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20. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

À peine trouve-t-on dans tout le théâtre de Molière deux pères qui prononcent quelques paroles dignes de ce titre : le père de don Juan, qui vient se faire insulter inutilement par un fils perdu de débauche686, celui d’Hippolyte, qui vient donner à un jeune homme perdu d’amour d’inutiles conseils de modération687. […] Pour une fille délicate et tendre comme Molière en a.tant représenté, la joie de l’amour peut-elle être complète sans une mère digne de ce nom ? […] Malgré leurs ridicules et leurs sévérités, ils sont, par les entrailles au moins, dignes du nom de père709. […] Que valent tous ses autres mérites, s’il n’est capable de donner à sa femme et à sa patrie des enfants dignes de lui, s’il ne peut remplir ce rôle saint par lequel l’homme ressemble le plus à Dieu ?

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Une Reine illustre par toutes les graces de son sexe, & toutes les qualités qui caractérisent les plus grands Rois, fit former il y a quelques années à Paris une troupe de comédiens dignes de paroître à sa cour ; mais elle y attira en même temps une personne capable d’élaguer toutes les indécences dont nos comiques fourmillent, & de les mettre en état de paroître devant de jeunes Princesses encore plus respectables par leurs vertus que par leur rang. […] Le digne favori des neuf Muses & d’Apollon, M. […] Ils l’ont fait avec tant de malignité, d’acharnement & de mal-adresse, que les ignorants en ont pris occasion de jetter du ridicule sur la littérature en général, sans songer que, digne de respect par elle-même, les grands hommes qui l’ont cultivée, la rendent encore plus respectable. […] On méprise les Gens de Lettres qui se déchirent mutuellement par des satyres ; on applaudit à ceux qui, plus dignes de ce nom, ne sont occupés que du progrès de l’art, qui aiment jusqu’à leurs rivaux, & qui les encouragent.

22. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Cette idée est digne qu’on la recherche et qu’on l’étudie, parce que c’est l’idée d’un observateur hors ligne et d’un génie exceptionnel ; il est utile de la bien connaître pour se rendre compte de l’influence morale d’un auteur si attachant. […]   Qui ne condamnera, au point de vue moral, toute la longue comédie de l’Etourdi 232, où, d’un bout à l’autre, l’auteur étale la conduite d’un fils débauché, doublé d’un valet digne des galères233, travaillant ensemble, de la façon la plus plaisante du monde, à duper et à voler un vieux père et son vieil ami234 ? […]   Et qu’on ne dise pas que Molière s’est laissé aller à cette indulgence dans les débuts de sa carrière, aveuglé par l’exemple de ses prédécesseurs et de ses contemporains, entraîné par la nécessité de nourrir sa troupe et de faire rire à tout prix : c’est en 1669, quand il a donné le Misanthrope, le Tartuffe, l’Avare, après Amphitryon, que l’imitation antique peut excuser un peu ; c’est enfin quand il est maître et roi de la scène, qu’il joue devant le roi la désopilante farce de M. de Pourceaugnac, chef-d’œuvre comique où, par malheur, les deux personnages intéressants, spirituels, actifs, les deux chevilles ouvrières de la pièce, sont la Nérine et le Sbrigani, qui se font réciproquement sur la scène cette apologie digne des cours d’assises : NÉRINE Voilà un illustre.

23. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

  Amante, que la pudeur avant tout, et l’honneur, et l’abnégation soient les vertus qui l’élèvent et la rendent digne de devenir femme352. […] Que la gracieuse Henriette devienne sans effort la digne Elmire ; car on ne peut guère citer comme modèle d’épouse, malgré la grâce et la chasteté antique de son amour, la mythologique Alcmène 356. […] Les autres ont beau faillir, elle ne faiblit jamais ; ils ont beau méconnaître ses mérites et attaquer sa conduite, jamais de sa bouche ne sort un mot de blâme ou d’aigreur : aux injures de Mme Pernelle, elle n’oppose qu’un doux et digne silence361 ; à l’impudente déclaration de Tartuffe, elle ne répond qu’avec le mépris serein de la véritable vertu, assez forte pour se défendre sans colère362.

24. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

La marche d’une telle fortune m’a paru digne d’être étudiée. […] Le duc de Saint-Simon, dans sa juste animadversion pour l’injure que fit aux pairs, aux princes, à la nation entière, à son droit public, à ses mœurs, l’élévation du duc du Maine, fruit d’un double adultère, mais devenu digne d’une haute destinée par les soins de madame de Maintenon ; le duc de Saint-Simon, dis-je, comparant la naissance du duc du Maine avec les honneurs démesurés dont cet enfant fut comblé, se laissa aller au plus cruel et au plus injuste mépris pour madame de Maintenon, à qui le jeune prince devait le mérite précoce et distingué qui avait favorisé son élévation. […] Le roi lui dit ces paroles qui me paraissent dignes de remarque : « Madame, je vous ai fait attendre longtemps ; mais j’ai été jaloux de vos amis : j’ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous. » Le compliment, dit Auger, était délicat, mais il n’était pas sincère.

25. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il n’a manqué à ce digne Brunet, que d’avoir pu vivre, sans remonter sur son théâtre et de rester paisiblement sur son rocher. […] De ce gueux-là, Térence a fait un digne valet, hâbleur, mais dévoué, imprudent, mais capable d’un bon sentiment au fond de l’âme. […] La Fontaine n’a pas traduit ce passage d’une énergie, digne des satyres de Régnier, nous racontant les infamies de Macette. […] Le chœur des nuées invisibles est d’une très belle forme et tout à fait digne d’un poète lyrique. […] D’un valet digne (au moins) !

26. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

L’arme du ridicule n’était point aussi affilée qu’elle l’est devenue depuis, et n’inspirait point une crainte pusillanime digne elle-même d’être jouée sur le Théâtre. […] Combien de traits dignes de la Scène dans Horace et dans Lucien ? […] C’est le propre du génie de rendre digne des beaux-Arts la nature commune. […] Arrêter ses funestes effets serait-il un dessein moins digne d’un sage ?

27. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Plus tard elle inaugura sa statue, et le hasard voulut que la statue de celui qui n’avait pas été jugé digne même d’une prière, s’élevât chrétiennement à côté de la statue de Bossuet. […] Les interprètes du génie sont presque aussi rares que le génie même, et ici l’interprète se montra toujours digne de l’œuvre. […] Quand vos fonctions vous le permettent, M. le Préfet, vous venez assister à nos représentations, vous applaudisses aux chefs d’œuvre de notre scène ; le vœu que j’exprime doit être compris par vous, et j’espère que vous l’estimerez digne de votre attention. […] Considérant, en ce qui concerne la part que la ville de Paris est appelée à prendre dans la souscription du monument de Molière, que ce grand homme, dont les arts n’ont pas encore suffisamment honoré la mémoire, est né à Paris, qu’il y a fait ses études, qu’il y a passé presque toute sa vie, qu’il y a exercé sa profession, qu’il y a écrit ses chefs-d’œuvre, qu’il y est mort, et, qu’en un mot, il n’y a pas un des rayons de sa gloire qui ne brille sur sa ville natale ; Que lorsqu’il est question de lui ériger un monument digne de cette gloire, Paris, qui déjà y a contribué par les souscriptions particulières des chefs et des employés de son administration, de ses conseillers municipaux, d’un grand nombre de ses habitants, et notamment des sociétaires de la Comédie française, et, à leur exemple, des artistes des autres théâtres de la capitale ; Paris, disons-nous, ne veut pas, en tant que commune, rester étranger à cette Œuvre ; Considérant que la souscription de Paris, jointe aux 81,000 f. déjà disponibles, rend possible de commencer, dès à présent, les travaux ; Considérant, en ce qui touche le mode d’exécution de ces travaux, qu’ils ne sont pas de nature à être soumis à une adjudication, et qu’il convient qu’il y soit pourvu au moyen de traités passés avec des entrepreneurs connus ; DELIBERE : 1° Le projet de fontaine monumentale dédiée à Molière, à ériger à l’angle des rues Richelieu et Traversière-Saint-Honoré, est approuvé, sauf les modifications ci-dessus indiquées. […] Regnier, digne interprète de Molière et sociétaire du théâtre Français.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

il y auroit dévoilé toutes les finesses de son art en grand homme, c’est-à-dire comme il les sentoit ; nous y aurions appris à connoître les détours d’un labyrinthe si compliqué, où les plus grands Maîtres, & l’inimitable Moliere lui-même, se sont égarés : il nous auroit indiqué les fautes qu’il avoit faites avant de connoître la profondeur de son art, & celles qui n’étoient qu’une suite de cette précipitation avec laquelle il étoit quelquefois obligé de travailler ; ainsi ses imperfections mêmes auroient contribué à lui faire des successeurs dignes de lui. […] En second lieu, mon amour-propre me persuada sans peine que puisque l’Académie avoit jugé l’extrait de ma Poétique digne de servir aux progrès de la bonne comédie, le corps même de l’ouvrage pourroit, à plus forte raison, être de quelque utilité. […] « Je rends moins de graces aux Dieux, lui écrivit-il, de me l’avoir donné, que de l’avoir fait naître pendant votre vie : je compte que, par vos conseils, il deviendra digne de vous & de moi ».

29. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [79, p. 121] »

[79, p. 121] « Pourceaugnac est une farce, a dit Voltaire ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la hautes comédie (I) ».

30. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

Si vous croyez encor m’avoir sous votre loi, Donnez-moi des rivaux qui soient dignes de moi Mais non ; pour vous prouver que mon cœur froid, paisible, De sentiments jaloux ne vit plus susceptible, Après avoir exclu Dorat et Marivaux, Quittez ce fier dédain pour vos amants nouveaux ; J’ose vous en prier : plusieurs, quoi qu’on en dise, Sont dignes de Thalie ; à tort on les déprise.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Nos Modernes, extrêmes en tout, en ont lardé plusieurs dans la même piece ; & parmi toutes, il s’en trouve une ou deux dignes de la comédie. […] Si je demandois aux fanatiques du nouveau genre ce qu’ils pensent des reconnoissances larmoyantes, ils s’écrieroient surement que rien n’est plus beau, plus divin, plus digne de charmer la Cour & la Ville ; & ils me citeroient d’abord, avec raison, les reconnoissances de l’Ecole des Meres comme deux très beaux morceaux. […] La double ou triple reconnoissance de l’Avare est aussi d’une tiédeur peu digne, assurément, des beautés dont cette piece fourmille.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Je pense, n’en déplaise à nos dramatiques larmoyants, que voilà des choses dignes de figurer avec les situations dont ils remplissent leurs drames. […] Ainsi parlent les dignes successeurs des camarades de Moliere ; mais ils ne sont pas les plus forts. […] Si mes avis vous paroissent suspects ou peu dignes d’être suivis, écoutez du moins ceux que vous donnent deux excellents Critiques, & le génie le plus étonnant de notre siecle : « Le comique, ennemi des soupirs & des pleurs, N’admet point dans ses vers de tragiques douleurs. » Boileau, Art poét.

33. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Je ne parle pas de la différence du mérite : celle-là est énorme ; mais la gloire de Molière n’a pas besoin qu’on lui offre en sacrifice l’obscur Donneau, qui du moins, par l’admiration dont il se montre pénétré pour ce grand homme, fait regretter qu’il n’ait pas été plus digne de l’imiter. […] Ce Gorgibus du Cocu imaginaire est dessiné absolument sur le même modèle que celui des Précieuses ridicules ; c’est, pour dire vrai, le même personnage dans deux situations différentes, et, ce qui le rend digne d’observation dans les deux pièces, c’est qu’il montre quelque chose de ce bon sens naturel, de cette raison populaire que nous verrons développée avec plus de force, mais non avec plus de vérité, dans l’admirable rôle du Chrysale des Femmes savantes. […] La rencontre, si même c’en est une, est à peine digne de remarque : le sujet des Fâcheux n’est rien, et il se trouve partout, puisque chaque pas que nous faisons dans le monde nous fait rencontrer des importuns qui nous détournent de nos affaires ou de nos plaisirs. […] Elles fondent leur incrédulité sur ce qu’il existait une amitié sincère entre ces deux hommes célèbres, et que Chapelle s’est montré l’admirateur de Molière jusqu’à lui donner, dans une lettre qu’il lui écrivait, le nom de grand homme, titre que reçoivent rarement de leur vivant ceux qui en sont jugés le plus dignes après leur mort.

34. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [98, p. 142] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 346 La seule épitaphe digne d’être mise sur le tombeau de cet incomparable comique est celle qui fut faite par La Fontaine.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [42, p. 72-73] »

Voici le parallèle qu’en a fait avec Térence l’auteur du siècle de Louis XIV, le plus digne d’en juger, La Bruyère : « Il n’a manqué à Térence que d’être moins froid : quelle pureté !

36. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Que de métamorphoses plaisantes et dignes du théâtre ne voit-on pas alors s’opérer ? […] Sa comédie des Deux Gendres, qui lui ouvrit les portes de l’Institut, fut jugée alors, par les vieux amateurs de théâtre, digne d’être comprise parmi les plus belles du répertoire ; et nous pensons que la postérité n’infirmera pas leur jugement. […] Des sentiments aussi élevés, une conduite aussi digne, ne témoignent-ils pas de toute sa vertu ? […] L’avantage de ce petit artifice était de donner à sa parole plus d’ascendant, et une attitude plus digne, plus fière à sa personne, ce qui semblait aussi en grandir les proportions. […] C’est la faiblesse ordinaire de chacun d’être porté à croire ce qu’il désire, et la digne Elmire, dont Molière a fait une femme des plus sensées, a fondé en partie sur cette vanité la réussite de son projet.

37. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Ces reliques, au reste, nous le confessons tout d’abord, ne sont pas d’une bien haute portée littéraire ; il ne faut pas qu’on s’attende à une scène originale, hardie, digne des ciseaux de la police, à un pendant, par exemple, de la scène du pauvre, si longtemps absente du Festin de Pierre. […] Au rapport de plusieurs écrivains du xviie siècle, le cadre bouffon imaginé par Molière fut rempli en société, chez Mme de la Sablière, dans un dîner où se trouvaient Ninon, Chapelle, Despréaux, La Fontaine et quelques autres convives dignes d’un tel cercle.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Un homme habile peut faire des vers propres à une farce, & de la prose digne d’une grande piece. […] On sait que ce pied-plat, digne qu’on le confonde, Par de sales emplois s’est poussé dans le monde, Et que par eux son sort, de splendeur revêtu, Fait gronder le mérite & rougir la vertu.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Qui ne vit que pour soi, n’est pas digne de vivre. […] Le bonheur le plus grand, & plus digne d’envie, Est celui d’être utile & cher à sa patrie.

40. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie  siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] Vous croyez que la vertu se tient lieu de digne et de suffisante récompense, mais qu’elle accepte la gloire sans l’exiger ; que la gloire n’est pas tant une dette dont s’acquitte le public, qu’un aveu de ce qu’il doit, et tout ensemble une protestation qu’il est solvable. » Plusieurs trouveront les conversations rappelées par Balzac d’une gravité qui va jusqu’au ridicule ; les sujets qu’elles traitaient seraient ridicules, sans doute, dans la société d’une bourgeoise de petite fortune qui aurait à soigner elle-même son ménage et ses enfants.

41. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [93, p. 136-138] »

Ce n’est pas qu’il ne plaisante quelque fois agréablement dans les rôles de Sganarelle et de monsieur Dimanche ; mais le tout ensemble n’était pas digne de passer sous la plume de notre auteur, et l’on ne peut qu’applaudir au mot ingénieux de cette femme qui dit à Molière, votre figure de D.

42. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Quand, dans une comédie qui prétend moins qu’aucune autre à exciter l’intérêt, se trouvent trois personnages qui sont vraiment dignes d’inspirer ce sentiment, il faut supposer dans le public l’excès de la sottise ou de la dépravation, pour croire qu’il le portera de préférence sur un escroc titré, dont les brillants dehors ne peuvent dérober aux yeux la turpitude. […] Le couple charmant de Psyché et de l’Amour a respiré de nouveau sous les pinceaux du chef de notre école actuelle, d’un de ses plus dignes élèves devenu à son tour un grand maître, et d’un plus jeune peintre qui marche avec honneur sur leurs traces4. […] Mais ce qui est presque aussi singulier qu’une telle association, c’est que l’ouvrage qui en fut le résultat ne s’élève pas au-dessus du médiocre, et n’est, dans sa totalité, digne d’aucun des trois poètes illustres qui y contribuèrent. […] Corneille seul se montra digne de lui-même : ce n’est pas assez dire, il fit preuve d’une délicatesse, d’une suavité, d’une mollesse de style que la jeunesse de son talent n’avait pas possédées au même degré, et dont il semblait, d’ailleurs, que le déclin de ses années eût dû le priver entièrement.

43. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Sur ce sujet, j’ai pu souvent laisser parler des hommes plus dignes que moi d’être écoulés. […] Les Béjarts en vinrent à bout par un tour digne des comédies du temps. […] qu’il est digne d’un grand courage et principalement de ceux qui sont mis pour commander ! […] La seule considération de les endurer pour une si digne cause ne devrait-elle pas vous remplir non-seulement de force, mais de joie ? […] Ne trouve-t-on pas que Bourdaloue lui propose des pensées plus dignes d’un homme et d’un chrétien ?

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Mais comme, dans ce siecle charmant, tout est soumis au tribunal des Dames, qu’elles font sur-tout le sort des ouvrages de génie, & qu’il importe beaucoup à la république des lettres que le plus grand nombre ait des idées vraies, justes & dignes de ce goût fin, délicat & naturel que le beau sexe a reçu en partage, je me contenterai de faire remarquer aux Dames qui seront en ceci d’un avis contraire au mien, qu’il faut bien moins d’adresse pour présider à la parure d’une femme jeune & jolie, qu’à celle d’une vieille : & elles se récrieront, sur-tout si elles sont parées des fleurs de la beauté & de la jeunesse ; il a raison : Madame une telle, par exemple, est un sujet ingrat, que l’art de trois Marthons des mieux stylées ne sauroit embellir ; elle est toujours d’une laideur amere : si ! […] D’après cet oracle, le bel esprit de la société trace le plan, chacun y met quelque détail ; le précepteur de l’enfant de la maison transcrit ce qu’on appelle une piece, & s’admire : les auteurs la jouent ; vous jugez bien qu’ils la trouvent divine, c’est le mot, & digne de paroître sur le Théâtre François.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Apollon a fait mettre une barriere au sacré vallon ; il en confie la garde à la Muse chansonniere, avec ordre d’interdire l’entrée du Parnasse à tout ouvrage qui n’en sera pas digne. […] La nouvelle Toilette des Dames, avec une liste détaillée de tout ce qui la compose ; ouvrage immense & digne de la curiosité publique.

46. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Le roi se montra digne de la supplique ; il autorisa cette fois, par écrit, la représentation de Tartuffe. […] » Répondez donc, si vous avez quelque chose à répondre, mon digne théatin ! […] Le père Caffaro n’était pas de force à répliquer au nom de Molière, à un grand évêque tel que Bossuet, et la dispute, finit faute de combattant qui fût digne de répondre à ce rude docteur. […] Le monde qu’il parcourt n’a plus assez d’originaux, qui soient dignes de son application et de son étude. […] Cette vertu farouche avait besoin d’une leçon de modération et de réserve, Molière la lui a donnée, avec tous les ménagements et tous les respects dont un homme comme Alceste était digne.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Je ne vois que dans Quinault un exemple digne de nous servir de modele. […] Ils sont fins, souples, déliés, dignes enfin de son sexe.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

Je le sais bien ; mais il auroit dû garder la science & l’air de dignité qu’il avoit puisés dans ses négociations pour ses opérations politiques seulement, & se montrer moins digne, moins froid, moins guindé, dans ses pieces ; il n’auroit tenu qu’à lui : il suffit de voir son triple Mariage pour s’en convaincre. […] Il y a entre la crapule de la canaille & les nobles travers des grands, des ridicules roturiers dignes de l’œil du philosophe, & qui méritent d’occuper le premier rang dans une piece.

49. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Nous l’avons vue choisir ses personnages parmi les individus de conditions différentes, qui tendaient sans cesse à se confondre ; ne peut-elle pas aujourd’hui se diriger vers le but opposé, et les hommes forcés de reprendre leur rang sont-ils moins dignes de ses pinceaux, que les hommes tourmentés du désir de quitter leur place ? […] Sans doute on t’opposerait de nouveaux obstacles ; tu trouverais, comme jadis, des envieux sans pudeur et des critiques sans bonne foi ; mais ton courage serait encore digne de ton génie.

50. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

« Mais on serait également injuste envers madame de Maintenon, si on se plaisait à attribuer le chagrin de voir madame de Montespan revenir à la cour, à des motifs peu dignes d’elle, et à ces petites passions qu’on retrouve si souvent dans la société. […] Bossuet lui avait souvent parlé là-dessus avec une liberté digne des premiers siècles et des premiers évêques de l’église ; il avait interrompu le cours de ses liaisons plus d’une fois ; il avait osé poursuivre le roi qui lui avait échappé.

51. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Myrtil, si digne d’envie, Me chérit plus que le jour ; Et moi je perdrais la vie Pour lui montrer mon amour.

52. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Je ne vis jamais tant de bonté, tant de franchise et tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. […] Molière. » Le testament de Madeleine Béjart est digne d’être indiqué ici par les beaux sentiments de charité qu’elle y exprime. […] Et que d’un front ridé les replis jaunissants Mêlent un triste charme aux plus dignes encens. […] » Mais le portrait le plus digne de La Grange est celui-ci, de la main de La Fontaine, dans Ragotin. […] Jeanne imagina un tour digne d’un valet de la farce italienne.

53. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Pendant plusieurs siècles, la poésie française a gravité autour de ce sujet, jusqu’au jour où il est devenu le domaine propre d’un Maître digne de faire oublier tous ses devanciers. […] Il est donc certain que ce chef-d’œuvre ne reçut pas d’abord tous les applaudissements dont il était digne. […] Introducteur d’un impertinent digne d’être accueilli à bras ouverts par des pécores, il vient, comme lui, lire ses sottises rimées à des folles qui se pâment d’aise devant un fat. […] Tous ces griefs il eût été plus digne sans doute de les oublier ; mais convenons qu’ils autorisaient une revanche. […] Bien qu’elle ait toute la grâce de Célimène, sa seule coquetterie sera de plaire à qui lui paraît digne d’être aimée.

54. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

La perte de la traduction de Molière est sans doute beaucoup plus digne de regrets. […] Il ne nous fait rire que de ce qui est digne de risée.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

D’Ancourt en a dans son Chevalier à la mode, qui sont bien dignes d’être cités, & d’être imités. […] & le Marquis de.... tous les deux beaux, charmants, faits à peindre, & dignes de conquêtes bien plus brillantes.

56. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Dans l’Art poétique, il les cite tous deux comme dignes d’éloges dans deux genres différents : Malherbe d’un héros peut vanter les exploits ; Racan chanter Philis, les bergers et les bois. […] Le président Hénault dit en parlant d’elle : « Princesse dont la fin fut digne de pitié, mais d’un esprit trop au-dessous de son ambition, et qui ne fut peut-être pas assez surprise et assez affligée de la mort funeste d’un de nos plus grands rois. » Ce mot pas assez surprise laisse à douter si elle fut à la tête du complot ou seulement instruite de celui du prince de Condé ; car le soupçon flotte entre les deux, relativement à cette qualité de chef : il est probable qu’ils s’accordèrent ; mais le prince de Condé, le plus offensé, le plus ardent, qui vit sans doute Ravaillac à Bruxelles, était probablement le chef.

57. (1802) Études sur Molière pp. -355

Quels sont, va-t-on me demander, les traits dignes d’être distingués dans l’ouvrage français ? […] Enfin, qu’elle ouvre le livre, elle y trouvera, avant le vers dont il s’agit, cette note digne de quelque considération : Dorine, à part. […] Elle eut le plus grand succès ; les jaloux ne la trouvèrent pas digne de leur colère ; ce n’est qu’une farce, disaient-ils ; eh ! […] Molière possédait si bien l’art de s’approprier tout ce qu’il trouvait digne de lui ! […] Les scènes. — En parlant du Malade imaginaire, Voltaire dit : « C’est une de ces farces de Molière, dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie. » N’aurait-il pas mieux fait de dire : Le Malade imaginaire est une de ces pièces où, parmi des scènes dignes de la haute comédie, on en trouve qui se rapprochent de la farce ?

58. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Qu’une telle action est bien digne de toi, Et que tu connais mal le cœur d’un si grand roi ! […] Ils auraient damné le saint-père lui-même s’il n’eût pas jugé le Tartuffe digne des flammes de l’enfer, et auraient nié jusqu’à l’infaillibilité des saints conciles, s’ils n’y eussent rien trouvé que d’orthodoxe. […] Qu’on rapproche en effet les passages qu’on vient de lire des expressions mêmes du poète comique : « Votre majesté a beau dire, et monsieur le légat et messieurs les prélats ont beau donner leur jugement, ma comédie, sans l’avoir vue, est diabolique en mon cerveau ; je suis un démon vêtu de chair et habillé en homme, un libertin, un impie digne d’un supplice exemplaire. […] Les amis de Molière crurent devoir réfuter cette diatribe ; elle n’était pas digne d’une réponse : l’envie porte avec elle son contrepoison ; elle rehausse le mérite en s’efforçant de l’abaisser ; plus elle le nie, plus elle le reconnaît. […] Il est plus naturel de croire que cette défense du Tartuffe est l’ouvrage d’un des amis de Molière, qui la revit avec soin, et sous tes yeux duquel elle fut peut-être écrite : c’est une des pièces principales de ce grand procès ; elle est digne, sous tous tes rapports, de l’attention des critiques et des moralistes.

59. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Soleirol, mérite sous ce rapport une mention particulière : on n’y comptait pas moins de cent vingt-neuf peintures et dessins*consacrés à Molière, tous originaux, cela va de soi ; le digne commandant, proie sans défense pour les brocanteurs, achetait tout ce qu’on lui apportait, adoptait toutes les attributions, et en inventait lui-même au besoin. […] Henri Lavoix et Emile Perrin, réduisent notablement ce chiffre : le premier conclut qu’une dizaine de ces portraits peuvent être considérés comme documens ; deux seulement ont paru au second dignes d’une étude détaillée. […] Bien avant, Chappuzeau l’avait montré «  d’une conversation si douce et si aisée, que les premiers de la cour et de la ville étaient ravis de l’entendre. » De fait, celui qui, dans le Misanthrope, définit l’amitié avec une conviction si sérieuse et si ferme, eut beaucoup d’amis, et qui comptent parmi les personnes les plus illustres, ou les plus dignes d’estime de son temps. […] Dans les Fâcheux, il institue sur elle toute une discussion théorique, et il en présente le pour et le contre avec une subtilité digne de l’Hôtel de Rambouillet. […] Noble fin, et digne de lui, malgré le terrible anathème de Bossuet ; sans elle, il manquerait quelque chose à une gloire dont elle fut le couronnement et comme l’apothéose.

60. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Molière s’est approprié tout ce qui, dans les comiques anciens et modernes, étrangers et nationaux, lui a paru digne d’être mis en œuvre par son génie. […] Plaute prodigue des bouffonneries, des quolibets dignes de la populace de Rome. […] D’après des témoignages dignes de confiance, il paraît qu’il alla étudier en droit aux écoles d’Orléans, et qu’il se fit recevoir avocat. […] Les autres amis de Molière étaient dignes de lui. […] Un tel passe-temps, assez peu digne de loi en apparence, n’était pas sans utilité pour son art.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Une fois sortis de la ville qui a vu naître leurs talents, qui les a même cultivés, ils pensent n’avoir rien laissé après eux qui soit digne d’être peint aux yeux du peuple brillant qu’ils veulent amuser. Les femmes qu’ils ont ennuyées de leurs premiers vers, n’ont plus de vertus, de travers, de graces, de minauderies dignes de la scene : les hommes n’y sont plus des hommes ; ils n’ont plus une ame qui mérite l’attention d’un sage habitant de la capitale.

62. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Moliere n’auroit plus joué que dans les rôles du haut comique, mais sa mort précipitée le priva d’une place bien méritée, & l’Académie d’un sujet si digne de la remplir. […] Moliere lui fit entendre qu’il avoit eu dessein de traiter ce sujet-là : mais qu’il demandoit d’être traité avec la derniere délicatesse : qu’il ne falloit point sur-tout faire comme Desmarets, dans ses Visionnaires qui a justement mis sur le Théatre des fous dignes des Petites-Maisons.

63. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le célèbre antagoniste de Descartes admit à ce cours le jeune Bernier, Poquelin et Hesnaut : ils se montrèrent dignes d’un tel maître. […] C’est dans cette même année 1656 que Molière en fit jouer un bien plus digne des applaudissements. […] Bientôt après on se rendit dans la salle où était servi un repas digne de l’amphitryon et des conviés. […] Ce dernier prouva dans la suite qu’il était digne de l’estime de notre auteur. […] Cette excuse, bien faible lors même qu’elle serait digne de quelque foi, n’est qu’une erreur volontaire.

64. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Bornons-nous à rappeler qu’il vécut si bien en dehors de son siècle, que son siècle ne le comprit point, que son ami Boileau l’oublia absolument, lui et la fable, dans son Art poétique, et qu’enfin Mmede Sévigné elle-même, toujours citée parmi les rares esprits de son temps qui paraissent avoir apprécié le grand poète à sa juste valeur, parle pourtant de ses chefs-d’œuvre comme de bagatelles 3, jolies, il est vrai, mais peu dignes d’occuper des gens nés pour s’occuper de questions infiniment plus graves, comme celle de savoir quel a été le costume de M. d’Hocquincourt à la dernière promotion des chevaliers de l’ordre, ou si Mmede Ventadour aura le tabouret. […] En vain le pauvre Mézeray déclara-t-il, dans deux lettres d’une rare platitude, qu’il était prêt à passer l’éponge sur tous les endroits de son livre que l’on jugerait dignes de censure . […] Nous en étions ravis l’autre jour chez M. de La Rochefoucauld ; nous apprîmes par cœur celle du Singe et du Chat,… cela est peint ; et la Citrouille et le Rossignol, cela est digne du premier tome.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

La pâle est aux jasmins en blancheur comparable, La noire à faire peur, une brune adorable : La maigre a de la taille & de la liberté ; La grasse est, dans son port, pleine de majesté : La mal-propre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée : La géante paroît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des Cieux : L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne : La fourbe a de l’esprit, la sotte est toute bonne : La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur.

66. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Mais il eût été vraiment digne de lui de mépriser l’injure reçue, et de n’en point tirer cette énorme vengeance. […] Tout le respect qui environne le nom de Molière et tout le mépris qui s’attache au nom de Cotin, ne peuvent empêcher qu’un tel procédé ne nous paroisse aujourd’hui un acte de licence, digne de la muse effrontée d’Aristophane. […] Les regrets qu’ils lui donnèrent parurent dignes des sentiments qu’ils lui devaient ; ils fermèrent le théâtre pour ne le rouvrir que sept jours après, le vendredi 24 du même mois. […] Cependant, soit qu’avant le siècle dernier, les notaires ne se fussent pas encore élevés jusqu’à cette probité délicate qui les distingue aujourd’hui, soit que notre vieille comédie, poussant jusqu’au mensonge la liberté de ses censures, ne craignît pas de flétrir de ses sarcasmes une profession digne de respect, nous voyons, dans quelques anciennes pièces, des notaires proposer, accomplir impudemment des actes d’insigne friponnerie. […] Et que leur mauvais sort est digne de pitié !

67. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Qu’on lise le parallele qu’en a fait, avec Terence, l’auteur du siecle de Louis XIV. le plus digne de les juger, la Bruyere. […] Si dans ces modeles on trouve quelques traits qui ne peuvent amuser que le peuple, en revanche combien de scenes dignes des connoisseurs les plus délicats ? Boileau a eu tort, s’il n’a pas reconnu l’auteur du Misantrope dans l’éloquence de Scapin avec le pere de son maître ; dans l’avarice de ce vieillard ; dans la scene des deux peres ; dans l’amour des deux fils, tableaux dignes de Térence ; dans la confession de Scapin qui se croit convaincu ; dans son insolence dès qu’il sent que son maître a besoin de lui, &c. […] Un pauvre lui ayant rapporté une piece d’or qu’il lui avoit donnée par mégarde : « Où la vertu va-t-elle se nicher, s’écria Moliere, tiens, mon ami, je te donne la piece, & j’y joins cette seconde de même valeur ; tu es bien digne de ce petit présent » ! […] La préoccupation se rencontre dans les commentateurs, parce que ceux qui entreprennent ce travail, qui semble de soi peu digne d’un homme d’esprit, s’imaginent que leurs auteurs méritent l’admiration de tous les hommes.

68. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Voici maintenant que je n’ai plus que des vices médiocres, ennuyeux, insipides, plus dignes de pitié que de pardon. »          Mediocribus aquas Ignoscos vitiis temor À ce vice épuisé s’arrête la comédie, elle est comme le roi du proverbe : « Où il n’y a rien, le roi perd ses droits !  […] Afin que ses adieux suprêmes fussent dignes d’elle, mademoiselle Mars avait appelé à son aide Molière et Marivaux, ses deux amis fidèles, fidèles jusqu’à la fin ; celui-ci austère, sérieux, solennel, même dans sa vie ; celui-là bienveillant, aimable, charmant, plein de grâce, d’élégance et d’abandon. — L’un qui soutenait mademoiselle Mars d’une main si ferme, l’autre qu’elle-même elle soutenait, en lui prêtant sa blanche épaule ; celui-ci qui survivra à toutes choses, même à une perte irréparable ; celui-là qui se sentait mourir, le soir même où il perdait sa comédienne bien-aimée et qui, à cette heure, est mort sans retour ! […] D’ailleurs, je le répète, il n’y avait au monde, pour aimer, pour copier Marivaux, que des femmes choisies, et dignes de comprendre un si parfait modèle. […] Elle s’abandonne librement à l’espièglerie de son rôle ; elle est, tour à tour, la fille d’un grand seigneur à l’ancienne marque, et la digne suivante d’une belle dame à la mode des petits appartements ! […] La femme est jeune, belle, intelligente, s’il en fut, et grande et bien taillée pour le drame ; l’homme est digne de sa femme, il est plein de verve et de passion, mais il ressemble un peu à un ours, à un ours qui saurait bien tenir la coupe empoisonnée ou le poignard.

69. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais ceux-ci, pénétrés d’une crainte respectueuse pour Jupiter et les lois de la cité, restent froids, et lui répondent gravement : Des morts qui nous sont chers le culte est respectable ; Mais de nos rois le sceptre est digne aussi d’honneurs. […] Apollon oppose à ce rapport purement naturel le droit moral de l’époux, et ici la gravité du génie d’Eschyle est digne d’être éternellement admirée. […] Qu’on lui donne soixante ans et des cheveux gris, qu’on en fasse un amoureux, un jaloux et une dupe, et ce malheureux, digne pour le moins d’un blâme compatissant, puisqu’il souffre, va soulever un éclat de rire universel de gaieté moqueuse et d’antipathique dédain. […] Par cette épuration profonde, leur théâtre serait seul digne d’être comparé à celui des Grecs, si la rhétorique qui s’y fait trop applaudir ne rappelait pas plutôt les déclamations de Sénèque que les chefs-d’œuvre classiques221, surtout si les conditions nouvelles d’un art romantique en dépit de lui-même n’avaient pas imposé à leur poésie dramatique des allures et des mœurs contraires à l’antique plasticité. […] Après lui, le mariage fut profané sur la scène, ce qu’il y a de plus saint au monde put être sérieusement joué, et la victoire impie de l’individu sur le Divin fut proposée aux spectateurs comme l’objet le plus digne d’exciter leurs éclats de rire et leurs battements de mains.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Car enfin rassemblons, puisqu’il faut avec toi Descendre à des détails si peu dignes de moi, Rassemblons en un point de précision sure L’état de ma fortune & présente & future. […] Les aiglons généreux & dignes de leurs races, A peine encore éclos, voleront sur nos traces.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Le Marquis de la Mota, digne d’être un Marquis François, joint Don Juan ; dit du mal de plusieurs femmes dont il a été bien traité, les lui nomme, & finit par lui faire confidence de l’amour que Dona Anna ressent pour lui. […] Le Poëte italien n’a-t-il trouvé dans le Poëte françois que ce trait digne d’être imité ? […] Il Signor Abbate Chiari, M. l’Abbé Chiari, Poëte comique, contemporain & digne émule de M.

72. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

L’enseignement de l’esthétique est confié, dans l’université de Zurich, à un homme de science et d’une portée d’esprit peu commune, mais qui, Germain par sang et digne héritier de Schlegel, fait profession d’un profond mépris pour les lettres romanes et n’a d’admiration que pour les littératures germaniques, dont Shakespeare est, à ses yeux, le plus noble représentant. […] Il est deux sortes de conversions : il en est qui tuent le talent, celles-là sont des chutes déguisées sous un nom respecté; il en est qui le renouvellent, tout en lui fermant peut-être telle ou telle carrière; celles-là seules sont vraies et dignes d’être honorées des hommes, parce que, comme celle de Racine, elles sont un relèvement. » IV. […] Ce qui le prouve, c’est que dans le sein de l’Eglise la foi ne fut pas assez forte pour susciter à Voltaire un seul adversaire digne de lui.

73. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Elle est à peine finie qu’il fait une action digne de lui, en disant aux deux marquis qu’il ne sortira point qu’ils ne soient sortis : et il le ferait sans doute, puisque les gens de son caractère ne se démentent jamais, s’il n’était obligé de suivre un garde, pour le différend qu’il a eu avec Oronte en condamnant son sonnet. […] Molière une occasion nouvelle d’avoir recours aux bontés du roi, qui lui accorda la salle du Palais-Royal, où M. le cardinal de Richelieu avait donné autrefois des spectacles dignes de sa magnificence. […] Molière n’aurait plus joué que dans les rôles de haut comique, mais sa mort précipitée le priva d’une place bien méritée, et l’Académie, d’un sujet si digne de la remplira. […] Un curé…3, dans un livre présenté au roi, décida que l’auteur était digne du feu, et le damnait de sa propre autorité. […] « [*] Pourceaugnac est une farce ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Des actions d’autrui je ferai la critique, Médirai saintement, & d’un ton pacifique ; Applaudissant à tout ce qui sera blâmé, Ne croirai que moi seul digne d’être estimé.

75. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

On sent là, comme aux courtes et dignes paroles qu’elle adresse à Trissotin sur sa brusque retraite, une nature énergique et noble au fond, à qui il ne manquait peut-être que d’être contenue et dirigée par un mari ayant lui-même plus de caractère. […] En effet, c’est du côté de la prude aux hypocrites alarmes, que se trouve l’impudeur, tandis que la plus noble décence se montre dans le langage de la jeune fille qui sait être vraie, simple, et digne dans l’aveu de son penchant pour une honnête union.

76. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

., elle ne se tient pas pour inutile : elle veut alors se rendre un compte exact de ces chefs-d’œuvre ; après les avoir reconnus inattaquables et s’être assurée qu’ils sont de tout point dignes d’admiration, elle prétend étudier en quoi et par quoi ils le sont : et elle n’est point satisfaite tant qu’elle n’a point démêlé les divers éléments dont se constitue ce tout rare et complexe, le beau. […] Dans cette juste mesure, nulle œuvre artistique plus que celle de Molière, nul auteur dramatique plus que lui n’est digne d’attirer l’attention au point de vue moral.

77. (1739) Vie de Molière

On tâchera d’éviter cet écueil dans cette courte histoire de la vie de Molière ; on ne dira de sa propre personne, que ce qu’on a cru vrai et digne d’être rapporté ; et on ne hasardera sur ses ouvrages rien qui soit contraire aux sentiments du public éclairé. […] Jamais plus illustre maître n’eut de plus dignes disciples. […] Pourceaugnac est une farce ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie. […] C’est une de ces farces de Molière dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie.

78. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

De tout temps la critique française a jugé le rôle d’interprète peu digne d’elle, et a prétendu à l’honneur de régenter. […] En faut-il conclure que Tartuffe soit moins vrai que son digne émule et confrère ? […] Cette àme ardente n’a pas trouvé d’objet digne d’elle et elle s’est réfugiée dans la haine. […] Il est digne d’une civilisation bien entendue de forcer la raillerie et le persifflage à s’attaquer aux choses et non aux hommes. […] L’Alcmène de Molière est moins digne que celle de Plaute.

79. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Un curé de Paris publia contre Molière un livre où sa comédie était qualifiée de diabolique, et lui-même appelé un démon vêtu de chair , digne de passer des bûchers de la justice humaine dans les brasiers de la vengeance divine. […] Molière était mort depuis quatorze ans, et il y en avait dix-huit que son chef-d’œuvre jouissait sans opposition des suffrages du public, lorsqu’un des hommes les plus dignes d’en apprécier les beautés, entreprit d’y faire voir des défauts qu’on n’avait pas encore aperçus. […] L’amour que ressent pour lui une femme si digne d’en inspirer, cet amour que Jupiter lui envie, en même temps qu’il en usurpe sur lui les plus précieuses marques, contribue à relever son caractère, et à empêcher que, dans une situation toute risible, il ne soit personnellement ridicule.

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