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14. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Après ce somptueux repas, Pour goûter de nouveaux appas, On alla sous une feuillée, Pompeusement appareillée, Où sur un théâtre charmant, Dont à grand-peine un Saint-Amant, Un feu Ronsard, un feu Malherbe, Figurerait l’aspect superbe, Sur ce théâtre que je dis, Qui paraissait un paradis, Fut, avec grande mélodie, Récitée une comédie, Que Molière d’un esprit pointu, Avait composé impromptua. […] Or, comme il faut que tout finisse, Fini que fut cet artifice, En retournant vers le château, Il en parut un tout nouveau, À l’entour d’un superbe dôme, Des mieux fabriqués du royaume, Contenant des clartés ou feux, Plus de cinq cent quatre-vingt-deux, (Si bien, je me les remémore) Duquel dôme sortit encore, Un embrasement imprévu, Aussi beau qu’autre qu’on eut vu. […] « Il n’y avait donc qu’un seul parti à prendre en traitant un pareil sujet, je veux dire, le parti qu’a pris Molière, guidé par son génie : il a traité l’intrigue avec précision et en des moments différents ; il a resserré l’action, il en a rapproché les parties, pour lui donner plus de feu et la terminer d’une manière qui satisfît également et les acteurs, et les spectateurs. […] Ce silence est un coup de maître : et c’est cette espèce de dénouement que j’avais en vue, lorsque j’ai dit que le froid d’une situation pouvait quelquefois servir à dénouer une pièce, autant que le feu et la vivacité d’une action. » M.  […] « Un coup de tonnerre, suivi de plusieurs éclairs, marqua la destruction du palais d’Alcine, qui fut aussitôt réduit en cendre par un feu d’artifice qui mit fin à cette aventure, et aux divertissements de l’Île enchantée. » [*].

15. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Il a, dit-il, puisé son feu dans la neige, expression vraiment espagnole. […] La Princesse, seule, dit qu’elle sent le feu dans son cœur. […] Elle convient enfin qu’ayant voulu enflammer Carlos, elle mérite d’être enflammée, parceque les incendiaires sont punis par le feu. […] Elle brûle ; elle est embrasée : la neige est changée en feu.

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

ces feux, ces amours prétendus, Vous les savez d’Oronte ? […] Vous vouliez récompenser son feu : La chose est impossible, il est votre neveu. […] Quand d’Oronte aujourd’hui je n’aurois pas appris Combien d’amour pour moi vous vous sentez épris, Vous m’en avez tant dit, ce matin même encore, J’ai tant vu dans vos yeux que votre cœur m’adore, Que le mien de vos feux jamais ne doutera.

17. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

il y avait dans ce nuage une lueur, dans ce silence un bruit, dans ce cadavre une âme ; le feu est resté dans ces cendres éteintes. […] assez d’amour pour mettre en feu le parterre et les loges ? […] Le feu de la fièvre est dans ses yeux ! […] À la fin, le feu pénétra jusqu’à lui. […] Dacier, secrétaire perpétuel de l’Académie, par feu M. de Fénelon, archevêque de Cambray.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Le tonnerre tombe sur lui avec un grand bruit & de grands éclairs ; la terre s’ouvre & l’abîme : il sort beaucoup de feu de l’endroit où il est tombé. […] Tisbéa accourt désespérée, en criant, au feu ! […] Tisbéa crie encore derriere la coulisse, au feu ! […] je voudrois bien de tout mon cœur vous donner la satisfaction que vous desirez ; mais le Ciel s’y oppose directement : il a inspiré à mon ame le dessein de changer de vie, & je n’ai point d’autre pensée maintenant que de quitter entiérement tous les attachements, de me dépouiller au plutôt de toutes sortes de vanités, & de corriger désormais, par une autre conduite, tous les déréglements criminels où m’a porté le feu d’une aveugle jeunesse. […] Don Juan prend feu là-dessus, est fort tenté de la jeune veuve, fait mettre son valet à table pour lui faire plus commodément des questions, & pour l’engager à lui être favorable.

19. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

On croit inutile d’insister sur celte assimilation des amours des hommes et des amours des bêtes : Molière, d’ailleurs, fait prononcer la moralité de tout cela par l’Egyptienne et les Egyptiens qui chantent à la fin de la Pastorale : Croyez-moi, hâtons-nous, ma Sylvie, Usons bien des moments précieux ; Contentons ici notre envie ; De nos ans le feu nous y convie ; Nous ne saurions, vous et moi, faire mieux. […] Fi de l’Amour et de ses feux ! […] Et quand on entend bergers et bergères, imités dans leurs danses luxurieuses par « trois petites Dryades et trois petits Faunes, » s’écrier ensemble : Jouissons, jouissons des plaisirs innocents Dont les feux de l’Amour savent charmer nos sens 644, n’est-il pas tout naturel qu’en sortant du spectacle on aille faire comme eux645 ? […] Vois, ma Climène, Vois sous ce chêne S’entrebaiser ces oiseaux amoureux : Ils n’ont rien dans leurs vœux Qui les gêne : De leurs doux feux Leur âme est pleine ; Qu’ils sont heureux !

