« Mais, me dira-t-on, il s’agit ici des pieces intriguées par des noms, & vous ne nous citez que des bouts de scenes amenées par des noms ». […] Il s’agit maintenant d’en faire la lecture.
Il ne nous suffit plus, comme aux premiers spectateurs de Molière, qu une comédie nous charme par la vérité des caractères, l’habileté de l’intrigue et l’agrément du langage : nous voulons savoir quel esprit secret l’anime, quel but invisible aux yeux vulgaires s’est proposé l’auteur, au nom de quels principes latents il a fait parler et agir les personnages qui s’agitent devant nous. […] On peut voir nettement la différence de l’artiste dramatique et du moraliste dans la critique de Tartuffe faite par La Bruyère18 : La Bruyère a raison, quand il dit que l’hypocrite dans la réalité n’agit point comme Tartuffe ; et Molière a raison quand, sur la scène, il fait agir son Tartuffe autrement que l’hypocrite réel.
Des mots nets et précis, représentant des idées claires, sont la mort de toute discussion : si l’on comprenait bien les termes dont on se sert, peut-être parviendrait-on à s’entendre ; on écrirait moins, on penserait et on agirait davantage. […] Il ne s’agit que de s’entendre. […] Les écrivains ont agi, ont souffert ; ils ont vu les grandes catastrophes, ils ont connu les passions qui vivifient l’intelligence et l’expérience qui l’éclaire. […] Pour devenir un Auguste aux yeux de quelques gens de lettres, de tout temps le procédé a été bien simple : il s’agît uniquement de distribuer des pensions : les Virgiles qui les touchent n’ont garde de révoquer en doute l’efficacité de ce moyen.
Oreste et Hamlet, Antigone et Cordélia, Agamemnon, Œdipe, Macbeth, Othello, les personnages tragiques de tous les temps n’ont agi que par leur impulsion. […] Ils agissent moins qu’ils ne pérorent. […] Ces personnages expriment, pour la plupart, les motifs qui les font agir et leurs sentiments avec un grand appareil déclamatoire, et déploient tout l’art de la rhétorique. […] Ainsi, par exemple, le Tartuffe de Molière, ce faux dévot, véritable scélérat qu’il s’agit de démasquer, n’est nullement plaisant. […] Grâce à cette faculté de pouvoir prendre toutes les formes sans en avoir aucune, il devient éminemment propre à être l’expression mobile de l’esprit qui se manifeste et agit par le corps.
S’agit-il de causer avec sa femme ? Il s’agit de posséder une femme. […] Il ne s’agit pas de se fermer les yeux. […] Il ne s’agissait que de trouver une dupe ; il l’a trouvée. […] Il s’agit de se rattraper, il s’agit de faire passer les non que l’on a prononcés pour des oui et détourner les choses de manière que tout ce qui a été contre soit démontré comme ayant été pour.
Il ne s’agit pas de savoir si les conseils pratiques, les préceptes dictés par Aristote, Horace, Boileau, sont légitimes et valent quelque chose. […] Ce qu’il s’agit de savoir, c’est si les Philosophies de l’Art, les Traités complets d’Esthétique, les livres qui s’intitulent Science du Beau, justifient leur titre.
Et cependant il ne s’agit que d’un langage apprêté, que de sentiments romanesques alors à la mode. […] Le plan est la manière dont l’auteur fait agir ses personnages, les met en situation ; il doit contenir l’exposition, le nœud et le dénouement. […] Il s’agit de créer le plan, écueil où tant de fois le genre est venu se briser, et que Molière, si parfait dans tout le reste, n’a pas franchi toujours heureusement.
Oui ; mais, pour le conclure, Si l’on vous a dit tout, ne vous a-t-on pas dit Que vous avez chez vous celle dont il s’agit, La fille qu’autrefois de l’aimable Angélique, Sous des liens secrets, eut le Seigneur Enrique ? […] Point du tout : je sais trop combien il a été déja dupe, & je connois les motifs qui le font agir.
