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20. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

De son vivant, malgré bien des attaques, il fut jugé le premier auteur de son siècle par le plus sévère et le meilleur des juges, et, si au xviiie  siècle, sa gloire subit en France quelque obscurcissement, elle brilla d’un plus vif éclat au xixe . […] On pourrait écrire de lui ce que l’on a jadis écrit d’Homère : « Et depuis trois cents ans, Molière respecté Est jeune encore de gloire et d’immortalité. » Il est peut-être même, avec La Fontaine, le seul de nos écrivains que comprennent et goûtent les lecteurs de tous milieux et de tous âges. […]                                                        À la gloire. […] sont devenus une sorte de monnaie courante qui fait circuler avec elle à travers le monde la gloire de Molière.

21. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Oui, dit-elle en relevant fièrement la tête, oui, je suis la pauvreté, et je m’en fais gloire ! […] chantaient de leurs voix fraîches et d’un bel accent : Toute la gloire et la fleur du hameau. […] Il est impossible, en effet, d’insulter plus sérieusement et plus innocemment la gloire et les amours du plus grand roi qui ait honoré un trône. […] quel orgueil, quelle gloire, même quand toute la terre crierait : Honte ! […]  » Mais, au contraire, ce fut là une des gloires de Louis XIV, de faire respecter sa puissance royale, même par le souverain pontife.

22. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Les colonnes antiques dominaient les villes romaines, les hérissaient, leur donnaient une physionomie distincte; mais nos colonnes, au contraire, s’enfoncent dans des tourbillons de maisons, sont submergées, et l’on devrait dire, de nos jours, qu’on abaisse une colonne à la gloire d’un homme, et non qu’on la lui élève. Que ne dirais-je pas de l’arc de triomphe, en général, ce fragment de mur sans commencement ni fin, ce joujou qu’il n’appartient qu’aux fabricans de chocolat et aux confiseurs de la rue des Lombards d’ériger à la gloire de la gourmandise du 1er janvier ? […] Laissons maintenant cette question plastique qui a bien aussi son côté moral, pour dire deux mots encore sur le peu d’opportunité qu’il y a, selon nous, à bâtir un monument à la gloire de Molière.

23. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Un état où chaque citoyen se fait gloire de penser avec indépendance, a dû fournir un grand nombre d’originaux à peindre. […] Le cardinal de Richelieu, par ses libéralités, l’habilla d’un masque plus honnête ; Moliere en le chaussant de brodequins, jusqu’alors inconnus, l’éleva au plus haut point de gloire ; & à sa mort, la nature l’ensevelit avec lui. […] Par exemple, il n’y a qu’une façon de renvoyer de dessus la scene un scélérat qui fait gloire de séduire une femme pour la deshonorer : ceux qui lui ressemblent trouveront mauvais le dénouement ; tant mieux pour l’auteur & pour l’ouvrage. […] La premiere piece réguliere que Moliere composa fut l’Etourdi, en cinq actes, qu’il représenta à Lyon en 1653 ; mais ses Précieuses ridicules commencerent sa gloire. […] Ils donnent adroitement des louanges avec profusion à leurs auteurs ; ils les environnent de clartés & de lumiere ; ils les comblent de gloire, sachant bien que cette gloire rejaillira sur eux-mêmes.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Ces quatre hommes n’ont jamais été considérés que sous leurs rapports avec la gloire littéraire de la France, et avec celle des branches de l’art que chacun d’eux a le plus particulièrement cultivée. à mes yeux, ils ne sont pas moins remarquables que Louis XIV dans l’histoire des mœurs, et n’ont pas moins ajouté à son influence par leur concours, qu’il n’a ajoute à leur gloire par sa protection.

25. (1802) Études sur Molière pp. -355

Comme le spectateur y semble ballotté par ce même lutin qui, si l’on en croit Mascarille, le persécute et s’oppose à sa gloire ! […] Mais Molière lui fit dire par Boileau qu’il avait conservé sa véritable scène, et le menaça de la rendre publique, s’il continuait à vouloir usurper la gloire d’autrui. […] La Gloire du Val-de-Grâce, poème. […] Jusqu’à quand leurs protecteurs voudront-ils se dissimuler qu’on ne sert pas un art en permettant que sa gloire soit journellement sacrifiée à de futiles et de vils intérêts ? […] quand la gloire les attendait peut-être au premier rôle propre à leur âge, pour couronner leurs vieux jours d’une palme méritée.

26. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Polyeucte ne voit que des idoles à renverser, Horace que la gloire, et si Emilie poursuit Auguste avec tant de haine, c’est qu’elle renonce à ce qu’elle lui doit de reconnaissance. […] « Corneille, continue-t-il, n’est pas le seul poète dramatique qui ait célébré de préférence les gloires de la liberté. […] On le voit d’abord lancé à la cour et au théâtre, aimé et applaudi, s’abandonner à tous les enivrements de la jeunesse, de la poésie et de la gloire. […] Mais l’idéal est peu élevé, et si le poète n’avait pas vu par delà, et qu’il s’en fût tenu à ce type unique, il ne mériterait pas la gloire qui lui est acquise. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.

27. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages : on vit un Citoyen vertueux, réformateur de sa Patrie, désavoué par sa Patrie, et privé des droits de Citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le Théâtre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les États du Souverain Pontifea, redevable de la première Tragédie à un Archevêqueb, de la première Comédie à un Cardinalc, protégé en France par deux Cardinauxd, y fut à la fois anathématisé dans les Chaires, autorisé par un Privilège du Roi, et proscrit dans les Tribunaux. […] Quand les Poètes Latins peignirent ces mœurs, ils renoncèrent au droit qui fit depuis la gloire de Molière, celui d’être les réformateurs de leurs concitoyens. […] Elle existait dans Michel Cervante, qui eut la gloire de combattre et de vaincre un ridicule dont le Théâtre Espagnol aurait dû faire justice. […] C’est une gloire que Molière eut encore dans Les Femmes savantes. […] Molière se délassait de tous ces Chefs-d’œuvre par des Ouvrages d’un ordre inférieur, mais qui, toujours marqués au coin du génie, suffiraient pour la gloire d’un autre.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Les caracteres de tous les temps sont préferables aux autres pour deux raisons : la premiere, parceque si l’Auteur réussit à les peindre comme il faut, sa gloire est plus durable ; il n’est pas douteux que le spectateur ne prenne plus de plaisir à voir jouer sur le théâtre des travers, des ridicules ou des vices qui le frappent tous les jours dans la société, que s’il ne les connoissoit que par tradition : de telles pieces bien faites réunissent le double avantage de frapper toujours les connoisseurs & le commun des hommes : elles ont sans cesse les graces de la nouveauté60. […] Je ne veux pas décourager les jeunes Auteurs qui entreprendroient de faire la guerre aux ridicules, aux travers, même aux vices naissants : au contraire, je leur ai fait voir les difficultés qu’il y a dans le succès, non pour ralentir leur zele, mais pour les engager à redoubler leurs efforts : je leur dirai même, pour les encourager, que si ces sortes de pieces procurent une gloire souvent moins durable, elle est ordinairement plus éclatante.

29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Bossuet a repris la parole et a parlé avec tant de force, a fait venir si à propos la gloire et la religion que le roi, à qui il ne faut que dire la vérité, s’est levé fort ému et serrant la main au duc, lui a dit : Je vous promets de ne plus la revoir. […] Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Pendant son sommeil il entend une voix qui chante les vers suivants :   La gloire en d’autres lieux t’appelle, Samson, brise ton arc, abandonne ces bois :  Que, sans tarder, le Philistin rebelle De ton bras triomphant éprouve tout le poids. […] Samson combat, étouffe le lion ; mais il en rapporte humblement la gloire au Ciel. […] Sigismond est frappé de sa beauté, il s’écrie : Elle a dans un instant changé mon caractere : Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ; La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur : Elle vient de verser dans mon ame charmée Le desir de la gloire & l’oubli de mes maux ; Pour la seule vertu je la sens enflammée : Et d’un tyran, en moi, l’amour fait un héros. […] Corneille, loin d’avoir gâté son sujet, & de n’avoir pas soutenu la gloire du genre héroïque, l’a embelli, de l’aveu de tous les connoisseurs.

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Mais, si consacrée que soit une gloire, nous n’admirons point aujourd’hui sur parole et par tradition. […] C’est là sa gloire ; mais c’est aussi ce qui rend ses œuvres peu instructives, et leur ôte le caractère d’exemples, qu’elles devraient avoir pour enseigner avec fruit la morale. […] De là, sa gloire solide et sa durable influence. […] On retrouve les mêmes idées dans le Discours au Roi imprimé en tête des Fâcheux : « Ceux qui sont nés en un rang élevé peuvent se proposer l’honneur de servir Votre Majesté dans les grands emplois ; mais pour moi, toute la gloire où je puis aspirer, c’est de la réjouir.

32. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

S’il manque quelque chose à la gloire de nos lettres sous Louis XIV, c’est d’avoir peint naturellement les femmes. […] À Molière la gloire d’avoir, malgré le siècle, vu et peint la femme telle qu’elle est ; d’avoir ôté de son immortelle parure de grâce tout ce qu’on y joignait alors de faux et d’emprunté ; d’avoir dit et montré ce qu’elle doit être pour accomplir son rôle humble et sublime parmi nous. […]   Si Molière n’avait fait que combattre chez la femme le vice du siècle, et la peindre débarrassée de l’enveloppe luxueuse ou pédante dont elle s’affublait, ce serait déjà un titre de gloire. […] Il n’y a point de gloire à marcher bravement au bord d’un précipice qu’on ne voit pas.

33. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Ce morceau de papier moisi, voilà pourtant la colonne élevée à ma gloire ! […] Ô comble de la gloire ! […] Elle a lutté vingt ans, non pas toujours sans succès et sans gloire. […] Que de fois a-t-elle dû prendre en pitié l’obstination, la peine, et la gloire de mademoiselle Mars ! […] Le feuilleton devait tenir à cette gloire, elle était un peu en famille chez nous ; M. 

34. (1739) Vie de Molière

Le théâtre commençait à fleurir alors : cette partie des belles-lettres, si méprisée quand elle est médiocre, contribue à la gloire d’un État, quand elle est perfectionnée. […] Ce fut alors que Poquelin, sentant son génie, se résolut de s’y livrer tout entier, d’être à la fois comédien et auteur, et de tirer de ses talents de l’utilité et de la gloire. […] On prétend que le prince de Conti voulut alors faire Molière son secrétaire, et qu’heureusement pour la gloire du théâtre français, Molière eut le courage de préférer son talent à un poste honorable. […] Il leur fallut un comédien Qui mît à les polir sa gloire et son étude ; Mais, Molière, à ta gloire il ne manquerait rien, Si, parmi les défauts que tu peignis si bien, Tu les avais repris de leur ingratitude. […] Voilà comme ce grand homme fut traité de son vivant ; l’approbation du public éclairé lui donnait une gloire qui le vengeait assez : mais qu’il est humiliant pour une nation, et pour les hommes de génie, que le petit nombre leur rende justice, tandis que le grand nombre les néglige ou les persécute !

35. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Enivré de toutes les séductions de la gloire et de l’amour, le cœur du prince devait être disposé à l’indulgence, et Molière avait composé pour ces jours de délices la comédie de La Princesse d’Élide. […] Un roi qui voyait au-delà des flatteries contemporaines, et qui, suivant la belle expression du poète, aspirait à un monument plus durable que l’airain, n’y trouvait-il pas tout ce qui pouvait satisfaire son orgueil, et populariser sa renommée en éternisant sa gloire ? […] Louis devina juste en lui prêtant son appui : la reconnaissance du poète a contribué à la grandeur du prince ; leur gloire est à jamais confondue. […] Organe du démon, il corrompt les mœurs, il tourne en ridicule le paradis et l’enfer, il décrie la dévotion sons le nom d’hypocrisie, il prend Dieu à partie et fait gloire de son impiété à la face de tout un peuple. […] Il ne doit pas abuser de la bonté d’un grand prince, ni de la piété d’une reine si religieuse à qui il est à charge et dont il fait gloire de choquer le sentiment.

36. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

C’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération qui, s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la Coura. […] Je n’irai point toutefois jusqu’à la satire, et tout ce que je dirai sera tant soit peu plus à sa gloire qu’à son désavantage. […] « Il apprit que les gens de qualité ne voulaient rire qu’à leurs dépens ; qu’ils voulaient que l’on fît voir leurs défauts en public ; qu’ils étaient les plus dociles du monde, et qu’ils auraient été bons du temps où l’on faisait pénitence à la porte des temples, puisque loin de se fâcher de ce que l’on publiait leurs sottises, ils s’en glorifiaient : et de fait, après que l’on eut joué les Précieuses, où ils étaient bien représentés et bien raillés, ils donnèrent eux-mêmes, avec beaucoup d’empressement, à l’auteur dont je vous entretiens, des mémoires de tout ce qui se passait dans le monde et des portraits de leurs propres défauts, et de ceux de leurs meilleurs amis, croyant qu’il y avait de la gloire pour eux que l’on reconnût leurs impertinences dans ses ouvrages, et que l’on dît même qu’il avait voulu parler d’eux : car vous saurez qu’il y a de certains défauts de qualité dont ils font gloire, et qu’ils seraient bien fâchés que l’on crût qu’ils ne les eussent pas. […] « … Il met sur le théâtre une satire qui, quoique sous des images grotesques, ne laisse pas de blesser tous ceux qu’il a voulu accuser : il fait plus ; de critique, il s’érige en juge, et condamne à la berne les singes, sans voir qu’il prononce un arrêt contre lui, en le prononçant contre eux, puisqu’il est certain qu’il est singe en tout ce qu’il fait, et que non seulement il a copié les Précieuses de M. l’abbé de Pure, jouées par les Italiens, mais encore qu’il a imité, par une singerie dont il est seul capable, Le Médecin volant, et plusieurs autres pièces des mêmes Italiens, qu’il n’imite pas seulement en ce qu’ils ont joué sur leur théâtre, mais encore en leurs postures, contrefaisant sans cesse sur le sien et Trivelin et Scaramouche ; mais qu’attendre d’un homme qui tire toute sa gloire des Mémoires de Guillot-Gorju, qu’il a acheté de sa veuve, et dont il adopte tous les ouvrages. » La comédie qui suit cet avertissement renferme des choses qu’on ne sera pas fâché de trouver ici, et de plus il y est encore parlé de Molière et de sa comédie des Précieuses. […] Sachez donc, avant que je sorte, que puisque Mascarille vous rend visite, vous devez bien me souffrir ; que s’il s’est acquis par ses farces la réputation d’avoir de l’esprit, que j’en fais aussi bien que lui, sans l’aide des Italiens : et qu’enfin si la veuve de Guillot-Gorju, mon maître et le sien, ne lui eût vendu les mémoires de son mari, ces farces ne lui eussent jamais donné tant de gloire.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

D’une ou d’autre façon tu n’auras pas la gloire, Traître ! […] Il faut se faire aimer, on vient de m’en convaincre ; Et je sens que la gloire & la présomption N’attirent que la haine & l’indignation.

38. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Si Molière n’a pas été heureux dans les dénouements de toutes ses pièces, dans plusieurs aussi il a triomphé de toutes les entraves que l’art semble avoir créées pour le désespoir des hommes ordinaires, et qui servent souvent à augmenter la gloire du génie. […] Ecrivains, artistes, sachez dédaigner une gloire passagère et frivole, ne travaillez que pour la postérité ! […] C’est contre elle que nous allons voir Molière déployer toute l’énergie de son talent, combattre et triompher avec cette gloire que son génie seul pouvait lui promettre. […] gloire à ce génie immortel qui, d’un seul effort renversant tous les obstacles que l’art semblait avoir accumulés, donne une des leçons les plus intéressantes que présente la scène, crée un chef-d’œuvre rempli de beautés du premier ordre, et qui, réunissant les qualités les plus précieuses, offre ce que l’éloquence a de plus sublime, l’intérêt de plus pathétique, le comique de plus vrai et de plus naturel, et inspire enfin l’horreur et le mépris que l’on doit avoir pour l’hypocrisie !

39. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Ce que nous contestons, c’est la part que l’on veut faire au roi dans la gloire littéraire du XVIIe siècle, de ce siècle qu’on a si improprement appelé le siècle de Louis XIV. […] Louis XIV, il est vrai, vit mourir Pascal un an après son avènement, et Corneille écrire sous son règne Agésilas et Attila ; mais c’est là un avantage qu’il ne faut pas exagérer : il serait assez étrange de lui faire honneur du génie de ces deux grands hommes, parce qu’il a eu la gloire de les enterrer. […] Ainsi Descartes, Corneille, Pascal, trois noms qui suffiraient à la gloire d’une nation, sont antérieurs au règne de Louis XIV. […] Bossuet avait commencé trois ans auparavant à prêcher ses admirables sermons, qui suffiraient à sa gloire. […] Plus judicieux dans ses affections, il est aussi plus libéral ; si seul aujourd’hui il donne la gloire, seul également il donne la fortune ; les rentes qu’il fait à ses écrivains, en achetant leurs ouvrages, sont bien autre chose que les maigres générosités accordées jadis par la munificence royale à Corneille, à Molière, à tant d’écrivains illustres.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Il n’est aucun Poëte qui ne doive envier un tel bonheur ; mais il ne faut pas se dissimuler qu’il coûte cher, puisqu’on le paie de toute sa gloire. […] « Les fêtes que Louis XIV donna dans sa jeunesse méritent d’entrer dans l’histoire de ce Monarque, non seulement par ses magnificences singulieres, mais encore par le bonheur qu’il eut d’avoir des hommes célebres en tous genres, qui contribuerent en même temps à ses plaisirs, à la politesse, à la gloire de la Nation.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Alors un Auteur adroit, souple, ingénieux, sait prendre une tournure qui pare à cet inconvénient, sans enlever presque rien à la gloire de son fourbe. […] Après avoir prouvé qu’une piece intriguée par un seul intrigant est meilleure & mérite plus de gloire à l’Auteur que celle où il y en a deux, on désapprouvera surement ces comédies compliquées, dans lesquelles les maîtres & les valets entremêlent leurs fourberies.

42. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Le roi enfant n’entendait parler que de la gloire de ses armes ; en 1646, à l’âge de huit ans, il était conduit par sa mère à l’armée de Flandre et la passait en revue : alors il n’avait pas encore atteint l’âge où Marié de Médicis faisait donner le fouet à Louis XIII. […] Elles trouvaient la reine et Mazarin assez ridicules pour être justiciables de leur autorité ; les motifs d’une guerre étaient si frivoles, le but des grands qui en parlaient si médiocre, qu’elles n’y voyaient qu’un amusement de courte durée, une tracasserie armée, un trigaudage travesti en entreprise guerrière, dont elles n’étaient pas indignes de partager la gloire.

43. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ? […] Aussi, nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions qu’ils répandent sur nous nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. Ainsi, vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage ; au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. […] Ce fut un renfort pour Molière, qui dut être heureux de voir ses idées si nettement développées : il y a même un passage traduit :   Ce long amas d’aïeux que vous diffamez tons   Sont autant de témoins qui parlent contre vous ;   Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie   Ne sert plus que de jour à votre ignominie.

44. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

  Il faut reconnaître que notre siècle a mieux apprécié Molière ; et on doit citer comme s’étant associés à sa gloire par leurs jugements respectueux et raisonnés, MM. […] Il s’est acquis un titre de gloire imprescriptible par sa protection et sou affection souveraine pour ce comédien. […] Oui, la France doit à Molière quelque chose du bon sens qui fait sa force, et de l’esprit français qui fait sa gloire. […]   Il leur falloit un comédien   Qui mit à les polir son art et son élude :   Mais, Molière, à la gloire il ne manquerait rien,   Si, parmi leurs défauts que tu peignis si bien,   Tu les avois repris de leur ingratitude.

45. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Est-ce que jamais la comédie a pu remplacer la philosophie et la sagesse, c’est-à-dire la gloire et la liberté ? […] Le Malade imaginaire est complètement un imbécile, sans une ombre de goût et d’esprit, en dehors de sa maladie ; le Bourgeois gentilhomme, autre victime : on ne lui laisse pas même assez de bon sens pour se conduire, au-delà de sa passion d’être et de paraître. — Tout ou rien, voilà la comédie ; ou la honte absolue, ou la gloire sans tache ! […] L’Impromptu de Versailles. — La Troupe de Molière Quand Molière improvisa L’Impromptu de Versailles, il était arrivé au plus haut degré sinon de sa gloire, au moins de sa faveur. […] — C’est Molière lui-même qui éveille sa troupe, car en ce temps-là il était comédien, il était directeur de comédiens, il était poète,-il était courtisan, il était amoureux, il était jaloux, il aimait sa gloire comme il aimait sa femme. […] Il est vrai de dire que ce danger est assez rare. — « Il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumière, et qui même seraient bien fâchés d’être de l’avis des autres pour avoir la gloire de décider. » Ces gens-là, si l’opinion publique s’exprime avant qu’ils n’aient parlé, s’écrient à l’attentat !

46. (1871) Molière

II ne se doutait pas que ce nom d’emprunt deviendrait un titre de gloire. […] En vain, on les cherche à Paris : Paris, qui oublie assez souvent même la gloire, les a complètement oubliés ; on les cherche en province, on ne les trouve guère plus que les héros du Roman comique ; M.  […] Maintenant il habitait dans la gloire. […] En revanche, avec la gloire, la fortune était arrivée. […] Enfin, Molière avait tant d’ennemis, c’est-à-dire tant de jaloux ; sa gloire et sa faveur faisaient tant de progrès chaque jour ; il se mettait si vite eu colère, et pardonnait si facilement !

47. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Est-il ni gloire ni couronne TIRCIS. […] Les biens, la gloire, les grandeurs, Les sceptres qui font tant d’envie, Tout n’est rien, si l’amour n’y mêle ses ardeurs638. […] De là tout naturellement, la cour entière, à la suite de son roi enivré de gloire et d’amour, passe aux réflexions des bergers Lycaste et Lycoris : Il n’est point de bergère Si froide et si sévère, Dont la pressante ardeur D’un cœur qui persévère Ne vainque la froideur. […] La gloire est une allusion à la conquête de la Franche-Comté en 1668, suivie du traité d’Aix-la-Chapelle, et célébrée également en 1669 par Doileau, Epitre 1, v. 128 :   Et camper devant Dôle an milieu des hivers.

48. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

On ne lui connut ni commencement ni décadence, non plus qu’à sa gloire. […] et que serai-je dans la participation de votre gloire, puisqu’il m’est déjà si glorieux et si doux d’avoir part à vos abaissements ?  […] Il n’y a point, dans tout le siècle, d’autre exemple d’une gloire si universellement respectée. […] Rien ne donne la gloire à coup plus sûr, ne soutient plus longtemps une œuvre frivole et fausse dans le rang des chefs-d’œuvre de l’esprit humain. […] Ce soin d’évangéliser n’est pas seulement donné aux prêtres ; les simples fidèles y sont obligés, et c’est la gloire de l’être humain.

49. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

C’est qu’après les charlatans qui ne savaient pas lui rendre la santé, les envieux qui lui disputaient sa gloire étaient ses ennemis les plus personnels. […] En enlevait-il la gloire à celui qui l’avait imaginée ? […] Ces découvertes ont en soi peu d’importance ; elles n’ajoutent rien à la gloire de Molière, que rien ne peut augmenter ; mais cette gloire même les protège de son éclat, et elle doit en rehausser le prix à tous les yeux. […] Mais, pour la gloire et les plaisirs de la France, une vocation plus réelle l’entraîna vers le théâtre. […] Rien ne manque à sa gloire ; il manquait à la nôtre.

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [88, p. 132] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 93-94 Molière eut, comme les premiers farceurs, l’objet d’amuser et de faire rire ; mais par des moyens moins libres, et moins éloignés de la vraie comédie. « Je suis comédien aussi bien qu’auteur, disait-il, il faut réjouir la cour et attirer le peuple, et je suis quelquefois réduit à consulter l’intérêt de mes acteurs aussi bien que ma propre gloire. »

51. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [2, p. 34-35] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 326-327 On prétend que le Prince de Conti* voulut prendre le jeune Molière pour son secrétaire, et qu’heureusement pour la gloire du théâtre français, Molière eut le courage de préférer son talent à un poste honorable.

52. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Mais, pendant près de quatre années, l’observateur, le peintre fidèle des vices et des ridicules de la société n’avait, pour ainsi dire, rien fait pour son art ni pour sa gloire. […] Le fait est singulier, piquant ; il plaît à notre malice, en nous offrant une preuve signalée de la vanité et de l’inconséquence des jugements publics ; il tend même à rehausser la gloire de Molière, en nous le montrant supérieur à son siècle ; enfin, il peut servir au besoin à consoler la vanité de quelque auteur dont l’ouvrage n’aura pas été accueilli au gré de ses espérances. […] Après avoir déchiré la Sophonisbe de Corneille, il s’était subitement avisé d’en prendre la défense contre l’abbé d’Aubignac ; et, présumant bien qu’on ne manquerait pas de l’opposer à lui-même, il avait essayé de prévenir ainsi le reproche de contradiction ou de versatilité : « Je n’avais été voir Sophonisbe que pour y trouver des défauts ; mais, l’ayant été voir depuis en disposition de l’admirer, et n’y ayant découvert que des beautés, j’ai cru que je n’aurais pas de gloire à paraître opiniâtre et à soutenir mes erreurs. » Il y a plus de naïveté que d’adresse ou de dignité dans cette justification. […] Sans parler de l’écrit éloquent qui la renferme et des excellentes dissertations qui la combattent, un poète, qui la partageait ou qui a feint de la partager, en a fait presque un chef-d’œuvre pour la scène : peu de vérités ont été plus fécondes pour notre gloire littéraire.

53. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa Troupe dans une Ville voisine : C’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération, qui s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la Cour. […] Elle eut un succès qui passa ses espérances : Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul Acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire, mais le peuple y vint en telle affluence, et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires, qu’on redoubla le prix dans la suite ; ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’Auteur, et au profit de la Troupe.

54. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Aux vantardises de ce dernier, à ses vaines prouesses accomplies le ventre vide, à son amour de la gloire, on opposa l’amour de la cuisine, l’appétit héroïque, le ventre rebondi de son valet. […] Je suis, il est vrai, présentement au service de ce catalogue de la gloire du monde, mais je suis encore plus dévoué aux gentilshommes de mérite et de vaillance comme est votre seigneurie ; aussi je m’offre à elle, à sa maison, à sa table, à son office, à ses fourneaux, si elle daigne m’accepter.

55. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [55, p. 89] »

Quand il fut question d’y mettre une inscription, quelqu’un proposa d’écrire : Molière, de l’académie française, après sa mort ; mais on préféra ce vers de Saurin234 : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre.

