Ne vous y trompez pas, la plupart des inventions soi-disant comiques appartiennent au fond à la tragédie ; car leur rire est sérieux ou même triste. […] L’ironie la plus légère, la plus fine, fût-ce celle de Voltaire, est toujours grave au fond, quelque enjouée qu’en soit la forme. […] Le sérieux, qui est le fond de la tragédie, donne aussi à la forme du drame tragique un caractère spécial. […] De même la peinture des mœurs contemporaines dans la comédie nouvelle, n’est qu’un élément romain, français, anglais ou allemand, qui, n’appartenant pas au fond commun de la nature humaine, ne reste pour la postérité qu’un objet de curiosité historique. […] Un sanglier énorme fond sur Moron à la chasse : Moron se sauve.
Je ne parlerais du Muet, dont le fond est imité de l’Eunuque de Térence : il y a des situations que le jeu du théâtre fait valoir, mais la conduite est défectueuse. […] Guillaume contre un berger qui lui a volé des moutons, et les ruses de Patelin pour lui escroquer six aunes de drap, sont un fond bien mince, et qui est proprement d’un comique populaire : le juge Bartolin, qui prend une tète devenu pour une tête d’homme, est de la même force qu’Arlequin qui mange des chandelles et des bottes. […] Elle est remplie de situations qui par la forme approchent du grotesque, telles que le déguisement de Crispin en veuve et en campagnard, mais qui dans le fond ne sont ni basses ni triviales, et ne sortent point de la vraisemblance. […] Les Ménechmes sont, après le Légataire, le fond le plus comique que l’auteur ait manié. […] La principale scène, où les deux sœurs se demandent pardon toutes deux et se mettent à genoux l’une devant l’autre, est une copie de la scène des deux vieillards dans le Dépit amoureux de Molière, et le fond de l’intrigue est un déguisement de valet, comme il y en a dans vingt autres pièces.
J’adjure tout homme sincère de dire s’il ne sent pas au fond de son âme qu’il y a dans ce trafic de soi-même quelque chose de servile et de bas… Quel est au fond l’esprit que le comédien reçoit de son état ? […] ceux qui savent voir le fond du cœur humain ne rient pas et ne désespèrent pas ! […] Cependant, un sentiment à la fois très bizarre et très naturel subsiste au fond de son âme. […] Tous, au fond, niais ou nuls. […] Si l’on parle, qu’il soit politique ou non de montrer le fond de son cœur, il faut toujours parler franc.
On voit en cela le fond de ce prince. […] C’était pourtant au fond une âme assez basse, et pleine de vénération pour les grandeurs humaines ; d’ailleurs tracassier et processif. […] Le roi lui avait imprimé, au fond du cœur, la réponse qu’elle devait lui faire.
Mais le public n’existe pas pour l’avocat ; il n’a devant lui qu’un adversaire et des juges : combattre l’un, convaincre les autres, voilà sa tâche; et ceux qui, au fond de l’audience, viendraient l’entendre comme orateur, ne seront jamais un public, car ils n’ont le droit ni d’applaudir ni d’improuver. […] Molière revient souvent sur cette idée, qui fait le fond de notre article : Critique de l’École des femmes, scène VII.
Ce titre annonce un homme qui, frappé des paroles du Duc de Montausier (je voudrois bien ressembler au Misanthrope de Moliere), voudroit avoir l’air de lui ressembler aussi, & affecteroit de haïr les hommes qu’il aime dans le fond, & dont il approuve intérieurement toutes les foiblesses. […] La fausse modestie du personnage la changeroit bien quant à la superficie, mais le fond seroit toujours égal ; &, comme nous l’avons déja dit plusieurs fois dans le cours de cet Ouvrage, ce ne sont point les superficies qui doivent frapper sur la scene. […] Si j’avois à peindre un avare qui voulût passer pour prodigue, le contraste qu’il y a entre le fond du caractere & le masque, pourroit me faire espérer du comique ; mais j’aurois à glaner sur les pas de Moliere, le moissonneur le plus cruel pour tous ceux qui viendront après lui. Si d’un autre côté je voulois mettre sur le théâtre le Faux Magnifique 62, j’aurois, à la vérité, l’avantage de ne pas trouver le fond du caractere épuisé, parcequ’on a mis rarement la magnificence en action63 : mais la matiere est-elle bien comique, bien morale ?
Au fond il aimait qu’on se moquât de tout le monde excepté de lui et des ministres qu’il choisissait. […] Il me semble que c’est bien là le fond du Malade imaginaire. […] Ils ne trouvent pas les hommes beaux ; c’est le fond commun de tous deux ; ils aiment la vertu et sont très honnêtes gens ; c’est encore le fond commun de tous deux. […] Le fond de son âme est certainement la vertu et l’amour du bien, mais aussi il y a, dans le fond de son âme, une bonne dose d’orgueil. […] Voilà son fond.
Une partie du fond de cette piece, de sa morale & de son intrigue, ressemble beaucoup au fond, à la morale & à l’intrigue de l’Ecole des Bourgeois, comédie en trois actes & en prose, de d’Allainval. […] Passons à la scene des Mœurs du Temps, & l’on verra que, différente par la marche, le style & le dialogue, elle est tout-à-fait ressemblante par le fond.
Molière, tu riais bien, je crois, au fond de ton ame d’être obligé de faire une bonne farce pour faire passer un chef-d’œuvre. […] On le retrouve jusques dans ses moindres forces, qui ont toujours un fond de vérité et de morale.