L’orgueil de l’hérésie est un vice que l’on peut blâmer mais lorsqu’on parle d’hypocrisie, ce n’est pas de cela qu’il s’agit, et pour vouloir frapper deux adversaires à la fois, s’exposent à n’en toucher aucun. […] Il ne s’agit donc pas de savoir si Molière avait le droit de mettre un athée sur la scène, mais si en faisant cela il tenait école d’athéisme. […] S’il s’agissait en effet d’une vertu de ce genre, plus préoccupée du ciel que de la terre, demandant à la nature et à la chair plus de sacrifices qu’elles n’en peuvent supporter, se mêlant au monde pour prêcher le mépris du monde, on comprendrait encore que le monde regimbât, ou du moins qu’il renvoyât aux prédicateurs attitrés le rôle de convertisseurs ; un tel rôle chez un homme du monde aurait en effet quelque chose de prétentieux et légitimerait quelques représailles. […] Il ne s’agit donc pas ici, quoi qu’on dise, d’une vertu surhumaine, exagérée et impraticable : il s’agit précisément de la vertu mondaine et profane, la vertu de l’honneur. […] Le héros de la pièce moderne est lui-même une sorte d’Alceste, un peu trop naïf à la vérité (mais il vient d’Afrique) ; c’est une âme fière et même un peu farouche, c’est encore l’honneur dans toute sa délicatesse, sa rudesse, son austérité : comme Alceste, il tombe dans un monde frivole, plus que frivole ; comme Alceste, il aime au-dessous de lui et bien plus bas, car il ne s’agit plus d’une coquette, mais d’une courtisane.
Il s’agirait d’un saint, que la dévotion, inspirée par une telle idée et parlant ce langage, passerait pour niaise ; mais on s’étonne, puisqu’il s’agit de Molière, que le souvenir de Thomas Diafoirus et de ses « qualités pour le mariage et la propagation » n’ait pas arrêté la plume qui se complaisait en ces phrases étranges. […] Agir autrement eût été une grosse imprudence au XVIIe siècle pour un homme très en vue, obligé de compter sur les puissances. […] Molière n’était pas allé à lui du premier coup : il avait commencé par les médecins officiels, ceux du roi et de la cour, puis, voyant qu’ils ne pouvaient rien, il s’était adressé à un autre, qui pensait et agissait tout autrement. […] Pour faire parler et agir les médecins comme il l’a fait, il dut en voir de toutes sortes, comme aussi, pour disserter sur la médecine de son temps avec une précision admirée par Maurice Raynaud, il faut qu’il l’ait étudiée et de très près. […] Bien entendu, ses ennemis dénaturaient cette façon d’agir.
Elles agissent peu, les membres sont débiles ; Et je puis bien, hélas ! […] Les plus nobles parties N’agissent presque plus, n’ont plus ces sympathies Ni cette égalité dedans leurs fonctions, Et cela cause en vous ces agitations.
De quoi s’agit-il dans L’Étourdi ? […] il s’agit d’une belle fille qui est à vendre ; Si vous avez de l’argent, vous l’aurez, sinon, non ! […] Voilà des gens qui agissent sans bruit, sans éclat, d’une façon timide, en gens qui doivent réussir. […] Déjà, il ne s’agit plus entre l’avocat et son client de l’affaire d’Alceste ; il s’agit d’une affaire bien plus grave pour l’un et pour l’autre, il s’agit d’un homme dont la ruine est immanquable, si l’on ne vient pas à son secours. […] Ce n’était, des deux parts, ni la même langue, ni les mêmes façons d’agir, ni la même manière de saluer ; ce n’était pas le même geste, le même regard, la même façon de se haïr ou de s’aimer.
