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67. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Sauf ce défaut, capital il est vrai, la pièce est d’un grand bon sens et d’une profonde moralité et le comique en est très puissant. […] Encore est-il que c’est une profonde vérité. […] On en pourrait ; dire autant du Misanthrope étant question de Molière, C’est le chef-d’œuvre de la délicatesse, de la ‘finesse, de l’esprit, du ton de bonne compagnie et en même temps de la psychologie juste et profonde. […] C’est une manière de marquer le profond mépris où il le tient. […] Profonde honnêteté, profonde sincérité, colère de ne pas trouver ces qualités chez les autres, orgueil, susceptibilité, irritabilité, c’est ainsi que Molière a entendu Alceste, c’est un misanthrope qui en est à la période de fougue.

68. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Une critique toute composée de jolis morceaux de cette espèce serait-elle assez belle enfin, pour effacer dans notre imagination le souvenir de ces théories philosophiques qui n’ont pu trouver grâce devant le Chevalier, mais dont la hardiesse parfois profonde reste si pleine de séduction ? […] Que la critique doive être large, intelligente et sympathique, c’est, depuis plus d’un demi-siècle, ma conviction profonde ; mais que l’école célébrée par le Chevalier ait jamais eu ces qualités, c’est ce que l’histoire ne permet pas de prétendre, et qu’elle puisse les acquérir en demeurant fidèle à son principe, c’est ce que je nie absolument. […] S’il est aisé d’apercevoir dans une grande littérature l’empreinte du siècle et de la race qui l’ont produite ; s’il est aisé d’entendre la guerre civile s’entrechoquer dans les vers heurtés de Dante, et de contempler dans la douce figure de Béatrix la personnification, de toutes les choses rêvées par cette époque ardente, et mystique de poètes théologiens ; s’il est aisé de suivre dans le théâtre de Voltaire les préoccupations philosophiques du dix-huitième siècle, et de voir dans le Faust de Goethe l’expression du génie métaphysique et profond de l’Allemagne ; croit-on qu’il soit beaucoup plus difficile de découvrir la cause naturelle d’où procèdent les prodiges apparents, les études calmes d’un Bernardin de Saint-Pierre en 1789, les tragédies attiques d’un Goethe à Weimar ? […] Niobé, au milieu de ses Biles expirantes sous les flèches vengeresses de Diane, montre encore sur son visage où paraît une secrète et profonde douleur, l’inaltérable sérénité de la beauté plastique410.

69. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

J’ai eu aussi les plus grandes obligations à la profonde instruction littéraire et à l’infatigable complaisance de mon autre confrère à l’Académie, M. le comte François de Neufchâteau. […] Il lui inspira un attachement plus profond, plus dévoué que ne semblait le comporter l’insouciante légèreté de son caractère, et il dut à cette liaison l’inestimable avantage d’entendre les leçons d’un des plus grands philosophes de cette époque. […] Chapelle s’extasie sur la profonde sagesse de ce jugement, et fait grâce entière à son valet. […] Boileau, fléau des mauvais poètes, mais censeur utile et approbateur courageux des bons écrivains, avait pour Molière une estime profonde, dont ses vers et ses discours rendent plus d’une fois témoignage. […] L’observation, quel qu’en soit l’objet, est toujours sérieuse, quand elle est profonde ; et elle peut devenir triste, quand c’est à l’homme ou à la société qu’elle s’applique.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Ils doivent sur-tout être plus courts, parcequ’il n’est pas naturel que si Damis, par exemple, parle à Clitandre, le premier laisse faire un aparté un peu considérable au second, sans s’en appercevoir ; à moins que l’Auteur ne l’occupe lui-même à lire, à écrire une lettre, ou qu’il ne l’abîme dans une profonde méditation.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Je le sais très bien ; mais les gens du bel air voudroient qu’un comique les plaçât sur la scene, moins tels qu’ils sont, que tels qu’ils veulent paroître ; qu’il ne s’attachât qu’aux mines, aux grimaces, & ne dévoilât pas le fond du cœur ; qu’il peignît ces travers, ces ridicules qu’on a érigés en agrément ; & non ces vices que l’éducation, que la politesse masquent, mais qu’elles ne cachent pas à un observateur profond.

72. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Épître à Molière PHILOSOPHE profond, dont l’esprit courageux Sondant du cœur humain les replis tortueux Des fripons et des sots prépara les supplices, Osa dans tous les rangs attaquer tous les vices ; Le plus bel ornement du siècle de Louis, Gloire, gloire Molière, à tes divins écrits !

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