi propre à son théâtre que l’Auteur Italien l’a rendu propre au sien.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Il imita si bien de Villiers, qu’il l’a presque copié mot à mot. […] Ils n’avoient, pour corriger cette faute, qu’à imiter un canevas italien très ancien. […] Le Poëte italien n’a-t-il trouvé dans le Poëte françois que ce trait digne d’être imité ? […] Goldoni est un grand homme ; il mérite qu’on lui laisse le soin de se juger sur la façon dont il a imité Moliere.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

L’exemple est bon à suivre ; imitez-les, & commencez par donner l’essor à votre imagination.

30. (1802) Études sur Molière pp. -355

Dans la scène xiv, Sganarelle refuse d’épouser, « parce qu’il veut imiter son père et tous ceux de sa race qui ne se sont jamais voulu marier ». Malleville avait dit : Résous-toi d’imiter ton père, Tu ne te marieras jamais. […] La Princesse d’Élide est imité d’El Desden con el Desden, Dédain pour Dédain, comedia famosa d’Agostino Moreto. […] Nous trouverons dans l’ouvrage, des choses qui paraissent imitées d’une pièce italienne intitulée, Il Medico volante, le Médecin volant, du Pédant joué de Cyrano et du Phormion de Térence. […] Il saisit aussi cette occasion, pour l’exhorter à ne pas imiter Chapelle, même en ce qui le faisait désirer dans le monde, la malheureuse facilité de dire des bons mots, et de leur sacrifier ses meilleurs amis.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Je crois que le Poëte François a très bien fait de ne prendre que la quintessence de la comédie italienne ; mais je pense aussi que dans ce qu’il en a imité, il est quelquefois moins chaud, moins rapide, moins naturel même que l’Italien. […] On conviendra que le brave Sganarelle imite trop bien jusqu’au jargon du vaillant Jodelet.

32. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Les Romains, ayant imité les Grecs, n’ont point eu de théâtre national ; encore les ouvrages de Plaute et de Térence sont-ils d’excellents sujets d’étude pour les historiens ; on y retrouve une foule d’usages qu’eux seuls nous ont transmis, et rien ne nous fait mieux connaître la dissolution de la jeunesse de Rome, les séductions des courtisanes, l’effronterie des parasites, et enfin tous les éléments dont se composait la société sous les maîtres du monde. […] La bourgeoisie veut copier la cour, elle n’en imite que les ridicules et les vices, sans en emprunter l’éclat et les grâces ; enfin, le noble se dégrade, et le bourgeois ne s’ennoblit pas.

33. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Préface On a vu, dans les volumes précédents de cette Histoire, les vains efforts que firent les poètes dramatiques pour imiter les ouvrages immortels de M.  […] La passion du bel esprit, ou plutôt l’abus qu’on en fait, espèce de maladie contagieuse, était alors à la mode. » « 1Il régnait dans la plupart des conversations un mélange de galanterie guindée, de sentiments romanesques et d’expressions bizarres, qui composaient un jargon nouveau, inintelligible et admiré ; les provinces, qui outrent toutes les modes, avaient encore enchéri sur ce ridicule ; les femmes qui se piquaient de cette espèce de bel esprit s’appelaient précieuses : ce nom, si décrié depuis par la pièce de Molière, était alors honorable, et Molière même dit dans la préface que les véritables précieuses auraient tort de se piquer, lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. […] « … Il met sur le théâtre une satire qui, quoique sous des images grotesques, ne laisse pas de blesser tous ceux qu’il a voulu accuser : il fait plus ; de critique, il s’érige en juge, et condamne à la berne les singes, sans voir qu’il prononce un arrêt contre lui, en le prononçant contre eux, puisqu’il est certain qu’il est singe en tout ce qu’il fait, et que non seulement il a copié les Précieuses de M. l’abbé de Pure, jouées par les Italiens, mais encore qu’il a imité, par une singerie dont il est seul capable, Le Médecin volant, et plusieurs autres pièces des mêmes Italiens, qu’il n’imite pas seulement en ce qu’ils ont joué sur leur théâtre, mais encore en leurs postures, contrefaisant sans cesse sur le sien et Trivelin et Scaramouche ; mais qu’attendre d’un homme qui tire toute sa gloire des Mémoires de Guillot-Gorju, qu’il a acheté de sa veuve, et dont il adopte tous les ouvrages. » La comédie qui suit cet avertissement renferme des choses qu’on ne sera pas fâché de trouver ici, et de plus il y est encore parlé de Molière et de sa comédie des Précieuses.

34. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

La sagesse de ses expressions, la conduite de ses intrigues, la finesse de ses pensées, le tour naturel de son style, et surtout la beauté de ses caractères, qui tendent tous à rendre le vice ridicule et méprisable, sont des choses que quelques-uns de ceux qui lui ont succédé dans le genre comique, ont imité d’assez près dans un petit nombre de pièces, mais qui peut-être ne se trouvent reunis dans aucune. […] Moliere imita le sujet de cette comedie de deux pièces italiennes, l’une intitulée l’lnteresse, de Nicolo Secchi, en prose, imprimée en 1581, et l’autre, d’un ancien canevas ou farce, jouée à l’impromptu, qui a pour titre gli Sdegni amorosi. […] Ce que Moliere fait dire à ces deux frères convient infiniment mieux, et leur dialogue est si bien accommodé à nos manières, qu’il n’y a pas lieu de soupçonner notre auteur d’avoir ni traduit, ni même imité Terence. […] C’est ainsi que Plaute et Térence avoient imité les Grecs. […] Molière a pris les Anciens pour modèle, inimitable à ceux qu’il a imités, s’ils vivoient encore (Jugement sur quelques auteurs françois, à Mmela duchesse Mazarin).

35. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Cependant, parmi les divers talents qui sont nécessaires à un poète comique, c’est peut-être celui dont il a le plus de besoin ; il est presque indubitable que la même justesse, le même discernement qui l’assurent qu’il choisit bien son sujet, soit qu’il traduise, ou qu’il imite, ou qu’il invente, l’assureront également du succès. […] « Il n’y a rien dans cette comédie qui ne puisse être utile, et dont l’on doive profiter ; l’ami du Misanthrope est si raisonnable que tout le monde devrait l’imiter. […] C’est ainsi que Plaute et Térence avaient imité les Grecs. […] « Tout le reste de la pièce est de Molière, caractères, intrigue, plaisanteries ; il n’en a imité que quelques lignes, comme cet endroit où l’Avare parlant (peut-être mal à propos) aux spectateurs, dit : Mon voleur n’est-il point parmi vous ? […] On peut ajouter encore que le caractère de Maître Jacques, et ce qu’il fait, ont tant de rapport avec tout ce que fait Arlequin, qu’il est très probable que Molière a eu dessein de l’imiter dans son Avare a.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Lorsqu’il lui prend envie d’amasser quelque chose, il imite encore les Ministres d’Etat. […]   Je ne parlerai pas de l’art avec lequel le Conte est mis en action, puisque nous nous sommes interdit tout éloge ; mais j’ai cité le Galant Escroc exprès pour faire sentir les différentes nuances qu’il doit y avoir entre une Piece destinée au Théâtre public ou à un Théâtre particulier, pour conseiller aux Auteurs d’imiter M.  […] Tout le monde sait que le Roi & le Fermier de la comédie italienne est imité de la Piece angloise.

37. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Nous devons essayer ici de faire connaître L’Interesse, non seulement parce que c’est une des œuvres imitées de plus près par Molière, mais aussi parce qu’elle offre un type assez remarquable de la comédie italienne39. […] Zucca fait un long monologue que Molière a imité au commencement du cinquième acte du Dépit amoureux. […] Comment décider en pareil cas jusqu’à quel point il a été imitateur ou bien il a été lui-même imité ?

38. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Si Arnolphe trompé sait qu’il est justement trompé, pourquoi Agnès, chargée d’un rôle d’ingénue, n’imiterait-elle pas son exemple, et ne dirait-elle pas au public par son regard, par son attitude : Je ne suis pas niaise, croyez-le bien ; je connais de longue main toutes les ruses pratiquées par les femmes, l’ingénuité de mon personnage n’a rien de commun avec moi ? […] Pourquoi Mme Plessy ne s’est-elle pas résignée à l’imiter, au lieu de chercher la nouveauté en sacrifiant le bon sens ? […] Non-seulement tous les caractères se recommandent par une incontestable vérité, mais le style est d’une franchise, d’une vivacité qui n’ont jamais été surpassées L’auteur était né neuf ans après la mort de Régnier, il n’y a donc pas à s’étonner qu’il ait plus d’une fois imité son illustre devancier.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

N’imitons pas les mauvais acteurs qui ne le perdent pas plus de vue que le livre du souffleur. […] D’Ancourt en a dans son Chevalier à la mode, qui sont bien dignes d’être cités, & d’être imités.

40. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

En un mot, il imitait la sagesse de certains Législateurs, qui, pour accréditer de bonnes lois, se soumettent eux-mêmes à d’anciens abus. […] Ce sujet fut apporté en France par les Comédies Italiens, qui l’avaient eux-même imité des Espagnols. […] En reprochant à Montfleury138, qu’il appuyait sur les derniers vers pour attirer l’approbation, et faire faire le brouhaha ; en reprochant à Mademoiselle du Château139, qu’elle conservait un visage riant dans les plus grandes afflictions, il disait à tous les Comédiens présents et à venir de ne pas les imiter. […] En un mot, il imitait la sagesse de certains Législateurs, qui, pour accréditer de bonnes lois, se soumettent eux-mêmes à d’anciens abus. […] Son chef-d’œuvre, le Dédain par le dédain (El Desdén con el desdén, 1652, [canegvas italien en 5 actes]), a été imité, adapté ou traduit par Molière (La Princesse d’Élide), Carlos Gozzi et bien d’autres.

41. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Je ne parle pas de la différence du mérite : celle-là est énorme ; mais la gloire de Molière n’a pas besoin qu’on lui offre en sacrifice l’obscur Donneau, qui du moins, par l’admiration dont il se montre pénétré pour ce grand homme, fait regretter qu’il n’ait pas été plus digne de l’imiter. […] C’est de L’École des maris que date véritablement ce qu’on pourrait appeler la seconde manière de Molière, celle où, cessant de copier avec talent, il invente avec génie, où renonçant à imiter les tableaux fantastiques d’une nature de convention, il prend pour uniques modèles, l’homme de tous les temps et la société du sien. […] C’est ce que n’ont pas senti ceux qui ont cru voir dans Les Fâcheux un modèle à imiter.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Si, comme nous l’avons dit, la punition de Dave n’engage pas les valets à marcher sur ses traces, croit-on que l’exemple d’Isabelle contrainte à se reprocher sa conduite, encourage les jeunes personnes à l’imiter ? […] En reprochant à Montfleuri, qu’il appuyoit sur le dernier vers pour attirer l’approbation, & faire faire le brouhaha ; en reprochant à Mlle. du Château qu’elle conservoit un visage riant dans les plus grandes afflictions, il disoit à tous les comédiens, présents & à venir, de ne pas les imiter. […] Ses démarches, qui ne peuvent être entiérement innocentes, quand on ne les accuseroit que de légéreté & d’imprudence, tournent toujours à son avantage, par les expédients qu’elle trouve pour se tirer d’embarras ; de sorte que l’on est peut-être plus tenté d’imiter la conduite de la femme, toujours heureuse quoique toujours coupable, que désabusé des mariages peu sortables, par l’exemple de l’infortuné mari ». […] Mais, bornés seulement à le suivre lorsqu’il descend avec ses personnages dans les détails immenses de la philosophie pratique, tâchons de l’imiter en cela autant qu’il nous sera possible ; &, pour y mieux réussir, apprenons de lui-même l’art de l’Imitation, cet art si rare, auquel il doit les trois quarts de sa gloire.

43. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Despréaux, que Molière, qui peint avec tant de beauté les mœurs de son pays, tombe trop bas, quand il imite le badinage de la Comédie italienne : Dans ce sac ridicule, où Scapin s’enveloppe,Despr.

44. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

On peut aisément reconnaître les endroits du Cid imités de Guillén de Castro par la différence du caractère, et les chiffres qui marquent les renvois pour trouver au bas des pages les vers espagnols. […] Corneille explique, dans l’Avis au lecteur de sa comédie du Menteur, les raisons qui l’ont empêché de joindre, au bas des pages, les vers imités de Lope de Vega, comme il avait fait ceux de Guillén de Castro, et de Lucain, dans cette nouvelle édition du Cid et de Pompée. […] Et enfin s’il est tiré ou imité de quelque autre, dont l’original est espagnol ou italien ; voilà tout ce que le lecteur peut exiger de nous. […] Il a fait un Misanthrope * qu’il a imité de Molière. […] C’est par cette raison que tant de poètes comiques, depuis Molière, ont cherché à l’imiter dans ces déguisements et dans ces sortes de contrats ; mais on peut assurer, sans leur faire injustice, qu’ils sont infiniment au-dessous d’un si parfait modèle. » *.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

J’exhorte les Auteurs, lorsqu’ils ne trouveront pas des caracteres propres à toutes les nations par le fond & les nuances, à s’emparer bien vîte de ceux qui le sont par le fond seulement : on ne traduira pas leur ouvrage, mais on leur fera l’honneur de l’imiter ; c’est beaucoup.

46. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Il a été si excellent Acteur pour le Comique, quoique très médiocre pour le sérieux, qu’il n’a peu être imité que très imparfaitement par ceux qui ont joué son rôle après sa mort.

47. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Scudéry lui reprochait d’avoir imité dans Le Cid un ouvrage du théâtre espagnol ; il ne voyait en lui qu’un traducteur de Guilain de Castro ; il prononçait que Corneille était tout à fait dénué du mérite de l’invention.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Comme Regnier a, long-temps avant Moliere, imité cette même Satyre, voyons auquel des deux imitateurs nous donnerons la pomme. […] On ne peut nier que Moliere n’ait imité en homme d’esprit les deux Satyriques, puisqu’en lisant la scene comique nous y reconnoissons les mœurs du siecle pour lequel elle fut faite ; & qu’aucun vernis d’ancienneté, aucun air étranger ne fait soupçonner son origine à ceux qui ne la connoissent point.

49. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Arlequin butor l’imite en tout : “C’est sans doute mon ombre que je vois”, dit Arlequin. […] Arlequin se désespère, fait des sauts, des extravagances ; les autres l’imitent en tout, à l’exception du butor qui se remue lourdement. » Ces jeux se continuent longtemps et forment à eux seuls une partie du spectacle ; comme ils n’avaient pas eu grand succès à la première représentation, Dominique les redouble : il inscrit sur son livre : « Il faut que nous fassions des postures d’estropiés, de gros ventres, de tourner les mains derrière le dos, de former des attitudes singulières.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Contentons-nous de les extraire pour donner une idée des choses imitées. […] Passons aux deux scenes imitées de Moliere. […] sont remplies d’aventures arrivées réellement à diverses personnes ; mais elles n’étoient pas dignes d’être imitées, ou l’imitateur y a mal réussi, puisque les ouvrages dont elles sont l’ame n’ont fait que voir le jour & disparoître. […] Laurent : il fit imiter jusqu’à l’habillement, la coeffure, le son de voix de Lerat ; & l’acteur qui le représentoit eut grand soin de répéter souvent : Entrez, Messieurs, voyez mon spectacle : toute la Cour a vu cela, toute la Ville a vu cela, cela n’est pas cher, cela se voit tout de suite : vous serez contents, très contents ; si vous n’êtes pas contents, on vous rendra votre argent ; mais vous serez contents, très contents.

51. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

On appelait des mimes, certaines pièces déshonnêtes dans lesquelles les comédiens, sans vergogne et sans honte, imitaient certaines poses indécentes. […] — Avant lui, Sénèque avait dit : « Point de milieu, il faut haïr ce qui se passe dans la comédie ou il faut l’imiter !  […] qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

N’est-il pas à présumer que les Auteurs, gênés par les ordres rigoureux des Magistrats, & obligés d’abandonner les caracteres particuliers, se jetterent dans l’intrigue, & composerent les pieces imitées depuis par les Romains, & qui ne leur sont parvenues que parcequ’elles étoient plus modernes.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Il n’est point de serpent ni de monstre odieux Qui par l’art imité ne puisse plaire aux yeux.

54. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Jusqu’à la mort de Molière et au-delà, Français et Italiens se firent concurrence, s’imitèrent, s’empruntèrent réciproquement ce qu’ils avaient de meilleur, rivalisèrent dans les fêtes de cour, où ils étaient fréquemment réunis et mis en présence.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