Ma colere à présent est en état d’agir : Dessus ses grands chevaux est monté mon courage ; Et, si je le rencontre, on verra du carnage. […] Le moindre coup au cœur est une sure voie Pour aller chez les morts ; il est ainsi du foie : Le rognon n’est pas sain quand il est entr’ouvert, Le poumon n’agit point quand il est découvert : Un artere coupé !
il s’agit bien de poignard ! Il s’agit d’un guet-apens, plus funeste et plus cruel mille fois.
… Maintenant qu’il s’agit de lui, Philinte se démène. […] Merveilleusement, et c’est quand il s’agit d’égoïsme que l’on peut, dans la peinture qu’on en fait, ne pas craindre de passer la mesure. […] Cléante, du Tartuffe, n’agit pas ; il est vrai ; mais Molière, par instinct de bon dramatiste, a bien senti qu’il vaudrait mieux qu’il agît et il l’a rattaché à l’action un instant. […] — Mais il ne s’agit que d’une servante ! […] Voilà la mesure juste, qu’il ne s’agissait que de trouver, guidé par ce principe : plaire à son mari, ne pouvoir plaire qu’à son mari.
Laissons cela, Seigneur Mercure, Et sachons ce dont il s’agit. […] Il veut goûter par-là toutes sortes d’états ; Et c’est agir en Dieu qui n’est pas bête. […] Vous croyez, en votre humeur caustique, En agir avec moi comme avec l’as de pique.
Dans l’une et dans l’autre, il s’agit de charme, d’attraits, de beaux yeux : le compliment sert de passeport à l’amour. […] Nous sommes dans un intérieur de famille et c’est de mariage qu’il s’agit. […] Il s’agit de savoir s’il faut retenir les jeunes filles dans l’ignorance, ou s’il convient de les instruire. […] S’il s’agissait des hommes, le principe que pose ici Molière serait fort dangereux. […] Il s’agissait de servir le public promptement et selon ses goûts.
Il s’agit de deux pecques provinciales récemment débarquées à Paris, qui changent de nom comme la marquise de Rambouillet, et veulent tenir chez elle une académie d’esprit. […] Il s’agissait de faire une comédie qui rabattit la fortune et l’orgueil de Molière. […] Il ne s’agit plus que de l’enlever. […] On doit se rappeler que Plaute fait agir des personnages grecs, mais il y avait entre les mœurs grecques et les mœurs latines une grande ressemblance. […] Il s’agit d’un jeune guerrier de condition obscure, qui gagne le cœur d’une grande princesse, et l’on prétend que Molière fit allusion aux amours de Mademoiselle pour Lauzun.
Ces ressorts, comme tous ceux d’un drame, produisent différents effets, selon le génie de l’Auteur qui les fait agir : souvent ils excitent le rire le plus bas, quelquefois ils font verser les larmes les plus ameres, & ils peuvent remplir les différents degrés qui séparent ces deux extrêmes. […] il s’agit d’autre chose que de souper ; & je veux que tu me dises des nouvelles de l’argent qu’on m’a pris.
Quant à la comédie des Ménechmes, elle est, quoi qu’en dise Riccoboni, plus dans le genre dont il s’agit ici que l’Amphitrion. […] Il a certainement voulu dire que le Public aime, dans une intrigue, à voir naître & agir tous les ressorts avec cette facilité qui laisse croire que le hasard seul les fait mouvoir.
Enfin s’il s’agissait de se faire l’idée d’une comédie parfaite, il me semble qu’aucun des comiques anciens ne fournirait autant de traits que Molière ; il a ses défauts, j’en conviens ; par exemple, il n’est pas souvent heureux dans ses dénouements ; mais la perfection de cette partie est-elle aussi essentielle à l’action comique, surtout quand c’est une pièce de caractère, qu’elle l’est à l’action tragique ?
On sait que Molière fut frappé à mort sur le théâtre, en contrefaisant le mort dans le Malade imaginaire, circonstance qui a fourni des épigrammes, tandis que l’événement devait arracher des larmes ; on sait qu’il mourut dans les bras de la piété, et qu’il s’en était rendu digne par sa charité ; il donnait l’hospitalité à deux de ces pauvres religieuses qui viennent quêter à Paris pendant le carême ; elles lui prodiguèrent par devoir et par reconnaissance, les consolations et les soins dans ses derniers moments ; on sait jusqu’à quel point la rigueur de nos usages (qu’il ne s’agit pas ici de juger) fut adoucie en sa faveur à la prière de Louis XIV.
