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2. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

La mort de Molière n’avait pas seule affaibli ou assoupi la muse satirique de Boileau, en le privant de la gaîté et de la confiance que la satire exige. […] Il est présumable qu’il aura fait les vers qui la concernent peu après la critique que son irritable génie regardait comme une injure ; mais qu’il aura été détourné de les publier par la crainte de se mettre subitement en contradiction avec l’épître où il paraissait vouloir s’élever à un genre plus grave que celui de la satire ; qu’il aura mise dans son portefeuille, en attendant que le démon de la satire le reprît. […] En 1677, madame Deshoulières avait quarante-trois ans, et on 1693, quand Boileau a publié sa dixième satire, elle en avait cinquante-neuf. […] On me dit que je repousse en vain dans les nuages le véritable nom de la précieuse que Boileau avait en vue ; qu’il s’agit de madame de Sévigné dans la satire de 1693. […] Mais sans considérer que toutes ces personnes n’avaient pas besoin d’un bien grand discernement pour reconnaître si elles ou leurs amis étaient l’objet de satires courantes, il aurait suffi de leur supposer un peu de cette curiosité maligne qui ne manque jamais aux bénévoles auditeurs d’une satire.

3. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Mais il n’a produit qu’une plante monstrueuse qui n’est ni la satire ni la comédie155. — La satire tonne et s’indigne contre les vices individuels, trop sérieux pour être joués. […] La satire attache à son pilori des fous responsables et corrigibles, et les fouettant jusqu’à ce qu’ils s’amendent, ne cesse point de les flageller. La comédie pose sur la tête de l’Humanité une couronne de fleurs, et la conduit souriante aux Petites-Maisons. — Moins une nation ou une époque est poétique, plus elle change facilement la comédie en satire. […] Le domaine de la satire touche de très près au domaine de Cornus ; l’épigramme en marque la frontière. […] Le persiflage est un compromis entre la satire et l’humour.

4. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [83, p. 127-128] »

En attendant le dîner, on pria Despréaux de réciter la satire adressée à Molière ; mais après ce récit, Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges que Boileau venait de recevoir. […] Voici la note : Elle [La satire II] fut faite en 1664. la même année, l’auteur étant chez M. de Broussin, avec M. le duc de Vitry et Molière, ce dernier y devait lire une traduction de Lucrèce en vers français, qu’il avait faite dans sa jeunesse. […] Despréaux de réciter la satire adressée à Molière ; mais après ce récit, Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu’il venait de recevoir.

5. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Dans une boutade il avait dit qu’il faudrait jeter dans la rivière les faiseurs de satires : paroles que Boileau a parodiées dans ces vers que j’ai déjà cités :                           Et tout n’irait que mieux Si de ces médisants l’engeance tout entière Allait la tête en bas rimer dans la rivière. La considération de Montausier avait le pouvoir d’émousser la satire qu’il condamnait. […] Ils espéraient placer leur excuse près de Montausier, dans Montausier même ; ils voulaient peut-être de plus le dissuader de continuer une protection indéfinie aux amis qu’il avait défendus contre la satire.

6. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Mais Molière a frappé le coup le plus juste de toute cette satire du vice élégant dans le tableau de la corruption que répand autour de soi le gentilhomme corrompu, et qu’il impose à tout son entourage. […] 116 » Cette satire comique du suicide est achevée dans l’adieu larmoyant de Covielle : Nous allons mourir 117. […] Boileau, Satire X, v. 165. […] Boileau, Satire X, v. 525. […] Boileau, Satire X, v. 250.

7. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

Ce fut à son frère et à Racine et Molière qu’il trouva rassemblés, qu’il demanda deux autres vers pour rimer aux siens, et voici ceux qu’ils lui donnèrent : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ? […] Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse. […] Mais comme il ne put en venir à bout, il eut recours à son frère et à mon père, qui tournèrent ainsi cette réponse en épigramme : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ?

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