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16. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [73, p. 108] »

[73, p. 108] Molière ne traitait point de caractères, il ne plaçait aucuns traits ; qu’il n’eût des vues fixes.

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Hé bien, George Dandin, vous voyez de quel air votre femme vous traite ! […] Cette nouvelle façon de traiter en détail nos foiblesses ne pourroit manquer d’attirer beaucoup de monde au spectacle, parcequ’il suffiroit d’avoir vu une premiere piece, pour ne pouvoir résister à la tentation de connoître la suite.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Don Carlos déclare son amour, & le fait si vivement, que la Princesse croit l’avoir vaincu : elle est satisfaite, retire sa main que le Prince tenoit, & le traite avec la plus grande fierté. […] Moliere les a vues presque toutes, s’en est emparé, & les a traitées en grand homme : mais pourquoi n’a-t-il pas mis en action, sous les yeux du spectateur, le moment où la Princesse chante pour charmer son amant ? […] Tous les deux traitent l’amour avec la même gentillesse, tous les deux l’érigent en vertu, tous les deux conseillent à leurs éleves de se livrer aux charmes de l’empire amoureux : mais ce qui est un agrément dans une comédie ou dans un poëme épique, peut fort bien être déplacé dans une tragédie.

19. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [9, p. 41] »

La pièce fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui qui aurait pu s’en fâcher, une partie des scènes que Molière avait traitées dans sa pièce, lui étant arrivées.

20. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

L’histoire de la société polie veut, pour être traitée convenablement, une plume légère qui sème à chaque pas de sa course des traits brillants et gracieux, comme Le Petit Chien de La Fontaine qui, en secouant sa patte, en faisait tomber des diamants, des perles et des rubis.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Ce genre, accrédité par les Graces 17 & par Zénéide 18, qui sont en effet deux petits chefs-d’œuvre dans leur espece ; ce genre, dis-je, a pris naissance de la pastorale, non telle qu’elle étoit du temps des soties, des mysteres, mais telle qu’on la traita quand le goût, commençant à s’affranchir des liens de la grossiéreté & de la barbarie, les Auteurs mirent l’Amour au rang de leurs interlocuteurs, firent succéder la galanterie à la dévotion, les détails agréables aux grossiéretés, les tableaux tendres & voluptueux aux situations les plus indécentes. […] Je pourrois aisément traiter tous les autres avec la même exactitude ; si je n’étois sûr de rendre par-là mon ouvrage trop monotone, il me seroit très aisé de démasquer la véritable origine de tous les genres, & de prouver, par des exemples frappants, que ceux à qui l’on veut donner un air de nouveauté, ne paroissent tels aux yeux de l’ignorance, qu’en s’éloignant des bons modeles, en se parant de toutes les vieilles rapsodies auxquelles l’enfance de l’art a donné naissance, & que le goût avoit fait oublier.

22. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [59, p. 96-98] »

Pour répondre à l’inculpation, le satirique fit imprimer et placarder une affiche longue d’une aune241, où, tout en citant des morceaux de sa satire, il traitait les journalistes d’ignorants et de mauvais connaisseurs, et finissait par avouer avec une candeur d’âme tout-à-fait risible que son écrit était bon, et parfait en son genre.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Qu’on enleve à Ariste sa robe, son état ; qu’on en fasse un bon gentilhomme, comme il en est, qui se font un plaisir de mettre fin aux différends de leurs vassaux, & qu’on traite le même sujet, la plus grande portion du comique & du moral de la piece sera enlevée : les détails même ne pourront avoir rien d’aussi saillant ; & Ariste deviendra bien moins intéressant. […] Sans cela, plus de combats dans l’esprit du Glorieux, entre sa vanité & la nécessité d’épouser un riche parti ; plus de morgue dans le financier qui, malgré sa roture, prétend, graces à sa fortune, avoir le droit de traiter de pair à compagnon un pauvre gentilhomme ; plus de scenes comiques & morales entre eux deux. […] Je demande à présent s’il est décent, s’il est raisonnable, que cette femme, qui tient à des gens d’un rang honnête, & qui en est très fiere, se laisse traiter par tout ce qui l’entoure comme la derniere des grisettes. […] Nous avons vu que Lisimon signifie un homme foible, changeant, flexible ; par conséquent ce nom convient au Financier du Glorieux, puisqu’il est amoureux de Finette, & la cede ensuite, sans beaucoup de regret, à son fils ; puisqu’il se laisse traiter fort mal par le Comte de Tufiere, & lui donne ensuite sa fille.

24. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [36, p. 64-67] »

204 Votre prudence est endormie De traiter magnifiquement, Et de loger superbement Votre plus cruelle ennemie.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Du choix des Caracteres. » pp. 261-262

Nous avons dit, en parlant du choix d’un sujet, qu’il y avoit encore des caracteres à traiter, mais qu’il étoit très difficile d’en trouver de bien propres à jouer un grand rôle sur notre théâtre.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Malheur à tout Auteur comique qui sourit à un sujet indécent, & qui cede au desir de le traiter. […] Il n’est point décent qu’un neveu traite ainsi un oncle, & un oncle sur-tout de qui il attend sa fortune ; il est encore plus indécent qu’un oncle se laisse traiter de la sorte.

27. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Le poète cadurcien, qu’un compatriote traitait récemment de « médiocre écrivain » dans une revue des principaux Biographes de Molière, avait soixante-douze ans quand il donna ses Mémoires pour servir à l’histoire de Molière et de ses ouvrages, qui furent avec raison préférés par les éditeurs du Molière-Boucher à la Vie du grand homme écrite par Voltaire lui-même. […] « Cette pièce réussit, et la Cour ne traita point avec sévérité un ouvrage fait à la hâte, pour la divertir. […] Sganarelle, au contraire, tient la sienne renfermée et la traite rudement : l’une et l’autre sont parfaitement sages, et n’ont rien qui ressemble à Eschinus ny à Ctésiphon. […] Moliere à son tour, pour se venger de Boursaut, fit l’Impromptu de Versailles, où il le nomma par son nom et le traita très-mal. […] L’original espagnol est une des meilleures pièces de Don Pedro Calderon, qui l’a intitulée la Dama duenda ; en 1664, Douville traita ce même sujet, sous le titre de l’Esprit folet 236, et cet ouvrage, quoique presque sans vraisemblance, et plutôt en prose rimée qu’en vers, parût si plaisant par ses incidens, qu’il eût un très-grand succès.

28. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

Il faut pourtant parler : ou le mari de Philaminte ne signifie rien, ou il signifie qu’un père de famille ne peut voir sans dépit sa femme oublier l’éducation de ses enfants pour traiter les questions du beau langage et suivre le cours des planètes. […] Si quelqu’un se permet d’élever la voix, on le traite d’original, et pour bien des gens, c’est un cruel reproche. […] Ils traitent l’auteur du Misanthrope sur le pied de l’égalité, et lorsqu’ils ne trouvent pas ses intentions assez nettement exprimées, en bons camarades ils viennent à son secours.

29. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Jourdain de l’instruire dans la logique qui traite des trois opérations de l’esprit qui sont: la première, la seconde et la troisième. […] Philaminte traite la matière encore plus dédaigneusement : Le corps, cette guenille, est-il d’une importance, D’un prix à mériter seulement qu’on y pense.

30. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Il y a plus : le succès de Molière lient encore à ce qu’entre tous nos écrivains, si clairs, si humains qu’ils aient été, il a le don de clarifier et d’« humaniser » les sujets qu’il traite, les caractères qu’il étudie, les leçons qu’il donne. […] Ce n’est pas là, à vrai dire, une leçon bien profonde ; elle ne renouvelle le problème ni dans ses données, ni dans la façon de la traiter, ni dans la solution ; mais c’est une leçon raisonnable qui ne surprend et ne choque personne et il n’est pas de public qui ne l’approuve.

31. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

GOURMANDER : Traiter quelqu’un de hauteur, le reprendre avec aigreur et orgueil.

32. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Le Sieur Angelo, (Docteur de l’ancienne Troupe Italienne) m’a dit, (c’est ce M. de Tralage qui parle) que Moliere qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de Théatre & d’autres, le même sieur Angelo, dit à Moliere, qu’il avoit vu représenter en Italie, (à Naples) une Piece intitulée le Misanthrope : & que l’on devroit traiter ce sujet ; il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient parus remarquables, & entr’autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds. […] Moliere lui fit entendre qu’il avoit eu dessein de traiter ce sujet-là : mais qu’il demandoit d’être traité avec la derniere délicatesse : qu’il ne falloit point sur-tout faire comme Desmarets, dans ses Visionnaires qui a justement mis sur le Théatre des fous dignes des Petites-Maisons.

33. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Mais qui peut ignorer les raisons que Moliere a euës de donner dans quelques-unes de ses Pieces quelques Scenes burlesques & d’un Comique un peu trop boufon : il falloit faire subsister une troupe de Comédiens, & attirer le Peuple & l’homme qui ne cherche qu’à rire : les personnes d’érudition & d’un discernement juste & délicat sont en petit nombre, & ne sont pas souvent les mieux traitez de la fortune, & par conséquent hors d’état de faire vivre les Comédiens en allant souvent aux Spectacles occuper les premieres places. […] Moliere a composé aussi quelques autres ouvrages en Vers, qui marquent bien qu’il étoit capable de traiter d’autre genre de Poësie que celui de la Comédie.

34. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Après avoir considéré, en général, la comédie héroïque, si nous examinons la manière dont Molière l’a traitée, nous y trouverons peut-être une cause particulière du peu de succès qu’a obtenu son ouvrage. […] La fable qui a servi de moyen à Molière pour traiter, pour développer son sujet, appartient à Boccace. […] C’est traiter la chose bien sérieusement.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

A-t-on plus ou moins de mérite à le traiter, à le mettre en action sur notre scene, à l’assujettir aux regles, aux bienséances du théâtre, à l’accommoder aux usages, aux mœurs de son pays, à faire ressortir du fond même une morale qui soit propre aux hommes de sa nation ? […] La fameuse scene des Femmes savantes, dans laquelle Vadius & Trissotin se donnent mutuellement un encens fade, & finissent par se traiter de grimaud, de rimeur de balle, de frippier d’écrits, de cuistre, de plagiaire, &c. n’est certainement dans aucun des prédécesseurs de Moliere ; mais on prétend qu’il l’a vue d’après nature, au palais de Luxembourg chez Mademoiselle, par Cotin & Ménage. […] traiter un amant de la sorte, & un amant le plus fidele & le plus passionné de tous les amants !