C’est un citoyen qui agit, un pamphlétaire qui combat261.
Cléante n’agit point dans la pièce, il se contente de réciter des sentences : mais quelles sentences ! […] Croira-t-on que c’est la piété qui me fait agir ? […] Tartuffe seul combine, agit, attaque, se défend. […] Agissez avec respect, mais agissez avec force. […] Mais, s’il s’agit d’une peinture de l’humanité, l’humanité est au-delà.
Le jour où vous voudrez rompre, concentrez vos forces, ne parlez pas, agissez. […] Tous deux sont punis par où ils sont coupables : Alceste, épuisé par celte lutte insensée, n’est plus capable d’agir ; Célimène, incessamment préoccupée de l’amour, n’aimera jamais, jamais !
Celui-ci avoue qu’il agit par l’ordre de Pantalon. […] L’ame est encore plus que n’est le mouvement ; Plusieurs choses en ont sans avoir sentiment, Et qui sur les objets agissent avec force. […] Des trois la corruptible est jointe à la matiere ; La seconde, approchant de sa clarté premiere, Agit dans les démons sans commerce des corps ; Et la troisieme enfin, par de divins efforts, Pour faire un composé, sut renfermer en elle La nature divine avecque la mortelle ; Aussi l’ame a l’arbitre...
C’était agir comme un vrai turlupin de cour ; c’était grossier, brutal, et, qui pis est, fort maladroit. […] Quand il s’agissait de petites gens, la personnalité pouvait alors s’émanciper jusqu’à ces extrêmes. […] Si Molière fût arrivé à faire sa lecture, je croirais presque qu’il s’agit de madame de Sablé. […] Sa surprise de le voir agir ainsi, lui, qui tenait le rang d’honnête homme, est toute sa vengeance. […] Au moment dont il s’agit, il fallait qu’il en fût l’esclave.
L’acteur doit encore avoir reçu du Ciel assez de feu pour établir, entre sa voix, ses gestes & sa sensibilité, une harmonie aussi sure que prompte, qui les fasse agir tantôt ensemble, tantôt séparément, mais toujours sans se nuire, mais toujours avec cette précision momentanée & dans cette juste mesure qui échappent à toutes les finesses du goût & de la réflexion. […] J’agirai même avec plus de circonspection avec eux, puisque je dirai hardiment ce que je pense des peres de la comédie, & que je ne présenterai au contraire mes réflexions sur les ouvrages des modernes, que comme des doutes.
Il est sans doute naturel qu’une jeune fille, voulant se débarrasser d’un homme qui la pousse à bout, lui promette un rendez-vous, & que son persécuteur suspende sa vivacité dans l’espoir d’être traité plus favorablement ; mais si la Lucrece veut réellement échapper encore saine & sauve des mains de son Tarquin, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras, & de faire agir son valet pour cela ? […] S’agit-il de faire des vers ?
Il s’agissait surtout « d’adoucir certains passages qui avoient blessé les scrupuleux. » A vrai dire, en effet, le remaniement qu’il entreprit, et qu’il fit porter autant sur le fond que sur la forme, était une sorte de traité de paix, un compromis, un armistice entre Don Juan et la faction dévote. […] La Serre, qui est en ceci la grande et, je crois, la seule autorité, dit simplement, dans son Mémoire sur la vie et les ouvrages de Molière, « qu’on, fut blessé de quelques traits hasardés, que l’auteur supprima à la représentation. » De plus, la scène dont il s’agit a-t-elle été retranchée tout entière, ou seulement raccourcie ?
