La Tragédie est une représentation grave et sérieuse d’une action funeste qui s’est passée entre des personnes élevées au-dessus du commun. […] On est surpris que Mr Racine dans ses commencements, car dans la suite il ne l’aurait pas fait, s’engageât à fournir un Acte de Tragédie par semaine, et que Molière le lui eût demandé.
Déjà l’esprit perçait avec l’intelligence, et comme en ce temps-là, l’éducation populaire était, grâce à Dieu, à la portée de tous, l’enfant fut mis au collège de Louis-le-Grand, dont les régents ne rêvaient déjà que tragédies et comédies. […] Ce personnel, très restreint, suffisait à tontes les exigences du répertoire dans la comédie et dans la tragédie.
Il me semble qu’un monologue comique dans ce goût, seroit, tout comme dans la tragédie, plus ou moins intéressant, selon ce que l’acteur verroit35.
Saurin est auteur de plusieurs tragédies, des Mœurs du temps, petite comédie charmante, & du Joueur Anglois ou Beverley.
Il faut bien se garder d’imiter Clavaret, poëte tragique : cet Auteur prétendit sauver le reproche qu’on faisoit à ses rivaux, en mettant ces mots à la tête de sa tragédie du Ravissement de Proserpine : « La scene est au Ciel, en la Sicile, & aux Enfers, où l’imagination du lecteur se peut représenter une certaine espece d’unité de lieu, les concevant comme une ligne perpendiculaire du ciel aux enfers ».
Il méconnut d’abord ses talents : il s’adonna sans succès à la comédie & à la tragédie.