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Certes, c’est, en ce jour, Me donner de vos feux un mauvais témoignage ;   Et ce, quoi ! […]   Votre cœur, avec véhémence, M’étala de ses feux toute la violence, Et les soins importuns qui l’avoient enchaîné, L’aise de me revoir, les tourments de l’absence,  Tout le souci que son impatience   Pour le retour s’étoit donné ; Et jamais votre amour, en pareille occurrence, Ne me parut si tendre & si passionné. […] c’est ici le coup le plus cruel de tous, Et dont à s’assurer trembloit mon feu jaloux.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Je ne vois rien en vous dont mon feu ne s’augmente, Tout y marque à mes yeux un cœur bien enflammé ; Et c’est, je vous l’avoue, une chose charmante De trouver tant d’amour dans un objet aimé. […] Jugez combien il perd dans le fond de mon ame, Par la comparaison que je fais de sa flamme Avec le feu constant, tendre & respectueux D’un amant jeune & sage, aimable & vertueux ! […] Cet aveu, qui me charme, en même temps m’afflige : A rompre un nœud fatal je sens que tout m’oblige : Mes feux méritent seuls d’obtenir tant d’appas.

22. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

La Princesse d’Élide a été imprimée pour la première fois dans un volume in-folio, dont voici le titre : les Plaisirs de l’île enchantée, course de bague, collation ornée de machines, comédie mêlée de danse et de musique, ballet du palais d’Alcine, feu d’artifice, etc. : la comédie ne tient là que sa modeste place, elle ne montre même pas son nom. […] Nous concevons qu’il ait réussi dans une fête où chacun s’applaudissait d’être convié, parmi les magnificences du surintendant, à la lumière du roi-soleil, — alors dans son premier éclat, deux ans après la paix des Pyrénées, cinq mois après la mort de Mazarin, à l’heure même où l’on découvrait que ce prince (le châtelain de Vaux allait en faire l’épreuve) n’était pas « un monarque en peinture. » Ajoutez qu’on était disposé à la bienveillance par la bonne chère, et qu’il fallait passer le temps jusqu’au feu d’artifice. […] Mais pour nous, point de ballet, — qui, d’ailleurs, ne serait plus une nouveauté, — point de bonne chère, point de feu d’artifice, point de roi !

23. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Voici un trait que j’ai appris de feu Bellocq, Valet-de-Chambre du Roi, homme de beaucoup d’esprit & qui faisoit de très-jolis Vers. […] Despréaux dans ses Remarques sur sa Satire deuxiéme adressée à Moliere, dit qu’il avoit traduit dans sa jeunesse Lucrece en Vers françoisa ; c’est ce que Grimarest nous apprend aussi, & qu’il auroit achevé cet ouvrage, sans un malheur qui lui arriva Un de ses domestiques, à qui il avoit ordonné de mettre sa perruque sous le papier, prit un cahier de sa traduction pour faire des papillotes : Moliere qui étoit facile à s’indigner, fut si piqué de la destinée de ce cahier, que dans sa colere il jetta sur le champ le reste au feu. […] Deux ou trois ans après la mort de son mari il y eut un hiver très-froid ; elle fit voiturer cent voyes de bois dans ledit Cimetiere, & les fit brûler sur la tombe de son mari pour chauffer tous les pauvres du quartier : la grande chaleur du feu ouvrit cette pierre en deux.

24. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Aussitôt, malgré moi, tout mon feu se rallume : Je reprends sur-le-champ le papier et la plume, Et de mes vains serments perdant le souvenir, J’attends de vers en vers qu’elle daigne venir, Encor, si pour rimer, dans sa verve indiscrète, Ma Muse au moins souffrait une froide épithète : Je ferais comme un autre ; et sans chercher si loin, J’aurais toujours des mots pour les coudre au besoin. […] L’un défenseur zélé des Bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Maître Raimon ne fut pas plutôt entré au logis, feignant de chercher je ne sais quoi, qu’il retourna & brouilla quasi tout ce qui étoit en la chambre ; & ne trouvant aucune chose ni au lit, ni aux coffres, comme étourdi & hors de sens, prit du feu & le mit aux quatre coins de la chambre, délibérant de la brûler & tout ce qui étoit dedans. […] Le seul Maître Raimon attendoit cependant s’il ne sortiroit point quelqu’un, mais il ne put rien voir sortir sinon la fumée & le feu ardent qui brûloit la maison. Tous les voisins étoient déja accourus pour éteindre le feu, & firent tant qu’ils y donnerent ordre. […] Je m’en allai où loge la Dame que vous savez ; & ainsi que j’étois en propos amoureux avec elle, le mari survint ; lequel, après avoir cherché & tracé par toute la maison, a mis le feu aux quatre coins de la chambre, & a brûlé tout ce qui étoit dedans. […] feu !

26. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

L’un défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnait au feu. […] Nous avons eu cet hiver le Fédéric 1, qui a fort réussi, sans doute avec quelque raison, puisqu’il ne part rien de la veine de son auteur qui ne soit plein de feu ; témoin sa Clotilde, où la boutade est bien exprimée. […] Cette scène est interrompue par l’arrivée de M. de Gréval, ami des précieuses, qui reconnaît Picorin pour un laquais de feu M.  […] Ce fait est tiré d’une note manuscrite de feu M.  […] Selon lui, Molière pensait toujours juste, mais il n’écrivait pas toujours juste, parce qu’il suivait trop l’essor de son premier feu, et qu’il lui était impossible de revenir sur ses ouvrages. » a.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Mais enfin il n’importe, & puisque votre haine Chasse un cœur tant de fois que l’amour vous ramene, C’est la derniere ici des importunités Que vous aurez jamais de mes feux rebutés. […] Voilà qui m’assuroit à jamais de vos feux : Et la main & la lettre ont menti toutes deux. […] quel feu ! […] Il faut, pour en avoir l’entiere connoissance, Savoir que l’ame vient d’une immortelle essence, Et qu’en nous animant, il est tout évident Qu’elle est une substance, & non un accident ; Ayant des attributs du Maître du tonnerre, Elle n’est pas de feu, d’air, d’eau, ni moins de terre, Ni le tempérament des quatre qualités Qui renferme dans soi tant de diversités.

28. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [15, p. 45-46] »

Un de ses domestiques prit un cahier de cette traduction pour faire des papillotes : Molière qui était facile à irriter, fut si fâché de ce contre-temps, que dans sa colère il jeta le reste au feu.

29. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Marie Hervé, « veuve de feu Joseph Béjart, écuyer, sieur de Belleville, » stipulait pour sa fille Armande-Grésinde-Claire-Elisabeth Béjart. […] Outre une petite escarmouche avec Molière, en qui elle raille plaisamment le directeur et le mari, elle a toute une scène à part, et des plus brillantes, avec Mlle du Parc, l’autre étoile de la troupe ; elle reprend le malheureux Lysidas, ramené sous son feu. […] Elle se dédommage par un luxe assez déplacé chez une jeune fille de moyenne condition : son habit se composait d’une « jupe de satin couleur de feu, avec trois guipures et trois volans et le corps de toile d’argent et soie verte. » Elle n’eut qu’une part secondaire dans les représentations de Mélicerte, du Sicilien et d’Amphitryon : on ne sait même pas si elle joua dans la première et la dernière de ces pièces ; dans la seconde elle tenait le rôle de Zaïde, personnage de simple figuration, et elle dut s’y contenter d’un succès de costume, sous une « riche mante, » présent du roi. […] Mon âme, de ce feu nonchalamment saisie, Ne l’a point reconnu que par ma jalousie ; Tout ce qui l’approchoit vouloit me l’enlever, Tout ce qui lui parloit cherchoit à m’en priver ; Je tremblois qu’à leurs yeux elle ne fût trop belle ; Je les haïssois tous comme plus dignes d’elle, Et ne pouvois souffrir qu’on s’enrichit d’un bien Que j’enviois à tous sans y prétendre rien. […] Il n’y a pas, dit-on, de fumée sans feu, et ici la fumée est particulièrement épaisse et noire.

30. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [42, p. 72-73] »

Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon, et d’écrire purement : quel feu !

31. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [47, p. 80] »

Boileau Despréaux l’a nommé dans son épître quatrième sur les conquêtes du feu roi Louis XIV, parmi ceux qui accompagnaient ce prince au passage du Rhin : Vivonne, Nantouillet, et Coislin et Salart : Chacun d’eux au péril veut la premier part.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

La curiosité qu’on fait lors éclater, Marque un secret plaisir de s’en ouir conter : Et je trouve à propos que, toute cachetée, Cette lettre lui soit promptement reportée, Afin que d’autant mieux il connoisse aujourd’hui Le mépris éclatant que mon cœur fait de lui ; Que ses feux désormais perdent toute espérance, Et n’entreprennent plus pareille extravagance. […] Il excuse ma faute, il approuve mes feux ; Et je voudrois savoir qui peut être capable D’avoir pu rendre ainsi son esprit si traitable.

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Elle cherchait à se décharger sur quelque bonne amie, du déplaisir qu’elle avait de la tiédeur des feux du grand Alcandre. […] Elle dit que de tous les millions de lettres que madame de Richelieu a reçues, celle de M. de Grignan était la meilleure ; qu’elle l’a eue longtemps dans sa poche, qu’elle l’a montrée, qu’on ne saurait mieux écrire, ni plus galamment, ni plus noblement, ni plus tendrement pour feu madame de Montausier. »

34. (1871) Molière

À ce bel âge, avec un peu d’argent dans sa poche et beaucoup de feu dans les yeux, un enfant de Paris ne doute de rien. […] Il paraît qu’Armande Béjart a jeté au feu tous les papiers de son mari, ce qui représente un grand malheur ! […] Mais, le poète en proie à tous les chagrins domestiques ; le malheureux dont les jours sont comptés, et qui sent, à chaque effort, se déchirer sa poitrine en feu, voilà de quoi tomber dans le sérieux. […] Le feu de la fièvre est dans ses yeux !

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Voulait venger la cour immolée au parterre ; Mais sitôt que, d’un trait de ses fatales mains, La parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

J’aurois pour elle au feu mis la main que voilà. […] Mille pieces en finissant me laissent inquiet sur le sort de quelque acteur : dans le Tartufe, par exemple, le fils d’Orgon m’a dit dès le premier acte, qu’il est amoureux de la sœur de Valere ; je voudrois bien qu’un mot m’apprît au dénouement si ses feux seront couronnés.

37. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ni le roman intime (feu le roman intime, faudrait-il dire), ni feu le drame moderne, toujours escortés de quelques héros mystérieux sans explication et sans nom, et tout noir, n’ont jamais préoccupé la curiosité et la sagacité du lecteur, autant que l’a fait ce bel Alceste, créé tout exprès et mis au monde par Molière, quand Molière voulut dire à tous et à chacun, enfin, les plus secrètes pensées de son esprit et de son cœur.

38. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Don Juan prend feu là-dessus, et lui permet de s’asseoir à son côté. […] « Un dernier tableau montrait Don Juan en proie au feu vengeur, exprimant en vers ses tourments et son repentir.

39. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Un autre a guéri mon âme Des feux que j’avais pour toi.

40. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Vouloit venger la Cour immolée au parterre-, Mais, si-tôt que d’un trait de ses fatales mains La Parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée. […] Quel feu, dit-il, quelle naïveté ! […] Cet acteur avoit tous les talens imaginables pour le théâtre dont il a été la gloire dans son temps ; il avoit beaucoup de noblesse dans l’air et dans les manières ; il étoit fort aimé de toute la Cour, et particulièrement connu du feu Roy, de qui il avoit reçû plusieurs grâces, pour lui en son particulier, et pour la troupe en général. […] Le tragique étoit son fort : on prétend qu’elle a joué d’original le rôle d’Hermione dans l’Andromaque de Racine, que M1Ie Champmêlé joua ensuite, en concurrence221; sur quoy on fait dire au feu Roy, dont le goût étoit si sûr en toutes choses, que, pour remplir ce rôle parfaitement, il faudroit que la des Œillets joüât les deux premiers actes, et la Champmêlé les deux autres, voulant faire entendre par là que celle-ci avoit plus de feu, pour faire sentir les emporte-mens du personnage représenté dans les derniers actes de cette pièce, et l’autre, plus de délicatesse et de finesse. […] Quel feu !

41.

Cléante n’aime pas beaucoup Mme Pernelle ; il est resté dans la salle basse en attendant sa sortie, et c’est pour cela que vous le voyez seul au coin du feu. […] Dorme, qui arrive, s’occupe à tisonner le feu. […] Du reste, entre Orgon qui tend sa jambe sur un tabouret et Dorine qui lui défait ses guêtres devant le feu, la scène se joue plus aisément. […] C’est alors que survient Dorine, avec son tablier plein de bois, et qu’elle surprend la conversation en remettant une bûche au feu. […] Le meneur en scène a jeté son feu dans les trois premiers actes ; il se refroidit au quatrième, il est à peu près éteint au dernier.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Gorgibus le sait bien, puisqu’il a déja approuvé ses feux. […] Honteuse de son choix, elle reprend son cœur ; Et l’on voit à ses feux succéder la froideur : Sur le point d’épouser, elle rompt sans mystere. […] Il fut esclave à Alger : là sa bonne mine lui valut des bonnes fortunes, qu’il courut grand risque de payer cher, puisqu’il alloit être condamné au feu, quand le Consul François le réclama & le fit sortir des prisons du Divan.

43. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Ce fut d’abord Ariste qu’il appela Chrysalde pour cette fois, un cousin germain de Philinte, un oncle imperturbablement paisible de notre provoquant Desgenais; ce fut ensuite Sganarelle vieux garçon, bien plus brave sous son pseudonyme d’Arnolphe, érigeant en système la férocité de ses pressentiments et cachant un rayon dans sa cave pour avoir le soleil à lui tout seul; puis Horace, un Cléanthe plus indiscret qui va criant à tue-tête la chanson de son bonheur; puis enfin, mais celle-là était une trouvaille : la perle dans sa nacre, l’ingénue à toute outrance, Agnès dont la naïveté fait feu au moindre choc, Agnès dont l’ignorance éclaire et qui a plus d’esprit dans le petit doigt de sa niaiserie que toutes les déniaisées du monde dans leur esprit. […] Bouilly réchauffait pour vous au bain-marie sur un feu tiède et innocent ! […] Il est dans un état violent, il parle de Ninive et du feu du Ciel… Ne vous formalisez pas, ce n’est que don Quichotte... mais, écoutez !

44. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

De la traduction d’Hénault, il n’est resté que l’invocation à Vénus, l’auteur, avant de mourir l’ayant fait jeter au feu par scrupule religieux. […] Molière qui était facile à s’indigner fut si piqué de la destinée de son cahier de traduction que, dans sa colère il jeta sur le champ le reste au feu.

45. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Les Comédiens voulaient mettre un char de feu et des diables a dans la pièce, mais Molière a déclaré qu’on ne la jouerait plutôt pas. […] En attendant, rentrons au logis, faisons grand feu et grande chère, et vive la joie ! […] Pendant que Molière croit à Don Juan, à son impiété, à ses crimes, à son châtiment dans les flammes éternelles, Thomas Corneille joue avec le feu éternel ; il croyait en Molière, et toute sa croyance s’arrêtait là. […] À peine si Don Juan, revoyant Elvire dans ses longs habits de deuil, trouve en lui-même quelques petits restes d’un feu éteint. — Ce festin des morts et de ceux qui doivent mourir, est d’un effet terrible. […] Le sang revient à sa joue pâlie ; le feu à son regard !