Le Bourgeois gentilhomme est donc un drame d’une composition toute particulière, et qui pourrait même sembler vicieuse, si, dans ces deux premiers actes, où la véritable action n’est pas même entamée, et où le personnage principal ne fait, en quelque sorte, que se montrer, Molière, en faisant parler seulement son héros, ne réussissait à le peindre aussi bien que s’il le faisait agir, et ne nous préparait merveilleusement, par toutes les sottises qu’il lui fait dire, à toutes les folies que bientôt il lui fera faire. Nous le connaissons : qu’il agisse enfin ; et, quoi qu’il fasse, si nous n’avons pas tout prévu, nous ne pourrons, du moins, être étonnés de rien. […] S’il s’agissait d’un sophiste vulgaire, la fausseté palpable de ces arguments dispenserait d’y répondre, surtout une troisième fois ; mais on doit à un homme tel que Rousseau, on doit principalement à ceux qu’il pourrait abuser par le prestige de son talent et de sa renommée, de plaider contre lui la cause de la vérité, toutes les fois qu’il lui plaît de prendre en main celle de l’erreur.
Ce sont les maîtres de la scène ; il ne s’agit pas de leur donner le ton simple et bon enfant de coquins ordinaires. […] Voyons comment il s’y est pris dans la pièce dont il s’agit. […] Car, qu’y a-t-il de plus inconséquent que de penser d’une façon et de parler ou d’agir d’une autre ? […] Pensez comme vous voudrez, ce détail intime ne me regarde pas ; mais parlez comme tout le monde parle, agissez comme tout le monde agit, faute de quoi, moi, qui soit tout puissante, je vous mets au ban des hommes civilisés, je vous déclare à tout jamais et irrémédiablement ridicule. […] Chez eux aussi, dit-on, chacun pense, parle et agit, comme soi, sans crainte du ridicule.
Nous sommes convenus d’appeller pieces à caractere celles où, sans le secours d’aucun intrigant, un caractere quelconque fait agir tous les ressorts de la machine.
Ce dont il s’agit seulement c’est de savoir si son mérite, quelque saillant qu’il soit, donne le droit aux critiques français de l’ériger en génie sans égal, et si cinq ou six pièces de Molière auxquelles leur genre de construction a valu le titre de régulières, les autorise à rabaisser, comme ils le font, tout ce que les autres nations ont produit de piquant et d’original en fait de comédies de caractère. […] Un poète habitué à monter sur des échasses, n’a que des mouvements maladroits dans un genre où il ne s’agit que de marcher à fleur de terre ; mais avec grâce et légèreté. […] Et d’ailleurs s’il s’agit du vrai comique, le relâchement des mœurs de la haute société n’a rien de divertissant. […] Il s’agit le plus souvent d’une déclaration d’amour, on emploie mille séductions pour l’obtenir, ou mille détours pour la faire passer à la dérobée.
que votre amour en vrai tyran agit, Et qu’en un trouble étrange il me jette l’esprit !
Ajoutons qu’il s’agit de faits absolument contemporains de Molière. […] — Je dis bien : on va voir tout à l’heure qu’il ne s’agit pas de la salle du Palais-Royal […] L’impression est à l’encre rouge ou à l’encre noire, suivant qu’il s’agit d’annoncer le spectacle du jour ou le spectacle du lendemain. […] Ajoutons, à sa décharge, qu’il ne s’agit que d’ennemis littéraires et d’hommes qui l’ont, eux-mêmes, publiquement attaqué, diffamé, odieusement calomnié. […] S’agit-il ici de Molière même ou de La Fontaine ?
Le grand argument de La Bruyère, c’est que Tartuffe, en agissant et en parlant comme le fait agir et parler Molière, passe pour ce qu’il est, c’est-à-dire pour un hypocrite, tandis qu’il veut passer pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire pour un homme dévot. […] Quand il s’agit de littérature, l’opposé d’un homme du monde, c’est un homme de lettres ; et, quand il s’agit de religion, c’est un homme d’église : il n’y a pas une troisième classe d’hommes à placer entre ces deux-là.