On me repprochera peut-être de m’être étendu sur un genre de prologue qu’on n’imitera jamais sur notre scene. […] Les Italiens sont ceux qui, en cela, ont le mieux imité Plaute.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Qu’a donc fait la Chaussée, ce poëte prédicateur, ce modele que vous ne parviendrez jamais à imiter, tout défectueux, tout froid qu’il est en plusieurs endroits ? […] Regnard, dans le Retour imprévu, & Destouches, dans le Dissipateur, ont imité cette scene ; mais ils sont au-dessous de l’original.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Le théatre françois, ce théâtre élevé sur les ruines de tous les autres ; ce théâtre, l’objet de l’admiration & de la jalousie de toutes les nations policées ; ce théâtre qui a si bien contribué à porter la langue françoise dans tous les pays où l’on sait lire ; ce théâtre enfin que les peuples instruits veulent voir chez eux, ou qu’ils tâchent d’imiter, est aujourd’hui sacrifié au mauvais goût dans le sein de cette même capitale où il prit naissance, & qu’il couvrit de gloire. […] Le pigmée reste, accoutume peu à peu le public à ses défauts, agence quelques rôles à sa taille, à sa voix, à sa poitrine, à son tempérament, à ses petites manieres, devient Acteur en chef, rend à ceux qui veulent le doubler ce qu’on a fait à son début : ses successeurs l’imitent ; leurs doubles essuient les mêmes traitements, & les rendent.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Mais, avant de mettre Moliere à côté de Térence, comparons-lui Cyrano qui lui a fourni deux scenes, les Italiens qu’il a mis à contribution, & Tabarin qu’il a malheureusement imité dans la scene du sac. […] Arlequin, armé de sa batte, se promene à grands pas, contrefait sa voix, imite le ton des sentinelles, demande qui va là, appelle le caporal : le faux caporal prend une autre voix pour appeller le sergent : le sergent ordonne, d’une voix enrouée, aux soldats d’approcher & de faire feu. […] La scene de Moliere est plus favorable pour l’acteur, parcequ’en lui donnant lieu de contrefaire plusieurs voix, elle lui fournit l’occasion d’imiter l’accent de plusieurs nations ; mais elle est moins naturelle que l’italienne. […] Nous avons dit que Moliere avoit imité des détails & plusieurs scenes du Phormion ; qu’il avoit même calqué la machine de sa piece sur celle du Poëte Latin.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Nous nous contenterons de dire que Baron n’est exempt de blâme, ni comme traducteur, puisqu’il est beaucoup plus long que l’original, & bien moins élégant ; ni comme imitateur, puisque l’ouvrage imité perd en passant sur notre scene quelques beaux traits, y conserve des défauts, & sur-tout son air étranger. […] Je tâcherai d’imiter encore Térence, & je ne répondrai à mes envieux que ce qu’il répondit au calomniateur qui l’accusoit de ne prêter que son nom aux ouvrages des autres. […] N’imitons en cela ni Térence ni Baron.

60. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

La poésie au contraire est le don de tout imiter, de tout sentir et de tout peindre. […] Enfin, en descendant des vices aux travers, Tous les faux sentiments sont par lui découverts : Le Bourgeois, dédaignant les vertus paternelles, Cherche parmi les grands de dangereux modèles, Le Valet qui naquit probe, sincère et bon, Veut imiter son maître et devient un fripon ; Le Médecin, gonflé d’orgueil et d’ignorance, Assassine les gens au nom de la science ; Dans sa prose ou ses vers un mauvais Écrivain Substitue à la langue un jargon fade et vain ; Et la Femme, suivant de pédantesques traces, Immole aux faux savoir son esprit et ses grâces ! […] Lève-toi, dis à ceux qui gouvernent la France : « Osez combattre aussi le vice et l’ignorance ; Imitez du grand Roi l’exemple glorieux, Enflammez pour le bien les cœurs ambitieux.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Il est bon de s’épargner des éloges aussi cruellement mitigés, & j’offre cette même piece comme un modele qu’il faut bien se garder d’imiter.

62. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Les deux auteurs français, qui ont traité le sujet avant Molière, de Villiers et Dorimond, ont imité la pièce italienne, ou se sont imités l’un l’autre.

63. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Quoique imité de l’espagnol, le Festin de Pierre est une œuvre originale, plus peut-être que le Cid de Corneille36. […] Je ne parle pas des filles mises à mal, c’est d’une vérité trop évidente ; mais ce valet, qui croit en Dieu au fond, qui voudrait avertir et retenir son maître, et à qui sa faible raison ne permet de défendre que ridiculement la cause de la vérité61 ; qui est forcé à mentir62, à insulter63, à cacher comme une honte les moindres bons sentiments64, à partager enfin toute la vie et tous les crimes de don Juan, « parce qu’un grand seigneur méchant homme est une terrible chose : il faut qu’on lui soit fidèle, en dépit qu’on en ait, et la crainte réduit d’applaudir bien souvent ce que l’âme déteste65 ; » ce valet, nous le voyons se gâter, s’endurcir, imiter l’escroquerie du maître66, engager le Pauvre à jurer un peu 67 ; et enfin, après le châtiment de don Juan, n’avoir d’autre sentiment en face de cette mort effrayante, que le regret des gages qu’il perd68 : ah !

