/ 188
21. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Molière, qui l’avait élevée dans la liberté, avait cru que l’honneur suffirait pour la retenir. […] Les gazetiers y suffisaient à peine. […] que de science perdue là où il suffirait d’un regard... […] Une fenêtre ouverte ou fermée mal à propos, un livre déplacé, suffisaient pour le mettre en colère, comme cet excellent M. […] Molière en avait obtenu du roi, avant son départ, la permission, mais permission verbale seulement : Molière crut que cela lui suffisait.

22. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Son ami eut beau lui dire qu’il n’était pas nécessaire de savoir le latin, et qu’il suffisait d’avoir fait preuve qu’il savait écrire en français, Boursault répondit qu’il était trop ignorant pour entrer dans une compagnie où il y avait tant d’hommes des plus instruits de la nation. […] Ce n’est pas que ses pièces soient régulières, il s’en faut de beaucoup; ce ne sont pas même de véritables drames, puisqu’il n’y a ni plan ni action : ce sont des scènes détachées qui en font tout le mérite, et ce mérite a suffi pour les faire vivre. […] On ne voulut pas non plus qu’Esope récitât devant lui les vers suivants, adressés à Crésus : Par des soins prévenants, votre âme bienfaisante En répand sur un seul de quoi suffire à trente ; Et ce qu’un seul obtient, répandu sur chacun, Vous feriez trente heureux, et vous n’en faites qu’un. […] Peut-être la nature même du pays, qui était fort peu connu, et les mœurs extraordinaires de ses habitants suffisaient pour attirer son attention.

23. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Un peuple poétique a peu besoin de spectacles; pour lui, du moins, les plus simples sont les meilleurs ; il lui suffit de ceux qui, en quelques traits, consacrent et symbolisent sa vie sérieuse, active et tranquille. » Vinet a eu pour successeur, à Lausanne, M. […] Son théâtre suffirait à nous l’apprendre. […] Les rôles d’Henriette et de Clitandre, si charmants qu’ils soient, ne suffisent pas pour donner à cette œuvre toute l’élévation morale que l’on serait en droit d’attendre. […] Le rôle de Cléante ne suffit pas à contre-balancer celui de Tartufe; c’est un rôle d’éloquence et de sages maximes plutôt que de fortes actions.

24. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

De tout ce que je vois je puis faire l’emplète, Et cela me suffit J’admire un beau château... […] Ce seul exemple ne suffirait-il pas pour démontrer combien est au moins hasardée l’assertion de M. […] Est-il vraiment indispensable d’en reculer les bornes, et ne devrait-il pas suffire même aux plus ambitieux ? […] S’il suffisait, pour mériter ce titre, de détester le vice ou de déclamer contre les vicieux, en vérité on l’obtiendrait sans beaucoup de peine. […] Mais l’art du comédien est hérissé d’écueils; il ne suffit pas de bien comprendre et de bien sentir, il faut pouvoir exécuter; c’est toujours là le grand point.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Je suis persuadé que le goût d’expression qui regne aujourd’hui, vient moins d’une imagination heureuse que de la stérilité des Auteurs : la moindre réflexion suffit pour le prouver. […] Les Auteurs qui sont venus après le pere de la vraie comédie, ont, je n’en doute point, tenté de marcher sur les traces de ce grand homme, & de présenter leurs idées avec des expressions naturelles, comiques, intelligibles aux spectateurs les moins éclairés : mais la nature a épuisé ses dons en faveur de Moliere, & s’est montrée avare pour ses successeurs, qui n’ayant pas un génie capable d’imaginer des fables nouvelles, d’imiter heureusement celles des Anciens, ou de profiter des idées des nations voisines ; ne pouvant enfanter que des pieces dont l’action & le mouvement suffisent à peine pour soutenir un seul acte, & ne voulant pas ressembler à Poisson, qui se nommoit plaisamment un cinquieme d’Auteur, parcequ’il n’avoit fait que de petites pieces, imaginerent d’amuser le spectateur & de l’éblouir par des pensées brillantes. […] je comprends : mais je n’ai pas besoin de me transporter à Paris pour goûter la beautés du Misanthrope, du Tartufe : la connoissance du cœur humain me suffit.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Un récit fait le dénouement de l’Etourdi ; mais il est plaisant, mais il est fait par le personnage qui a amusé pendant toute la piece, mais il est arrangé de façon qu’il suffit pour dénouer l’intrigue compliquée de cinq actes, & pour décider le sort de tous les personnages ; & ce dénouement seroit parfait dans son genre, si l’Auteur n’employoit deux scenes à nous répéter très inutilement ce que la narration de Mascarille nous a très bien appris. […] Il suffit, pour le prouver, de comparer le dénouement du Distrait, dont j’ai déja parlé dans ce chapitre, avec celui des Femmes Savantes.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Mais je plais, il suffit. […] Cet exemple suffit pour faire voir que les pieces de son espece peuvent pétiller d’esprit & de gaieté si la critique est juste, si les épigrammes sont enfantées par une fine raillerie, & non par la noire malignité ; mais il ne faut pas se dissimuler qu’elles n’étendent pas bien loin la gloire de leur Auteur, puisqu’elles ne font que paroître & disparoître, puisqu’elles ne durent que pendant la nouveauté des pieces qu’elles critiquent.

28. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Mais une sphère d’activité si modeste et si prosaïque ne devait pas lui suffire. […] Il me semble que cette seule exposition suffit à réfuter la plupart des critiques littéraires dont ce chef-d’œuvre a été l’objet. […] Cette vengeance lui suffit, et il a raison, car c’est peut-être la meilleure. […] Si cela suffisait pour réfuter toutes les critiques, il sortirait blanc comme neige du procès qu’on lui a intenté. Que cela suffise ou non, c’est un des éléments delà question, et l’un des plus importants.

29. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Cette circonstance suffirait seule pour donner du prix aux deux ouvrages.

30. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Une caution de quarante livres par semaine, pendant deux mois, suffirait à Pommier : Aubry la donne. […] Molière vient, et il suffit pour rétablir l’équilibre. […] Une caution de quarante livres par semaine, pendant deux mois, suffirait à Pommier ; Aubry la donne. […] Ce n’est point assez, ces petites revanches sournoises ne peuvent lui suffire. […] Une phrase, un mot, suffisaient, et rarement le public les laissait échapper.

31. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Aujourd’hui, la Loi suffirait à trancher le nœud de l’intrigue par une nullité de donation. […] Aussi, bien qu’ils soient très vivants, nous suffira-t-il de les grouper dans une rapide esquisse. […] Quelques mots suffiront à l’analyse d’une action aussi simple que naturelle. […] Si Mélicerte n’est pas fini, quinze jours suffisent aux Fâcheux. […] Mais cela suffit pour qu’on ne l’oublie pas.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Mais vous ne croiriez point jusqu’où monte son zele : Il s’impute à péché la moindre bagatelle : Un rien presque suffit pour le scandaliser ; Jusques-là qu’il se vint l’autre jour accuser D’avoir pris une puce, en faisant sa priere, Et de l’avoir tuée avec trop de colere. […] Pour que l’exposition soit bonne il ne suffit pas d’apprendre les événements qui ont précédé l’action à un personnage qui les ignore, il faut encore en instruire seulement ceux qui sont intéressés à les savoir, ou ceux à qui l’on a grand intérêt de les apprendre. […] à bon entendeur un mot suffit.

33. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

M. de La Harpe raconte avec éloge, ce trait de Voltaire, refusant d’annoter Racine et disant : « Il suffit de mettre au bas de chaque page : admirable! […] Cette idée morale de l’ignorance; employée comme cadenas pour emprisonner un cœur enfant, tout ingénieuse qu’elle est et prêtant aux développements les plus comiques, ne nous suffirait point. […] Même sans pétitions, le temps suffira.

34. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Ce trait peint l’homme, et s’il en fallait d’autres, il suffirait d’écouter ses admirateurs. […] Régner dans le ciel sans avoir jamais régné sur la terre, c’est le sort d’un million de saints, et cela suffit pour être heureux. […] Cent choses qui passaient pour scandaleuses, et qui auraient suffi pour rendre suspecte la vertu même, ne sont plus de nulle conséquence. […] Pour observer l’ordre qui lui est assigné, ses forces suffisent. […] Pour amener le misanthrope à cet excès, il suffit que la coquette le veuille un peu ; pour qu’elle le veuille beaucoup, il suffit qu’elle entende parler de celte humeur fière et intraitable que personne ne peut enchaîner ni seulement adoucir.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Thomas Corneille est de tous les Auteurs celui qui a fait imaginer par des maîtres l’intrigue la plus fine, la plus agréable ; mais cette même intrigue, toute fine, toute agréable qu’elle est, nous prouvera que les ressorts imaginés par des personnages distingués ne peuvent pas conduire la machine bien loin, avec ce ton, cette décence, ces égards quelquefois ridicules, que les gens du monde exigent aujourd’hui, & ne sauroient suffire à une grande piece. […] La piece dont il s’agit est si connue, qu’il nous suffit d’en donner une légere idée.

36. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Prenons comme exemple celui qu’il a traité dans Le Festin de Pierre : la pièce espagnole, d’où le sujet est originaire, examinait une question religieuse qui, pour différents motifs, semble avoir été capitale pour l’Espagne dans les premières années du xviie  siècle : celle de savoir si le repentir in extremis suffit pour sauver le pécheur et si la foi qui n’agit qu’à l’heure dernière peut racheter une vie de crimes et d’erreurs. […] Peut-être cette conception populaire de la morale et de la psychologie ne suffirait-elle pas à expliquer l’universalité du succès de Molière s’il n’y fallait ajouter une qualité particulière de l’expression et du style.

37. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Il y a bien une dizaine d’abbés à l’Académie, et quelques évêques ; cela, d’ailleurs, ne semble pas suffire… aux abbés ; et l’un deux, le d’Aubignac, si fort ennemi de Corneille, vient d’en fonder une autre, l’académie des Allégoristes ; elle se réunit chez l’abbé de Villeserain ; les dames y sont admises. — Il y a une troisième académie, celle de Danse ; elle a été fondée par le roi même, pour remédier aux abus introduits dans l’art par les désordres et la confusion des dernières guerres ; abus capables de porter ledit art à une ruine irréparable. […] Arnolphe a l’âge de Molière ; il est le tuteur d’Agnès ; il l’aime ; il est jaloux ; il n’est pas aimé : cela. suffit : Arnolphe est Molière ; et sans doute Agnès est Armande, et, car il faut être logique, Horace, cet Horace qu’avec tant d’impartialité, Molière a fait si charmant, Horace, ce sera cet impertinent abbé de Richelieu qui fut la première infidélité d’Armande. Il suffit d’énoncer cette burlesque thèse : elle se réfute d’elle-même. […] Je l’ai entendu, moi, dans un cours,en chaire, c’est-à-dire sans costume, sans geste,avec la tête seulement : mais cela suffisait et vous : aviez Arnolphe tout entier sous les yeux, et Arnolphe comique, étourdissamment comique. […] Cela lui suffisait.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Je vis avec aisance, & cela me suffit. […] Au bout de quelques années il s’apperçoit de sa faute, & des malheurs qui en ont été la suite ; tout son bien suffit à peine pour remplacer celui qu’il a fait perdre aux victimes de sa crédulité : il voudroit cependant le leur abandonner ; mais il a un fils qui n’est pas son complice & qu’il va ruiner en faisant son devoir ; il le consulte, & tous deux s’exécutent.

39. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Quand le fils d’Orgon, outré de tant de scélératesse et emporté par la fougue de son âge, veut tout révéler au père, elle dit : Non, Damis ; il suffit qu’il se rende plus sage, Et tâche à mériter la grâce où je m’engage. […] Et quand le fils terrible a parlé, elle dit encore, pour calmer la colère d’Orgon et éviter un scandale inutile : Oui, je tiens que jamais de tous ces vains propos On ne doit d’un mari traverser le repos ; Que ce n’est point de là que l’honneur peut dépendre, Et qu’il suffit pour nous de savoir nous défendre364.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Il suffit de se rappeler ce que dit Brantôme du goût de Catherine de Médicis pour les spectacles de la commedia dell’arte, pour qu’on ne doute pas que l’apparition des artistes italiens parmi nous dût suivre de près le mariage de cette princesse et devenir, dès lors, de plus en plus fréquente. […] Il suffit de rappeler les aventures qu’il courut après la clôture du Théâtre italien.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Il ne suffisait pas encore d’y être aimable, il fallait l’être pour la société entière, et ne l’être pour personne en particulier ; il fallait aimer tout le monde, pour être aimée de tout le monde ; ne pas avoir d’amant, pour n’avoir pas d’ennemis ; ne pas faire un heureux, pour ne pas faire vingt jaloux et mille détracteurs. […] Cet ordre seul a suffi pour découvrir bien des choses inaperçues et pour en démêler beaucoup de confuses.

42. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Il suffira pour acquérir la preuve du contraire de se représenter l’œuvre du poète rayonnante encore de jeunesse et d’éclat à l’heure où nous sommes, tandis que la musique de son collaborateur est passée à l’état archéologique.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Parfait auroient pu dire encore qu’il suffit d’avoir la moindre connoissance des théâtres de nos voisins & de leurs différents genres, pour voir que la piece françoise, traitée & conduite comme elle est, ne peut ressembler en rien à une comédie italienne.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Ici il suffit d’observer qu’il y eut à la cour d’Anne d’Autriche plus de galanterie que de bel esprit, et plus d’intrigues d’amour que d’intrigues littéraires ; et enfin qu’à l’époque dont nous parions, la galanterie des Amadis, qu’on appela très improprement chevaleresque, était fort en désarroi depuis le Don Quichotte qui avait paru au commencement du siècle.

45. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Par la même raison, il ne suffit pas pour rendre l’intrigue & le dialogue vraissemblable, d’en exclure ces à parte, que tout le monde entend excepté l’interlocuteur, & ces méprises fondées sur une ressemblance ou un déguisement prétendu, supposition que tous les yeux démentent, hors ceux du personnage qu’on a dessein de tromper ; il faut encore que tout ce qui se passe & se dit sur la scene soit une peinture si naïve de la société, qu’on oublie qu’on est au spectacle. […] Observons cependant, à propos de Térence, que le possible qui suffit à la vraissemblance d’un caractere ou d’un évenement tragique, ne suffit pas à la vérité des mœurs de la comédie. […] La préoccupation se décele d’une maniere bien sensible dans les personnes, à qui il suffit qu’une opinion soit populaire pour qu’ils la rejettent. […] Cela leur suffit pour les condamner sans entrer dans un examen plus particulier, parce que s’ils ne les condamnoient pas, ce seroit en quelque maniere tomber d’accord qu’ils ont plus d’esprit qu’eux ; & cela ne leur paroît pas vraissemblable.

46. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Molière était âgé de trente-trois ans : il débuta devant le parterre de cette ville par la comédie de L’Étourdi : c’était sa première pièce en vers ; elle étincelle de vives saillies et de boutades comiques ; le rôle de Mascarille est écrit avec une verve entraînante ; seul il suffirait à la réputation d’un auteur, et cependant il disparaît presque dans la gloire immense de Molière. […] La scène du docteur Pancrace et celle du philosophe Marphurius suffiraient pour donner un rang distingué à cette comédie, véritable peinture de mœurs où brillent des éclairs de génie. […] Vingt petits maîtres ont été livrés par lui en proie à la malignité du parterre ; ils ont chacun leur caractère : ce sont des sots de la même famille, à quelques nuances près ; mais ces nuances suffisent pour qu’on ne les confonde pas ensemble. […] Jamais pièce, depuis Le Cid, n’avait attiré une aussi grande affluence : quarante représentations consécutives ne suffirent point pour satisfaire la curiosité des Parisiens. […] On a peine à croire que l’homme qui poursuivit de railleries si vives la jalousie conjugale, fut lui-même un mari ombrageux ; mais telle est la faiblesse humaine ; il ne suffit pas de connaître un écueil pour l’éviter.

47. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Il me suffit que le Public soit content de leur Jeu, pour que je sois persuadé que j’ai raison, surtout aujourd’hui, que le bon goût est plus général qu’il ne l’était du temps de Molière. […] Il y a des noms en blanc ; on s’occupe à les deviner ; cela suffit pour faire dire : Voilà un Livre excellent, pour exciter la curiosité, pour faire admirer l’ordre et le style.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Comme nous avons beaucoup parlé de cette comédie dans le courant de cet ouvrage, il n’est pas nécessaire d’en faire un extrait bien étendu : il nous suffira d’en dire deux mots pour rappeller seulement le sujet au Lecteur. […] il lui suffit de ne pas se trouver au lieu indiqué, ou de ne pas y être seule.

49. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Son éloge a passé par l’Académie, et la rhétorique n’a plus de figures pour le célébrer ; d’autre part, les eaux de la mince fontaine que la ville de Paris lui a consacrée ne suffiront jamais à laver toutes les injures qu’on a déposées au pied de sa statue. […] Quand elle se croit ruinée, elle n’en persiste pas moins à marier sa fille avec Trissotin, le supposant assez généreux pour ce sacrifice qu’elle ferait sans peine : Son bien peut nous suffire et pour nous et pour lui17. […] Elle ne peut espérer d’épouser qu’un jeune fou, avec qui elle sera malheureuse, à moins que sa sagesse et sa modestie ne la fassent rechercher par des hommes d’un esprit réglé, et sensibles aux qualités solides. » Mais il y a une autre sorte de coquetterie moins innocente, et Dieu merci, plus rare, que La Bruyère a caractérisée en la distinguant de la galanterie22 : « Une femme galante veut qu’on l’aime ; il suffit à une coquette d’être trouvée aimable et de passer pour belle. […] L’amour d’Alceste ne saurait lui suffire.

50. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Il doit suffire ici d’un seul exemple. […] On ne peut douter qu’elle ne soit d’origine grecque : quand le nom seul de l’héroïne2 n’en serait pas une preuve certaine, la grâce de la fiction suffirait pour l’attester. […] Comme si le roman de La Fontaine et deux pièces de théâtre n’eussent pas suffi pour rendre l’histoire de Psyché assez vulgaire, la féerie l’emprunta à l’antique mythologie, et en fit, sous le titre de La Belle et la Bête, un conte destiné à l’amusement des enfants.

51. (1871) Molière

On étudiait assez vite aux premiers jours du grand siècle ; quatre ou cinq ans suffisaient à ces études qui, pour ainsi dire, étaient dans l’air, et sitôt que le jeune Poquelin fut en état de lire Aristophane, et Térence, et Plaute, et les maîtres, il rêva que lui aussi il était né pour être un instituteur de nations. […] Ces quinze jours suffirent au poète ; il fit sa comédie, il dressa son théâtre à l’extrémité d’une longue avenue On la voit encore aujourd’hui solitaire et déserte. […] Ce personnel, très restreint, suffisait à tontes les exigences du répertoire dans la comédie et dans la tragédie.

52. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

La nomenclature que nous venons de parcourir, suffirait pour repousser les atteintes du ridicule que nos éditeurs modernes s’efforcent de jeter sur cette maison de Rambouillet.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Il suffit, pour le prouver, de rapporter un ou deux morceaux de sa piece. […] Mais ces grands traits de lumiere qui percent l’ombre de temps en temps, ne suffisent pas ; il faut un grand intérêt ; nulle langueur ne doit l’interrompre : les raisonnements politiques, les froids discours d’amour ne doivent pas le glacer ; & les pensées recherchées, les tours de force ne doivent point l’affoiblir.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Il suffit pour vous le prouver de mettre sous vos yeux l’extrait de sa piece favorite. […] Deux exemples suffiront : nous les prendrons dans les Femmes Savantes & le Tartufe.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Cette vérité est si bien accréditée parmi les personnes instruites, qu’il suffit d’indiquer en passant ce qui fit fleurir les arts dans ces jours heureux où ils enfanterent des merveilles. […] Si tu te glisses dans le sanctuaire des arts, que ce soit sous nos auspices ; ou, loin de nous, loin du théâtre, ton audace infructueuse55. » Il suffit de penser, pour sentir qu’un pouvoir aussi illimité, aussi despotique, n’a pu que détruire le théâtre.

56. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Il ne nous suffit plus, comme aux premiers spectateurs de Molière, qu une comédie nous charme par la vérité des caractères, l’habileté de l’intrigue et l’agrément du langage : nous voulons savoir quel esprit secret l’anime, quel but invisible aux yeux vulgaires s’est proposé l’auteur, au nom de quels principes latents il a fait parler et agir les personnages qui s’agitent devant nous. […] Enfin, pour ruiner cette théorie, qui a eu pourtant des partisans estimables8, ne suffit-il pas de poser cette question : Par où est-ce que la comédie frappe les vices ?

