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14. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais quoi de plus bas que sa pie margot caquet bon bec, si ce n’est les longs pieds de son héron au long bec emmanché d’un long cou ? […] Avec précaution il se baissa, et, armé de sa loupe, se servant de son cure-dents comme de pioche, il souleva quelques feuilles mortes qui étaient à ses pieds. […] Des combattants pressés l’haleine âpre, enflammée, N’est, qu’un nuage épais de sang et de fumée Où la Mort s’enveloppe et pousse l’ennemi Pied à pied. […] Leurs pieds sont scellés l’un contre l’autre ; leurs bras descendent à angle droit sur leur corps où ils adhèrent ; leurs mains se touchent, posées sur leurs genoux serrés. […] Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, le héron au long bec emmanché d’un long cou.

15. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Il brise ses chaînes, & trouvant par hasard une mâchoire d’âne à ses pieds, il met en fuite les Philistins avec ce vil instrument. […] Arlequin se jette à ses pieds ; il obtient sa grace, à condition qu’il nommera tous les Grands de l’Empire. […] Les portes de la prison sont enfoncées, tous les soldats se prosternent aux pieds d’Arlequin : il est dans ce temps-là en petit casaquin, & il s’amuse à sauter après une puce. […] Il se jette aux pieds du Roi, qui, vivement touché du repentir de son fils, s’accuse d’avoir trop légérement ajouté foi aux prédictions des astres que la vertu sait toujours démentir.

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Si l’Européen fut charmé de la tournure, des traits & des graces un peu sauvages de l’Américaine toute nue ; celle-ci n’admira pas moins l’air, la taille & le teint d’un Européen habillé de pied en cap. […] Je me leve avec transport, je retombe à ses pieds, je les embrasse, je prononce votre nom avec des sanglots : je lui demande le sien pour lui faire remettre son argent à mon retour. […] Ce pauvre Turc lui baisa mille fois les pieds en l’appellant son Dieu & son Sauveur, & lui protesta que son premier soin, en revoyant sa famille, seroit de lui faire compter, à Ligourne ou à Genes, le décuple de sa rançon. […] Enfin, le cœur gros de tendresse & de joie, dans un transport inexprimable de reconnoissance, il se jetta, à la vue de tout le monde, aux pieds de son bienfaiteur ; il s’écria, en les embrassant : O le meilleur de tous les Chrétiens !

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Ecoutez-moi, Monsieur, ou je meurs à vos pieds. […] Je cours donc me jetter à ses pieds comme aux vôtres, Faire à vos intérêts immoler tous les nôtres, Vous réunir tous deux, tous deux vous émouvoir, Ou me laisser aller à tout mon désespoir.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Il fait en secret des présents à sa femme, & n’attend qu’un instant favorable pour tomber à ses pieds. […] Honneur à la belle aux pieds nus,  Et si de la chaussée.

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Les uns vont dans le fond d’une terre se consoler avec une bergere à laquelle ils parlent chien, mouton & houlette ; les autres déchirent leur prochain avec la prude Arsinoé : ceux-ci pleurent aux pieds de l’insipide & langoureuse Fanni ; ceux-là se jettent dans les bras de ces femmes faciles, chez qui les grands airs, le jargon, le persifflage tiennent lieu de mérite ; & tous, pour encenser leur idole, jurent à ses pieds que Dorisée est une petite créature très maussade, très ennuyeuse, très peu faite pour figurer dans le monde.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Il se jetta aux pieds de son pere avec la soumission la plus respectueuse. — Quoi ! […] Monsieur, s’écria le jeune Comte en jettant son épée à ses pieds, & lui prenant la main qu’il baisa respectueusement, vous êtes mon pere : je vous reconnois à ces mouvements, que la seule nature sait inspirer. […] Mélanide paroît, tombe avec son fils aux pieds du Marquis, qui reconnoît ses torts, embrasse sa femme, & marie Darviane avec Rosalie.

21. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

que j’aime à voir le ridicule Expirer à tes pieds sous les flèches d’Hercule ! […] Les tribunes des deux Chambres ont retenti des accents généreux des défenseurs de nos franchises ; de ces hommes qui préfèrent l’honneur aux honneurs,1a patrie à leur fortune, la liberté à tout : ils ont disputé pied à pied, au pouvoir, la plus sacrée de nos propriétés, le domaine de la pensée ; et la liberté de la presse, sans laquelle la pensée n’a qu’une vie éphémère.

22. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Bouchardy, qui est dans son genre un géant aux pieds d’argile, et l’on se demande comment il a fait pour reconnaître, lui-même, au fond des cinq actes où ils s’agitent et se débattent en poussant leurs gloussements, les divers personnages de Christophe le Suédois ? […] Le paravent représente tour à tour le palais et la chaumière ; le grand fauteuil joue le rôle du père qui gronde toujours ; la chaise de paille vous représente la soubrette alerte et vive, le guéridon, posé sur un pied, saluez ! […] qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent. […] Aujourd’hui, prenant ses ébats sur les gazons fleuris, le jour d’après marchant à grand peine sur le théâtre, et déchirant ses petits pieds aux clous d’un tapis poudreux ! […] Elle en dit tant, que Molière, qui aime cette femme de tout son cœur, s’écrie, en frappant du pied : — Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête !

23. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

La ville était aux pieds de l’enchanteresse, attendant son heure et son bon plaisir. […] quelle est cette voix qui sort de ce nez de mauvais augure, un pied de nez, autant que de cette bouche pincée en cœur ? […] Si Tragaldabas eût été vraiment ivre, il n’eût pas retrouvé sa mâchoire béante à ses pieds. […] le docteur Loewe finit par mettre aux pieds d’Anna sa fortune et sa main. […] un pied qui brûlait le pavé sans le toucher !

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Clairville, instruit par André, vient s’opposer aux desseins de Rosalie, il veut la fléchir ou mourir à ses pieds : Rosalie lui dit que d’Orval est un méchant, & qu’il le trompe. […] Elle étoit à genoux aux pieds des autels, auprès d’une femme âgée, que je pris pour sa mere. […] Sophie étoit seule ; elle avoit les coudes appuyés sur la table, & la tête penchée sur sa main : son ouvrage étoit tombé à ses pieds.

25. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Moland le reconnaît, il n’y a point à se tromper sur la situation bien en vue de cette tombe, au milieu du cimetière, au pied de la croix. […] Eh bien, cette phrase, prise au pied de la lettre, est en contradiction absolue avec d’autres témoignages bien autrement autorisés. […] On creusa donc près du mur de cette petite maison, qui était apparemment la demeure des anciens chapelains, et l’on mit à nu un cercueil de chêne d’un pouce d’épaisseur, « ainsi qu’il a paru par les fragments déposés avec les ossements dans une terre sablonneuse à trois pieds de profondeur. » Voilà un second fait bien remarquable : au lieu indiqué par la tradition dont Fleury a le dépôt, il y a une bière de chêne, et la fosse qui la contient n’a pas cinq pieds de profondeur, comme les fosses ordinaires, mais trois pieds seulement, ce qui semble indiquer qu’elle a été creusée à la hâte. […] Donc, ce qu’il eût fallu établir, c’est que Molière, comme Racine, eut le pied dans le camp janséniste ; et, ce point-là, M. du Boulan l’effleure à peine. […] Mais je m’aperçois que j’ai mis le pied sur un domaine qui n’est pas le mien.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Desronais veut se jetter aux pieds de Mariane : elle desire d’être seule un moment, & le prie de la laisser. […] Lucas, surpris de s’être laissé toucher par cette mijaurée, apperçoit Richard, court à lui, le trouve bien chagrin de n’avoir pu se jetter aux pieds du Roi, comme il l’avoit projetté, pour lui demander justice contre le Marquis de Concini. […] Agathe vient raconter chez Michaud la violence que lui a faite le Marquis de Concini : il arrive précisément dans ce temps-là avec Sully & Bellegarde : ils nomment le Roi, aux pieds duquel le Meûnier tombe avec toute sa famille. […] Ceux-ci parlent, en attendant, de leurs amours : Sophie fait entendre qu’elle a tout accordé au Chevalier : il est honnête homme, & n’en desire que plus d’être uni à sa généreuse amante ; il se jette à ses pieds pour l’en assurer.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Moncade vient lui-même jurer de mourir aux pieds de Mariane, si elle s’obstine à ne pas oublier ses offenses : elle le fuit, il suit ses pas. […] mon frere, Je me jette à vos pieds ; calmez votre colere. […] Ici Dave fait à-peu-près les mêmes réflexions : mais l’Andrienne est secrètement mariée à Pamphile depuis un an : il n’est pas question qu’elle soit enceinte ; elle est cependant très malade, sans quoi Dave lui conseilleroit de se jetter aux pieds de Simon. […] Les changements que Baron a faits dans cet acte sont adroits ; au lieu d’alarmer Chrémès par la vue de l’enfant, il fait venir Glycerie, qui, toute abattue par sa maladie, & plus encore par ses chagrins, se jette aux pieds de Chrémès, lui montre son contrat de mariage, l’assure qu’elle est citoyenne, & le conjure de ne pas faire son malheur. […] Nous avons remarqué combien il étoit ridicule & contre nature, que l’amant heureux ne volât pas vîte aux pieds de sa maîtresse pour partager avec elle sa félicité, & qu’il s’amusât à faire deux scenes avec des personnes qui devoient bien moins l’intéresser.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