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Dès qu’il m’avoue sa foiblesse, en mêlant à un fil d’or un fil de laiton, pour finir, tant bien que mal, son ouvrage, je dis, cet homme a tort de présumer de ses forces, & j’exhorte les Auteurs à ne pas l’imiter en cela.

65. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Il imita trop bien un magistrat à qui une certaine grimace était familière.

66. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il faut convenir que nos aïeux ne se montraient pas extrêmement difficiles dans leur gaîté ; Molière n’a pas manqué d’imiter ces traits au moins rachète-t-il les choses de ce genre par la vivacité de son dialogue. […] Nous avons vu le Médecin volant imité par Molière; quant aux Précieuses de l’abbé de Pure, il n’en a rien pris ; il n’y avait rien à y prendre en effet. […] Il imita une pièce intitulée Arlequin Cornuto per opinione. […] Molière a encore imité plusieurs ouvrages pour composer cette comédie. […] Les Fourberies de Scapin ne sont pas une farce grossière ; elles contiennent d’excellents traits de comédies, et la preuve que Molière destinait cette pièce aux gens de goût, c’est qu’il a imité beaucoup de passages du Phormion de Térence.

67. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Imitez-moi ; j’ai su divertir tour à tour L’une aux dépens de l’autre et la ville et la cour.

68. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Trop souvent même, c’est sympathiser avec le sentiment général ; c’est au moins imiter quelque noble exemple.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Le grand Corneille est tombé dans le défaut de Desmarets ; mais, fort heureusement pour lui & pour ses lecteurs, il ne l’imite pas long-temps. […] Les Auteurs qui sont venus après le pere de la vraie comédie, ont, je n’en doute point, tenté de marcher sur les traces de ce grand homme, & de présenter leurs idées avec des expressions naturelles, comiques, intelligibles aux spectateurs les moins éclairés : mais la nature a épuisé ses dons en faveur de Moliere, & s’est montrée avare pour ses successeurs, qui n’ayant pas un génie capable d’imaginer des fables nouvelles, d’imiter heureusement celles des Anciens, ou de profiter des idées des nations voisines ; ne pouvant enfanter que des pieces dont l’action & le mouvement suffisent à peine pour soutenir un seul acte, & ne voulant pas ressembler à Poisson, qui se nommoit plaisamment un cinquieme d’Auteur, parcequ’il n’avoit fait que de petites pieces, imaginerent d’amuser le spectateur & de l’éblouir par des pensées brillantes.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

L’Avare, comédie en cinq actes en prose, comparée pour le fond & les détails avec l’Aulularia de Plaute ; Arlequin & Célio, valets dans la même maison ; le Docteur bigot ; Arlequin dévaliseur de maisons ; la Fille-de-chambre de qualité ; Pantalon avare, canevas italiens ; avec la belle Plaideuse, comédie de l’Abbé de Bois-Robert ; l’Esprit, comédie de Pierre de Larivey ; l’Embarras des richesses, de Dalainval ; une scene de Mithridate de Racine, & deux traits imités par les Anglois. […] Voilà comme nous devons imiter, si nous le pouvons, ou ne point nous en mêler. […] Je veux croire que tout autre que Moliere les auroit aussi bien imités ; mais tout autre les auroit-il placés dans un instant où l’Avare, la tête pleine de son voleur, en entendant parler de pendre & d’écorcher, doit s’écrier nécessairement : Qui ?

71. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Elles ne sont pas nationales ; presque toutes viennent d’Espagne ; ou bien, quand elles ne sont pas traduites ou imitées d’un modèle espagnol, l’auteur transporte la scène au-delà des Pyrénées. […] Don Bertrand de Cigarral est imité de Francisco de Rojas. […] Mais la décision est inutile  : tous deux ont imité un original italien. […] Ce « genre » de style est assez difficile à définir sans doute, mais on peut dire néanmoins qu’il paraît être essentiellement abréviatif, qu’il est plein de tournures elliptiques, imitées de la liberté de la conversation. […] Il essaye d’imiter ou de reproduire le jaillissement même de la parole, lorsqu’on fait parler les autres, comme font Racine et Molière, et, quand on parle soi-même, pour son compte et en son nom, comme Bossuet et Pascal, la génération de la pensée.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

De toutes les imitations, celles qu’on fait d’après la nature même sont les meilleures & les plus flatteuses pour l’Auteur ; mais dans celle-ci Moliere s’est borné sans doute à copier l’habit ou l’allure de son Limousin, puisque tout ce qui arrive au héros de la piece est imité de deux autres comédies, & d’un roman de Scarron.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Regnard a imité de Moliere un prologue, des détails, des scenes, des caracteres, des dénouements. […] Voyons s’il a mieux imité les détails.

74. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Toutefois, le goût dramatique s’était développé en lui avant d’instinct du moraliste : comme auteur il tâtonna longtemps avant de trouver un terrain digne de lui ; il improvisa pour divertir la foule quelques pièces bouffonnes à la manière des Italiens, qu’il imitait encore dans L’Étourdi et dans Le Dépit amoureux. […] Et tous deux avaient raison ; tous deux suivent librement les modèles qu’ils rencontrent ; là où d’autres les ont précédés, ils créent ce qu’ils imitent ; ils emportent par droit de conquête ce qu’ils dérobent ; car ils impriment à tout ce qu’ils mettent en œuvre le cachet de leur originalité.

75. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Il faut citer, pour pouvoir l’admirer et le condamner en même temps, ce léger et séduisant langage de la corruption innocente, qui fut avec tant de succès imité mais non égalé par les petits poètes du dix-huitième siècle ; il faut rendre à Molière l’honneur et la honte des bergeries. […] Et quand on entend bergers et bergères, imités dans leurs danses luxurieuses par « trois petites Dryades et trois petits Faunes, » s’écrier ensemble : Jouissons, jouissons des plaisirs innocents Dont les feux de l’Amour savent charmer nos sens 644, n’est-il pas tout naturel qu’en sortant du spectacle on aille faire comme eux645 ?

76. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Imite mon exemple ; et lorsqu’une Cabale, Un tas de vains Auteurs follement te ravale, Profite de leur haine, et de leur mauvais sens : Ris du bruit passager de leurs cris impuissants.

77. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

On n’a le droit de s’enrichir des dépouilles d’autrui, d’être hardiment imitateur, qu’à la condition d’être de beaucoup au-dessus de ceux que l’on imite, et de les vivifier et grandir eux-mêmes, pour ainsi dire, en les dépouillant.

78. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il dit dans sa Préface : « Les véritables précieuses auraient tort de se piquer lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal ». […] Voici le Vicomte, bel esprit de province, qui n’est point un sot, mais arriéré, et qui en est encore à imiter Voiture dans un sonnet admirable comme contrefaçon : C’est trop longtemps, Iris, me mettre à la torture : Et si je suis vos lois, je les blâme tout bas De me forcer à taire un tourment que j’endure, Pour déclarer un mal que je ne ressens pas. […] Molière l’imite une fois, mais d’ordinaire il n’aime qu’à jeter sur la scène un personnage observé de près, qu’il a vu de ses yeux. […] Il est le type éternel du snob et c’est-à-dire de l’homme qui admire et imite les usages d’une classe dont il n’est pas et qu’il juge supérieure à la sienne. […] Il y a deux manières de railler les ridicules d’une profession, c’est de les montrer dans ceux qui appartiennent à cette profession et c’est de les montrer dans ceux qui imitent les professionnels.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Regnard est après Moliere l’Auteur comique le plus généralement estimé ; il faut donc, si ce que nous venons de dire est vrai, qu’il soit après Moliere celui qui a le plus imité ses prédécesseurs ; aussi est-ce la vérité même. Nous pouvons encore faire remarquer que ses pieces intitulées, le Bal, le Carnaval de Venise, les Vendanges, ne sont imitées de nulle part, & qu’elles sont ignorées ; tandis que toutes ses autres comédies, qui fourmillent d’imitations, sont représentées journellement. […] Nous ne dirons point que Regnard a imité la Mostellaire de Plaute dans son Retour ; nous dirons avec plus de raison qu’il nous a donné un extrait de la Mostellaire, dans lequel il a inseré le bon & le mauvais.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Le dénouement du Médecin malgré lui est imité d’une piece de M.

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