Je dis plus, je soutiendrai que leurs plus grands partisans en apparence, sont plus justes dans le fond du cœur. […] Encore une fois, je t’en conjure par cette main droite que je mets dans la mienne, & que je serre du fond de mon cœur, ne me manque pas plus de fidélité que j’ai dessein de t’en manquer. […] En effet, cette comédie larmoyante, absolument privée de comique, n’est, au fond, qu’un monstre né de l’impuissance d’être ou plaisant ou tragique ».
Le Tartufe, Comédie en vers & en cinq actes, comparée pour le fond & les détails avec il Dottore pedante scrupuloso, le Docteur pédant scrupuleux ; Arlichino mercante prodigo, Arlequin marchand prodigue ; Don Gili, Don Gilles, canevas italiens ; avec les Hypocrites, Nouvelle de Scarron ; & un Roman intitulé, Ne pas croire ce qu’on voit. […] Cette piece est si généralement connue, nous en avons d’ailleurs si souvent parlé, que peu de paroles serviront à rappeller au Lecteur le fond, les détails, la disposition des scenes, les caracteres, le plan général, & les beautés dont l’ouvrage est rempli. […] Le caractere de Don Gili a certainement plus de rapport avec celui du Tartufe, que le caractere de il Dottore bachettone, qui, dans le fond, est plus pédant que bigot ; & le premier auroit plutôt servi à Moliere que le dernier, s’il eût été connu de lui. […] On m’avouera que si les deux scenes ont quelque rapport par le fond de la situation, elles sont filées bien différemment.
Le chevet du lit s’appuyait au mur du fond, le pied venait en avant, et l’on avait accès de trois côtés. […] Pour les unes, précieuse était synonyme de prisée, l’opposé de méprisée, ou femme de grand prix, opposée à femme commune ; pour les autres, le mot était synonyme de femme qui se prise beaucoup, surfait son mérite, fait la renchérie, et n’est au fond qu’une hypocrite bel-esprit, Une seule idée commune aux précieuses de tout genre resta attachée à ce mot, ce fut celle de femmes qui se sont tirées du pair par des mœurs irréprochables, par un esprit plus ou moins cultivé. […] Ainsi il dit au fond la même chose que de Pure. […] L’arrivée de la jeune reine en 1660, la réforme de la reine-mère, obligèrent la cour à plus de décence et de réserve ; mais le fond des mœurs était le même. […] Au fond, mademoiselle de Scudéry avait de l’esprit, de l’imagination, une âme délicate et noble.
Mais ce sont au fond les mêmes personnages. […] C’est sans doute une preuve de sagacité d’avoir reconnu le fond des intentions du poète ; mais n’avoir point remarque que la direction franche et naturelle est détournée dans l’exécution, que le trait primitif du dessin tracé dans la pensée de l’auteur s’est à peu près effacé et pour ainsi dire oblitéré dans l’ouvrage, et n’avoir point pénétré le motif de cette altération, c’est n’avoir pas porté la sagacité assez loin.
Mithridate présenta aussi le spectacle d’un amant suranné qui a recours à des ruses avilissantes et inutiles, pour connaître le fond du cœur de la femme qu’il aime. […] Au fond, madame de Sévigné était née pour aimer Corneille et pour aimer Racine ; pour aimer Racine et ; pour aimer Corneille. […] Elle parle aussi dans la même lettre d’une lecture que Boileau doit faire chez ce même cardinal, de son Lutrin et de sa Poétique, il faut que nos commentateurs se croient bien supérieurs en intelligence à cette bonne madame de Sévigné, pour se persuader qu’il leur était réservé de découvrir, à près de deux siècles de distance, une malveillance dont elle était l’objet, et dont elle ne se doutait pas, et pour pénétrer le sens et l’intention d’écrits dirigés contre elle, dont elle avait la sottise d’approuver le fond et la forme et d’aimer les auteurs.
Mais au fond, que demandait l’enfant ? […] N’avait-il pas pour lui, au fond de sa tombe, son vieux grand-père ? […] Ils portaient avec eux le génie de la France, et ils adoucirent, au fond de leurs donjons, ces vieux tyrans de nos provinces lointaines. […] Mais, en lisant l’École des Femmes, on sent au fond je ne sais quelle douleur. […] C’est un cri, comme ses autres pièces, parti du fond de ses entrailles.
Don Juan ou le Festin de pierre, Comédie en prose & en cinq actes, comparée, pour le fond & les détails, avec une piece espagnole intitulée el Burlador de Sevilla y Combidado de piedra, le Trompeur de Seville & le Convié de pierre ; une piece italienne imitée de la précédente, & quelques autres de de Villiers, de Dorimon, de Rosimon, de Goldoni, de Thomas Corneille, de l’Abbé Chiari. […] Nous avons dit que Moliere avoit traité ce sujet malgré lui : nous voilà donc les maîtres de critiquer hardiment le fond de sa piece. […] Je la trouve d’autant plus sublime, qu’elle peint bien le fond du caractere de Don Juan, qu’elle est revêtue du vernis hypocrite qu’il s’est donné nouvellement, qu’elle le rend encore plus odieux, qu’elle va merveilleusement au sujet, à l’intrigue, & qu’elle décele dans l’Auteur une grande connoissance du cœur humain ; peut-être même annonce-t-elle le seul homme qui pouvoit faire le Tartufe. […] J’en ai vu qui different de celui-ci par quelque transposition de scene, mais tous se ressemblent par le fond.