Sans doute on ne peut pas plus comparer La Bruyère à Molière qu’on ne compare le talent de peindre les caractères à celui de les faire agir et de faire sortir leurs traits de la situation où l’art sait les placer ; mais, supérieur à Molière par l’étendue, la profondeur, la diversité, la sagacité, la moralité de ses observations, il est son émule dans l’art d’écrire et de décrire, et son talent de peindre est si parfait, qu’il n’a pas besoin de comédiens pour vous imprimer dans l’esprit la figure et le mouvement de ses personnages. […] On me dit que je repousse en vain dans les nuages le véritable nom de la précieuse que Boileau avait en vue ; qu’il s’agit de madame de Sévigné dans la satire de 1693.
Molière ayant donné la pièce complète un an auparavant, il s’agit là évidemment d’un nouveau quatrième acte ; le remaniement de la pièce est commencé. […] Il ne cajole point la femme de son hôte… Il n’emploie point surtout pour la séduire le jargon de la dévotion : ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein et selon qu’il lui est utile et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule… Il ne pense point à s’attirer une donation générale de tous les biens de son ami, s’il s’agit surtout de les enlever à un fils… Un homme dévot n’est ni avare, ni violent, ni injuste, ni même intéressé. […] Il ne cajole point la femme de son hôte… Il n’emploie point surtout pour la séduire le jargon de la dévotion : ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein et selon qu’il lui est utile et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très ridicule… Il ne pense point à s’attirer une donation générale de tous les biens de son ami, s’il s’agit surtout de les enlever à un fils… Un homme dévot n’est ni avare, ni violent, ni injuste, ni même intéressé. […] C’était, j’allais dire encore le prêtre ; je me reprends ; je ne voudrais pourtant pas dire seulement le jésuite, car il s’agit là d’un personnage beaucoup plus général, qui est de toutes les confessions ; toutes ont leurs Tartuffes ; à certains points de vue, toutes les Églises sont l’Église.
La troupe ainsi constituée, il s’agissait d’avoir une salle pour donner des représentations. […] N’est-ce pas Montpellier qu’il veut dire, et ne s’agit-il pas de l’hiver de l’année précédente, qu’il passa, en effet, avec Molière ? […] Il s’agit peut-être d’une autre troupe. […] Molière était assez généreux et amoureux pour en avoir agi de la sorte. […] Cette fois, en effet, il ne s’agissait plus d’une après-midi consacrée à quelques inventions de divertissement.
Voilà par conséquent Durval qui, aux yeux du spectateur, agit, dès ce moment, pour lui & pour son ami : l’intrigue, l’action, l’intérêt, tout devient double ; le spectateur verra un double dénouement, ou il n’en verra aucun.
Il lui arrive même d’injurier la personne qui a agi franchement à son égard. […] Au lieu de se préoccuper si vivement de la responsabilité morale de ces êtres moralement difformes, lorsqu’il s’agit de la conduite à tenir à leur égard, la société devrait, pour agir sagement, les prendre pour ce qu’ils sont et viser uniquement à s’en préserver par tous les moyens rationnels, préventifs, et curatifs si c’est possible. […] Mais, loin de là, Célimène croit avoir raison d’agir comme elle l’a fait, et elle continuera de même. […] « Quand il s’agit de toucher à des choses aussi graves que les croyances et les pratiques religieuses, ajoute-t-il, il faut avoir les mains bien pures. […] Je fus piqué de la froideur avec laquelle il m’en parlait, et je ne voulus point lui découvrir l’effet que ses beautés avaient fait sur mon âme. » L’amour agit de la même manière sur ces deux jeunes gens.
Il ne s’agit point d’embrasser l’histoire de l’art comique italien dans toute son étendue, mais d’en saisir et d’en montrer seulement ce qui se découvre du point de vue particulier où je suis placé.
Ici il ne s’agit que des mœurs d’exception, de la société dite des précieuses, et de la société d’élite que j’appelle la société polie.