L’intendant du perfide est métamorphosé en Ministre : Eugénie se croit unie à son amant par des liens sacrés, devient enceinte, découvre que son hymen n’est que simulé, apprend que le Lord, cédant aux instances de son oncle, va faire un riche mariage : elle s’évanouit : son pere indigné veut s’aller jetter aux pieds du Roi. […] Adams voudroit se jetter aux pieds du Roi, mais le crédit du Lord l’éloigne du trône, & il passe sept ans dans les larmes, la douleur & la plus affreuse misere. […] Un honnête homme lui reproche ses indignes procédés pour Fanni : ils la cherchent ensemble, ils voient sur un chemin écarté un enfant de sept ans, beau comme le jour, qui, la larme à l’œil, leur peint ses besoins, ceux de sa mere & de son grand papa : ils le suivent ; le Lord reconnoît Fanni, se jette à ses pieds, lui demande pardon : elle lui présente son fils & le conduit vers le lit de son pere.

29. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Sur ce pied-là, vous allez avoir le million dans vingt-quatre heures. […] Et puis, sur les quatre ou cinq heures après minuit, les femmes se viennent coucher dans un appartement séparé de celui du mari, en telle sorte qu’un pauvre diable d’homme est quelquefois six semaines sans rencontrer sa femme dans sa maison ; et vous le voyez courir les rues à pied, pendant que madame se sert du carrosse pour ses plaisirs. […] On irait là les examiner, on les mettrait au pas, à l’entre-pas, on les ferait trotter, galoper, et, sans s’amuser à la belle encolure qui souvent attrape les sottes, on ne prendrait que ceux qui ont bon pied, bon œil, et dont on pourrait tirer un bon service.

30. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il était heureux : enfin il mettait le pied dans la lice où il devait laisser ses nombreux rivaux si loin derrière lui. […] Tel était l’emploi que Molière faisait d’une fortune considérable : il avait environ trente mille livres de revenu, ce qui représentait alors une valeur triple d’aujourd’hui ; sa maison, située dans la rue de Richelieu, était montée sur un grand pied, et les hommes les plus célèbres de l’époque se plaisaient à la fréquenter. […] Il demeura estropié d’une blessure qu’il reçut au pied en séparant deux de ses amis qui se battaient dans la place du Palais-Royal : en croisant leurs épées avec la sienne, et les rabattant, l’une lui piqua un pied. […] Elle passa tout d’un coup de l’emportement à la douleur ; les pistolets lui tombèrent des mains, et elle se jeta aux pieds de Molière, le conjurant, les larmes aux yeux, de lui rendre son acteur, et lui exposant la misère où elle allait être réduite, elle et toute sa famille, s’il le retenait. […] Le père de Baron mourut d’un accident très singulier : il faisait le rôle de don Diègue dans Le Cid ; son épée lui était tombée des mains, comme la circonstance l’exige dans la scène qu’il avait faite avec le comte de Gormas, et la repoussant du pied avec indignation, il en trouva mal heureusement la pointe, dont il eut le petit doigt piqué.

31. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [85, p. 129-130] »

Comme cet ancien Gille ressemble à beaucoup de Gilles modernes, nous allons citer le portrait qu’en fait l’auteur du Misanthrope : C’est de la tête aux pieds, un homme tout mystère, Qui vous jette en passant un coup d’œil égaré, Et sans aucune affaire est toujours affairé.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Fiurelli (Scaramouche), à quatre-vingt-trois ans, donnait encore un soufflet avec le pied. Thomassin (Tommaso-Antonio Vicentini), le fameux Trivelin du dix-huitième siècle, lorsque, valet de Don Juan, son maître l’obligeait à faire raison à la statue du commandeur, faisait la culbute, le verre plein à la main et retombait sur ses pieds sans avoir répandu une goutte de vin.

33. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Toi, Marca, tiens-lui ferme les pieds, qu’il ne puisse faire un mouvement. […] Un personnage qui paraît avoir pris pied dans la comédie régulière avant de passer dans la comédie de l’art, c’est le Parasite.

34. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [44, p. 77] »

[44214, p. 77] Le docteur Malouin215, médecin de la reine, était, comme a dit Molière, tout médecin de la tête aux pieds.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

La femme de Molière alla sur-le-champ à Versailles, se jeter aux pieds du roi, pour se plaindre de l’injure que l’on faisait à la mémoire de son mari, en lui refusant la sépulture.

36. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Danse sur la corde (À la fin la corde casse, et les danseurs tombent qui sur les pieds, qui sur la tête, au milieu du brouhaha général.) […] — Le sublime chante que l’homme est le roi de la création ; mais le comique le montre tremblant de peur entre les bras d’un grand singe qui le flatte doucement avec sa patte148. — Le sublime est le troubadour qui récite, tôle nue et à distance, des vers épiques à la table des rois ; le comique est le petit chien impertinent qui saule sur la table du festin, salit les plats d’argent et d’or, met les rois en colère, le menu peuple en liesse, et mord en se sauvant le pied du troubadour. — L’architecte héroïque se cache derrière son œuvre, qui semble s’élever toute seule aux sons de sa musique, comme Thèbes aux doux accords de la lyre d’Amphion.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Au troisieme acte Sganarelle ne se déguise point en femme comme Arlequin ; mais il prend un ajustement aussi burlesque, puisqu’il s’arme de pied en cap. […] Sganarelle, armé de pied en cap, & se donnant des soufflets pour s’exciter.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

J’entre chez un cordonnier, il m’en donne plusieurs à essayer ; mais tous étoient si courts, que la moitié de mon pied n’y entroit point. J’étois comme ces petites maîtresses qui, pour paroître avoir un pied en miniature, portent des mules qui couvrent seulement le bout des doigts.

39. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Sans doute de grands malheurs ont nécessité de grands sacrifices, car la fortune publique est livrée à des parvenus grossiers ; des laquais enrichis foulent aux pieds toutes les lois de l’honneur ; l’honnêteté, la pudeur sont bravées ; la vertu n’est plus qu’un vain mot !!! […] Et si, malgré tant d’efforts, tes travaux étaient méconnus ; si, malgré tant de génie, tes chefs-d’œuvre étaient proscrits, tu te réfugierais aux pieds du trône, et tu trouverais encore un grand monarque pour les protéger.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Debout dans un baril défoncé, tenant sa lanterne élevée, Arlequin paraît sur les flots, prend terre, fait une culbute, et se trouve sur ses pieds, hors du baril. […] Le roi paraît ensuite ; Arlequin se jette à ses pieds, disant : “Ô prince !

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

sur quel pied l’épouse légitime, la mère de l’héritier de la couronne, sera-t-elle obligée à vivre avec la femme coupable qu’un double adultère met dans les bras du roi ? […] Je suis avec lui sur le pied d’une bizarre qu’il faut ménager.

42. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Don Juan, dès qu’il a vu le spectre, a perdu la moitié de sa valeur ; Hamlet, au contraire, il s’appuie sur le fantôme, et l’un et l’autre, Hamlet et le fantôme, ils s’en vont, les pieds dans l’abîme et la tête dans le nuage ! […] venir les chercher, jusqu’au pied de l’autel, ces hommes noirs, et les vouer à l’exécration publique ! […] C’est lui qui signera l’arrêt de mort du roi de France, qui traînera la reine à l’échafaud, qui tuera à coups de pieds dans le ventre, l’orphelin de tous les rois de la maison de Bourbon ! […] Alors la voix grondeuse s’éloigne, et c’est le roi qui éteint la bougie en se jetant aux pieds de la jeune personne à demi pâmée ; ici la toile tombe, heureusement, pour les chastes regards. […] peu s’en faut qu’il ne se noie ; il allait son petit train avec Charlotte, et voilà Mathurine qui lui coupe l’herbe sous le pied.

43. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

La pitié vous prend en vérité, à voir ce malheureux Arnolphe atteint au cœur d’un véritable amour, et se jetant aux pieds d’Agnès en homme désespéré. […] Un écrivain d’alors assure, et cela est aisé à croire, que Molière était comédien des pieds jusqu’à la tête. […] sur ce pied-là, il faut que vous soyez plus bel esprit qu’un autre, car il paraît qu’elle vous traite plus mal que pas un. […] Bernard est si fatigué de ces descentes quotidiennes qu’on fait chez lui, qu’il prend parti, pour éviter cette ruineuse compagnie, d’incruster une vieille épée toute rouillée et entourée de lierre au-dessus de la porte de sa maison de campagne, et de griffonner au-dessus de cet emblème, avec un gros charbon : À l’Épée royale, bon logis à pied et à cheval… M. […] Scaramouche, personnage bouffon de l’ancien Théâtre-Italien, était habillé de noir de la tête au pieds, il portait même un masque noir.

44.

Si l’on se rappelle certains tableaux de genre de l’école hollandaise, de ces soi-disant scènes de corps-de-garde qui ressemblent plutôt à des scènes de brigands : une taverne obscure, une femme suppliante aux pieds du capitaine, — on a remarqué en haie, derrière ce gentilhomme de la nuit, certains drôles singuliers, immobiles, les bras pendants, l’aile du chapeau rabattue sur le visage. […] Tartuffe est comme un homme qui se noyait et qui trouve pied tout à coup. […] C’est d’abord le lit à pieds d’aiglon, feints de bronze vert, le dôme garni de taffetas aurore et vert, les rideaux et les franges de même couleur. […] … Je voudrais ma fille là, à mes pieds, morte, avec les bijoux à ses oreilles ! Je la voudrais là ensevelie, à mes pieds, avec les ducats dans son cercueil.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Fabio part très chagrin de voir sa fille sécher sur pied. […] Il trouve enfin un protecteur qui écrit au Roi pour lui vanter les services de l’infortuné : il parvient aux pieds du Trône ; son maître prend le papier, commence à le lire : le héros croit ses malheurs finis ; point du tout : le hasard veut que le Roi s’endorme dans ce moment.

46. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

. — Et quand il fait agenouiller Arnolphe aux pieds d’Agnès, qu’il humilie devant cette petite fille toute la science de l’homme qui a vécu et toute la passion, quasi paternelle, de l’homme qui aime, et que la petite est impitoyable, et que c’est en vain qu’Arnolphe s’arrache un côté de cheveux, Molière ne veut pas qu’on s’attendrisse, et comme c’est lui qui joue le rôle « ses roulements d’yeux extravagants, ses soupirs ridicules, ses larmes niaises font éclater de rire tout le monde ». […] Mais il ne s’est pas peint en pied ; il ne s’est pas incarné dans tel ou tel de ses héros ; non pas même dans les sages, les Cléante, les Ariste, les Philinte ; et s’il est insensé de se représenter Alceste comme un Hamlet ou un Timon d’Athènes, il est ridicule d’y voir un Molière idéalisé, riant d’un rire amer et, du haut de ses infortunes conjugales, jetant l’anathème à l’humanité. […] Mettant sur le même pied le plus innocent travers et le vice le plus décidé. […] On sait que ce pied plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde. […] D’accord ; mais lui-même est pour beaucoup dans son malheur, Molière ne veut pas que nous l’oubliions, et pas plus qu’il n’entend nous faire pleurer quand il jette Arnolphe aux pieds d’Agnès, il ne veut nous indigner ni nous gonfler le cœur de pitié, lorsqu’au quatrième acte il met Alceste et Célimène aux prisés.

47. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

mon frère, s’écria Puy-Morin, en frappant du pied contre terre, pourquoi m’en faites-vous souvenir lorsque le dîner est prêt, et que ces pauvres gens m’attendent ? 

48. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Aux pieds du lit priaient deux religieuses à genoux. […] Tels de ses personnages sont Italiens de pied en cap. […] Voilà Paris en ébullition, les ennemis sur pied, les dévots en armes, les fanfarons de vertu prêts au combat. […] Molière n’est-il point là peint de pied en cap ? […] qu’une farce, Le Pied de Mouton de Martainville, rendit populaire près de deux siècles plus tard.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Je crois même qu’en transportant l’action & les spectateurs dans le péristile, on ne sera plus surpris de voir Amphitrion arriver à pied de l’armée. […] Les Magistrats qui n’y volent pas chez Thémis dans un char brillant, vont à pied, & s’entretiennent familiérement dans les rues avec leurs clients.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Lui, prenant le parti de son cheval, met pied à terre, & dit que son cheval n’étoit pas une rosse. […] Que je ramassai : & voyant qu’il avoit gagné au pied, je montai sur son cheval, & je m’en revins comme si de rien n’étoit.

51. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Nous avons posé le pied dans une toile tendue, la coquette nous enlace en nous faisant horreur, nous devenons ces complices en la méprisant, et nous encourageons par noire lâcheté une scélératesse que nous exécrons. […] Le bon sens a des pieds, il n’a pas d’ailes ; l’âme humaine est faite pour apercevoir au-dessus de lui des horizons qu’il n’ouvre pas.

52. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Quand je fus sorti du palais, arrivé sur la place, je te pris mon trésorier par un pied et le lançai en l’air jusqu’à la voûte du ciel. […] Ses pieds sont chaussés de souliers très minces recouverts sur le cou-de-pied par le pantalon qui fait guêtre.

53. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire, S’en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.

54. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Ému de ces récriminations, le maître de l’Olympe demande alors à Mercure des renseignements sur ce personnage qui se démène au pied de l’Hymette. — Ses infortunes ! […] Est-il besoin maintenant de réfuter pied à pied le réquisitoire de Rousseau contre Molière ? […] Voilà pourquoi Molière ne se réduit point à la minutieuse patience de l’observateur, mais rivalise avec la nature par une invention qui d’emblée improvise son personnage, de pied en cap. […] Discuter pied à pied tous ces griefs serait leur donner une importance qu’ils n’ont pas. […] About, qu’on traite un cerveau féminin, comme le mandarin les pieds de sa Chinoise. » 183.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Mon courage m’abandonne, je tremble, je veux fuir, & retombe sans force aux pieds de cette furie.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Quand j’ai entendu cela, je me suis coulé tout doucement vers la porte, en marchant sur la pointe du pied. […] Tout d’un temps Je tombe aux pieds, ou bien je saute au cou des gens.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Tiens-toi un peu, enfonce ton chapeau en méchant garçon, campe-toi sur un pied, mets la main au côté, fais les yeux furibonds, marche un peu en roi de théâtre.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

La Princesse qui survient, croit que son pere approuve la tendresse du Prince pour Aglante ; elle se jette à ses pieds, & le prie de ne pas unir sa cousine avec un mortel qu’elle hait. […] Les sons mélodieux de Diana vont jusqu’au fond de son cœur : il veut aller se jetter à ses pieds ; Polilla le menace de le poignarder s’il le fait, parcequ’il perdroit dans un moment tous ses soins.

59. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui viennent chausser le cothurne ! » Je ne vois venir que des pieds à brodequins et à souliers vernis.

60. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Lorsqu’un métaphysicien a défini avec intrépidité ce que nul ne connaît, il devient beaucoup plus prudent en prenant pied sur le sol de la réalité, ou, s’il continue à tracer dans les nuages ses lignes idéales, l’architecte jette à la dérobée maint coup d’œil sur la terre, et veille à ce que le plan qu’il lève là-haut ne soit pas trop fantastique. […] Lysidas, comme Minerve armée de pied en cap s’élança de la tête de Jupiter ? […] Mais, comme l’homme est un animal à deux pieds sans plumes, il est nécessaire de nous représenter comme emplumé le singe, qui est son contraire : cette bête est donc un oiseau. […] Mais notez bien que William Schlegel n’a pas dit : les personnages de la tragédie marchent sur leurs deux pieds : donc les personnages de la comédie doivent marcher à quatre pattes.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Arlequin, devenu hardi, fait tapage, & dit qu’il n’est pas honnête de conduire à pied devant un tribunal, un Seigneur qui a des chevaux & des carrosses.

62. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Deux marmites, dont une sans pieds, une cloche et son bassin, une lèchefrite, un coquemar sans couvercle, le tout cuivre rouge et tels quels, prisé ensemble six livres, ci… vilt. […] Un grand cabinet d’ébène avec plusieurs figures et monté sur ses pieds, garni de plusieurs tiroirs par le dedans, prisé soixante livres, ci… lxlt. […] Molière trouva donc une troupe qui avait pris pied devant lui, c’était la troupe de du Croisy ; mais dès que Molière parut, du Croisy lui céda la place : il fit mieux, il lui céda sa troupe et devint bientôt lui-même un des comédiens de Molière. […] C’était presque toujours du bien perdu : des perles dans du fumier ; des trésors enfouis comme des morts à six pieds sous terre. […] On pouvait lui dire qu’elle était jolie et qu’elle jouait bien, mais il ne fallait pas lui marcher sur le pied.

63. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

L’auteur expose le plus gravement du monde, dans la dédicace, l’analogie qu’il aperçoit, d’abord entre la partie supérieure et noble de ses personnages et la dédicace qu’il présente à Sa Majesté, puis entre la partie basse et monstrueuse de ses héros et l’œuvre qu’il dépose aux pieds de la reine. » Après avoir passé en Italie l’été de 1623, les Comici Fedeli revinrent en France et y représentèrent pendant l’année 1624 et le commencement de l’année 1625.

64. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Lapommeraye, qui a pris la peine de le suivre pied à pied et d’opposer à chacune de ses affirmations une réponse péremptoire et nette. […] La salle était suspendue à ses lèvres, avec cette sorte d’admiration et de battement de cœur qu’on ressent à voir un danseur de corde faire ses tours à trente pieds de hauteur. […] Que diriez-vous, si, au cinquième acte, au moment où il va triompher d’une famille en larmes, une trappe s’ouvrait sous ses pieds et l’enveloppait de feux de Bengale ? […] C’est ainsi que Tartuffe était la seule qui pût être jouée au pied levé par la troupe courante. […] Molière a deux cents ans ; mais vous n’en avez que vingt ; vous êtes jeunes, ardents, gais, amoureux, pourquoi diable avez-vous donc la goutte au pied et à la langue ?

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Bon pied, bon œil, & flic, & flac, tiens, c’est pour toi. […] Elle n’a plus l’esprit maintenant occupé Que des bords du Lignon, des vallons de Tempé, De bergers figurant quelques danses légeres, Ou tout le jour assis aux pieds de leurs bergeres, Et couronnés de fleurs, au son du chalumeau, Le soir, à pas comptés, regagnant le hameau.

66. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] Le chevet du lit s’appuyait au mur du fond, le pied venait en avant, et l’on avait accès de trois côtés. […] Pied, pié.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

 Mais de moi ce n’est pas de même ; Et je ne puis vouloir, dans mon destin fatal,  Aux Poëtes assez de mal  De leur impertinence extrême,  D’avoir, par une injuste loi,  Dont on veut maintenir l’usage,  A chaque Dieu, dans son emploi,  Donné quelque allure en partage,  Et de me laisser à pied, moi,  Comme un messager de village. […] Est-il homme à la Cour Qui de la tête aux pieds porte meilleure mine, Une jambe mieux faite, une taille plus fine ?

68. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Jamais celle qui sait et veut aimer ne mettra le pied sur ce gazon fleuri qui cache un ignoble bourbier. […] Il y avait presque autant de mérite à réformer l’amour dans l’expression que dans le fond, à l’époque où les madrigaux triomphaient si victorieusement, que Racine faisait dire au fils d’Achille aux pieds de la veuve d’Hector : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai483 ; à l’époque où Boileau lui-même, fléchissant sous la poussée du siècle, mettait, dans la glorieuse péroraison de son Art poétique, le Benserade des ruelles à côté du Corneille du Cid et d’Horace 484.

69. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Au lieu d’être simplement l’organe fidèle de l’idée qu’il a conçue, l’humoriste, dans l’ivresse du pouvoir arbitraire et des droits superbes de l’esprit, s’érige en dominateur de l’idéal, change à son gré l’ordre normal des choses, foule aux pieds la nature, la règle et la coutume, efface, éclipse, annule sa propre conception par l’éblouissant éclat de ses caprices, et n’est satisfait que lorsque son tableau, vide d’intérêt, vide de substance, sans vérité comme sans unité, présente à nos regards fatigués et distraits le spectacle à la fois changeant et monotone d’un chaos fantastique, où tout se mêle, s’entrechoque et se détruit. […] Cependant, il conserve jusqu’à la fin la foi la plus naïve et la plus sérieuse en sa mission239, et lorsqu’un ecclésiastique ose en sa présence douter et médire des chevaliers errants, le visage enflammé de colère et tremblant des pieds à la tête, don Quichotte lui répond ainsi : « Est-ce, par hasard, une vaine occupation, est-ce un temps mal employé que celui que l’on consacre à courir le monde, non point pour en chercher les douceurs, mais bien les épines ? […]   …… Jusqu’ici, assis aux pieds du divin Hegel, mon maître, j’ai écouté docilement ses leçons, reproduisant sa pensée avec fidélité, sans me permettre d’intervenir moi-même dans cette modeste exposition, autrement que par la plus timide paraphrase. […] Aussitôt, tirant ses chausses en toute hâte, il resta nu en pan de chemise ; puis, sans autre façon, il se donna du talon dans le derrière, fit deux cabrioles en l’air et deux culbutes, la tête en bas et les pieds en haut, découvrant de telles choses que, pour ne les pas voir davantage, Sancho tourna bride, et se tint pour satisfait de pouvoir jurer que son maître demeurait fo u243. » 174.

70. (1900) Molière pp. -283

— Le bon sens c’est la petite fleur bleue de la bruyère, elle croît aux champs, où on la foule aux pieds ; les bonnes gens de province la mettent à leur boutonnière, le soir, quand ils reviennent de goûter le frais dans les prairies d’alentour, et cela les expose à la risée des élégants qui ont vu la capitale. […] Sarcey qui d’ailleurs était d’un caractère, d’un esprit, et d’une sûreté de savoir à ne pas lâcher facilement pied, continua dans le même sens pendant une nouvelle soirée. […] LE COMTE Le pied vous a tourné, madame ! […] oui, le pied m’a tourné. […] Comme Louis XI se jette aux pieds de saint François de Paule, Argan se jette aux pieds de M. 

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Nos troubles l’avoient mis sur le pied d’homme sage, Et pour servir son prince, il montra du courage ; Mais il est devenu comme un homme hébêté, Depuis que de Tartufe on le voit entêté ; Il l’appelle son frere, & l’aime, dans son ame, Cent fois plus qu’il ne fait mere, fils, fille & femme. […] Regle générale, c’est du pied d’un arbre que doivent partir toutes les racines.

72. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Il voyait encore madame de Montespan, mais sur le pied de la simple amitié : elle n’en conservait pas moins l’espérance d’un retour ; mais rien n’y prêtait de la part du roi. […] L’un avait fermé à Charles IV l’entrée de la Lorraine ; deux autres avaient pris Condé, Bouchain, Valenciennes, Saint-Omer ; deux autres avaient combattu les Espagnols au pied des Pyrénées et les avaient défaits jusque dans la Sicile ; Duquesne, le vainqueur de Ruyter, était avec ces illustres guerriers ; leur réunion, ornement de la paix, était toujours une menace de guerre.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Il s’avise un matin de faire tout hâter dans sa cuisine ; il se leve avant le fruit, & prend congé de la compagnie : on le voit ce jour-là dans tous les endroits de la ville, hormis celui où il a donné un rendez-vous précis pour cette affaire qui l’a empêché de dîner, & l’a fait sortir à pied, de peur que son carrosse ne le fît attendre. […] Peu s’en est fallu que je n’aie enfoncé les deux portes à force de frapper à coups de pieds. […] La corneille se tient sur ses pieds, comme pour épier & prendre bien son temps ; elle mord tour à tour les deux oiseaux de proie.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Il se détermine à se lier bien vîte aux pieds des autels avec Léonor, & à partir tout de suite pour satisfaire aux devoirs d’un fils. […] Les arbres sont coupés par le pied. […] Coupés par le pied !

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Cela est vrai ; mais c’est de voir Pasquin mettre ses deux pieds sur la table, pour poudrer plus commodément sa vilaine perruque.

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