La Bruyère, moraliste, lui rend plus de justice pour le fond, tout en disant qu’il lui a manqué « d’éviter le jargon et le barbarisme, et d’écrire purement. »D’ailleurs il se contente de s’exclamer en général sur cette « imitation des mœurs » et ce « fléau du ridicule813, » sans rien préciser sur la valeur et la portée morale des œuvres de Molière. […] Quand il lui arriva de dire le fond de sa pensée, dans l’Impromptu de Versailles et la Critique de l’École des Femmes, il affirma sa volonté d’être parfaitement moral et de corriger les hommes de leurs ridicules828. […] Il a fait tout cela sans scrupule, étant honnête au fond, et n’y voyant qu’une source de comédie.
Il faut premiérement que la catastrophe soit tirée du fond du sujet ; qu’elle soit préparée par divers nœuds qui, paroissant employés pour embarrasser l’intrigue, soient autant d’artifices pour amener le dénouement. […] Un dénouement tient quelquefois à un sujet, & n’est pas préparé : alors il est préférable à ceux qui ne naissent pas du fond de la piece, & que rien n’annonce ; mais il est très défectueux.
De sa voix le son séducteur12, Aidé du rare don de plaire, Attendrira Paris en sa faveur, Et fera passer sa douceur Jusqu’au fond de l’ame sévere Du plus inflexible censeur. […] Je ne suis pas du tout de cet avis : peut-être pourroit-on à la rigueur nommer ainsi celles où la Divinité répond par une allégorie ; encore la piece n’est-elle pour lors allégorique que par ses détails, & non par le fond.
D’autant plus « frondeuse » en paroles qu’elle était guérie de la Fronde en action, de tradition toujours un peu sceptique et déplus en plus gallicane, sévère pourtant au fond, et touchée de jansénisme, elle s’effrayait des complaisances que Mazarin, son vainqueur, paraissait avoir pour les Jésuites; elle se scandalisait de voir (octobre 1660), brûlées par la main du bourreau, ces Provinciales qui respiraient la bonne odeur française de la Satire Ménippée. […] Au fond, à son « naturalisme »d’épicurien, ou seulement à son positivisme « gaulois, » à sa défiance des envolées prétentieuses, à son attachement entêté et bourgeois au « bon sens, »toute montre de dévotion, tout prosélytisme des dévots déplaît. […] Nées au fond des collèges, dit Crétineau-Joly, « elles se propagèrent dans le monde avec la célérité que l’ordre des Jésuites imprimait à toutes ses œuvres. »Sur « l’Orient et l’Occident, » sur « le Nord et le Midi, » ce fut « une grande fraternité qui, doublant les forces morales de la Compagnie, rayonnait de Paris à Goa, » et de Rome jusqu’à la plus petite ville. […] « Il n’est point toujours nécessaire de sortir du désert pour être utile à ses frères ; on leur fait souvent plus de bien de loin que de près ; il ne faut que parler à Dieu pour eux… » Mais sa vraie pensée, c’est qu’au fond le chrétien n’a ni le devoir, ni le droit de tant se préoccuper d’autrui, que même c’est presque un péché que cette charité mal ordonnée. […] Au fond, il y avait, entre sa conception de la vie chrétienne et celle des Jansénistes, une divergence irrémédiable, entre leur méthode et leur esprit une incurable incompatibilité.
Quelquefois même pénetrent-ils jusqu’au fond de l’Olympe : témoin le Favori de Madame de Villedieu, & l’Ambitieux de Destouches. […] C’est le fond & non l’écorce qu’un Poëte comique doit peindre.
Mais arriver à un spectacle avec l’intention formelle de lancer à l’idole, sa petite couronne ; tenir cette couronne honteusement cachée au fond de son chapeau, et puis, quand la reine en question a fait sa dernière pirouette ou déclamé son dernier vers, lui jeter obscurément la servile guirlande, c’est là tout à fait le métier d’un laquais, d’une maman, ou d’un amoureux de bas étage. […] Du fond de son cercueil le mort doit défendre sa couronne funèbre, s’il ne veut pas que cette couronne devienne un outrage à quelque célébrité vivante.
Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] Ce dénouement, il est le même au fond pour L’Étourdi, pour Le Dépit amoureux, pour L’Avare, pour L’École des femmes, pour Les Fourberies de Scapin. […] Même sûreté, même puissance de Molière à recueillir, à rassembler, par le jeu du dialogue, autour d’une de ces figures qu’il crée toutes vives, beaucoup de traits accessoires, de circonstances, dont l’effet est de la mettre pour nous, au mieux, dans son cadre, ou de lui donner un fond, un fond d’une teinte appropriée, et dont le détail la complète. […] Sa sœur est très malheureuse, son désespoir s’exprime dans la pièce de la façon la plus touchante et la plus noble ; elle se retire dans un couvent pour y mourir ; elle est blessée jusqu’au fond du cœur de l’affront que lui a fait Dom Juan. […] « En 1857, écrivait Weiss vers la fin de sa vie, dans ce coin reculé et isolé du pays de France, palpitait encore au fond des esprits un peu de pure France classique.
Cependant, en considérant la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on sur prendrait quelques paroles dites à demi-voix, pour désigner à Molière ce caractère qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes qui aspiraient à le devenir.
Sganarelle même, qui les précéda, n’est au fond que l’école des jaloux. […] Le fond de la misanthropie est un orgueil tyrannique qui n’exclut pas la probité, mais qui la rend insociable : c’est là seulement ce que Molière attaque par le ridicule. […] La bonté est le fond de son caractère, comme le bon sens est la règle de son esprit ; il aime le vrai, c’est-à-dire la mesure, et il essaye d’y ramener ceux qui l’écoutent en leur présentant sous un aspect plaisant ce qui s’en écarte.