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

) Son cœur prend feu dès ce moment ; il ne sauroit plus vivre qu’il n’aille consoler son aimable affligée. […] Et vous, modérez votre feu.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Les amants sont fort embarrassés pour faire approuver leurs feux par trois originaux. […] Mais c’est à votre mere Qu’il importe sur-tout de parler avec feu.

48. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Sauzay, appliquant à la partie musicale du Sicilien les ressources variées de l’art moderne, vont heureusement nous distraire, car ce galant volume a double emploi ; le lettré s’en accommode aussi bien que l’amateur de musique : moliéristes et mozartistes y trouvent leur compte, et si vous avez les deux dilettantismes, après l’avoir lu au coin du feu, vous goûterez un égal plaisir à le déchiffrer au piano.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Adraste découvre que Don Pedre veut faire peindre son amante : il gagne le Peintre, se présente à sa place, parle à la belle Grecque en la peignant, déclare ses feux, apprend qu’il est payé de retour : il n’est plus question que d’enlever l’objet de sa tendresse.

50. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Ses camarades survivent et entretiennent pour ses chefs-d’œuvre le feu sacré. […] Fait et passé à Paris en la présence de noble homme André Maréchal avocat en Parlement, Marie Hervé, veuve de feu Joseph Béjart vivant bourgeois de Paris, mère desd. […] Molière et sa troupe eurent à lutter d’abord contre la concurrence des réjouissances populaires, des carrousels et des feux d’artifice ; mais de plus graves périls les menaçaient. […] La mère vivait et avait un peu plus de soixante ans : elle consentit à se déclarer mère et à faire feu son mari père de l’enfant née en 164581.. »Ce raisonnement a séduit quelques bons esprits. […] — Cela est vrai ; elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

c’est un feu toujours en mouvement : sur le point de mourir d’étisie ?

52. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Il n’a manqué à Moliere que d’eviter le jargon, & d’écrire purement : quel feu ! […] Il étoit foible quand il marchoit sur les pas d’autrui, & presque toûjours parfait, quelquefois meme sublime, lorsqu’il suivoit le feu de ses propres idées. […] Tout est plein d’action chez lui, de mouvemens & de feu. […] Né avec un beau génie, guidé par ses observations, par l’étude des anciens, & par leur maniere de mettre en oeuvre, il a peint la cour & la ville, la nature & les moeurs, les vices & les ridicules, avec toutes les graces de Térence, le comique d’Aristophane, le feu & l’activité de Plaute. […] L’un défenseur zelé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Vouloit venger la cour immolée au parterre.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

n’ayant sur l’horizon Ni feu ni lieu qui puisse alonger votre nom, Et ne possédant rien sous la voûte céleste, Le nom de l’enveloppe est tout ce qui vous reste. […] Vois naître tour à tour de nos feux triomphants, Des pieces de théâtre & de rares enfants !

54. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Vous voyez bien cet histrion qui joue la femme, il copie à ravir les passions impudiques, et ce mensonge aussitôt devient un feu terrible dans l’âme de l’auditoire. » Ainsi parlait un païen converti, un avocat de Rome devenu chrétien, Minutius Félix ! […] En ne prenant que la fleur de la plus pure antiquité, il ferait un ouvrage exquis et délicieux. » Le Jour du feuilleton. — L’École des femmes. — L’Épreuve nouvelle. — Mademoiselle Doze Nous étions donc réunis tous les trois, chacun de nous rêvant à quelque tristesse cachée ; dans la cheminée le feu était vif, au ciel le soleil était pâle ; le dimanche jetait son froid et son silence dans la ville. — Allons, leur dis-je, vous êtes heureux, vous autres, chantez ou rêvez à votre aise ; moi, il faut que je raconte mon histoire de chaque semaine. […] Le moyen d’être jaloux de pauvres diables qui ne seraient pas enterrés en terre sainte, et qui devaient brûler inévitablement et sans rémission dans le feu éternel ?

55. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon, et d’écrire purement ; quel feu, quelle naïveté, quelle source de bonne plaisanterie, quelle imitation de mœurs, et quel fléau de ridicule ! […] Colbert, comme surintendant des bâtiments, fit construire et embellir les divers lieux destinés à ce divertissement royal, et donna les ordres pour l’exécution des feux d’artifice. […] Plaute dit : il crie qu’il est perdu, qu’il est abîmé, si la fumée de son feu va hors de sa maison. […] Elle est d’un bout à l’autre pleine d’abominations, et l’on n’y trouve rien qui ne mérite le feu. […] Ce fait a été plusieurs fois attesté par feu M. de La Motte, de l’Académie française ; et nous ne doutons point qu’en lisant ceci, beaucoup de ses amis ne se rappellent de le lui avoir ouï dire.

56. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Et cette femme accorte et vive, au regard plein de feu, le rire à la lèvre et le printemps à la joue ? […] Un peu de feu sur la joue, une flamme au regard ! […] Mais à force de jouer avec le feu, elle se brûla elle-même. […] Or, dans cette maison si pauvre, il n’y avait ni pain, ni feu. […] du feu !

57. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Elle dit que de tous les millions de lettres que madame de Richelieu a reçues, celle de M. de Grignan était la meilleure, qu’on ne saurait écrire ni plus galamment, ni plus noblement, ni plus tendrement pour feu madame de Montausier. » 83.

58. (1802) Études sur Molière pp. -355

Elle est surprise qu’un sein de marbre puisse brûler ; convient, qu’ayant voulu enflammer Carlos, elle mérite d’être enflammée, parce que les incendiaires sont punis par le feu, et finit par épouser celui qui a su vaincre son dédain par le dédain. […] Dom Juan et son valet se débattent contre les flots ; la fille d’un pêcheur amène du secours, on les sauve ; dom Juan trouve la jeune fille jolie, lui jure de l’épouser, et l’entraîne dans un bosquet de roseaux, d’où elle sort en criant, au feu, à l’eau ; son âme brûle d’amour et du chagrin d’avoir été déshonorée. […] comment recueillir les étincelles éparses du feu sacré ? […] Oui ; mais si intéressante qu’elle demande un acteur de feu, puisque Molière s’y peint lui-même, et que, toujours plein de l’image de son ingrate épouse et de sa passion pour elle, il y pousse la délicatesse jusqu’au point d’embellir les défauts de son visage, et d’excuser les torts de son esprit. […] Baron et mademoiselle Desmarets, tous deux jeunes, beaux, épris l’un de l’autre, animèrent les rôles de l’Amour et de Psyché 73, de tous les feux qu’ils ressentaient.

59. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Vous ne pouvez aimer que d’une amour grossière, dit-elle à Clitandre, Qu’avec tout l’attirail des nœuds de la matière ; Et pour nourrir les feux que chez vous on produit, Il faut un mariage et tout ce qui s’en suit. […] Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche Que le feu dans les yeux et l’injure à la bouche.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

 Un feu nouveau qui circule en mes veines, Qui charme en même temps & redouble mes peines, De mon bonheur détruit prouve la vérité. […] Voilà dont le feu Roi me promit récompense ; Mais la mort le surprit comme il la résolvoit.

61. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Ce fut alors que Molière présenta au roi un premier placet, où il sollicitait la permission de faire représenter son ouvrage en public ; il invoquait cette faveur comme le seul moyen qu’il eût de répondre à ses ennemis ; car il est à remarquer que sa comédie n’était pas connue de la plupart des gens qui la condamnaient au feu ; les méchants y supposaient des abominations, sur lesquelles renchérissait encore la crédulité publique, et qui, s’exagérant sans cesse en passant de bouche eu bouche, avaient fini par alarmer les gens de bonne foi et jusqu’aux hommes vraiment pieux. […] S’ils ne dominent pas la vieillesse des monarques, ils soufflent le feu de l’ambition dans le cœur des jeunes princes impatients du sceptre ; ou si un jeune roi s’affranchit de leur tutelle, ils lui opposent un frère dont ils font partout retentir les louanges, et qu’ils affectent de signaler à la piété des fidèles et à l’amour des peuples ; enfin, pour fonder leur empire, leur politique implacable et jalouse jette la division dans la famille des rois comme dans la famille des plus obscurs citoyens. […] Il devrait enfin rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que, si elle échappe quelquefois aux feux de la terre, elle ne peut éviter ceux du ciel. […] Ce n’est point assez que le feu expie en public mon offense, j’en serais quitte à trop bon marché ; le zèle charitable de ce galant homme de bien n’a garde de demeurer là ; il ne veut point que j’aie de miséricorde auprès de Dieu, il veut absolument que je sois damné, c’est une affaire résolue. […] « Le sien, dit-il, ne cajole point la femme de l’homme opulent à qui il a su imposer ; il ne lui fait du moins ni avance, ni déclaration ; il s’enfuira, il lui laissera son manteau s’il n’est aussi sûr d’elle que de lui-même ; il est encore plus éloigné d’employer pour la séduire le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule. » L’Onuphre de La Bruyère est un pénitent exténué par le jeûne ; il a peu de mérite à jouer l’abstinence et la chasteté : il est sans passion, sans désirs ; mais le Tartuffe de Molière est un homme ardent, plein de feu, de santé ; sa convoitise est sans cesse excitée par l’aspect d’une femme jeune et belle, dont le mari est vieux et dévot, et qui paraît d’ailleurs un peu portée à la coquetterie.

62. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

L’intrigue de Tartuffe est animée, chaude, intéressante ; les péripéties s’y succèdent avec rapidité : c’est le vrai tableau d’une maison en feu, où domine un scélérat muni de ruses infernales, que soutient une dupe armée du pouvoir conjugal et paternel, et contre qui se sont ligués tous ceux qu’il veut rendre victimes de sa convoitise ou de sa cupidité. […] Morin, l’astrologue, qui écrivit contre lui, l’accusait de partager les sentiments d’Épicure en ce qui concerne la religion ; et, comme on lui objectait la piété exemplaire de Gassendi, il répondait : « C’est qu’il dissimule,metu atomorum ignis(dans la crainte des « atomes du feu »). […] Feu M.  […] Voici le texte de cet acte, inscrit aux registres de Saint-Germain-l’Auxerrois : « Jean-Baptiste Poquelin, fils de sieur Jean Poquelin, et de feue Marie Cressé, d’une part, et Armande-Gresinde Béjard, fille de feu Joseph Béjard et de Marie Hervé, d’autre part, tous deux de cette paroisse, vis-à-vis le Palais royal, fiancés et mariés tout ensemble, par permission de M. de Comtes, doyen de Notre-Dame et grand vicaire de monseigneur le cardinal de Retz, archevêque de Paris, en présence dudit Jean Poquelin, père du marié, et de André Boudet, beau-frère du marié, de ladite Marie Hervé, mère de la mariée, Louis Béjard et Madelaine Béjard, frère et sœur de ladite mariée. […] Supplie humblement Élisabeth-Claire-Gresinde Béjart, veuve de feu Jean-Baptiste Poquelin de Molière, vivant valet-de-chambre et tapissier du roi, et l’un des comédiens de sa troupe, et, en son absence, Jean Aubry, son beau-frère ; disant que, vendredi dernier, dix-septième du présent mois de février mil six cent soixante-treize, sur les neuf heures du soir, ledit feu sieur de Molière s’étant trouvé mal de la maladie dont il décéda environ une heure après, il voulut dans le moment témoigner des marques de repentir de ses fentes et mourir en bon chrétien ; à l’effet de quoi, avec instances ildemanda un prêtre pour recevoir les sacrements, et envoya par plusieurs fois son valet et servante à Saint-Eustache, sa paroisse, lesquels s’adressèrent à MM. 

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Ses yeux, plus éclairés que ceux du Médecin, Pénetrent que mon mal vient d’un feu clandestin ; Et sa vive amitié tourne si bien mon ame, Qu’il arrache l’aveu de ma secrete flamme.

64. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Quand on parle des arts, il faut prendre un vol audacieux, planer dans les airs, être animé de ce feu divin qui a embrasé tout entiers ces beaux génies, dont le nom seul inspire l’admiration. […] Me voilà parvenu à l’examen d’un des ouvrages les plus parfaits qu’ait jamais conçus l’esprit humain ; à cette composition si sublime, si étincelante de beautés, où le génie de Molière s’est pénétré d’un feu divin, s’est élevé au-dessus de lui-même, s’est surpassé, s’est agrandi, et d’un seul élan a franchi l’espace le plus immense.

65. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Cette porte leur est fermée, et la mienne aussi… C’est le sentiment que j’aurai toujours pour un homme qui condamne le beau feu de Benserade, et qui ne connaît pas les charmes des fables de La Fontaine. Il n’y a qu’à prier Dieu pour un tel homme, et à souhaiter de n’avoir point de commerce avec lui. » On peut s’étonner de voir le beau feu de Benserade placé si près des charmes de La Fontaine.

66. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Emportés par une action, ils n’ont pas le temps de s’écouter parler ; ils ne parlent que pour attaquer ou se défendre ; et ce feu d’esprit de la conversation oisive, où l’on n’a d’autre objet que de plaire en pariant, et de laisser à l’interlocuteur quelque impression de son mérite, n’est pas plus d’usage dans cette comédie que dans la vie dont elle est l’image. […] C’est la pièce où il a mis le plus de feu. […] Tout ce que Cléante dit du faux dévot, Alceste des méchants, Chrysale du bel esprit, Célimène, qui a son bon côté, des sots qui lui font la cour ; tout ce qui sent la haine des méchants, le mépris des gens à la fois malhonnêtes et ridicules, l’amour du bien, du naturel, du vrai ; tout ce qui est, soit une maxime de devoir, soit un conseil de bienveillance, tout cela est sorti du cœur de Molière ; et tel est, sous ce convenu de l’art des vers, le tour naïf, la facilité, le feu, l’entraînement de ce langage, qu’il semble entendre Molière lui-même, et qu’au plaisir de voir des personnages peints au vrai, se joint je ne sais quelle affection tendre pour celai qui les a créés. […] Il est fort beau sans doute, et jette quantité de feux.

67. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Elles décident qu’elles font époque, que le feu du génie s’allume enfin en France, et qu’elles en ont recueilli les premières étincelles.

68. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

le bronze a paru tressaillir ; J’ai vu de tes regards le feu sacré jaillir ; Ta bouche s’est ouverte, et la sagesse même Proclame par ta voix son oracle suprême : « Ô poètes !

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

La fleur qui les couvre dans le printemps, me réjouit la vue ; leur ombrage me garantit en été des rayons du soleil ; dans l’automne, je m’amuse à voir mûrir leur fruit, & je le mange pendant l’hiver, auprès du feu que le superflu de leurs branches me fournit ; je trouve en eux l’utile & l’agréable : ainsi, va te promener avec tes chênes, tes marronniers d’Inde, & vis de leur fruit ; il est digne de toi ».

