Le théâtre change, & représente le Temple de Dagon. […] Sigismond est frappé de sa beauté, il s’écrie : Elle a dans un instant changé mon caractere : Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ; La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur : Elle vient de verser dans mon ame charmée Le desir de la gloire & l’oubli de mes maux ; Pour la seule vertu je la sens enflammée : Et d’un tyran, en moi, l’amour fait un héros. […] Un vent qui change, une vaine fumée.
On croit l’avoir détruit : il n’a fait que changer de forme. […] Molière changea bientôt Tricotin en Trissotin : étrange réparation, qui doublait l’injure en paraissant l’effacer ! […] Il subira des variations, il changera d’objet et de forme, selon le mouvement des esprits et des mœurs ; mais il subsistera toujours, et la race des Philamintes est impérissable comme celle des Trissotins. […] Il parut, en 1674, chez Daniel Elzévir, un Malade imaginaire, croquis informe de celui de Molière, où tout est stupidement changé, altéré, défiguré, tout jusqu’au nom des personnages, dont un même, le notaire Bonnefoi, est totalement supprimé. […] D’ailleurs, Cotin ne l’avait pas avouée, et il avait même voulu donner le change au public, en en faisant une censure assez vive dans sa Critique désintéressée.
Les médecins ont bien changé depuis ; ils ne portent plus ces costumes ridicules que portait leur compagnie au temps de Louis XIV. […] Plus tard, les sentiments changèrent. […] Il n’y avait que les noms de changés. […] Dans le peu d’années qui séparent Molière de Dancourt, les mœurs avaient prodigieusement changé ! […] Les Parisiens n’ont pas beaucoup changé depuis ce tableau de Dancourt.
Un jour Molière, pour éprouver le goût de cette servante, lui lut quelques scènes d’une comédie de Brécour*, comédie qu’il disait être de lui : la servante ne prit point le change ; et après avoir entendu quelques pages, elle soutint que son maître n’avait pas fait cette pièce.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 356 Molière joua d’abord Cotin, sous le nom de Tricotin, que plus malicieusement, sous prétexte de mieux déguiser, il changea depuis en Trissotin, équivalant à trois fois sot.
Crispin, voulant que son maître soit Légataire universel, paroît sous le nom du neveu, & fait des impertinences qui changent les résolutions de l’oncle : content de son succès, il paroît sous l’habit de la niece pour la faire aussi déshériter : il joue d’abord le personnage d’une veuve fort douce, fort honnête. […] Lisons ce qui l’amene, nous changerons d’avis.
VOICI une nouvelle édition des Œuvres de feu Monsieur de Molière, augmentée de sept Comédies et plus correcte que les précédentes, dans lesquelles la négligence des Imprimeurs avait laissé quantité de fautes considérables, jusqu’à omettre ou changer des Vers en beaucoup d’endroits. […] La Troupe changea de titre, et prit celui de la Troupe du Roi qu’elle a toujours retenu jusques à la jonction qui a été faite en 1680.
Or sus, pour abréger, voyez, magister, à quoi vous voulez vous résoudre, ou venir en prison, ou donner la bonne main à la compagnie avec les écus qui sont restés dans votre robe ; car le voleur ne vous a pris que ceux que vous teniez pour les changer. […] L’Affamato voudrait bien changer de maître ; mais chacun redoute la prodigieuse capacité de son abdomen.
Quant aux passages moins nombreux et moins importants qui se trouvent changés par des cartons dans cet exemplaire, ils ont été restitués ici d’après l’édition entière de Jacques Le Jeune, Amsterdam, 1683. […] Dons les trois journées qui la composent, le lieu de la scène change une douzaine de fois ; c’est Naples d’abord, c’est ensuite l’Espagne ; et là il faut suivre les personnages d’une cité à l’autre, de la ville aux champs, et des champs à la cour. […] Quant à l’unité de lieu, règle beaucoup moins étroite, dont l’infraction s’est fait absoudre plus d’une fois par le succès, elle est violée presque aussi souvent qu’elle peut l’être, puisque la scène change d’acte en acte ; et Molière a peut-être voulu qu’il en fût ainsi dans une pièce qui, renonçant à contenter la raison, devait s’attacher d’autant plus à satisfaire l’imagination et les yeux : mais il a eu le soin de circonscrire ces nombreux déplacements dans un petit espace ; et l’action, commencée dans une ville maritime de la Sicile, borne ses excursions à la côte voisine ou à la campagne environnante.