Voilà ce qu’ils ont affecté, mettant dans la bouche de cet hypocrite des maximes de religion faiblement soutenues, au même temps qu’ils les supposaient fortement attaquées ; lui faisant blâmer les scandales du siècle d’une manière extravagante ; le représentant consciencieux jusqu’à la délicatesse et au scrupule sur des points moins importants, où toutefois il le faut être, pendant qu’il se portait d’ailleurs aux crimes les plus énormes ; le montrant sous un visage de pénitent, qui ne servait qu’à couvrir ses infamies ; lui donnant, selon leur caprice, un caractère de piété la plus austère, ce semble, et la plus exemplaire, mais, dans le fond, la plus mercenaire et la plus lâche. » Je suis loin d’approuver tout ce qu’il y a de dur et d’amer, de violent et d’outré dans cette éloquente tirade. […] J’ai prouvé jusqu’à l’évidence que le fond en était d’accord avec les sentiments les plus anciennement professés dans l’église, et que, si le moderne orateur s’est trompé, c’est avec saint Chrysostome et saint Augustin, les deux plus vives lumières du christianisme. […] De même que madame Pernelle, J’ignore ce qu’au fond le serviteur peut être ; mais je parierais bien que Tartuffe se cache de lui comme de tous les autres, et que, si le valet est scélérat à la manière du maître, ils le sont tous deux à part et sans complicité. […] Pour les Grecs et pour les Romains, ce sujet, où le suborneur est un dieu et le plus puissant de tous, était sans doute un mystère édifiant : pour des Français, ce ne pouvait être au fond qu’une fable scandaleuse.
Personne ne se corrige, dit-on encore : malheur à ceux pour qui ce principe est une vérité de sentiment ; mais si en effet le fond du naturel est incorrigible, du moins le dehors ne l’est pas. […] L’allégorie est le fond de sa piece, & c’est presque un genre neuf qu’il a créé. […] Le comique noble peint les mœurs des grands, & celles-ci different des mœurs du peuple & de la bourgeoisie moins par le fond, que par la forme. […] Il étoit satyrique par méchanceté, ordurier par corruption de moeurs, impie par goût ; par-dessus tout cela pourvu d’une certaine gaieté d’imagination qui lui fournissoit des idées folles, ces allégories bisarres qui entrent dans toutes ses pieces, & qui en constituent quelquefois tout le fond. […] Il y raille le gouvernement, mord les riches, berne les pauvres, se mocque des dieux, vomit des ordures ; mais tout cela se fait en traits, & avec beaucoup de vivacité & d’esprit : de sorte que le fond paroît plus fait pour amener & porter ces traits, que les traits ne sont faits pour orner & revêtir le fond.
Nous ne voulons pas dissimuler que Rousseau, tout en consentant à reconnaître que le fond des deux farces appartient à Molière, en trouve le style trop ignoble pour le lui attribuer.
Une anecdote prouve que Boursault avait au fond quelque noblesse dans l’âme. […] La broderie leur a caché le fond. […] Molière, dans cette pièce, a creusé jusqu’au fond les faiblesses du cœur humain. […] Il a eu deux fois tort et pour le fond et pour la forme. […] qui ne s’est trouvé dans ces positions où l’ennui, l’étourderie, la dissipation, entraînent à des démarches qu’une voix secrète condamne au fond de la conscience !
La porte du fond s’ouvre ; entre Dorine, mystérieuse et prompte. […] Au lever du rideau, Flipote est assise dans renfoncement de la porte du fond. […] Barré a un fond de bourgeois franc et têtu qui ne ressemble pas à Orgon. […] Fechter, outre ses qualités personnelles et sa brillante pratique du mélodrame, a derrière lui un fond de bonnes études. […] La vieille maison est représentée au fond.
Sur la famille, la naissance, les premières œuvres et l’éducation de Molière, la lumière est à peu près faite, et c’est à peine si quelques détails, de mince importance au fond, nous échappent. […] Si de la forme de la comédie nous passons au fond, voici ce que nous remarquons d’abord. […] Il convient d’ajouter que la pièce de Quinault est agréablement intriguée et raisonnablement ; mais, par rapport à l’Etourdi elle manque d’ampleur et de fond. […] Ne leur demandons donc pas des sujets au fond neuf. […] Et puis, quelle est, au fond, cette distinction ?
Les Fourberies de Scapin, comédie entrois actes, en prose, comparée, pour le fond, les détails & le dialogue, avec la Sœur, comédie de Rotrou ; le Phormion de Térence ; le Pédant joué de Cyrano ; des Scenes italiennes ; une Scene du théâtre danois ; deux Farces de Tabarin ; un Conte de Straparole. […] On reconnoît dans cette piece Térence à chaque pas : on y voit sa maniere de dialoguer : les détails & les scenes sont pour la plupart dans son Phormion ; le fond du sujet est le même. […] Ces deux scenes sont pourtant les mêmes dans le fond, puisque Zerbinette, à l’exemple de Genevote, vient dire au pere de son amant comment on l’a trompé par rapport à elle & pour servir son fils. […] Dans le premier volume de cet ouvrage, chapitre XI du Dialogue, nous avons déja comparé la seconde scene du premier acte de Phormion avec la seconde scene du premier acte des Fourberies de Scapin, & le Lecteur doit se rappeller qu’elles sont bâties sur le même fond. […] Mais quel est ce vieillard que je vois au fond de la place ?
