Il lui savait mauvais gré de s’être brouillé avec Molière, et c’est en effet le seul tort que Boursault ait eu.
Clitandre a un sentiment très fin des bienséances que la femme cultivée doit observer; mais il ne laisse nulle part percer un sentiment très vif des devoirs qu’elle a à remplir envers elle-même. » Au fond, les torts de Molière en ce sujet sont moins encore les siens que ceux de son pays et de son siècle.
Aveuglé sur ses exagérations passionnées, il taxe d’impertinence les raisons au moyen desquelles le sage Philinte cherche à lui prouver qu’il a tort de se fâcher de ce que l’humanité est faite autrement qu’il ne la voudrait. […] « Quelque sensible tort qu’un tel arrêt me fasse, je me garderai bien de vouloir qu’on le casse. […] « Vous voyez ce que peut une indigne tendresse, et je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse ; mais, à vous dire vrai, ce n’est pas encor tout et vous allez me voir la pousser jusqu’au bout ; montrer que c’est à tort que sages on nous nomme et que dans tous les cœurs il est toujours de l’homme. » Ce quelque chose qui est toujours de l’homme, ce sont ses passions avec leurs différents effets, effets que Molière a si bien détaillés et qui peuvent se résumer ainsi : Tantôt ces éléments instinctifs irrationnels de notre esprit ne paralysant pas les instincts moraux, éléments de la raison, l’homme reste éclairé par ceux-ci à l’égard des premiers, et, appréciant leur nature, il peut les combattre, s’il le veut, au moyen de son énergie morale.
Je dis farce, je dis comédie et j’ai tort, parce que, à tout prendre, c’est même chose. […] Ouvertement, le poète dramatique se peut moquer de l’avoué, du notaire, de la coquette, de la bourgeoise, du capitaine, du magistrat lui-même… il aura tort de se moquer du comédien’. […] Le parallèle a été fait souvent entre la comédie du poète français et la comédie du poète latin ; au bout de ce travail, qui est des plus faciles, il est évident, pour tout homme d’un goût exercé, que Molière a raison, mais que Plaute n’a pas tort. […] Mais certes il n’y a pas là de quoi se plaindre, et vous avez bien tort de n’être pas contents, bonnes gens du siècle présent. […] Que si vous le pressez davantage, il vous dira que son adversaire avait tort, pour l’avoir mis en rapport avec son épouse.
Furetière, dans le Roman bourgeois, parle d’un marquis qui s’était sur ce point donné un ridicule : « Il payoit si bien, dit Furetière, que cela faisoit tort à sa noblesse. » Dans cette confusion de modèles, une préférence pouvait, toutefois, être permise, et Molière, en effet, se la permit. […] Les uns et les autres avaient tort, à mon sens. […] Quand Lélie — retenez bien ce fait, pour savoir à qui le prêter — quand Lélie, l’Etourdi, apprenant que la bourse, prise par Mascarille, et qu’il a étourdi-ment ramassée, était pour lui, convient qu’il a eu tort de la rendre, il est tout à fait dans l’esprit de l’égoïsme complaisant de ses compatriotes de ce temps-là, pour qui tout était bon, du moment que c’était pour eux.
C’est à l’occasion du plus outré de ces libelles, qu’il fait dire à son Misanthrope : Et, non contents encore du tort que l’on me fait, Il court, parmi le monde, un livre abominable, Et de qui la lecture est même condamnable Un Livre à mériter la dernière rigueur, etc. […] A-t-on si grand tort de dire que nombre de Comédiens ne connaissent que leur rôle, même dans les Pièces qu’ils représentent journellement ?