Le tître de la piéce, le caractére du premier personnage, la nature de l’intrigue, & le genre de comique qui y régne, semblent annoncer qu’elle est moins faite pour amuser des gens délicats, que pour faire rire la multitude ; cependant on ne peut s’empêcher d’y découvrir en même tems un but très-moral ; c’est de faire sentir combien il est dangereux de juger avec trop de précipitation, sur tout dans les circonstances où la passion peut grossir ou diminuer les objets. […] Il semble que la misantropie soit incompatible avec l’amour ; mais un misantrope amoureux d’une coquette, fournit à l’auteur des ressources nouvelles pour développer plus parfaitement ce caractére.
Moron est un bouffon qui plaisante agréablement sur une idée folle qu’il ne fait même qu’indiquer : Crispin est un lâche qui s’étend sur sa burlesque généalogie, qui la détaille, qui approfondit son déshonneur, qui a la bassesse de vouloir en profiter ; & tout cela en présence d’une femme qu’il veut épouser, & qu’il semble exhorter par ses discours à multiplier le nombre de ses alliés.
L’intention du poète était de faire voir ce qu’il convient d’accorder aux défauts des hommes si l’on veut vivre avec eux, et si Philinte, pour plus de sûreté, pousse, comme il nous semble, la complaisance un peu loin, il est clair qu’Alceste montre trop de rudesse, et qu’avec un caractère tel que le sien il faut tôt ou tard quitter la partie.
Je retrouve donc entre la comédie et la tragédie, son contraire, cette belle opposition symétrique qui avait d’abord semblé m’échapper et qui est comme la splendeur de la vérité de l’une et de l’autre théorie. […] Il faut convenir qu’ici Molière semble avoir pris à tâche de contredire l’idéal autant qu’il est possible.
Il semble même qu’à l’égard de ces pensées, & de ces fines railleries à quoi tous les Siecles & tous les Peuples polis sont sensibles, il soit plus fécond qu’Aristophane, & que Terence.
Desronais sort dans la plus grande joie, parceque Dupuis, en lui cédant sa charge, semble lui annoncer qu’il lui donne sa fille.