Ces rôles postiches étaient distribués dans les canevas espagnols ou italiens, et dans des intrigues qui roulaient toutes sur le même fond, composées d’une foule d’incidents merveilleux, de travestissements, de suppositions de nom, de sexe et de naissance, de méprises de toute espèce. […] quelle richesse d’idées sur un fond qui paraissait si stérile! […] Molière, tu riais bien, je crois, au fond de ton âme, d’être obligé de faire une bonne farce pour faire passer un chef-d’œuvre. […] C’est pourtant dans cet ouvrage, dont le fond est si vicieux, que Molière fit voir les premiers traits du talent qui lui était propre. […] le parterre rit de ces saillies d’humeur, quoique au fond Alceste ait raison sur le principe.
Le fond du discours d’Hamlet est dans la nature, cela suffit aux Anglais336. […] Le goût des anciens et le goût des modernes était le même au fond. […] Je le veux bien ; mais, pour que la nation fût satisfaite, émue, transportée, il fallait que le fond en fût national. […] Il garde volontiers le silence, et sa conversation est systématiquement assez banale, parce qu’il évite avec soin le choc des idées, et ne laisse paraître sur aucune grande question le fond de sa pensée. […] Un mépris si dur, si superbe, descend du fond des appartements de Versailles453.
À la fin de février, le roi partant pour aller au-devant de madame la dauphine, « il se trouva le matin dans la cour de Saint-Germain un très beau carrosse tout neuf, à huit chevaux, avec chiffres, plusieurs chariots et fourgons, quatorze mulets, beaucoup de gens autour habillés de gris ; et dans le fond de ce carrosse monte la plus belle personne de la cour, avec Des Adrets seulement, et des carrosses de suite pour les femmes135. » Le 6 mars, il y eut bal à Villers-Cotterets : « madame de Fontanges y parut brillante et parée des mains de madame de Montespan, qui lui rendit ainsi le secours qu’elle-même avait reçu de madame de La Vallière. […] La naissance de M. le duc de Bourgogne lui donna lieu de manifester le fond de ses sentiments pour la reine, et ces affections de famille qui reprennent si doucement leur place dans les âmes bien nées, après en avoir été quelque temps bannies. […] Au fond, à quoi est engagé un courtisan dévot ?
Ces especes de méprises, d’équivoques, & toutes les autres que je ne cite point, quoique différenciées par quelques nuances, sont toujours les mêmes quant au fond : la vraisemblance doit donc également leur servir de fondement, & le naturel de guide. […] Jacques, dans le fond du théâtre, en se retournant du côté par lequel il est entré.
Je le sais très bien ; mais les gens du bel air voudroient qu’un comique les plaçât sur la scene, moins tels qu’ils sont, que tels qu’ils veulent paroître ; qu’il ne s’attachât qu’aux mines, aux grimaces, & ne dévoilât pas le fond du cœur ; qu’il peignît ces travers, ces ridicules qu’on a érigés en agrément ; & non ces vices que l’éducation, que la politesse masquent, mais qu’elles ne cachent pas à un observateur profond. […] Celui qui comme vous voit au fond de votre ame, Votre ami.
« Cette sorte d’intrigue est, je crois, celle qui a le plus de mérite, & qui doit produire un plus grand effet ; parceque le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du poëte, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent, aux caprices du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets ; & qu’au fond une comédie intriguée de la sorte, étant un image plus fidelle de ce que l’on voit arriver tous les jours, elle porte aussi davantage le caractere de la vraisemblance. […] « Cette sorte d’intrigue est, je crois, celle qui a le plus de mérite, & qui doit produire un plus grand effet ; parceque le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du Poëte, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent, aux caprices du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets ; & qu’au fond une comédie intriguée de la sorte étant une image plus fidelle de ce qu’on voit arriver tous les jours, elle porte aussi davantage le caractere de la vraisemblance ».
Mais vous ne pouvez nier au fond de votre cœur, que je ne vous doive le jour. […] Quand, jusqu’au fond du cœur pénétré de regret, Je cherche à réparer un transport indiscret, Avec quelque bonté daignerez-vous m’entendre ?
Chacun la comprend et l’approuve, car elle éveille en nous le vieux fond de sagesse qui sommeille sous la brutalité des passions et la violence des intérêts. […] Celle-ci n’est ni une création individuelle, ni l’apanage d’une élite : elle repose sur ce fond éternel de raison et de sagesse qui est le bien commun de toute l’humanité.
La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique. […] Celui-ci s’empresse d’aller trouver la maîtresse du logis, et, guidé par celle-ci, il conduit Isabelle vers une logette qui se trouve au fond du jardin.
Prenant à corps, parmi les gens qui l’avaient attaqué, ceux qui touchaient de plus près au roi, les chefs laïques de la cabale, il avait hardiment fait voir que leur fait n’était qu’hypocrisie, il avait placé dans leur bouche même l’éloge du vice à la mode, du grand moyen de parvenir, caricaturé le prince de Conti peut-être, les raffinés, les corrompus, athées au fond, et mêlé cette satire à une étrange comédie où lui-même se permettait des libertés inconnues et lançait, dans la scène du Pauvre, ce mot d’humanité qui, sautant par-dessus le siècle, ne devait être relevé que dans le nôtre. […] Dans l’impartialité de son observation, Molière, sachant qu’au fond toutes les Églises se ressemblent, prit dans les deux camps pour former sort homme. […] Et leur orateur ne fut pas moins que Bourdaloue, qui renouvela en chaire les anathèmes du curé Roullé : la forme est meilleure ; le fond n’en vaut pas mieux. […] Jaloux de son autorité, mais bonhomme au fond, et point difficile à mener, Orgon souffre à sa femme ces conversations à la mode et les collations et les bais qui s’ensuivent communément. […] Le suicide moins la mort, voilà le fond de la théorie.