57. (1910) Rousseau contre Molière

II suffit de s’apercevoir du moment où elle arrive. […] Il ne faut pas être misanthrope ; il suffit d’être honnête homme pour n’en rien faire. […] Il en a l’air, et cela suffit. Cela suffît pour que l’on craigne que le public ne remporte une impression mauvaise, mêlée au moins. […] Un seul mot d’elles suffit pour déconcerter la science toute neuve de M. 

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Ne nous amusons pas à louer présentement la façon dont Moliere a imité Scarron ; il suffit dans cette occasion de placer l’un à côté de l’autre. […] Suffit, rentrez tous deux. […] Suffit, rentrez tous deux.

59. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Pour le comprendre tout entier, il ne suffit pas de connaître ses ouvrages, il faut connaître sa vie. […] 2° Il est à souhaiter qu’à l’emploi du marbre pour la statue de Molière, et de la pierre pour les deux statues accessoires, puisse être substitué celui d’une matière plus durable et plus magnifique, telle que le bronze, si la souscription qui est toujours ouverte suffit, comme on est fondé à l’espérer, au surcroît de dépenses qui en résultera : auquel cas il est nécessaire que cette question de la matière à employer soit réservée pour être résolue dans un temps qui ne peut pas être éloigné. […] En ce qui est relatif à la dépense : Considérant qu’étant réservée la question de la matière à employer pour l’œuvre du statuaire, il y a lieu de modifier les chiffres ci-dessus visés, d’en retrancher les sommes de 10,953 fr. et de 18,880 fr., pour fourniture de marbre, et de réduire cette de 33,000 f., prix de la sculpture des statues, à 22,000 f., qui suffiront pour payer les modèles en plâtre, lesquels doivent être faits à l’avance par le sculpteur dans la grandeur de l’exécution, quelle que soit la matière dont il devra ultérieurement être fait usage, ce qui réduit la dépense actuelle à 109,175 francs.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Mais il n’a pas suffi pour guérir votre mal.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Telle qu’il vous plaira : suffit qu’elle ait un nom.

62. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Je suis dans la persuasion que la bonne compagnie aurait suffi pour purger la société des affectations ridicules, et que sans elle la France aurait conservé longtemps encore une grossièreté de langage que Molière protégeait comme naïveté et franchise.

63. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Cette description des Plaisirs de l’Île enchantée n’est rien moins qu’un morceau bien écrit ; mais elle est un témoignage de la noble magnificence que Louis XIV déployait dans ses plaisirs ; et, ce qui suffirait seul pour la préserver de l’oubli, elle contient une mention curieuse de la représentation des trois premiers actes du Tartuffe. […] Il lui semblait que la punition exemplaire du personnage suffisait pour empêcher la contagion de ses mauvais exemples et de ses pernicieux principes.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Moliere doit ses plus grandes beautés au célebre Augustin Moreto, Auteur Espagnol : ceux de mes Lecteurs qui entendent sa langue peuvent s’en convaincre en recourant à l’original ; il suffit aux autres de lire un extrait de la comédie, dans lequel j’aurai soin de faire connoître le génie du Poëte, & celui de sa nation. […]   L’extrait de cette piece suffit pour en marquer les grandes beautés & les défauts.

65. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Alphonse Daudet, qui sont honorés derrière ces portes ; c’est Corneille, Racine, Molière ; on le sait, et il suffit qu’on le sache. […] Mounet-Sully, trop souvent malade et qui ne saurait suffire à tout, qui oserez-vous nommer ?

66. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Cela suffit pour faire apercevoir par quelles transformations la pièce a dû passer. […] Nous avons là-dessus le témoignage de Molière lui-même et cela suffit. […] Molière comprit d’ailleurs que ce travestissement ne suffirait pas à blanchir son homme ni ses intentions. […] qui suffit, à lui seul, à donner la caractéristique du rôle.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Il ne suffit pas de n’avoir point l’esprit stérile pour prendre l’action à son dernier point, & remplir cinq actes avec une matiere qui paroît à peine suffisante pour un, il faut avoir les plus grandes ressources dans l’imagination.

68. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Elles sont si parfaites, à deux ou trois vers près, qu’elles ont suffi pour faire vivre l’ouvrage; et ces deux scènes valent mieux que beaucoup de comédies. […] Toutes les troupes comiques (il y en avait alors quatre à Paris) voulurent avoir et eurent en effet leur Festin de Pierre comme celle des Italiens; car il faut remarquer que ce sont toujours les ouvrages faits pour la multitude qui ont de ces prodigieux succès de mode, attachés à un nom qui suffit pour attirer la foule à tous les théâtres. […] Quoi qu’il en soit, ce Cotin était un homme très-savant, qui d’abord n’eut d’autre tort que de vouloir être orateur et poète à force de lectures, et de croire qu’il suffisait d’entendre les anciens pour les imiter : c’est ce qui nous valut de lui de fort mauvais ouvrages. […] Heureusement elle est si connue, qu’il suffit de la rappeler ; car elle est si hardie, qu’il ne serait pas possible d’analyser ici, sans blesser les bienséances, ce qui, sur le théâtre, ne s’en éloigne pas un moment, pas même lorsque Tartufe rentre dans la chambre d’Elmire après avoir été visiter la galerie qui en est voisine. […] Tartufe est si coupable, qu’il ne suffisait pas, ce me semble, qu’il fût démasqué; il fallait qu’il fût puni, et il ne pouvait pas l’être par les lois, encore moins par la société.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il ne suffit pas que les incidents tiennent naturellement au sujet, il faut encore qu’ils se préparent mutuellement, & qu’ils naissent l’un de l’autre ; que la chaîne qui les lie parte du même point.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Il veut continuellement être étonné, il a même droit de s’y attendre, puisqu’il n’est point difficile sur le choix des moyens, & qu’il suffit de se livrer au déréglement d’une imagination vive pour le promener de merveille en merveille.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Pour le prouver, il suffit de citer le Mariage forcé, l’Amour Peintre, & la Comtesse d’Escarbagnas, que nous voyons jouer tous les jours sans nous rappeller qu’elles ont été jouées à la Cour avec des ballets.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Si l’un d’eux eût suffi pour déranger tout-à-fait les projets d’Eraste, les autres seroient devenus inutiles.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

. — Mais cela doit du moins suffire. — Laissez-moi faire

74. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Ce que j’ai tiré de la Vie de Moliere, suffit pour en faire connoître le mérite.

75. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Cette distinction, je le répète, il suffit d’un peu de bon sens pour que chacun la fasse naturellement, sans effort, toujours conduit et averti par l’auteur depuis le commencement jusqu’à la fin. […] Comme il traite ces marquis oisifs, persuadés qu’il suffit d’un peu de fortune et de beaucoup de vanité pour être d’honnêtes gens et faire leur chemin dans le monde156 !

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Pour faire la critique des sujets que je viens de citer, & de tous ceux qui lui ressemblent, il me suffit de rapporter ce que M. […] Un seul exemple suffira pour le prouver.

77. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens et bien usitées ; mais ce n’est pas assez dans les autres : il y faut plaisanter ; et c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. » Molière a réussi dans cette étrange entreprise : il fait excellemment rire les honnêtes gens, et il ne s’inquiète pas si les autres font la grimace. […] Il ne se contraint pas davantage lorsqu’il lui fait dire : Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome : La terre et le travail de l’homme Font pour les assouvir des efforts superflus.

78. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

A défaut d’autres preuves, son goût de la parure et ses recherches de fantaisie originale suffiraient pour l’indiquer. […] Il y a, dans le rôle d’Alceste, je ne sais quoi de profondément vrai que la puissance créatrice du poète ne suffirait pas à expliquer, une mélancolie profonde où percent les souvenirs d’une expérience personnelle. […] Mais cette déclaration voilée ne suffit pas au poète ; il voulut écrire pour sa déesse une tragédie dont elle jouerait le principal rôle et où il se représenterait-lui-même sous les traits d’un de ces vieillards amoureux qu’il dessinait d’une touche si fière. […] On trouvera sans doute que les ennuis suscités à la malheureuse femme par ces deux affaires suffisaient, avec le soin de son théâtre et l’exercice de sa profession, pour l’absorber tout entière et lui enlever tout désir de suivre des intrigues galantes.

79. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Cela ne suffit pas. […] Car le simple spectacle de la contradiction des moyens qu’ils emploient avec le but qu’ils poursuivent, du néant de leur absurdité avec l’éternelle vertu de la morale, ne pourrait jamais suffire qu’à les rendre risibles pour autrui. […] Ce n’est pas par une fantaisie aristocratique que Shakespeare met habituellement des princes sur la scène, c’est par une nécessité de l’art, c’est afin d’avoir des figures indépendantes ; et pour cela il ne suffit pas de prendre des princes, il faut encore les tirer du fond des âges fabuleux de la vieille Europe. […] Les lecteurs auxquels le texte de Hegel suffira pourront se dispenser de lire notre développement : Dans la tragédie, le principe éternel et substantiel des choses apparaît victorieux dans son harmonie intime, puisqu’en détruisant dans les individualités qui se combattent, leur côté faux et exclusif, elle représente dans leur accord profond, les idées vraies que poursuivaient les personnages.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Je voudrois bien savoir, sans parler du reste, à quoi servent tous ces rubans dont vous voilà lardé depuis les pieds jusqu’à la tête, & si une demi-douzaine d’aiguillettes ne suffisent pas pour attacher un haut-de-chausse ? […] Célimene est si maltraitée par ses quatre soupirants, lorsqu’ils découvrent sa perfidie, que leurs adieux devroient suffire pour exclure la coquetterie du cœur de toutes les femmes. […] Les exemples ramassés dans ce Chapitre suffisent pour prouver la différence qu’il y a entre la morale de Regnard & celle de Moliere.

81. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Pour moi, je ne tiens plus à vous par aucun attachement du monde ; je suis revenue, grâces au ciel, de toutes mes folles pensées ; ma retraite est résolue, et je ne demande qu’assez de vie pour pouvoir expier la faute que j’ai faite, et mériter, par une austère pénitence, le pardon de l’aveuglement où m’ont plongée les transports d’une passion condamnable759. » Enfin, la souveraine justice de Dieu, « condamnant à des supplices éternels760 » ceux qui trouvent « que le ciel n’est pas si exact qu’on pense761, et qu’il faut qu’il parle un peu plus clairement, s’il veut qu’on l’entende762 ; »cette souveraine justice frappant « d’un épouvantable coup763 » les pécheurs qui ne profitent pas « de la miséricorde du ciel764 » et les «  esprits forts qui ne veulent rien croire765 ; » cette justice, dis-je, est affirmée par la brève autorité de cette parole : « L’endurcissement au péché traîne une mort funeste ; et les grâces du ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre766. »   Ces textes sont formels : ils ne sont point des traductions, et il suffit de les comparer sommairement aux modèles espagnols, pour voir qu’ils sont écrits dans un esprit sérieux tout différent de l’esprit superstitieux qui domine chez Tirso de Molina767. […] Ce qui justifie cette conjecture, c’est que dans sa Préface, il parle « des corrections qu’il a faites, et qui n’ont de rien servi. » Plus loin il ajoute : « Il suffit ce me semble que j’en aie retranché les termes consacrés, dont on auroit eu peine à entendre faire mauvais usage. » Or ce sont ici des termes consacrés, puisque ce sont ceux du Pater.

82. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

L’amour aurait suffi peut-être pour déterminer le roi à l’épouser ; mais quelle puissance aurait eue, en cette circonstance, la religion sans l’amour142 ? […] Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. […] Quelle différence de l’intrigue produite par cette seule robe qui va, vient, circule, passe de main en main pendant toute la piece, anime les caracteres, fait naître les incidents, & les multiplie sans le secours d’aucun autre ressort ; quelle différence, dis-je, avec cette autre fable mal digérée, mal construite, où une malle, des lettres, une donation, une promesse de mariage, un portrait, ne suffisent pas pour soutenir une action, où l’Auteur a besoin d’appeller les épisodes à son secours, & dans laquelle il blesse continuellement la vérité ! […] A tous ces événements amenés par force, enchaînés par l’invraisemblance même, il suffit d’opposer la vérité des incidents amenés naturellement par la robe volée, l’unique mobile de tout, & qui, chose bien extraordinaire, met elle seule tous les personnages dans une situation propre à dévoiler leurs véritables caracteres.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Il ne suffit pas de mettre de belles choses dans une comédie, il faut les placer avec goût, & de façon que les premieres n’enchérissent pas sur les secondes, les secondes sur les troisiemes, ainsi du reste.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

S’il suit cette route, la seule qu’il ait à prendre, je ne sais pas à quel propos il nous donneroit une copie du Tartufe : l’original nous suffit, il est si beau !

/ 188