Il faut reconnaître que notre siècle a mieux apprécié Molière ; et on doit citer comme s’étant associés à sa gloire par leurs jugements respectueux et raisonnés, MM.
Tout ce qui nourrit les passions est de ce genre… Qui sauroit reconnoître ce que c’est en l’homme qu’un certain fonds de joie sensuelle, et je ne sais quelle disposition inquiète et vague au plaisir des sens qui ne tend à rien et qui tend à tout, connoîtroit la source secrète des plus grands péchés… Le spectacle saisit les yeux : les tendres discours, les chants passionnés, pénètrent le cœur par les oreilles.
Car le véritable principe du mariage n’est pas l’amour physique et l’attraction mutuelle des sexes, c’est une sympathie spirituelle et morale sentie et reconnue de part et d’autre ; par là le nœud conjugal relève non de l’aveugle nature, mais de la liberté intelligente de l’esprit. […] Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière.
Je croi pouvoir dire qu’en fait d’Ouvrages de plume, il n’y a gueres de choses où tant de gens aient reconnu la supériorité de ce Siecle, que dans les Pieces Comiques.
Les Gardes ont pris, disent-ils, des coquins : le Roi reconnoît ses Courtisans, rit du titre qu’on leur donne.
Ce fut un assez beau spectacle de voir Molière seconder le Gouvernement dans le dessein d’abolir la coutume barbare d’égorger son ami pour un mot équivoque ; et tandis que l’État multipliait les Édits contre les duels, les proscrire sur la Scène peut-être avec plus de succès, en plaçant dans la Comédie des Fâcheux un homme d’une valeur reconnue, qui a le courage de refuser un duel.