Et, en disant cela, je ne crois pas du tout faire bande h part dans l’armée sans cesse grandissante des moliéristes : je suppose même qu’au fond le plus grand nombre, parmi ceux qui s’honorent de ce nom, parmi ceux qui prennent part à ce culte dont M. […] Il est, au fond, tout aussi moliériste qu’eux-mêmes, beaucoup plus même qu’il ne le croit ou qu’il ne lui plaît d’en convenir : il l’a prouvé en d’excellentes pages de ses Études critiques sur la littérature française. […] Au fond, je ne suis pas mieux traitée que ton frère et ta sœur, à chacun desquels tu laisses seulement 400 livres de rente viagère ! […] Molière, du fond de sa tombe, venait encore au secours de ses anciens camarades. […] Cette rectification topographique n’est pas, au fond, d’un grand intérêt ; ce qui importe davantage, c’est que, contrairement encore à l’opinion de ces biographes, l’adolescence de Molière ne s’écoula point dans cette maison.
Il y a un an, à peine, qu’à cette même heure de la nuit, et sous la même constellation funeste, j’ai évoqué un monstre pire que toi, un abominable démon venu du fond de l’abîme, le démon de l’hypocrisie, et je l’ai terrassé, et je l’ai maintenu dans mon cercle de feu ! […] En vain, il veut être bouffon jusqu’à être trivial ; du fond même de sa bouffonnerie, la comédie s’élève glorieuse et triomphante. […] Sganarelle, c’est l’enfant du peuple, homme timoré et de bon sens, croyant et crédule, honnête dans le fond, quelque peu fourbe dans la forme, qui pour gagner sa vie, beaucoup par curiosité, et un peu parce que le spectacle et le langage du vice lui plaisent et l’amusent, suit son seigneur et maître dans ce hardi et merveilleux sentier d’esprit, d’orgies, de doute, de libertinage et de débauche. […] C’est qu’en effet quelque chose gémit et se plaint au fond de cette gaieté ; c’est qu’une lamentation immense a traversé, sans fin et sans cesse cette raillerie de l’esprit, cet orgueil des sens, cette seigneurie impitoyable et qui va à l’abîme. […] L’abîme l’emporte, mais au fond de l’abîme son orgueil triomphe encore !
Dorine de grâce… Jeu de théâtre qui peut être vrai au fond, mais qui de la manière dont il est exécuté a le défaut de détruire un peu l’illusion, en fesant penser qu’on est à la comédie. […] me rapeler le bon caractère de frère Thimotée de la Mandragore, qui croit au fond et n’est qu’un peu hypocrite. […] Il me semble que Collé, le fond de la Scène donné, aurait pu placer (dans cette Scène) cinq ou six plaisanteries du plus grand monde, qui auraient fait rire davantage. […] Il me semble que Collé, le fond de la scène donnée, eût pu y mettre cinq ou six plaisanteries du ton du plus grand monde, qui auraient fait rire davantage qu’on ne rit actuellement. […] Bonne plaisanterie, tirée du fond du sujet.
Les Précieuses ridicules, comédie en un acte & en prose, comparée pour le fond & les détails avec le Cercle des Femmes, ou le Secret du Lit nuptial, & l’Académie des Femmes, Pieces de Chappuzeau.
Les bienséances, dans une monarchie, sont une barrière de plus autour du pouvoir, et le besoin, l’amour du pouvoir étaient le fond du caractère de Louis, Sa conduite habituelle offensait la morale, mais il n’avait pas l’intention de l’affronter.
« Betty sort de la chambre d’Eugénie, ouvre une malle, & en tire plusieurs robes l’une après l’autre, qu’elle secoue, qu’elle déplisse & qu’elle étend sur le sofa du fond du sallon. […] Le laquais s’assied sur le canapé du fond, & s’étend en bâillant de fatigue.
Il s’agissait surtout « d’adoucir certains passages qui avoient blessé les scrupuleux. » A vrai dire, en effet, le remaniement qu’il entreprit, et qu’il fit porter autant sur le fond que sur la forme, était une sorte de traité de paix, un compromis, un armistice entre Don Juan et la faction dévote. […] Dans le Convié de pierre, que les comédiens italiens jouaient à Paris, vers 1657, la dernière scène de la pièce montrait aux spectateurs don Giovanni au fond de l’enfer qui exprimait en vers (quoique tout le reste de la pièce fût en prose) ses souffrances et son repentir.
Je ne reçois de lettres que d’un seul homme, et si l’on continue, on me persuadera qu’il ne faut faire fond que sur des gens dont l’amitié est plus vive que vous ne le voulez. […] Et quel style, quelle transparence, quelle modestie dans les paroles qui voilent le fond de la pensée.
(Le Théâtre change, et représente l’intérieur d’un temple, au fond duquel on voit le buste de Molière, placé sur un piédestal.
En 1667, on publie cette fameuse ordonnance concernant la procédure civile, qui est encore le fond de notre législation actuelle sur la matière.