Il faut encore que ce qui l’occasionne change totalement la face des choses ; ou bien elle n’est pas intéressante. […] La méprise qui est dans le Menteur, a l’une des qualités qui lui sont essentielles ; rien ne l’avoit annoncée à Cliton : mais elle ne surprend qu’un personnage qui ne tient pas à l’action ; elle-même ne change rien à la situation.
Deux ou trois poètes en France traduiraient bien Homère ; mais on ne les lira pas, s’ils ne changent, s’ils n’adoucissent, s’ils n’élaguent presque tout334. […] La plupart des critiques, la plupart même de ceux qui se croient philosophes, ne nous offrent dans leurs livres que de vagues étonnements, de vaines protestations contre le cours des choses, des amendements plus vains encore pour changer ce qui fut, et le refaire à leur fantaisie. […] Reprenons nos artistes, enseignons à nos enfants l’orthographe ; mais dans le passé où nous ne pouvons rien changer, expliquons tout : c’est la seule étude digue du philosophe. […] Madame de Montausier, duègne fort complaisante pour les amours du roi dans sa charge de première dame d’honneur de la reine, avait bien changé depuis qu’elle n’était plus l’indépendante Julie d’Angennes. […] L’aveuglement d’esprit de Glocester se change en un aveugle ment réel ou physique, à la suite duquel seulement il ouvre les yeux sur la vraie différence de l’amour de ses fils.
194 Le public, confus d’avoir pris le change, s’indisposa contre la pièce.
Sa confidente lui dit que Don Garcie sera moins jaloux dès qu’il aura reçu la lettre où Dona Elvire l’assure de la préférence qu’elle lui accorde sur son rival : la Princesse change d’avis, aime mieux faire cette confidence de vive voix. […] Don Lope feint de changer de conversation ; le Roi le prie de satisfaire sa curiosité. […] Mais elle change d’avis sur ce dernier article, quand Don Silve lui déclare qu’il est Don Alphonse son frere, qu’il n’en est instruit que depuis un instant. […] Bélise se dit un Peintre envoyé par la Duchesse même, pour faire voir à Don Pedre un portrait de cette malheureuse amante, si changée depuis l’absence de son amant, qu’elle est à peine reconnoissable.
Après la mort de Mazarin les factions tombèrent de lassitude et de mépris ; tous les regards se tournèrent sur un jeune prince qui paraissait avec éclat sur la scène du monde ; mais les mœurs ne changent pas aussi promptement que les institutions. […] Les médecins, les précieuses, les marquis, tous les charlatans que Molière avait livrés à la risée publique, crient à la fois à l’impiété ; les libertins, les athées sont devenus dévots, et la tourbe des auteurs jaloux s’est changée en une troupe de lévites armés pour les intérêts du ciel. […] Cette tactique des faux dévots n’a point changé ; ils sanctifieraient aujourd’hui Tartuffe dénonçant son bienfaiteur, et livreraient comme non révélateur à la vindicte publique Orgon, qui fut toujours royaliste, mais qui n’a pas assez de dévouement pour dénoncer un de ses amis attaché au parti contraire. […] Le nom du personnage principal fut changé ; Tartuffe devint Panulphe, et la pièce parut avec le titre de L’Imposteur. […] Faites du personnage principal un Caton ou un Brutus de circonstance, introduisez-le chez quelque bourgeois honnête homme, atteint de la fièvre des doctrines anarchiques, qui ait une jeune femme à séduire et une fille riche à doter, et qui, malgré la ferveur de ses opinions, garde le secret d’un ami fugitif ; supposez qu’il se trouve dans cette maison un homme modéré qui blâme ces emportements et ces faux dehors d’un patriotisme affecté, qui distingue entre l’amour vrai et désintéressé du pays et l’intolérance brutale de l’esprit de persécution, vous retrouverez Tartuffe, Orgon, Elmire, Marianne et Cléante ; l’hypocrite démasqué dénoncera son bienfaiteur comme un mauvais citoyen ; vous aurez pour un autre temps et pour d’autres mœurs toute la fable de Molière, parce que les mêmes passions produisent les mêmes effets, parce que les Tartufes changent de manteaux et ne changent pas de vices.
Nous donnerons donc le titre de comédie allégorique aux pieces dans lesquelles l’Auteur, mettant continuellement sur la figure de Thalie le masque de l’allégorie, change le nom des choses, défigure même les personnes, & laisse au spectateur intelligent le soin de développer le sens caché. […] Qu’on change en peu de temps !