56. (1781) Molière (Anecdotes littéraires, historiques et critiques) [graphies originales] « MOLIERE. » pp. 41-42

Il critiquoit les hommes, & sa femme les aimoit ; l’un tiroit sa gloire de leurs défauts, l’autre tiroit son plaisir de leurs foiblesses.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Après les sentiments qu’il vous a fait connoître, Fâchez-vous, éclatez autant qu’il vous plaira, Il vous dira toujours, & vous répétera Que son amour pour vous est fondé sur l’estime ; Que la raison l’éclaire & la vertu l’anime ; Qu’elles l’ont affermi dans son culte secret, Et qu’il adore en vous un mérite parfait ; Qu’il l’avouera tout haut, qu’il s’en fait une gloire ; Qu’il fuit tout autre nœud ; que vous devez l’en croire ; Qu’il met à vous fléchir son bonheur le plus doux, Et qu’il sera constant, fût-il haï de vous. […] Tu dois à tes amis, tu dois à tes parents, A ton pays, à toi, compte de tes moments : Tu dois les employer pour leur bien, pour ta gloire.

58. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Le Roi soutint le farceur qui le faisait rire contre le ministre qui le faisait vaincre ; et le chancelier, plus docile aux désirs de son maître que jaloux de la gloire du corps qu’il présidait, repoussa les remontrances de ceux qui n’étaient pas sensibles à l’honneur d’avoir Lulli pour confrère, en termes plus mortifiants que n’avait fait le monarque lui-même. […] Ici, se présentent un maître de danse et un compositeur de musique : celui-ci, qu’un art plus noble devrait rendre plus sensible à l’amour de la gloire, confesse, avec une assez basse ingénuité, qu’il est mû principalement par l’amour de l’or ; et celui-là, plus jaloux de l’honneur, précisément parce qu’il a moins droit d’y prétendre, prouve que la vanité d’un artiste est toujours proportionnée à la futilité de l’art qu’il exerce. […] comment une farce, pleine de sel et de gaieté sans doute, mais privée de cette vérité, de cette profondeur d’observation, qui font du théâtre un miroir de l’homme et de la société, serait-elle venue, pour ainsi dire, séparer deux admirables peintures de caractères et de mœurs, si Molière, en la composant, n’avait cédé à d’autres suggestions qu’à celles de son génie, n’avait obéi à d’autres intérêts qu’à ceux de sa gloire ? […] Je m’attacherai seulement aux paroles qui se rapportent plus directement à la pièce dont je viens de m’occuper moi-même ; et mon zèle prouvé pour la gloire de Molière, ne m’empêchera pas de souscrire à la sentence portée par l’auteur de l’Art poétique.

59. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [23, p. 51] »

C’est du reste l’ascendant de Lully sur le roi et l’habileté peu scrupuleuse et intraitable du musicien à s’assurer une sorte de monopole à la cour, notamment dans le domaine du spectacle et du théâtre en musique, qui ont empêché Charpentier d’accéder aux plus hautes fonctions et de connaître véritablement la gloire de son vivant.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

  Madame, en homme de courage Dans les occasions où la gloire l’engage. […] Je le veux bien, Madame ; &, sans m’enfler de gloire,   Du détail de cette victoire   Je puis parler très savamment.

61. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Elle ne prétendait pas faire oublier madame de Montespan par les saillies, par les moqueries, par les imitations chargées ; mais elle faisait sentir au roi un intérêt de cœur, elle lui faisait pressentir des jouissances inconnues, elle excitait dans son âme la puissance des sympathies ; la glorieuse, l’amante de la considération s’entendait bien avec l’amant de la gloire sur la valeur de cette jouissance, sur les moyens de se l’assurer. […] M. de Beausset aurait peut-être dû se défier de l’intérêt qui rattachait à la gloire de Bossuet, et surtout de l’aversion qu’il a dû reconnaître dans le duc de Saint-Simon pour madame de Maintenon ; il n’aurait pas refusé à cette femme illustre un témoignage mérité de son heureuse influence sur le retour du roi à des habitudes régulières, pour l’attribuer exclusivement au prélat qui avait tant d’autres titres à ses hommages.

62. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

Où leur vie terrestre commença, où elle s’éteignit, c’est là que le symbole de leur vie de gloire et d’immortalité doit s’élever. […] La fontaine Molière n’a pas manqué de provoquer les démonstrations de l’enthousiasme public : si avant tout elles étaient pour Molière, l’enfant de Paris, l’une des gloires hors ligne de la France, l’œuvre en elle-même y devait être pour quelque chose.

63. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Ceux qui l’avaient connu dans sa gloire, ne manquaient jamais de l’applaudir quand il arrivait dans son humiliation. […] Empêtrez votre gloire dans de gros livres, entourez votre nom d’une foule de créations, l’abondance même de votre génie, sera plus tard, un obstacle à votre gloire. […] Sa maison était ouverte, et sans condition, aux gloires condamnées ! […] À ce prix terrible s’achetait la vraie gloire, et les avides ne trouvaient pas quelle fût trop payée ! […] Lui-même, le maître, Socrate, il est juché dans une gloire qui le rapproche du ciel.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Le Théophraste François se trompe : le caractere d’un homme efféminé, qui passe son temps à se parer pour séduire des femmes, qui se fait une gloire de porter le trouble dans leur cœur & de les afficher, qui croit établir sa gloire sur le déshonneur de vingt familles ; un tel personnage, dis-je, pouvoit être pendant cinq actes très utile à la correction des mœurs. […] Le Comique Latin, loin de repousser ces bruits avec l’empressement & la vigueur d’un homme sensible à la gloire, se contente de dire dans le prologue des Adelphes : Pour ce que disent les envieux, que les premiers de Rome & de la République aident l’Auteur à faire ses pieces & travaillent tous les jours avec lui, bien loin d’en être offensé, comme ils se l’imaginent, il trouve qu’on ne sauroit lui donner une plus grande louange ; c’est une marque qu’il a l’honneur de plaire à des personnes qui vous sont agréables, Messieurs, & à tout le Peuple Romain, & qui, en paix, en guerre & dans toutes sortes d’affaires, ont rendu à la République en général & à chacun en particulier des services très considérables, sans en être pour cela plus fiers ni plus orgueilleux. […] Un Auteur consacre ses veilles à sa propre gloire & non à celle des autres.

65. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

La gloire de Molière, c’est d’avoir fait Tartuffe. […] Tout respirait la gloire alors Condé dans les batailles, et Corneille au théâtre étaient dans leur éclat. […] Sortons-en de nous-mêmes avec gloire, comme de vrais amis et comme de vrais sages. […] À l’heure qu’il est nous perdrions la gloire d’une telle action, la calomnie dirait que nous étions ivres. […] Il écrivit, en cette même année 1669, pour être utile à Mignard auprès de Colbert, son poème sur la Gloire du Val-de-Grâce.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. De ce que nous entendons par caractere. » pp. 259-260

« Ce n’est pas que les anciens aient confondu ces deux idées ; on ne sauroit se persuader au contraire qu’ils ne les aient pas distinguées : mais on peut du moins avancer, à la gloire des modernes, qu’ils ont mieux profité de cette distinction ; cependant c’est un des préceptes d’Aristote qui m’a fait sentir la raison qu’ils ont eue de l’établir ».

67. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

La Gloire du dôme du Val-de-Grâce. […] C’est là que se contracta entre ces deux hommes célèbres une union qui concourut pour ainsi dire à leur gloire mutuelle : Mignard laissa à la postérité le portrait de son ami ; Molière, nouvel Arioste d’un autre Titien, consacra son poème de La Gloire du Val-de-Grâce à célébrer le talent de son peintre. […] L’année 1659 fut heureuse pour la troupe et pour la gloire de Molière. […] On aurait eu bien de la peine à le peindre dans les convulsions que la gloire lui causait : les transports de la joie qu’il ressentait faisaient trop souvent changer son visage. […] Puisse ce noble exemple, dans l’intérêt de notre gloire littéraire comme dans celui de nos mœurs, rencontrer de nos jours un imitateur !

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Qu’il m’en coûte à la fois de gloire & de bonheur ! […] Barthe : cette piece en est digne à tous égards, puisque l’Auteur est, de nos jeunes Comiques, celui qui fait voir un talent plus décidé ; puisque son ouvrage est resté au théâtre, qu’il a eu le plus grand succès & qu’il le mérite ; puisqu’on y voit des scenes que les maîtres de l’art ne désavoueroient pas ; puisqu’enfin l’Auteur vise à la gloire de faire regner dans ses pieces le ton de la bonne compagnie.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

j’avois un pere illustre, généreux, Digne d’être à jamais ma gloire, mon modele : Je ne pouvois sortir d’une source plus belle. […] Tous doivent la portion de gloire dont ils jouissent à des choses imitées : elle eût été plus grande s’ils eussent imité comme lui.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Boileau est redevable de sa gloire à Horace, & n’en est pas moins estimé, quoique Regnard ait dit : Ci gît Maître Boileau, qui vécut de médire, Et qui mourut aussi par un trait de satyre : Le coup dont il frappa lui fut enfin rendu.

71. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Ce pas, Corneille n’en fit que la moitié ; mais c’était assez pour sa gloire, et assez pour emporter le reste. […] Corneille est donc le père de la comédie, et c’est pour lui une gloire unique, que Molière lui en ait rapporté l’honneur. […] On ferait tort à la gloire de Molière en la réduisant à trois comédies d’intrigue, à deux comédies bourgeoises, à trois chefs-d’œuvre de haut comique. […] Molière a eu la gloire de faire dire que, dans la sphère des esprits rares, celui-là a le plus de génie qui est le plus homme de bien. […] De la sorte, tout sert à la gloire de ce grand homme, jusqu’au travers d’Oronte, qui, lorsqu’il est auteur, écrit le fameux sonnet, et, lorsqu’il le défend, parle un français aussi vif et aussi naturel que celui d’Alceste.

72. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

C’est encore l’acteur comique, mais dans un rôle plus relevé, Arnolphe de l’École des femmes, que nous offre le tableau « des farceurs, » et dans le repos, la détente qui suit la représentation, sans les « roulemens d’yeux extravagans » et les « larmes niaises » qui viennent de « faire rire tout le monde. » A l’époque où ce tableau fut peint, Molière était déjà reconnu grand homme et la gloire de l’écrivain accompagnait l’acteur dans les emplois les plus bouffons ; le peintre n’a donc pas osé, semble-t-il, faire grimacer son modèle à l’unisson des fantoches parmi lesquels il ne pouvait se dispenser de le ranger, vu le sujet du tableau et une partie des rôles créés par Molière. […] Il fut donc un épicurien, prenant de la vie tout ce qu’elle mettait à sa portée de désirable : amour et plaisir, richesse et gloire. […] « Ils ne font rien, dit-il des uns, que recevoir la gloire des heureux succès ; ils profitent du bonheur du malade et voient attribuer à leurs remèdes tout ce qui vient des faveurs du hasard et des forces de la nature. » Il dit de l’autre : « C’est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes. » Dans la seconde, il est plein d’une telle rancune contre la médecine que, pour la satisfaire, il sacrifie la vraisemblance. […] Noble fin, et digne de lui, malgré le terrible anathème de Bossuet ; sans elle, il manquerait quelque chose à une gloire dont elle fut le couronnement et comme l’apothéose. […] Ces maîtres du théâtre considéraient toutes les parties : poème, diction, action, comme inséparables ; leurs œuvres, réduites au livre, leur semblaient mortes ; enfin, au prix de la gloire journalière et directe qu’ils trouvaient sur la scène, de la joie qu’ils éprouvaient à voir leurs créations marcher et parler sous leurs yeux, à les incarner eux-mêmes, la gloire et la joie d’en prolonger la vie par le livre ne leur semblaient pas valoir le temps qu’elles auraient pris à leur occupation maîtresse.

73. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Jamais la considération ne s’est unie plus intimement à la gloire.

74. (1900) Molière pp. -283

Quand on se figure le règne de Louis XIV, on se le peint comme un règne uniforme, comme une époque de gloire, d’engouement et d’élégance. […] Depuis près d’un siècle on nous a contesté, en littérature, toutes nos gloires. […] Pardonnez-moi, madame ; je me suis trompé ; il vous faut sans doute des renommées plus hautes et des gloires moins frivoles. […] ALEXANDRE Nous disputions de notre gloire. […] ——— La gloire nous fait vivre pour toujours dans la postérité et l’amour pour un instant dans l’infini.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Vivez, vivez contente, & bravez ma mémoire Avec le digne époux qui vous comble de gloire. […] De tout Paris, son art veut faire la conquête : A regner sur mon cœur votre gloire s’arrête.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Louons Moliere de n’avoir pas mis sur la scene le caractere Italien ; mais gardons-nous de lui en attribuer toute la gloire. […] Comme Moliere est rarement au-dessous de ses originaux, on peut, lorsque cela lui arrive, le lui reprocher hardiment, sans craindre de ternir sa gloire : il faut d’ailleurs être juste.

77. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance, que ce seroit abuser de la patience du lecteur d’en donner la réfutation ; aussi ne l’a t’on employé que pour prévenir des personnes, qui trouvant ce passage dans le volume que l’on vient de citer, pourroient l’altérer dans leur récit, & donner le change à un certain Public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes. […] On ne prétend rien diminuer du mérite & de la gloire de Moliere, en disant que le fond de la fable de sa Comédie de l’Avare est pris en partie de l’Aulularia de Plaute, & en partie de la Sporta del Gelli, qui a suivi le Poëte latin ; que le premier Acte est imité d’une Comédie Italienne à l’inpromptu, intitulée l’Amante Tradito, & jouée à Paris sous le nom de Lelio & d’Arlequin, valets dans la même maison : que la premiere Scene du second Acte est tirée du Dottor Bachettone, Canevas Italien ; que la Scene 5me.

78. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

Alors, pour nous, Molière est un grand homme, sous lequel a régné Louis XIV ; le siècle de Louis XIV, ce considérable espace de la vie de l’humanité, Molière l’a rempli et comblé de sa gloire. […] J’entends bien que, plus ces cadres seront nombreux, mieux les plaisirs du public seront assurés et la gloire de Molière entretenue.

79. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

La joie qu’il nous apporte est la joie du triomphe : la solidarité nous prend au cœur, et toutes les gloires humaines sont les nôtres. […] Toute sa vie, Molière a regardé fixement les mêmes points ; il a analysé des faiblesses isolées ; jamais il n’a mesuré l’homme ; il n’a soupçonné ni nos hauteurs, ni nos abîmes ; il a ignoré toutes nos gloires.

80. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

SBRIGANI Je suis confus des louanges dont vous m’honorez, et je pourrais vous en donner avec plus de justice sur les merveilles de votre vie, et principalement sur la gloire que vous acquîtes, lorsque avec tant d’honnêteté vous pipâtes au jeu, pour douze mille écus, ce-jeune seigneur étranger que l’on mena chez vous ; lorsque vous fîtes galamment ce faux contrat qui ruina toute une famille, lorsque avec tant de grandeur d’âme vous sûtes nier le dépôt qui vous était confié, et que si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l’avoient pas mérité254. […] En cela, sa gloire ne peut être ternie par les Sbrigani ou par les Scapins.

81. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Sur l’honneur et le devoir, elle est inébranlable358 ; mais elle les pratique si naturellement, qu’elle n’y croit avoir aucune gloire, et n’en tire aucun orgueil. […] C’est là qu’apparaît Elmire dans sa gloire, quand elle sait rester chaste en étant coquette, et rehausser son honneur en jouant le rôle le moins honorant.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Jupiter descend du haut des Cieux, pour avouer à Amphitrion qu’il a occupé sa place pendant son absence, lui promet un bonheur infini & beaucoup de gloire. […] Le Sosie François fait à la lanterne, comme le Sosie Latin, un récit de la bataille qui comble Amphitrion de gloire ; mais il le fait en lâche qui s’est caché dans le temps qu’on se battoit, & qui s’est amusé à boire pendant ce temps-là. […] Mais qu’il naisse, & commence une incroyable histoire : Sa peine avec usure achetera sa gloire : Le noir séjour des morts, l’air, la terre, le ciel, Vomiront contre lui tout ce qu’ils ont de fiel : Mortel, il est l’objet d’une immortelle haine ; Aussi-tôt que ses jours, commencera sa peine.

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