Je prouve le contraire par une piece de Moliere même, cet Auteur qu’on accuse d’être si peu intéressant ; & je soutiens que dans le Tartufe, Damis, taxé d’imposture par le scélérat qu’il accuse justement, m’intéresse bien plus que s’il versoit fadement des larmes aux pieds d’une Cloris encore plus fade que lui.
Moliere a, sans contre-dit, quelques dénouements défectueux ; mais j’ose soutenir que dans cette partie même, il est infiniment au-dessus des Anciens.
L’ABC du grand monde, ou l’art de soutenir la conversation à peu de frais.
Soutenir qu’autre part personne ne voit goutte !...
je soutiens contre Molière, qu’un avare qui n’est point fou, ne va jamais jusqu’à vouloir regarder a dans la troisième main de l’homme qu’il soupçonne de l’avoir volé. […] Molière soutient aussi que la passion n’est pas un spectacle dangereux ; je vous reprends pour ce mot-là, mon Père. […] » Il indique aussi, comme bien supérieures à la tragédie de Racine, les tragédies de Sophocle qui avaient laissé l’amour à la comédie, « comme une passion qui ne pouvait soutenir le sublimité et la grandeur du tragique ! […] Celui qui a fait Tartuffe s’est élevé jusqu’au sacerdoce ; l’hypocrisie est encore un des vices des sociétés modernes dont l’antiquité se doutait à peine, odieux vice ou plutôt crime abominable qui méritait une histoire à part ; or cet historien ne pouvait être que Molière, soutenu de toute la bienveillance du grand roi ! […] D’ailleurs un philosophe n’a-t-il pas soutenu que tout était bien, et Philinte n’est-il pas un grand philosophe ?
Si Riccoboni n’avoit pas mis plus d’un fil, plus d’une intrigue, plus d’une action dans ses pieces, il n’auroit surement pas soutenu une aussi mauvaise cause, & auroit encore moins prétendu la défendre avec d’aussi foibles raisons.