. — Moins une nation ou une époque est poétique, plus elle change facilement la comédie en satire. Moins une nation ou une époque est morale, plus elle change facilement la satire en comédie157. — À la base de quelques-unes de leurs œuvres comiques les Français ont mis le sérieux du vice, et dans les autres ils ont supprimé la vertu et le vice, en faisant passer sur le vice, la vertu et toutes choses, l’esprit, ce niveleur universel158.
Ô Monseigneur, depuis vous, la comédie est bien changée ! […] Molina enseigne que les religieux peuvent changer d’habit sans pécher, quand ils veulent aller à la comédie ou autre part. […] Comme il est changé, le malheureux ! […] En effet, toutes les puissances ont changé de place. […] Mais soudain, et par une péripétie très naturelle, très vraisemblable et très inattendue, la scène change.
Je ne manque pas d’occupation, Dieu merci : il faut que j’aille chez le Traiteur ; de là chez l’Agent de change ; de chez l’Agent de change, au logis ; & puis il faudra que je revienne ici joindre M.
Les deux vieillards, dans Térence, élèvent deux garçons : cela seul ne change-t-il pas tout ? […] Les libelles se remplirent d’imprécations; le dépit, la jalousie se changèrent en rage, en lourdes menées ; ce ne furent plus seulement bons mots et quolibets, mais des guet-apens et des coups. […] Ne pouvant la changer, il essaya de se changer lui-même, de réformer son cœur, il ne le put. […] Cependant mes bontés ne l’ont pas changée !... […] Molière, de son côté, était allé l’attendre à la porte Saint Victor ; mais le grand air, la fatigue et surtout quelques mois à cet âge avaient si fort changé le jeune homme, qu’il ne le reconnut pas et le laissa passer.
Cette fois, tous les rôles sont changés dans la vie humaine. […] Ainsi, dès le troisième acte, tout change de face dans cette érotique et sceptique biographie. […] Je viens vous dire et je vous répète que je viens changer votre misère en opulence, votre travail en repos, votre pain dur en noces et festins. […] La scène change et représente (ici le Schiller anglais se rappelle à plaisir les descriptions du château d’Otrante) ! […] Quand le roi vit chastement, il nous pille, il nous vole quatre-vingt-dix-neuf pour cent. — Les temps sont bien changés.
Je sais bien ce que vous allez me répondre : il en change. Eh oui, certainement, il en change ; mais peu importe. […] Disons, en passant, que l’œuvre de Mme de Maintenon ne réussit pas d’abord, qu’il y eut de graves mécomptes, qu’il fallut changer plusieurs fois les règles de l’établissement ; tant il est vrai que l’éducation n’est pas toujours pour les femmes un appui et un frein.
Je vois Molière, après deux essais que ses chefs-d’œuvre mêmes n’ont pu faire oublier, changer la forme de la Comédie. […] Peut-il changer la nature et renverser les vrais rapports des choses ? […] L’autre est ce genre plus faible encore, qui, substituant à l’imitation éclairée de la nature, à cette vérité toujours intéressante, seul but de tous les beaux-Arts, une imitation puérile, une vérité minutieuse, fait de la Scène un miroir où se répètent froidement et sans choix les détails les plus frivoles, exclut du Théâtre ce bel assortiment de parties heureusement combinées, sans lequel il n’y a point de vraie création, et renouvellera parmi nous ce qu’on a vu chez les Romains, la Comédie changée en simple Pantomime, dont il ne restera rien à la postérité que le nom des Acteurs qui, par leurs talents, auront caché la misère et la nullité des Poètes.
Toutes ses sœurs y étaient avec elle ; mais tout cela si triste qu’on en avait pitié ; la belle perdant tout son sang, pâle, changée, accablée de tristesse, méprisant 40 mille écus de rente et un tabouret qu’elle a, et voulant la santé et le cœur du roi qu’elle n’a pas. » Le 21 juillet, madame de Sévigné écrit : « La place me paraît vacante. […] Elle n’avait rien à changer à ses mœurs pour être d’accord avec les préceptes de la religion. […] Pour les sociétés corrompues, elles ne firent que changer de vices, et les couvrir d’un vice de plus, celui de l’hypocrisie.