Bouchardy, qui est dans son genre un géant aux pieds d’argile, et l’on se demande comment il a fait pour reconnaître, lui-même, au fond des cinq actes où ils s’agitent et se débattent en poussant leurs gloussements, les divers personnages de Christophe le Suédois ? […] Laissez de côté votre admiration pour Molière, ou plutôt, en convenant avec vous de l’esprit et de la gaieté de cette comédie, L’École des femmes, convenez avec moi que le fond en est obscène, que les détails n’en sont rien moins que pudiques ! […] En trois heures, ni plus ni moins, vous voulez absolument tout le secret de cette âme, de cet esprit, de ce jeune cœur ; et quand enfin la charmante fille a tout dit, quand vous ne lui avez épargné aucune équivoque, quand elle s’est bien fatiguée à comprendre ou plutôt à deviner vos poètes comiques, vous la rappelez du fond du théâtre, vous voulez la revoir pour l’applaudir, vous êtes ivres de joie, et personne ne prend en pitié cette enfant, la voyant la proie et la victime de votre admiration !
Ces messieurs, du fond de leur stalle, ont coutume de proclamer leurs oracles, et qui les écoute un instant, a bien vite reconnu l’amateur. […] Mademoiselle Mézerai, au contraire, elle resta fidèle au théâtre, jusqu’à ce qu’elle fut obligée de disparaître au fond de l’abîme des petites Maisons. […] c’est le fond de la langue anglaise ? […] était le fond de la langue anglaise, avait trouvé que : Ô mon Dieu, Monsieur ! était le fond de la langue française.
Molière vint : le talent du poète comique suppose une vive sympathie avec le sentiment général des ridicules, sans exclure, sans doute, l’appréciation du fond des choses, mais aussi sans y disposer.
On sent là, comme aux courtes et dignes paroles qu’elle adresse à Trissotin sur sa brusque retraite, une nature énergique et noble au fond, à qui il ne manquait peut-être que d’être contenue et dirigée par un mari ayant lui-même plus de caractère. […] Ces paroles de Clitandre, qui s’appliquent si bien à la modeste et gracieuse Henriette, expliquent la vraie pensée de Molière sur ce que doit être la femme ; et servent de correctif à ce qu’a d’exagéré dans l’expression la fameuse tirade, si juste au fond, du bonhomme Chrysale dans la septième scène du deuxième acte.
Je prétends te prouver qu’elles n’ont rien de semblable que le fond du sujet, & deux ou trois idées de scenes qui se sont trouvées dans les mémoires que l’un des deux Auteurs a dérobés à l’autre. […] J’avois préparé dans le fond de mon jardin un homme de paille, habillé comme Tchao, & de sa grandeur : ayant mis dans son ventre des entrailles de mouton, je prends mon chien & je lui fais voir les entrailles ; je le lâche, il eut bientôt mis en pieces l’homme de paille & dévoré la chair qu’il y trouva.
Y a-t-il grand fond à faire sur un homme qui n’est vertueux que par la crainte d’être moqué ? […] Il se contentait de mettre les mœurs en tableaux, de dessiner nettement un caractère, de faire ressortir les travers d’un personnage par le contraste exagéré d’un autre, sans presque jamais dire ce qu’il pensait au fond, ni vouloir, comme le font souvent les modernes, proposer aux spectateurs, dans l’espèce de problème moral qu’il agitait devant eux, une solution si secondaire à ses yeux qu’elle manque absolument à quelques-uns de ses chefs-d’œuvre.
Molière la poursuivit jusqu’au fond du Limousin, et ajouta un nouveau personnage à tous les précédents, la Comtesse d’Escarbagnas. […] Et n’est-ce pas sans doute un crime punissable, De gâter méchamment ce fond d’âme admirable, D’avoir, dans l’ignorance et la stupidité, Voulu de cet esprit étouffer la clarté335 ?
Une page oubliée au fond d’un journal devenu le jouet de la rage des vents, est-ce une si grande infortune lorsque tant de poèmes n’ont pas trouvé un acheteur ? […] Quant à ce que disait Molière, tout à l’heure, des divertissements permis, Bossuet répond au Père théatin que le théâtre n’est bon « qu’à s’étourdir et à s’oublier soi-même, pour calmer la persécution de cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine ». […] Lebrun, dans Le Cid d’Andalousie madame Menjaud a poussé un de ces cris dont je vous parlais tout à l’heure, qui remuent toute une salle de fond en comble ; à cet instant on eût dit que l’obstacle était brisé, que la comédienne venait de découvrir enfin son Océan inconnu et tant cherché. — Hélas ! […] Quand toute cette société que charmait Marivaux de sa politesse, est emportée et morte au fond de l’abîme, sa comédie est vivante encore et porte légèrement cette couronne de roses à peine ternie. […] Laissons l’éloquence au fond du nuage qu’elle éclaire, et contentons-nous de l’esprit, des belles grâces et des charmants remplissages, qui en sont la menue et courante monnaie, sans nous épouvanter du reproche que les niais adressent aux honnêtes gens : Bon !
À considérer le fond du sujet, un jeune prince, obligé de feindre l’insensibilité, pour vaincre celle de la beauté qu’il aime, n’a rien de commun avec Louis XIV, faisant partager à mademoiselle de La Vallière, sans ruse et sans effort, la passion qu’il a conçue pour elle, et n’employant dans ses amours d’autre dissimulation que celle qui pouvait en dérober quelque temps le secret à des yeux jaloux, et en augmenter le charme par le mystère. […] Molière excepté, tous les imitateurs de Tirso de Molina ont, comme lui, fait de don Juan un de ces hommes qui ne sont au fond ni croyants ni incrédules, un de ces libertins de mœurs plutôt que d’opinions, à qui une vie toute de désordres a fait perdre de vue les principes religieux, sans que jamais leur esprit se soit appliqué à les combattre.