Mais il ne s’agit plus de cela : va les trouver, & deviens leur disciple à ma place. […] Le moindre coup au cœur est une sure voie Pour aller chez les morts : il est ainsi du foie : Le rognon n’est pas sain quand il est entre-ouvert : Le poumon n’agit point quand il est découvert : Une artere coupée, Dieux !
Hé bien, Monsieur, de quoi s’agit-il ? […] Il agit suivant l’usage ordinaire. […] Sa défiance le fait agir contre ses intérêts ; & puis, l’occasion s’est-elle évanouie, mon homme alors, ayant réfléchi plus sérieusement, en vient au repentir : il voudroit bien renouer l’affaire, mais il n’est plus temps.
Il s’agit ici de déterminer l’époque précise où les précieuses s’établirent et furent désignées sous ce nom dans la société ; comment ce mot changea de signification, à quelle époque on distingua entre les précieuses, et on eut besoin d’adjectifs pour déterminer le sens de ce mot. […] Ainsi on ne disait une précieuse simplement, que quand il s’agissait de l’opposera femme vulgaire ou commune ; on disait une illustre, quand il s’agissait de l’opposer à grande précieuse, ou à précieuse ridicule.
Ainsi c’est un caractère que d’être avare ou hypocrite, parce que ces passions marquent d’une façon, originale l’homme qui en est atteint : un avare ne mange pas, n’aime pas, n’agit pas comme un prodigue. […] Il ne s’agit plus désormais pour le parterre, de rire et d’applaudir dès qu’Arlequin ou Pantalon entre en scène ; il s’agit de connaître un Arnolphe et un Harpagon, dont les laits et gestes ne sont nullement impliqués par leur costume, ni tracés d’avance par leur légende. […] Et leur influence est telle que, dans l’histoire des idées du XVIIe siècle, ayant balancé le pouvoir du jansénisme, et n’ayant pas d’ailleurs agi dans le même sens que le cartésianisme, le naturalisme qu’ils représentent est comme un troisième courant qu’il faut donc distinguer expressément des deux autres. […] mais il s’agit bien d’une manière d’écrire habituelle à Molière.
Que plusieurs des femmes scandalisées eussent les oreilles plus chastes que leur corps, cela ne justifierait pas la scène dont il s’agit.
Mais parce qu’en conséquence des usages établis dans la société ces caracteres ne se produisent pas sous les mêmes formes dans tous les pays, & qu’une passion qui est la même en soi, varie d’un siecle à l’autre, n’agit pas aujourd’hui comme elle faisoit il y a deux ou trois mille ans chez les Grecs & chez les Romains où les erremens étoient compassés sur leurs usages, & que dans le même siecle elle n’agit pas à Londres comme à Rome, ni à Paris comme à Madrid ; il en résulte des caracteres particuliers, communs toutefois à chaque nation. […] Il s’agit maintenant, sur notre théatre François particulierement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent sont les organes des premiers génies & des hommes les plus célebres de la nation, Corneille, Racine, Moliere, Renard, M. de Voltaire, &c. […] De retour à Paris, il établit une troupe accomplie de comédiens, formés de sa main, & dont il étoit l’ame : mais il s’agit ici seulement de le considérer du côté de ses ouvrages, & d’en chanter tout le mérite.