Il fit parler à M. de Montausier par quelques personnes... » Mais coupons court à ces détails, qui prêtent à Molière un rôle inconciliable avec la noblesse de son caractère, et arrivons au dénouement Montausier vit la pièce; sa colère se changea en reconnaissance; il trouva dans le Misanthrope « le caractère du plus parfaitement honnête homme qui pût être ; » il fut même d’avis que Molière lui avait fait trop d’honneur, et ils se séparèrent les meilleurs amis du monde3 L’authenticité de cette anecdote, plus piquante que vraisemblable, est contestée de la manière la plus formelle par M. […] Comme ces sorciers du moyen âge, qui faisaient apparaître dans un miroir magique l’image de la création, Molière a évoqué l’homme du xvIIe siècle et les hommes de tous les siècles, les faiblesses et les vices qui survivent à toutes les transformations sociales, et les ridicules qui changent comme les modes24. » En admirant les créations de ce génie puissant, aussi vraies, aussi vivantes, aussi variées, que celles de la nature même, on est tenté de s’écrier, comme le critique Aristophane en admiration devant le génie de Ménandre : « O Molière! […] Cependant mes bontés ne l’ont point changée.,.
On n’auroit pu le faire sans changer le dénouement, puisque les deux jumeaux sont ensemble sur la scene. […] En voilà suffisamment pour faire voir que le Ménechme civilisé & le Ménechme brutal doivent, de toute nécessité, se trouver ensemble ; sans quoi la piece ne peut se dénouer, à moins qu’on ne change toute la derniere scene.
Dans cet acte, pendant lequel la scene change si souvent que l’on ne sait jamais où l’on est, dans cet acte, dis-je, je ne vois rien qui annonce une piece intriguée par le hasard : ce n’est point par hasard que Lisardo parle à la sœur de Dom Félix, puisque la belle a soin de se trouver exprès sur son passage : ce n’est point par hasard que Laura est jalouse, puisque Dom Félix a réellement aimé Nice, & que cette Nice s’est étudiée à donner de la jalousie à sa rivale : c’est encore moins par hasard que Dom Félix vient chez Laura, puisque Célia l’y conduit, par l’ordre secret de sa maîtresse. […] [La scene a donc changé ; elle est apparemment chez Dom Félix.]
celle de changer le titre de l’ouvrage, voilà tout. Au lieu que pour transplanter sur notre théâtre une piece latine, espagnole, italienne, angloise, &c. il faut non seulement changer les mœurs, les caracteres, les bienséances ; il faut encore décomposer toute la machine pour lui donner une forme convenable aux regles établies parmi nous ; il faut sur-tout l’assujettir à la vraisemblance, dont les autres nations se passent.
Nous le verrons séparer le bon d’avec le défectueux, le médiocre d’avec le détestable ; changer un défaut en beauté ; rendre cette même beauté plus sensible en la plaçant dans son véritable point de vue, & coudre à un même sujet des idées & des scenes qui paroissent tout-à-fait opposées.
Cela tient aussi à ce que Shakespeare étudie et peint l’homme surtout dans la passion, qui est mouvante, inégale et diverse, et monte ou s’abat selon la chaleur du sang ; tandis que Molière s’attache surtout au caractère, qui ne change point. […] Il y avait d’autres femmes dans la troupe, et l’ami Chapelle admirait comment Molière, à l’instar de Jupiter au siège de Troie, pouvait gouverner à la fois trois déesses : Madeleine, et Mlle du Parc, qui le changeait de Madeleine, et Mlle de Brie, qui le de Mlle du Parc, sans parler d’une certaine Mlle Menou, qui le reposait des autres. […] Il change de lexique à chaque pièce. […] Et cependant le génie reste, et le goût change, et nous n’en raisonnons pas comme Voltaire, qui n’en raisonnait déjà plus comme Boileau. […] Mais dans l’ensemble, le corps était singulièrement corruptible, sinon corrompu ; et bien que Boileau en ait fort adouci les traits, les sanglantes satires de Rabelais et de d’Aubigné contre les Chats-fourrés et les Grippeminauds, n’avaient guère perdu de leur vérité cruelle. — Achetant leurs charges, se les transmettant de père en fils ; formant dans l’État un état tout nourri d’abus gothiques et de traditions romaines, parfaitement étrangères au génie de la nation ; ayant par conséquent toute nouveauté en horreur et tout mouvement en détestation ; s’arrogeant vis-à-vis du pouvoir un droit de remontrance qu’ils n’exerçaient d’ailleurs, fort prudemment, que quand le pouvoir était faible ; alliés politiquement à leur bonne sœur l’Église, afin de partager, eux, gardiens des lois humaines, l’inviolabilité que confère aux prêtres la loi divine, de confondre ainsi deux choses distinctes, et de gouverner, eux aussi, en se rendant sacrés ; — voilà en quelques lignes les magistrats comme je les vois, les magistrats du temps de Molière, je le répète ; car, ainsi qu’on sait, nous avons changé tout cela.
