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23. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Les Anciens appelloient catastrophe, ce que nous nommons dénouement. […] Moliere a, sans contre-dit, quelques dénouements défectueux ; mais j’ose soutenir que dans cette partie même, il est infiniment au-dessus des Anciens. […] Les Anciens ne connoissoient que trois especes de dénouements. […] Outre les trois manieres des Anciens, que Moliere a corrigées, s’il ne les a pas perfectionnées, il en a plusieurs autres que nos Modernes ont tâché en vain d’imiter.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Le mouvement était donné à l’esprit social ; la conversation était devenue le besoin général ; il fallait à tout prix le satisfaire ; ce besoin remontait à des causes plus anciennes et plus puissantes que l’hôtel de Rambouillet, qui, lui-même, leur dut son origine et ses progrès, et il ne fit qu’en favoriser le développement et l’éclat. […] Il ne restait en hommes, à madame de Rambouillet, que ses plus anciens amis, Chapelain, Cottin, Ménage, Vaugelas, Montausier quelquefois ; le comte de Grignan demeurait avec sa belle-mère, mais homme du monde fort dissipé, il n’était nulle part plus rarement que chez elle. […] Les anciens recueils ne commencent même qu’à 1661. […] Le savant Huet, évêque d’Avranches, fut aussi de sa société habituelle ; mais l’ami le plus ancien et le plus intime fut le duc de La Rochefoucauld.

25. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Lysidas soutenait que la bonté d’une comédie consiste dans sa conformité à certaines règles posées par les anciens. […] Lysidas ne prétend donc plus que la bonté d’une comédie consiste dans sa conformité aux règles posées par les anciens. […] Semblable à ces déesses des anciennes épopées qui apparaissaient aux mortels, elle enchante nos yeux, subjugue nos cœurs ; mais, si nous voulons la saisir, nous embrassons une nuée. […] Lysidas me fait une nécessité de mettre mes idées anciennes en langage nouveau, non parce qu’il écrit plus mal ou parle moins, simplement qu’autrefois, mais parce qu’il pense avec beaucoup plus de profondeur. […] On vante avec raison les ouvrages des anciens comme des modèles ; les auteurs en sont appelés classiques et forment, parmi les écrivains, comme une noblesse dont les exemples sont des lois pour peuple.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

On a beau dire que les Anciens étoient les Anciens, que leurs regles étoient bonnes pour eux : la raison ne vieillit pas : ses loix ne perdent jamais de leur force : il est du dernier ridicule de vouloir faire passer avec quelque ombre de vraisemblance sous les yeux des spectateurs assemblés pendant trois heures seulement, ce qui pourroit s’exécuter à peine dans plusieurs années. […] C’est assez parler de ce que les Anciens entendoient par unité d’action, parlons à présent de ce que nous entendons par-là nous-mêmes. […] Si les Anciens nous avoient donné cette regle, sans l’accompagner d’un exemple, personne, peut-être, ne l’auroit encore suivie ; mais l’Avare de Moliere nous démontre qu’elle est praticable.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. De ce que nous entendons par caractere. » pp. 259-260

« Les anciens employoient un seul & même terme pour exprimer ce que nous entendons par mœurs & caracteres ; c’est de quoi on peut se convaincre en lisant les poétiques d’Aristote & d’Horace, & même les caracteres de Théophraste : en effet, bien que ce traité porte dans la langue originale le titre de caracteres, l’Auteur n’a point employé ce terme dans l’ouvrage même ; il se sert d’un mot qui semble mieux répondre à celui de mœurs en françois ». « Ce n’est pas que les anciens aient confondu ces deux idées ; on ne sauroit se persuader au contraire qu’ils ne les aient pas distinguées : mais on peut du moins avancer, à la gloire des modernes, qu’ils ont mieux profité de cette distinction ; cependant c’est un des préceptes d’Aristote qui m’a fait sentir la raison qu’ils ont eue de l’établir ».

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Un prologue précédoit toujours les pieces monstrueuses de nos anciens poëtes. […] Les Anciens, comme je l’ai déja dit, demandoient dans tous leurs prologues l’attention du Public. […] Les Anciens, & quelques Modernes d’après eux, racontent presque toujours l’avant-scene au spectateur, dans un prologue. […] Se peut-il que dans un temps aussi éclairé que celui qui a succédé à Moliere, les Modernes aient poussé plus loin que les Anciens, la folle manie de faire des prologues ? […] J’y renvoie le Lecteur pour passer à des prologues plus vicieux & plus mal-adroits encore que tous ceux que j’ai cités chez les Anciens & chez les Modernes.

29. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Dans cette crise, les mœurs et les manières anciennes contrastaient avec les lumières nouvelles ; et le caractère national, formé par des siècles de barbarie, cessait de s’assortir, avec l’esprit nouveau qui se répandait de jour en jour. […] Le mélange ridicule de l’ancienne barbarie et du faux bel esprit moderne avait produit le jargon des Précieuses. […] Le Comique ancien naissait d’un tissu d’événements romanesques, qui semblaient produits par le hasard, comme le Tragique naissait d’une fatalité aveugle. […] Molière à son exemple renversa l’ancien système, et tirant le Comique du fond des caractères, il mit sur la Scène la morale en action, et devint le plus aimable Précepteur de l’humanité qu’on eût vu depuis Socrate. […] Ramené dans la sphère où les Anciens avaient été resserrés, il les vainquit sur leur propre terrain.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Dans la continuelle fluctuation d’idées et de sentiments à laquelle madame de Maintenon était condamnée depuis deux années ou environ, il n’est pas étonnant qu’elle ait donné lieu plusieurs fois au renouvellement des plaintes que madame de Coulanges faisait au mois de septembre 1675 pour la première fois, sur le changement de son amie à son égard, et à l’application de l’ancien adage, que les honneurs changent les mœurs 124. […] Mes compliments à nos anciens amis. Madame de Coulanges et moi nous célébrâmes hier votre santé à Maintenon, et n’oubliâmes pas la chambre des élus. » Plus tard, en 1678 et 1679, l’intimité s’étant établie entre le roi et madame de Maintenon, les relations qu’elle avait conservées avec les personnes de son ancienne société, en souffrirent réellement et durablement.

31. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Le goût des anciens et le goût des modernes était le même au fond. […] Sans parler des littératures anciennes et étrangères qui sont devenues moins absurdes à leurs yeux, ils ont fait des progrès dans l’intelligence de Igor propre littérature. […] La forme de l’Iphigénie devait-elle être, pour la satisfaction des hellénisants comme mon ancien ami Vadius, plus grecque que Racine ne l’a faite ? […] Dictionnaire philosophique ; article Anciens et Modernes. […] Dictionnaire philosophique ; article Anciens et Modernes.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

À Lyon, d’abord, où il y avait une nombreuse et opulente colonie italienne, les comédiens d’Italie étaient accourus d’ancienne date ; tous les historiens décrivent notamment la magnifique représentation de La Calandra, qui eut lieu devant Henri II et Catherine de Médicis, en 1548. […] Liste des canevas de Dominique analys2s par Gueulette dans l’Histoire de l’ancien théâtre italien, et appartenant à la période antérieure à 1668 : 1. […] Un certain nombre d’autres pièces sont indiquées par Louis Riccoboni, dans la liste qu’il a placée en tête du Nouveau Théâtre italien, comme étant « très anciennes ». […] Voici un trait de lui qui n’est que plaisant et spirituel : il appartient à la période de 1683 à 1697, où Mezzetin jouait à Paris ; il est ainsi raconté dans l’Histoire de l’ancien Théâtre italien : « Mezzetin avait dédié une pièce à M. le duc de Saint-Aignan, qui payait généreusement les dédicaces.

33. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Si, au point de vue seulement du sujet qui nous occupe, nous nous demandons ce qu’était la philosophie ancienne, nous la voyons se résumer pour nous dans un mot : l’École, et se personnifier dans un nom : Aristote. […] Mais alors ce qui était impardonnable, ce qui était digne de tous les supplices, ce qui, enfin, méritait la malédiction des hommes et du ciel, c’était de ne pas partager ce qui faisait la vie même de l’école, son amour, sa passion pour les anciens. […] (17) Mais si fidèle représentant des anciens que fut Gui Patin, il eut un mal… Molière. […] Quant à ceux qui oseraient écouter une raison, et pousseraient la folie jusqu’au point de ne pas jurer par les anciens, un édit royal de 1624 les condamne au bannissement perpétuel. […] A personne ou à tout le monde, serait-il facile de répondre ; et l’on pourrait invoquer ici l’unité de la philosophie nouvelle en face de sa rivale, faire voir Bacon, Gassendi, Descartes, au milieu de leurs doutes et de leurs affirmations contradictoires, d’accord pour résister aux anciens, et montrer enfin tout le mouvement philosophique du grand siècle venant aboutir à cette pensée, ou plutôt à cet effort commun : affranchir la science et l’esprit de toute autorité extérieure.

34. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

On devrait d’autant plus le rejeter que chez les anciens eux-mêmes, il n’était déjà qu’un inconvénient résultant.de la construction de leurs théâtres. […] La plus ancienne de ces pièces, L’École des femmes, me parait aussi la meilleure. […] Ces pièces, où les scènes se succèdent accidentellement, peuvent avoir du rapport avec les mimes des anciens. […] Il peut souvent y avoir un trait d’esprit jusque dans le choix d’un air, ou dans une allusion à ses anciennes paroles. […] Il en résulte que les essais d’idées nouvelles, ou de mélanges inusités des anciens éléments, sont abandonnés aux théâtres inférieurs.

35. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Le respect de l’antiquité doit être grand ; mais je suis autorisé par les Anciens contre les Anciens mêmes.

36. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Molière s’est approprié tout ce qui, dans les comiques anciens et modernes, étrangers et nationaux, lui a paru digne d’être mis en œuvre par son génie. […] Les anciens, qui ont excellé dans les expositions tragiques, ont mis peu d’art dans celles des comédies. […] Les anciens Romains voulaient qu’un gladiateur mourût avec grâce, et ils ne l’applaudissaient qu’à ce prix. […] Il était resté fidèle à ses anciens attachements, à ses liaisons de collège. […] Ce passage est tiré d’un ouvrage de l’abbé de Châteauneuf, intitulé Dialogue sur la Musique des Anciens, in-12, Paris, 1725.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII.*. M. PIRON. » pp. 277-287

Quoi qu’il en soit, il est essentiel pour mon ouvrage, que des imitations les plus anciennes je passe aux plus modernes ; l’honnêteté la plus scrupuleuse dirigera ma plume. […] On retrancha le nombre de ses domestiques ; ceux qui lui resterent, le mépriserent ; sa table fut servie par la frugalité elle-même : ses gendres & ses filles se mirent de niveau avec lui, enfin le placerent au-dessous d’eux, & le regarderent comme un ancien domestique à charge, qui ne tenoit à leur cœur que par un petit filet de bienséance, si mince, si délié, qu’on admiroit à tout moment qu’il ne se rompît point. […] Ils lui jurent tous fidélité, amour, vénération ; ils auroient promis, s’il eût voulu, qu’ils l’adoreroient : les anciens sentiments qui avoient déserté leur cœur, revinrent ; je juge toujours par les apparences.

38. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Il s’agit de cent cinquante vers macaroniques qui se rencontrent en plus dans une ancienne édition, probablement unique, de la cérémonie du Malade imaginaire. […] Le dernier couplet qu’un chirurgien prononce dans l’ancien texte est attribué, dans le nouveau, à un apothicaire, et il est beaucoup plus détaillé : Puisse toti anni Lui essere boni, Et favorabiles, Et n’habere jamais Entre ses mains pestas, epidemias, Quæ sunt malas bestias, Mais semper pluresias, pulmonias, In renibus et vessia pierras, Rheumatismos d’un anno et omnis generis fievras, Fluxus de sanguine, Guttas diabolicas, Mala de sancto Joanne, Poitevinorum col ica s, Scorbutum de Hollandia....... […] L’ancien texte porte : Trovas à propos facere, qui vaut beaucoup mieux ; mais cette élégance macaronique se retrouve plus loin dans le nouveau texte.

39. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

On la divise en ancienne, moyenne, & nouvelle, moins par ses âges que par les différentes modifications qu’on y observa successivement dans la peinture des mœurs. D’abord on osa mettre sur le théatre d’Athenes des satyres en action, c’est-à-dire des personnages connus & nommés, dont on imitoit les ridicules & les vices : telle fut la comédie ancienne. […] ) La comédie des anciens prit différens noms, relativement à différentes circonstances dont nous allons faire mention. […] Dans ses comédies d’intrigues il y a une souplesse, une flexibilité, une fécondité de génie, dont peu d’anciens lui ont donné l’exemple. […] Ce sont par exemple des personnes qui ont lu beaucoup de livres anciens & nouveaux, où ils n’ont point trouvé la vérité.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Elles lui vinrent, par une chaîne ininterrompue, des plus anciennes productions de notre langue ; elles arrivèrent jusqu’à lui en droite ligne par les fabliaux, par les conteurs du quinzième et du seizième siècle, par Rabelais, Montaigne, Régnier. […] Or les Mystères et les Moralités étaient de vastes compositions entre lesquelles la Farce fluette ne se faisait qu’une toute petite place : pour quelques scènes de Maître Pathelin, combien de lourdes Moralités comme celle des Blasphémateurs du saint nom de Dieu, ou d’immenses Mystères comme ceux de l’Ancien et du Nouveau Testament !

41. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

C’était un reste du goût dépravé qui avait régné depuis la renaissance des lettres, et de cette mode ancienne d’avoir dans les cours ce qu’on nommait le fou du prince. […] Les anciens et les modernes t’ont-ils fourni beaucoup? […] Le principal rôle est un Sganarelle, nom qui désignait, dans les anciennes farces, un personnage imbécile ou grotesque. […] C’est dans Plaute et Térence, qui copiaient les Grecs, qu’existe le modèle de ces sortes de personnages, bien plus vraisemblables chez les anciens que parmi nous : c’étaient des esclaves, et, en cette qualité, ils étaient obligés de tout risquer pour servir leurs maîtres. […] Quoi qu’il en soit, ce Cotin était un homme très-savant, qui d’abord n’eut d’autre tort que de vouloir être orateur et poète à force de lectures, et de croire qu’il suffisait d’entendre les anciens pour les imiter : c’est ce qui nous valut de lui de fort mauvais ouvrages.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Les Anciens appelloient acte la partie d’un drame qu’ils renfermoient entre deux chœurs. […] Le premier acte du Misanthrope n’a que trois scenes, le cinquieme en a onze ; voilà donc deux actes qui, selon le calcul des Anciens, & de quelques Modernes, ne valent rien. […] M. l’Abbé d’Aubignac dit que cette regle des Anciens devroit être réguliérement observée, mais pour une autre raison qui ne vaut guere mieux que la premiere.

43. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Il étudia le génie des Grands, les fit rire de leurs défauts, et osa substituer nos Marquis aux Esclaves des Anciens. […] En un mot, il imitait la sagesse de certains Législateurs, qui, pour accréditer de bonnes lois, se soumettent eux-mêmes à d’anciens abus. […] Avec une plus grande connaissance de notre ancien Théâtre, M. […] Roze soutenait, en chantant les paroles Latines, que Molière les avait traduites en François d’une ancienne épigramme. […] Il étudia le génie des Grands, les fit rire de leurs défauts, et osa substituer nos Marquis aux Esclaves des Anciens.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Nos Anciens prenoient la liberté de rompre l’illusion théâtrale, pour donner de bons conseils au spectateur. […] Je sais bien que les Anciens n’y manquoient jamais.

45. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Bien des gens assûrent que ses Comedies surpassent ou égalent (B) tout ce que l’ancienne Grece & l’ancienne Rome ont eu de plus beau en ce genre-là . […] (B) Surpassent ou égalent tout ce que l’ancienne Grece.

46. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Cet homme-là est inimitable, disait le même duc de *** ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait, que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui. […] Ils avaient, les uns et les autres, cet avantage sur les acquéreurs légitimes, qu’ils se procuraient pour peu de chose, ou pour rien, une noblesse ancienne, au lieu d’une noblesse toute neuve qu’il leur eût fallu payer cher. […] Cette fable est aussi très ancienne, car on la trouve empreinte dans de nombreux monuments des arts de la Grèce, qui appartiennent à l’âge reculé de leur plus grande perfection. […] Tirée presque entièrement du Phormion, la pièce se sent de son origine : elle peint des personnes et des mœurs plus anciennes que modernes. […] C’est dans le royaume de Naples aussi que, suivant une ancienne tradition, peu démentie par l’état de choses actuel, se trouvent le plus de ces hommes d’intrigue et d’exécution, qui, pour le moindre salaire, sont capables de tout, même d’une bonne action ; et voilà encore pourquoi Molière, attentif aux mœurs et au costume dans les pièces mêmes où il semble les avoir le moins observés, a fait de Scapin et de Sbrigani deux Napolitains.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Nos anciens poëtes remplissoient leurs entr’actes, de chants, de danses & de plusieurs divertissements ; mais les bons Auteurs, comme Moliere, les ont réservés pour les comédies-ballets. A ces intermedes nous avons, pendant long-temps, fait succéder tout uniment quelques violons, pour délasser le spectateur sans le distraire ; & nous paroissions vouloir nous en tenir là, lorsqu’un Auteur, entraîné par le desir de créer & de franchir la barriere ordinaire, a imaginé de remplacer les chœurs des anciens & les intermedes de nos peres, par la pantomime. […] Dans les chœurs des Anciens, un peuple assemblé, & respectable par conséquent, invoquoit les Dieux pour un héros, retraçoit ses malheurs au spectateur, ou faisoit envisager ceux qui le menaçoient encore.

48. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Son valet parait plus étourdi que lui, puisqu’il n’a presque jamais l’attention de l’avertir de ce qu’il va faire. » Les anciens semblent n’avoir attaché aucune importance aux titres de pièces. […] Riccoboni prétend que Le Dépit amoureux est imité en partie d’un ancien canevas ou farce jouée à l’impromptu, qui a pour titre, Gli Sdegni amorosi.

49. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

les anciens et les modernes t’ont-ils fourni beaucoup? […] Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose.

50. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Il suspendit son travail entrepris sur les anciens vestiges. […] Nous avons vu, par exemple, de quelle proscription il les avait fait frapper en Languedoc, par le prince de Conti, leur ancien protecteur. […] Il était, en effet, lié d’amitié avec les plus anciens camarades de Molière, notamment avec le voyageur Bernier. […] Avec Henri IV, une ère nouvelle sembla commencer pour l’esprit français, et tout au profit de l’ancienne farce. […] Aussi, je le répète, il y eut alors une réaction évidente en faveur de l’ancien genre.

51. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

C’est en quoi consiste l’avantage qu’on lui donne sur tous les comiques modernes, sur ceux de l’ancienne Rome, et sur ceux même de la Grèce : de sorte que s’il se fût contenté de suivre les intentions de M. le cardinal de Richelieu, qui avait dessein de purifier la comédie, et de ne faire faire sur le théâtre que des leçons de vertus morales, comme on veut nous le persuader, nous n’aurions peut-être pas tant de précautions à prendre pour la lecture de ses ouvrages. […] Les anciens poètes, dit le P. 

52. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Je ne chasse personne ; et vous, et Marivaux, Et mes anciens amis et mes amis nouveaux Serez reçus chez moi sans nulle différence. […] Haute et puissante dame, illustre douairière De vos anciens amants et surtout de Molière, Ayant seule hérité, je ne sais trop pourquoi, Daignerez-vous enfin partager avec moi Ce domaine riant que vous laissez en friche ?

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Analysons un peu celles des Anciens & des Modernes ; réfléchissons sur leur beauté, sur leurs défauts : & pour mettre quelque ordre dans notre marche, divisons-les en trois classes ; savoir, les reconnoissances larmoyantes, les reconnoissances comiques, & les reconnoissances en récit. […] Les Anciens, qui sentoient vraisemblablement combien il étoit difficile de rendre une reconnoissance plaisante, & qui ne croyoient pas qu’il fût beau, grand, sublime, de filer de longues scenes larmoyantes pour forcer le public à pleurer à force de plaisir, faisoient passer presque toutes leurs reconnoissances derriere la toile ; ensuite un acteur venoit en instruire le spectateur. Un Auteur qui ne se sent pas la force de semer du comique dans une reconnoissance, ou qui ne le peut pas, vu la gravité des personnages qui doivent se reconnoître, fera beaucoup mieux, à l’imitation des Anciens, de faire leur reconnoissance derriere le théâtre, & de nous envoyer dire ensuite, par un personnage plaisant, que l’affaire est faite.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

En voilà suffisamment, je pense, pour prouver aux Auteurs du genre larmoyant que les Anciens faisoient des pieces dans lesquelles ils mettoient des situations attendrissantes, des actions généreuses, des exclamations pathétiques, des reconnoissances gauches. […] Les Anciens ont beau leur dire : « Messieurs, non contents de corrompre le goût, vous vous perdez vous-mêmes. […] Des Comédiens excellents, & qui auroient pu faire les délices de Paris en conservant leur ancienne maniere, auront le chagrin de se voir chassés par l’ingratitude d’un enfant adoptif, ou de partager sa chûte !

55. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Le Misanthrope fut joué dans les mois de juin et de juillet, c’est-à-dire dans la saison la plus défavorable aux spectacles, et il eut vingt-une représentations consécutives dont il fit seul tous les frais, aucune petite pièce, ni ancienne, ni nouvelle, n’ayant été donnée à la suite. […] De toutes les pièces de Molière, c’est peut-être la seule où ne se trouve aucune idée de scène ni aucun trait de dialogue emprunté aux comiques anciens ou modernes ; c’est la seule aussi que n’aient pu mettre à contribution les successeurs de Molière, qui sont tous plus ou moins ses imitateurs ; c’est en même temps celle que les étrangers se sont le plus empressés d’adopter, soit en la traduisant simplement, soit en l’accommodant aux mœurs nationales. […] Le sujet du Médecin malgré lui est une ancienne historiette qui se trouve en divers endroits, et dont il est impossible d’assigner la source première. […] Le scrupule de Boileau n’est donc point fondé, et il est difficile d’y voir autre chose que l’excessive délicatesse d’un adorateur de l’antiquité, un peu trop empressé peut-être à blâmer chez les modernes ce dont il n’apercevait pas d’exemples chez les anciens.

56. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [85, p. 129-130] »

Comme cet ancien Gille ressemble à beaucoup de Gilles modernes, nous allons citer le portrait qu’en fait l’auteur du Misanthrope : C’est de la tête aux pieds, un homme tout mystère, Qui vous jette en passant un coup d’œil égaré, Et sans aucune affaire est toujours affairé.

57. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [81, p. 127] »

Auteur comique mineur, Cailhava réussit à faire jouer une douzaine de comédies sous l’Ancien Régime par les comédiens-français et les comédiens-italiens.

58. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [94, p. 138-139] »

Ses Réflexions critiques sur la poésie et la peinture (1718) fondent l’idée du relativisme esthétique et, dernier écho de la querelle des Anciens et des Modernes, assurent la primauté du sentiment dans l’appréciation des œuvres d’art.

59. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Ces plaisirs magnifiques, qui durèrent sept jours, et à la description desquels Voltaire n’a pas dédaigné de consacrer plusieurs pages, étaient dans ce goût moitié guerrier et moitié galant qui rappelle les jeux de l’ancienne chevalerie. […] Molière a employé des personnages du même rang ; mais il en a fait des habitants de l’ancienne Grèce, et les a placés dans cette Élide si fameuse par la solennité de ses jeux olympiques, il vit sans doute, dans ce choix de circonstances, un moyen de rattacher la représentation de sa comédie aux autres épisodes d’une fête héroïque qui avait aussi ses courses, ses joutes, ses prix décernés à l’adresse et à la vigueur. […] Les Italiens, dont la poétique dramatique, calquée sur celle des anciens, ne repousse point le joug des unités, n’ont pu y soumettre le sujet essentiellement irrégulier du Convié de pierre ; mais du moins ils en ont atténué le vice, et l’ont rendu plus tolérable, en rapprochant les distances de lieu et de temps, en diminuant le nombre des événements, et en les unissant par une sorte de lien.

60. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Il y a cinq ans déjà, cette maison a fêté le deux-centième anniversaire de sa fondation ; elle est, parmi nos institutions publiques, une des plus anciennes et des plus vénérables : un écho y répète, selon l’ordonnance royale du 21 octobre 1680, des paroles inspirées par le plus pur esprit de notre race et disposées par l’art théâtral le plus parfait que le monde ait connu. […] » Heureusement, ce jour-là n’est pas venu ni près de venir : Corneille est populaire chez nous, autant que peut l’être un homme de l’ancien régime et qui « savoit la politique, » suivant le témoignage de son neveu, aussi bien que les belles-lettres et l’histoire, « mais les prenoit principalement du côté qu’elles ont rapport au théâtre. […] Vais-je crier à « l’obstruction » et dénoncer tel ouvrage nouveau parce qu’il encombre la scène au détriment d’un chef-d’œuvre ancien ?

61. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il n’excepta des faveurs poétiques prodiguées aux maîtresses du roi, que la plus intéressante de toutes, madame de La Vallière ; mais il faut lui tenir compte de cette exception, parce qu’elle avait pour cause le malheur de Fouquet qu’il attribuait à cette ancienne favorite. […] Entre les sociétés que j’ai citées comme formées de la composition de l’ancienne maison Rambouillet, je n’ai eu garde de citer ni l’hôtel de Nevers, ni l’hôtel de Bouillon, ni l’hôtel de Soissons, qui formèrent une coterie à part, incompatible avec les précieuses, encore plus avec la bonne compagnie, une coterie trop diffamée pour la cour même, et qui appartenait à la classe des sociétés dissolues de la capitale. […] Toujours est-il certain que ces vers ne peuvent être appliqués à personne de l’ancien l’hôtel de Rambouillet, puisque l’hôtel de Rambouillet n’existait plus à l’époque où a paru Phèdre, puisque ce ne sont point les personnes de l’hôtel de Rambouillet que Molière a diffamées d’un coup de son art, puisqu’enfin toutes les personnes qui avaient eu jadis des relations avec l’hôtel de Rambouillet, telles que la duchesse de Longueville et sa société, étaient toutes hautement pour la Phèdre de Racine, contre cette de Pradon, étaient toutes du parti du prince de Condé protecteur de Racine et de Boileau, contre les Nevers et les Mancini protecteurs et protectrices de Pradon, et goûtaient fort le sonnet qui, répondant à celui de madame Deshoulières, sur les mêmes rimes, reportait sur Hortense Mancini cette espèce de difformité que madame Deshoulières avait reprochée à l’Aricie de Racine129.

62.

Cet usage est constaté par les plus anciens registres de la Comédie. […] Mon avis est que c’était le coin gauche portant le nº 6 de la rue des Jardins et le nº 16 de la rue de l’Ave-Maria (ancienne rue des Barrés). […] Le Théâtre du Marais, sans trop pousser la comparaison, était à l’Hôtel de Bourgogne ce qu’est l’Odéon au Théâtre-Français, et, de plus, il avait quelque ressemblance avec notre ancien Théâtre du Cirque. […] Monval] C’est le cas de déplorer la disparition des Registres de l’Hôtel de Bourgogne, qui laissera toujours une lacune dans l’histoire de l’ancien Théâtre-Français. […] (Mémoire fourni, en vue d’une nouvelle édition de Moreri, en novembre 1723, par M. de Sarcy, ancien avocat au Parlement, qui a eu l’honneur de travailler avec M. de La Reynie jusqu’à sa mort. — Cité par M. 

63. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Molière fit surtout les frais du répertoire ancien. […] La traduction était l’œuvre de Véfyk Effendi, ancien ambassadeur de Turquie en France. […] Jal dans les registres des anciennes paroisses. […] La qualité de maître écrivain à Paris qu’il prend dans les actes d’emprunt a fait supposer qu’il était cet ancien maître de pension dont parle Ch. […] Dans leur relation, rien n’indique que Chapelle ait revu en ce moment son ancien condisciple.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Moyennant nos recherches, j’espere que nous ne perdrons pas de vue la chaîne qui lie les Auteurs les plus anciens aux Auteurs les plus modernes. […] On voit dans l’ancien théâtre plusieurs pieces sous ce titre.

65. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

Quelques acteurs de cette ancienne troupe se joignirent à Molière, et il partit de Lyon pour les états de Languedoc, avec une troupe assez complète, composée principalement des deux frères nommés Gros-Resné, de Duparc, d’un pâtissier de la rue St. […] Chef d’œuvre de la comédie ancienne et moderne.

66. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [58, p. 95-96] »

Numance : Ville de l’ancienne Espagne (près de l’actuelle Soria) qui résista avec acharnement à la conquête romaine.

67. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Mais on doit lui reprocher la monotonie de ses conceptions, le retour continuel dans toutes ses pièces des mêmes personnages et l’emploi des mêmes ressorts, Molière avait épuré le langage, Dancourt lui rendit presque son ancienne licence. […] Sous leur influence funeste le clergé reprend son ancien ascendant. […] Croyant que le fils du comte de Surgy, son ancien ami, a des créanciers et de plus un rival plébéien qui le contrarie dans ses amours, il conseille au jeune homme de faire mettre les uns au For-l’Évêque et d’envoyer l’autre à la Bastille. […] Au milieu de ces désordres, le gouvernement fait justice d’anciens abus, accomplit certaines réformes depuis longtemps réclamées. […] Ne pourrait-on leur répondre : Le but que se proposaient les anciens auteurs (Molière particulièrement) n’étant pas celui que poursuivent les auteurs modernes, leurs combinaisons dramatiques ne devaient pas être les mêmes.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Diction des Anciens. […] Toutes les nations se sont imposé la loi des Anciens : les Anglois, les Allemands sont simples dans leur diction : les Italiens, les Espagnols même ne se sont pas oubliés, & n’ont parlé le langage des romans dans la comédie, que dans les descriptions d’un bois, d’un palais, d’un jardin. […] Les Auteurs qui sont venus après le pere de la vraie comédie, ont, je n’en doute point, tenté de marcher sur les traces de ce grand homme, & de présenter leurs idées avec des expressions naturelles, comiques, intelligibles aux spectateurs les moins éclairés : mais la nature a épuisé ses dons en faveur de Moliere, & s’est montrée avare pour ses successeurs, qui n’ayant pas un génie capable d’imaginer des fables nouvelles, d’imiter heureusement celles des Anciens, ou de profiter des idées des nations voisines ; ne pouvant enfanter que des pieces dont l’action & le mouvement suffisent à peine pour soutenir un seul acte, & ne voulant pas ressembler à Poisson, qui se nommoit plaisamment un cinquieme d’Auteur, parcequ’il n’avoit fait que de petites pieces, imaginerent d’amuser le spectateur & de l’éblouir par des pensées brillantes.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Parmi les exemples dont le Théâtre ancien fourmille, j’ai choisi ceux qui pourroient divertir mes Lecteurs. Il y en a une infinité d’autres où l’on verroit avec le dernier mépris jusqu’à quel point les anciens Auteurs ont porté la licence & la malignité de l’allégorie satyrique.

70. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Offrons donc l’exemple de quelques difficultés d’un autre genre, de celles qu’on ne saurait résoudre si l’on ne s’est livré à une étude spéciale de la langue de Molière, des mœurs du temps, et des traditions anciennes. […] Que n’ouvrait-il le Trésor de langue française ancienne et moderne, par Nicot ! […] De manière qu’ayant su qu’ils devaient représenter une pièce nouvelle dans deux mois, il se mit en tête d’en avoir une prête pour ce temps-là, afin de figurer avec l’ancienne troupe. […] En 1650 il revint à Paris, et c’est seulement alors que le prince de Conti, son ancien condisciple, le fit jouer à son hôtel (aujourd’hui la Monnoie). […] « Les anciens n’ont jamais eu d’acteur égal à celui dont nous pleurons aujourd’hui la perte ; et Roscius, ce fameux comédien de l’antiquité, lui aurait cédé le premier rang, s’il eut vécu de son temps.

71. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Un ancien poète a dit qu’une jeune fille est une fleur qui naît dans un jardin enclos1 ; j’en saurai respecter la candeur et le parfum. […] Rappelons-nous ces mots qu’un orateur ancien adressait aux maris de son temps : « Plus vous avez de pouvoir, plus vous en devez user avec modération. […] Aussi les anciens ne l’ont-ils pas connue. […] Aux yeux des anciens, l’amour est un délire que les dieux inspirent aux mortels pour les égarer ou les punir : C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. […] Nous autres modernes, nous ayons expliqué l’amour par une autre théorie, fort ancienne, puisqu’elle a son origine dans la Bible, mais que nous n’avons pas moins donnée comme une nouveauté.

72. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Quelle que soit cette différence essentielle, fondamentale, quelque avantage qu’elle donne à l’ouvrage moderne sur l’ouvrage ancien, le comique français n’en a pas moins de grandes obligations au comique latin. […] C’est dans les provinces seulement qu’on voyait subsister quelques restes de la rudesse, de l’arrogance et de la tyrannie féodale ; c’est là que vivaient, dans des manoirs délabrés, ces gentilshommes d’ancienne famille, dont les aïeux s’étaient obscurément ruinés et fait tuer pour le service de l’état. […] Veut-il enfin les détourner des alliances disproportionnées, il leur dit : Votre noble épouse aura honte de vous, de vos manières, de vos liaisons ; du mépris de votre personne, elle passera facilement à celui du nœud qui vous lie ; elle en violera tous les devoirs, et vous porterez inutilement vos plaintes, de vos nouveaux alliés qui s’en offenseront, à vos anciens égaux qui n’en feront que rire. […] On peut, en prêchant l’une, offenser quelquefois l’autre : c’est ce qui est arrivé aux satiriques de l’antiquité ; c’est ce qui est arrivé à la plupart de nos anciens sermonnaires ; c’est ce qui est arrivé à Molière lui-même dans George Dandin. […] Il composa plusieurs ouvrages, dont le plus estimé a pour titre, Entretiens sur les Vies et sur les Ouvrages des plus excellents peintres, anciens et modernes.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Elle est imitée presque en entier d’une piece italienne très ancienne, dont nous ferons l’extrait quand nous aurons rappellé au Lecteur le sujet du Cocu imaginaire de Moliere. […]   Voilà la piece telle qu’elle est jouée en Italie, telle que les anciens Comédiens Italiens la représentoient à Paris quand Moliere jugea à propos de s’emparer du sujet.

74. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Disciple des Collé, des Piron, des Favart, il fut admis par eux à cet ancien caveau, véritable académie du plaisir, qui fut aussi, plus souvent qu’on ne pense, l’académie du bon, goût. […] L’auteur comique peut donc reproduire d’anciens personnages sous d’autres couleurs, et peindre une seconde fois des figures qui ne sont plus les mêmes.

75. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Ces rebelles, sentant qu’ils avaient besoin d’un chef qui leur procurât l’appui de la France14, s’adressèrent au duc de Guise, par qu’il descendait des anciens rois de Naples15, et que cette entreprise était digne de lui. […] Il ne fut engagé par Molière qu’en 1670, huit ans après le mariage de son directeur, dont la tradition était conséquemment déjà un peu ancienne.

76. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Molière, du fond de sa tombe, venait encore au secours de ses anciens camarades. […] Acquitter Guichard, c’était déclarer celle qui avait déposé contre lui convaincue d’accusation calomnieuse, acte d’autant plus répréhensible que cette accusation frappait un ancien ami. […] Livet a reproduite et regarde comme la plus ancienne : ce serait une interpolation. […] Il résulte de ces documents qu’elle était située, non pas sous les grands piliers de la Tonnellerie, comme l’ont pensé certains anciens biographes du poète, mais aux petits piliers, devant le pilori. […] Quoi qu’on en puisse dire aujourd’hui, la plupart des anciens rituels, se conformant en cela à l’opinion des Pères et de beaucoup de conciles, ont condamné la comédie et les spectacles.

77. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Les Turcs et les Egyptiens remplaceront les anciens marchands d’esclaves. […] On assure que Je prince de Conti, charmé des talents de son ancien condisciple, voulut se l’attacher en qualité de secrétaire. […] Il a emprunté au théâtre ancien la place publique; il jalonne de chaque côté les maisons des gens dont il a besoin : lui faut-il un commissaire ? […] L’ancien disciple de Gassendi en remontre aux pédants et aux prétendus philosophes. […] Scaramouche, personnage bouffon de l’ancien Théâtre-Italien, était habillé de noir de la tête au pieds, il portait même un masque noir.

78. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

« [*]La nature, qui semblait avoir épuisé ses dons en faveur de Molière, parut en être avare pour les poètes qui vinrent après lui : on négligea la perfection des plans et de l’intrigue ; on dédaigna les caractères, on abandonna la noble simplicité de sa diction ; et soit incapacité, soit indolence dans les auteurs qui suivirent ce grand homme, ses ouvrages occupèrent longtemps seuls le théâtre français, avec la supériorité et la justice qui leur étaient dues ; enfin les spectateurs, lassés d’attendre un génie capable d’imaginer avec l’art de Molière des fables nouvelles, et d’imiter aussi heureusement celles des anciens, refusèrent leurs applaudissements à des comédies qu’on leur présenta, parce qu’elles étaient dénuées d’intrigue, ou qu’elles en étaient trop chargées. […] Je vous nommerais, si cela était nécessaire, deux ou trois personnes de poids, qui, à leur retour de Paris, après les premières représentations de la comédie des Femmes savantes, racontèrent en province qu’il fut consterné de ce coup, qu’il se regarda, et qu’on le considéra comme frappé de la foudre, qu’il n’osait plus se montrer, que ses amis l’abandonnèrent, qu’ils se firent une honte de convenir qu’ils eussent eu avec lui quelques liaisons, et qu’à l’exemple des courtisans qui tournent le dos à un favori disgracié, ils firent semblant de ne pas connaître cet ancien ministre d’Apollon et des neuf Sœurs, proclamé indigne de sa charge, et livré au bras séculier des satiriques. […] Cet homme-là est inimitable, disait le même M. le duc de *** ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait, que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui. […] [Note marginale] Idée des spectacles anciens et nouveaux, par l’abbé de Pure, in-12, 1668, p. 311 et suivantes. […] Quoi qu’il en soit, depuis les anciens poètes grecs et latins qu’il a égalés, et peut-être surpassés dans le comique, aucun auteur n’a eu tant de talent ni de réputation. » (M. 

79. (1739) Vie de Molière

Quelques acteurs de cette ancienne troupe se joignirent à Molière, et il partit de Lyon pour les états de Languedoc, avec une troupe assez complète, composée principalement de deux frères nommés Gros-René, de Duparc, d’un pâtissier de la rue Saint-Honoré, de la Duparc, de la Béjart, et de la De Brie. […] On a dit que l’École des maris était une copie des Adelphes de Térence : si cela était, Molière eût plus mérité l’éloge d’avoir fait passer en France le bon goût de l’ancienne Rome que le reproche d’avoir dérobé sa pièce. […] La licence de l’ancienne comédie grecque n’allait pas plus loin. […] Quand il fallait chez les anciens apprendre aux spectateurs quelque événement, un acteur venait sans façon le conter dans un monologue ; ainsi Amphitryon et Mercure viennent seuls sur la scène dire tout ce qu’ils ont fait, pendant les entractes. […] Cela seul fait peut-être voir que le théâtre des anciens (d’ailleurs à jamais respectable) est par rapport au nôtre, ce que l’enfance est à l’âge mûr.

80. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Portrait d’Armande Béjart ; Molière l’épouse ; intérieur de son ménage ; sa femme et ses deux anciennes maîtresses. […] Mais ce qui rehaussa probablement encore le prix de ces dons aux yeux du pauvre Mondorge, ce fut le bon accueil qu’il reçut de son ancien camarade. […] Après cette rupture avec mademoiselle Molière, il renoua ses liaisons avec son ancienne amie. […] Si l’on en croit l’auteur de la Galerie de l’ancienne cour, Molière était presque aussi distrait que son ami. […] Les deux anciens condisciples aimaient à se reporter quelquefois aux discussions de leur jeunesse.

81. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Le roi imputait à l’ancienne religion qu’elle avait professée tout ce qu’elle pouvait dire ou insinuer contre le système de persécution : « Cela m’engage », écrit-elle à la comtesse de Frontenac, « à approuver des choses fort contraires à mes sentiments. »Approuver est là pour ne pas désapprouver. […] Madame de Maintenon jetait souvent ses regards vers ses anciennes amies ; elles avaient toujours les yeux sur madame de Maintenon. […] En 1680, il ne restait des anciens habitués de l’hôtel Rambouillet que Chapelain, âgé de 85 ans ; Cottin, âgé de 70 ; tous deux finissant leur vie entre la caducité et la décrépitude.

82. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Tandis que Fléchier nous le montre vertueux, franc, rigide et « méprisant les voies obliques des passions et des intérêts ; » tandis que Mme de Sévigné reconnaît « une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie » dans ce courtisan « Qui pour le pape ne dirait, Une chose qu’il ne croirait ; » le malin Despréaux lui décoche un trait de satire et le peint en un vers : « Le ris sur son visage est en mauvaise humeur. » Le duc de Saint-Simon déclare que « parmi toutes ses; façons dures et austères, Montausier était infiniment respecté. » Enfin, la rude franchise de Montausier, et cette raideur qui, au dire de certains panégyristes, ne fléchissait pas même en présence du monarque le plus absolu de l’univers, étaient presque devenues proverbiales. […] Les coquettes et les prudes sont des types qui ne se perdent pas, aussi anciens, aussi durables que le monde. […] Bien qu’il faille un peu rabattre de ce jugement, pour la représentation de cette pièce, il est vrai de dire qu’en général on se montre un peu trop dédaigneux à l’endroit des interprètes modernes de l’ancien répertoire.

83. (1900) Molière pp. -283

Deux hommes, anciens élèves de l’École normale, dont l’un fut un éminent professeur, s’étaient entendus pour y établir des conférences régulières. […] Assurément ces auteurs de l’ancienne France étaient gens bien singuliers ; si on les pillait pour faire mieux, ils disaient : tant mieux ! […] Voilà comment on en agissait dans l’ancien régime ; les auteurs de ce temps-là ne craignaient pas d’exercer librement leur esprit sur les œuvres d’autrui pour faire mieux : ils avaient bien raison. […] Il sera curieux et profitable pour nous, messieurs, d’apprécier à cette mesure la société de l’ancien régime. […] CÉSAR Tu as fait des ducs et des princes dans un temps où ces titres avaient perdu leur ancienne valeur.

84. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

En médecine surtout, il tourne en ridicule les ignorants et superstitieux adorateurs des anciens. […] « C’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Voilà les traits comiques lancés contre le péripatétisme scolastique, voyons maintenant ceux qu’il lance contre Descartes et son école.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

de la Menardiere, qui nous a donné des préceptes très judicieux dans sa Poétique, prétend que les aparté n’ont jamais été supportables que chez les Anciens, parceque leurs théâtres avoient trente toises de face, & que le comédien qui étoit sur un côté pouvoit fort bien parler sans être entendu de son camarade qui étoit à l’autre extrémité. […] Si les théâtres des Anciens avoient trente toises de face, le reste de la salle devoit être grand à proportion ; par conséquent le même inconvénient subsistoit toujours, & une bonne partie des spectateurs étoit plus éloignée de l’acteur qui parloit, que celui qui feignoit de ne pas entendre.

86. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Les Adelphes de Térence n’ont fourni que l’idée de l’école des maris : dans les Adelphes, deux vieillards d’humeurs opposées, un pere & un oncle, donnent une éducation très-différente, l’un à son fils, l’autre à son neveu ; dans l’école des maris, ce sont deux tuteurs chargés d’élever chacun une fille qui leur a été confiée ; l’un sévere, l’autre indulgent : le poëte françois a enchéri sur le poëte latin, en donnant à ces deux personnages, non seulement l’intérêt de peres, mais encore celui d’amans ; intérêt si fin, si vif, qu’il forme une piéce toute nouvelle, sur l’idée simple de l’ancienne. […] Si les écrits de Moliere étoient tout-à-fait anciens pour nous, on se feroit un mérite de rencontrer dans cette piéce la datte de son mariage avec la fille de la comédienne Béjart. […] Madame Dacier, qui étale toutes les beautés de la piéce latine, n’auroit pas réussi à faire pancher la balance en faveur de Plaute ; le paralléle des deux comédies n’auroit servi qu’à montrer la supériorité de l’auteur moderne sur l’ancien. […] Le succès des vers libres à rimes croisées, que Moliere a employés dans Amphitrion, a pû faire penser que ce genre de poësie étoit le plus propre à la comédie, parce qu’en s’éloignant du ton soutenu des vers alexandrins, il approche davantage du stile aisé de la conversation ; cependant l’ancien usage a prévalu sur le théatre. […] La fécondité de Moliere est encore plus sensible dans les sujets qu’il a tirés des auteurs anciens & modernes, ou dans les traits qu’il a empruntés d’eux.

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