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49. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Il est pour nous cet éternel faux bonhomme qui, hier, se couvrait, pour parvenir, du manteau de la religion et aujourd’hui fait son chemin avec de fausses grimaces de politicien.

50. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Je sais que la traversée des âges produit sur les chefs-d’œuvre le même effet que la traversée des Indes sur le bon vin ; ce qu’ils ont d’imperfections se dépose ; ils y gagnent cette saveur unique et ce bouquet d’immortalité qui font que, quand on en débouche une bouteille, je veux dire quand on en joue un quelque part, les douze ou quinze cents personnes appelées à la dégustation se recueillent dans un même sentiment de religion et de bien-être. […] Quand il a clos ce sermon, en l’invitant à faire la révérence, comme en passant devant le sacrement, il lui fait lire, pour sa gouverne, un joli petit moisi livret, dirait maître François, destiné à être son unique entretien, et qui renferme Les maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée… avec son exercice journalier… Tout cela est le développement naturel du caractère d’Arnolphe ; il n’est point de libertin ayant pris sa retraite et entré au giron du mariage qui n’ait, pour sa défense et le morigènement de sa moitié, appelé au secours la religion et le diable ; le bon de l’Eglise, disent-ils, c’est qu’elle occupe nos femmes et les range au devoir. […] … Tourner la religion en ridicule !

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

En Espagne, la plupart des intrigues amoureuses se trament dans les Eglises ; plusieurs pieces y roulent sur des mysteres de la Religion : aussi les Espagnols ne sont-ils pas surpris qu’un Auteur place la scene dans une Eglise.

52. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

Louis XIV est le dieu et le souverain pontife d’une religion qui a son culte mondain ; ces grandes journées en sont les jubilés ; il ressort de la nature des choses que la musique et le reste y doivent avoir plus d’importance que les paroles.

53. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Dans la pensée de Molière, don Juan se montre ici hypocrite de philosophie, comme il sera bientôt hypocrite de religion.

54. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Tout le monde a dans la mémoire la réflexion par laquelle Molière termine la préface du Tartuffe : « Huit jours après que ma comédie eut été défendue, on représenta devant la cour une pièce intitulée Scaramouche ermite, et le roi, en sortant, dit au grand prince que je veux dire (Condé) : “Je voudrais bien savoir pourquoi les gens qui se scandalisent si fort de la comédie de Molière ne disent mot de celle de Scaramouche” ; à quoi le prince répondit : “La raison de cela, c’est que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces messieurs-là ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes : c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir.” » Les situations de Scaramouche ermite étaient d’une extrême indécence.

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