Les ridicules ne s’y renouvellent que trop ; la mode en change, en France, comme d’habits. […] On va, on vient, on change de position à chaque instant. […] Changez donc la tradition de la Comédie-Française, pour arriver à ce résultat de compromettre Elmire et de contrarier à chaque pas l’intention de Molière. […] Croyez, Monsieur, que j’ai été sensible au reproche et que mon plus vif désir est de changer ce titre dans une seconde et prochaine édition. […] L’aspect de la rue des Jardins a dû bien peu changer depuis deux siècles.
Ce fut alors qu’il changea de nom pour prendre celui de Molière ; peut-être crut-il devoir cet égard à ses parents, peut-être aussi ne fit-il que suivre l’exemple des premiers acteurs de l’Hôtel de Bourgogne, qui avaient au théâtre des noms particuliers, tant pour les rôles sérieux que pour les rôles du bas comique*. […] « La troupe changea de titre, et prit celui de la Troupe du roi, qu’elle a toujours retenu jusqu’à sa jonction qui a été faite en 1680. […] Il obligea sa femme, qui était extrêmement parée, à changer d’habit, parce que la parure ne convenait pas au rôle d’Elmire convalescente, qu’elle devait représenter dans Tartuffe. […] Guérin le fils*, qui en 1699 acheva cette pièce, y joignit des intermèdes et changea la versification des deux premiers actes, qu’il mit en vers libres et irréguliers. […] « Ici la décoration change en un instant… On ne découvre sur le théâtre que de grandes roches entremêlées d’arbres, ou l’on voit plusieurs bergers qui chantent et qui jouent de toutes sortes d’instruments.
Il les disposoit & les colloit les unes auprès des autres, selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivoit même de changer l’expression des têtes qui ne convenoient pas à son idée, en supprimant les yeux, la bouche, le nez & les autres parties du visage, & y en substituant d’autres qui étoient propres à exprimer la passion qu’il vouloit peindre : tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour l’effet qu’il en attendoit. […] A la vérité l’Auteur moderne, en saisissant cette idée, a changé le reste de l’intrigue, le dénouement, & les autres personnages ; & l’on doit d’autant plus excuser cette faute, où il n’est tombé que cette seule fois ».
Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance, que ce seroit abuser de la patience du lecteur d’en donner la réfutation ; aussi ne l’a t’on employé que pour prévenir des personnes, qui trouvant ce passage dans le volume que l’on vient de citer, pourroient l’altérer dans leur récit, & donner le change à un certain Public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes. […] Grand merci, Monsieur mon mari, Voilà ce que c’est ; le mariage change bien les gens : & vous ne m’auriez pas dit cela il y a dix-huit mois.
Il suffit d’examiner les mœurs de cette comédie, pour voir que le sujet en est étranger, que Moliere l’a transporté sur son théâtre, sans se donner la peine de l’habiller à la françoise, & de changer la condition de ses esclaves, qui rendent son intrigue plus vraisemblable.
. — Il n’y a rien là qui nous change du Scarron de la Gigantomachie, qu’une certaine verve hors nature, contorsionnée, artificielle, et procédant sans cesse d’une manière analogue au calembour si faible : Comment vas-tu, yau de poële ? […] Les classiques savent, en outre, la raison de cette fécondité littéraire d’un sujet : c’est que dans la réalité un même sujet se répète à l’infini, et se transforme indéfiniment, à chaque fois que change la condition des personnes dont les aventures le reproduisent. […] et à moins de sortir des bornes de son art, à moins de prêcher sur la scène, comment voudrait-on que Molière nous eût dit qu’on ne change point la nature en son fonds ; que quiconque l’essaye, il lui en coûte cher ; et, conséquemment, que le principe de tous nos maux, c’est de vouloir le tenter ? […] D’époux indulgent d’une jeune femme, le voilà devenu mari indifférent et quinteux ; le père tendre s’est changé en un tyran domestique ; l’homme d’honneur est devenu un dépositaire infidèle. […] Elles l’obligent à changer de ton.