Dans L’Avare, c’est encore ce même art profond : c’est Harpagon mis aux prises avec certains devoirs, certaines nécessités impérieuses qui l’obligent d’agir contrairement à son caractère. […] S’il s’agit d’ouvrir un avis utile sur quelque objet important, vous ferez bien de le donner avec pleine franchise, quand même cet avis serait peu flatteur et de nature à blesser la personne qui le recevrait, parce qu’alors vous obéissez à un sentiment louable. […] On peut donc supposer que si Molière eût été maître de traiter son sujet entièrement à sa guise, il eût laissé d’abord quelque incertitude sur son personnage : on aurait vu Tartuffe agir dès les premiers actes, et dévoiler peu à peu son odieux caractère. […] Il n’oublie pas de tirer avantage de l’aveuglement de son ami et de la prévention où il l’a jeté en sa faveur; mais il né pense point à profiter de toute sa succession, ni à s’attirer une donation générale de tous ses biens, s’il s’agit surtout de les enlever à un fils, le légitime héritier. […] Ces trois personnages ainsi conçus, l’admirable scène dont nous nous occupons, bien que la situation en soit inouïe et fort prolongée, n’a cependant rien qui blesse la vraisemblance, parce que chacun des personnages y restant toujours dans son rôle, agit et parle selon son caractère et conformément au but qu’il poursuit.
Quiconque voit bien l’Homme, et d’un esprit profond De tant de cœurs cachés a pénétré le fond ; Qui sait bien ce que c’est qu’un Prodigue, un Avare, Un honnête Homme, un Fat, un Jaloux, un Bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir, et parler.
Enfin, lorsqu’il s’agit de choisir entre sa cassette et sa maîtresse, de perdre l’une ou de renoncer à l’autre, il n’hésite pas, la cassette est préférée. […] C’est là ce qu’il s’agit d’examiner. […] Hors de ces cas qui doivent être fort rares, le poète ne peut placer la punition d’un personnage vicieux ou ridicule que dans l’action des autres personnages qui l’entourent ; et ceux-ci sont, pour ainsi dire, chargés de représenter les désordres, les disgrâces, les dangers, les inconvénients de tout genre, conséquences naturelles et accoutumées du défaut qu’il s’agit de corriger.
Agissons de bonne foi, & prenons dans toute la piece la distraction qui produit l’effet le plus comique. […] Puisque vous en agissez si humainement & si honnêtement, je vais en profiter. […] Heureusement pour lui le valet de son frere survient, le prend pour son maître, le délivre & lui demande la liberté, que Menechme perdu lui accorde sans peine ; aussi agit-il avec son véritable patron, comme s’il étoit libre ; il soutient qu’il vient d’être affranchi par lui.
Le titre de Pourceaugnac est excellent, parceque le personnage qu’il annonce est presque toujours en scene, qu’il met tout en mouvement, que tout n’agit que par lui.
« Il s’agit d’une décision essentielle ; & comme c’est ce qui vous intéresse le plus....
Il eut le privilège de s’oublier lui-même, pour devenir tour à tour chacun des acteurs qu’il fait parler, agir et sentir de mille façons pathétiques ou divertissantes. […] « Dans ce salon, on cause plus qu’on n’agit. […] Il s’agit d’une mère de famille qui, atteinte de cette contagion, s’est affolée d’un méchant poète, et veut, à toute force, lui donner sa fille en mariage. […] S’il parle d’or, il n’ose agir ; car il tremble, et ne sait plus où se cacher, dès que sa femme prend ce qu’il appelle son ton. […] Voilà bien l’homme qui croit commander quand il obéit, et agir en se croisant les bras.
Il faut avoir une envie étrange de se munir du nom des auteurs graves, et de se donner des garants d’importance, pour vouloir nous persuader par l’autorité de quelques critiques de réputation qui ont eu de l’indulgence pour Molière, que ces vices qu’il a corrigés fussent autre chose que des manières extérieures d’agir et de converser dans le Monde.
Moland », un Français, qui, le premier, a présumé l’origine italienne de Sganarelle ; tout cela me justifie surabondamment, j’ose l’affirmer, d’avoir raillé à tous égards la fâcheuse et déplorable manie qu’ont certains éditeurs français1 de faire intervenir, à titre d’autorité compétente, la plus que contestable et plus que suspecte science allemande, surtout quand il s’agit de nos grands écrivains nationaux — comme Molière !
Savez-vous comment ont agi les comédiens ordinaires du roi, dès qu’ils ont eu la généreuse pensée de faire connaître Molière à la France par un monument ?