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Je dis que nous devons les traiter lestement, & résister nous-mêmes à la mode aussi facile que ridicule de faire de ces pieces remplies de portraits & vuides d’action, dans lesquelles on peint jusqu’à la coeffure de chaque actrice, & jusqu’aux couleurs qui nuancent les fleurs de sa robe. […] Votre exemple condamne un tel emportement ; Mais le sort nous traita tous deux diversement. […] Nos cercles fourmillent de modernes Cotins, qui s’y sont glissés en rampant comme le serpent ; qui s’y sont accrédités à l’aide d’une épître, d’un drame, ou d’un bouquet insipide, & y traitent du haut de leur orgueil, intimident les Auteurs naissants, qui cherchent à s’y répandre dans l’espoir de s’instruire. […] Vous les voulez traiter d’un semblable langage, Et rendre même honneur au masque qu’au visage, Egaler l’artifice à la sincérité, Confondre l’apparence avec la vérité, Estimer le fantôme autant que la personne, Et la fausse monnoie à l’égal de la bonne ?

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Le Sicilien la fait passer dans l’appartement d’Isidore, appaise le prétendu mari qui est le faux Peintre, appelle la belle voilée, & la lui remet, en l’exhortant à la bien traiter.

38. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le roi, très irrité, demanda à Vardes, qu’il traitait avec faveur, de qui pouvait venir cette méchanceté ; et il conjectura que la duchesse de Navailles, femme scrupuleuse, pourrait bien avoir imaginé ce moyen de rétablir la fidélité conjugale.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. Des Caracteres généraux. » pp. 263-267

Ils devroient donc tous ambitionner de traiter un caractere propre à toutes les nations.

40. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

On peut dire qu’il se méprit un peu dans cette dernière Pièce, et qu’il ne se contint pas dans les bornes du pouvoir de la Comédie ; car au lieu de se contenter de blâmer les mauvais Médecins, il attaqua la Médecine en elle-même, la traita de Science frivole, et posa pour principe qu’il est ridicule à un Homme de vouloir en guérir un autre.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

J’observe, en finissant ce chapitre, que vers la fin de la période dont il traite (en 1637) parut le premier ouvrage de Descartes, celui qui l’ait son plus incontestable titre de gloire ; je parle de son Discours sur la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences.

42. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Jourdain, ses bizarres prétentions, ses études tardives pour devenir homme de qualité, le gros bon sens de sa femme et de Nicole, la dispute des trois professeurs, enfin la manière adroite dont le marquis traite sa maîtresse aux dépens du bourgeois, tout se réunirait pour élever Le Bourgeois gentilhomme au rang des chefs-d’œuvre, si les deux derniers actes n’étaient sacrifies aux charges trop grotesques de la cérémonie. […] Les courtisans, incapables d’apprécier l’homme de génie, affectaient du mépris pour le comédien ; le monarque s’en étant aperçu, fit un jour asseoir Molière à sa table, en présence de la cour, et le traita avec des égards que toutes ces vanités subalternes eurent de la peine à comprendre. […] On a assigné plusieurs causes à la retraite un peu précipitée de ce grand acteur ; les uns prétendent qu’il quitta le théâtre pour traiter d’une charge de valet de chambre du roi, laquelle lui fut refusée ; les autres assurent qu’ayant aspiré à la direction suprême de son théâtre, régi jusqu’alors en société libre par les acteurs eux-mêmes, il fut blessé de ce que le roi ne voulut pas consentir à soumettre ses camarades à son autorité ; on a même cherché à faire entendre que cette retraite était forcée, et le résultat d’une disgrâce ; Louis XIV, ayant été très mécontent de ce que, par une vanité mal entendue, cet acteur s’était obstiné à lui demander la régie de la Comédie française. […] On traita le soir cette blessure comme une bagatelle ; mais quand il vit, deux jours après, que la gangrène faisait tout apprêter pour lui couper la jambe, il ne le voulut pas souffrir : Non, non, dit-il, un roi de théâtre, comme moi, se ferait huer avec une jambe de bois. […] Où monseigneur le cardinal (Dont la gloire est partout vantée) L’a parfaitement bien traitée.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

M. de Marmontel auroit fait disparoître nos regrets, en acquittant, pour ainsi dire, la parole des trois poëtes que nous venons de citer, s’il se fût borné, dans sa Poétique, à traiter de la comédie seulement. […] Nous traiterons ainsi toutes les diverses parties du drame comique jusqu’au dénouement inclusivement ; & nous appuierons nos raisonnements par des exemples pris chez les meilleurs Auteurs comiques.

44. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Quand don Juan fait sa belle tirade contre le mariage et le faux honneur d’être fidèle, quand il demande à Sganarelle, ébloui par son éloquence sophistique, ce qu’il a à dire là-dessus, le timide bon sens de Sganarelle répond : « Ma foi, j’ai à dire… Je ne sais que dire : car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas… Je suis tant soit peu scandalisé de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites, et vous jouer ainsi d’un mystère sacré502… » Et quand Sganarelle n’est pas bridé par la crainte, il ne se gêne pas pour appeler cet épouseur à toutes mains « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou503 ; qui passe cette vie en véritable bête brute ; un pourceau d’Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons504. » Qui ne rit encore, en repensant au refrain terrible qui met en fuite le pauvre Pourceaugnac : La polygamie est un cas, Est un cas pendable505 ? […] Les escapades des maris sont traitées comme elles le méritent dans le tableau comique des amours du Bourgeois gentilhomme pour sa belle marquise ; et le Tartuffe restera toujours la peinture la plus crûment vraie, c’est-à-dire la condamnation la plus absolue de l’adultère.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

On peint à Elvire le chagrin dans lequel il est plongé : elle veut le consoler : elle l’envoie chercher ; elle lui promet de ne pas traiter le vainqueur aussi bien qu’il le craint. […] Don Rodrigue, Roi de Valence, voit Delmire, sœur de Don Pedre, Roi d’Aragon ; il en devient épris, demande sa main ; & ne l’obtenant pas, il l’enleve à main armée, la conduit dans son palais, où il la traite avec tout le respect dû à son rang & à son sexe. […] Mais revenons à notre premier discours ; réponds : Pourquoi, avant que de traiter Delmire en infame, ne l’as-tu pas interrogée sur ce qui la rendoit coupable à tes yeux ?

46. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Mais bien plus, mon Censeur, qui insulte Molière et l’Auteur de sa Vie par des termes un peu trop forts, ne sait pas apparemment qu’il n’y a point d’Auteur, pour peu surtout qu’il se soit rendu recommandable, que l’on ne traite de Monsieur, quand on parle de lui dans un temps peu éloigné de celui où il a vécu, et que ses enfants vivent encore. […] Il est vrai que je traiterai également de Monsieur, le Grand Seigneur, et Molière, sans croire m’écarter des règles. […] J’ai trouvé la matière de cet Ouvrage si délicate et si difficile à traiter, que j’avoue franchement que je n’ai osé l’entreprendre ; et je crois que mon Critique y aurait été aussi embarrassé que moi : Il le sait bien ; mais il a été ravi d’avoir cela à me reprocher.

47. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Je le croirais volontiers à la manière généreuse avec laquelle il la traite, la parant de toutes les grâces et ménageant si délicatement le côté odieux de son caractère, comme aussi à ces paroles si touchantes qu’il lui adresse par la bouche d’Alceste : Défendez-vous au moins d’un crime qui m’accable, Et cessez d’affecter d’être envers moi coupable. […] Après la brillante Célimène vient, un peu plus tard, dans Le Tartuffe, le personnage d’Elmire, qui nous montre une fois de plus toute l’adresse de Molière à traiter les situations les plus difficiles.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Tachez d’en trouver un qui mérite votre attention, & traitez-le comme vous souhaiteriez de me traiter moi-même.

49. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Seulement, pour l’historien comme pour l’auteur comique, ces choses se trouvent dans ses œuvres sans qu’il les cherche : elles sont inhérentes à son sujet ; il les rencontre involontairement, et dans la matière qu’il traite et dans sa manière de la traiter, et pour tout résumer par un mot de Molière, il fait de la morale comme M.

50. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

On aurait pourtant mieux fait de ne pas traiter l’unité de lieu avec une rigueur si scrupuleuse, et de permettre aux personnages de passer d’une chambre dans une autre, ou même dans différentes maisons de la même ville. […] Il a conservé bien moins de réputation que Regnard, et La Harpe le traite avec fort peu de considération. […] Au lieu de traiter avec une fantaisie libre les fables de la mythologie, ou des sujets pris dans les pastorales et les romans de chevalerie, on s’est attaché à l’histoire, on s’est piqué d’adopter la coupe, de la tragédie, et au moyen de ce sérieux assommant et de cette régularité pédante, on a si bien fait que l’ennui règne à l’opéra avec son sceptre de plomb. […] C’est sans doute à cause des instructions d’utilité journalière (que Diderot donne une prééminence si peu méritée au drame sentimental et à la tragédie bourgeoise, deux genres qui toutefois sont dignes de quelque estime, et que l’on peut même traiter d’une manière vraiment poétique, quoiqu’on ne l’ait guère fait jusqu’ici.

51. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Au lieu d’élever de vains griefs contre le cœur ou la raison de Molière, admirons donc la perfection morale d’un art toujours soucieux, ici comme ailleurs, de traiter les personnages suivant leurs œuvres. […] C’était donc se défendre contre ceux qui le traitaient d’impie. […] Mais il jugea plutôt, et, selon nous, avec raison, que la nature de son sujet, et la façon dont il entendait le traiter, s’accommoderaient mal de la rime et de ses entraves ; car il y a des plaisanteries de prose et des plaisanteries de vers. […] Dans leur engouement pour la science, les femmes restent femmes : elles suivent la mode ; c’est un caprice de vanité ; elles traitent l’étude comme une parure. […] About, qu’on traite un cerveau féminin, comme le mandarin les pieds de sa Chinoise. » 183.

52. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Il tance Dangeau pour cette note écrite négligemment sur son journal : « Le bonhomme Corneille est mort. » Il se récrie comme il faut contre cette insulte et ce « blasphème. » Voilà qui va bien ; mais, de grâce, messieurs les sociétaires, est-ce que vous-mêmes, aujourd’hui, ne traitez pas Corneille un peu trop en « bonhomme ?  […] L’an dernier, rien pour Regnard, ce qui s’appelle rien, et déjà cette façon de le traiter devenait une tradition.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Celio entre d’un air respectueux ; Arlequin le traite de voleur en reconnoissant son habit.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

« La Cour ne traita pas avec sévérité un ouvrage fait pour la divertir.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Soit que Moliere ait arrangé ses fables d’après les caracteres qu’il avoit dessein de traiter, soit qu’il ait décidé le choix des caracteres d’après les plans que la Cour lui prescrivoit quelquefois, nous voyons qu’il a tiré le plus grand parti de ses divers caracteres.

56. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

On faisait tomber les ridicules, mais on les immolait au vice, et l’honnêteté des femmes était traitée d’hypocrisie, comme si le désordre eut été une règle sans exception.

57. (1900) Molière pp. -283

Savez-vous comment La Harpe, dont le jugement est très sain en général, traite Le Malade imaginaire ? […] Il veut traiter le mariage avec mépris, comme il traite son père lui-même avec une contemption odieuse de la nature, lorsqu’il lui reproche de ne pas mourir assez vite pour le faire son héritier. […] Prudhomme révolutionnaire, un Gorgibus démocrate ; vous pouvez le voir à la façon dont il traite de l’éducation et de la vie des femmes, dans cette Lettre à d’Alembert. […] Il sera curieux de voir comment on envisageait alors et comment on traitait le mariage, le pouvoir paternel, l’obéissance filiale, tout ce qui constitue la famille. […] Le dialogue, cette forme qui permet à l’écrivain de se faire poète en mettant des personnages en action, avait séduit Weiss dès le collège : la Sorbonne garde encore le souvenir d’une composition au Concours général de philosophie traitée en dialogue, à l’instar des « dialogues de Platon ».

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

C’est contre mon humeur que j’ai fait tout ceci ; Mais on m’a mise au point de vous traiter ainsi. […] Nous rapporterons dans un des Chapitres qui traiteront de l’Imitation, les vers que je retranche ici.

59. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Nous pouvons parler librement de Corneille, et nous pouvons traiter Racine avec une franchise qui va souvent jusqu’à l’impertinence. […] Son père se remaria ; mais rien ne nous autorise à croire que sous la férule d’une belle-mère, l’enfance de Molière ait été si malheureuse et si durement traitée qu’il en ait gardé dans le cœur une impérissable rancune, et que, quarante ans plus tard, ce soit la seconde femme du maître tapissier, Catherine Fleurette, qu’il ait représentée sous les traits odieux de la Béline du Malade imaginaire. […] Et non seulement les classiques n’hésiteront pas à reprendre un sujet traité avant eux, mais ils le traiteront justement parce qu’il l’a été, mal selon eux, en ce sens que l’on n’en a pas tiré tout ce qu’il contenait de puissance tragique ou comique. […] Du côté de ceux qui suivent la nature, du côté de ceux-là sont aussi la vérité, le lion sens, l’honnêteté, la vertu ; et de l’autre côté le ridicule, et la prétention, et la sottise, et l’hypocrisie, c’est-à-dire du côté de ceux qui se défient de la nature, qui la traitent en ennemie, et dont la morale est de nous enseigner à la combattre pour en triompher. […] On ne dira donc pas à l’homme d’essayer de s’en distinguer, mais au contraire de s’y conformer, d’en user avec elle comme les membres avec l’estomac, de se bien souvenir qu’étant en elle il ne vit que par elle, et de ne jamais enfin la traiter en puissance ennemie.

60. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Enfin, il porta les choses au point de la traiter de la dernière des créatures, et de vouloir lui arracher le collier qu’il disait lui avoir donné. […] De Villiers66, Comédien, la traita pour le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne*. […] La Pièce fut trouvée excellente ; et lorsqu’elle fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui qui aurait pu s’en fâcher, une partie des Scènes que Molière avait traitées dans sa Pièce lui étant arrivées. […] La Grange-Chancel 143 avait souvent entendu dire à Racine, que le sujet d’Orphée était le plus susceptible de tout ce qui peut former un grand Spectacle ; en conséquence il traita ce sujet pour le mariage de Louis XV. […] Il traite : « I.

61. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Celui qui traite des autographes de Molière a eu l’heureuse fortune que je lui souhaitais : il y a maintenant une commission où l’on compte des érudits et des paléographes distingués, et qui doit, comme je l’avais demandé, soumettre à un examen ? […] Je me suis vu conduit et comme contraint à y revenir par le retentissement de deux études récentes, où elles sont traitées avec talent et où mon opinion à leur endroit est prise à parti par des raisons à mon avis peu solides, et qu’il m’a semblé utile d’examiner. […] On peut tirer h vue sur lui sans crainte de voir protester la traite. […] Au fond, je ne suis pas mieux traitée que ton frère et ta sœur, à chacun desquels tu laisses seulement 400 livres de rente viagère ! […] Les intrigantes dont il avait été dupe furent plus durement traitées.

62. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Ils font ensuite preuve d’érudition en citant le passage des Mémoires, sans s’embarrasser du peu de rapport qui existe entre l’honnête bourgeois des Précieuses et un homme que le cardinal traite de filou fieffé. […] Molière le traita cavalièrement sur le sujet de sa lettre, en lui donnant de bonnes raisons pour souhaiter qu’il ne se fût point avisé de défendre sa pièce. […] La pièce fut trouvée excellente ; et lorsqu’elle fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui dont je viens de parler, et qui pourtant aurait pu s’en fâcher, une partie des scènes que Molière avait traitées dans sa pièce étant arrivées à cette personne. […] Ainsi, ce n’est pas toujours le mérite d’une pièce qui la fait réussir ; un acteur que l’on aime à voir, une situation, une scène heureusement traitée, un travestissement, des pensées piquantes, peuvent entraîner au spectacle, sans que la pièce soit bonne. […] Le libelliste Rochemont avait appelé la colère du roi sur cet ouvrage ; intéressant la religion dans cette querelle, il réclamait les plus terribles punitions contre l’auteur, qu’il traitait d’impie.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Eraste prétend le reconnoître, l’engage à venir chez lui ; & feignant de parler à son maître-d’hôtel, afin qu’on traite bien son hôte, il le recommande aux Médecins, auxquels il persuade qu’il leur donne un fou à guérir.

64. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Le droit de refuser le respect à ce qui est méprisable ne donne pas celui de traiter avec mépris ce qui est digne de respect.

65. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

On se rappelle la situation ; dans une de ces ravissantes scènes de dépit amoureux, souvent reprises par le poète et toujours traitées avec le même bonheur, Cléonte s’excite à la colère contre Lucile : « Donne la main à mon dépit, dit-il à son valet Covielle, et soutiens ma résolution contre tous les restes d’amour qui me pourroient parler pour elle. […] En vain, sa famille, celle de Molière, leurs amis communs essaient de l’apaiser : « Elle conçut dès lors une aversion terrible pour son mari, elle le traita avec le dernier mépris ; enfin, elle porta les choses à une telle extrémité que Molière, commençant à s’apercevoir de ses méchantes inclinations, consentit à la rupture qu’elle demandoit incessamment depuis leur querelle ; si bien que, sous arrêt du parlement, ils demeurèrent d’accord qu’ils n’auroient plus d’habitude ensemble. » Il y eut donc non pas séparation judiciaire, comme l’a cru Tralage, mais séparation à l’amiable. […] L’un d’eux, selon Grimarest, lui en faisait un jour le reproche, et, comme de raison, traitait fort mal Mlle de Brie ; elle n’avait, disait-il, ni vertu, ni esprit, ni beauté. […] Il est impossible de transcrire au long le passage qui la concerne ; quelques lignes feront juger du reste : « La Molière, disait-il, est infâme de droit et de fait, » c’est-à-dire par sa profession et son inconduite ; « avant que d’être mariée, elle a toujours vécu dans une prostitution universelle ; pendant qu’elle a été mariée, elle a toujours vécu dans un adultère public ; enfin, qui dit La Molière dit la plus infâme de toutes les infâmes. » L’exagération même de ces injures leur enlève jusqu’à l’apparence du sérieux, d’autant plus que Guichard traite avec la même violence de calomnies sans preuves tous ceux dont il redoute le témoignage.

66. (1802) Études sur Molière pp. -355

Mais nous la traiterons plus favorablement, n’eût-elle que le mérite de verser à grands flots le ridicule sur le pédantisme de la fausse philosophie, et sur le jargon vide de sens qui régnait dans nos écoles. […] La moralité. — Mercier ne l’a sans doute pas saisie, puisque, d’après lui, l’athée est encore un sujet à traiter, etc. […] Ne pourrait-on pas leur demander pourquoi ils ne traitent pas avec les mêmes égards les Alceste, les Clitandre, etc. ? […] Le prétendu malade se fâche, le docteur s’opiniâtre à vouloir le guérir, et le fait porter chez lui, pour le traiter plus commodément. […] Après lui, Bellecour, qui jamais n’avait su traiter sérieusement l’amour, fit de Cléonte un amant plus galant que sensible ; mais comme il était beau dans la cérémonie turque !

67. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

« La femme la plus aventurée, dit Beaumarchais, sent en elle une voix qui lui dit: Sois considérée, il le faut. » Les hommes les plus dégradés par leurs passions ne sentent pas moins ce besoin de considération, et le plus âpre Harpagon de la terre se récrierait si vous le traitiez d’avare. […] De traiter ces messieurs j’aurais eu la manie. […] La scène ou Bertrand désigne à la reine, pour le chef de la conspiration, le sot Burkenstaff ; celle où il obtient du ministre Falkenskied le brevet d’officier du jeune Éric; la scène du conseil; celle qui termine le quatrième acte, entre Bertrand et Koller, sont traitées d’une façon supérieure et digne des maîtres. […] On peut donc supposer que si Molière eût été maître de traiter son sujet entièrement à sa guise, il eût laissé d’abord quelque incertitude sur son personnage : on aurait vu Tartuffe agir dès les premiers actes, et dévoiler peu à peu son odieux caractère. […] Puis à Tartuffe, lorsqu’il est démasqué : C’est contre mon humeur que j’ai fait tout ceci ; Mais on m’a mise au point de vous traiter ainsi.

68. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

On doit donc généralement parlant demeurer d’accord, que Moliere avoit le droit d’enrichir de nouveaux termes les matieres du Théatre où il avoit acquis une si grande réputation : mais ce que l’on peut prétendre c’est qu’il abusoit de son droit ; car il faut se souvenir que ces sortes de matieres ne font point sentir à ceux qui les traitent la pauvreté d’une Langue, autant que la sentent les Ecrivains des matieres dogmatiques. […] Arnauld20, qu’on ressent plus le manquement qu’a nostre langue de certains mots, quand on traite des matieres de science, que quand on parle ou qu’on écrit des choses communes de la vie civile.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Il faut aussi que dans ce court espace nous ayons fait connoissance avec tous les personnages, ou que du moins nous soyons préparés à leur caractere, à leur humeur, &c. disons mieux, toutes ces parties sont autant d’expositions qui doivent être englobées dans l’exposition générale, & qu’il est pourtant bon de traiter séparément. […] Nous nous étendrons plus au long sur ce défaut, quand nous traiterons des pieces à caractere.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Son esclave Parmenon lui peint l’affront que sa concubine lui a fait en lui fermant la porte au nez, pour mieux traiter le Capitaine. […] Les Auteurs qui voudroient introduire sur notre théâtre toutes les indécences & les impertinences possibles, & qui pensent les excuser en disant qu’elles sont dans la nature, n’ont qu’à mettre en action les abominations dont nous venons de parler, & qu’on traite de gentillesses dans le monde : ils seront peut-être approuvés par quelques personnes sans goût, sans délicatesse, sans mœurs ; mais les connoisseurs & les ames honnêtes les siffleront à coup sûr.

71. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

On verrait quel artifice particulier a présidé à chacun de ses Ouvrages ; avec quelle hardiesse il élève dans les premières Scènes son Comique au plus haut degré, et présente au spectateur un vaste lointain, comme dans L’École des femmes ; comment il se contente quelquefois d’une intrigue simple, afin de ne laisser paraître que les caractères, comme dans Le Misanthrope ; avec quelle adresse il prend son Comique dans les rôles accessoires, ne pouvant le faire naître du rôle principal, c’est l’artifice du Tartuffe ; avec quel art un seul personnage, presque détaché de la Scène, mais animant tout le tableau, forme par un contraste piquant les groupes inimitables du Misanthrope et des Femmes savantes ; avec quelle différence il traite le Comique noble et le Comique bourgeois, et le parti qu’il tire de leur mélange dans Le Bourgeois Gentilhomme ; dans quel moment il offre ses personnages au spectateur, nous montrant Harpagon dans le plus beau moment de sa vie, le jour qu’il marie ses enfants, qu’il se marie lui-même, le jour qu’il donne à dîner. […] Se plaint-on d’un Médecin qui sépare les maladies compliquées, et les traite l’une après l’autre ?

72. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

et Molière assurément sera dans son droit lorsqu’il traitera avec un profond mépris les Bavius et les Mévius de son temps. […] C’est le fameux sujet du convié de Pierre, il Combidado de Piedra, que tous les théâtres de l’époque s’empressèrent de traiter en même temps. […] Molière ne tarda pas à châtier l’audace de ce nom qui prétendait se glisser dans sa comédie ; il le traita du haut en bas ! […] Tantôt il se faisait grand seigneur, et sous le nom d’Alceste, il traitait les marquis du haut en bas ; tantôt sous la forme grossière de M. […] sur ce pied-là, il faut que vous soyez plus bel esprit qu’un autre, car il paraît qu’elle vous traite plus mal que pas un.

73. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Elle est trop délicatement traitée ; mais je puis assurer que tout le monde a remarqué qu’elle était bien écrite, et que les personnes d’esprit en ont bien su connaître les finesses. […] « Toute cette pièce est traitée de la même sorte que le sieur Molière a de coutume de faire ses autres pièces de théâtre, c’est-à-dire qu’il y représente avec des couleurs si naturelles le caractère des personnes qu’il introduit, qu’il ne se peut rien voir de plus ressemblant que ce qu’il a fait, pour montrer la peine et les chagrins où se trouvent souvent ceux qui s’allient au-dessus de leur condition ; et quand il dépeint l’humeur et la manière de faire de certains nobles campagnards, il ne forme point de traits qui n’expriment parfaitement leur véritable image. […] La pièce fut trouvée excellente, et lorsqu’elle fut jouée, personne ne la faisait mieux valoir que celui dont je viens de parler, et qui pourtant aurait pu s’en fâcher, une partie des scènes que Molière avait traitées dans sa pièce étant arrivées à cette personne. […] « Si l’on prend la peine d’examiner de bonne foi ma comédie, on verra sans doute que mes intentions y sont partout innocentes, et qu’elle ne tend nullement à jouer les choses que l’on doit révérer ; que je l’ai traitée avec toutes les précautions que demandait la délicatesse de la matière ; et que j’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible, pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot. […] Mais après un certain nombre de représentations, le monde comprit que la manière de traiter la comédie en philosophe moral était la meilleure, et laissant parler contre Le Misanthrope les poètes jaloux, toujours aussi peu croyables sur les ouvrages de leurs concurrents que les femmes sur le mérite de leurs rivales en beauté, il en est venu avec un peu de temps à l’admirer.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Si l’un des caracteres est subordonné à l’autre, le titre ne doit annoncer que le caractere dominant : si au contraire les deux caracteres sont de la même force, s’ils partagent également l’intérêt, la curiosité, s’ils concourent également à l’intrigue, au dénouement, c’est un défaut essentiel dans la piece, comme nous le remarquerons quand il sera question de l’art de traiter les caracteres ; & l’Auteur ne le corrige pas en l’avouant.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Me traiter de cette maniere !

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Ce qu’il contient paroît n’être dû qu’au hasard : Il semble ne traiter que d’intérêts, d’affaires.

77. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je ne veux pourtant pas en sortir encore ; trop de charmes m’y attachent, et à ma faiblesse, je sens que je ferais des efforts inutiles, on vous a dit vrai, si l’on vous a peint mon directeur comme un homme rigide ; mais vous ne devriez pas vous le figurer ridicule, Il ne défend point les plaisirs innocents ; mais il ne permet pas de traiter d’innocents ceux qui sont criminels.

78. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Il avait un certain goût pour le faste et pouvait amplement le satisfaire ; il était somptueusement meublé, somptueusement servi ; il traitait, prêtait, donnait en grand seigneur. […] » Il ne veut pas nier qu’il n’y ait eu « des Pères de l’Église qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas nier aussi qu’il n’y en ait eu quelques-uns qui l’ont traitée un peu plus doucement et l’autorité de la censure est détruite par ce partage. […] En plein règne de Louis le Grand, son époque si glorieuse et si admirée fut traitée de lie des siècles. […] Voyons en premier lieu ce qui traite du profit que l’impiété prétend tirer de l’hypocrisie. […] Serez-vous bien reçus ou bien recevables à dire que vous n’avez pu consentir que l’on vous traitât d’hypocrites, et que cela seul vous a empêchés de rien entreprendre ni de rien exécuter pour Dieu ? 

79. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il en est ainsi dans tous les temps : les médiocrités, pour se venger du talent qui les accable, prennent toujours le masque de la passion dominante ; plus tard elles eussent dénoncé Molière comme janséniste ; aujourd’hui elles le traiteraient de séditieux ou de révolutionnaire. […] Quelques écrivains, et entre autres Grimarest, auteur d’une Vie de Molière que Voltaire traite avec raison de fabuleuse, ont prétendu que Molière avait été presque entièrement découragé par les persécutions auxquelles l’avait exposé le Tartuffe ; qu’il en avait conçu un profond chagrin, et qu’on lui avait entendu dire au sujet de cette pièce : « Je me suis repenti plusieurs fois de l’avoir faite. »Rien ne paraît moins vraisemblable, rien n’annonce que Molière ait songé un seul instant à abandonner le terrain à ses ennemis ; on l’a vu au contraire ne perdant jamais de vue son œuvre de prédilection, faisant jouer tous les ressorts de son esprit, et traitant pour ainsi dire de la représentation du Tartuffe avec tout l’art et toute la dextérité du négociateur le plus habile. […] Il ne brille certainement point par la chasteté du sujet ; et le dialogue, s’il est un modèle de style, n’est pas toujours un modèle de décence : cependant les mêmes hommes qui traitaient Molière d’empoisonneur public, et qui demandaient des bûchers pour l’auteur de Don Juan et du Tartuffe, applaudirent sans réserve à la comédie d’Amphitryon. […] Remettez-vous, monsieur, d’une alarme si chaude Ils sont passés ces jours d’injustice et de fraude, Où, doublement perfide, un calomniateur Ravissait à la fois et la vie et l’honneur ; Celui-ci, ne pouvant, au gré de son envie, Prouver que votre ami trahissait la patrie, Et vous traiter vous-même en criminel d’état, S’est fait connaître à fond pour un franc scélérat : Le monstre veut vous perdre ; et sa coupable audace Sous le glaive des lois l’enchaîne à votre place.

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