Parfait, qui rapportent cette lettre, ajoutent : « Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance, que ce seroit abuser de la patience du Lecteur que d’en donner la réfutation : aussi nous ne l’avons employé que pour prévenir des personnes qui, trouvant ce passage dans le volume que nous venons de citer, pourroient l’altérer dans leur récit, & donner le change à un certain Public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes ».
l’amour vrai dépeint au précédent chapitre ; si, considérant avec toute leur raison la gravité’ de ce qu’ils font, ils se donnaient l’un à l’autre avec une franchise et un abandon sans bornes, décidés à trouver tout l’un en l’autre533 ; si l’aveuglement de la jalousie mal fondée ne venait pas troubler la sincérité de leur affection534 ; si, une fois unis, ils continuaient, comme le recommande Ariste, à garder entre eux toutes les délicatesses et les, prévenances de l’amour535 ; si, comme dit Mlle Molière, le mariage ne changeait pas tant les gens 536 ; s’ils négligeaient moins leurs enfants, ces seconds liens des cœurs, qui viennent remplacer ceux de l’amour qui s’usent537 ; s’ils se consacraient résolument aux soins de la maison commune538 ; si l’homme, pénétré de sa dignité et de ses obligations, n’abdiquait pas comme Chrysale, et ne tournait ni à l’Orgon ni au M. […] I : « Le mariage change bien les gens. » 537.
Arlequin, après avoir fait deux fagots, veut en charger son âne ; il est surpris de trouver, au lieu de sa souquenille, un habit magnifique, une perruque, un masque, un chapeau bordé : il demande à son âne s’il sait comment tout cela a été changé, et le félicite de ses talents s’il est pour quelque chose dans la métamorphose. […] Depuis le seizième siècle, son costume a bien changé, comme son caractère50.
Il est certain que l’ami de Quantova (le roi) dit à sa femme et à son curé par deux fois : Soyez persuadés que je n’ai pas changé les résolutions que j’avais en partant ; fiez-vous à ma parole, et instruisez les curieux de mes sentiments116. » 31 juillet. […] M. de Louvois alla voir en arrivant cette gouvernante ; elle soupa chez madame de Richelieu, les uns lui baisant la main, les autres la robe ; et elle, se moquant d’eux tous, si elle n’est bien changée ; mais on dit qu’elle l’est.
Molière fait changer la toilette de sa femme dans cette pièce. […] L’approbation du Roi change subitement l’opinion de la cour. […] Un permis de retour arriva tout à point comme pour lui épargner la honte de changer, honte qu’au reste il avait déjà bravée bien des fois. […] Mes bontés ne l’ont point changée. […] Les sentiments et les rôles de ces divers personnages devaient bientôt changer de nature ; mais n’anticipons pas sur les événements.
(Le Théâtre change, et représente l’intérieur d’un temple, au fond duquel on voit le buste de Molière, placé sur un piédestal.
Mais aussi, si tu veux que je sois ton beau-pere, Il faut baisser d’un cran, & changer de maniere, Ou sinon, marché nul. […] Parcequ’il est vieux, qu’Agnès est jeune ; & que le mot d’amour, toujours ridicule dans la bouche d’un vieillard, l’est encore davantage quand il s’adresse à une jeune personne : témoin cette tirade qui fait rire aux éclats quand Arnolphe la débite à Agnès, & qui, sans en changer un seul mot, deviendroit attendrissante entre deux jeunes amants. […] On répondra à cela qu’il n’y avoit qu’à changer aussi l’âge de la Comtesse : je soutiens que Marivaux 9 lui a donné précisément l’âge qu’elle doit avoir.
te voilà assis bêtement à ta table, calme et froid comme un faiseur d’anatomie et tout prêt à disséquer je ne sais quoi qui va tomber sous ta main, et voici une bonne heure que je t’étudie, et rien n’est changé dans ton allure quotidienne ! […] Disant ces mots, je cédais ma plume et ma place, et vous n’auriez pas perdu à changer de maestro, mais Henri, dans un bel accès d’indignation : — Qui ? […] Vous lui faites jouer cette niaise comédie dans laquelle toutes choses sont bouleversées, où le valet devient le maître, où le maître devient le valet, pendant que de leur côté Marton et sa maîtresse changent également de robe, d’allure, de langage et d’amours.
Mais dès que par son adresse elle a trouvé le moyen de paraître innocente aux yeux du monde, elle prouve qu’elle n’a point changé. […] Mais, voulant servir Angélique auprès de son père, elle comprend la nécessité de changer de tactique : « Laissez-moi faire (dit-elle à sa jeune maîtresse), j’emploierai toute chose pour vous servir ; mais pour vous servir avec plus d’effet, je veux changer de batterie, couvrir le zèle que j’ai pour vous et feindre d’entrer dans les sentiments de votre père et de votre belle-mère.» […] A l’égard de ceux-ci, la société, se trouvant vis-à-vis d’eux dans le cas de légitime défense, doit les reléguer loin d’elle dans des localités où la nécessité les obligera à se livrer au travail pour subvenir à leurs besoins, à changer par conséquent de manière de vivre. […] Valère change alors de tactique: il devient sévère et menaçant, ce qui fait taire aussitôt maître Jacques, le rend humble et souple. […] Aussitôt la scène change.
