Parce que les rimailleurs du temps avaient persuadé au public qu’une pièce en cinq actes devait être rimée pour avoir quelque mérite ; et cette erreur accréditée, même à la cour, faisait dire au duc, au marquis : « Molière est-il fou, et nous prend-t-il pour des grues, de nous faire essuyer cinq actes de prose ? […] Ils ignoraient que la précision, la facilité d’une prose naturelle, donnent quelquefois, et suivant le genre d’une pièce, autant d’âme, autant de vie, et plus de rapidité, à une action dramatique, que tous les prestiges de la versification. Cependant on négligeait la prose de Molière, et les vers de Scarron faisaient l’admiration de Paris64. […] La prose. — Simple68 ; quoique animée sans cesse par des images poétiques. […] Molière composa, pour cette fête, La Comtesse d’Escarbagnas, comédie en prose, et une pastorale ; ce divertissement parut à Saint-Germain-en-Laye, au mois de décembre 1671, sous le titre de Ballet des Ballets.
Elle est imitée presque en entier d’une piece Italienne en prose, composée par Nicolo Barbieri, imprimée en 1629, neuf ans après la naissance de Moliere.
George Dandin, ou le Mari confondu, comédie en prose, en trois actes, comparée, pour le fond & les détails, avec deux Nouvelles de Bocace, & un Conte de d’Ouville.
Quoique Thomas Corneille l’ait mise en vers, et ait ajouté plusieurs bonnes plaisanteries dans la première scène de Charlotte et de Pierrot au deuxième acte ; malgré la scène de Léonor et de sa tante avec don Juan au troisième, et celle de la même Léonor et de sa nourrice au cinquième, qui prépare le dénouement, ajoutées par Corneille, je préfère encore la pièce en prose, telle que Molière l’a faite ; l’exposition en est charmante.
L’un faisait des vers, l’autre de la prose ; celui-ci une comédie, celui-là une tragédie ; chacun secouait une branche de l’arbre, et personne n’avait aperçu le tronc ; personne n’avait conscience de la sève circulante, de la vie intérieure, de la végétation une et ardente.
On a d’elle une pastorale, Mirtilla, imprimée à Vérone en 1588 : des recueils de lettres et des fragments en prose furent publiés après sa mort.