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Enfin, Octave s’est rendu maître de son ennemi : il l’a fait attacher à un bûcher, il ordonne qu’on y mette le feu ; mais dans l’instant même Arlequin dit au tyran qu’il est las d’essuyer ses ironies 2.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

L’amour le met en feu, la contrainte le tue ; Et si par la pitié vous n’êtes combattue, Je meurs & de la feinte & de la vérité.

72. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Mais il était moraliste, et surtout moral, quand il disait au roi dans sa première épître : …………… Laissons là les sièges, les batailles ; Qu’un autre aille en rimant renverser les murailles, Et souvent sur tes pas, marchant sans ton aveu, S’aille couvrir de sang, de poussière et de feu ; À quoi bon d’une muse au carnage animée Échauffer ta valeur déjà trop allumée ?

73. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Selon lui, Molière pensait toujours juste, mais il n’écrivait pas toujours juste, parce qu’il suivait trop l’essor de son premier feu, et qu’il lui était impossible de revenir sur ses ouvrages. […] Mademoiselle Desmares100, qu’il aimait, et dont il était adoré, jouait le rôle de Psyché ; lui, celui de l’Amour, qu’il rendit avec tant de vivacité, qu’il donna de la jalousie à feu M. […] Elle était, d’un bout à l’autre, pleine d’abomination ; et l’on trouvait rien qui ne méritait le feu. […] Un Curé, dans un livre présenté au roi, décida que l’Auteur était digne du feu, et le damnait de sa propre autorité. […] La grande chaleur du feu fendit en deux la pierre qui couvrait la tombe.

74. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Depuis quinze ans sa poitrine malade le dévorait d’un feu intérieur et lui donnait cette admirable voix musicale, vibrante et profonde, qu’ont parfois les phtisiques et qui charmait tout le monde. […] Cela est vrai, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Elle avait fait transporter à l’endroit où l’on avait presque furtivement enterré son mari une large tombe de pierre, et durant un hiver fort rude, elle fit voiturer cent voies de bois dans le cimetière Saint-Joseph, afin que les pauvres gens se pussent réchauffer au feu d’un bûcher qu’on alluma sur la tombe de Molière. […] Mariage de Molière « Du lundy vingtiesme (février 1662), Jean-Baptiste Poquelin, fils de Jean Poquelin et de feue Marie Cresé (sic), d’une part, et Armande Grésinde Béiard, fille de feu Joseph Béiard et de Marie Herué, d’autre part, tous deux de cette paroisse, vis à vis le Palais-Royal, fiancés et mariés tout ensemble, par permission de M.  […] À propos de Lulli, je trouve, dans une publication entreprise par feu Quérard, le bibliographe, et intitulée Le Quérard (tome II, p. 640), un renseignement qui vaut d’être recueilli sur un factum curieux : Requeste du sieur Guichard contre les sieurs J.

75. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon, et d’écrire purement : quel feu ! […] Molière, qui était facile à s’indigner, fut si piqué de la destinée de son cahier de traduction, que, dans la colère, il jeta sur-le-champ le reste au feu. […] Comme il a beaucoup de feu, et de cette honnête hardiesse nécessaire à l’orateur, il y a du plaisir à l’écouter quand il vient faire le compliment ; et celui dont il sut régaler l’assemblée, à l’ouverture de la troupe du roi (le dimanche 9 juillet 1673), était dans la dernière justesse. […] « Elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Deux ou trois ans après la mort de Molière, il y eut un hiver très froid ; elle fit voiturer cent voies de bois dans ledit cimetière, lequel bois fut brûlé sur la tombe de son mari pour chauffer tous les pauvres du quartier : la grande chaleur du feu ouvrit cette pierre en deux.

76. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Il y avait presque autant de mérite à réformer l’amour dans l’expression que dans le fond, à l’époque où les madrigaux triomphaient si victorieusement, que Racine faisait dire au fils d’Achille aux pieds de la veuve d’Hector : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai483 ; à l’époque où Boileau lui-même, fléchissant sous la poussée du siècle, mettait, dans la glorieuse péroraison de son Art poétique, le Benserade des ruelles à côté du Corneille du Cid et d’Horace 484. […] IX : « Elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir.

77. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

C’est le riche qui se pique, encore aujourd’hui, d’ouvrir une allée en pleine forêt, d’amener une eau courante à travers les sables en feu, de meubler une ménagerie ; aussi inhabile que les seigneurs d’autrefois, les autres, ceux de La Bruyère, le riche d’aujourd’hui, à rendre une âme contente, à remplir d’une douce joie un cœur blessé, à faire que la pauvreté soit apaisée, heureuse, et que le pauvre puisse mourir en paix. […] que de feu dans ce regard, et quelle voix ! […] Que de gloires se sont brisées à la borne ardente de la cinquantième année, et que de génie immolé sur cet autel de feu ! […] Cette femme nous a amusés pendant cinquante ans, nous n’avons pas de temps à perdre à ramasser les cendres éteintes de ce flambeau qui a jeté son feu sur nos plus belles soirées d’hiver.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

J’ai trouvé, Monsieur, dans les mémoires de feu mon pere, une dette qui n’a pas été payée, &c. […] Non, monsieur ; c’est au contraire feu mon pere qui devoit au vôtre trois cents écus ; &, comme je suis homme d’honneur, je viens vous payer.

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