Elle est embarrassée d’incises et d’inversions… Écoutez-la au théâtre, tout change. […] Tout change si Dorine est une mère. […] C’est dénaturer un chef-d’œuvre que d’en changer le mouvement. […] Mais il nous a changé tout le mouvement de la scène. […] Elle change d’intonation aussi souvent qu’elle répète le même mot ; ces intonations sont toutes très fines et fort spirituelles.
Si Silvestre ne se déguise point de façon à n’être pas reconnu, s’il ne change pas bien le son de sa voix, si, sur-tout, la mode des déguisements est passée, ce n’est pas la faute de l’Auteur.
Mettez seulement, à la place de madame la Baillive ou de madame l’Élue, madame la Générale ou madame la Directrice de l’enregistrement, et il n’y aura rien à changer à ce tableau. […] On l’a dit, et je le sais bien : les passions sont ce qui change le moins dans l’homme. Oui, c’est vrai ; mais elles changent cependant ; non pas dans leur essence, qui est éternelle. […] Et non seulement nos passions peuvent changer d’attitude et de costume, mais elles subissent des modifications qui les altèrent dans leur essence. […] Les femmes, au contraire, ont une facilité merveilleuse à changer de costume et à s’approprier les mœurs les plus diverses.
Les éloges que, dans leur hypothèse, Molière n’aurait pas rougi de prodiguer à son propre mérite, ne les ont point arrêtées : elles les ont expliqués et justifiés par le besoin qu’il aurait eu de donner le change à ses lecteurs. […] Le désir de posséder Alcmène a été la cause du déguisement de Jupiter ; et c’est seulement pour seconder Jupiter dans son amoureuse entreprise, que Mercure a changé de forme. […] Dans cette phrase, « Son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu », on a substitué aux mots ne put souffrir , ceux-ci, eut de la peine à souffrir ; et cette autre phrase, « Il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, etc. »a été changée en celle-ci : « Il défendit cette comédie pour le public, jusques à ce qu’elle fût entièrement achevée, et examinée par des gens capables d’en juger, pour n’en pas laisser abuser à d’autres moins capables d’en faire un juste discernement. » Ces changements, faits après coup, ont évidemment pour objet de transformer en une suspension momentanée la défense absolue et définitive qu’avait faite Louis XIV.
Mariane est alarmée : elle écrit en réponse une lettre très consolante : elle change d’avis, elle croit Moncade indigne de grace, & déchire le billet. […] Simon lui avoue que Chrémès ne vouloit pas consentir à cet hymen quelques instants avant, mais qu’il a changé d’avis. […] Chrémès vient dire à Simon qu’il a changé d’avis, & qu’il craint de rendre sa fille malheureuse.
À peine de l’hymen a-t-il formé la chaîne, Que la naïve enfant se change en Célimène ; Alors plus de repos pour ce grand cœur blessé : Il regrette aujourd’hui les tourments du passé. […] Deux siècles ont passé ; ses œuvres immortelles Semblent, après ce temps, plus jeunes et plus belles ; Dans l’art qu’il a créé toujours original, Chez aucun peuple encor il n’a trouvé d’égal ; Par ses rivaux vaincus sa gloire est confirmée : Chacun de leurs efforts accroît sa renommée ; Tout a changé, les lois, les usages, le goût ; Il peignit la nature et survécut à tout ! […] Mais il ne dépend pas de moi, monsieur, de changer ni le caractère ni la destination d’un monument dont le conseil municipal a voté la dépense et approuvé les plans.