Je n’oserais pas trop l’affirmer, car je ne me suis rendu qu’à contre cœur, et la considération qui m’a arrêté ne me semble pas très solide au fond. […] A supposer même qu’il eût trouvé quelque réalité au fond de tout cela, comme il eût combattu ces énervantes douleurs, ces sempiternels larmoiements ! […] Au fond, et si on la dégage du jeu de mots qui l’enveloppe, la pensée finale du sonnet est très juste ; Oronte l’a habillée à la manière du temps, voilà tout. […] Il devrait rougir d’avoir cru que ce billet pût être pour un homme, c’est horrible, Célimène devrait se fâcher : Allez, de tels soupçons méritent ma colère Et vous ne valez pas que l’on vous considère ; Je suis sotte et veux mal à ma simplicité De conserver encor pour vous quelque bonté ; Je devrais autre part attacher mon estime Et vous faire un sujet de plainte légitime… Et voilà comme Célimène s’excuse ; voilà comme elle explique « les termes du billet qui montre tant de flamme » c’est en accusant, c’est en menaçant d’être infidèle tout de bon ; et cela suffît ; il n’en demande pas davantage ; il fait bien encore mine de ne pas la croire ; au fond, il est enchanté ; battu et content, c’est le mot ; et la preuve qu’il ne se croit plus trahi, c’est qu’il reste, dit-il, pour voir s’il le sera un jour : Ah !
Oui par la forme, & jamais par le fond : je puis aisément le prouver par les plus fameuses de nos pieces fondées sur un déguisement.
Il est vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue, et, ce qui vaut bien autant, il est extrêmement comique. […] Riccoboni tâche, autant qu’il lui est possible, de rapprocher toutes les idées du théâtre du côté des poètes italiens ; c’est pourquoi, malgré les louanges qu’il donne à Molière, il veut que ce grand auteur comique ait puisé le fond de L’École des maris chez les auteurs de sa nation, et ne dit pas un mot de Térence, à qui Molière doit la principale idée de sa comédie. […] Riccoboni, dans le même chapitre que nous avons cité plus haut, après avoir dit que Molière a pris quelques-uns de ses sujets dans les pièces que la troupe des comédiens italiens représentaient sur le théâtre du Palais-Royal, ajoute : « Les Italiens avaient peut-être représenté cinquante fois telle pièce, dont il a tiré quelqu’une de celles dont nous nous avons parlé ; mais cela ne l’empêchait pas de la donner comme nouvelle à ces mêmes spectateurs qui, peu de jours auparavant, en avaient vu, mais sous une autre forme, le fond, le caractère, les lazzis, et quelquefois même des scènes entières. […] Le fond en devait être une dissertation, et n’admettait par conséquent ni intrigue, ni dénouement ; mais Molière ne s’écarte jamais de l’objet que doit avoir un auteur comique, quelque genre qu’il mette sur la scène. […] Choqué du maintien grave des dehors étudiés et du vain étalage de mots scientifiques que les médecins de son temps affectaient pour en imposer au public, il a cru pouvoir tirer de leur ridicule un fond de comique plus amusant, à la vérité, qu’instructif. » « [*] L’Amour médecin, est le premier ouvrage dans lequel Molière ait joué les médecins ; ils étaient forts différents de ceux d’aujourd’hui, ils allaient presque toujours en robe et en rabat, et consultaient en latin.
« [*]C’est la seule petite pièce en un acte où il y ait de la grâce et de la galanterie : les autres petites pièces, que Molière ne donnait que comme farces, ont d’ordinaire un fond plus bouffon, et moins agréable. » Voici les noms des personnes qui ont récité, dansé et chanté dans Le Sicilien, lorsque cette comédie fut représentée à Saint-Germain-en-Laye. […] « Cette sorte d’intrigue, est, je crois, celle qui a le plus de mérite, et qui doit produire un plus grand effet ; parce que le spectateur, indépendamment de ses réflexions sur l’art du poète, est bien plus flatté d’imputer les obstacles qui surviennent aux caprices du hasard, qu’à la malignité des maîtres ou des valets ; et qu’au fond une comédie intriguée de la forte étant une image plus fidèle de tout ce que l’on voit arriver tous les jours, elle porte aussi davantage le caractère de la vraisemblance. […] « Pendant que la musique charme les oreilles, les yeux sont agréablement occupés à voir danser plusieurs bergersa et bergèresb galamment vêtues, et Climène chante, etc., à ces mots l’on vit s’approcher du fond du théâtre un grand rocher couvert d’arbres, sur lequel était assise toute la troupe de Bacchus, composée de quarante satyres. […] Ils n’ont eu garde de s’attaquer par le côté qui les a blessés, ils sont trop politiques pour cela, et savent trop bien vivre pour découvrir le fond de leur âme. […] On a pensé jusqu’ici que dans ces sortes de pièces, chaque acteur de la troupe de Molière, en suivant un plan général, tirait le dialogue de son propre fond, à la manière des comédiens italiens ; mais si l’on en juge par deux pièces du même genre qui sont parvenues manuscrites jusqu’à nous (voyez la note suivante), elles étaient écrites et dialoguées en entier.
Les uns vont dans le fond d’une terre se consoler avec une bergere à laquelle ils parlent chien, mouton & houlette ; les autres déchirent leur prochain avec la prude Arsinoé : ceux-ci pleurent aux pieds de l’insipide & langoureuse Fanni ; ceux-là se jettent dans les bras de ces femmes faciles, chez qui les grands airs, le jargon, le persifflage tiennent lieu de mérite ; & tous, pour encenser leur idole, jurent à ses pieds que Dorisée est une petite créature très maussade, très ennuyeuse, très peu faite pour figurer dans le monde.