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156. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Cette révolution obstinée, éloquente et cette suite d’épigrammes écrites qui se lisaient à haute voix, faisait de chaque spectateur autant de comédiens qui se jouaient, à eux-mêmes, leurs propres comédies. […] À Dieu ne plaise que nous confondions ces fanatiques avec la race aimable disparue, ou peu s’en faut, de quelques vieux spectateurs, grands écouteurs aux portes du théâtre, et grands jugeurs de leur métier, qui de temps immémorial se tiennent dans quelques stalles choisies du Théâtre-Français ! […] Il devait être, en effet, si beau, écoutant, applaudissant, sifflant, que le regard du spectateur laissait le comédien pour s’arrêter sur cet auditeur qui avait dix coudées. — Tête intelligente, active passion, cœur généreux ; il avait l’intuition de tant de choses ! […] Voilà la force ingénue, irrésistible, qui incline le spectateur à compatir, à frissonner, à admirer, à craindre, à se troubler, à pleurer, à se trouver mal, à partager avec des angoisses, avec des rires, avec des larmes, la moindre parole échappée au poète : — Allons, fuyons, accourons, appelons à notre aide ! […] Il me semble d’ici que je les entends, ces spectateurs de vingt ans, qui battent des mains à toutes les scènes et qui se disent : — Pardieu, quand madame de Maintenon sera morte, et quand le roi aura vécu, voilà pourtant comme nous serons à notre tour !

157. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Dans le Convié de pierre, que les comédiens italiens jouaient à Paris, vers 1657, la dernière scène de la pièce montrait aux spectateurs don Giovanni au fond de l’enfer qui exprimait en vers (quoique tout le reste de la pièce fût en prose) ses souffrances et son repentir.

158. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Molière ne fait rien à tout cela : ses personnages sont ce qu’ils doivent être, et les impressions qu’ils produisent sur le spectateur, sont celles que produirait la réalité même. […] Il est vrai qu’à l’époque où écrivait Molière, cette susceptibilité morale que blesse l’expression de certains sentiments contraires aux affections fondées sur le sang, était beaucoup moins délicate qu’aujourd’hui, puisque sans cesse le théâtre montrait à des spectateurs qui ne s’en scandalisaient pas, des jeunes gens prodigues et avides de jouir, s’affligeant trop peu de la mort de leurs parents ou même la hâtant de leurs vœux.

159. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Pour que Tartuffe, si aveuglé qu’il fut par la passion et par son outrecuidance, pût concevoir la possibilité d’abuser d’Elmire, il fallait qu’elle eût une certaine dose de coquetterie ; d’un autre côté, pour que le spectateur ne pût un seul instant admettre cette possibilité, il fallait que sa vertu apparût si ferme qu’elle fut une garantie de l’insuccès et de la punition de l’imposteur.

160. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

La jeune Indienne, mise à côté de l’Histoire d’Inkle & d’Yarico, insérée dans le Spectateur anglois, & d’Arlequin sauvage, Comédie de Delisle : le Marchand de Smyrne, à côté de l’Aventure d’un jeune Génois, recueillie dans les Contes de Prevost ; & des Amazones modernes, Comédie de Legrand.

161. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Le spectateur aura un objet de comparaison pour juger sainement ; & les Comédiens qui méritent la palme, ne se la verront plus disputer par des écoliers fiers de remuer les bras, les jambes, la tête comme leur maître.

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