Les siècles ont transformé la société, ils ont enseveli les pompes fastueuses de Versailles; il n’y a plus ni roi, ni cour; mais l’homme n’a point changé; nos travers ont pris un autre nom, un autre habit sans rien perdre de leur nature, et en riant des Sganarelle, des Géronte, des Trissotin, des Purgon, des Orgon, de M. […] La date seule est à changer. […] Ailleurs nous voyons Judas qui fait une partie d’échecs avec le fils du roi de Scarioth, ou les apôtres qui sortent tout exhilarés du repas de Simon le lépreux : « Pour Dieu, ne nous veuille déplaire, dit l’un d’eux au maître du logis, si souvent céans revenons. » Aux Noces de Cana, lorsque l’eau a été changée en vin : « Si savais faire ce qu’il fait, dit Abiras disciple de Saint-Jean-Baptiste, toute la mer de Galilée serait tantôt en vin muée ; et jamais sur terre n’aurait goutte d’eau, ne pleuvrait rien du ciel que tout ne fût vin. » Ces familiarités, ces emprunts fréquents à la vie usuelle, je crois, Messieurs, qu’il faut les attribuer, bien moins à l’ignorance ou à la naïveté des auteurs de Mystères, qu’à leur désir de rendre plus vivante et plus réelle la représentation des récits sacrés.
Non ; mais, en vérité, J’ai bien, à vos dépens, jusqu’ici plaisanté, Quand, sous le masque heureux qui vous donnoit le change, Je vous faisois chanter des vers à ma louange.
Comme tout change d’un moment à l’autre !
Il ne me semble pas que ce qui a été une fois jugé selon les loix, puisse être changé ; & je soutiens même qu’il est honteux d’entreprendre un procès de cette nature. […] Comme ce n’est pas une fiction, nous n’y mêlons rien de feint, nous ne changeons point d’habits : cette place nous servira de théâtre, & vous verrez toutefois que la comédie n’en sera pas moins divertissante.
J’appelle mœurs, une manière particulière de vivre, d’envisager les objets, certains usages propres à un état, à une classe d’hommes, souvent à une nation entière, qui changent, varient, se reproduisent sous d’autres formes, et ne peuvent laisser aucune trace de leur existence passagère. […] Si, habile à saisir tous ses avantages, l’hypocrisie se présente sous toutes les formes, prend tous les aspects, change, varie suivant les temps, ses principaux traits cependant sont éternels, dureront aussi longtemps que le cœur humain ; et ce sont eux que Molière a saisis avec une vérité admirable, qu’il a représentés avec un coloris qui sera de tous les siècles.
Dans le Tartufe, lorsque l’action commence, Marianne est déja promise à Valere ; Tartufe s’est déja introduit dans la maison d’Orgon ; & Orgon, qui a déja changé de résolution, a projetté de donner sa fille à l’imposteur.
Arlequin, après avoir fait deux fagots, veut en charger son âne ; il est surpris de trouver au lieu de sa souquenille un habit magnifique, une perruque, un masque, un chapeau bordé : il demande à son âne s’il sait comment tout cela a été changé ; il s’en pare, en disant qu’il en vendra mieux son bois à la ville, quand Scapin, qui vient à la tête de quelques soldats, reconnoît l’habit de l’homme qui a blessé Silvio, fouille dans ses poches, trouve une lettre de Rosaura, se confirme dans l’idée qu’il arrête Celio, & emmene Arlequin.
Toutes ces naïvetés-là ont changé de nuance jusqu’à Voltaire, qui fut libre, leste et gai, mais avec une retenue dont la société de madame Duchatelet lui avait fait sentir la convenance.
La source du comique est loin d’être tarie ; Le fonds n’en change pas, l’aspect seul en varie.
Moliere peut avoir contribué à leur ôter leur pédanterie ; mais les mœurs du siécle qui ont changé en tout, y ont contribué davantage.
D’autres célèbrent de pieux acteurs de l’Italie moderne, tels que Giovanni Buono, retiré dans un cloître et vivant dans la pénitence : « Lequel, après avoir excité si longtemps le rire, disait le poète, s’est changé en une source de larmes. » Un sonnet est consacré à la mémoire d’Isabelle Andreini, la mère de l’auteur.
Ce dernier vers seroit excellent, & vaudroit toute la piece, si on y eût changé un seul mot, & si Alcidon, moins fade admirateur, se fût écrié : O Dieux ! […] Quelque Amphion nouveau, sans l’aide des maçons, En superbes palais a changé ces buissons.
Les inquiétudes d’Euclion, qui l’obligent à changer continuellement son trésor, peignent bien un avare. […] Je suis si persuadé de sa bonté, je crois tellement qu’elle auroit paré la piece de Moliere, que je ne changerai pas d’avis, à moins que tous mes Lecteurs, sans en excepter un seul, ne soient d’un avis contraire : alors il faudra bien se rendre. […] Tout le monde sait que les Comédiens Italiens changent sur leurs canevas le nom de leurs acteurs, au gré de ceux qui remplissent les rôles.